Hongrois de Roumanie

Selon le recensement de la population de 2011, les Hongrois de Roumanie (en roumain : maghiarii din România ; en hongrois : romániai magyarok) constituent, après les Roumains, la plus grande communauté ethnique de Roumanie, représentant 1 227 623 personnes, soit 6,5 % de la population totale du pays[1]. Le terme roumain maghiar ou ungur (avec un u) désigne une communauté ethno-linguistique habitant dans plusieurs pays, tandis que ungar (avec un a) fait référence aux habitants de la Hongrie. Cependant, dans le langage courant, ces termes sont parfois confondus. En hongrois, il n'y a pas de distinction : le mot magyar est utilisé dans les deux cas.

Hongrois de Roumanie
(ro) maghiarii din România
(hu) romániai magyarok

Populations significatives par région
Harghita / Hargita 276 038 (84,6 % de la population du județ) (2011)
Mureș 200 858 (38,09 % de la population du județ) (2011)
Covasna 150 468 (72,95 % de la population du județ) (2011)
Population totale 1 227 623 (6,5 % de la population totale de la Roumanie) (2011)
Autres
Langues Hongrois (parler sicule), roumain
Religions Catholicisme, calvinisme, Unitarisme
Ethnies liées Magyars
Communes dans les lesquelles les Hongrois forment plus de 20 % de la population.

Les Hongrois de Roumanie se concentrent essentiellement en Transylvanie, dans les grandes villes comme Cluj, Oradea, Arad ou Satu Mare, dans la plaine à la frontière avec la Hongrie (ancien partium) et surtout dans le Pays sicule, au centre de la Roumanie, où ils dépassent 70% des habitants dans beaucoup de communes. Il existe également une communauté magyarophone à Bucarest. Les populations de langue hongroise vivant en Moldavie roumaine sont les Csángós qui bénéficient d'une reconnaissance officielle spécifique.

Histoire

Originaires de l'Oural, les Magyars, d'origine finno-ougrienne, sont arrivés dans le bassin des Carpates à la fin du IXe siècle poussés par des mouvements de populations générés principalement par l'avancée des Petchénègues. Une fois sédentarisés, ils absorbent les populations locales slaves, germaniques ou latines, se convertissent au catholicisme et fondent un grand royaume en union personnelle avec la Croatie[2].

Des origines au XVIIIe siècle

Maison natale du roi magyar d'origine roumaine Matthias Corvin à Cluj[3].

Les Magyars proprement-dits (environ 390 000), sont présents en proportions diverses dans la plupart des județe de la Transylvanie ; ils forment la moitié des habitants du Județ de Mureș et vivent aussi en moindre nombre dans les principales villes du pays (voir le tableau ci-dessous).

Le Royaume de Hongrie fondé au XIe siècle est dès l'origine suzerain du voïvodat de Transylvanie qui apparaît en même temps. Il semble que les latinophones, les slavophones et les magyars ont longuement vécu étroitement mêlés sur un territoire bien plus vaste que la Transylvanie, allant de la Mer Adriatique à la Mer Noire et de l'actuelle Slovaquie à l'actuelle Moldavie. En effet, selon les données toponymiques et linguistiques, les latinophones étaient, à la manière des Romanches, des Ladins, des Frioulans, des Istriens et des Dalmates, localement majoritaires autour de certains massifs montagneux tels que les chaînes Dinariques, le Pinde, les Balkans occidentaux, le massif du Bihor, les Carpates et le Măcin. Dans les plaines entourant ces massifs, la population était majoritairement slave et hongroise. Par exemple, la bourgade de Săvădisla/Szent-László vient du slave Sveti Vladislav (saint Ladislas), tandis que le pays de Târnava a en roumain un nom slave et en hongrois un nom d'origine finno-ougrienne (Küküllő) (signifiant respectivement « épineux » et « prunier »). Les noms des montagnes (Pietrosu, Găina, Codru, Pleșu, Căpățâna, etc.) sont presque tous d'origine latine, comme la rivière Arieș (en hongrois Aranyos) qui tire son nom du latin Aureus : orpailleur ; les noms de beaucoup d'autres rivières sont hérités de l'antiquité. Néanmoins, les noms finno-ougriens dominent le long de ces mêmes fleuves et dans les plaines, ce qui montre que les populations magyares étaient préférentiellement implantées le long des cours d'eau et dans les zones de végétation ouverte. De leur côté les Valaques (comme on appelait alors les romanophones) dominaient sur les piémonts (dans les romanies populaires de Marmatie, Oaș, Crasna, Sălaj, Lăpuș, Năsăud, Gurghiu, Toplița, Vlăhița, Bihor, Zărand, Moților, Caraș, Vâlcu, Montana, Hațeg, Petroșani, Amlaș, Cibin, Făgăraș et Bârsa) où ils s'adonnaient à l'élevage extensif, surtout ovin (c'était encore le mode de vie traditionnel de la plupart des Roumains transylvains au XIXe siècle)[4].

