Alice Sapritch
Alice Sapritch (pour l'état-civil Alice Sapriç), née le à Ortaköy (Turquie), dans ce qui constituait à l'époque l'Empire ottoman, et morte le à Paris dans le 6e arrondissement[1], est une actrice et chanteuse d'origine arménienne naturalisée française[Quand ?].
Nom de naissance | Alice Sapriç |
---|---|
Naissance |
Ortaköy, Empire ottoman |
Nationalité |
d'origine : Ottomane naturalisée : Française |
Décès |
Paris 6e, France |
Profession |
Actrice Chanteuse |
Films notables |
La Folie des grandeurs Vipère au poing L'Affaire Marie Besnard |
Biographie
D'origine arménienne[2], Alice Sapritch passe son enfance à Istanbul. La famille Sapriç (c'est la graphie originale du nom, ç correspondant en turc à la consonne affriquée palato-alvéolaire sourde t͡ʃ, notée « tch » en français) connaît de gros problèmes financiers dus aux dettes de jeu de son père, professeur de français à Istanbul. Elle qualifie son enfance de malheureuse[3] et dira : « Je n'aime pas l'enfant que j'ai été. Mon enfance n'a rien à voir avec la femme que je suis devenue. Je n'accepte pas de m'en souvenir[4]. » À 6 ans, elle quitte la Turquie pour aller vivre chez sa grand-mère à Bruxelles avant de gagner seule, à l'âge de 16 ans, Paris où elle est modèle pour peintres, notamment pour Charles Despiau[4]. Elle entre au Cours Simon, puis, en 1939, au Conservatoire[5], où, étant dans la classe de Madame Dussane[6], elle reçoit en 1941 un second accessit de tragédie au concours[7]. Son premier rôle sera celui de la reine Gertrude dans Hamlet de Shakespeare. Elle montre une certaine aisance dans des pièces en costumes.
Pendant la guerre, elle fréquente l'écrivain d'extrême droite Robert Brasillach, qui sera fusillé en 1945 pour intelligence avec l'ennemi[8],[9]. À la fin de l'Occupation, elle rencontre Guillaume Hanoteau[10],[11], l'un des protagonistes de l’assassinat de Robert Denoël[12] et l’épouse en 1950. Les époux divorcent en 1972[13].
1950 marque ses débuts au cinéma : elle tourne cette année-là Le Tampon du capiston, dont son mari a écrit le scénario. On la retrouvera dans Le Crime du Bouif (1952), puis, aux côtés d'Yves Montand, dans Premier mai (1958). Elle enchaîne les petits rôles dans des films de Claude Autant-Lara (Le Joueur, également en 1958), Robert Hossein (Les Scélérats, 1959), Gérard Oury (La Menace, 1960), Jean Cocteau (Le Testament d'Orphée, 1960) et François Truffaut (Tirez sur le pianiste, 1960), mais elle ne rencontre pas la notoriété espérée.
En 1959, André Frank, responsable des émissions dramatiques à la télévision, lui suggère de faire de la télévision. Commence alors une carrière à la télévision qui lui apportera le succès et la notoriété et lui fera dire : « Ma vie ne commence qu'avec la télévision[4]. » Elle joue dans de nombreuses adaptions télévisées : Tous ceux qui tombent, Mathilde, La Cousine Bette, d'après Balzac, Destins d'après Mauriac (1965), La Bonifas, d'après Jacques de Lacretelle (1968), Le Chevalier des Touches, d'après Jules Barbey d'Aurevilly (1966), Le Curé de village, d'après Balzac (1968), Vipère au poing, d'après Hervé Bazin.
Au cinéma, le succès finit par arriver en 1971, à l'âge de cinquante-cinq ans, lorsqu'elle impressionne le public en incarnant la duègne qui tente de séduire Yves Montand dans La Folie des grandeurs, le quatrième plus gros succès de Gérard Oury[14]. Elle y rivalise avec Louis de Funès (déjà croisé dans Sur un arbre perché) et Montand.
Malgré ces prestations remarquées, elle enchaîne dans les années 1970 les rôles dans des comédies qualifiées de nanars[3]. Elle rejoint l'équipe de Michel Gérard, adepte du genre, accompagné de son coscénariste Vincent Gauthier et du duo Michel Galabru et Paul Préboist dans Les Joyeux Lurons en 1972 puis Les Vacanciers en 1974.
