Islam en Algérie

L'Islam est la religion d'État d'Algérie et est pratiquée par environ 99 % de la population.

Islam en Algérie
La Grande Mosquée d'Alger, troisième plus grande au monde.
Religion Islam
Pays Algérie

Voir aussi

Islam par pays

L'Algérie est le neuvième pays au monde en nombre de musulmans et est le troisième sur le continent africain (après le Nigeria et l'Égypte), rassemblant 2,2 % de la population musulmane mondiale.

Aperçu

Statistiques

L'ensemble des estimations montrent qu'entre 98% et 99% des Algériens sont musulmans[1],[2],[3].

Selon le Pew Research Center, 2,2% des musulmans au monde vivent en Algérie[4].

En 2019, une étude de la BBC suggère une augmentation du nombre de personnes de moins de 30 ans se disant « non religieuses », en Algérie comme dans le reste du Maghreb[5].

Branches et courants

L'immense majorité des Algériens sont musulmans sunnites, appartenant à l'école de jurisprudence malékite[3]. Tous se revendiquent d'une identité religieuse nationale comprise dans les clauses de la référence religieuse algérienne.

Le soufisme est bien implanté en Algérie, qui compte de nombreuses confréries et de zaouïas.

Il existe une petite communauté appartenant à la secte ibadite dans le Mzab, au Sud du pays[6].

Salafisme

Le salafisme a émergé en Algérie pendant les années 1980. Le salafisme fondé sur la prédication et rejetant le salafisme djihadiste s'y implante notamment, jusqu'à faire du pays, selon certains analystes, « la seconde nation du salafisme prédicatif après l'Arabie saoudite »[7]. Ce mouvement se réclame à la fois de Ben Badis mais surtout du wahhabisme saoudien[8]. Le cheikh Mohammed Ali Ferkous est l'une des figures du salafisme en Algérie, souvent rapproché du madkhalisme. Il fut par exemple symboliquement nommé par Rabi al-Madkhali comme la voix du salafisme dans le pays[8]. D'autres noms importants de ce courant, particulièrement implanté à Kouba, sont Abdelmadjid Djemaâ ou Lazhar Snigra.

Histoire

Conquête musulmane de l'Algérie

L'islam a été introduit en Algérie pour la première fois en 670 par les armées du général Arabe Oqba Ibn Nafaa, dans le contexte de la conquête musulmane de l'Afrique du Nord sous les ordres des Omeyyades. La première mosquée fondée en Algérie est la mosquée Sidi Ghanem de la ville de Mila en 678. En 776, les Rostémides furent la première dynastie locale musulmane d'Algérie. De nombreux Berbères se convertirent à l'islam puis formèrent leurs propres dynasties musulmanes, telles les Zirides ou les Hammadides.

L'islam sous l'occupation française

L'État d'Abdelkader, avec pour capitale Mascara, fut un État musulman créé par le chef religieux Abdelkader ibn Muhieddine en résistance à la conquête française.

L'islam a été un aspect important de la conscruction de l'identité algérienne à la suite de la conquête de l'Algérie par la France qui fit périr entre un quart et un tiers de la population algérienne[9]. La conquête française de l'Algérie se heurte dans un premier temps à la résistance menée notamment par l'émir Abdelkader, érudit musulman soufi, qui prend les armes pour défendre l'islam et la nation algérienne au nom du djihad défensif[10]. Abdelkader créa un état musulman, jusqu'à sa défaite en 1847[11].

Bien que la France ait promis dès son arrivée en 1830 de respecter la religion des Algériens, l'occupation française perturbe et restreint la pratique de l'islam dans le pays. La mosquée Ketchaoua de la Casbah d'Alger est par exemple convertie en cathédrale dès l'arrivée des Français. De même, les biens religions (habous) sont confisqués par la colonisateur, la langue arabe et l'enseignement musulman restreints[9]. Plus généralement, c'est l'ensemble des manifestations religieuses musulmanes (prières, pélerinage à La Mecque, fêtes religieuses) qui sont encadrées par l'administration coloniale[12]. Cette véritable dépossession religieuse mène en 1931 à la création de l'association des oulémas musulmans algériens, impulsée par Abdelhamid Ben Badis. Cette association a pour but de permettre aux Algériens de s'émanciper des restrictions religieuses imposées par la France[12].

Le traitement réservé à l'islam par la France est l'un des facteurs à l'origine de la conquête par les Algériens de leur indépendance.

Islam et indépendance

Abdelhamid Ben Badis (1889 - 1940), ouléma et figure importante de l'Association des oulémas musulmans algériens.

Décennie noire

Surnommées, la « décennie noire », les années 1990 sont marquées en Algérie par une guerre civile sanglante, opposant des groupes islamistes tels que le Groupe islamique armé (GIA) et l'Armée islamique du salut (AIS) au gouvernement algérien. Cette guerre civile coûte la vie à 150 000 personnes et marque profondément le pays.

