The Mist

The Mist, ou Brume au Québec, est un film d'horreur américain écrit et réalisé par Frank Darabont, d'après la nouvelle Brume de Stephen King, et sorti en 2007. C'est la quatrième adaptation d'un récit de Stephen King par Frank Darabont. La distribution principale du film réunit Thomas Jane, Marcia Gay Harden, Laurie Holden et Andre Braugher.

Pour la série télévisée, voir The Mist (série télévisée).

The Mist
Titre québécois Brume
Titre original The Mist
Réalisation Frank Darabont
Scénario Frank Darabont
d'après une nouvelle de
Stephen King
Acteurs principaux
Sociétés de production Dimension Films
The Weinstein Company
Pays d’origine États-Unis
Genre Horreur
Fantastique
Durée 126 minutes
Sortie 2007


Pour plus de détails, voir Fiche technique et Distribution

L'histoire est celle d'un groupe de personnes qui se retrouve piégé dans un supermarché par une brume surnaturelle qui recouvre la ville, et à l'intérieur de laquelle se cachent des créatures effrayantes. Bien qu'étant un « film de monstres », The Mist aborde également le thème de gens ordinaires devant agir dans des circonstances extraordinaires et se divisant violemment ou adoptant un comportement totalement irrationnel sous la pression des événements. Le tournage se déroule en Louisiane en cinq semaines avec un budget assez modeste, condition imposée par les producteurs pour que Darabont puisse filmer la fin qu'il souhaite, différente de celle de la nouvelle.

Le film connaît à sa sortie un succès commercial raisonnable et se voit gratifié de critiques plutôt positives. Il est depuis régulièrement cité dans des listes comme l'un des meilleurs films d'horreur du début du XXIe siècle. Les analyses du film mettent l'accent sur sa critique de la société occidentale et de ses dérives politiques et religieuses.

Résumé

De la brume sur un lac.

À Bridgton, dans le Maine, l'artiste David Drayton, sa femme Stephanie, et leur fils Billy, âgé de huit ans, doivent se réfugier dans la cave de leur maison au bord du lac pour s'abriter d'un violent orage. Le lendemain matin, ils constatent l'ampleur des dégâts et remarquent qu'une épaisse brume s'avance sur le lac. David et Billy partent en ville en compagnie de Brent Norton, leur voisin, afin d'acheter des provisions mais une fois à l'intérieur du supermarché, alors qu'ils observent des voitures de police passant dans la rue à toute vitesse, un habitant de la ville, Dan Miller, surgit dans le supermarché. Complètement terrorisé, il les prévient d'un danger se cachant dans la brume. Voyant celle-ci avancer et entendant un hurlement, Ollie Weeks et Bud Brown, les responsables du magasin, ferment les portes du supermarché. À l'extérieur, un brouillard épais fait qu'il est impossible d'y voir à plus d'un mètre[1].

David entend du bruit juste à l'extérieur de la réserve et déconseille à Norm, le jeune magasinier, de sortir pour tenter de réparer le générateur. Son conseil n'est pas suivi et Norm est immédiatement attrapé par des tentacules qui le font disparaître dans la brume. David et Ollie préviennent tout le monde du danger et font installer des barricades pour protéger la devanture. Mme Carmody, une fanatique religieuse, commence à prêcher sur la venue de l'Armageddon, alors qu'un petit groupe de sceptiques, conduit par Brent Norton, refuse de croire au danger et décide de sortir. Ils ne font cependant pas cent mètres avant d'être tous tués[2].

