Roche de Solutré
La roche de Solutré est un escarpement calcaire surplombant la commune de Solutré-Pouilly, à 8 km à l'ouest de Mâcon. Il s'agit d'un site emblématique de Saône-et-Loire, au sud de la région Bourgogne-Franche-Comté.
Pour les articles homonymes, voir Solutré.
Roche de Solutré | |||
La roche de Solutré. | |||
Géographie | |||
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Altitude | 493 m[1] | ||
Massif | Monts du Mâconnais | ||
Coordonnées | 46° 17′ 55″ nord, 4° 43′ 05″ est [1] | ||
Administration | |||
Pays | France | ||
Région | Bourgogne-Franche-Comté | ||
Département | Saône-et-Loire | ||
Géologie | |||
Roches | Calcaire | ||
Géolocalisation sur la carte : Saône-et-Loire
Géolocalisation sur la carte : France
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Protégée au titre de la loi sur les sites classés et aujourd'hui Grand Site de France, elle tire sa célébrité de plusieurs points d'intérêt : phénomène géologique rare dans cette région et site préhistorique éponyme d'une culture paléolithique (le Solutréen), elle abrite sur son sommet — qui culmine à 493 mètres — un milieu spécifique (les pelouses calcicoles du Mâconnais) à la faune et la flore particulières.
Occupée par l'homme depuis au moins 55 000 ans, il s'agit en outre du berceau du Pouilly-Fuissé, vin blanc renommé. Elle fut médiatisée à partir des années 1980 par l'ascension rituelle du président François Mitterrand accompagné par de nombreux amis.
Géographie
Géologie
Faune et flore
Paysages
Histoire
Préhistoire
Le gisement préhistorique de Solutré est l'un des plus riches d'Europe, en ossements et en vestiges lithiques.[réf. nécessaire] À la suite de sa découverte, la Roche a donné son nom à un faciès culturel du Paléolithique supérieur, le Solutréen.
Chronologie
Les fouilles au pied de la roche commencent en 1866, au lieu-dit du « Cros du Charnier », sur l'affleurement d'ossements de chevaux, dont personne n'imagine alors qu'il s'agit de vestiges préhistoriques (cette science étant alors naissante).[réf. nécessaire]
Très vite, Henry Testot-Ferry découvre la zone des foyers de l'âge du renne, ainsi que des tombes en dalles brutes. On retrouve dans ces foyers de nombreux outils en silex : pointes de lance, feuilles de laurier et grattoirs, mais aussi un véritable amas d'ossements : du renne surtout, mais également du cheval, de l'éléphant, du loup et du tigre des cavernes[Quoi ?][2].
La roche de Solutré est, avec la pierre dite « Guenachère » de Saint-Émiland, le « Vieux Tilleul » de Sagy, le cèdre de La Chaux à Cuisery et la roche dénommée « La Pierre-Qui-Croule » visible à Uchon, le site ayant été le plus anciennement classé du département de Saône-et-Loire (par arrêté de classement en date du 1909)[3].
Un site de chasse
La légende
Contrairement à la légende de la « chasse à l'abîme », jamais les hommes préhistoriques vivant près de Solutré n'ont pourchassé les chevaux pour les pousser à se précipiter du haut de la Roche.
Cette théorie – dont il n'a jamais été question dans les publications scientifiques d'Henry Testot-Ferry – apparaît en fait dans le roman préhistorique d'Adrien Arcelin : il ne s'agit donc que d'une fiction dont l'imaginaire populaire s'est emparé. L'incohérence de cette hypothèse a été aisément démontrée depuis, entre autres du fait de la distance importante entre l'emplacement des ossements et le sommet de la Roche[4].
L'homme
Musée de la Préhistoire de Solutré
Au pied de la Roche est situé le Musée de Préhistoire, structure conçue par l'architecte strasbourgeois Guy Clapot et financée par le Conseil général de Saône-et-Loire et inaugurée en mai 1987[5] par François Léotard[6]. En raison des protections en vigueur sur le site, le musée est placé sous un dôme planté de végétaux, à peine visible de loin. Le musée présente sur les lieux de leurs découvertes les collections de ce site de premier plan ainsi que des maquettes reconstituant des scènes de chasse et des expositions temporaires sur des sujets en rapport avec l'archéologie, la Préhistoire, ou l'ethnographie, et qui intègrent plus récemment l'art contemporain.
