Le Grand Restaurant (film, 1966)

Le Grand Restaurant est un film comique français réalisé par Jacques Besnard, sorti en 1966.

Pour les articles homonymes, voir Le Grand Restaurant.

Le Grand Restaurant
Réalisation Jacques Besnard
Scénario Jean Halain
Louis de Funès
Jacques Besnard
Jean Marion (non crédité)
Acteurs principaux
Sociétés de production Gaumont International
Pays d’origine France
Genre Comédie
Durée 83 minutes
Sortie 1966


Pour plus de détails, voir Fiche technique et Distribution

Imaginé par Louis de Funès dès la fin des années 1950, le film raconte les mésaventures de M. Septime, patron d'un grand restaurant parisien sur les Champs-Élysées, fleuron de la gastronomie française, qui est tyrannique avec ses employés et obséquieux avec ses clients. Sa vie est bouleversée par l'enlèvement d'un chef d'État d'Amérique du Sud dans son prestigieux établissement, et tous les soupçons vont vers lui.

En plus d'être l'acteur principal, Louis de Funès coécrit le scénario, compose la distribution et collabore à la direction d'acteurs lors du tournage, faisant du film le premier de sa carrière à la conception duquel il participe concrètement, étant même au départ annoncé comme réalisateur. Il s'entoure de Jean Halain, Jacques Besnard et Jean Marion, proches collaborateurs du réalisateur André Hunebelle, pour bénéficier d'une haute qualité technique, tout en se dispensant des desiderata du vieux maître du cinéma comique français.

Malgré des critiques mitigées, Le Grand Restaurant sort en salles à la rentrée 1966 et attire au total plus de 3,8 millions de spectateurs, un succès d'ampleur mais toutefois moins colossal que celui de La Grande Vadrouille, sorti en décembre de la même année.

Synopsis

Monsieur Septime dirige d'une main de fer le célèbre grand restaurant « Chez Septime », temple parisien de la gastronomie française. Bien décidé à traiter le client comme un roi capricieux, il n'hésite pas à infliger un traitement infantilisant à ses employés, et ce à la moindre erreur.

Mais sa vie est bientôt bouleversée par l'enlèvement d'un chef d'État d'Amérique du Sud, le président Novalès, pendant que celui-ci dînait dans son établissement. Tout semble alors l'accuser de complicité.

Fiche technique

Distribution

Production et réalisation

Une vieille idée et envie de Louis de Funès

Louis de Funès dans Toto à Madrid, sorti en 1959.

Dès , époque où il joue dans Taxi, Roulotte et Corrida, le second film où il tient le rôle principal, Louis de Funès désire tourner un film nommé Le Grand Restaurant[alpha 1]. Il doit en être — outre l'interprète principal — le réalisateur et le scénariste[alpha 1]. Il en parle à André Hunebelle (réalisateur de Taxi, Roulotte et Corrida) et Jean Halain (fils d'Hunebelle et scénariste de la plupart de ses films) et esquisse un premier scénario[alpha 2]. Au mois de , un écho du journal France-Soir annonce et décrit le projet dans ses grandes lignes :

« Dans Taxi, Roulotte et Corrida, Louis de Funès vit ses derniers moments de tranquillité. Il n'y est que comédien. À la fin de l'année, il sera à la fois metteur en scène, scénariste et interprète du Grand Restaurant. Ce film où il exercera trois métiers lui a été inspiré par un quatrième, qu'il exerça naguère. Louis de Funès était, à ses débuts, pianiste dans des cabarets et restaurants divers. Assis douze heures par jour sur un tabouret, il eut l'occasion d'observer l'envers du décor élégant d'un établissement gastronomique (ou pas). Dans Le Grand Restaurant, de Funès s'est donné le rôle du patron d'un restaurant de luxe et nous fera pénétrer des cuisines à la plonge, du vestiaire à la table d'honneur. »

 France-Soir, [alpha 1].

