Rached Ghannouchi

Rached Ghannouchi (arabe : راشد الغنوشي), de son vrai nom Rached Kheriji (راشد الخريجي), né le à El Hamma, est un homme d'État tunisien.

Ne doit pas être confondu avec Mohamed Ghannouchi.

Rached Ghannouchi
راشد الغنوشي

Portrait de Rached Ghannouchi en 2017.
Fonctions
Président de l'Assemblée des représentants du peuple
En fonction depuis le
(1 an, 10 mois et 3 jours)
Élection 13 novembre 2019
Vice-président Samira Chaouachi
Tarek Fetiti
Législature IIe
Prédécesseur Abdelfattah Mourou (intérim)
Mohamed Ennaceur
Député de la première circonscription de Tunis
En fonction depuis le
(1 an, 10 mois et 3 jours)
Élection 6 octobre 2019
Législature IIe
Groupe politique Ennahdha
Président d'Ennahdha
En fonction depuis
(29 ans et 10 mois)
Prédécesseur Walid Bennani
Président du Mouvement de la tendance islamique

(2 ans et 9 mois)
Prédécesseur Hamadi Jebali
Successeur Salah Karker
Biographie
Nom de naissance Rached Kheriji
Date de naissance
Lieu de naissance El Hamma (Tunisie)
Nationalité tunisienne
soudanaise (?-après 2019)[1],[2]
Parti politique Ennahdha
Conjoint Fatma Ghannouchi
Enfants Mouadh Ghannouchi
Bara Ghannouchi
Tasnim Ghannouchi
Yusra Ghannouchi
Soumaya Ghannouchi
Intissar Ghannouchi
Entourage Rafik Abdessalem (gendre)
Diplômé de Université Zitouna
Université de Damas
Religion Islam

Présidents de l'Assemblée des représentants du peuple

Islamiste et anciennement lié au khomeinisme révolutionnaire[3],[4],[5], il est le chef d'Ennahdha, parti politique tunisien clandestin et organisation islamiste proche des Frères musulmans, il vit en exil à Londres du début des années 1990 jusqu'à son retour en Tunisie à la suite de la révolution tunisienne en 2011, événement qui marque la légalisation du parti. En 2019, il est élu président de l'Assemblée des représentants du peuple.

Biographie

Formation

Ghannouchi, né Rached Kheriji[6], commence une instruction religieuse en apprenant le Coran et les bases du fiqh. Une fois le Coran appris en entier, il suit son instruction primaire à El Hamma dans une école du type kabbenite. Cette école enseigne les langues arabe et française ainsi que les bases des sciences dures[7]. En découvrant que son fils Rached, à peine douze ans, commence à oublier le Coran, son père interrompt sa scolarité et le fait travailler dans les champs. Faute de moyen pour l'autoriser à reprendre ses études dans une école conforme à ses exigences, celui-ci attend que ses fils aînés terminent leurs études à la Zitouna et commencent à travailler. Après l'obtention d'un poste de juge par son aîné, le père de Rached peut enfin l'envoyer dans cette école[7]. Il s'installe à Tunis, en 1956, où il poursuit ses études à la Zitouna, jusqu'à l'obtention d'un diplôme en théologie, le tahsil, en 1962[8],[9]. Ce brevet lui permet d'exercer comme instituteur d'arabe dans les écoles primaires.

Avec seulement le tahsil, cycle qui clôt quatre années d'études après un cycle primaire nommé taahil (arabe : التأهيل), l'université tunisienne lui est interdite ; il envisage alors de partir à l'étranger pour poursuivre ses études. Il entame, pendant un an, des études de langue allemande au centre culturel allemand, en espérant que cela lui ouvre une porte vers l'Europe, mais en vain. Il devient, ensuite, instituteur à El Ksar[10] et y enseigne pendant un an. Il obtient un passeport et part pour l'Égypte en 1964, via la Libye, envisageant de poursuivre une formation à la faculté d'agriculture de l'université du Caire, d'autant plus qu'il est alors un admirateur du nassérisme. Mais, après plus de quatre mois de tentatives quotidiennes pour s'inscrire auprès de la faculté, il ne parvient pas à valider son inscription. Ghannouchi accuse Habib Bourguiba, via l'ambassade de Tunisie au Caire, d'être derrière ces refus[10]. Toutefois, conséquence du conflit politique entre Bourguiba et Salah Ben Youssef, l'ambassade interdit aux étudiants tunisiens de rester en Égypte ; Ghannouchi se rend alors à Damas, où il peut bénéficier d'une bourse d'étude accordée aux étudiants par Bourguiba[11]. Il entame des études de philosophie, qu'il interrompt quelques mois plus tard à la suite de la suspension de sa bourse[12],[13]. Faute d'argent, il part pour un voyage de six mois en Europe, visitant la Turquie, la Bulgarie, la Yougoslavie, l'Autriche, l'Allemagne et la France, vivant de petits boulots à chaque étape. Rached Ghannouchi considère cette expérience, dans un entretien avec François Burgat, comme un autre élément qui l'a « préparé à accepter la critique du nationalisme arabe comme n'étant pas islamique mais occidental »[14]. Puis il retourne à Damas, où il décroche un diplôme de philosophie[15].

C'est en 1967, au moment de la Guerre des Six Jours, que « la défaite est venue bien sûr apporter un soutien essentiel au discours islamiste » alors que, selon ses mots, sa « mutation (vers l'islamisme) s'était déjà opérée ». Il se solidarise alors avec des islamistes, rencontre les Frères musulmans, lit « les livres de Sayyid Qutb, ceux de Muhammad Qutb, Abû 'Ala al-Mawdûdi, Muhammad Iqbal, Malek Bennabi et quelques écrits anciens de Abù-l-Hamid al-Ghazâli et Ibn Taymiyya »[16]. En 1968, Ghannouchi se rend en France dans le but de poursuivre ses études à la Sorbonne. Il commence par des cours gratuits de perfectionnement de la langue française pour les étrangers à l'Alliance française. Là, il commence à militer parmi les étudiants arabes et musulmans et rejoint la Jamaat Tabligh. Il est alors actif dans les activités de prédication de l'organisation dans les quartiers peuplés d'immigrés nord-africains.

