Izmaïl

Izmaïl ou Ismail (en ukrainien : Ізмаїл ; en russe : Измаил ; en roumain : Ismail ou Smeilu[1] et en turc : İşmasıl ou Hacidar), est une ville de l'oblast d'Odessa, dans le sud-ouest de l'Ukraine. Sa population s'élevait à 71 780 habitants en 2019.

Izmaïl
(uk) Ізмаїл

Héraldique

Drapeau
Administration
Pays Ukraine
Subdivision  Oblast d'Odessa
Maire Andriy Abramtchenko
Code postal 68600
Indicatif tél. +380 4841
Démographie
Population 71 780 hab. (2019)
Densité 1 354 hab./km2
Géographie
Coordonnées 45° 21′ nord, 28° 52′ est
Altitude 31 m
Superficie 5 300 ha = 53,0 km2
Divers
Première mention 1542
Statut Ville depuis 1830
Ancien(s) nom(s) Licovrissi, Smilu, Hacidar ou İşmasıl (1484-1812), Toutchkov (1812-1856)
Localisation
Géolocalisation sur la carte : Oblast d'Odessa
Izmaïl
Géolocalisation sur la carte : Ukraine
Izmaïl
Géolocalisation sur la carte : Ukraine
Izmaïl
Liens
Site web www.izmail.com.ua
Sources
Liste des villes d'Ukraine

    Géographie

    Le port d'Izmail, face à la rive roumaine.

    Izmaïl est l'un des principaux ports ukrainiens du delta du Danube, situé à 192 km au sud-ouest d'Odessa.

    Histoire

    À une époque où le delta du Danube était encore un golfe de la mer Noire, la colonie grecque d'Antiophilas date du IVe siècle av. J.-C., les colons venant d'Héraclée pontique : ils faisaient surtout le commerce des grains de la Gétique d'Harpis pour alimenter les grandes villes de la Grèce classique[2]. Dans l'Antiquité tardive, Lycovrisse (Aliobrix en latin sur la Table de Peutinger), fut une tête de pont byzantine au nord des bouches du Danube et une escale génoise (Licovrissi)[3] avant de devenir le port de Smilu appartenant successivement aux principautés danubiennes de Valachie au XIVe siècle et de Moldavie au XVe siècle sous le règne d'Etienne le Grand[4].

    Prise par l'Empire ottoman en 1484, elle devient place forte militaire en 1538 sous le nom d'İsmasıl ou Hacidar et commande le gué de Plauru. Les chrétiens de la ville dépendent alors de la Métropolie de Proilavon tandis que la région appartient au pachalık d'Özi qui comprend toute la côte Ouest de la Mer Noire, de Bourgas à l'embouchure du Dniepr. En 1774, la forteresse est agrandie, après avoir été prise par les Russes lors de la guerre russo-turque de 1768-1774. Le commandant turc de la place avait pourtant affirmé la veille qu' « Izmaïl tombera lorsque les eaux du Danube couleront à rebours ». En 1790, le général Souvorov prend d'assaut İşmasıl, qui comptait alors une population de 35 000 turcs, tatars, moldaves, grecs et lipovènes. Les turcs et tatars furent soit massacrés, soit chassés de la ville, qui possédait 17 mosquées, réduites en cendres. Ils se réfugièrent à Isaccea, un gros bourg dobrogéen sur la rive sud du Danube, près duquel ils construisirent plus tard une forteresse qui domine le Danube. A leur retour deux ans plus tard, c'est au tour des habitants chrétiens de la ville, qui avaient accueilli Souvorov en libérateur, d'être chassés de la ville pour se réfugier à Galați.