Dans Le Führer en folie de Philippe Clair, où l'issue de la Seconde Guerre mondiale se joue lors d'un match de football, elle joue le rôle d'Eva Braun.
Viennent ensuite Gross Paris de Gilles Grangier en 1973, Le Plumard en folie de Jacques Lemoine en 1974 et Drôles de zèbres, l'unique film réalisé par Guy Lux. Elle continue toutefois, pendant cette période, à interpréter des rôles tragiques au théâtre.
Elle abandonne ce style de comédies à la française à la fin des années 1970 (sauf pour Adam et Ève en 1984) et redore un peu son blason à la fin de sa carrière grâce à son retour à des rôles dramatiques au cinéma, comme dans Les Sœurs Brontë d'André Téchiné (1979), ou à la télévision avec L'Affaire Marie Besnard en 1986, pour lequel elle reçoit un 7 d'or.
Son dernier rôle sera celui de Catherine de Médicis dans le téléfilm du même nom diffusé en 1989.
Elle enregistre un album en 1975 (réédité en 2003) et un 45 tours en 1986 : Slowez-moi. Elle écrit plusieurs ouvrages autobiographiques (Alice, Mes dîners en ville, Femme-public : ma vérité et Mémoires inachevés) et un roman (Un amour menacé 1973).
Claude Véga l'imite avec talent. Thierry Le Luron l'imite également beaucoup, ce qu'elle prend assez mal au début[15]. Dans les années 1980, elle participe régulièrement à l'émission des Grosses Têtes, où elle est la cible récurrente des moqueries de ses camarades sur son âge, et où elle lâche son lancinant et sensuel « T'occupe ! ». Elle fait aussi preuve d'auto-dérision (« Avant, j'étais moche ») en tournant des spots publicitaires pour les produits d'entretien Jex Four, en 1983[16],[17].
Alice Sapritch compte parmi ses plus fidèles amis Jean-Louis Bory, auquel elle rend visite quasiment chaque dimanche alors qu'il se trouve en maison de repos à Montmorency, après la grave dépression qui le conduira à son suicide[réf. nécessaire].
Elle est également très proche de la communauté arménienne et participe à de nombreux rassemblements aux côtés de la diaspora.
Elle meurt d'un cancer le à Paris[18]. Elle est incinérée au crématorium du cimetière du Père-Lachaise à Paris et ses cendres sont dispersées dans la Seine.
Filmographie
Cinéma
- 1950 : Le Tampon du capiston de Maurice Labro (la pharmacienne)
- 1951 : Le Crime du Bouif d'André Cerf
- 1955 : Si Paris nous était conté de Sacha Guitry (une dame de la cour)
- 1958 : Premier mai ou Le Père et l'enfant de Luis Saslavsky (une entraîneuse)
- 1958 : Le Joueur de Claude Autant-Lara (Marfa)
- 1959 : Le Testament d'Orphée de Jean Cocteau (une gitane, rôle non crédité)
- 1959 : Les Tripes au soleil de Claude Bernard-Aubert
- 1959 : Les Scélérats de Robert Hossein (l'invitée qui complimente Thelma)
- 1960 : La Menace de Gérard Oury (la cliente)
- 1960 : La Fille aux yeux d'or de Jean-Gabriel Albicoco
- 1960 : Tirez sur le pianiste de François Truffaut (la concierge)
- 1960 : Candide ou L'optimisme du XXe siècle de Norbert Carbonnaux (la sœur du baron)
- 1961 : Le Tracassin ou Les plaisirs de la ville d'Alex Joffé (la femme au parapluie)
- 1964 : Les Deux orphelines de Riccardo Freda (la Frochard)
- 1966 : Qui êtes-vous, Polly Maggoo ? de William Klein (la reine mère)
- 1967 : Lamiel de Jean Aurel (Mme Legrand)
- 1967 : Le Démoniaque de René Gainville (Mme Brussette)
- 1968 : La Fille d'en face de Jean-Daniel Simon
- 1970 : L'Île aux coquelicots de Salvatore Adamo
- 1971 : Sur un arbre perché de Serge Korber (Lucienne Roubier)
- 1971 : Vipère au poing de Pierre Cardinal (Folcoche)
