Thomas Dehau

Thomas Dehau (de son nom de naissance Pierre Marie Félix Dehau), né le à Bouvines (Nord) et mort le dans la même ville[1], est un prêtre dominicain français, auteur de plusieurs ouvrages de spiritualité.

Pierre-Thomas Dehau
Biographie
Nom de naissance Pierre Marie Félix Dehau
Naissance
Bouvines (Nord)
Ordre religieux Ordre des Prêcheurs
Ordination sacerdotale
Décès
Bouvines (Nord)

À la suite de la condamnation de son neveu Thomas Philippe en 1956 pour des agressions sexuelles, Thomas Dehau, eu égard à son âge et à sa maladie, ne reçoit qu’une monition canonique. Rome considérant une part de sa responsabilité dans les abus sexuels de son neveu.

Biographie

Pierre Dehau naît dans la bourgeoisie catholique du Nord. Son père Félix Dehau (1846-1934) est catholique légitimiste, oblat de l'abbaye Saint-Martin de Ligugé et propriétaire agriculteur à Bouvines. Il est maire de Bouvines de 1872 à 1934 et conseiller général du canton de Cysoing de 1901 à 1913[2]. Sa mère Marie Lenglart (1849-1940), est issue de la grande bourgeoisie lilloise. Ils auront dix enfants dont deux entrent dans les ordres, Pierre Dehau chez les dominicains, et Claire Dehau (1872-1932) chez les Filles de la charité de Saint-Vincent-de-Paul. Leur demeure familiale de Bouvines est le lieu de fréquentes réunions familiales.

Pierre Dehau entre à dix-huit ans au séminaire d'Issy-les-Moulineaux. Il est ordonné prêtre à Cambrai le [1], devient aumônier de l'École pratique libre d'agriculture de Genech, puis est envoyé étudier la théologie à Fribourg. C'est dans ce couvent d'études international qu'il décide d'entrer chez les dominicains. Il demande son admission dans la province de France (expulsée en 1880 par les autorités anticléricales françaises, mais ses membres exercent en « catimini » depuis 1886) en 1896 et prend le nom de religion de Thomas. Il entreprend sa formation sous le pontificat de Léon XIII, marqué par la doctrine sociale de l'Église. Il prononce ses vœux solennels le [1]. Il enseigne quelque temps la pastorale à Fribourg. C'est par la prédication qu'il exerce ensuite son apostolat. Il est fermement convaincu que la contemplation n'est pas réservée qu'aux religieux ou au moniales. Obligé de s'exiler comme tous ses frères, au début du siècle, il prêche au gré de ses assignations. Il retourne définitivement à Paris en 1920. Les relations de la République française avec le Saint-Siège sont progressivement rétablies.

Oncle maternel de Thomas Philippe (1905-1993), cofondateur de l'Arche, et de Marie-Dominique Philippe (1912-2006), fondateur de la Communauté Saint-Jean, il exerce une influence auprès de ses neveux et nièces (deux des sœurs Philippe seront dominicaines[3] et deux autres bénédictines[4] ; en tout ce sont treize vocations dominicaines [2]) qu'il retrouve régulièrement et forme pendant les vacances. « Patriarche caché », selon l'expression de Jean Vanier, il jouit d’une aura considérable, tant dans sa famille qu’auprès de ses dirigés[5],[6].

Il puise de préférence dans les écrits de saint Jean[2]. Il accompagne aussi des laïcs, notamment des intellectuels comme Jacques Maritain[7] et son épouse Raïssa. Il est ami avec l'éditeur Pierre Van der Meer de Walcheren, Julien Green ou André Frossard et maître de dominicains distingués comme le père Bro[8] ou le père Molinié, auteur de livres de spiritualité[9]. Il rencontre aussi la mystique Marthe Robin.

À moitié aveugle depuis sa jeunesse, c'est surtout par la parole qu'il exerce son apostolat.

Condamnation par Rome

Des témoignages mis à jour depuis 2013 d'abus spirituels et sexuels commis par plusieurs neveux de Thomas Dehau, sont confirmés en  : une recherche historique dans les archives des Dominicains dévoile que Marie-Dominique Philippe a été jugé par Rome en 1957 pour complicité envers son frère, Thomas Philippe[10]. Celui-ci avait été condamné en 1956 pour abus sexuels envers des femmes dans le cadre d’un accompagnement spirituel, avec des justifications mystiques et théologiques faussant leur conscience. « Ont été également reconnus comme ayant une responsabilité dans les agissements du père Thomas Philippe : sa sœur, Mère Cécile Philippe, Prieure du monastère dominicain de Bouvines, et son oncle le père Pierre-Thomas Dehau. Mère Cécile a été déposée de sa charge de Prieure. Le père Dehau, eu égard à son âge et à sa maladie, n’a reçu qu’une monition canonique. » Pour ce qui est du père Marie-Dominique, il a reçu « l'interdiction de confesser, de diriger spirituellement des religieuses, de séjourner et de prêcher dans des monastères et d’enseigner la spiritualité. »[11]