Louis de Funès n'étant alors pas suffisamment connu pour qu'un projet de film soit monté autour de lui, son idée n'est finalement pas tournée[alpha 2]. En , lors de la promotion de Certains l'aiment froide, l'acteur parle encore de monter le projet, avec le chansonnier Pierre Dudan qui a comme lui été pianiste de bar pendant des années[1]. Tout au long des années 1960, Louis de Funès repense à son projet. En 1962, son rôle du restaurateur Gaspard Ripeux dans Le Gentleman d'Epsom préfigure le personnage principal du Grand Restaurant puisqu'il y est obséquieux avec ses clients et incroyablement méchant avec son personnel[alpha 1]. Il règle d'ailleurs lui-même une scène du film dans laquelle il dirige son personnel dans une sorte de ballet[alpha 1].

Ce n'est qu'en 1965, après avoir acquis un solide statut de vedette, qu'il relance définitivement son projet de film[alpha 3]. En effet, entre-temps, l'acteur a connu un succès considérable avec les films Le Gendarme de Saint-Tropez, Fantômas et Le Corniaud tournés à la suite durant l'été 1964 ; c'est d'ailleurs après le tournage des deuxièmes opus respectifs de ses premiers grands succès — Le Gendarme à New York et Fantômas se déchaîne — qu'il entreprend de tourner son vieux projet[alpha 3],[note 1]. Il recommence à peaufiner l'intrigue lors du tournage du Gendarme à New York[alpha 2].

Scénario et préparation

Le Grand Restaurant est le premier film pour lequel Louis de Funès participe directement à l'écriture du scénario[alpha 1]. Au début des années 1960, il s'était déjà essayé à l'écriture en co-écrivant un scénario avec Jean Laviron mais le projet a été abandonné[alpha 1]. Son seul nom attirant le public, l'acteur considère qu'il a une importante responsabilité dans la qualité du scénario et des dialogues de ses films[2].

Buste de l'empereur romain Septime Sévère, glyptothèque de Munich.

Le personnage principal du patron du restaurant est entièrement inventé par Louis de Funès, qui s'inspire de son vécu et imagine de nombreuses scènes et gags. Il puise notamment dans ses souvenirs, anecdotes et observations de la longue période où il fut pianiste de jazz dans les bars des nuits entières. Au début du projet, le personnage se nomme d'abord M. Sévère avant de devenir M. Septime[alpha 4]. Issu d'une génération qui étudiait la Vie des douze Césars au collège, Louis de Funès sait que le public repérera aisément la référence à Septime Sévère, empereur romain de 193 à 211[alpha 4].

Le scénario est co-écrit avec le scénariste et dialoguiste Jean Halain, auteur des scénarios de la plupart des films de son père André Hunebelle[alpha 1]. Halain collaborera régulièrement avec Louis de Funès pour écrire les scénarios de ses films, jusqu'à La Soupe aux choux en 1981. À partir de , l'acteur — revenu du tournage de Fantômas se déchaîne — consacre pleinement son temps à l'écriture du film[alpha 5]. Jean Marion, compositeur de la bande-originale du film et de dix-huit films de Hunebelle (dont il est le beau-fils), participe lui aussi à l'écriture du scénario, sans être crédité au générique[alpha 1]. Le biographe Bertrand Dicale remarque qu'il est facile de déterminer les contributions des deux principaux scénaristes : la première demi-heure, dont l'action se déroule principalement dans le restaurant, est due à Louis de Funès, avec de nombreux gags, des rapports de force entre Septime et les autres personnages, des déguisements, tandis que le reste du film sort de l'imagination de Jean Halain — scénariste des Fantômas, OSS 117 et autres films policiers de son père — qui fait se succéder filatures, course-poursuites et scènes d'action[alpha 6]. Le cascadeur Gil Delamare participe à l'écriture des scènes d'actions, qu'il réglera et effectuera en partie[alpha 7],[alpha 8].