David se rapproche de plusieurs personnes présentes dans le magasin, notamment d'Amanda Dunfrey, une institutrice. Cette dernière est rentrée en conflit avec Mme Carmody au sujet de ses idées religieuses fanatiques. La jeune femme a dans son sac un revolver, qu'elle remet à Ollie Weeks, qui est un ancien champion de tir régional. À la nuit tombée, d'énormes insectes volants, attirés par les lumières, s'agglutinent devant le magasin, et des créatures ressemblant à des ptérodactyles les attaquent, finissant par briser une vitrine. Dans la panique qui s'ensuit, une caissière est piquée par un insecte et meurt peu après, un homme est tué et un autre gravement brûlé. Mme Carmody est, quant à elle, miraculeusement épargnée par un insecte, ce qui la renforce dans ses convictions et lui attire un auditoire. Un petit groupe conduit par David décide d'aller à la pharmacie voisine pour trouver des médicaments mais, une fois là-bas, ils sont attaqués par des araignées géantes et deux hommes sont tués. L'influence de Mme Carmody, qui s'était opposée à l'expédition et parle désormais d'expiation pour se protéger de la colère divine, sort encore grandie de cet échec[3].

Le lendemain, à la suite du suicide de deux soldats de la base militaire proche qui se trouvaient dans le supermarché, Jessup, un troisième militaire, révèle qu'un projet scientifique visant à découvrir d'autres dimensions était en cours à la base et que cela pourrait être à l'origine de l'arrivée de la brume et des créatures s'y cachant. Les partisans de Mme Carmody offrent alors Jessup en sacrifice en l'expulsant du supermarché, et le soldat est aussitôt dévoré par une créature géante aux allures de mante religieuse. David et ses proches, parmi lesquels Ollie Weeks, Amanda Dunfrey, Dan Miller et Irene Reppler, s'inquiètent de la situation et décident de quitter le magasin à l'aube. Au moment de partir, ils sont surpris par Mme Carmody qui exige qu'on lui livre le petit Billy afin qu'il soit lui aussi sacrifié. Ollie Weeks abat finalement Mme Carmody avec son pistolet et le petit groupe réussit à sortir. Dehors, Ollie, Myron et Ambrose sont dévorés par les créatures rôdant dans la brume mais David, Billy, Amanda, Irene et Dan parviennent à gagner la voiture de David[4].

Ils arrivent à la maison de David mais n'y trouvent que Stephanie, morte. Ils quittent ensuite la ville où ils rencontrent une créature gigantesque qui passe devant eux. Ils finissent par tomber en panne d'essence sans être parvenus à sortir du brouillard, et les quatre adultes, désormais résignés, décident d'en finir. David, avec les quatre balles qui restent dans le pistolet, abat son fils et ses trois autres compagnons avant de sortir de la voiture pour se faire tuer par les créatures. Mais ce sont des soldats et des véhicules militaires qui surgissent peu après, alors que la brume commence enfin à se dissiper. Réalisant qu'il a tué son fils et ses amis alors qu'ils étaient sur le point d'être sauvés, David hurle sa douleur[5].

Fiche technique

Distribution

Source et légende : version française (VF) sur le site d’AlterEgo (la société de doublage[8]) et sur RS Doublage[9]. Version québécoise (VQ) sur Doublage.qc.ca[10]

Production

Développement

Le réalisateur Frank Darabont, ici côte à côte avec le peintre Drew Struzan qui a également travaillé sur ce film.

Frank Darabont lit la nouvelle Brume, écrite par Stephen King, à sa sortie dans l'anthologie Dark Forces et exprime son intérêt pour l'adapter au cinéma depuis ses débuts de réalisateur avec le court métrage The Woman in the Room (1983), lui-même adapté de la nouvelle Chambre 312[11],[12]. Pour son premier long-métrage, il hésite entre réaliser l'adaptation de Brume et celle d'une autre nouvelle de King, Rita Hayworth et la Rédemption de Shawshank[13]. Il opte finalement pour la deuxième avec Les Évadés (1994). Darabont espère enchaîner avec The Mist mais des problèmes scénaristiques lui font repousser ce projet au profit de La Ligne verte (1999), puis de The Majestic (2001). La fin de la nouvelle, très ambiguë, lui pose notamment des problèmes[12]. Pendant ce temps, Stephen King continue de lui réserver les droits d'adaptation de Brume malgré des approches d'autres cinéastes[13]. Darabont s'associe avec Paramount Pictures et commence l'écriture du scénario à la fin de l'année 2004. Au mois d', Dimension Films reprend le projet à son compte à la place de Paramount[14]. Darabont décide d'écrire une nouvelle fin pour l'adaptation de la nouvelle au grand écran, fin que King trouve réussie et effrayante[15].