Il rentre au pays en 1969 et obtient un poste de professeur dans le secondaire, pour enseigner l'instruction civique et religieuse, sachant qu'à l'époque le diplôme du baccalauréat n'est pas indispensable pour cette matière et que cette fonction est souvent accordée aux anciens de la Zitouna. Plus tard, il devient enseignant de philosophie islamique, en langue arabe, dans un lycée du petit village de Mansoura, proche d'Essouassi[17] ; il exerce cette profession pendant dix ans[18].

Militantisme islamiste

Rached Ghannouchi en 1967.

Ghannouchi rentre en Tunisie où le président Bourguiba a pris des mesures tendant à la laïcisation de la société. Mais déjà, une nouvelle importance est accordée à l'instruction religieuse par Bourguiba, dans l'intention de contrer l'orientation marxisante du mouvement syndical et universitaire, après que « le député Youssef Rouissi, l'ingénieur Béchir Sadiki et le professeur de philosophie Hind Chelbi, tous trois affiliés au Parti socialiste destourien (PSD), demandent au régime d'accorder une place plus importante à la référence islamique. Ainsi, dès le début des années 1970, le régime autorise et lance la construction de mosquées dans les écoles et les usines, l'éducation religieuse devient une discipline à part entière dans les programmes scolaires, la consommation d'alcool est réglementée »[19],[20]. Le apparaît, dans ce contexte de progressive participation sociopolitique, l'Association pour la sauvegarde du Coran, créée par la direction du culte ; se retrouvent dans des locaux prêtés par le PSD les islamo-destouriens et les futurs dirigeants du parti islamiste, dont les principales figures sont Ghannouchi, Abdelfattah Mourou et Hmida Ennaifer[19]. Mourou et Ghannouchi commencent alors à prêcher dans les écoles secondaires, les universités et les mosquées avec un groupe de jeunes dont Habib Mokni, Salah Karker, Fadhel Beldi et Slaheddine Jourchi[21] qui vont former la Jamâa Al-Islamiya (« Groupe islamique »).

Cette association commence par organiser son congrès constitutif en avril 1972, dans une ferme de Mornag, bourgade située à une vingtaine de kilomètres au sud-ouest de Tunis[22]. Une quarantaine de militants prennent part à ce conclave clandestin[22], dans le but d'une participation politique plus combative, formant le cercle islamiste qui sera à la base de la formation, au début des années 1980, du Mouvement de la tendance islamique (MTI).

Les intellectuels du groupe commencent à s'exprimer publiquement dans les pages du mensuel Al-Maarifa dont le premier numéro paraît en 1974[22]. Le journal augmente son tirage jusqu'à 25 000 exemplaires en 1979 et, par ce biais, Ghannouchi accuse Bourguiba d'avoir fait le choix de la laïcité dans le seul but de s'opposer à l'islam[19]. Cet accroissement des polémiques s'explique aussi par la conjoncture internationale et l'affaiblissent du système du parti unique bourguibien, sur fond d'agitation syndicale et ouvrière après la chute politique du socialiste Ahmed Ben Salah. Rached Ghannouchi et les islamistes de Jamâa Al-Islamiya peuvent alors s'appuyer sur le discours du dirigeant libyen Mouammar Kadhafi qui appelle à l'unité arabe, soutenu en Tunisie par Mohamed Masmoudi et le réfugié palestinien Abou Iyad[23], et critiquer le retrait de Bourguiba des accords de Djerba, signés le , conduisant à une première interdiction du journal Al-Maarifa[24]. Toutefois Ghannouchi et ses alliés islamistes s'éloignent de la doctrine panarabe kadhafiste du moment que Kadhafi, comme déjà le président égyptien Nasser, est hostile aux Frères musulmans[24].

En 1977 intervient la première scission au sein de la Jamâa Al-Islamiya. Slaheddine Jourchi, l'un des fondateurs, représentant l'aile dite de « la gauche islamiste » quitte le mouvement. Ces islamistes modérés remettent en cause la doctrine rigide de Sayyid Qutb et Hassan el-Banna et par conséquent le projet entier des Frères musulmans comme solution pour la société tunisienne[21]. Jourchi fonde plus tard, avec Hmida Ennaifer, autre dissident de la mouvance islamiste, le mouvement des islamistes progressistes.

Dans les colonnes des journaux Al-Moujtamaa et Al-Habib, qu'ils parviennent aussi à contrôler dès 1978, les intellectuels islamistes commencent à aborder ouvertement la question de l'instauration d'un « État islamique »[22]. Créée au même moment par l'un des piliers du mouvement, Habib Mokni, la maison d'édition Dar al-Raya, basée dans la médina de Tunis, aide à diffuser l'idéologie des Frères musulmans parmi les lecteurs tunisiens[22]. Entretemps, les heurts sur les campus universitaires se multiplient : « Les prétextes sont divers : interruption des cours à l'heure des prières, tenues vestimentaires des femmes jugées non conformes aux préceptes de l'islam, non-respect du jeûne du ramadan. Peu à peu, les interventions des islamistes investissent tous les lieux sociaux. En septembre 1977, pour faire respecter le jeûne du ramadan, les islamistes manifestent à Sfax et ferment cafés et restaurants après les avoir détruits »[19].

Roland Jacquard fait de Rached Ghannouchi un « inspirateur » d'actes violents commis au nom de l'islamisme qui refuse de se déclarer ouvertement : « Selon la plupart des services de renseignement occidentaux, ces prédicateurs, qui inspirent la conduite de la nébuleuse islamique, mais qui refusent de s'affirmer en tant que chefs, sont aujourd'hui au nombre de six : Omar Abdul Rahmane, Mohamed Hussein Fadlallah, Ghannouchi, Gulbulddine Hekmatyar, Hassan al-Tourabi et le mollah Omar »[25].