Lors de la préparation du film, la presse annonce toujours que Louis de Funès réalisera lui-même le film[alpha 9]. Un article de Combat titre « Louis de Funès considère Le Grand Restaurant comme son manifeste esthétique. Le comique le mieux payé du cinéma français aborde la mise en scène »[alpha 9]. En réalité, Louis de Funès a confié la réalisation à Jacques Besnard, assistant-réalisateur habituel d'André Hunebelle, qui n'a jusqu'à présent réalisé aucun film[alpha 4]. En s'entourant de ces proches d'André Hunebelle, et notamment de Besnard, l'acteur s'assure ainsi d'approcher la même efficacité technique que celle du vieux maître du cinéma comique français, tout en jouissant d'une certaine liberté, s'étant déjà « assez heurté aux habitudes, aux tics et aux envies » de Hunebelle[alpha 4].

Alain Poiré, l'un des principaux producteurs de la Gaumont, est chargé de produire le film, après avoir produit Fantômas et Fantômas se déchaîne. Au cours de la préparation du film puis du tournage, le cuisinier Gilbert Lejeune, patron du restaurant Ledoyen, sert de consultant[alpha 9].

Scène de la recette du soufflé à la pomme de terre

Dans une scène, Septime explique sa recette du soufflé de pommes de terre au commissaire divisionnaire et à ses confrères italien, le commandatore Riganti, et allemand, le Dr Müller[3]. À l'origine, c'est uniquement l'accent allemand que prend Septime qui doit faire rire mais, après le tournage de la scène, Louis de Funès n'est pas convaincu[alpha 10]. Le lendemain, après une nuit d'insomnie, il trouve enfin l'idée qui changera drastiquement la scène : « Ça y est, j'ai trouvé ! Voilà : si une ombre me dessinait la moustache et la coupe d'Hitler pendant que je dévoile la recette en allemand ? »[alpha 10],[3]. Le gag est tourné en une seule prise et réalisé grâce à un jeu de miroirs : en expliquant la recette du soufflé de pommes de terre au Dr Müller, en allemand, des ombres chinoises se découpent sur le visage de Septime et il prend la mimique, l'apparence glaçante et la voix d'Adolf Hitler, sous les yeux troublés du policier d'Outre-Rhin[alpha 10],[2]. La scène devient ainsi l'une des plus marquantes du film[3],[alpha 3].

Cascades

Après les avoir scénarisées lors de l'écriture du film, Gil Delamare assure le réglage des scènes d'actions et exécute une grande partie des cascades[alpha 7],[alpha 8]. Pour son équipe, il fait notamment appel à Rémy Julienne, cascadeur encore débutant qu'il avait recruté pour le tournage de Fantômas en 1964[alpha 11], et au mécanicien Joseph Cottin, avec qui il a souvent collaboré pour ses vols records en parachute[alpha 7]. Jacques Martin est le responsable des trucages ou « effets spéciaux »[alpha 12]. Les cascades et gags imaginés par Delamare pour le film sont nombreux et complexes[alpha 7].

De nombreuses cascades se déroulent dans la neige, à Val-d'Isère et à Tignes. L'une des plus difficiles est celle où la Simca Vedette Régence « empruntée » par Septime et Sophia fait un tonneau puis, les roues en l'air, glisse sur les skis fixés sur son toit[alpha 12],[alpha 8]. Une Simca Ariane maquillée en Simca Vedette Régence est utilisée par Gil Delamare lorsque la voiture est à l'envers[alpha 12],[4],[5]. Après de longues glissades sur des pistes de ski à toute allure, la voiture prend appel sur un tremplin de saut à ski et saute par-dessus la vallée, pour atterrir sur le versant opposé. Delamare dirige la voiture depuis l'intérieur, conduisant ainsi à l'envers, et saute au dernier moment dans la neige[alpha 12]. La prise est coupée à l'apogée du saut de la Simca[alpha 12]. Pour les plans où la voiture plane dans le ciel, une fausse voiture allégée au maximum est filmée suspendue à un hélicoptère par un filin peint en bleu ciel[alpha 12],[alpha 8]. La difficulté est de taille pour le pilote de l'hélicoptère, qui doit diriger une charge maximale et de forme inhabituelle[alpha 12],[alpha 8].