Darabont décrit The Mist comme un film au charme suranné, avec ses monstres et sa peur de l'inconnu, quand on le compare à la tendance, alors très en vogue, des films d'horreur comportant de nombreuses scènes de torture et de mutilation, tels que Saw ou Hostel. Il met en avant les différences de comportement des gens quand ils sont poussés par la peur, comparant le film à Sa Majesté des mouches avec des monstres[11]. Il dresse aussi des parallèles avec Les Monstres de Maple Street (1960), un épisode de La Quatrième Dimension, et le film Lifeboat (1944)[16]. Darabont explique aussi que son film traite plus des monstres à l'intérieur du supermarché, les êtres humains qui craquent sous la tension nerveuse, que de ceux qui se trouvent à l'extérieur[17]. Bien que l'origine de la provenance de la brume ne soit jamais expliquée en détail dans le film, Darabont écrit une scène dans laquelle l'orage du début du film cause un dysfonctionnement dans le laboratoire de la base militaire qui permet au portail vers une autre dimension, sur lequel les militaires travaillent, de s'ouvrir. Mais cette scène, qui aurait été très coûteuse, n'est finalement jamais tournée[18].

Choix des acteurs

En , Thomas Jane est engagé pour tenir le rôle principal du film[19],[20], et il est rejoint le mois suivant par Laurie Holden et Andre Braugher, deux autres acteurs que Darabont tenait à avoir pour le film (Holden ayant d'ailleurs déjà travaillé avec Darabont pour le film The Majestic et retravaillant par la suite avec lui sur la série The Walking Dead)[21]. Marcia Gay Harden et Toby Jones complètent la distribution principale en [20]. Marcia Gay Harden, qui n'a encore jamais tourné dans un film d'horreur, est réticente mais Andre Braugher la persuade d'accepter[18]. William Sadler et Jeffrey DeMunn, deux acteurs ayant également déjà été dirigés par Darabont, respectivement dans Les Évadés et La Ligne verte, sont engagés pour des rôles secondaires, Sadler ayant par ailleurs interprété David Drayton dans la version en livre audio de la nouvelle[22].

Certains acteurs apportent des idées qui sont retenues et changent de façon notable le scénario du film : ainsi, c'est Andre Braugher qui suggère à Frank Darabont de ne pas tourner la scène expliquant l'origine de la brume ; alors que Jeffrey DeMunn lui conseille que le personnage de mère de famille à la recherche de ses enfants  joué par Melissa McBride dont la brève interprétation a été applaudie par toute l'équipe de production  fasse son retour à la fin du film[18].

Tournage

Le film est tourné à Shreveport et ses environs.

Le tournage commence en aux studios StageWorks, à Shreveport, en Louisiane[23], dans lesquels est recréé un petit supermarché de la petite ville voisine de Vivian[20]. Une centaine de figurants de la région de Shreveport, où sont également tournés les extérieurs, sont engagés, et une grande partie d'entre eux interagissent directement avec les acteurs professionnels[24]. Ces derniers apprécient beaucoup les conditions de tournage, et notamment le fait de tourner une grande partie du temps tous ensemble, ce qui est inhabituel dans un film et donne un véritable esprit de groupe à la distribution[25].

