Bataille de Nompatelize

La bataille de Nompatelize s'est déroulée le lors de la guerre franco-prussienne, en rive gauche de la Meurthe, dans le département des Vosges entre les villages de Nompatelize, La Bourgonce et de Saint-Michel-sur-Meurthe, en avant des cols de la Chipotte et du Haut du Bois.

Contexte, et préliminaires

Le , l'armée impériale vaincue à Sedan capitule sans conditions, l'empereur Napoléon III est fait prisonnier. À Paris, le 4 septembre la République est proclamée et un Gouvernement de Défense nationale constitué. Au , l'ennemi n'a pas encore paru dans les montagnes vosgiennes, les grandes batailles se sont livrées en Alsace et en Lorraine. Arrivent dans les Vosges des volontaires, des mobiles, des Francs-tireurs, des évadés, soldats de l'armée impériale. Le général Cambriels est chargé d'organiser une armée avec tous ces éléments disparates.

Quelques coups de main sont envisagés ; gêner les arrières de l'armée ennemie, couper ses lignes de communications et notamment de faire sauter le tunnel de Lutzelbourg où passe la ligne de chemin de fer Strasbourg - Paris et qui est restée intacte ; oubli impardonnable de la part de Mac Mahon lors de la retraite.

Au début de la 2e quinzaine de septembre, des forces importantes se trouvent réunies à Raon-l'Étape et ses environs.

Le un premier accrochage a lieu entre un détachement envoyé en reconnaissance depuis le secteur Badonviller - Cirey-sur-Vezouze, par Pierre-Percée vers la vallée de la Plaine. Pendant quatre heures, un combat va opposer les mobiles de la Meurthe et des francs-tireurs de Neuilly[Lequel ?] contre une colonne prussienne autour de la scierie Lajus[1]. Un monument près de la scierie, ainsi qu'une stèle placée commémorent ce combat. L'ennemi se replie ; les Français ont quatre hommes tués : Jean Baptiste Boudot de Pierre-Percée, Victor Mentrel de Baccarat, Victor Histre de Merviller, Hippolyte Sauzer de Pexonne et trois blessés.

Le , des forces allemandes de la 2e brigade de l'armée badoise arrivent de Baccarat vers Raon-l'Étape et canonnent cette ville ; la résistance s'organise avec les mobiles et les francs-tireurs de Colmar ainsi qu'avec des habitants qui dressent des barricades. L'ennemi se retire en fin d'après-midi. En tout 52 obus sont tombés sur la ville ne causant que des dégâts matériels.

Ce même jour arrive dans la ville le commandant Perrin, officier d'artillerie chargé de prendre le commandement de toutes les forces françaises présentes. Il organise des travaux de défense, notamment des tranchées. La nuit du 2 au 3 octobre, une expédition est tentée sur Azerailles, là où l'ennemi a été signalé, mais les troupes s'égarent durant la marche d'approche ; l'affaire tourne court.

Les troupes badoises que rend disponible la reddition de Strasbourg le se déploient néanmoins dans la région.

Dans la nuit du 3 au , dans une grande confusion, le commandant Perrin à la tête des mobiles et franc-tireurs quittent la ville, par la rive gauche de la Meurthe et gagnent Étival puis le plateau de Saint-Remy, La Salle, La Bourgonce. Ils y rejoignent les troupes hétéroclites que le Général Dupré a rassemblé en toute hâte au terme de 48 heures de trajet en train et une cinquantaine de kilomètres de marche de nuit[2].

Sur ce plateau ils vont se heurter à l'avant-garde du 13e Corps d'armée de la coalition allemande dirigé par le général von Werder.

Forces en présence

Général von Degenfeld.

Forces françaises

Forces prussiennes

Déroulement de la bataille

Le terrain où va se dérouler la bataille est un plateau, vaste amphithéâtre, bordé au nord par le massif du Repy, au sud par le massif de la Madeleine. Il est fermé à l'ouest par les hauteurs de la forêt de Rambervillers que deux cols permettent de franchir : les cols du Haut du Bois et de Mon Repos. Le cours de la Meurthe borde l'est de ce territoire.