Le jeune Rémy Julienne effectue quelques cascades[note 2]. En étant l'un des deux gendarmes à moto qui poursuit Septime, il chute à grande vitesse, se faisant alors une luxation de l'épaule, faute de précautions et d'équipement suffisants[alpha 12]. Quelques jours plus tard, il tourne des scènes à bord de la Chevrolet Bel Air[7] des conspirateurs, en compagnie des acteurs eux-mêmes, dont Robert Dalban et Venantino Venantini[alpha 14]. Il doit dévaler plusieurs kilomètres de virages en lacets à Tignes, à vive allure[alpha 14]. « Casse-cou », il conduit comme un forcené, dérape, frotte les parois neigeuses, sans se préoccuper des plaintes des acteurs, à l'exception de Dalban qui l'encourage à faire plus[alpha 14]. À la fin de la prise, Venantino Venantini refuse de monter à nouveau avec lui, justifiant n'être qu'acteur et non pas cascadeur[alpha 14],[alpha 8]. Plus tard, Rémy Julienne avouera qu'il n'était encore qu'un jeune débutant, et que la réaction de Venantini fut « salutaire » pour lui : « Après la grosse rigolade, je comprends mon erreur. Mon rôle est de faire du spectacle mais aussi de sécuriser les gens dont le travail n'est pas d'exécuter des acrobaties »[alpha 14].

La DS de Septime plonge dans la Seine près du pont des Invalides, depuis le port des Champs-Élysées.

À Paris, Gil Delamare doit notamment effectuer un plongeon dans la Seine avec la DS de Septime, à 80 km/h, depuis un tremplin (camouflé en remorque de camion) situé sur la rive[alpha 15],[alpha 8]. Il découvre avec stupeur que la voiture préparée spécifiquement pour le saut ne contient aucun moteur[alpha 15]. La cascade s'avère donc impossible puisqu'une DS sans moteur ne contient pas de suspension, rendant un saut sur un tremplin irréalisable[alpha 15]. Cela remet lourdement en cause la compétence des préparateurs chargés de la cascade, mais Gil Delamare annonce à Rémy Julienne « J'ai été trahi mais je saute quand même », alors que les dangers sont nombreux[alpha 15]. La voiture est transformée à la hâte, des ressorts y étant ajoutés, et Gil Delamare réalise finalement la cascade, poussé par une voiture américaine à 100 km/h, sans problème[alpha 15]. Le reste de la séquence montre la voiture flotter et naviguer sur la Seine. Pour ne pas reproduire les erreurs de la cascade du plongeon, Gil Delamare et la production confient la réalisation et la responsabilité de la scène à Rémy Julienne, qui a régulièrement prouvé ses connaissances en mécanique[alpha 15]. Pour la première fois de sa carrière, Julienne réalise une construction dédiée spécialement à une cascade, en équipant une barque d'une carrosserie de Citroën DS, le tout étant propulsé par un moteur caché sous la carrosserie[alpha 15],[alpha 13]. Le montage de l'engin est réalisé par le mécanicien Tony Moreira, qui le pilote ensuite lui-même sur la Seine[alpha 15],[alpha 13]. Bonne réussite technique, cette invention vaut au mécanicien les félicitations et remerciements du directeur de production Robert Sussfeld, qui omet toutefois de féliciter Rémy Julienne pour son idée[alpha 15].

Lieux de tournage

Accueil

Sortie et box-office

Lors de sa sortie en salles, Le Grand Restaurant a totalisé 3 878 520 entrées, dont 667 659 entrées à Paris[8], parvenant à se classer à la huitième position des films ayant fait le plus d'entrées au cours de l'année 1966 et en troisième position des films français de ce même classement[8].