Les partenaires financiers de Darabont craignent que la fin très sombre écrite par Darabont ne déplaise au public et le réalisateur, en contrepartie de leur feu vert pour cette fin, accepte de tourner dans un laps de temps très court et avec un budget limité[25]. Il cherche donc à avoir un style de réalisation fluide et nerveux, se préparant à cela en réalisant un épisode de la série télévisée The Shield, et choisit de travailler sur le film avec l'équipe de cadreurs avec qui il a dirigé cet épisode[26],[20]. Il utilise des caméras 400 ASA de Fujifilm qui donnent aux images un aspect granuleux[16],[20]. Le tournage dure 37 jours[13]. Plusieurs scènes impliquant le personnage de fanatique religieuse joué par Marcia Gay Harden, et développé de façon significative par rapport à la nouvelle, sont coupées au montage car Darabont estime que la mettre trop en avant nuirait à son efficacité[27].

Dans la scène d'introduction du film, David Drayton peint un homme qui n'est autre que Roland de Gilead, le personnage principal de La Tour sombre, hommage à cette saga de Stephen King. Cette peinture est réalisée par Drew Struzan, connu pour son travail sur les affiches de nombreux films[26], et qui donne quelques cours de peinture à Thomas Jane pour l'occasion[13]. Dans l'atelier de Drayton, on peut également voir plusieurs dessins, qui sont autant de clins d'œil à d'autres affiches illustrées par Struzan et aux précédentes adaptations de Darabont : Le Labyrinthe de Pan, The Thing, Les Évadés et La Ligne verte[18]. Darabont travaille en étroite collaboration avec Gregory Melton, son chef décorateur, afin d'éviter de donner des références d'époque précises au film. Ainsi, les voitures de police qu'on peut apercevoir au début du film sont une Chevrolet Caprice 1987 et une Ford LTD Crown Victoria 1988, modèles qui ne sont plus utilisés par la police depuis la fin des années 1990. On voit aussi des personnages utiliser des téléphones portables mais les membres de la police militaire ne portent pas des uniformes modernes et conduisent une vieille Jeep plutôt qu'un Humvee, alors qu'on voit par ailleurs des véhicules plus récents[16].

Effets spéciaux

Le réalisateur engage les artistes Jordu Schell et Bernie Wrightson pour concevoir l'apparence des créatures du film[26]. Gregory Nicotero s'occupe de la création et du maquillage des marionnettes, projet sur lequel il a commencé à travailler depuis que Darabont lui a fait part de son intention d'adapter la nouvelle Brume, au début des années 1990[28]. Le studio réalisant les effets spéciaux visuels du film, Café FX, est pour sa part conseillé à Darabont par Guillermo del Toro, quand le premier demande au second qui a conçu les effets du Labyrinthe de Pan. La description des créatures étant très peu détaillée dans la nouvelle, le défi consiste à créer des créatures inédites dans leur apparence, et Nicotero, spécialiste de l'histoire du cinéma d'horreur, se charge de la tâche d'éviter toute ressemblance avec des créatures ayant déjà été conçues[16]. Une fois les créatures réalisées, Nicotero et Everett Burrell, responsable des effets visuels, montrent le fonctionnement et l'apparence des marionnettes aux acteurs afin que cela leur serve de points de référence quand ils jouent dans des scènes où ils doivent faire semblant de voir les créatures, celles-ci étant introduites en postproduction par la technique de capture de mouvement, et réagir à leur présence[28].

Bande originale

Frank Darabont choisit d'utiliser la musique, composée par Mark Isham, avec beaucoup de parcimonie afin de privilégier une ambiance assez lourde et proche du documentaire, expliquant à ce sujet que « le silence est plus effrayant que le bruit, un murmure plus angoissant qu'une explosion ». Pour la fin du film, il utilise le morceau The Host of Seraphim, du groupe Dead Can Dance, qui se caractérise par un mélange de chants et de gémissements, et que Darabont ressent comme un « requiem de la race humaine »[29].

La bande originale sort chez le label Varèse Sarabande le . Elle est décrite par AllMusic comme « rejetant les conventions mélodiques au profit d'un environnement sonore étrange et de techniques atonales qui saisissent à la perfection le suspense sinistre du film » tandis que « les plages de silence atmosphérique, les structures rythmiques et la dissonance palpable s'associent pour communiquer brillamment quelque chose qui se trouve au-delà de l'inconnu »[30].

