La Soupe aux choux (film)

La Soupe aux choux est un film français réalisé par Jean Girault, sorti en 1981.

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La Soupe aux choux
Logotype du film.
Réalisation Jean Girault
Scénario Jean Halain
Louis de Funès
d'après le roman de René Fallet
Musique Raymond Lefevre
Acteurs principaux
Sociétés de production Les Films Christian Fechner
Films A2
Pays d’origine France
Genre Comédie dramatique
Science-fiction
Durée 98 minutes
Sortie 1981


Pour plus de détails, voir Fiche technique et Distribution

Comédie mêlée de science-fiction, adaptation du roman du même nom de René Fallet paru en 1980, le film rassemble les acteurs Louis de Funès (dont c'est l'avant-dernier film), Jean Carmet et Jacques Villeret.

À sa sortie, le film est un succès commercial modéré — en comparaison des habituels succès de Louis de Funès — et reçoit des critiques majoritairement négatives de la part des professionnels. Cependant, il est considéré comme un film culte par le public et réalise toujours de bonnes audiences à la télévision.

Synopsis

Deux amis de longue date vivent dans un hameau campagnard. Ils sont septuagénaires et sont tout l’un pour l’autre. Claude Ratinier, dit « le Glaude », est un sabotier veuf. Francis Chérasse, dit « le Bombé » à cause de sa bosse, est puisatier. Leur lieu-dit, les Gourdiflots, est totalement à l’écart de la vie moderne, dans le Bourbonnais, et ne comporte que leurs deux maisons qui sont des bâtisses agricoles anciennes. Négligeant totalement leur santé, chacun consomme cinq à six litres quotidiens de pinard en plus du perniflard.

Copie du costume de La Denrée lors de l'exposition sur Louis de Funès à la Cinémathèque, en 2020.

Une nuit, à la suite d'un concours de pets auquel se sont livrés les deux compères, un extraterrestre débarque en soucoupe volante de la planète Oxo dans le jardin du Glaude. L'extraterrestre a entendu les flatulences et a cru qu'il s'agissait d'un langage lui demandant d’atterrir là. Le Glaude, comprenant par hasard que l'être est affamé, lui donne alors à manger de la soupe aux choux et le surnomme « la Denrée ». Ce dernier, appréciant le potage, en emporte sur sa planète.

Les allers-retours du visiteur créent des remous dans le voisinage mais le Glaude et la Denrée se lient d'amitié. Peu après, l'extraterrestre lui propose de venir le rejoindre sur sa planète pour qu'il fasse bénéficier tous les Oxiens des bienfaits de la soupe aux choux, mais le Glaude refuse en mettant en avant son amitié avec le Bombé. La Denrée repart avec un louis d'or du Glaude après avoir parlé de sa femme, « la Francine », morte dix ans plus tôt. Il prend l’initiative de faire ressusciter sa femme, reprenant vie âgée de seulement vingt ans.

Le décalage est flagrant entre les deux générations. La nouvelle Francine, affamée de vivre, veut profiter de la vie au lieu d'avoir à trimer sans en profiter comme dans sa version précédente. Elle s'en va au village et elle est prise en stop par la jeune Catherine Lamouette, du même âge qu'elle. Arrivées au village, elles font du shopping et la Francine s'habille à la dernière mode. De retour chez le Glaude, Francine prend un bain de soleil en petite tenue, ce qui fait exploser le Glaude qui ne la comprend pas. En colère, la Francine lui révèle qu'elle l’a trompé avec le Bombé alors qu'il était prisonnier durant la guerre à Berlin. Le Glaude s'en va faire avouer le Bombé en le menaçant avec un fusil. Ce dernier avoue, le Glaude lui pardonne. Pendant ce temps, Francine mène une vie de jeune fille de vingt ans : elle s'entiche d'un jeune homme aguicheur et quitte le Glaude profondément triste.

La Denrée revient sur Terre et annonce que la soupe aux choux a été considérée comme une source de plaisir, le « plaisir » étant une notion révolutionnaire sur Oxo. La Denrée a pris de l'avancement et propose au Glaude de venir sur la planète Oxo pour y planter des choux, faire de la soupe, vivre jusqu'à 200 ans comme lui, le Bombé et leur vieux chat. De plus, la Denrée rapporte le louis d'or après l'avoir fait dupliquer par centaines. La Denrée repart.