  • 6h30 à 9h30 : Déploiement de la ligne française, sur près de km, du village de Saint-Remy au hameau des Feignes, par le Han, la Valdange, Nompatelize. Une demi-batterie d'artillerie est au pied du Petit-Jumeau, l'autre à la sortie Est du village de La Bourgonce.
  • 9h30 à 11h30 : Déploiement et attaque des troupes allemandes. Un bataillon de fusiliers (du 6e régiment) sur Nompatelize, un bataillon du 3e régiment sur Biarville et le hameau des Feignes. Deux pièces d'artillerie tirent sur Nompatelize incendiant des maisons. Les Badois avancent par échelons. L'échelon de droite attaque le 2e bataillon des Deux-Sèvres, celui de droite attaque les mobiles de la Meurthe, ainsi que plusieurs compagnies du 32e de marche. Les Français résistent, bloquant l'offensive, et entament même un mouvement en avant.
  • 11h30 à 13h00 : Combats à l'issue incertaine.
    • le général badois Alfred Ludwig von Degenfeld décide de faire passer en rive gauche de la Meurthe, des renforts[4] provenant de la colonne qui se trouvait toujours sur la rive droite et également quatre pièces d'artillerie lourde qui viennent s'installer sur une hauteur à l'ouest de Biarville.
    • les Badois, pris sous le feu violent des francs-tireurs et des mobiles vosgiens, ne peuvent déboucher du hameau des Feignes.
    • au centre, vers 12h00 les Français inférieurs en nombre, accablés par l'artillerie, cèdent et abandonnent le village de Nompatelize en flammes. À gauche du côté d'Étival, trois compagnies[5] s'emparent de Saint-Remy, malgré une farouche résistance des francs-tireurs de Lamarche et de Neuilly. Le combat continuent avec les troupes françaises qui occupent les bois de Saint-Benoît et du Han, amenant les Badois à reculer et occuper La Salle.
  • 13h00 à 16h00 : Recul de la ligne française.
    • Le général Dupré se met à tête de la réserve[6] et tente de reprendre Nompatelize, centre du dispositif. Le lieutenant-colonel Hocédé, le commandant Vitte sont tués. À gauche, les mobiles des Deux-Sèvres se débandent, le colonel Rouget et le commandant Perrin arrivent à arrêter leurs troupes qui continuent néanmoins à reculer[2].
    • 14h00, des renforts allemands arrivent à nouveau : cavalerie, artillerie et infanterie.
    • 15h00, trois compagnies de grenadiers du corps débouchent à l'ouest de Nompatelize et se dirigent sur le village de La Salle. L'aile gauche française débordée et disloquée par l'artillerie, se replie sur La Bourgonce. Le général Dupré est blessé par une balle qui lui traverse le cou. Au centre, le 3e régiment badois avance méthodiquement vers les Jumeaux[7]les Français manquent de munitions, la lutte continue à l'arme blanche dans les sous-bois. L'ennemi finit par se rendre maître du secteur et arrive dans le dos des derniers défenseurs de Nompatelize qui doivent se rendre.
  • 17h00 : Retraite française

La retraite devient déroute, malgré les combats qui continuent dans le Petit Jumeau. Toutes les troupes françaises retraitent de La Bourgonce et, par le le col de Mon Repos, gagnent la vallée des Rouges-Eaux puis rejoignent Bruyères. L'ennemi épuisé, ne mène pas de poursuite et bivouaque en retrait à l'est de La Bourgonce, incendiant un grand nombre de maisons dans les villages occupés.

Bilan

Monument aux morts 1870.

Les chiffres varient énormément suivant les sources ; apparemment sous-estimés côté allemand, certains ouvrages donnent le chiffre de 2 000.

  • Pertes françaises :
    • 300 tués
    • 500 blessés
    • 588 prisonniers dont 6 officiers
  • Pertes allemandes :
    • 436 hommes tués, blessés, disparus.

Épilogue

Apprenant ce revers, le général Cambriels ordonne l'évacuation militaire de tout le département des Vosges. Commence alors pour les troupes locales une retraite vers Remiremont, Plombières-les-Bains, Lure et Besançon. Les mobiles vosgiens et bas-alpins tenteront vainement, à Cussey, d'interdire le passage des ponts de l'Ognon ouvrant le route de Dijon[8].

Voir aussi

Bibliographie

  • F. Vuillemin, Les Allemands dans les Vosges - Combats de La Bourgonce et de Rambervillers, Ch. Méjat Jeune, (lire en ligne).
  • 1re Armée des Vosges, Armées de la Loire et de l'Est, Journal de marche du 2e Bataillon de la Garde nationale mobile de la Meurthe, Librairie militaire de J. Dumaine, Paris, 1872, relié, 14 × 22 cm, 183 p.
  • Lieutenant J. Diez, Le Combat de Nompatelize le 6 octobre 1870, Henri Charles-Lavauzelle, Éditeur militaire, Paris, broché, 14 × 22 cm, 56 p.
  • Sadoul (Louis), Une petite ville vosgienne – Raon-l’Étape de ses origines à 1918, Éditions du Syndicat d’initiative de Raon-l’Etape, 1934, 374 p., broché, 25,5 x 16.5, p. 133-143.
  • Lt-colonel Rousset, Histoire populaire de la Guerre de 1870-1871, Librairie illustrée Montgrédien et Cie, Paris, 1872, 1884 p., broché, 20 × 29,5 cm, p. 1875, (appendice).
  • François Roth, La guerre de 1870, Paris, Hachette, coll. « Pluriel. Histoire » (no 8628), , 778 p. (ISBN 978-2-010-20287-2), p. 775.

Notes et références

  1. « Journal de marche du Commandant Brisac », sur Blâmont infos.
  2. Roth 1993, La guerre en province, p. 229.
  3. Canon tirant des boulets de 4 livres = 1,814 kg.
  4. Le 1er Bataillon du 3e régiment badois.
  5. Appartenant au bataillon de fusiliers du 1er régiment des Grenadiers du corps.
  6. 3e bataillon du 32e régiment de marche, ainsi que 1 compagnie du 2e batallon.
  7. Les Grand et Petit Jumeau sont deux reliefs situées au sud de Nompatelize.
  8. Roth 1993, La guerre en province, p. 230.

Articles connexes

Liens externes

  • Portail de l’histoire militaire
  • Portail du Royaume de Prusse
  • Portail du Grand-duché de Bade
  • Portail des Vosges
  • Armée et histoire militaire françaises
Cet article est issu de Wikipedia. Le texte est sous licence Creative Commons - Attribution - Partage dans les Mêmes. Des conditions supplémentaires peuvent s'appliquer aux fichiers multimédias.