- 1971 : La Folie des grandeurs de Gérard Oury (la duègne)
- 1972 : Les Joyeux Lurons de Michel Gérard (Léonie)
- 1973 : La Raison du plus fou de François Reichenbach (la directrice)
- 1973 : L'Affaire Crazy Capo de Patrick Jamain
- 1973 : Le Concierge de Jean Girault (la comtesse de Beauchamp)
- 1973 : Elle court, elle court la banlieue de Gérard Pirès (L'automobiliste hargneuse)
- 1973 : L'Histoire très bonne et très joyeuse de Colinot trousse-chemise de Nina Companeez (Dame Blanche)
- 1973 : Le Führer en folie de Philippe Clair (Eva Braun)
- 1973 : L'Événement le plus important depuis que l'homme a marché sur la Lune de Jacques Demy (Ramona Martinez)
- 1973 : Gross Paris de Gilles Grangier
- 1974 : Les Guichets du Louvre de Michel Mitrani
- 1974 : Le Plumard en folie de Jacques Lemoine (la vieille blonde)
- 1974 : L'Arriviste de Samy Pavel (la mère de Marc)
- 1974 : Les Vacanciers de Michel Gérard (la tante Aimée)
- 1975 : L'Intrépide de Jean Girault
- 1976 : Le Trouble-fesses ou Le Gaffeur de Raoul Foulon (Marlène)
- 1976 : Les Douze Travaux d'Astérix de René Goscinny et Albert Uderzo (voix uniquement)
- 1977 : Drôles de zèbres de Guy Lux (Gilda Simfrid)
- 1978 : L'Horoscope de Jean Girault (la voyante)
- 1979 : Les Sœurs Brontë d'André Téchiné (la tante)
- 1983 : Un bon petit diable de Jean-Claude Brialy (Mme Mac Miche)
- 1984 : Adam et Ève de Jean Luret
- 1985 : European Vacation - Bonjour les vacances 2 (National Lampoon's European Vacation) d'Amy Heckerling (la douanière de la tour Eiffel)
Télévision
- 1961 : La Reine Margot de René Lucot (Catherine de Médicis)
- 1961 : La vie que je t'ai donnée de Guy Lessertisseur d'après Luigi Pirandello (Donna Anna)
- 1962 : Les Bostoniennes d'Yves-André Hubert (Olivia Chancellor)
- 1963 : Commandant X, série télévisée de Jean-Paul Carrère
- 1963 : Janique Aimée, série télévisée de Jean-Pierre Desagnat
- 1963 : Tous ceux qui tombent de Michel Mitrani
- 1964 : La Cousine Bette d'Yves-André Hubert
- 1967 : Allô Police, série télévisée de Robert Guez
- 1968 : La Bonifas de Pierre Cardinal
- 1968 : Le Curé de village d'Edmond Tiboroosky
- 1970 : Thérèse d'Avila, téléfilm de Jeannette Hubert
- 1971 : Vipère au poing de Pierre Cardinal
- 1973 : Molière pour rire et pour pleurer de Marcel Camus
- 1973 : Une atroce petite musique de Jean-Pierre Ferrière
- 1984 : Le Mystérieux Docteur Cornélius de Jean-Daniel Simon (la reine des clochards)
- 1986 : Le Cri de la chouette d'Yves-André Hubert
- 1986 : L'Affaire Marie Besnard d'Yves-André Hubert (Marie Besnard)
- 1987 : Marc et Sophie, série télévisée
- 1988 : Phèdre de Pierre Cardinal
- 1989 : Juliette en toutes lettres, série télévisée
- 1989 : Catherine de Médicis d'Yves-André Hubert
- 1989 : Le Passé retrouvé, documentaire de Mireille Dumas (épisode consacré à Alice Sapritch)
Théâtre
- 1945 : "L'Aiglon" d'Edmond Rostand, mise en scène Maurice Lehmann, Théâtre du Châtelet
- 1949 : La Tour Eiffel qui tue de Guillaume Hanoteau, mise en scène Michel de Ré, Théâtre du Vieux-Colombier
- 1951 : Rome n'est plus dans Rome de Gabriel Marcel, mise en scène Jean Vernier, Théâtre Hébertot
- 1954 : La Tour Eiffel qui tue de Guillaume Hanoteau, mise en scène Michel de Ré, Théâtre du Quartier Latin
- 1955 : L'Orestie d'Eschyle, mise en scène Jean-Louis Barrault, Festival de Bordeaux, Théâtre Marigny
- 1957 : Wako, l’abominable homme des neiges de Roger Duchemin, mise en scène Jean Le Poulain, Théâtre Hébertot
- 1959 : Spectacle Jean Tardieu, mise en scène Jacques Polieri, Théâtre de l'Alliance française
