Économie de l'Ukraine

L'Ukraine a une économie diversifiée, mais encore tributaire des industries établies à l'époque soviétique. C'est un marché libre émergeant avec une croissance importante durant la majeure partie des années 2000[2]. Ses ressources naturelles tournent beaucoup autour de l'agriculture (tournesol, noix, betteraves à sucre, etc.) et des ressources minières (fer, acier, uranium, potasse, etc.) L'économie est caractérisée par une inflation importante et des rendements économiques assez faible.

Économie de l'Ukraine

Monnaie hryvnia (UAH) = 100 kopiykas
Année fiscale calendaire
Organisations internationales OMC, GUAM et Conseil de l'Europe
Statistiques
Produit intérieur brut (parité nominale) 126,39 milliards $ (2018)
Produit intérieur brut en PPA 391,53 milliards $
Rang pour le PIB en PPA 50e
Croissance du PIB +2,4 % (2018)
PIB par habitant en PPA 9 180 $
PIB par secteur agriculture : 9,9 %
industrie : 60,5 %
services : 29,6 %

(estimation 2013)

Inflation (IPC) 13,8 % (2017)
Pop. sous le seuil de pauvreté 24,1 % (2010, CIA)
Indice de développement humain (IDH) 0,751 (2018)[1]
Population active 17,85 millions (2017)
Population active par secteur agriculture : 5,6 %
industrie : 26,0 %
services : 68,4 % (2012)
Taux de chômage 1,2 % (2018)
Commerce extérieur
Exportations 44,9 milliards $ (2016)
Principaux clients Russie 9,1 %
Pologne 6,3 %
Turquie 5,8 %
Italie 5,7 %
(2017)
Importations 44,5 milliards $ (2016)
Principaux fournisseurs Russie 15 %
Chine 12 %
Allemagne 11 %
Pologne 6.9 %
(2016)
Finances publiques
Dette publique 75,6 % du PIB (2017)
Recettes publiques 39 milliards $ (2017)
Dépenses publiques 41 milliards $ (2017)

Son principal partenaire économique reste la Russie (économie de la Russie), même si l'Ukraine s'efforce de se tourner vers les pays de l'Union européenne.

L'Ukraine a tout des ingrédients nécessaires pour être une économie importante de l’Europe : de riches terres agricoles fertiles, une base industrielle très développée, une main d'œuvre très bien formée ainsi que d'un très bon système éducatif. Cependant, aujourd'hui, l'économie est encore loin de présenter de bons résultats, bien qu'elle ait délivré une croissance annuelle à deux chiffres pendant plusieurs années dans le début des années 2000, après huit années de déclin. Ceci résulta en un taux de pauvreté supérieur par rapport à celui du temps de l'Union soviétique.

Histoire

Période post-soviétique

L'introduction de l'hryvnia (monnaie nationale ukrainienne) en 1996 permit de réduire l'inflation grâce à une stabilisation des taux de change. La croissance revint en 2000 et continua grâce à de bons résultats dans les exportations, ainsi qu'une production industrielle qui augmenta. La croissance la plus importante fut en 2004 (12 %), bien que les réformes économiques subissent un ralentissement.

La crise politique de 2006, à la suite de la longue désignation du Premier ministre, aurait pu affecter l'économie ukrainienne. Les investisseurs ne furent pas vraiment effrayés, et l'économie résista bien. La croissance du PIB en était de 9 % comparée à , la production industrielle a augmenté, le secteur banquier s'est étendu, grâce à l'arrivée de banques européennes.

L'Ukraine est un pays faiblement exportateur et fortement importateur, sa dette extérieure représentant environ 180 % du PIB alors que ses réserves de change ne comptent que pour deux mois et demi d'importation[3].

AnnéeCroissanceAnnéeCroissanceAnnéeCroissance
1990-6,4 %20005,9 %20104,2 %
1991-8,4 %20019,2 %20115,2 %
1992-9,7 %20025,2 %20120,2 %
1993-14,2 %20039,4 %20130,0 %
1994-22,9 %200412,1 %2014-6,6 %
1995-12,2 %20052,7 %2015-9,9 %
1996-10,0 %20067,3 %
1997-3,0 %20077,9 %
1998-1,9 %20082,8 %
1999-0,2 %2009-14,8 %

Crise économique

L'Ukraine a été fortement touchée par la crise économique de 2008-2009. En 2008, la croissance économique a été ralentie à 2,1 % et a chuté en 2009 de 15 %[4]. Afin de relancer les exportations, la banque centrale a décidé de dévaluer la Hryvnia. L'industrie ukrainienne a souffert de la chute du prix des matières premières, et les banques se sont retrouvées en manque de liquidités. En novembre 2008, le pays a pu profiter d'un prêt du FMI de 13 milliards d'euros[5].