Durant ce temps, au village, le maire annonce la construction d'un parc d'attractions et d’un lotissement aux Gourdiflots. Il rend visite au Bombé et au Glaude pour leur exposer sa théorie sur « l'expansion économique » : parking, chaises longues, « rocher aux singes » et demander leur départ.

Rattrapés par les péripéties de la vie moderne, le Glaude expose au Bombé déprimé et suicidaire les plans de la Denrée et lui révèle l'existence de ce dernier et de la planète Oxo. Ils décident d'émigrer vers Oxo. Avant de partir, le Glaude envoie à la Francine, qui est devenue serveuse, les louis d'or joints d'une lettre. La Francine se met à sangloter pensant que le Glaude va mettre fin à ses jours du fait de leur séparation. Le film se termine avec la Denrée, le Glaude, le Bombé et le chat s'envolant festivement vers Oxo et un autre vaisseau emportant dans les étoiles les deux vieilles maisons des Gourdiflots.

Fiche technique

Louis de Funès (ici sur le tournage du film Le Gendarme et les Extra-terrestres en 1978), à la fois interprète principal et co-scénariste-adaptateur de La Soupe aux choux.

Distribution

Jean Carmet (ici en 1994) interprète « le Bombé », compère du « Glaude ».
  • Louis de Funès : Claude Ratinier, dit « le Glaude », paysan sabotier du hameau des Gourdiflots
  • Jean Carmet : Francis Chérasse, dit « le Bombé » ou « Cicisse », paysan puisatier du hameau des Gourdiflots
  • Jacques Villeret : l'extraterrestre de la planète Oxo, dit « la Denrée »
  • Christine Dejoux : Francine, la femme de 60 ans décédée de Claude Ratinier, ressuscitée à l'âge de 20 ans
  • Claude Gensac : Amélie Poulangeard, la « bredine » du village, qui prétend avoir vu une soucoupe volante
  • Henri Génès : le maréchal des logis-chef de Jaligny
  • Marco Perrin : le maire capitaliste
  • Gaëlle Legrand : Catherine Lamouette, la nouvelle amie de Francine
  • Philippe Ruggieri : Robert, le nouvel ami de Francine
  • Max Montavon : le frère d'Amélie Poulangeard, incrédule
  • Thierry Liagre : le médecin, furieux d'apprendre que « le Glaude » boit 6 litres de vin par jour
  • Perrette Souplex : Aimée, la patronne de l'hôtel de France
  • Philippe Brizard : Guillaume, le facteur
  • Catherine Ohotnikoff : la patronne du restaurant où travaille Francine
  • Carole Nugue
  • Jean-Pierre Rambal : le narrateur au début du film

Réalisation et production

Genèse et développement

La Soupe aux choux est l'adaptation cinématographique du roman éponyme de René Fallet, publié en en France, aux éditions Denoël. Louis de Funès découvre le livre rapidement après sa parution, conseillé par son fils Patrick de Funès[1] ou son producteur Christian Fechner[2], et « tombe amoureux de son chant d'amour à la terre et à ses générosités, de sa compassion envers les laissés-pour-compte de la modernité, de son ironie profonde envers toutes les tentatives de changer l'ordre séculaire des choses de la campagne[3] ». Christian Fechner, producteur « attitré » de l'acteur depuis L'Aile ou la Cuisse en 1976, achète les droits d'adaptation du roman[3]. Louis de Funès rencontre l'écrivain et entreprend lui-même l'adaptation du roman, avec l'aide de Jean Halain[3]. Ce dernier, fils du réalisateur André Hunebelle et « bon artisan d'une certaine comédie à la française » selon Christian Fechner[3], a de nombreuses fois collaboré avec Louis de Funès à l'écriture de scénarios, dont celui de L'Avare.

Ensemble, ils suppriment certaines histoires périphériques présentes dans le roman afin de ne pas retarder l'intrigue principale[3].

Globalement, le film est assez fidèle au livre. De nombreuses répliques culte y ont d'ailleurs été conservées mot pour mot.

Le réalisateur Yves Robert met en garde de Funès sur la complexité d'une adaptation de Fallet au cinéma, les précédentes étant rarement réussies, et, surtout, lui conseille de ne pas faire apparaître la scène de « pétomanie », absolument inmontrable[4].

