Jean-Bernard Lafonta

Jean-Bernard Lafonta, né le à Neuilly-sur-Seine (Seine), est un entrepreneur français Il a travaillé successivement au sein de la banque Lazard, de BNP Paribas, de Wendel, dont il a été président du directoire[1], et du groupe HLD qu'il a co-fondé en 2010.

Origines familiales

Jean-Bernard Lafonta est le fils de Roger Lafonta, directeur de société, et d'Antonia Germani, ingénieur[2].

Il a une sœur, Florence, née le , ancienne élève de l’École polytechnique, ingénieur du corps des Ponts et chaussées, mariée à Marc Darmon[3]. Elle a dirigé l’École spéciale des travaux publics, du bâtiment et de l'industrie (ESTP) entre septembre 2008 et juillet 2020 [4].

De son union avec Marie-Hélène Canet, avocate, il a trois filles[2].

Formation

Il a été élève du lycée de Saint-Cloud et du lycée Louis-le-Grand à Paris. Ancien élève de l’École polytechnique, il est ingénieur du corps des Mines[2].

Carrière

Jean-Bernard Lafonta commence sa carrière comme ingénieur chez Jeumont-Schneider. Il  rejoint par la suite le ministère de l’Industrie puis devient conseiller technique au cabinet de Michel Delebarre au ministère de la Ville et de l’Aménagement du territoire, de 1991 à 1992. Et Il rejoint ensuite le cabinet de la ministre de l’Environnement Ségolène Royal, de 1992 à 1993[5]. Bruno Roger le fait venir à la banque Lazard en 1993 où il fait ses premiers pas dans la banque d’affaires avant de rejoindre en 1996 Michel Pébereau comme directeur de la stratégie de la BNP. En 1997, Jean-Bernard Lafonta prend la direction des marchés de capitaux de BNP Paribas[6]. En 2000, il prend la présidence de Banque Directe[7].

Wendel

En 2001, il devient directeur général de Wendel, société d’investissement familiale, à la suite d’Ernest-Antoine Seillière qui l’a recruté[8]. S'inspirant des grandes firmes internationales d'investissement, il adapte la politique du groupe pour l’orienter vers des investissements plus porteurs de contrôle majoritaire à long terme, augmentant les résultats et le cours de l'action qui est ainsi multiplié par sept en six ans ; ses premiers succès le portent à la présidence du directoire du groupe en 2005[9] aux côtés de Bernard Gautier. En 2008, Le Monde le qualifie ainsi de « stratège de la finance » pour son action au sein de Wendel[10].

La crise économique qui débute en 2007 n'affecte tout d'abord pas le chiffre d'affaires de Wendel (qui progresse de 15 % entre 2007-2008)[11], mais l’acquisition ambitieuse de Saint-Gobain en 2007 s'opère dans un contexte économique difficile et pèse sur le cours de bourse (qui rebondit toutefois significativement après la chute de Lehman Brothers) : l'action chute de 73 % et les résultats nets sont divisés par 5,5 sur un an (2008-2009)[12],[11],[13]. Le cours de l'action retrouve son niveau d'avant crise en 2010[14].

Fin janvier 2011, l’Autorité des marchés financiers (AMF) intervient sur l'opération de montée au capital de Saint-Gobain et condamne Wendel et Jean-Bernard Lafonta à une amende de 1,5 millions d'euros pour défaut d'information[15],[16].

En juin 2008, à la suite d'un différend familial sur la gestion de la SPLS, la holding des Wendel, Sophie Boegner, l'une des héritières de la famille, porte plainte contre X pour "abus de biens sociaux et recel"[17]. Celle-ci vise particulièrement son cousin, Ernest-Antoine Seillière, et par répercussion les quatorze autres dirigeants du fonds, dont Jean-Bernard Lafonta[18]. Instruite par le juge Renaud Van Ruymbeke, la plainte est classée sans suite en septembre de la même année[19],[20]. En avril 2012, la chambre d’instruction de la cour d’appel de Paris déboute Sophie Boegner de sa plainte et accorde un non-lieu à Ernest-Antoine Seillière et à Jean-Bernard Lafonta[21].