- 1962 : L'Idiot de Fiodor Dostoïevski, mise en scène Jean Gillibert, Théâtre Récamier
- 1962 : L'Orestie d'Eschyle, mise en scène Jean-Louis Barrault, Odéon-Théâtre de France
- 1962 : L'avenir est dans les œufs ou il faut de tout pour faire un monde d'Eugène Ionesco, mise en scène Jean-Marie Serreau, Théâtre de la Gaîté-Montparnasse
- 1970 : La vie que je t'ai donnée de Luigi Pirandello, mise en scène Pierre Franck, Théâtre des Mathurins
- 1979 : Un clochard dans mon jardin de Jean Barbier, mise en scène Guy Michel, Théâtre des Nouveautés
- 1982 : Superdupont ze Show de Jérôme Savary et Marcel Gotlib, dans le rôle de Marianne
- 1984 : Assassino, assassino de Jean-Yves Rogale, mise en scène Nicolas Bataille, Théâtre de la Potinière
Publications
Distinctions
Décoration
- Chevalier de la Légion d'honneur elle la reçoit des mains du président de la République François Mitterrand[19].
Récompenses
Notes et références
- Institut national de la statistique et des études économiques, « Fichier des décès - années 1990 à 1999 » [zip], sur www.insee.fr
- Almanach de la télévision 1972 de Télé 7 jours, p. 12, portrait d'Alice Sapritch par Patrick Lefort : "La famille est d'origine arménienne, mais à la maison on ne parle que le français."
- « Alice Sapritch : la biographie par Nanarland », sur nanarland.com (consulté le ).
- Almanach de la télévision 1972 de Télé 7 jours, p. 12, portrait d'Alice Sapritch par Patrick Lefort
- Le Petit Journal, 22 novembre 1939, p. 4 : "Les admissions aux classes dramatiques du Conservatoire"
- Almanach de la télévision 1972 de Télé 7 jours, p. 12, portrait d'Alice Sapritch par Patrick Lefort : "J"étais la dernière de la classe, avoue-t-elle. Dussane me snobait, me prenait pour un cancre. Je ne sais pas si ça tient à mes origines arméniennes, mais cet enseignement classique à la française ne me satisfaisait pas, me laissait sur ma faim."
- Paris-Soir, 8 juillet 1941, p. 2 : "Les Concours du Conservatoire"
- « Alice SAPRITCH », sur encinematheque.fr (consulté le )
- « Alice Sapritch », sur Babelio (consulté le )
- « Témoins en relation avec l'assassinat de Robert Denoël : Guillaume Hanoteau », sur www.thyssens.com (consulté le ).
- « Théâtre - Guillaume Hanoteau, Un jeune homme de bonne famille », sur regietheatrale.com (consulté le )
- Pierre Pellissier, Brasillach, le maudit, Paris, Denoël, , 454 p. (ISBN 978-2-207-23609-3, OCLC 20877090)[réf. incomplète].
- L'Écho républicain de la Beauce et du Perche, 12 décembre 1971 : "L'actrice Alice Sapritch est venue hier au palais de justice de Paris, à l'occasion de sa demande en divorce. Elle s'est trouvée seule devant M. Regnault, vice-président du tribunal, qui l'a reçue dans son cabinet où il l'avait convoquée en vue d'une tentative de conciliation Son mari, le journaliste écrivain Guillaume Hanoteau, ne s'est pas présenté. Le magistrat a constaté la non-conciliation."
- Il s'agit d'un film devenu culte grâce au strip-tease que l'actrice exécute à la fin du film.
- Elle le lui reproche dans une émission des Grosses Têtes media.rtl.fr.
- « Jex Four : Avant J'étais Moche, avec Alice Sapritch », sur La Maison de la Pub (consulté le )
- « Jex Four : Le Mahari, avec Alice Sapritch », sur La Maison de la Pub (consulté le )
- « Alice Sapritch », sur Evene.fr (consulté le ).
- Matthieu Galey, Journal T02 1974-1986, Grasset, , 432 p. (ISBN 978-2-246-40269-5, lire en ligne)
Annexes
Bibliographie
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