Toutefois, il n'y a avant la fin du XVIIIe siècle aucune statistique ethnique en Transylvanie, seules des données religieuses fragmentaires existent. On ne peut donc pas savoir quelle communauté linguistique était majoritaire à telle ou telle époque, on sait seulement que toutes sont là depuis très longtemps et que la communauté magyare y a laissé de nombreux noms de lieux, surtout en plaine. Elle est aujourd'hui présente dans tous les départements de la Transylvanie, dans des proportions diverses allant de 4 %, à la majorité (dans deux départements : Covasna et Harghita).

Sur le plan social, ces communautés n'ont pas toujours été égales. En tant que conquérants et guerriers, beaucoup de Magyars dont les Sicules, étaient des hommes libres, de même que les Saxons établis ici à l'initiative de la couronne hongroise. Initialement, tous étaient catholiques romains. C’est parmi eux que se recrutaient les aristocrates, tandis que les serfs étaient fort rares. À l’inverse, la grande majorité des orthodoxes, dont les Roumains, étaient réduits au servage, soit qu'ils aient été conquis (thèse roumaine), soit qu’ils soient venus d’ailleurs mais sans avoir été invités par la Couronne (thèse hongroise). En fait à l’origine (du XIe siècle au XIVe siècle), les documents fonciers ou juridiques et les édits royaux mentionnent aussi des joupans et des boyards orthodoxes jouissant de franchises spécifiques, avec des noms slaves et roumains (parfois d'origine coumane), mais ils se raréfient ensuite, pour disparaître complètement au XVe siècle par intégration à la noblesse hongroise (cas de Iancu de Hunedoara/Hunyadi János), par émigration vers la Moldavie et la Valachie, ou par chute dans la condition servile à la suite de la perte de leurs franchises après l'échec de la révolte de Bobâlna en 1437[5] le raidissement des Ordres privilégiés aboutit en 1438 à la constitution de l’« Union des trois nations », charte qui enlève aux Roumains leurs franchises et fige la société transylvaine dans un ordre social où seuls les catholiques (Magyars, Sicules et Saxons) sont reconnus comme « nations », et qui était visible dans l’habitat traditionnel[2].

Cet habitat était centré sur un manoir fortifié, voire un château magyar ou saxon (souvent aux pieds d’une citadelle), proche d'une église catholique (ou, plus tard, protestante) elle aussi fortifiée, entourés de quelques grosses maisons en pierre d'artisans, de marchands, de fermiers ou de guerriers eux aussi magyars ou saxons, elles-mêmes dominant une foule de maisonnettes en bois et pisé, aux toits de chaume ou aux tuiles en bois, avec une église également en bois, égrenées vers les forêts ou les cultures environnantes et habitées par des serfs en majorité roumains, paysans, bûcherons ou bergers illettrés, paroissiens, pour la plupart, d'un pope sachant juste lire les caractères gréco-cyrilliques de la liturgie orthodoxe. Les grosses villes étaient presque exclusivement magyares ou saxonnes, tandis que les villages isolés de la montagne étaient presque exclusivement roumains. La jacquerie de Gheorghe Doja/Dózsa György en 1514 ne parvient pas à ébranler cet ordre, qui perdurera jusqu'au XVIIIe siècle et à la révolution transylvaine de 1784. Les Trois Nations restent, en Transylvanie, maîtresses de la terre, de l'économie et du pouvoir politique jusqu'en 1918, y compris durant la période d'indépendance de la Transylvanie (1525-1699)[6].