« Chaque jour, durant cinq mois, nous nous retrouvions dans les bureaux de (…) la société de production, avec Jean Halain, le scénariste, et Jean Girault, le metteur en scène. Nous avons mis le livre de René Fallet complètement à plat et nous l'avons reconstruits avec des gags visuels. Après le tournage, j'ai également participé au mixage et montage du film. »

 Louis de Funès, 1982[5].

Composition de la distribution

Jacques Villeret (ici en 1999, avec son César du meilleur acteur pour Le Dîner de cons) incarne « la Denrée », rôle qui le révèle au grand public.

Dès le début du projet, Louis de Funès envisage Jean Carmet pour le rôle du « Bombé »[6]. Ils avaient souvent joué ensemble à l'époque où Louis de Funès n'était pas connu (c'est-à-dire avant Le Gendarme de Saint-Tropez en 1964)[6]. Depuis, Jean Carmet est lui aussi devenu célèbre — tardivement, comme de Funès — avec des rôles importants à partir des années 1970[6]. Dans une de ses premières lettres à René Fallet, en , de Funès évoquait aussi Jean Lefebvre pour le rôle[7].

Jacques Villeret incarne l'extraterrestre venu de la planète Oxo et surnommé « la Denrée » par « le Glaude ». Christian Fechner désirait que Louis de Funès tourne une nouvelle fois aux côtés d'un comédien de la jeune « génération montante », après Coluche dans L'Aile ou la Cuisse[8]. Outre Villeret, un autre jeune acteur était pressenti pour tenir le rôle : Olivier Lejeune, qui avait déjà côtoyé Louis de Funès sur le tournage des Aventures de Rabbi Jacob[9]. Celui-ci correspondait plus au physique du personnage du roman, « une grande asperge très mince », et était soutenu par Jean Girault[10]. Après des essais passés devant le producteur, le réalisateur et Louis de Funès, le rôle est confié à Jacques Villeret[10]. Louis de Funès l'avertit toutefois : « Cela peut être un très grand rôle pour vous, mais cela peut aussi être la fin de votre carrière[11] », conscient des risques qu'il y a à tourner avec lui. Bien que n'étant pas son premier film, La Soupe aux Choux aura véritablement lancé la carrière de Jacques Villeret qui jusqu'alors « se cherchait » en tournant des films aux genres et ambitions très divers (notamment avec le réalisateur Claude Lelouch)[8].

Le rôle d'Amélie Poulangeard, la vieille folle du village, est confié à Claude Gensac que Louis de Funès apprécie avoir à ses côtés lors de tournages et qui a souvent joué l'épouse de ses personnages au cinéma (dont Josépha, l'épouse du gendarme Cruchot à partir du Gendarme se marie)[6]. Tout comme dans L'Aile ou la Cuisse, où elle se voyait grimée en vieille secrétaire, l'actrice est une nouvelle fois presque méconnaissable. Christine Dejoux est choisie pour jouer la Francine, la femme de Claude Ratinier, ressuscitée par la Denrée telle que sur sa photo de mariage. Elle s'était fait connaître en participant au sketch Le Schmilblick de Coluche, parodiant Simone Garnier.

Le frère de la vieille folle, hermétique aux dires de sa sœur, est interprété par Max Montavon, acteur dont Louis de Funès est très proche, qui joue des seconds rôles dans nombre de ses films (Le Grand Restaurant, Fantômas se déchaîne, Fantômas contre Scotland Yard, Le Petit Baigneur, Les Grandes Vacances, Hibernatus, L'Aile ou la Cuisse, L'Avare, etc.) et qui le côtoiera à nouveau dans Le Gendarme et les Gendarmettes l'année suivante. Henri Génès joue le brigadier-chef de Jaligny, après avoir joué un gendarme carcassonnais dans Le Corniaud (en 1964) et le commissaire dans L'Avare. Il faisait aussi une apparition dans Le Gendarme et les Extra-terrestres, incarnant le patron du restaurant Le Cabanon. Jean-Pierre Rambal prête sa voix pour la narration ouvrant le film, après avoir été un gendarme de la brigade de Saint-Tropez dans Le Gendarme et les Extra-terrestres. Le petit ami de Francine, Robert, est interprété par Philippe Ruggieri, qui apparaîtra également dans un petit rôle dans Le Gendarme et les Gendarmettes.

Tournage

L'ancienne mairie de Champeaux, transformée en gendarmerie pour le film.

