La Guillotière

La Guillotière est un quartier de la ville de Lyon, situé sur la rive gauche du Rhône. Le quartier est essentiellement situé dans le 7e arrondissement et s'étend aussi sur le 3e arrondissement vers la place Gabriel-Péri (ex-place du Pont). Ce quartier est caractérisé par sa mixité sociale et ethnique.

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La Guillotière

Place Gabriel-Péri : immeuble et tramway.
Administration
Pays France
Région Auvergne-Rhône-Alpes
Métropole Métropole de Lyon
Ville Lyon
Géographie
Coordonnées 45° 45′ 19″ nord, 4° 50′ 35″ est
Transport
Métro   : Guillotière - Gabriel Péri
Localisation
Géolocalisation sur la carte : Lyon
La Guillotière

    Le quartier actuel ne couvre qu'une petite partie de l'ancienne commune de La Guillotière, entièrement rattachée à la ville de Lyon le et qui s'étendait sur les actuels 3e, 6e, 7e et 8e arrondissements.

    Étymologie

    L’origine du nom de la Guillotière est mal connue. Plusieurs explications existent : l'association de deux noms d'aubergistes Guillot et Thiers, des grelots et des sonnettes des mulets nommés grillets selon Guillaume Paradin[1], ou des druides qui ramenaient le gui en offrande près du fleuve l'hostière (Guy l'hostière)[2]. Il serait plus simplement formé à partir d'un nom de lieu, comme celui de La Mulatière qui vient du domaine de Clément Mulat[2].

    Historique

    La Guillotière avant 1852

    La Guillotière en 1702

    Ce faubourg de Lyon s’est développé au Moyen Âge, sur la rive gauche du Rhône, à partir de la tête du pont du Rhône, rapidement nommé pont de la Guillotière, la place du Pont (aujourd’hui place Gabriel-Péri), sur la route de Lyon à Chambéry et à l’Italie (actuelle route nationale 6, aussi appelée Route du Dauphiné), appelée grande rue de la Guillotière[3]. C’était un faubourg de cabaretiers et d’aubergistes, dont la juridiction était contestée entre le Lyonnais et le Dauphiné. Le bourg de la Guillotière était situé sur le mandement de Bechevelin, dont il constituait le noyau principal. Le mandement de Bechevelin s'étendait sur la plaine alluviale de la rive gauche du Rhône, de l'emplacement de l'actuel parc de la Tête d'Or jusqu'aux environs de Saint-Fons en passant par Montchat et Chaussagne (ancien hameau dans l'actuel quartier Laennec)[4].

    Lors de la Révolution française, La Guillotière et le reste des territoires du mandement de Bechevelin sont rattachés dans un premier temps à la nouvelle commune de Lyon dans le département de Rhône-et-Loire créé en 1790. Mais lors de la répression consécutive à l’insurrection lyonnaise de 1793, La Guillotière retrouve son indépendance en devenant une commune à part entière, rattachée au département de l'Isère et au district de Vienne, lorsque les départements du Rhône et de la Loire sont créés. La commune est toutefois rattachée au département du Rhône dès 1796.

    Dans la première partie du XIXe siècle, un nouveau quartier, Les Brotteaux, se développe au nord de la commune de La Guillotière au débouché du pont Morand, construit en 1775. En 1845, la demande des propriétaires de la section des Brotteaux d'obtenir l'érection de cette section en commune indépendante nommée Les Brotteaux-près-Lyon n'aboutit pas[5].

    En 1828, est dressé le plan du lotissement du domaine du château des Tournelles[6]. Dans les années 1830, ce lotissement, nommé Monplaisir, se trouve séparé du vieux bourg de La Guillotière par la ligne de ceinture des fortifications[7].

    Le , la commune de La Guillotière est entièrement rattachée à la ville de Lyon, pour former le 3e arrondissement (qui couvrait alors les 3e, 6e, 7e et 8e arrondissements actuels)[8].