Accueil

Sortie du film et box-office

Une projection test du film est organisée pendant l'été 2007 en présence de Stephen King[13], et le film sort aux États-Unis le . Il connaît un certain succès commercial, rapportant 57 293 715 $ au box-office mondial (soit un peu plus de trois fois son budget), dont 25 594 957 $ aux États-Unis et au Canada[6]. Il réalise 59 467 entrées en Belgique, 33 260 en France et 23 529 en Suisse[31].

Box-office mondial par pays du film The Mist (par ordre décroissant)[32]
Pays Box-office Pays Box-office Pays Box-office
États-Unis 25 594 957 $ Brésil 1 049 890 $ Argentine 428 010 $
Corée du Sud 3 596 628 $ Australie 958 752 $ Singapour 350 661 $
Espagne 3 502 124 $ Pays-Bas 792 379 $ Suisse 333 449 $
Japon 3 355 677 $ Turquie 672 374 $ France 282 182 $
Russie 2 769 724 $ Grèce 607 763 $ Suède 233 669 $
Italie 1 902 311 $ Belgique 587 258 $ Portugal 229 306 $
Allemagne 1 711 682 $ Taïwan 525 544 $ Chili 203 451 $
Pologne 1 534 536 $ Hong Kong 521 094 $ Ukraine 192 541 $
Mexique 1 305 429 $ Thaïlande 467 605 $ Danemark 177 055 $
Royaume-Uni 1 079 390 $ Venezuela 455 412 $ Philippines 176 424 $

Accueil critique

Le film reçoit un accueil critique plutôt positif, recueillant 72 % de critiques favorables, avec un score moyen de 6,610 et sur la base de 143 critiques collectées, sur le site Rotten Tomatoes[33]. Sur le site Metacritic, il obtient un score de 58100, sur la base de 29 critiques collectées[34]. En France, le film obtient également des critiques plutôt favorables, obtenant une moyenne de 3,5 étoiles sur 5 pour les 15 critiques de la presse recensées sur le site Allociné[35].

Parmi les critiques positives, Gilles Penso, de L'Écran fantastique, évoque « une réussite indéniable, assumant pleinement son statut de film de monstre tout en transcendant avec talent les codes du genre » dont la grande force est « d'aborder son sujet sous un angle extrêmement réaliste et de s'attacher en priorité au comportement de ses protagonistes »[36]. Pour Alexandre Poncet, de Mad Movies, le casting est solide, avec une mention particulière pour Toby Jones, et le film est un « récit apocalyptique brillant et politiquement chargé » qui se termine avec un nihilisme d'une « noirceur d'ébène »[13]. J. R. Jones, du Chicago Reader, estime que « le suspense est presque insoutenable » et que ce film à l'esthétique soignée est une « allégorie rudimentaire mais efficace de l'Amérique post-11 septembre »[37]. Michel Cieutat, de Positif, considère que cette adaptation « convaincante, bien structurée, excellemment interprétée par un groupe d'acteurs peu connus, et surtout judicieusement réalisée » est une « très bonne surprise »[38]. Pour Peter Hartlaub, du San Francisco Chronicle, le film est lent à démarrer mais suit un déroulement qui réserve plusieurs surprises et sa deuxième moitié est « aussi palpitante qu'éprouvante pour les nerfs » alors que le scénario réussit à rendre tous les personnages intéressants[39]. Bayon, de Libération, évoque « un fabuleux tableau de genre » qui « règle crânement son compte à la fumisterie évangélique et à ses pompes de repentance »[35]. Lisa Schwartzbaum, d'Entertainment Weekly, considère que cette « parabole moderne » est « aussi astucieuse qu'incroyablement pessimiste » bien que son principal atout demeure sa « dynamique distribution »[40].