A partir de la fin 2013, l'Ukraine est touchée par la Crise ukrainienne, d'importantes manifestations, nommées Euromaïdan, ont lieu à la suite de la non-signature par le gouvernement de l'Accord d'association entre l'Ukraine et l'Union européenne. Le gouvernement tombe, l'accord est finalement signé en 2014, mais la Crimée est occupée la Russie et la guerre du Donbass démarre, coupant le principal centre industriel du pays.

À la suite de ces événements, l'économie ukrainienne devrait enregistrer une baisse de croissance de - 8 % en 2014 selon la Banque mondiale[6]. En février 2015, le FMI a annoncé qu'il allait consentir un nouveau prêt à l'Ukraine, d'un montant de 15,5 milliards d'euros, mais qu'il exigerait en échange des réformes économiques[7]. En 2015, l'Ukraine connait une nouvelle une fois récession avec un taux de croissance de - 9,9 %[8]. En parallèle, de cette récession, l'Ukraine a connu une très forte inflation de l'ordre de 12 % en 2014, de près de 50 % en 2015 et de 15 % en 2016[9].

En 2016, l'Ukraine sort de la récession avec un taux de croissance estimé à 1,8 %[8]. Cependant le pays connait des difficultés, l'Etat est dans l'obligation de nationaliser PrivatBank, la plus grande banque du pays, en , alors que de nombreuses banques en Ukraine ne sont pas capables de résister aux tests de résilience menés par la banque centrale[8].

En parallèle de ces crises, et à la lenteur des réformes économiques, à la corruption, etc., l'Etat ukrainien essaye de mener une politique volontariste, mais souvent contestée pour réduire la corruption, pour rétablir les comptes publics et l'économie. Il a par exemple mis en place une plateforme électronique d'appel d'offre, il a gelé les retraites, réduit la masse salariale[10].

Structure économique

Secteur primaire : agriculture, pêche et mines

Carte économique de l'Ukraine

Ressources naturelles

L'Ukraine est très riche en ressources de tout genre, mais particulièrement en minerais. Les réserves en minerai de fer de très bonne qualité sont énormes et leur exploitation très rentable.

  • Le leader ukrainien de la production de minerai de fer est le groupe Ferexpo, dont le principal actionnaire est le jeune oligarque Kostyantin Zhevago, qui contrôle également New World Resources, le producteur tchèque de houille. L'entreprise a beaucoup souffert lors du krach boursier de l'automne 2008, dans un contexte aggravant de crise politique intérieure rémanente[11].
  • Ses réserves en pétrole désormais largement épuisées, le pays utilise d'autres sources d'énergie, comme le charbon, le gaz naturel, l'hydroélectricité et le combustible nucléaire.

Agriculture

L'Ukraine possède des terres fertiles, traversées par plusieurs grands fleuves européens (Dniestr, Dniepr). Elle est d'ailleurs reconnue pour ses riches terres (elle possède le tiers[12] de la « terre noire », le tchernoziom, considérée comme la plus riche du monde) qui représentaient plus du quart de la production agricole soviétique. Cela lui valait le titre de « grenier à blé de l'URSS ». Désormais, l'Ukraine produit des céréales, du sucre, de la viande et des produits laitiers, que transforme une importante industrie agro-alimentaire, avec des entreprises comme Roshen.

Sidérurgie

L'Ukraine possède une industrie métallurgique importante, produisant de la fonte, de l'acier et des tuyaux. En 2005, l’Ukraine était le 7e producteur d'acier au monde.

  • Le complexe géant de Kryvyï Rih, avec une production annuelle de 8 millions de tonnes d'acier et 20 millions de tonnes de minerai de fer, est un des fleurons de l'empire indien ArcelorMittal. Couvrant 80 % de ses besoins en fer, il est très rentable. En 2007, il a enregistré un résultat brut d'exploitation de 1,2 milliard de dollars pour des ventes de 3,8 milliards de dollars. Achetée en 2005 par Mittal Steel, l'usine compte 43 000 salariés. L'État ukrainien pourrait envisager une renationalisation à terme, en tant que centre industriel stratégique tandis que le groupe ArcelorMittal souhaite porter la production à 12 millions de tonnes d'acier[13].

Industries chimiques

Bus électrique Electron E19101 fabriqué en Lviv

Le pays possède une forte industrie chimique, produisant du coke (charbon), des fertilisants et l'acide sulfurique. Le pays produit aussi de l'équipement métallurgique, des locomotives diesel, des tracteurs et des automobiles.