Box-office détaillé des premiers mois d'exploitation du film, semaine par semaine, en France
Sources : « BO hebdo France 1966 » et « BO hebdo France 1967 » sur Box-Office Archives
Semaine Rang Entrées Cumul Salles no 1 du box-office hebdo.
1 au 3e 76 962 79 253 entrées 9 Trois enfants dans le désordre
2 au 2e 85 482 164 735 entrées 11 Un homme et une femme
3 au 9e 50 756 215 491 entrées 8 Un homme et une femme
4 au 6e 68 584 284 075 entrées 11 La Curée
5 au 5e 78 385 362 460 entrées 18 Un homme et une femme
6 au 4e 102 445 464 905 entrées 24 Un homme et une femme
7 au 1er 194 578 659 483 entrées 34 Le Grand Restaurant
8 au 1er 259 971 919 454 entrées 39 Le Grand Restaurant
9 au 2e 169 350 652 170 entrées 31 Les Centurions
10 au 4e 167 267 1 242 880 entrées 38 Paris brûle-t-il ?
11 au 4e 86 568 1 329 448 entrées 37 Paris brûle-t-il ?
12 au 5e 82 512 1 411 960 entrées 36 Paris brûle-t-il ?
13 au 4e 80 045 1 492 005 entrées 35 Paris brûle-t-il ?
14 au 7e 68 814 1 560 819 entrées 37 Paris brûle-t-il ?
15 au 7e 57 997 1 618 816 entrées 43 La Grande Vadrouille
16 au 9e 70 270 1 689 086 entrées 40 La Grande Vadrouille
17 au 11e 79 711 1 768 797 entrées 46 La Grande Vadrouille
18 au 12e 46 507 1 815 304 entrées 42 La Grande Vadrouille
19 au 8e 58 717 1 874 021 entrées 40 La Grande Vadrouille
20 au 9e 55 167 1 929 188 entrées 39 La Grande Vadrouille
21 au 4e 74 335 2 003 523 entrées 37 La Grande Vadrouille
22 au 5e 75 293 2 078 816 entrées 44 La Grande Vadrouille
23 au 13e 46 394 2 125 210 entrées 34 La Grande Vadrouille
24 au 7e 67 616 2 192 826 entrées 41 La Grande Vadrouille
25 au 16e 36 867 2 229 693 entrées 39 La Grande Vadrouille
26 au 19e 31 975 2 261 668 entrées 42 La Grande Vadrouille
27 au 14e 45 155 2 306 823 entrées 41 La Grande Vadrouille
28 au 28e 25 306 2 332 129 entrées 40 La Grande Vadrouille
29 au 26e 31 033 2 363 162 entrées 48 La Grande Vadrouille
30 au 25e 32 650 2 395 812 entrées 37 La Grande Vadrouille
31 au 28e 26 618 2 422 430 entrées 43 La Grande Vadrouille
Box-office détaillé des premières semaines d'exploitation du film, semaine par semaine, à Paris et en banlieue
Source : « BO hebdo Paris 1966 » sur Box-Office Story
Semaine Rang Entrées Cumul no 1 du box-office hebdo.
1 au 1re 70 819 70 819 entrées Le Grand Restaurant
2 au 1re 56 374 127 193 entrées Le Grand Restaurant
3 au 3e 36 500 163 693 entrées Opération Opium
4 au 3e 41 540 205 233 entrées Tendre Voyou
5 au 5e 35 330 240 563 entrées Les Centurions
6 au 5e 32 220 272 783 entrées Les Centurions
7 au 3e 25 700 298 483 entrées Les Centurions
8 au 22e 10 383 308 866 entrées Paris brûle-t-il ?

Accueil critique

À sa sortie, Le Grand Restaurant reçoit des avis globalement défavorables des critiques[alpha 16]. En référence au sujet du film, la plupart des critiques usent de nombreuses métaphores culinaires et gastronomiques dans leurs articles[alpha 17]. Dans l'ensemble, la réalisation de Jacques Besnard et le scénario sont peu appréciés mais la performance d'acteur de Louis de Funès est — mesurément — saluée[alpha 16],[alpha 17]. Les critiques du Figaro et du Parisien libéré trouvent que le film, bien qu'il ait atteint son objectif de faire rire le public du début à la fin, ne met pas assez en valeur le jeu survolté de l'acteur, mal utilisé[alpha 17]. Pour L'Humanité, « La cuisine de ce Grand Restaurant mérite une étoile, malgré la sauce épaisse de certains plats »[alpha 16],[alpha 17]. Même Robert Chazal, pourtant d'habitude soutien d'importance de l'acteur dans France-Soir, est déçu : « On rit souvent en se disant qu'on aurait pu rire encore plus si, dans ce Grand Restaurant, la carte des gags avait été encore plus variée »[alpha 16],[alpha 17].