Conflits avec le pouvoir

Rached Ghannouchi lors d'un meeting.

À cause de son implication dans la violence et le terrorisme[26], comme l'incendie d'institutions éducatives dans le but de paralyser l'université et de la prendre en otage (rapporté par la Ligue tunisienne des droits de l'homme), actes de vitriolage contre l'imam de la mosquée du Kram et contre un gardien de la paix de la région de Jendouba, le mouvement est rapidement la cible de la répression et Ghannouchi est conduit à plusieurs reprises devant les tribunaux. Condamné à onze ans de prison (trois ans purgés) en 1981, amnistié en août 1984 et retourné ensuite à la lutte intestine[22], il est à nouveau condamné aux travaux forcés à perpétuité le [27]. Néanmoins, cette condamnation n'est pas considérée comme suffisante par le président Bourguiba qui ordonne un nouveau procès destiné à obtenir la peine de mort[22]. Il n'a pas lieu en raison de la destitution de Bourguiba, Ghannouchi étant gracié par le nouveau président Zine el-Abidine Ben Ali le [28]. En remerciement, il lui exprime sa confiance dans une interview publiée le 17 juillet par le journal Assabah[29]. Par ailleurs, il rejette la violence, promet que les islamistes ne s'infiltreront plus dans l'armée et la police et reconnaît le Code du statut personnel comme étant « dans l'ensemble [...] un cadre propre à organiser les relations familiales »[30]. En effet, Salah Karker, l'un des hauts dirigeants d'Ennahdha, a reconnu que l'organisation avait commandé un coup d'État pour le en infiltrant l'armée :

« Les sympathisants du MTI au sein de l'armée préparaient un coup d'État, prévu pour le suivant. Cette décision a été adoptée par le bureau politique du mouvement islamiste [...] Nous n'avions pas d'autre issue [...] le régime nous avait déclaré la guerre[31]. »

En 1994, Ghannouchi explique cette tentative de coup d'État de la manière suivante :

« Quant à la tentative [de coup d'État] militaire, elle n'était qu'une initiative pour faire face à un régime qui avait déclaré qu'il voulait éradiquer le mouvement [...] Ce plan [de tentative de coup d'État] s'est mis en route en dehors du mouvement et en l'absence de la plupart de ses institutions, bien que certains éléments de la direction y aient pris part[32]. »

Face au nouveau contexte politique, il dépose début 1989 une demande pour légaliser le MTI, devenu plus tard Ennahdha[33], mais celle-ci est refusée en juin de la même année[34].

Exil

En conflit avec Sadok Chourou pour la présidence d'Ennahdha, que ce dernier refuse de lui céder après son élection lors d'un congrès[35], et confronté à la nomination au ministère de l'Éducation, le , du juriste et président-fondateur de la Ligue tunisienne des droits de l'homme, Mohamed Charfi, opposé au projet islamiste, Ghannouchi s'exile à Alger le . À la suite du coup d'État d'Omar el-Bechir au Soudan, il se rend à Khartoum, où il est reçu par l'islamiste Hassan al-Tourabi, dirigeant des Frères musulmans soudanais. Ghannouchi adopte progressivement l'idéologie de Tourabi sur le panislamisme, dont le Soudan est devenu le bastion pendant les années 1990, et cite l'exemple du Soudan comme une réussite de l'islam politique pendant de longues années, avant de changer sa pensée politique, à la suite de la déroute de l'expérience soudanaise, et se tourne vers la Turquie et son chef Recep Tayyip Erdoğan[36]. Dans un discours, prononcé à Khartoum le , et à la suite de l'invasion du Koweït par l'Irak, il appelle « à la destruction des intérêts, partout dans le monde, de tout pays qui projette de s'attaquer à l'Iraq »[37]. Il obtient un passeport soudanais[1] qui lui permet de voyager et ne le rend que lorsqu'il obtient l'asile politique au Royaume-Uni. Il se retrouve à nouveau à la tête d'Ennahdha en novembre 1991[38],[39]. La même année, il s'installe à Acton, dans la banlieue ouest de Londres, et obtient le statut de réfugié politique en août 1993. Entre-temps, le tribunal militaire de Tunis le condamne par contumace, le , comme d'autres dirigeants du mouvement à la détention à perpétuité pour complot contre le président[40].

À la fin des années 1990, la direction connaît des dissensions opposant Abdelfattah Mourou, cofondateur du mouvement et partisan de la normalisation, à Ghannouchi[41]. Le journal Le Monde signale, en , la démission d'un membre du bureau politique du mouvement Ennahdha résidant à l'étranger, Fouad Mansour Kacem, candidat aux élections législatives d'avril 1989 dans la région de Tunis : « M. Kacem reproche à son chef, Rached Ghannouchi, de manquer de méthode claire « de préférer la force à la raison », de tenir des discours enflammés [sic], irresponsables et non réalistes dont l'affrontement avec le pouvoir ayant entraîné l'emprisonnement et l'exil de beaucoup d'autres »[42].

L'entrée de plusieurs pays, dont les États-Unis, l'Égypte et le Liban, lui sont interdites. En mars 1995, il est expulsé du territoire espagnol[43].

À partir de 2005, Ghannouchi est de plus en plus ouvertement contesté au sein de son mouvement. Cette contestation met en opposition la ligne du chef d'Ennahdha, qui prône l'opposition frontale au régime de Ben Ali, à la ligne de la « réconciliation nationale » prôné aussi bien par une partie des troupes nahdhaouis que par des figures historiques du mouvement comme Mourou et Doulatli[44].

Retour en Tunisie

Le , il rejoint pour la première fois son pays d'origine après la chute du régime de Zine el-Abidine Ben Ali. Il déclare ne pas être candidat à la présidentielle, ni à aucun autre poste de responsabilité politique, la priorité étant la reconstruction d'Ennahdha. Il reste flou quant à ses intentions aux élections législatives[45].