En parallèle, Sophie Boegner sollicite en octobre 2010 l'appui de la député PS Aurélie Filippetti puis de Jérôme Cahuzac, qui est alors président de la commission des finances de l'Assemblée nationale. Celui-ci presse l'Etat de porter plainte pour fraude fiscale contre les dirigeants de Wendel[22]. Dans le cadre de cette procédure, 15 cadres et dirigeants du groupe dont Ernest-Antoine Seillière et Jean-Bernard Lafonta sont mis en examen, le fisc lui réclamant 76 millions d'euros[23],[24],[21].

En décembre 2010, l'ancien directeur juridique du fonds d'investissement, en conflit avec son ex-employeur depuis son départ en 2009, porte plainte contre les dirigeants du groupe Wendel, auxquels il réclame 9,3 millions d'euros[25],[21].

Le , le Tribunal de Commerce de Nanterre a estimé que Jean-Bernard Lafonta n'était en rien responsable des pertes et dommages subis par l'ex-directeur juridique dans le cadre de l'investissement des cadres dirigeants de Wendel dans l'action Wendel en 2005-2008 et que ces pertes étaient la conséquence de « choix patrimoniaux » propres[26],[27]. En avril 2016, la Cour d'appel de Versailles déboute l'ex-directeur juridique de sa plainte et le condamne à verser 200 000 euros de frais de justice à Wendel et à ses ex-dirigeants[28].

En , Jean-Bernard Lafonta est condamné par le tribunal correctionnel de Paris à 1,5 million d'euros d'amende pour diffusion d'informations trompeuses et délit d'initié dans l'affaire Wendel[29]. Il est relaxé en appel de cette plainte en mai 2018[30].

HLD

Jean-Bernard Lafonta quitte Wendel en , sous la pression de l'actionnariat familial[31], pour fonder en une nouvelle société d'investissement : HLD (H pour Jean-Philippe Hecketsweiler, L pour Jean-Bernard Lafonta et D pour Philippe Donnet, devenu en 2016 PDG du Groupe Generali)[32]. Claude Bébéar rejoint en 2010 l’actionnariat du groupe HLD, suivi de Norbert Dentressangle, fondateur de l’entreprise éponyme, et de Jean-Charles Decaux[33],[34]. La holding à capitaux permanent du groupe HLD compte aujourd’hui une trentaine d’investisseurs européens parmi lesquels l’éditeur italien De Agostini, la famille Decaux, Jean-Pierre Mustier et Christian Guegnier et Didier Le Menestrel, co-fondateurs de La Financière de l’Echiquier[35]. En 2019, le groupe affichait 2 milliards de chiffre d’affaires cumulé, 20 000 salariés, 15% de croissance par an et une capacité d’investissement supérieure au milliard d’euros. La même année, HLD indiquait avoir réalisé 18 opérations depuis sa création[35].

La société d’investissement a pris sa première participation en 2010 dans la marque de soins anti-âge Filorga[36]. En 9 ans, son chiffre d’affaires a progressé de 4 à 300 millions d’euros[37]. HLD cède sa participation en 2019 à Colgate-Palmolive pour un montant de 1,495 milliard d’euros[4].

La société détient aujourd’hui des participations dans des entreprises industrielles de secteurs variés :

Depuis novembre 2017, HLD détient une participation majoritaire dans Kiloutou, entreprise spécialisée dans la location de matériel, après une opération réalisée conjointement avec Norbert Dentresangle[46]. Avec la famille Dentressangle, le groupe HLD acquiert également la société Tessi, basée à Grenoble et spécialisée dans le domaine de l’acquisition du traitement de données et du traitement de chèques[47].