Depuis le , le site a reçu l'appellation de Grand site de France, et les expositions temporaires s'étendent jusque dans une maison de site, qui permet aussi de se restaurer, de se reposer et pour les enfants d'y réaliser des ateliers (peinture préhistorique, clayonnage, broyage des grains, filage de la laine…).
Antiquité
On retrouve des traces de deux villas gallo-romaines importantes dans les environs de la roche : l'une, Solustriacus, a donné son nom au village de Solutré. L'autre serait située entre la roche et le village voisin de Vergisson. Un large tertre aplani reliant le pied de la Roche au village de Vergisson est par ailleurs supposé être une ancienne voie romaine (il est nommé comme tel dans l'usage local).
Période médiévale
La Préhistoire a souvent pris le pas sur l'histoire médiévale de la roche. Pourtant, une étonnante place forte, réputée être le fief de bandits, occupait le sommet de Solutré.
On attribue la construction de ce château, qui disposait d'un lourd donjon crénelé, à Raoul de Bourgogne (930). Le chapitre de Saint-Vincent de Mâcon en devint ultérieurement possesseur, par suite de la donation de l'évêque de Mâcon Ador (970), qui le tenait de sa famille[7].
En 1231, le château fut enlevé au profit de Jean de Braine, comte de Mâcon, par l'un de ses chevaliers dénommé Guy Chevrier, qui fut aussitôt excommunié par l'évêque de Mâcon, Aymon[8]. Le château avait été acheté antérieurement par l'évêque de Mâcon au chevalier Ponce de Mont-Saint-Jean, moyennant 300 marcs d'argent et un cheval de 25 livres. Château dont l'évêque fit don aux chanoines de Mâcon, qui en prirent possession à titre d'engagistes du domaine du roi[9].
À la suite d'une trêve signée à Mâcon le consacrant la présence bourguignonne en Mâconnais, ce château, dernière place forte non réduite par le duc de Bourgogne dans la région, lui fut rendu. L'année suivante, Philippe le Bon, duc de Bourgogne, par un acte établi à Dijon le , ordonna la destruction totale de la forteresse. La liesse populaire fut telle à cette annonce que l'on retrouva par la suite des corps des participants à sa destruction, tués par l'effondrement anarchique des parois.
Des recherches récentes tendent à montrer que ce château était une demeure noble et riche, mais peu d'éléments sont connus à son sujet aujourd'hui.
Activités
Viticulture
Importée par les Romains, la viticulture est maintenue au Moyen Âge par les moines clunisois et imprègne le périmètre de la Roche de Solutré. Ses phases de progression et de récession au cours des siècles entrainent tour à tour le défrichage de parcelles ou leur abandon et façonnent le paysage.
Ce terroir de prédilection du Chardonnay donne naissance à des vins de renommée internationale[10] :
- Mâcon-Solutré (Mâcon-villages) ;
- Saint-véran ;
- Pouilly-fuissé.
Protection environnementale
Partiellement protégée par la loi du sur « la protection des monuments naturels et des sites de caractère artistique, historique, légendaire ou pittoresque », en raison de son caractère spectaculaire et du gisement archéologique qu'elle abrite, la Roche de Solutré fait également partie du réseau Natura 2000 au titre des pelouses calcicoles. La protection se révélant insuffisante face à sa fréquentation locale et touristique et à « l'usure » engendrée sur le site, et les coûts d'entretien bien supérieurs aux ressources des communes concernées, la Roche de Solutré a constitué à partir des années 1990 le centre d'un projet « d'Opération Grand Site ».
Ce statut n'ajoute pas de contrainte réglementaire mais constitue un outil afin de restaurer et mettre en valeur le site, mettre en place un accueil, et générer une dynamique économique locale, et enfin une gestion pérenne de l'ensemble du périmètre concerné.
Depuis 1995, des expérimentations ont eu lieu afin de maintenir le site en l'état (broutage par des chevaux de race Konik Polski et lutte contre la colonisation par le buis par exemple), les cheminements ont été revus afin d'être plus sûrs pour les visiteurs et d'enrayer la dégradation des voies de passage, et l'ancien parking a fait place à un nouveau, dont l'intégration paysagère est presque totale[11].