D'autres critiques sont plus mitigées. Olivier Bonnard, du Nouvel Observateur, estime que « la réalisation est molle » et que l'acteur principal manque de charisme[35]. Roger Ebert, du Chicago Sun-Times, estime que le film n'échappe pas aux clichés malgré les efforts de la distribution et reprend des formules vues maintes fois[41]. Pour Jérémie Couston, de Télérama, « l'intrigue doit beaucoup à John Carpenter » mais le dénouement est inattendu et ambigu[42]. Ty Burr, du Boston Globe, évoque un film « raisonnablement effrayant » et qui réussit à maintenir une certaine tension mais dont le message est « banal et maladroit » alors que la fin inutilement sombre est plus agaçante qu'autre chose[43]. Thomas Baurez, de Studio magazine, considère que « Darabont peine à trouver le ton juste » malgré une fin remarquable[44]. Pour Manohla Dargis, du New York Times, le film est plus efficace quand il se concentre sur les monstres inquiétants cachés dans la brume que sur les personnages et leurs dialogues répétitifs[45].

Depuis sa sortie, le film est régulièrement cité dans des classements concernant les meilleurs films d'horreur. Bloody Disgusting, site web spécialisé dans le cinéma d'horreur, le classe fin 2009 à la 4e place de sa liste des 20 meilleurs films d'horreur des années 2000, avec en commentaire : « Le côté effrayant fonctionne très bien, mais ce qui est encore mieux est la prise de parti de Darabont d'avoir divisé les personnages en deux factions - les fanatiques citant la Bible et les rationnels à la pensée de gauche. Ce microcosme allégorique des États-Unis sous l'ère Bush est mis en valeur et donne encore plus d'intérêt à un film déjà excellent »[46]. Pour le site Indiewire, qui le positionne en 2014 à la 17e place des meilleurs films d'horreurs du XXIe siècle, le casting est excellent et « la fin déchirante réussit l'impensable, à savoir améliorer le récit original »[47]. Le site Den of Geek le classe en 2018 dans sa liste des 40 meilleurs films d'horreur du XXIe siècle, écrivant que c'est une « adaptation fidèle et plutôt géniale » avec « un dénouement des plus sombres »[48]. The Daily Telegraph le classe en 2018 dans sa liste des 50 meilleurs films d'horreur de tous les temps, soulignant une « adaptation captivante » à la « fin totalement dévastatrice »[49]. Time Out le place en 2018 dans sa liste des 100 meilleurs films d'horreur de tous les temps, avec en commentaire : « Peut-être le film d'horreur le plus intelligent, captivant et déchirant du siècle jusqu'à présent »[50].

Distinctions

Marcia Gay Harden a été récompensée pour son interprétation.

Marcia Gay Harden remporte le Saturn Award de la meilleure actrice dans un second rôle lors de la 34e cérémonie des Saturn Awards[51]. L'année suivante, le film remporte le Saturn Award de la meilleure édition spéciale DVD[51].

Toujours lors de la 34e cérémonie des Saturn Awards, le film est nommé dans la catégorie du meilleur film d'horreur et Frank Darabont dans celle de la meilleure réalisation[51]. Nathan Gamble est nommé pour le Young Artist Award 2008 du meilleur acteur âgé de dix ans ou moins[52], et le film est nommé lors de la 14e cérémonie des Empire Awards dans la catégorie du meilleur film d'horreur[53].