Après l'élection de l'assemblée constituante, le , il déclare que s'il ne lui reste plus rien à faire en Tunisie, le monde musulman est vaste et qu'il pourrait y jouer un rôle en tant que vice-président de l'organisation mondiale des savants musulmans[46].

Rached Ghannouchi en visite en Libye en décembre 2011, accompagné d'Ali al-Sallabi (en) (à sa droite), l'un des principaux leaders islamistes libyens.

Cependant, après la victoire d'Ennahdha aux élections, Rached Ghannouchi multiplie les visites dans les pays voisins (Algérie[47] et Libye[48]) et au Qatar[49] — où il est à chaque fois reçu par les plus hauts responsables de ces pays — ainsi qu'aux États-Unis[50]. En Libye, il s'affiche avec l'ancien responsable d'Al-Qaïda à Bagdad, Abdelhakim Belhadj[51] et qu'il revoit un an après lors de l'hospitalisation de ce dernier à Tunis[52]. Il prend aussi une position claire en faveur du Conseil national syrien[53].

Au terme du congrès du parti, tenu du 12 au , Ghannouchi est confirmé comme président du nouveau bureau exécutif. À partir de la création du mouvement islamique en Tunisie, en 1972, et jusqu'en 2014, Ghannouchi en est le chef pendant 34 ans[35].

À l'occasion des élections législatives du 6 octobre 2019, il est élu député de la première circonscription de Tunis[54]. Le 13 novembre, il est élu président de l'Assemblée des représentants du peuple[55],[56].

Débat politique et controverses

Malgré la reconnaissance officielle de son parti, son rôle dominant sur la scène politique du pays est le sujet de controverses politiques[57], notamment après les déclarations favorables de son chef vis-à-vis du mouvement islamiste palestinien du Hamas[58], ainsi que la protection assurée à la Ligue de protection de la révolution[59], dénoncée par l'opposition et les médias comme une milice à la solde d'Ennahdha, répressive de la liberté d'opinion, de réunion et d'information[60],[61],[62].

Le , Jeune Afrique par la plume de Marwane Ben Yahmed, faisant suite au malaise politique et aux polémiques suivant l'assassinat de l'avocat et défenseur de la laïcité Chokri Belaïd, prend position et publie un article de dénonciation intitulé Rached Ghannouchi, l'homme qui a trahi la révolution tunisienne[63].

Dans le contexte du conflit armé opposant au Djebel Chambi, près de la frontière entre l'Algérie et la Tunisie, les forces de l'ordre à des membres de la mouvance terroriste djihadiste, ses déclarations sont pointées du doigt pour leur ambiguïté morale face au salafisme djihadiste[64],[65],[66]. Parlant des salafistes, et notamment des djihadistes d'Ansar al-Charia, Ghannouchi affirme dans une vidéo publiée début 2012 sur les réseaux sociaux que « la majorité des salafistes sont porteurs d'une nouvelle culture et qu'ils ne sont pas une menace pour la sécurité du pays »[67]. L'organisation Ansar al-Charia a pu se développer dans toutes les régions de la Tunisie pendant la période où Ennahdha préside le gouvernement, de décembre 2011 à août 2013, date où le gouvernent classe ce mouvement en tant qu'organisation terroriste[68]. Une vidéo de Ghannouchi, diffusée en , explique avec beaucoup de détails la relation qu'entretient Ghannouchi avec les salafistes. Malgré le fait qu'Ennahdha est au pouvoir pendant la période de transition, il demande de la patience aux salafistes et argumente que « les médias, l'économie, l'administration sont aux mains des laïcs. L'armée n'est pas garantie [à Ennahdha] et la police n'est pas garantie » et conclut que l'appareil d'État est encore entre leurs mains[69]. Jusqu'à sa sortie du gouvernement, en janvier 2014, le parti de Ghannouchi n'a pu réaliser l'objectif de toute organisation, issue des Frères musulmans et qui arrive au pouvoir, qui consiste à une emprise sans partage sur l'appareil d'État et la domestication de tous les contre-pouvoirs existants. Ce projet s'appelle tamkin[70] (arabe : التمكين) et fait partie de l'idéologie des Frères musulmans[71] ; ce projet consiste en l'islamisation complète de la société et à l'installation définitive du parti islamiste au pouvoir. Certains objectifs consistent en :

  • l'infiltration des couches populaires à travers les mosquées, les prédicateurs et le contact direct afin de les mobiliser en soutien au mouvement islamiste dans les manifestations, les mobilisations populaires et les élections ;
  • la mainmise sur tous les appareils stratégiques de l'État comme les médias, la justice, la police, l'armée et la haute administration (islamisation de l'État) ;
  • une alliance objective avec les pays occidentaux sur des objectifs non avoués qui leur permettent d'avoir le champ libre pour mener leur politique à l'interne[72].

Lors de l'attaque terroriste conduisant à la mort et à la mutilation de huit soldats de l'armée tunisienne, survenue le au Djebel Chambi, ses responsabilités, au sein d'Ennahdha, dans la manipulation de l'affaire par les chaînes satellitaires Zitouna TV et Al Moutawasset provoquent de vives condamnations de la part des autorités et de la presse algériennes[73]. Le , le journal syrien Al-Watan annonce que la Syrie a constitué des dossiers à charge contre le gouvernement tunisien, qu'elle va porter devant le Conseil de sécurité des Nations unies et la Cour internationale de justice, visant entre autres Ghannouchi pour avoir organisé un réseau de djhadistes tunisiens partant combattre en Syrie[74].

Rached Ghannouchi avec Zhang Dejiang à Pékin en 2014.