Autres industries

Le pays possède aussi un large tissu d'entreprise high-tech, héritant de l'URSS plusieurs entreprises produisant de l'électronique, de l'armement et des matériaux pour les programmes spatiaux soviétiques.

Tourisme

Le Nid d'Hirondelles (Crimée)
La place du Rynok à Lviv

L'Ukraine est la 8e destination la plus populaire des touristes en Europe en 2012[14]. L'industrie touristique du pays a besoin d'investissement pour se moderniser, mais elle continue de contribuer stratégiquement à l'économie de l'Ukraine. En 2012, la part du tourisme dans le PIB s'est montée à 28.8 milliards de UAH, soit 2,2 % du PIB, tout en procurant directement 351 500 emplois (1,7 % des emplois totaux)[15]. En 2012, plus de 23 millions de visiteurs étrangers on visité l'Ukraine[16]

Impact du Concours Eurovision de la Chanson 2005

Le nombre de touristes a augmenté fortement après 2005, lorsque l'Ukraine décida d'assouplir drastiquement la politique de visa pour les visiteurs en provenance de l'Union Européenne, de la Suisse, des États-Unis, Canada et Japon, d'abord provisoirement puis de manière permanente, en raison du Concours Eurovision de la Chanson 2005 qui se déroulait pour la première fois à Kiev[17]. En effet, les procédures de visa auparavant étaient très longues, chères et très administratives et devaient se faire obligatoirement avant le voyage. Le pays décida donc de tester un nouveau régime de visa simplifié délivré directement à l'aéroport d'arrivée pour ces nationalités, vu le nombre important de touristes qui devaient se rendre à Kiev pour participer à l'événement pendant quelques jours. Il n'y pas non plus besoin de visa pour les ressortissants russes et d'anciens pays de l'Union Soviétique (à l'exception du Turkménistan).

Nombreux sites touristiques

L'Ukraine possède de très nombreux sites touristiques dans tout le pays, un littoral sur la mer Noire avec des plages nombreuses et très populaires, des châteaux historiques, des parcs, des sites viticoles et un nombre important de musées répartis dans l'ensemble du pays, et notamment dans les grandes villes de Kiev, Odessa, Donetsk et Lviv. L'un des symboles les plus connus reste la cathédrale Sainte-Sophie et le monastère de Saint-Michel avec ses toits dorés à Kiev, ainsi que le site antique de Chersonèse à Sébastopol (Crimée). Le massif des Carpates à l'ouest offre des stations de ski, ainsi que des sentiers pédestres pour faire de la randonnée.

Le Littoral de la mer Noire

L'Ukraine possède un littoral impressionnant et très populaire auprès des touristes ukrainiens et en provenance des nombreuses ex-républiques d'Union Soviétique. Il va d'Odessa à l'ouest jusqu'à Mariopol à l'est, en passant par Kherson, et notamment la péninsule de Crimée plus au sud. La Crimée est très réputée pour ses plages de Yalta, d'Aloupka, Eupatoria, Hourzouf, Alouchta, Sudak, Feodosiya, ainsi que son massif qui se jette abruptement dans la mer. C'est une destination très appréciée, et Yalta a accueilli plus de 500 000 touristes durant l'été 2013, soit 8 % de plus qu'en 2012[18].

Transport

L'Ukraine possède un réseau de transport développé, ainsi elle a 169 491 km de route automobile, 22 473 km de voies ferrés. La longueur des voies fluviales ouvertes à la navigation est de 1 672 km. Les principaux ports se trouvent sur la mer Noire (dont le plus grand celui d'Odessa) et la mer d'Azov. En 2008, ils ont transporté 132,18 millions de tonnes de marchandises.

La plupart des compagnies aériennes ukrainiennes, agréées par l'IATA, secteur en plein développement, figurent dans la liste suivante : Liste des compagnies ukrainiennes.

Commerce

Ioulia Tymochenko, première ministre ukrainienne et Dimitri Medvedev, président russe durant le conflit gaziers de 2009.

La plus grosse partie du commerce ukrainien se fait avec ses principaux voisins, la Russie et l'Union européenne. Les exportations ferreuses (comme l'acier) risquent de souffrir dans le futur, vu l'augmentation des acteurs compétitifs internationaux et de la saturation mondiale. Bien que l'exportation de machines-outils ait augmenté considérablement durant les dernières années, la potentielle baisse des exportations d'acier risque d'affecter la balance commerciale totale ukrainienne, vu que l'acier représente 46 % de ses exportations.