Selon le roman de René Fallet, l'histoire est censée se dérouler à Jaligny-sur-Besbre dans l'Allier, mais le tournage du film s'est effectué en Seine-et-Marne. Il s'est déroulé du au [12]. Le village que l'on voit dans le film est celui de Champeaux (la mairie, la poste, la boulangerie, la place du village). Les maisons des deux protagonistes ont été construites pour le film à Évry-Grégy-sur-Yerre dans un champ situé non loin du prieuré de Vernelle[13]. Elles ont été démontées à l'issue du tournage[14]. Le hameau fictif dit des Gourdiflots visible au début du film se situe près du château de Montjay (Les Trayants) à Bombon, les bâtisses sont désormais des ruines [13].

Le tournage du film s'effectua en Seine-et-Marne pour une autre raison, qui concernait les problèmes de santé de l'acteur Louis de Funès : celui-ci avait de gros problèmes cardiaques depuis 1974, année où il fit un premier infarctus. L'acteur était depuis très affaibli. Un tournage en région parisienne tranquillisait les assureurs et les producteurs, car l'acteur pouvait avoir accès rapidement à de grands centres hospitaliers en cas de problèmes cardiaques.

Le tournage a été adapté en fonction des problèmes de santé de Louis de Funès. Les assurances ont ordonné : « Pas de tournage la nuit, la nuit il dort ». Les deux maisons que l’ont voit dans le film ont été construites ainsi que le potager et autres éléments de décor. A la fin du tournage des séquences diurnes, les maisons ont été déplacées au studio d’Épinay pour tourner les séquences de nuit. Ce tournage des séquences de nuit ayant eu lieu pendant 5 semaines, il était hors de question de tourner de 21h à 5h du matin pour Louis de Funès (interdiction des assurances).

[réf. nécessaire]

Comme pour L'Avare, Louis de Funès partage ouvertement la réalisation du film avec Jean Girault, le premier s'occupant de la mise en scène et de la direction d'acteurs tandis que le second s'occupe des aspects techniques[15]. Contrairement à leur précédente collaboration, Louis de Funès n'est pas crédité en tant que co-réalisateur. L'Avare demeure donc le seul film officiellement co-réalisé par Louis de Funès.

Plutôt que du véritable vin, les acteurs doivent boire de l'eau colorée, au grand dam de Jean Carmet, amateur de grands crus : « J'avalais un litre d’eau teintée par scène. Et comme on faisait plusieurs scènes, il m’arrivait d’en boire cinq à six litres par jour… J’ai bien cru me noyer ! »[16],[17].

Pour la première fois de sa carrière, Louis de Funès tourne avec écran de contrôle vidéo, qui permet de visionner immédiatement les prises, et s'avère être un outil de travail désormais indispensable pour l'acteur[15]. L'acteur garde toujours sur lui le roman original, pour s'assurer de la fidélité des scènes tournées[8].

« Louis n'est pas un technicien sur le plateau. C'est le directeur d'acteurs. Il se promenait partout avec le bouquin de Fallet sous le bras : c'était sa bible ! S'il y avait le moindre problème, il le consultait. (…) Il racontait des histoires qui lui sont arrivées ou qu’il connaît et il les racontait tellement bien qu'à la fin vous étiez complètement dans le climat voulu. (…) Quant à sa façon à lui de travailler, je ne trahirai rien en disant que j'ai surpris — en lisant par-dessus son épaule ! — certaines des annotations qu'il avait écrites en marge de son scénario : elles faisaient référence à ces gens qu’il a connus ou même à des membres de sa famille. (…) Ce sont des choses qui l'aident et c'est grâce à toute cette accumulation d’observations que, souvent, ses personnages trouvent leur existence. »

 Jean Carmet sur les méthodes de travail de Louis de Funès, Première, décembre 1981[18].

Selon Christian Fechner, Louis de Funès aurait voulu à compter de ce film tenter de travailler dans un autre registre, essayer un autre jeu d'acteur, mais n'a pu y parvenir[19]. Le producteur note que certaines scènes avec la Francine comprennent bien de courts « moments d'émotion » : « C'est une des seules fois dans sa filmographie — sinon la seule — où il a accepté de jouer quelque chose de charmant, de touchant, de triste, et d'une manière très sincère »[20].

Durant le tournage, Louis de Funès soutient, conseille et rassure le jeune Jacques Villeret, en lui expliquant que l'acteur italien Totò, le plus grand acteur comique européen d'après-guerre, avait fait la même chose avec lui lorsqu'ils ont joué ensemble dans Totò à Madrid, à la fin des années 1950[8].