En conclusion, la communauté magyare de Roumanie, en tout cas de Transylvanie, a un riche passé qui fait partie de son identité et dont elle est fière, car elle se situait, pour beaucoup de ses membres, au sommet de la pyramide sociale et culturelle. Mais sans doute a-t-elle intégré au fil des siècles bien des Roumains, car l’« ascenseur social » médiéval menait à l’embourgeoisement ou à l’anoblissement en passant par l’adoption de la langue et des coutumes magyares ou saxonnes, et par la conversion au catholicisme ou, plus tard, à la Réforme (à laquelle on doit, d’ailleurs, les premiers textes -bibliques- en roumain)[2].

Sicules

Les Sicules (environ 825 000), sont majoritaires dans les départements transylvains de Covasna et Harghita, mais présents aussi ailleurs : parmi les Hongrois de Roumanie, ce sont les plus nombreux.

Dans l'est du voïvodat de Transylvanie, comme dans certaines zones de l'actuelle Slovaquie, s'établissent des Sicules (en magyar székelyek: « établis »), de langue magyare, mais peut-être d'origine turcophone. Au XIIIe siècle arrivent enfin les Saxons germanophones, dont un important groupe s'établit dans le sud de la Transylvanie. Dans le centre de la Hongrie, s'installent en outre des Iasses (dans l'actuel comté hongrois de Jász-Nagykun-Szolnok, qui garde leur nom), des Coumans (dans les actuels comtés de Jász-Nagykun-Szolnok et de Bács-Kiskun, appellations où leur nom est présent) et des Petchénègues. Ancêtres des Roumains, les « Valaques » (en magyar oláhok) qui n'ont pas été assimilés et sont restés orthodoxes, sont asservis. Encore aujourd'hui, la majorité des roumanophones sont orthodoxes ; toutefois une partie d'entre eux est passée dans l'obédience de Rome par le synode de 1698.

En 1438, les Sicules ont été membres de l'Union des trois nations. Au siècle suivant, la Réforme séduit la moitié des Sicules (ceux d'Udvarhély, moitié ouest du Hargita, tandis que ceux du Csik, moitié est du Hargita, et ceux du Haromszék sont restés catholiques) : encore aujourd'hui, les Sicules forment le gros de la communauté protestante de Roumanie. Deux tiers sont calvinistes, un tiers catholiques.

Du XVIIIe siècle au traité de Trianon

Pourcentage des Hongrois de Transylvanie par județ, selon le recensement de 2011.

Avec la Révolution transylvaine de 1784 et l'émergence du nationalisme romantique au XIXe siècle, les relations se tendent entre les nationalités de Transylvanie. Les privilèges de l'aristocratie hongroise sont contestées, y compris parmi les magyars. Mais en 1848, la révolution magyare et la révolution roumaine s'affrontent l'une contre l'autre, ce qui précipite leur échec et la victoire des conservateurs.

Lors du compromis de 1867 qui transforme l'Empire d'Autriche en Autriche-Hongrie, la noblesse et les jacobins hongrois se trouvent sur une position commune et obtiennent satisfaction : l'autonomie de la Transylvanie est supprimée et le pays est directement rattaché à la Hongrie. Cela inaugure une politique de magyarisation forcée qui dresse les Roumains de Transylvanie contre leurs voisins Hongrois, et « refroidit » les relations de ces derniers avec les Saxons.

De la Grande Roumanie à la Seconde Guerre mondiale

La proclamation par les Roumains de l'union de la Transylvanie à la Roumanie le , à l'issue de la Première Guerre mondiale, rencontre de l'opposition par l'assemblée générale des Hongrois, y compris des députés Roumains et Saxons transylvains. Cependant, il faut attendre l'instauration d'un pouvoir bolchévik en Hongrie en 1919, pour qu'un gouvernement hongrois tente (vainement) de reprendre la Transylvanie. En 1920, quelque 1 662 000 Hongrois transylvains se retrouvent en Roumanie, soit 32 % de la population de Transylvanie.

Pour les membres de l'aristocratie magyare, les réformes constitutionnelles et agraires roumaines de 1921-1923 sont une catastrophe : ils étaient privés de leurs domaines, qui étaient ensuite répartis entre les paysans roumains, devenus fermiers. Les domaines des Églises hongroises sont également confisqués. La paysannerie reçoit le droit de vote (femmes incluses). Depuis 1921, les tribunaux n'acceptent que des affaires en roumain. Beaucoup de nobles s'expatrient ; certains, tels Nopcsa Ferenc, se suicident. Sous la monarchie roumaine, les Hongrois de Transylvanie s'organisent en associations et partis politiques ; ils parviennent à sauver leurs écoles, journaux, théâtres et université, mais sont désormais une minorité dépourvue de tout privilège.