Analyse

Divergences avec la nouvelle

Le film est une adaptation fidèle de la nouvelle de Stephen King sauf en ce qui concerne la fin[13]. En effet, le film se termine sur la dissipation de la brume et l'arrivée de soldats portant des combinaisons étanches de protection et brûlant les dernières traces des créatures. Ils sont suivis de camions regroupant les survivants dont la mère de famille qu'on voit au début du film dans le supermarché et qui est sortie dans la brume pour rejoindre ses enfants. David Drayton, ayant supprimé les quatre autres survivants, dont son fils, pour leur éviter une mort horrible, hurle sa douleur. La nouvelle, quant à elle, se termine sur le départ des survivants vers Hartford, dont David croit avoir entendu le nom crachoté à la radio. Il n'y a que quatre passagers (cinq dans le film) : Billy, Amanda, Mme Reppler et David. Ils sont arrêtés dans un motel près d'une sortie d'autoroute et ils n'ont plus d'essence. David écrit tout ce qui s'est passé pour ceux qui découvriraient l'endroit et mentionne seulement qu'au cas où cela serait nécessaire, il ne lui reste que trois balles alors qu'ils sont quatre. Il n'a pas pu aller jusqu'à sa maison et ne sait pas si sa femme est vivante (alors que dans le film on la voit morte entourée d'une toile d'araignée). D'une certaine façon, le film raconte comment la nouvelle aurait pu se finir dans le pire des cas pour les protagonistes[54]. Stephen King affirme avoir beaucoup apprécié la fin du film de Darabont[55] et compte celui-ci parmi ses adaptations préférées de son œuvre aux côtés des Évadés et de Stand by Me[13].

Par ailleurs, les personnages de David Drayton et Amanda Dunfries, tous deux mariés, ont dans la nouvelle une relation sexuelle qui accentue le thème de la nature primitive de l'être humain en temps de crise mais Darabont choisit de ne pas adapter cet aspect du livre dans le film, préférant les voir partager une relation plus émotionnelle qui les rend plus sympathiques pour le spectateur[56]. L'acteur Thomas Jane, interprète de David Drayton, explique à ce sujet qu'Amanda devient une mère de substitution pour le personnage de son fils et qu'ils essaient de survivre ensemble à ce cauchemar, alors que Laurie Holden, interprète d'Amanda, compare leur expérience dans le film à celle qu'ont vécu les réfugiés du Louisiana Superdome pendant l'ouragan Katrina[28].

Critique de la société

Alexandre Poncet, de Mad Movies, souligne que le film « condense les dérives politiques, religieuses et sociales de la civilisation humaine et en dénonce la fragile cohésion au sein d'un lieu clos, étouffant et symboliquement chargé », le supermarché représentant le système capitaliste contrôlant les pensées de ses consommateurs. Dans ce lieu servant de prison aux protagonistes, diverses factions se forment, démontrant ainsi « l'incapacité de l'humanité à s'unir face à une apocalypse imminente ». Le film est « aussi nihiliste que Les Évadés était empli d'espoir » et fonctionne comme son « double négatif » avec la foi en l'être humain d'Amanda Dumfries qui se trouve ici anéantie[13]. Gilles Penso, de L'Écran fantastique, renchérit en écrivant que le film montre que le vernis de civilisation peut rapidement craquer en temps de crise, laissant la nature humaine prendre « des atours très peu reluisants ». Le fanatisme religieux qui gagne très vite une partie des personnes enfermées dans le supermarché et qui culmine avec l'organisation de sacrifices humains tend à prouver que les humains peuvent se révéler pires que les monstres auxquels ils veulent échapper[36]. Pour Michel Cieutat, de Positif, le scénario questionne « un pays qui préfère avoir recours à l'occultation religieuse au lieu d'admettre l'évidence de ses erreurs fondamentales de parcours »[38].

Pour Victoria McCollum, le film évoque de façon allégorique une Amérique « irrémédiablement transformée par le terrorisme, les changements climatiques et une économie en berne » et en quête d'un nouveau leader[57]. Il met en avant les préoccupations environnementales des années 2000 liées au problème du réchauffement climatique et au traumatisme ayant suivi le séisme et tsunami de 2004 dans l'océan Indien et l'ouragan Katrina[58], et critique l'administration Bush-Cheney qui a largement ignoré les problèmes écologiques, préférant cultiver une « culture de la paranoïa et de la peur » face à la menace du terrorisme. Cette menace, face à laquelle les personnages se divisent en plusieurs groupes d'opinion, est ici représentée par des monstres cachés dans la brume et pouvant attaquer n'importe quand[59]. La rhétorique religieuse de Madame Carmody et son idéologie fondamentaliste exploite la crédulité de gens fragilisés par une situation de crise, faisant ainsi écho à la fièvre télévangéliste et à la foi affichée du gouvernement américain après les attentats du 11 septembre 2001[60]. Face à ce camp, le personnage de Brent Norton, un avocat afro-américain, symbolise pour McCollum l'émergence de Barack Obama, mais le sort qui lui est réservé, à lui et ses partisans, semble prophétiser l'échec presque programmé de la mission qu'il s'était donnée[61].