Les ouvrages de Rached Ghannouchi font l'objet de critiques de fond sur sa pensée anti-progressiste et stigmatisant la laïcité, comme de la part du libre penseur et théologien Mohamed Talbi, qui considère que son appel à la démocratie n'est pas sincère car il est un salafiste, et le salafisme et la démocratie ne peuvent pas être compatibles[75]. L'écrivain et ancien professeur à la faculté des sciences de Tunis, Larbi Bouguerra, critique la thèse de son livre La femme dans le Coran et le vécu des musulmans (1984) : « Le texte, qui attribue au bourguibisme tous les défauts et notamment le dévergondage et les mœurs dissolues, affirme que pour redresser la barre et sauver le pays du stupre, le courant islamiste « s'oppose avec force au travail féminin hors du foyer et à la mixité dans les établissements d'éducation ». Pour faire bonne mesure, il prône la polygamie, « un devoir religieux et non un remède exceptionnel » tient-il à souligner »[76].

À la suite de l'attentat du musée du Bardo en , Ghannouchi publie un article dans le journal Le Monde intitulé « Musulmans modérés et laïcs, tous unis contre le terrorisme ! » et faisant l'amalgame entre islamistes et musulmans. Il oppose, volontairement, les « musulmans modérés » aux « laïcs », laissant croire que ces derniers ne sont pas de « bons musulmans »[77]. En mai 2016, à la suite d'un entretien accordé au journal Le Monde, le leader du parti Ennahda déclare qu'« il n'y a plus de justification à l'islam politique en Tunisie »[78], dans un contexte post-révolutionnaire où le débat identitaire et religieux s'est imposé.

Le , Rached Ghannouchi crée la polémique en affirmant dans le quotidien de langue arabe Al-Quds al-Arabi, que « Daech représente l'islam en colère » et précise que « lorsqu'on est en colère, on peut se laisser aller jusqu'à commettre des folies »[79],[80]. Ces propos provoquent la colère de certains responsables des unités spécialisées dans la lutte contre le terrorisme. Un cadre sécuritaire précise que « dans l'esprit des extrémistes, les sécuritaires combattent des musulmans voire l'islam et justifient le qualificatif de tâghoût (ceux qui transgressent le droit divin) que nous collent les terroristes. Cela conforte les éléments terroristes dans leur extrémisme, qui serait une simple colère, et nous met concrètement en danger »[81]. Rached Ghannouchi fait à nouveau l'amalgame entre islamistes et musulmans et tente, vainement, de blanchir les daéchiens[82].

En août 2017, lors d'une émission télévisée, Rached Ghannouchi annonce qu'il ne souhaite pas que le chef du gouvernement, Youssef Chahed, se porte candidat à la présidentielle de 2019[83]. Cette déclaration, qui « presse Youssef Chahed à annoncer sa non-candidature à la présidentielle de 2019 », lance un débat autour de la candidature de ce dernier.

En avril 2018, il déclare qu'Ennahdha est désormais un parti démocratique qui n'a pas de prétentions hégémoniques[84].

Le , le député du parti Tahia Tounes Walid Jalled appelle la justice à ouvrir une enquête après que Noureddine Bhiri, figure d'Ennandha, ait indiqué la veille que de présumés fonds émiratis auraient été distribués aux députés pour retirer la confiance à Rached Ghannouchi en tant que président de l'Assemblée des représentants du peuple, dans le cadre d'un plan « visant à détruire le système politique tunisien »[85].

Selon le journal Al-Anwar, Rached Ghannouchi détiendrait une fortune estimée à 2 700 millions de dinars (environ 819 millions d'euros) ; il posséderait des comptes en Suisse ainsi que des participations dans trois entreprises en France. Ennahdha répond qu'aucune preuve factuelle n'est avancée et dénonce des accusations diffamatoires[86].

Vie privée

Rached Ghannouchi est marié avec une Tunisienne prénommée Fatma[15]. De cette union, sont nées deux garçons et quatre filles :

Les membres de la famille Ghannouchi vivent en Tunisie jusqu'en 1991, année où ils franchissent illégalement la frontière de nuit vers l'Algérie. Après deux ans de séjour, ils rejoignent leur père, Rached, au Royaume-Uni, où il obtient le statut de réfugié politique et vit à Ealing, à l'ouest de Londres[15],[97].

On attribue également à Rached Ghannouchi une deuxième épouse d'origine soudanaise[98].

Distinctions

Prix Chattam House décerné en 2012

Publications

  • (ar) La question palestinienne à la croisée des chemins (القضية الفلسطينية في مفترق الطرق) ;
  • (ar) Le droit de la différence et le devoir d'unité (حق الاختلاف و واجب وحدة الصف) ;
  • (ar) Notre chemin vers la civilisation (طريقنا إلى الحضارة), Beyrouth, Dar el Marefah, 1975
  • (ar) Nous et l'Occident (نحن و الغرب) ;
  • (ar) Rébellion sur le silence (تمرد على الصمت) ;
  • (ar) Les libertés publiques dans l'État islamique (الحريات العامة في الدولة الإسلامية), Beyrouth, Centre d'études de l'unité arabe, 1993
  • (ar) Droits de la citoyenneté : les droits des non-musulmans dans la communauté islamique (حقوق المواطنة: حقوق غير المسلم في المجتمع الإسلامي), Herndon, International Institute of Islamic Thought, 1993 (ISBN 9781565641013) ;
  • (ar) Le destin chez Ibn Taymiyya (القدر عند ابن تيمية), Londres, Maghreb center for Research and translation, 1999
  • (ar) Approches de la laïcité et de la société civile (مقاربات في العلمانية و المجتمع المدني), Londres, Maghreb Center for Research and Translation, 1999
  • (ar) La femme entre le Coran et la réalité des musulmans (المرأة بين القرآن و واقع المسلمين), Londres, Maghreb Center for Research and Translation, 2000
  • (ar) Le mouvement islamique et la question du changement (الحركة الإسلامية و مسألة التغيير), Londres, Maghreb Center for Research and Translation, 2000
  • (ar) De l'expérience du mouvement islamique en Tunisie (من تجربة الحركة الإسلامية في تونس), Londres, Maghreb Center for Research and Translation, 2001
  • (ar) La marche de l'éveil islamique (مسيرة الصحوة الإسلامية), Djeddah, Raya Center for Intellectual Development, 2005
  • (ar) Rébellion contre l'interdit : critique du silence et révélation du silence (تمرد على الممنوع : نقد الصمت و البوح بالمسكوت عنه) [entretien avec Houssem Chérif], Doha, Bila Houdoud, 2005
  • (ar) La modération politique de l'imam Youssef al-Qaradâwî (الوسطية السياسية عند الإمام يوسف القرضاوي), Damas, Al Naqed Center, 2009
  • (ar) La démocratie et les droits de l'homme en islam (الديمقراطية و حقوق الإنسان في الإسلام), Doha, Arab Scientific Publishers/Al Jazeera Centre for Studies, 2012 (ISBN 9786140103139).
  • Au sujet de l'Islam [entretien avec Olivier Ravanello], Paris, Plon, 2015[107]