La langue roumaine a été officiellement promue par tous les moyens. Les noms de lieux et les noms de rues n'étaient plus autorisés à être écrits en hongrois même dans les localités comptant une majorité hungarophone. Les panneaux bilingues de l'entreprise étaient taxés et finalement éliminés. Les inscriptions sont apparues dans les lieux publics : vous ne devez parler que le roumain. L'objectif était d'accélérer la romanisation des territoires de langue hongroise.

En 1940, l’Arbitrage de Vienne rend à la Hongrie la moitié nord-est de la Transylvanie avec le Pays sicule, où les Hongrois sont les plus nombreux. De toutes ses pertes territoriales de 1940, la Roumanie ne récupère au traité de paix de Paris de 1947 que cette Transylvanie septentrionale, en raison de l’engagement roumain auprès des Alliés en 1944-1945, et parce que le régime Szálasi a maintenu la Hongrie aux côtés de l’Allemagne jusqu’au bout[7].

Sous le communisme

Sous le régime communiste, les Hongrois de Transylvanie, sur le modèle soviétique, bénéficient d'une Région autonome magyare dotée d'institutions propres, où la langue officielle est le magyar. Elle correspond grosso modo au Pays sicule. Mais le régime Ceaușescu y met fin en 1968, puis commence à supprimer les unes après les autres les écoles, sociétés et facultés hongroises, relançant une politique de roumanisation. Dans les années 1970-1980, Amnesty International prend fait et cause pour les Hongrois de Transylvanie victimes de discriminations.

Depuis 1989

La libération de 1989 et le rétablissement de la démocratie (après 51 ans d'éclipse) permet aux Hongrois de Transylvanie (à l'exception des aristocrates dépossédés en 1921-1923) de revendiquer la restitution de leurs biens, la réouverture de leurs institutions et établissements d'enseignement, une autonomie culturelle. Ils forment pour cela des partis politiques, dont le plus ancien est l'Union démocrate magyare de Roumanie (UDMR) qui a joué un rôle important sur la scène politique roumaine après la chute du communisme, et a souvent affronté le régime de l'ex-communiste Iliescu. Assez souvent depuis 1996, l'UDMR a fait partie du Gouvernement de la Roumanie, pesant à chaque fois du côté occidental, favorable à l'intégration dans l'OTAN et l'UE. Grâce à la forte présence de l'UDMR dans la politique roumaine contemporaine, les Magyars sont représentés de façon permanente par un groupe de députés et de sénateurs dans le Parlement roumain.

Socio-démographie

Population hongroise au sein du Royaume de Hongrie (1890).
Population hongroise en Roumanie (2002).

C'est la déclaration aux agents du recensement roumain qui détermine les très précis chiffres officielles. En réalité les « marges » de la communauté sont plus floues, car il existe de nombreux couples mixtes et personnes bilingues. Dans ces cas de bilinguisme, ce sont les chiffres publiés par les instances cléricales de chaque confession qui complètent les statistiques, les Hongrois étant de tradition catholique romaine ou parfois protestante, tandis que les Roumains sont de tradition orthodoxe ou parfois catholique grecque. Enfin, cette proportion pourrait être moins importante, des dizaines de milliers de Roms de Transylvanie se déclarant Hongrois à l'occasion des recensements.

Selon les données du recensement de 2011, 1 227 623 personnes déclarent appartenir à la minorité nationale hongroise, constituant 6,5 % de la population du pays et 18 % de la population de la Transylvanie.