Éditions en vidéo

The Mist sort en DVD dans deux versions, une édition simple et une édition collector formée de deux DVD, le en région 1[62] et le en région 2[63]. La version simple comprend le commentaire audio et le making-of du film alors que la version collector inclut des documentaires supplémentaires et la version du film en noir et blanc, version que Darabont préfère à l'originale car cela donne au film une atmosphère « rétro » particulière directement inspirée des films en noir et blanc sur lesquels travaillait Ray Harryhausen et de La Nuit des morts-vivants[20]. Les ventes de DVD sont fructueuses, ayant rapporté à elles seules 29 229 253 $ à la fin de l'année 2008, et ce uniquement aux États-Unis[64].

La version du film en disque Blu-ray sort le en région 1[65] et le en région 2[66]. Elle reprend les bonus de la version collector en DVD.

Notes et références

Notes

  1. Le R signifie que les mineurs (17 ans ou moins) doivent être accompagnés pour pouvoir assister à la projection du film.
  2. En France, le film est interdit aux moins de 12 ans lors de sa sortie en salles.
  3. Au Québec, la projection du film est déconseillée aux mineurs de moins de 13 ans.

Références

  1. (en) « The Mist - Revised Draft », sur horrorlair.com, , p. 5-27
  2. (en) « The Mist - Revised Draft », sur horrorlair.com, , p. 28-62
  3. (en) « The Mist - Revised Draft », sur horrorlair.com, , p. 62-87
  4. (en) « The Mist - Revised Draft », sur horrorlair.com, , p. 88-106
  5. (en) « The Mist - Revised Draft », sur horrorlair.com, , p. 106-109
  6. (en) « The Mist », Box Office Mojo (consulté le )
  7. (en) The Mist sur l’Internet Movie Database
  8. « Fiche de doublage VF du film » sur Alterego75.fr, consulté le 11 mai 2013, mis en ligne le 2 juin 2013
  9. « Deuxième fiche de doublage VF du film » sur RSdoublage.com, consulté le 20 novembre 2018
  10. « Carton de doublage VQ de The Mist (Brume) », sur Doublage.qc.ca (consulté le )
  11. (en) « SDCC 07: Chatting in The Mist », IGN (consulté le )
  12. Von Doviak 2014, p. 185
  13. Alexandre Poncet, « Le Grand Blanc », Mad Movies, no HS 22, , p. 146-149
  14. (en) Michael Fleming, « Mist envelops Dimension », Variety (consulté le )
  15. (en) Anthony Breznican, « Stephen King adapts to Hollywood », USA Today (consulté le )
  16. (en) Edward Douglas, « An Exclusive Interview with Mr. Frank Darabont! », Shock Till You Drop (consulté le )
  17. (en) Alexandyr Kent, « A Bad Day at the Market », The Times, Shreveport,
  18. (en) Rob Hunter, « 31 Things We Learned from Frank Darabont's 'The Mist' Commentary », sur filmschoolrejects.com,
  19. (en) « The Punisher Enters The Mist », IGN (consulté le )
  20. Von Doviak 2014, p. 186
  21. (en) Borys Kit, « Braugher, Holden float to Mist » (version du 17 février 2007 sur l'Internet Archive), The Hollywood Reporter
  22. Von Doviak 2014, p. 340-341
  23. (en) Alexandyr Kent, « The Mist creeping into Shreveport », The Times, Shreveport,
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Bibliographie

 : document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.

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Liens externes

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