Ouvrages

  • La Compassion de la Sainte Vierge ; le secret des cœurs, Lyon, Éditions de l'Abeille, 1942, 62 pages ; 2e édition 1945, 64 pages.
  • Le Contemplatif et la Croix, Lyon, Éditions de l'Abeille, 1942 ; 2e édition 1943.
  • La Structure liturgique de la messe d'après saint Thomas d'Aquin, Lyon, Éditions de l'Abeille, 1943, 62 pages.
  • En prière avec Marie, Lyon, Éditions de l'Abeille, 1944, 455 pages.
  • Le Bon Pasteur, Lyon, Éditions de l'Abeille, 1945, 79 pages.
  • Joie et Tristesse, Paris, Éditions du Cerf, 1946, 248 pages.
  • Famille et Sainte Famille, textes prêchés en l'église Notre-Dame-des-Victoires de Paris, Paris, Éditions du Cerf, 1947, 155 pages.
  • L'Apostolat de Jésus, Québec, Presses de l'Université Laval, 1954, 423 pages.
  • Des fleuves d'eau vive, le mystère du Cœur de Jésus, Paris, Éditions Association de l'Agneau, 1983, 130 pages.
  • Toi, notre Père, Paris, Fribourg, Éditions Saint-Paul, 1992, 64 pages.
  • Comme un mendiant et un voleur [et autres textes], Paris; Fribourg, Éditions Saint-Paul, 1993, 108 pages.
  • L'Apostolat de Jésus, approche théologique, avec une traduction de la Somme théologique de saint Thomas d'Aquin III, q. 40 a. 1-3, Versailles, Éditions Saint-Paul, 1995, 292 pages.
  • Invitation à la contemplation (textes choisis) avec quatre témoignages de divers auteurs, Paris, Éditions du Cerf, 2006, 264 pages.

Notes et références

  1. « DEHAU Thomas. DEHAU Pierre Marie Félix à l’état civil ; DEHAU Thomas en religion », Dictionnaire biographique des frères prêcheurs. Dominicains des provinces françaises (XIXe-XXe siècles), (ISSN 2431-8736, lire en ligne, consulté le )
  2. Marie-Christine Lafon, Marie-Dominique Philippe : Au coeur de l'Eglise du xxe siècle, Éditions Desclée de Brouwer, , 840 p. (ISBN 978-2-220-06738-4, lire en ligne)
  3.  · Cécile Philippe (1906-1986), dominicaine de 1927 à 1986 au monastère de la Croix et de la Compassion, installé près du Saulchoir puis à Soisy-sur-Seine, elle sera prieure sous le nom de mère Cécile de Jésus. · Élisabeth Philippe (1908-2003), dominicaine de 1929 à 2003 dans le même monastère que sa sœur.
  4.  · Marie Philippe (1903-1999), bénédictine de 1923 à 1999 à l'abbaye Notre-Dame de Wisques sous le nom de Hildegarde. · Henriette Philippe (1915-2005), bénédictine dans la même abbaye que sa sœur Marie sous le nom de mère Winfrida, elle fonde ensuite un monastère de la branche des bénédictines de la Compassion.
  5. Etienne Fouilloux, « PHILIPPE Thomas », sur Dictionnaire biographique des frères prêcheurs, (consulté le )
  6. Céline Hoyeau, « Les Philippe, une famille marquée par l’emprise spirituelle », sur La Croix,
  7. Jacques Maritain, Carnet de notes, Paris, Éditions Desclée de Brouwer, 1965, p. 112
  8. Bernard Bro, La Libellule ou le haricot, Paris, Presses de la Renaissance, 2003, p. 32
  9. Né en 1918 et mort en 2002, il étudie à Bouvines auprès du père Dehau après la Seconde Guerre mondiale.
  10. Céline Hoyeau, « Les Frères de Saint-Jean optent pour une complète refondation », La Croix, , p. 18-19 (ISSN 0242-6056, lire en ligne)
  11. Communauté Saint Jean, « Message final de la seconde session du chapitre général », sur https://freres-saint-jean.org, (consulté le )

Bibliographie

  • L'Œuvre spirituelle du R.P. Pierre-Thomas Dehau, Paris, Éditions du Cerf, 1945-1946.
  • Rémi Pelon, Invitation à la contemplation: vie et choix de textes du père Pierre-Thomas Dehau, dominicain, préface du cardinal Barbarin, Collection Épiphanie, Éditions du Cerf, 2006.

Liens externes

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