Évolution de la population hongroise

AnnéeHongroisPersonnes de langue maternelle hongroise
NombrePourcentageNombrePourcentage
1930[8]1 425 5077,9 %1 552 56310,9 %
1948[9]1 499 8519,4 %
1956[9]1 587 6759,1 %1 653 7009,5 %
1966[9]1 619 5928,5 %1 651 8738,6 %
1977[9]1 713 9287,9 %1 720 6808,0 %
1992[9]1 624 9597,1 %1 639 1357,1 %
2002[10],[11]1 431 8076,6 %1 443 9706,6 %
2011[1]1 227 6236,5 %1 259 9146,7 %

Population hongroise par județ

DépartementHongroisPersonnes de langue maternelle magyare
NombrePourcentageNombrePourcentage
Harghita257 70785,21261 41786,43
Covasna150 46873,74153 72875,33
Mureș200 85838,09206 41239,14
Satu Mare112 58834,65129 88739,96
Bihor138 21325,27144 37726,40
Sălaj50 17723,3550 92823,69
Cluj103 59115,93102 96615,82
Arad36 5689,0336 9049,11
Brașov39 6617,6939 6997,70
Maramureș32 6187,2232 1997,13
Timiș35 2955,5733 9445,35
Bistrița-Năsăud14 3505,5313 7775,02
Alba14 8494,6114 4784,50
Hunedoara15 9004,0415 3003,89
Sibiu10 8932,939 9792,68
Caraș-Severin3 2761,192 6280,97
Bacău4 3730,755 0620,87
Bucarest3 4630,213 3080,20

Le nombre des Magyars de Roumanie a diminué de 200 000 environ entre les recensements 1992 et de 2002, sans que l'on puisse savoir s'il s'agit d'une diminution réelle de la communauté (on ne peut pas croiser les statistiques de l'émigration des citoyens roumains, avec les statistiques ethniques, car l'origine ethnique ne figure pas sur le passeport et les documents d'identité roumains), ou de variations dans les déclarations des personnes recensées (de plus en plus déclarent simplement leur citoyenneté).

Culture, langue, affaires publiques

Selon le recensement de 2001, 98,3 % des personnes s'identifiant comme hongroises ont le hongrois comme langue maternelle et 1,7 % le roumain. De plus, 14,6 % des personnes s'identifiant comme allemandes, 5,3 % de celles s'identifiant comme roms, 11,6 % de celles s'identifiant comme juives, et seulement 0,1 % de celles s'identifiant comme roumaines, ont le hongrois comme langue maternelle[12].

Administration

Dans les localités où la communauté hongroise représentent plus de 20 % de la population, les personnes concernées ont le droit de s'adresser aux autorités en hongrois. Dans ces localités, les inscriptions publiques peuvent être et sont pour la plupart bilingues (roumain/hongrois).

Éducation

À la suite de l'adoption de la Réforme protestante qui encourageait les fidèles à lire et à interpréter eux-mêmes la parole de Dieu, un nombre croissant de Magyars ont eu accès à l'éducation à partir du XVIe siècle. Après la révolution de 1848 et notamment à la suite des nouvelles politiques éducatives de l'Empire d'Autriche-Hongrie, le pourcentage d'individus alphabétisés s'accrut de façon significative. Ainsi, au tournant du siècle, le taux d'alphabétisation en Transylvanie était comparable à celui qu'on trouvait dans les pays de l'Europe de l'Ouest[13].

Conformément aux lois roumaines, les Magyars de Roumanie peuvent suivre le parcours éducatif dans leur langue maternelle. Dans les localités où ils représentent plus de 20 % de la population, ils ont le droit de s'adresser aux autorités en hongrois. D'après le recensement de 1992, 98 % des Magyars au-dessus de l'âge de 12 ans avaient suivi un parcours éducatif. Par ailleurs, plus de 30 % des cours proposés par l'université Babeș-Bolyai de Cluj-Napoca, la plus grande université du pays, sont donnés en hongrois.

Médias

Les Hongrois ont marqué profondément la culture de la Transylvanie.

À présent il y a plus de 300 institutions, associations et organisations culturelles hongroises en Roumanie, dont quelques-unes, telles que les théâtres de Cluj-Napoca, de Târgu Mureș ou de Timișoara, se sont forgé une réputation internationale.

La communauté hongroise dispose aussi d'un réseau de maisons d'édition et de journaux (magazines culturels y compris) en hongrois. En outre, on trouve des livres en hongrois dans toutes les librairies et dans toutes les bibliothèques des zones habitées par les Hongrois.

Deux chaînes de la télévision nationales ainsi que plusieurs chaînes privées proposent des émissions en hongrois. Il y a aussi des stations de radio qui émettent en hongrois.