« La cuisine mijotée par M. Jacques Besnard ne comporte qu'une recette : Louis de Funès. […] Copieusement servi et assorti de quelques entremets Bernard Blier, ce repas n'est certes pas destiné aux estomacs délicats. Le soufflé de Funès contient surtout du vent. Si l'on bâille, ce n'est pas tant de rester sur sa faim mais parce que l'ennui est à ce film ce que le cheval est à l'alouette dans le fameux pâté. »

 Michel Capdenac, Les Lettres françaises, [alpha 17].

La version internationale du journal américain The New York Times émet aussi une critique négative :

« La première — et meilleure — moitié du Grand Restaurant est dans la tradition enjouée et effrontée de Mack Sennett avec une attaque féroce sur les mœurs, l'étiquette, l'ordre et les faux-semblants de la dignité mondaine (…) Le Grand Restaurant tend ensuite vers l'ordinaire lorsque M. Funès quitte son élégante salle à manger. »

 The New York Times International Edition, [alpha 17],[note 3].

Éditions en vidéo

Le Grand Restaurant sort d'abord en VHS[9]. En 2002, le film sort en DVD[10]. Ce dernier inclut un commentaire de la séquence du ballet par la chorégraphe Colette Brosset, une galerie de photos de Roger Corbeau, les affiches du film ainsi que les bandes-annonces[10]. Le Grand Restaurant ressort ensuite en DVD, en 2008, dans une version restaurée[11]. Cette édition reprend les bonus de celle de 2002[11]. Le film est alors présent dans une intégrale de cinq films de Louis de Funès également sortie en 2008[12].

En 2010, Le Grand Restaurant sort une première fois en haute définition dans une édition Blu-ray et DVD[13]. À l'exception de bandes-annonces, aucun nouveau bonus n'est ajouté[13]. Cinq ans plus tard, une seconde édition en Blu-ray, dans une nouvelle version restaurée, est commercialisée[14]. L'édition reprend le bonus de la séquence du ballet, mais ajoute un entretien avec Bertrand Dicale, biographe de Louis de Funès, ainsi qu'une bande-annonce[14]. Par la suite, le film est présent dans plusieurs intégrales, dont une dédiée à Bernard Blier en 2015 en DVD[15], et deux à Louis de Funès, en 2016 en DVD[16], et 2017 en DVD et Blu-ray[17].

Postérité

En , lors de la campagne présidentielle, Nicolas Sarkozy déclare « Je serai un président comme Louis de Funès dans Le Grand Restaurant : servile avec les puissants, ignoble avec les faibles. »[18].

Le Point remarque en 2019 que plusieurs éléments du film reparaissent dans des films suivants de Louis de Funès : « pour voir la qualité de son restaurant en son absence, Septime se déguise comme le fera Duchemin dans L'Aile ou la cuisse ; l'obsession de Septime pour la Légion d'honneur que lui promet le commissaire rappelle la même obsession d'Hubert de Tartas dans Hibernatus ; la gêne de Septime face au commissaire est la même que dans Jo »[19].

Notes et références

Notes

  1. Le Corniaud n'aura par contre aucune suite. Le réalisateur Gérard Oury préféra se lancer dans un projet similaire (un road-movie comique avec les mêmes acteurs — Bourvil et Louis de Funès — et la même équipe de tournage) mais avec une histoire sans aucun rapport : La Grande Vadrouille.
  2. C'est à partir du Grand Restaurant que Rémy Julienne décide de se consacrer entièrement à la cascade de cinéma ; Gil Delamare l'engage ensuite dans son projet suivant, La Grande Vadrouille[alpha 13].
  3. Texte original : « The first — and better — half of Le Grand Restaurant is in the breezy, impudent Mack Sennett tradition with a ferocious assault on social decorum, table manners, law and order and any pretenses to wordly dignity. […] Le Grand Restaurant slips into the ordinary once Mr Funès leaves his fashionable dining-room ».