Organisation politique

Ministère des Affaires religieuses et des Wakfs

Le ministère des Affaires religieuses et des Wakfs est chargé de s'occuper des affaires religieuses telles que le calendrier musulman, les horaires de prières, les jours de fête religieuse, l'annonce du ramadan, le pèlerinage à La Mecque ou encore l'entretien des mosquées[13].

Haut conseil islamique

Le Haut conseil islamique est formé de quinze membres, dont un président, nommés par le président de la République. Son rôle, défini par l'article 206 de la Constitution algérienne, consiste à « encourager et promouvoir l'Ijtihad » et à « émettre son avis au regard des prescriptions religieuses sur ce qui lui est soumis »[14].

Rôle de l'État

La Constitution algérienne garantit à tous les citoyens une liberté du culte, et l'État en assure la protection. Les imams, les prêtres et les rabbins dépendent du ministère des Cultes et sont rémunérés par l’État. Le gouvernement contribue au financement des mosquées, des imams et de l'étude de l'islam dans les établissements scolaires. L’enseignement de la charia (les lois de la religion islamique) est devenu depuis obligatoire dans toutes les filières du secondaire. En outre, le gouvernement a intensifié le contrôle de l'enseignement religieux scolaire, des prêches dans les établissements religieux et l'interdiction de la distribution d'ouvrages religieux faisant la promotion de la violence. La guerre civile des années 1990 conduit l'État à créer la fonction de mourchidate (femme imam mais qui ne prêche pas), relevant du ministère des Affaires religieuses et des Wakfs, afin de lutter contre la radicalisation religieuse[15],[16].

Traditions

Le jour du mawlid est le jour où l'on commémore la naissance du dernier prophète de l'islam depuis des siècles.

Les récitants du Coran et les enfants circoncis reçoivent des cadeaux de la part des différents ministères et associations comme Ihssan lors des fêtes religieuses.

Bibliographie

Notes et références

  1. (en)Table: Religious Composition by Country, in Percentages, Pew Forum on Religion & Public Life
  2. (en)« Statistiques de l'Agence centrale de renseignement (CIA) des États-Unis » (consulté le )
  3. (en) « Algeria - Languages », sur Encyclopedia Britannica (consulté le )
  4. (en) « Mapping the Global Muslim Population », sur Pew Research Center's Religion & Public Life Project, (consulté le ).
  5. « La religiosité serait en recul dans le monde arabe, en particulier au Maghreb », sur Middle East Eye édition française,
  6. Encyclopædia Universalis, « MOZABITES », sur Encyclopædia Universalis (consulté le )
  7. Samir Amghar. « Le salafisme au Maghreb : menace pour la sécurité ou facteur de stabilité politique ? », Revue internationale et stratégique, vol. 67, no. 3, 2007, pp. 41-52.
  8. (en) Dalia Ghanem, A Restless Revival: Political Islam After the 2011 Uprisings, New York, Malcolm H. Kerr Carnegie Middle East Center, , 160 p. (lire en ligne), « The Shifting Foundations of Political Islam in Algeria », p. 152
  9. Gilbert Meynier, « L'Algérie, la nation et l'islam : le FLN, 1954-1962 », Raison présente, vol. 159, no 1, , p. 61–80 (DOI 10.3406/raipr.2006.3978, lire en ligne, consulté le )
  10. Jabeur Fathally, « La vocation défensive du jihād, son histoire et sa réalité juridique contemporaine », Études internationales, vol. 49, no 1, , p. 133–176 (ISSN 0014-2123 et 1703-7891, DOI 10.7202/1050547ar, lire en ligne, consulté le )
  11. (en) « Abdelkader | Algerian leader », sur Encyclopedia Britannica (consulté le )
  12. Raberh Achi, « « L'islam authentique appartient à Dieu, “l'islam algérien” à César »: La mobilisation de l'association des oulémas d'Algérie pour la séparation du culte musulman et de l'État (1931-1956) », Genèses, vol. 69, no 4, , p. 49 (ISSN 1155-3219 et 1776-2944, DOI 10.3917/gen.069.0049, lire en ligne, consulté le )
  13. (ar) « وزارة الشؤون الدينية والأوقاف », sur www.marw.dz (consulté le )
  14. Constitution algérienne, site joradp.dz, 30 décembre 2020.
  15. Amal Belalloufi, « En Algérie, des femmes imams luttent contre la radicalisation », sur Le Point, (consulté le ).
  16. Nicolas Basse, « Des femmes imams luttent contre l'extrémisme en Algérie », sur Le Figaro, (consulté le ).

Voir aussi

Articles connexes

  • Portail de l’islam
  • Portail de l’Algérie
Cet article est issu de Wikipedia. Le texte est sous licence Creative Commons - Attribution - Partage dans les Mêmes. Des conditions supplémentaires peuvent s'appliquer aux fichiers multimédias.