Divers

Le 23 janvier 2020, à l'occasion d'une vente aux enchères, HLD fait indirectement l'acquisition d'un ensemble immobilier, investissement à destination professionnelle, de plus de 1500 m2 situé au no 12 de la rue Oudinot, à Paris, dans le 7e arrondissement pour la somme de 35,1 millions d’euros[48]. L'ensemble est composé d'un immeuble (1000 m2 sur trois niveaux), d’une cour pavée, d’une maison de ville de 600 m2 et de 950 m2 de jardins, inoccupés depuis 30 ans ; le plan de sauvegarde et de mise en valeur de l’arrondissement prévoit la conservation des principaux bâtiments sur rue et sur jardin[49].

Autres

Jean-Bernard Lafonta est membre du club « Le Siècle »[réf. nécessaire].

Il est chevalier de l’ordre national de la Légion d’honneur[50].

Jean-Bernard Lafonta est membre du Conseil administration du Fonds HLD pour la Méditerranée, fonds de dotation créé en 2018 par le groupe HLD et qui œuvre en faveur de l’environnement et de la préservation de l’écosystème marin[51],[52].

Références

  1. « Jean-Bernard Lafonta Bernard Gautier », sur Les Echos, (consulté le )
  2. Who's Who in France : Dictionnaire biographique de personnalités françaises vivant en France et à l’étranger, et de personnalités étrangères résidant en France, 43e édition pour 2012 éditée en 2011, 2307 p., 31 cm (ISBN 978-2-85784-052-7), notice « Lafonta, Jean-Bernard » (né en 1961).
  3. Who's Who in France : Dictionnaire biographique de personnalités françaises vivant en France et à l’étranger, et de personnalités étrangères résidant en France, 39e édition 2008, p. 663.
  4. « Le mot des dirigeants », sur le site de l'ESTP (consulté le ).
  5. Jean-Luc Barberi, « Les réseaux de Jean-Bernard Lafonta », L'Express, (lire en ligne)
  6. « Jean-Bernard Lafonta Gilles Glicenstein », Les Echos, (lire en ligne)
  7. « Les réseaux de Jean-Bernard Lafonta », sur LExpansion.com, (consulté le )
  8. Frédéric Lemaître, « Les nouveaux habits de Wendel Investissement », Le Monde,
  9. François Vidal, « Jean-Bernard Lafonta porté à la tête de Wendel Investissement », Les Échos, (lire en ligne)
  10. Claire Gatinois, « Jean-Bernard Lafonta Un stratège de la finance », Le Monde,
  11. Anne Drif, « Wendel : sur le départ, Jean-Bernard Lafonta défend son bilan malgré la chute des bénéfices », Les Échos, (lire en ligne)
  12. « Wendel le baron sacrifie Lafonta », Le Point, (lire en ligne)
  13. Clément Daniez, « Crise financière : Lehman Brothers en faillite, Merrill Lynch rachetée », Le Point, (lire en ligne)
  14. « Graphique Action Wendel », sur Boursier (consulté le )
  15. (en) Scheherazade Daneshkhu, « Wendel and Lafonta fined for swaps raid », Financial Times, (lire en ligne)
  16. « SAINT-GOBAIN : l'AMF inflige une sanction record à Wendel », Le Point, (lire en ligne)
  17. « Wendel : Sophie Boegner porte le différend familial devant la justice », Les Echos, (lire en ligne)
  18. Anne-Laure Julien, « Le conflit familial chez Wendel s'envenime », Le Figaro, (lire en ligne)
  19. « Affaire Wendel : la plainte de Sophie Boegner classée », Challenges, (lire en ligne)
  20. Claire Gatinois, « L'affaire d'abus de biens sociaux chez Wendel s'acheminerait vers un non-lieu », Le Monde, (lire en ligne)
  21. Christine Lejoux, « Les dirigeants de Wendel en ont assez d'être mis en accusation », La Tribune, (lire en ligne)
  22. Libie Cousteau et Benjamin Masse, « L'étau judiciaire se resserre sur le baron Seillière », L'Express, (lire en ligne)