Le vendredi 31 juillet 1981, Louis de Funès fête son anniversaire, et l'équipe lui offre un coffret de films en super 8 de Laurel et Hardy, qu'il admire[21].

Malgré le conseil d'Yves Robert, Louis de Funès met bien dans le film la scène du concours de pets entre le Glaude et le Bombé, et juge qu'elle a été faite « d'une façon qui n'est grossière, elle est très drôle »[4]. Les bruits de pets du Glaude et du Bombé ont été réalisés par des imitateurs en studio :

« La production du film, pour réaliser le son des diverses flatulences, avait engagé des imitateurs. Chacun son tour, ceux-ci faisaient des pets différents. Louis et moi étions là qui écoutions les différentes sonorités. Nous nous les disputions, trouvant que tel ou tel pet convenait mieux que d'autres. Ça donnait à peu près : « Celui-là est pour moi ! » — « Non, pour moi ! » — « Mais écoute, il est gras comme les miens ! » — « Il n'est pas gras, il est rond, il me convient mieux ! » — « Et celui-là ? » — « Celui-là est pour toi ! » — « Ah non, pas du tout ! » — « Mais si, il est sec »… »

 Jean Carmet[22].

Musique

Ce film est également connu pour le thème principal de sa bande originale, une mélodie folk électronique synthpop d'inspiration bourbonnaise, composée et jouée par Raymond Lefèvre sur des synthétiseurs[23] (instrument dont il s'était servi une première fois pour la musique du film Le Gendarme et les Extra-terrestres). Près de 40 ans après sa création, ce thème identifie toujours le film et reste populaire en France.

Le thème accordéon joué par « le Bombé » dans le film est un extrait de La Valse brune. Pour la fête foraine, Jean Girault ré-utilise sans le moindre changement le morceau Parade à Saint-Tropez composée par Raymond Lefèvre pour la scène finale du film Le Gendarme et les Extra-terrestres.

Effets spéciaux

Guy Delécluse, responsable de la conception de la planète Krypton dans Superman[réf. nécessaire], a créé la soucoupe volante dans La Soupe aux choux. Celle-ci nécessita quatre mois de travail[24] pour environ cinq minutes à l'écran.

Accueil

Sortie et fréquentation

Un mois avant la sortie du film, pour sa promotion, Louis de Funès se rend au Salon de l'Enfance, à Paris, où est exposée la soucoupe volante[25].

La Soupe aux choux sort en salle le . Le producteur Christian Fechner a mis en place une publicité importante pour le film[15]. Le film sort d'abord dans les « salles d'exclusivité » : 21 salles à Paris intra-muros, 23 salles en banlieue parisienne et 21 salles dans le reste de la France. Malgré l'insuccès de L'Avare (précédent film de Louis de Funès, sorti l'année précédente), le public est intéressé par le film puisque 198 001 tickets d'entrées sont vendus la première semaine, uniquement dans les 44 salles parisiennes[15]. En troisième semaine, le film est diffusé sur 269 écrans en France[26]. La projection dans ces salles d'exclusivité rapporte 6,6 millions de francs de recettes[15].

Box-office des premières semaines d'exploitation du film, semaine par semaine, à Paris et en banlieue
Source : « Box-office hebdo Paris 1981 et 1982 » sur Box-Office Story, d'après Ciné-chiffres/Le Film français
Semaine Rang Entrées Cumul Salles no 1 du box-office hebdo.
1 au 1er 198 001 198 001 entrées 44 La Soupe aux choux
2 au 3e 117 612 315 613 entrées 44 La Chèvre
3 au 5e 61 414 377 027 entrées 42 La Chèvre
4 au 5e 93 718 470 745 entrées 41 La Chèvre
5 au 6e 69 877 540 622 entrées 41 La Chèvre
6 au 12e 19 188 559 810 entrées 27 La Guerre du feu
Box-office des premières mois d'exploitation du film, semaine par semaine, en France
Source : « Box-office hebdo France 1981 et 1982 » sur Les Archives du box-office, d'après le CNC.
Semaine Rang Entrées Cumul no 1 du box-office hebdo.
1 au 1er 601 950 602 360 entrées La Soupe aux choux
2 au 2e 499 397 1 101 757 entrées La Chèvre
3 au 4e 360 899 1 462 656 entrées La Chèvre
4 au 4e 575 278 2 037 934 entrées La Chèvre
5 au 4e 211 740 2 249 674 entrées La Chèvre
6 au 6e 138 094 2 387 768 entrées La Guerre du feu
7 au 9e 96 075 2 483 843 entrées Tout feu, tout flamme
8 au 10e 107 272 2 591 115 entrées Tout feu, tout flamme
9 au 12e 79 415 2 670 530 entrées Le Grand Pardon
10 au 13e 71 831 2 742 361 entrées Le Grand Pardon
11 au 14e 70 369 2 812 730 entrées La Folle Histoire du monde
12 au 18e 44 029 2 856 759 entrées La Folle Histoire du monde
13 au 27e 29 174 2 885 933 entrées Tête à claques