L'Ukraine importe plus de 90 % de son pétrole et la plus grande partie de son gaz. Son principal fournisseur de pétrole est la Russie, qui possède ou gère la plupart des capacités ukrainienne de raffinage. L'Ukraine importe son gaz principalement de Russie (gaz russe et turkmène). Dans le même temps, le pays sert aussi de transit pour le gaz russe en direction des autres pays européens. Sa dépendance vis-à-vis du gaz russe affecte considérablement son économie et ses choix en politique étrangère, notamment après les crises gazières avec la Russie au début 2006 et au début de 2008.

L'autoroute Kharkiv-Dnipropetrovsk

En tant que pays Eurasiatique, l'Ukraine fait partie de l'Association d'affaires Canada-Russie-Eurasie.

Investissements étrangers

L'Ukraine encourage le commerce avec l'étranger et les investissements. Le Parlement a approuvé une loi permettant aux ressortissants occidentaux d'acheter des entreprises ukrainiennes, des propriétés, la permission de rapatrier le revenu et les profits ainsi que de recevoir une compensation en cas de nationalisation faite par un gouvernement futur. Cependant, les lois sont complexes, les procédures judiciaires longues et la corruption effraie les investisseurs. Bien qu'il y ait une Bourse, le manque de protection pour les actionnaires freine les investissements boursiers.

L'investissement direct étranger en Ukraine est estimé à environ 17,4 milliards de dollars (), correspondant à environ 371 dollars par habitant. De nouvelles réformes sont attendues cependant pour redynamiser le climat et redonner confiance aux investisseurs.

Aide extérieure

Le FMI a approuvé un Fond de facilité étendues de 2,2 milliards de dollars avec l'Ukraine en . En , le programme de 3 ans a été augmenté de 400 millions de dollars (à 2,6 milliards). Cependant, vu que l'Ukraine avait de la peine à atteindre les objectifs monétaires et structurels requis, le fond a été bloqué plusieurs fois jusqu'en 2001. En 2002, à cause d'un gros montant d'arriérés de TVA à rembourser aux exportateurs ukrainiens, un déficit plus important que prévu arriva pour le budget national. Le fond expirant en , le FMI et l'Ukraine commencèrent des négociations sur les possibilités pour de nouveaux programmes.

L'Ukraine fut acceptée comme membre du FMI et de la Banque mondiale en 1992. Elle est aussi membre de la Banque européenne pour la reconstruction et le développement, ainsi que de l'Organisation mondiale du commerce depuis 2008[19].

Références

Notes

  1. « Indicateurs de développement dans le monde - Google Public Data Explorer » (consulté le )
  2. Pierre Avril, « Ianoukovitch revient vers Moscou, la sébile à la main », in Le Figaro, mardi 17 décembre 2013, page 10.
  3. (fr) Baisse de 9 % du PIB ukrainien en 2009, Le Nouvel Observateur. Consulté le 3 aout 2009
  4. (fr) L'Ukraine a reçu un prêt du FMI de 16,5 milliards de dollars, L'Écho.Consulté le 3 aout 2009
  5. (en) Ukraine economy to contract by 8 % in 2014: World Bank, Yahoo! News, 2 octobre 2014
  6. http://www.france24.com/fr/20150212-ukraine-nouveau-pret-fmi-175-milliards-dollars/
  7. « Situation économique et financière de l'Ukraine », sur Trésor français - Direction générale, (consulté le )
  8. « Ukraine - Principaux indicateurs économiques », sur Coface (consulté le )
  9. « Ukraine | Données Générales », sur Le MOCI (consulté le )
  10. Le milliardaire ukrainien Zhevago contraint de céder 21 % de Ferrexpo, Les Echos, 08/10/08, p. 31
  11. AGRICULTURE ET AGROALIMENTAIRE CANADA. Rapport sur le passé, le présent et l'avenir : Ukraine, [En ligne], http://www.ats.agr.gc.ca/eur/4268-fra.htm (Page consultée le 6 mai 2011)
  12. Crainte de renationalisation pour l'usine ukrainienne d'ArcelorMittal, Les Echos, 12/09/08, p. 20
  13. Tourism 2012
  14. Travel & Tourism in Ukraine
  15. Chiffres officiels de touristes en Ukraine
  16. Article du Telegraph du 16 avril 2005
  17. Bulletin Officiel Ukrainien sur la fréquentation touristique à Yalta en 2013
  18. « OMC / Ukraine - Renseignements par Membre », sur wto.org (consulté le ).

Sources

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