Genévrier

En botanique, le genre des genévriers, également appelé poivre du pauvre, nom scientifique Juniperus, famille des Cupressaceae, comporte un grand nombre d'espèces, des variétés « rigides » aux aiguilles piquantes et des variétés « souples » au feuillage en écailles.

Juniperus

Un genévrier à Novyï Svet, en Crimée. Mai 2013.

D'origine américaine, asiatique, africaine et européenne, cet arbre atteint couramment 4 à 15 m de haut dans la nature, et même 25 à 30 m pour certaines espèces. Il supporte les sols pauvres, éventuellement très calcaires (il est souvent associé aux coteaux calcaires en France), sablonneux et secs, jusqu'à 4 500 m d'altitude.

Certaines espèces de genévrier peuvent vivre plus de 1 000 ans.

Phytonymie

Le nom vernaculaire de « genévrier » est issu du latin populaire jeniperus, altération du latin classique juniperus (ce qui vaut à la plante son nom scientifique générique) qui désignait déjà ces arbustes chez les Romains[1].

Caractéristiques botaniques

Le genre Juniperus est caractérisé par des cônes très particuliers, appelés « galbules », comportant des écailles plus ou moins complètement soudées entre elles. Beaucoup d'espèces sont dioïques. Au printemps, les pieds femelles portent des petits cônes à l'aisselle des feuilles de l'année précédente. Les trois ovules, à l'aisselle des écailles supérieures du rameau, émettent une goutte micropylaire captant le pollen. Les cônes mâles se présentent sous la forme de très petits chatons à l'aisselle de feuilles vers le milieu de jeunes rameaux.

Les feuilles caractérisent deux sortes de genévriers :

L'écorce est filandreuse grise brunâtre. Les branches partent dès le pied du tronc.

Les genévriers produisent des faux fruits verts qui virent au bleu, au brun ou au noir à maturité. Ces galbules sont communément appelées « baies ». Cette dénomination est cependant abusive d'un point de vue strictement botanique, la baie n'étant produite que par des angiospermes.

Principales espèces

Histoire

Juniperus occidentalis var. australis.

Le genévrier était une plante appréciée des Grecs anciens et des Romains. Ces derniers utilisaient l'huile de cade, obtenue en chauffant le bois de genévrier : elle servait à la toilette des morts.

Dans l'Antiquité et au Moyen Âge, le genévrier était utilisé comme panacée, ses fumigations étaient réputées désinfectantes (notamment utilisées dans les rues pour combattre les épidémies de peste et de choléra) et le « vin de genièvre » avait des vertus diurétiques.

Une légende prétend que celui qui croquera chaque jour une baie de genévrier sera épargné par la maladie[réf. nécessaire].

Utilisation

Monnaie d'impôts

Les Polonais devaient payer aux propriétaires fonciers une part (parfois élevée) de leurs taxes sous forme de baies de genièvre[3].

Dans l'alimentation

Les cônes bleus/noirs charnus, dits galbules ou improprement dénommés baies) sont aromatiques, paniques et sucrés. Ils constituent une épice appréciée par certains, et sont réputés faciliter la digestion des gibiers et viandes grasses, relever le goût de la choucroute, le « pâté de glands »[3] ou le fumet de poisson. Écrasés, ils entrent par exemple dans la composition des "rognons de veau à la liégeoise".

En Haute-Provence, un extrait concentré de cônes de cette espèce, une sorte de confiture sans sucre dite eschait ou chaï était servi en dessert avec de la crème fraiche ou dans un lait chaud, jusqu'à il y a peu dans la vallée de l'Ubaye. On faisait de même en Pologne et dans l'Est de la Suisse où ce produit est encore vendu dans les commerces d'alimentation naturelle/bio et parfois même dans les supermarchés[3].

Des peuples amérindiens en faisaient une pâte (en les écrasant) introduite dans la nourriture. Aujourd'hui on en fait parfois une purée (faite au moulin à légume, de manière à retirer les graines), à consommer avec modération car affectant la fonction rénale si consommés en grande quantité[3].

Côté boissons, un succédané de café a été fait avec des cônes torréfiés (comme pour la chicorée)[3].
Dans le domaine des alcools, dans une grande partie de l'Europe catholique (de l'Espagne aux pays slaves), ces baies (et parfois le rameau feuillé entier) entrent aussi dans la composition de l'alcool de genièvre, Borovička, et dans celle du gin anglais et de l'aquavit et elles sont parfois utilisées pour aromatiser la bière, ce que les vikings faisaient déjà il y a un millénaire note l'ethnobotaniste François Couplan, qui ajoute qu'en Normandie des cônes immatures, encore verts étaient utilisés pour aromatiser le calvados (eau-de-vie) (avec du sucre), et qu'en Norvège on préparait une boisson alcoolisée en laissant fermenter des cônes murs dans de l'eau, ce qui est une variante de boissons telles que l'eau de Houle (Pas de Calais), un alcool distillé à Wambrechies (Nord), le Péket belge, le jenever néerlandais, le Klekovaca serbe (ce dernier étant fini dans un tonneau fait de bois de Genévrier) [3].

Propriétés médicinales

Seuls le genévrier commun (Juniperus communis) et le genévrier cade (Juniperus oxycedrus) sont comestibles.

Les baies et les jeunes pousses, préparées en infusion, ont des effets diurétiques, stomachiques et digestifs. Ils auraient été utilisés contre l'asthme.

Plus qu'un traitement des digestions très difficiles et des gaz intestinaux, les baies de genièvre sont ajoutées préventivement lors de la préparation des plats un peu lourds afin de faciliter leur digestion.

Un usage excessif du genévrier peut provoquer des troubles rénaux, de ce fait il ne doit pas être utilisé en cours de grossesse.

Ennemis

Tumeurs sur un genévrier commun

Les papillons de nuit (hétérocères) suivants se nourrissent de genévrier :

Maladies

Le genévrier est l'hôte principal de plusieurs maladies cryptogamiques appelées rouilles grillagées, dont la rouille grillagée du poirier qui a comme hôte secondaire le poirier auquel il cause de très importants dégâts au niveau des feuilles, des rameaux et des fruits.

Musée

À Hasselt en Belgique, existe le Musée national du genièvre[4].

Voir aussi

Articles connexes

Bibliographie

  • Le genévrier, de Nicolas Montès et Valérie Bertaudière-Montès, Actes Sud.
  • Mémoires d'un herboriste, de Didier Lanterborn, Équinoxe (ISBN 2-84135-423-7)
  • Guide des plantes sauvages comestibles et toxiques, de François Couplan et Eva Styner, Les guides du naturaliste, Delachaux et Niestlé (ISBN 2-603-00952-4)

Liens externes

Références

  1. François Couplan, Les plantes et leurs noms. Histoires insolites, Quae, , p. 44.
  2. Clé de détermination des conifères, SEVE de Nantes
  3. Couplan, François (2009) Le régal végétal : plantes sauvages comestibles ; Editions Ellebore, 527 pages.
  4. Site officiel
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