  23. Laurent Valdiguié, « Avalanche de plaintes chez les Wendel », Le Journal du dimanche, (lire en ligne)
  24. Yann Philippin, « Fraude fiscale: la justice met à nu le système Wendel », publié par le site Mediapart le 28 juillet 2015
  25. « Wendel : l’ancien directeur juridique réclame 6,6 M EUR, audience jeudi », Le Point, (lire en ligne)
  26. Valérie de Senneville, « Affaire Wendel : la société d’investissement gagne la première manche judiciaire », Les Échos, (lire en ligne)
  27. (Jugement du Tribunal de commerce de Nanterre du 17 décembre 2013 http://www.slideshare.net/fullscreen/lesechos2/jugement-wendel/1)
  28. David Bensoussan, « Affaire Wendel : les ex-dirigeants remportent une bataille », Challenges, (lire en ligne)
  29. « Lafonta, ancien patron de Wendel, condamné à 1,5 million d'euros d'amende », Le Parisien, (lire en ligne)
  30. Le Point magazine, « Délit d'initié: relaxé en appel, l'ex-patron de Wendel n'aura pas à payer 1,5 million d'euros », sur Le Point, (consulté le )
  31. Claire Gatinois, « Sous la pression de l'actionnaire familial, Jean-Bernard Lafonta quitte Wendel », Le Monde, (lire en ligne)
  32. Florentin Collomp, « Nouveaux actionnaires pour les laboratoires Filorga », Le Figaro, (lire en ligne)
  33. Le Point magazine, « Lafonta, le retour. », sur Le Point, (consulté le )
  34. Zone Bourse, « Alchimie, Winfarm : une seconde vague d’IPO dans l’air du temps », sur www.zonebourse.com (consulté le )
  35. Le JDD, « Avec la société d'investissement HLD, les affranchis de la finance sortent du bois », sur lejdd.fr (consulté le )
  36. « Nouveaux actionnaires pour les laboratoires Filorga », sur LEFIGARO (consulté le )
  37. « Colgate Palmolive s'offre Filorga », sur Usine Nouvelle
  38. « Quand un site français devient leader mondial du bridge en ligne », sur LEFIGARO (consulté le )
  39. « Aéronautique : la PME Rafaut atterrit chez le fonds d'investissement HLD », sur La Tribune (consulté le )
  40. « HLD renforce Filorga avec Le Couvent des Minime », sur Agefi,
  41. « Microwave Vision : signature du contrat d'acquisition par HLD Europe d'une participation majoritaire », sur Bourse Direct (consulté le )
  42. « HLD, une bonne nouvelle pour Apateq », sur paperjam.lu (consulté le )
  43. « HLD signe une nouvelle sortie d’envergure avec Elivie », sur Agefi,
  44. « HLD offre un demi-milliard d’euros pour Tokheim Services Group », sur Agefi,
  45. « Location de matériel : la famille Dentressangle rachète Kiloutou », sur Les Echos, (consulté le )
  46. « Non coté : Jean-Bernard Lafonta revient sur le devant de la scène », sur Les Echos, (consulté le )
  47. « SERVICES. La famille Dentressangle prend le contrôle de Tessi (Grenoble) », sur www.leprogres.fr (consulté le )
  48. Guillaume Errard, « Le nom du Français qui a acquis cette maison de campagne 35 M€ est connu », Le Figaro, 7 février 2020.
  49. « Secteurs sauvegardés (PSMV) », sur www.paris.fr (consulté le )
  50. Décret du 31 décembre 2005 portant promotion et nomination.
  51. IRCE, « Journée HLD pour la Méditerranée à Marseille », sur IRCE, (consulté le )
  52. « HLD Pour la méditérannée - A propos », sur FondsHLD

Voir aussi

  • Who's Who in France : Dictionnaire biographique de personnalités françaises vivant en France et à l’étranger, et de personnalités étrangères résidant en France, 43e édition pour 2012 éditée en 2011, 2307 p., 31 cm (ISBN 978-2-85784-052-7), notice « Lafonta, Jean-Bernard » (né en 1961).

Lien externe

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