    La grande rue de la Guillotière.

    Géographie

    Les limites du quartier de la Guillotière sont difficiles à fixer avec certitude. L'ancienne commune de La Guillotière s'étendait en effet sur les quatre arrondissements de la rive gauche du Rhône (3e, 6e, 7e et 8e arrondissements). Le quartier de la Guillotière à proprement parler désignait plus particulièrement le centre de l’ancienne commune, la mairie étant située sur la place du Pont (actuelle place Gabriel-Péri). Le quartier des Brotteaux et de la Part-Dieu au nord, de Gerland au sud et de Sans-Souci, ainsi que de Monplaisir à l’est se sont développés à partir du XIXe siècle aux limites de la Guillotière. Les deux cimetières de La Guillotière à l’est et la gare de la Guillotière sur la ligne de Paris-Lyon à Marseille-Saint-Charles au sud marquent ainsi dans l’espace les limites du quartier.

    De nos jours, la Guillotière désigne toutefois plus particulièrement la moitié nord du 7e arrondissement et le sud-ouest du 3e arrondissement, secteur à proximité de la station de métro Guillotière - Gabriel Péri (située sous la place Gabriel-Péri). Le conseil de quartier de la Guillotière est officiellement délimité à l'ouest par le Rhône, au nord par le cours Gambetta, à l'est par le boulevard des Tchécoslovaques et au sud par la rue de l'Université, la rue Marc-Bloch, la rue Domer, la rue du Repos et la rue de l’Épargne[9].

    Le quartier est traversé par la Rize, rivière devenue souterraine et canalisée avec l’urbanisation de Lyon. Elle quitte Villeurbanne par la rue du 4-Septembre, chemine en direction de la Part-Dieu puis se sépare en deux bras. Le premier, au nord, est attesté au croisement de la rue de la Part-Dieu et de la rue Boileau, puis le long de la rue Moncey et rejoignait le Rhône en amont du pont de la Guillotière. Le second bras, plus au sud, file vers la Ferrandière et franchit le cours Gambetta vers la place Aristide-Briand. Sa présence est restée dans la mémoire du quartier de l’église Saint-Louis (7e arrondissement), au croisement de la rue de La Guillotière et de la rue de Créqui. À l’époque, un « pont de trois arches » était nécessaire pour la traverser. La Rize rejoignait ensuite le Rhône par la rue Creuzet, vers Béchevelin[10].

    Monuments et particularités

    Hôtel de la Couronne, au début de la Grande rue de la Guillotière, vers le début du XXe.

    Composition sociale

    Le nouvel an chinois rue Passet. À gauche, on reconnaît Gérard Collomb.

    Le pont de la Guillotière a longtemps été l'unique pont de Lyon sur le Rhône, ce qui donnait au faubourg de la Guillotière le statut d'unique « porte d'entrée » Est de la ville. Ce rôle a persisté dans le temps, et aujourd'hui, les populations immigrées y sont nombreuses, et suivent le cours des grandes vagues d'immigration : après l'installation des Italiens au XIXe siècle, ce seront les populations originaires du Maghreb, de Turquie ou encore d'Asie et d'Afrique subsaharienne qui s'installeront ici, témoignage de cette histoire, la présence de la grande épicerie Bahadourian fondée par un Arménien. Autour des rues Passet et Pasteur se trouve le petit quartier chinois de Lyon.

    Fruit des évolutions sociales, récentes, ces populations ont actuellement tendance à laisser la place à celles d'Europe de l'Est. D'autre part, le quartier perd un peu ce rôle, parce qu'il suit la mode de retour des populations des classes moyennes (habitant auparavant dans des pavillons à la périphérie), dans les centres-villes, la proximité des universités favorisant aussi l'installation d'étudiants. De nombreux bâtiments y sont donc actuellement rénovés ou reconstruits pour accueillir ces classes sociales plus aisées. Certains bâtiments adjacents à l'immeuble Le Clip vont en outre être démolis pour ouvrir la place Pierre-Simon-Ballanche sur la rue Paul-Bert[14].