Bibliographie

  • Nicolas Beau, « Rached Ghannouchi : penseur et tribun », Les Cahiers de l'Orient, no 27, juillet-, p. 45-52
  • Azzam Tamimi[108], Rachid Ghannouchi: a democrat within Islamism, Oxford, Oxford University Press, 2001

Notes et références

  1. Jacques Girardon, « Rached Ghannouchi : "pourquoi je suis islamiste" », L'Express, 29 avril 1993.
  2. « Soudan : le gouvernement annule plus de 3 500 passeports », Radio France internationale, 12 décembre 2020.
  3. [PDF] J. Loiselet, « Réunion du Centre pour l'Étude du Monde Arabe Moderne (CENAM) du . le Mouvement de la tendance islamique en Tunisie » (version du 21 août 2017 sur l'Internet Archive) : « L'établissement de la république islamique en Iran sous la conduite de Khomeiny et des ulémas est l'exemple à suivre et la preuve que l'établissement d'une véritable République Islamique est possible ».
  4. Son engagement révolutionnaire est illustré matériellement par l'escalade politico-diplomatique de 1987 faisant suite à la répression du Mouvement de la tendance islamique, parti dont Ghannouchi est le chef, et aboutissant à la rupture par le gouvernement tunisien des relations diplomatiques avec l'Iran, le 26 mars 1987. Ghannouchi est jugé et condamné sous l'accusation principale de « collusion avec un État étranger, tentative de renversement du régime, appel à la sédition et diffamation du chef de l'État » selon Asma Làrif-Béatrix, « Chronique tunisienne », Annuaire de l'Afrique du Nord, tome XXVI, 1987, p. 649-650.
  5. Idéologiquement, Rached Ghannouchi a produit des articles pro-Khomeini, rassemblés dans le livre Le mouvement de l'Imam Khomeiny et la résurrection de l'Islam, publié en persan par la maison d'édition Etelaat en 1993.
  6. (ar) « Demande d'agrément d'Ennahdha », Elaph, 2 février 2011.
  7. (ar) Saïd Jaab El Kheir, « L'histoire secrète du mouvement Ennahdha », Ouled Sidi, 31 octobre 2011.
  8. (ar) Rached Ghannouchi, « De l'expérience du mouvement islamiste en Tunisie », paragraphe I « Du village vers la Zitouna », Wiki des frères musulmans, 2011.
  9. (ar) Profil de Rached Ghannouchi (Al Jazeera).
  10. (ar) Saïd Jaab El Kheir, « Le rêve de Ghannouchi d'un modèle de société orientale évaporé devant la réalité du monde arabe », Ouled Sidi, 13 novembre 2011.
  11. « Lorsque Bourguiba fit son célèbre voyage au Machreq après qu'eut lieu la réconciliation, nous sommes allés le rencontrer à Beyrouth. Les non boursiers lui ont demandé l'attribution d'une bourse pour tous, qu'il leur a accordée de fait lors de son célèbre discours d'Ariha. On a donc tous bénéficié de la bourse tunisienne un certain temps » selon François Burgat, « Rachid Ghannuchi : islam, nationalisme et islamisme (entretien) », Égypte/Monde arabe, première série « Partage de l'eau dans le monde arabe », n°10, 1992, p. 109-122, paragraphe 25.
  12. « Rached Ghannouchi remonte aux origines d'Ennahdha », GlobalNet, 20 mars 2011.
  13. François Burgat, « Rachid Ghannuchi : islam, nationalisme et islamisme (entretien) », paragraphe 36.
  14. François Burgat, « Rachid Ghannuchi : islam, nationalisme et islamisme (entretien) », paragraphe 36
  15. Abdelaziz Barrouhi, « Le mystérieux monsieur Ghannouchi », Jeune Afrique, 24 novembre 2011.
  16. François Burgat, « Rachid Ghannuchi : islam, nationalisme et islamisme (entretien) », paragraphes 39-41
  17. « Entretien Youssef Essedik et Rached Ghannouchi », Shems FM, 13 juillet 2012.
  18. Catherine Gouëset, « Ce que l'islamisme représente en Tunisie », L'Express, 19 janvier 2011.
  19. Clément Guillemot, « L'islamisme tunisien d'Ennahdha : d'une mouvance révolutionnaire à un parti politique légaliste. Partie 1 : la naissance de l'islamisme politique sous Habib Bourguiba », Les Clés du Moyen-Orient, 5 juillet 2012.
  20. « En Tunisie, également, le pouvoir modernisateur et laïcisant utilisa l'islamisme émergent pour contrer la gauche marxiste » selon Laurent et Annie Chabry, Identités et stratégies politiques dans le monde arabo-musulman, Paris, L'Harmattan, 2001, p. 424.
  21. « Slaheddine Jourchi : « les indépendants et la société civile doivent peser de tout leur poids » », Leaders, 12 septembre 2011.
  22. Ridha Kéfi « Comment les islamistes ont été vaincus », Jeune Afrique, 11 mai 1999.
  23. [PDF] Tahar Belkhodja, Les trois décennies Bourguiba. Témoignage, Paris, Publisud, 1998, p. 138-141 et suiv..
  24. [PDF] François Burgat, « L'islamisme dans les relations interarabes », Annuaire de l'Afrique du Nord, tome XXIV, 1985, p. 32.
  25. Roland Jacquard, Au nom d'Oussama Ben Laden : dossier secret sur le terroriste le plus recherché du monde, Paris, Jean Picollec, , 400 p. (ISBN 2-7028-6814-2), p. 186-188.