    Cédée à l'Empire russe par le traité de Bucarest en 1812, la ville, cette fois définitivement vidée de ses habitants musulmans (établis en Dobrogée restée ottomane, notamment autour de Babadağ), et peuplée par une importante garnison russe, reçoit pour un temps le nom de Toutchkov (russe : Тучков) et fait partie de l’oblast de Bessarabie. La mosquée est transformée en l'église Sainte-Croix-du-Krepost et la vieille église moldave de Saint-Nicolas est convertie en cathédrale russe. Les civils autres que les familles des militaires, sont alors des paysans moldaves, des jardiniers bulgares et des pêcheurs lipovènes. En 1856, la Bessarabie méridionale est rendue à la Principauté de Moldavie sous le nom de Smeilu[1], puis revient à l'Empire russe en 1878 sous le nom d'Izmail, qu'elle garde sous la République démocratique moldave (1917-1918), sous le royaume de Roumanie (1918-1940 et 1941-1944), sous l'Union soviétique (1940-1941 et 1944-1991) et en Ukraine (depuis 1991).

    Prise d'İşmasıl par les armées de Souvorov en 1790
    La rive gauche du bras danubien de Chilia à Izmaïl

    Après la défaite russe lors de la guerre de Crimée la ville est rendue à la Moldavie en 1856 mais redevient russe en 1878, à la suite de la Guerre russo-turque de 1877-1878. En 1917 la République démocratique moldave, incluant Izmaïl, déclare son indépendance. La ville passe à la Roumanie lorsque la Moldavie s'unit à cette dernière en 1918, puis devient soviétique de 1940 à 1941 puis de 1944 à 1991 (faisant partie de la République socialiste soviétique d'Ukraine). En 1940, Izmaïl est la capitale administrative de l'oblast d'Izmaïl, qui est supprimé et rattaché à l'oblast d'Odessa en 1954. Après la Seconde Guerre mondiale, Izmaïl s'industrialise, s'agrandit et est peuplée de nombreux ouvriers ukrainiens, qui représentent plus de 30 % de la population.

    Izmaïl est un petit centre d'industries agroalimentaires et une destination touristique régionale. C'est surtout depuis des siècles une ville de garnison et un arsenal naval. Aujourd'hui c'est l'une des bases de la marine fluviale ukrainienne, dont les forces patrouillent sur le Danube.

    Population

    Démographie

    Recensements (*) ou estimations de la population[5] :

    Évolution démographique
    1873 1897 1911 1926 1933 1939 1959
    21 00022 29535 70037 00025 00023 50048 103
    1970 1979 1989 2001 2012 2013 2014
    70 29783 12692 91584 81573 65173 00772 501
    2015 2016 2017 2018 2019 - -
    72 47172 17871 66371 59471 780--

    Nationalités

    D'après le recensement ukrainien de 2001, la population est composée d'environ 38 % d'Ukrainiens, 30,2 % de Russes, 13,5 % de Lipovènes, 7 % de Bulgares, 4,3 % de Moldaves et 3 % de Gagaouzes. La population est majoritairement russophone, malgré l'ukrainisation en cours.

    Notes et références

    1. Voir « Romania si Dacia », sur commons.wikimedia.org.
    2. A.P. Koval (uk) Знайомі незнайомці: Походження назв поселень України, Kiev-Lviv 2001.
    3. Piero Boccardo, Clario Di Fabio (dir.), Il secolo dei genovesi, ed. Electa, Milan 1999, 472 p., (ISBN 9788843572700) ; G.I. Brătianu, Recherches sur Vicina et Cetatea-Albă, Univ. de Iaşi, 1935, 39 p. et le Codex Parisinus latinus in Ph. Lauer, Catalogue des manuscrits latins, p. 95-6, d'après la Bibliothèque nationale Lat. 1623, IX-X, Paris, 1940.
    4. (ro) Constantin C. Giurescu & Dinu C. Giurescu, Istoria Românilor, éd. Ştiinţifică şi Enciclopedică, Bucarest, 1976-77.
    5. « Recensements et estimations de la population depuis 1897 », sur pop-stat.mashke.org(uk) « Office des statistiques d'Ukraine : population au 1er janvier 2010, 2011 et 2012 », sur database.ukrcensus.gov.ua« Office des statistiques d'Ukraine : population au 1er janvier 2011, 2012 et 2013 », sur database.ukrcensus.gov.ua

    Annexes

    Articles connexes

    Liens externes

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