À la fin de sa première exploitation en salles, La Soupe aux choux a attiré un peu plus de 3 millions de spectateurs en France[27].

Critiques

À la sortie en salle du film, le producteur Christian Fechner n'organise pas de projection spéciale pour la presse — comme c'était le cas pour L'Aile ou la Cuisse — et refuse même que les critiques de cinéma puissent voir le film lors de sa première semaine d'exploitation[15]. Dans Le Monde, le critique Jacques Siclier s'exprime sur cette interdiction rare[15] :

« Les critiques de cinéma pour qui l'entrée dans les salles est gratuite, grâce à leur carte professionnelle, se voient, pour La Soupe aux choux, refuser ce droit pendant la première semaine d'exclusivité. Qu'ils en aient dit du bien ou du mal, ils n'ont jamais eu d'influence sur le succès commercial des films de Jean Girault avec Louis de Funès (la série du Gendarme, par exemple). Craindrait-on, cette fois, qu'ils ne détournent le public de ce brouet cinématographique en mettant les pieds dans la soupière ? »

 Jacques Siclier, Le Monde, [15].

Les critiques paraissent à partir de la semaine suivante[28]. Parmi les rares critiques positives, on trouve celle de Robert Chazal de France-Soir, soutien indéfectible de chaque film de Louis de Funès (il a écrit une biographie de l'acteur en 1977), qui évoque le « robuste comique — avec parfois un rire un peu amer — [qui] donne à Louis de Funès et Jean Carmet l'occasion de faire un duo de belle saveur[15] ». La performance de Louis de Funès est saluée par quelques critiques[28]. Dans L'Express, Danièle Heymann apprécie elle aussi la performance de Louis de Funès (« Matois, finaud, jubilatoire, il ajoute à sa classique panoplie de puncheur atrabilaire un élément inédit : la tendresse ») mais regrette la manque de caractère dans la réalisation de Jean Girault : « En chef, ce qui manque à La Soupe, c'est un chef. C'est-à-dire un metteur en scène. Jean Girault apparaît pour la douzième fois au générique d'un de Funès. Falot féal de Fufu, il a manifestement abdiqué toute autorité. Le rythme, le tonus, le ton s'en ressentent »[28].

Du reste, la majorité des critiques sont négatives, fustigeant la réalisation de Jean Girault, la trahison faite au roman original de René Fallet et la puérilité de certains gags[28]. Le Monde parle d'une « farce […] à la fois ennuyeuse et vulgaire »[28]. Parmi les critiques jugeant que le film est une très mauvaise adaptation de l'œuvre de Fallet, on trouve celles des Nouvelles littéraires et de Claude Baignères dans Le Figaro :

« Hélas, Jean Girault, non content de se prendre pour un réalisateur, a cette fois tâté de l'adaptation. Le gâchis est immense, la catastrophe sans mesure. Du roman, rien ne subsiste : la verve et le talent de Fallet sont balayés par une effrayante tornade de nullité, qui emporte jusqu'au métier pourtant consommé de Louis de Funès et de Jean Carmet »

 Les Nouvelles littéraires, [28].

« La plume de Fallet dessinait à travers des péripéties colorées un véritable conte philosophique dont le film ne laisse rien subsister. Sauf peut-être dans le regard madré, méfiant, critique, ou tendre de Jean Carmet. Mais le reste se limite aux aboiements habituels, aux rages de roquets, aux roulements d'yeux et claquements de langue d'un de Funès qui paraît oublier son personnage pour se limiter à son numéro ordinaire. Pathétique ! »

 Claude Baignères, Le Figaro, [28].