    Une partie du quartier de La Guillotière, autour du sud de la rue Moncey et de l'ouest de la grande rue de la Guillotière, est une ZUS[15].

    Dans l’îlot Mazagran, à partir de 2003, un mouvement associatif veut créer un jardin partagé comme bien commun. Cette zone bénéficie d'un effort de reconversion par la municipalité et divers acteurs politiques, mais des habitants préfèrent développer la reconnaissance et la relance des liens sociaux existants[16].

    Insécurité

    Des associations de « riverains en colère » et les médias évoquent les trafics générant de l'insécurité dans le quartier. Les associations dénoncent « une occupation bruyante et délinquante » de l'espace public[17],[18],[19],[20],[21].

    Personnalités liées à ce faubourg

    Références

    1. « Sur La Guillotière », L'écho de la fabrique - N°16, (consulté le )
    2. Chambon 2009, p. 21.
    3. « Secteur urbain de la Guillotière », sur Inventaire général du patrimoine culturel de la région Auvergne-Rhône-Alpes
    4. Le mandement de Bechevelin : Ses limites et ses paroisses, Lyon, Imprimerie d'Aimé Vingtrinier (lire en ligne)
    5. « Plan de Lyon, de ses environs et des forts / dressé par L. Dignoscyo 1844 (surchargé "plan annexé à la demande des propriétaires des Brotteaux etc.") », sur gallica.bnf.fr, (consulté le )
    6. « Plan topographique du village de Monplaisir et des campagnes de Sans-Souci », sur archives municipales de Lyon,
    7. « Ville de la Guillotière, extrait du plan cadastral », sur Archives municipales de Lyon,
    8. Décret no 3874 du 24 mars 1852, relatif à la commune de Lyon [lire en ligne].
    9. Plan détaillé des 36 conseils de quartier sur le site de la ville de Lyon [lire en ligne]
    10. « La Rize », Le guichet du savoir, (consulté le )
    11. « Couvent Saint-Louis de frères réguliers du tiers-ordre de saint François dit de Picpus », sur Inventaire général du patrimoine culturel de la région Auvergne-Rhône-Alpes
    12. Chambon 2009, p. 24.
    13. « Immeuble, autrefois hôtel de la Couronne, puis mairie du 3e arrondissement », sur Inventaire général du patrimoine culturel de la région Auvergne-Rhône-Alpes
    14. « Lyon Guillotière: deux immeubles vont être démolis », Lyon Pôle Immo, (consulté le )
    15. http://sig.ville.gouv.fr/Cartographie/8269048
    16. « Les jardins communs d’Amaranthes ou l’émergence de l’indispensable fonction critique dans l’espace public local », sur hypotheses.org
    17. Insécurité et tranquillité : en colère, les habitants et commerçants de la Guillotière à Lyon cherchent des solutions, francetvinfo.fr, 12 janvier 2021
    18. INSÉCURITÉ À LYON : LE RAS-LE-BOL DES HABITANTS DU QUARTIER DE LA GUILLOTIÈRE, cnews.fr, 13 janvier 2021
    19. La Guillotière, «territoire abandonné» pour le RN, leprogres.fr, 25 février 2021
    20. Grégory Doucet sur la Guillotière à Lyon : "massifier la présence policière ne peut être une réponse sur le long terme", lyoncapitale.fr, 5 janvier 2021
    21. A Lyon les images hallucinantes du quotidien des trafics et des bagarres, une femme témoigne, actu.fr, 20 décembre 2020

    Voir aussi

    Bibliographie

    • Catherine Chambon, Lyon 8e arrondissement : Histoire et métamorphoses, Lyon, Éditions Lyonnaises d'Art et d'Histoire, , 200 p. (ISBN 978-2-841-47202-4).

    Articles connexes

    Liens externes

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