  26. Le terrorisme du Mouvement de la tendance islamique, dont Rached Ghannouchi est le président, est condamné dans le Rapport de la Cour fédérale du Canada du 24 septembre 2001 sur l'affaire Mohamed Zrig (dossier IMM-601-00) (paragraphe 55) : « Concernant le terrorisme du MTI/Ennahda, le défendeur renvoie aux crimes suivants commis par le MTI/Ennahda : utilisation de cocktails molotov, acide projeté au visage d'individus, agressions physiques dans les lycées et les universités, lettres de menaces, attentats à la bombe en France en 1986, à Sousse et Monastir, ainsi que ceux en 1990-91, incluant celui à Bab Souika ».
  27. Jean-Pierre Langellier, « M. Rached Ghannouchi. Idéologue et tribun », Le Monde, 29 septembre 1987.
  28. « Un geste en direction des islamistes. Le président Ben Ali a gracié M. Ghannouchi », Le Monde, 17 mai 1988.
  29. Michel Deure, « L'émir des islamistes exprime sa confiance en M. Ben Ali », Le Monde, 17 mai 1988.
  30. Sadri Khiari, Tunisie, le délitement de la cité : coercition, consentement, résistance, Paris, Karthala, coll. « Les Afriques », , 202 p. (ISBN 2-84586-401-9, notice BnF no FRBNF39031048, lire en ligne), p. 29.
  31. Nicolas Beau et Jean-Pierre Tuquoi, Notre ami Ben Ali : l'envers du miracle tunisien, Paris, La Découverte, , 256 p. (ISBN 2-7071-3710-3), p. 41.
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  33. Michel Deure, « Les islamistes ont demandé l'autorisation de se constituer en parti », Le Monde, 19 février 1989.
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  35. Sami Ben Abdallah, « Rached Ghannouchi et Sadok Chourou : le conflit de 1988 », Blog de Sami Ben Abdallah, 30 novembre 2011.
  36. René Naba, « Égypte : les Frères Musulmans au seuil du pouvoir », En point de Mire, 5 février 2012.
  37. (ar) [vidéo] Discours de Ghannouchi à Khartoum, séquence entre 0.00 min et 0.06 min, 30 août 1990 sur YouTube.
  38. En effet, de 1972 à 2011, Ennahdha connaît treize présidents, douze pendant huit ans et un seul président, Rached Ghannouchi, pendant 31 ans. Sa nouvelle présidence est contestée par Abdelfattah Mourou du fait qu'il ne réside pas en Tunisie selon Sami Ben Abdallah, « Rached Ghannouchi, un si long règne », Blog de Sami Ben Abdallah, 18 novembre 2011.
  39. Michel Deure, « Le mouvement islamiste Ennahdha s'est doté d'une nouvelle direction », Le Monde, 3 mai 1991.
  40. Michel Deure, « Une trentaine d'islamistes sont condamnés à la prison à vie », Le Monde, 29 août 1992.
  41. Sophie Boukhari, « Rached Ghannouchi a toujours refusé de dialoguer. Il a choisi le recours à la violence », Jeune Afrique, 12 juin 1991.
  42. « Selon un quotidien saoudien. Démission d'un responsable du mouvement islamiste tunisien », Le Monde, 11 août 1994.
  43. Julien Alineg, « Le Tunisien Rached Ghannouchi, ou le retour de l'islamisme », Le Huffington Post, 15 juin 2011.
  44. Fatima Kabba, « Rached Ghannouchi contesté », Le Maghrébin, no 2, 11 septembre 2006, repris par le site reveiltunisien.org, 20 septembre 2006.
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  46. Isabelle Mandraud, « Les priorités politiques du nouvel homme fort de Tunisie », Le Monde, 28 octobre 2011.
  47. « Rached Ghannouchi reçu par Abdelaziz Bouteflika à Alger », GlobalNet, 21 novembre 2011.
  48. « Tunisie - Rached Ghannouchi en Libye pour trouver une solution à Ras Jedir », Business News, 11 décembre 2011.
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  50. Fatma Benmosbah, « Rached Ghannouchi et le sionisme aux épices tunisiennes », Kapitalis, 13 décembre 2011.
  51. « Résumé des accusations qui accablent Abdelhakim Belhaj invité d'honneur d'Ennahdha », Tunisie numérique, 2 octobre 2013.
  52. « Un des principaux chefs de l'insurrection libyenne hospitalisé en Tunisie », Leaders, 19 décembre 2012.
  53. Fatma Benmosbah, « Présence du CNS enTunisie, entre traîtrise et servitude », Libnanews, 17 décembre 2011.
  54. « Législatives 2019 : Voici la liste des 217 députés de la prochaine Assemblée », Directinfo, 10 octobre 2019.
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  57. Noureddine Hlaoui, « Le destin de 11 millions de Tunisiens, otage du majlis de la choura d'Ennahdha », Business News, 21 février 2013.
  58. « Tunisie : Ghannouchi offre son hospitalité au Hamas ! », Islamic Republic of Iran Broadcasting, 7 août 2012.
  59. « Ce qui est clair pour tout le monde est que ces ligues jouissent de la protection du parti au pouvoir qui s'oppose à leur dissolution et qui sous-estime à chaque fois leur recours à la violence » selon « Rached Ghannouchi : la dissolution des LPR n'est pas l'affaire des politiques », L'Économiste maghrébin, 15 mai 2013.
  60. Frida Dahmani, « Tunisie : ces milices qui vous veulent du bien », Jeune Afrique, 28 janvier 2013.
  61. « La Ligue de protection de la révolution : le bras armé d'Ennahdha ? », France Inter, 12 novembre 2012.
  62. « Tunisie : la Ligue de protection de la révolution, milice honnie des laïcs », Agence France-Presse, 16 février 2013.