Références

  1. « Louis de Funès » [vidéo], sur www.rts.ch, Écrans du monde, RTS, .
  2. « Louis de Funès et sa carrière » [vidéo], sur ina.fr, , Inter actualités de 13h.
  3. « Le Grand Restaurant (1966) », Saga Louis de Funès 3 - La confirmation (1966/1973) - 1ère partie, sur Le Monde des Avengers,
  4. 1957 Simca Ariane dans Le Grand Restaurant sur l'Internet Movie Cars Database.
  5. 1956 Simca Vedette Régence dans Le Grand Restaurant sur l'Internet Movie Cars Database.
  6. La mythique Citroën DS sur autourdelouisdefunes.fr.
  7. 1957 Chevrolet Bel Air Sport Sedan dans Le Grand Restaurant sur l'Internet Movie Cars Database.
  8. http://www.jpbox-office.com/fichfilm.php?id=9168
  9. « Le Grand Restaurant : Louis de Funès », sur Le musée virtuel Louis de Funès (consulté le ).
  10. « Le Grand Restaurant - DVD, 2002 », sur DVDFr (consulté le ).
  11. « Le Grand Restaurant - DVD, 2008 », sur DVDFr (consulté le ).
  12. « Louis de Funès : Le Grand Restaurant, Oscar, Hibernatus, L'Homme orchestre et La Folie des grandeurs », sur DVDFr (consulté le ).
  13. « Le Grand Restaurant (Combo Blu-ray + DVD) », sur DVDFr (consulté le ).
  14. Franck Brissard, « Le Grand Restaurant : le test complet du Blu-ray », sur DVDFr, (consulté le ).
  15. « Bernard Blier : Les Barbouzes, Cent mille dollars au soleil, Le Grand Restaurant, Elle boit pas, elle fume pas, elle drague pas, mais... elle cause ! et Laisse aller... c'est une valse », sur DVDFr (consulté le ).
  16. « Louis de Funès - 5 films cultes : Le Grand Restaurant, Oscar, Hibernatus, L'Homme orchestre et La Folie des grandeurs », sur DVDFr (consulté le ).
  17. « Louis de Funès - 5 films cultes : Fantômas, Le Grand Restaurant, Oscar, Hibernatus et La Folie des grandeurs », sur DVDFr (consulté le ).
  18. Ludovic Vigogne, « Le combat d'une vie », sur www.leparisien.fr, (consulté le ).
  19. Florent Barraco, « Nos films du dimanche soir : Le Grand Restaurant, un de Funès 3 étoiles », sur www.lepoint.fr, Le Point, (consulté le ).

Références bibliographiques

  1. Dicale 2009, p. 283.
  2. Loubier 2014, p. 245.
  3. Dicale 2012, p. 172–173, entrée « Grand Restaurant, Le ».
  4. Dicale 2009, p. 284.
  5. Loubier 2014, p. 251.
  6. Dicale 2009, p. 286.
  7. Julienne 1978, p. 30.
  8. Julienne 2009, p. 27.
  9. Dicale 2009, p. 285.
  10. Loubier 2014, p. 262.
  11. Julienne 1978, p. 7.
  12. Julienne 1978, p. 31.
  13. Julienne 2009, p. 28.
  14. Julienne 1978, p. 32.
  15. Julienne 1978, p. 33.
  16. Loubier 2014, p. 283.
  17. Dicale 2009, p. 288–289.

Annexes

Articles connexes

Bibliographie

 : document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.

  • Bertrand Dicale, Louis de Funès, de A à Z, Paris, Tana (Editis), , 456 p. (ISBN 978-2-84567-785-2 et 2-84567-785-5).
  • Stéphane Guezennec et Gérard Gargouil, Le dico fou de Louis de Funès, Paris, Hugo BD, , 96 p. (ISBN 978-2-7556-1121-2 et 2-7556-1121-9).

Films documentaires

Liens externes

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