Dans la culture
Haut lieu de la Résistance intérieure française pendant la Seconde Guerre mondiale, la roche deviendra le lieu d'une ascension rituelle et annuelle pour François Mitterrand et certains de ses amis.
Citations
- « Sphinx aux griffes plantées dans les ceps[réf. nécessaire]. » — Roger Gouze
- « De là, j'observe ce qui va, ce qui vient, ce qui bouge et surtout ce qui ne bouge pas. » — François Mitterrand, La Paille et le Grain, 1978.
- « Deux navires pétrifiés surplombant une mer de vignes. » — Alphonse de Lamartine, à propos de Solutré et sa « sœur » à Vergisson.
Voir aussi
Bibliographie
- [Arcelin 1872] Adrien Arcelin, Solutré ou les chasseurs de rennes de la France centrale, Paris, libr. L. Hachette & Co, , sur gallica (lire en ligne).
- Adrien Arcelin, Les fouilles de Solutré, Mâcon, 1873.
- [Arcelin, Mortillet et al. 1874] Adrien Arcelin, Gabriel de Mortillet et al., « Discussion sur Solutré ( » (séance du 25 août), Matériaux pour l'histoire primitive et naturelle de l'Homme, vol. 9, 2e série, t. 5, , p. 320-343 (lire en ligne [sur gallica]).
- [Chaume 1937] Abbé Maurice Chaume, chap. IV « Féodaux mâconnais : Les premiers possesseurs de la Roche de Solutré », dans Études carolingiennes, Annales de Bourgogne, (lire en ligne [PDF] sur bm-dijon.fr), p. 280-295.
- [Combier & Montet-White 2002] Jean Combier et Anta Montet-White (dir.), Solutré, 1968-1998, Société Préhistorique française, coll. « Mémoire » (no 30), , 281 p. (ISBN 2-913745-15-6, présentation en ligne).
- [Combier 2013] Jean Combier, « Le Solutréen à Solutré : recherches anciennes et récentes », Revue archéologique du centre de la France, no 47 Supplément « Le Solutréen 40 ans après Smith’66 », , p. 409-418 (lire en ligne [sur persee], consulté en ).
- Henry de Ferry & Dr. de Fromentel, Paléontologie française, Paris, 1861.
- Henry de Ferry, L'Homme préhistorique en Mâconnais, 1868.
- Henry de Ferry, Le Mâconnais préhistorique, Paris, 1870.
- 1866 : l'invention de Solutré, Catalogue de l'exposition de l'été 1989 au Musée Départemental de Préhistoire de Solutré.
- Fernand Nicolas, « Nouvelles fouilles à Solutré », Images de Saône-et-Loire, no 2, , p. 15-18.
Articles connexes
Notes et références
Notes
Références
- « Roche de Solutré » sur Géoportail.
- André Jeannet, « Qui est l'inventeur de Solutré ? », Images de Saône-et-Loire no 88, hiver 1991-1992, p. 9-10.
- Bernard Gourguechon (inspecteur régional des sites à la DRAE de Bourgogne), « La protection des sites en Saône-et-Loire », Images de Saône-et-Loire, n° 50, été 1982, p. 17-20.
- [Poplin 1990] François Poplin, « Le Grand saut des chevaux de Solutré », L'Homme, vol. 30, no 116, , p. 137-142 (lire en ligne [sur persee]).
- « Musée départemental de Préhistoire de Solutré », sur www.hominides.com,
- « Un musée de la préhistoire à Solutré M. François Léotard sur les traces de M. François Mitterrand », sur Le Monde,
- Marcel Dazy, « Le Mâconnais des vignes », revue Images de Saône-et-Loire, no 42, été 1979, p. 9-15.
- Les péripéties du château de Solutré pendant cette période sont résumées et contextualisées par M. Babey dans la notice « La construction de l'église de Saint-Albain. Étude généalogique et historique », pages 17-19.
- Jacques Berlioz, Saints et damnés : la Bourgogne du Moyen-Âge dans les récits d'Étienne de Bourbon, inquisiteur (1190-1261), Les Éditions du Bien Public, 1989 (ISBN 2-905441-24-0).
- Pour plus de détail, voir la page concernant le vignoble de Bourgogne
- Pour en savoir plus, voir (fr) le site officiel du Grand Site de Solutré Pouilly Vergisson
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