  63. « Depuis son arrivée au pouvoir, dans l'ombre, Ghannouchi s'est évertué à ouvrir plusieurs fronts. Une guérilla permanente. Ennahdha bloque des articles de la Constitution, refuse d'inscrire les droits universels dans la loi fondamentale, tergiverse sur la charia ou le statut des femmes, stigmatise l'opposition, rêve d'anéantir le parti qui a le vent en poupe, Nida Tounes, fondé par l'ancien Premier ministre Béji Caïd Essebsi, s'en prend aux médias, aux laïcs, aux artistes, instrumentalise le débat identitaire et utilise la religion pour traiter de mécréants tous ceux qui s'opposent à lui » selon Marwane Ben Yahmed, « Rached Ghannouchi, l'homme qui a trahi la révolution tunisienne », Jeune Afrique, 25 février 2013.
  64. Hafawa Rebhi, « La Tunisie n'est pas une terre de jihad et les terroristes de Jebel Chaambi ne sont que des jeunes impétueux », L'Économiste maghrébin, 9 mai 2013.
  65. « Les masques sont tombés : le projet de Ghannouchi pour la Tunisie se résume à l'instauration d'une théocratie qu'il convient de bâtir méthodiquement, pierre après pierre, comme il l'a lui-même expliqué à des salafistes impatients. Des propos révélés il y a quelques mois par deux vidéos qui ont fait le tour de la Toile » selon Marwane Ben Yahmed, « Rached Ghannouchi, l'homme qui a trahi la révolution tunisienne », Jeune Afrique, 25 février 2013.
  66. Marc Daou, « Filmé à son insu, Rached Ghannouchi tombe le masque », France 24, 11 octobre 2012.
  67. (ar) [vidéo] Rached Ghannouchi : les salafistes sont porteurs d'une nouvelle culture, séquence entre 0.40 min et 0.55 min, février 2012 sur YouTube.
  68. « Terrorisme : les demi-mensonges de Rached Ghannouchi », Kapitalis, 8 août 2014.
  69. (ar) [vidéo] Rached Ghannouchi : la police n'est pas garantie, l'armée n'est pas garantie, 10 octobre 2012 sur YouTube
  70. Terme traduit en français par empowerment, mot d'origine anglophone, mais qui dans la terminologie des Frères musulmans prend en plus une dimension religieuse en faisant référence au Coran, notamment les « versets 5 et 6 de la sourate 28 », traduction en français réalisée par Muhammad Hamidullah, Paris, Club français du livre, 1959.
  71. (ar) Nabil Charafeddine, « Les frères ont commencé l'étape du tamkin », Le Septième jour, 22 décembre 2012.
  72. Adnan Limam, « Ennahdha : du rêve califal au risque carcéral », Tunis Tribune, date inconnue.
  73. « Ghannouchi et son parti n'ont pas trouvé mieux que d'actionner des organisations et des relais médiatiques qui leur sont acquis pour accuser ouvertement l'Algérie d'être « l'inspiratrice » de ces attaques meurtrières » selon Brahim Takheroubt, « Ghannouchi franchit la ligne rouge », L'Expression, 1er août 2013.
  74. Karim Zmerli, « La Syrie portera plainte contre la Tunisie devant le Tribunal de la Haye », Tunisie Secret, 18 juin 2013.
  75. « Je considère que cet appel n'est pas sincère, parce qu'il est salafiste. Et le salafisme et la démocratie ne se rencontrent jamais » selon « Tunisie - Rached Ghannouchi, un salafiste refoulé et démasqué ? », Slate Afrique, 11 octobre 2012.
  76. Mohamed Larbi Bouguerra, « Qu'il est instructif de lire les œuvres de M. Rached Ghannouchi ! », Leaders, 14 août 2012.
  77. Rached Ghannouchi, « Musulmans modérés et laïcs unis contre le terrorisme en Tunisie ! », Le Monde, 26 mars 2015.
  78. « Rached Ghannouchi : « Il n'y a plus de justification à l'islam politique en Tunisie » », Le Monde, 19 mai 2016.
  79. Yassine Bellamine, « Rached Ghannouchi estime que l'État Islamique est "l'image d'un islam en colère", le parti réagit », Al Huffington Post, 17 octobre 2016.
  80. (ar) « Rached Ghannouchi : quand l'Iran et les autres comprendront que le basculement de l'Irak et de la Syrie vers le chiisme est impossible alors il ne restera plus de place pour les fous dans ces pays », Al-Quds al-Arabi, 13 octobre 2016.
  81. « Ghannouchi accusé d'entraver le travail des unités antiterroristes », Kapitalis, 19 octobre 2016.
  82. Jomâa Assâad, « Un infréquentable co-président nommé Rached Ghannouchi », Kapitalis, 14 octobre 2016.
  83. « Pour Ghannouchi, Chahed ne devrait pas se présenter aux présidentielles de 2019 », L'Économiste maghrébin, 2 août 2017.
  84. Frida Dahmani, « Rached Ghannouchi : "Ennahdha n'a pas de prétentions hégémoniques" », Jeune Afrique, 5 avril 2018.
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  104. « Rached Gannouchi, prix Gandhi pour la Paix », Espace Manager, 6 novembre 2016.
  105. « Rached Ghannouchi sera fait « docteur honoris causa » de l'université islamique de Malaisie », Espace Manager, 12 juillet 2017.
  106. « Six Tunisiens parmi les 122 leaders d'opinion arabes, selon Global Influence », Al Huffington Post, 17 janvier 2018.
  107. Entretiens d’Olivier Ravanello avec Rached Ghannouchi, Leaders, 27 avril 2015.
  108. Azzam Tamimi est un islamiste palestinien, directeur de l'Observatoire islamique de Londres. Il a été l'interprète de Ghannouchi au Royaume-Uni dans les années 1990.

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