Enfin, avec une pointe d'humour, la plupart des critiques font référence aux flatulences qui ponctuent le film[28]. Télérama dit « Jean Girault signe là un film nauséabond. Il respire la bêtise et la gauloiserie malsaine. À éviter. » et Le Canard enchaîné parle d'un « film qui ne vaut pas un pet »[28]. Dominique Jamet du Quotidien de Paris conclut sa critique assassine — intitulée « Navet » — ainsi : « Ce film, s'il faut mettre les points sur les i, ne peut plaire qu'aux hommes épris de pets »[28].

« L'insupportable vulgarité, la confondante et dégradante nullité de ce film qui se veut visiblement un produit authentique de notre terroir et qui est sans contestation possible un sous-produit du cinéma national n'ont qu'un seul mérite — indiscutable : de montrer jusqu'où il est possible de descendre sans encourager la moindre sanction. En prison pour médiocrité, suggérait Montherlant. À ce compte, Jean Girault mériterait sans doute la détention perpétuelle, et encore dans l'hypothèse où la peine de mort serait abolie. »

 Dominique Jamet, Quotidien de Paris, [29].

Succès à la télévision et reconnaissance actuelle

Après avoir attiré un peu plus de 3 millions de spectateurs à sa sortie dans les salles[27], c'est à la télévision que La Soupe aux choux a eu le plus de succès. Comme de nombreux films culte, il est souvent rediffusé, depuis sa première diffusion française qui a eu lieu le sur Antenne 2. Le , France 2 est en première position en rediffusant le film en fin d'après-midi avec près de 5 millions de téléspectateurs, soit 29,6 % de part de marché[30]. Lors de sa 15e diffusion à la télévision française le sur France 3, plus de 4 millions de téléspectateurs ont regardé le film, soit 15,8 % de part de marché, permettant à la chaîne publique d'être deuxième juste derrière TF1[31]. Le , le film diffusé sur France 3, réunit 1 764 000 téléspectateurs, soit 9,5 % de part de marché, derrière M6 et TF1[32]. Le sur France 2 (2 916 000 téléspectateurs )[33].

Analyse

La Soupe aux choux « une charge contre la désertification rurale », notamment pour le journaliste Julien Jouanneau[34]. Le film s'inscrit dans la lignée de L'Aile ou la Cuisse et de La Zizanie, en dénonçant les mutations causés par l'industrialisation à la société française[19].

Notes et références

  1. de Funès et de Funès 2005, p. 113.
  2. Histoires de tournages, bonus DVD du film (2002).
  3. Dicale 2009, p. 498.
  4. Louis de Funès, la comédie humaine, de Philippe Azoulay, 27 janvier 2003 [présentation en ligne]
  5. Thibaut Bruttin, « De Funès-Girault : le moteur et le frein », dans Alain Kruger (dir.), Louis de Funès, à la folie : exposition du 15 juillet 2020 au 30 mai 2021, Paris, La Martinière / Cinémathèque française, coll. « Art et spectacle », (ISBN 978-2-7324-9145-5), p. 144-153.
  6. Dicale 2009, p. 500.
  7. Clémentine Deroudille (dir.) (préf. Julia de Funès), Louis de Funès, Saint-Raphaël, Flammarion / musée Louis-de-Funès, , 192 p. (ISBN 9782081490963), p. 163.
  8. Dicale 2009, p. 499.
  9. « Interview de M. Olivier Lejeune du 17 mai 2014 par Franck et Jérôme », sur le blog nimotozor99
  10. Olivier Lejeune, Témoignage sur La Soupe aux choux, sur Facebook, 3 novembre 2017.
  11. Jacques Villeret dans les Histoires de tournage en bonus du DVD
  12. « Fiche du film », sur Ciné-Ressources
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  23. « Raymond Lefèvre », sur AutourdeLouisdeFunes.fr
  24. « La Soupe aux choix : Anecdotes, potins, actus, voire secrets inavouables autour de "La Soupe aux choux" et de son tournage ! »
  25. « Louis de Funès à propos du film La Soupe aux choux » [vidéo], sur ina.fr, journal de 13 heures de TF1, .
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  33. « La soupe aux choux : Louis de Funès dynamite l’audience, France 2 survole TF1 », sur Toutelatele (consulté le )
  34. Julien Jouanneau, « Cinq bonnes raisons de regarder La Soupe aux choux », L'Express, (lire en ligne, consulté le ).

Voir aussi

Articles connexes

Bibliographie

Liens externes

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