Arts et littérature

Parmi les nombreux artistes hongrois transylvains ou d'origine transylvaine, rappelons l'écrivain Attila Bartis, le metteur en scène Gábor Tompa ou le sculpteur Albert György.

Sciences

Les Hongrois se sont illustrés en plusieurs domaines scientifiques. Certains chercheurs, tels que János Bolyai, ont contribué d'une manière décisive au développement des sciences.

Institutions minoritaires

La législation roumaine distingue la citoyenneté (cetățenie) selon le droit du sol, de l'appartenance ethnique (naționalitate) selon le droit du sang. Selon la notion de cetățenie, tous les citoyens roumains sont égaux en droits et leur appartenance ethnique relève de la sphère privée, ne doit figurer sur aucun document d'identité, et toute discrimination (embauche, logement...) est punie par la loi ; mais d'un autre côté, selon la notion de naționalitate, 20 communautés ethniques (comunități naționale) sont officiellement reconnues par la loi en Roumanie, et tout citoyen peut se réclamer de l'une d'elles, au moment du recensement, pour l'utilisation de sa langue dans certaines sphères culturelles et éducatives, ou pour former un parti politique ethnique.

Représentation politique

Les Hongrois de Roumanie disposent de trois partis ethniques représentant leurs intérêts :

L'UDMR qui a joué un rôle important sur la scène politique roumaine depuis la chute du communisme, alors que le PCM, fondé en 2008, et le PPMT, fondé en 2011, ne sont représentés ni à la Chambre des députés ni au Sénat.

À la suite des élections législatives de 1996, l'UDMR a fait partie de pour la première fois d'un gouvernement de coalition, ayant deux portefeuilles ministériels.

Au cours de la législature 2004-2008, l'UDMR a occupé 10 places dans le Sénat (soit 6,23 % du total) et 22 places dans la Chambre des députés (soit 6,17 % du total). En tant que membre de la coalition de gouvernement, l'UDMR a eu quatre portefeuilles ministériels, alors que son président, Béla Markó, a été le vice-Premier ministre de la Roumanie. Entre 2009 et 2012, l'UDMR a également participé aux gouvernements Boc II et Gouvernement Ungureanu. En 2014, elle participe au gouvernement Ponta III, où son président, Hunor Kelemen, détient le poste de vice-premier ministre et de ministre de la culture, et Attila Korodi, celui de la santé.

Institutions religieuses

En 2011, les Hongrois de Roumanie étaient réformés à 45,9 %, catholiques à 40,8 %, unitariens à 4,5 % et 2,1 % étaient orthodoxes[14].

Notes et références

  1. (ro) « Rezultate », sur www.recensamantromania.ro (consulté le ).
  2. Jean Nouzille, La Transylvanie : terre de contacts et de conflits, Centre d'études germaniques, , 255 p. (ISBN 2-910412-00-8, OCLC 32036613).
  3. Il semble que les Corvinides, comme une bonne partie de l'aristocratie roumaine des XIe siècle / XIVe siècle, étaient d'origine coumane.
  4. Béla Köpeczi (dir.), History of Transylvania, 3 vol., Boulder, East European Monographs, 2001-2002 : traduction anglaise d'un ouvrage documenté et précis (version abrégée en français disponible sur : Histoire de la Transylvanie, Budapest, Akademiai Kiadó, 1992), mais contesté par les historiens roumains parce qu'il adopte la thèse du « Désert des Avars » (Avarenwüste) d'Eduard Rössler selon laquelle les Magyars ont trouvé la Transylvanie vide d'habitants, à l'exception de quelques tribus slaves nomades ; à l'inverse, l'historiographie hongroise moderne considère par nature toutes les sources roumaines comme non fiables parce qu'elles adoptent la thèse d'une continuité romanophone en Transylvanie entre le retrait de l'Empire romain au IIIe siècle et les premières valachies attestées au XIIIe siècle.
  5. La « Jacquerie de Bobâlna » est une révolte paysanne qui a eu lieu en Transylvanie, sous l’influence des Hussites, contre l’Église et les nobles, sous la conduite d’Antal Budai Nagy. Appuyés par la bourgeoisie urbaine et la petite noblesse, les insurgés reprochent à l’Église ses richesses (elle possède 12 % du territoire transylvain) et déplorent sa perte de prestige à la suite du Grand Schisme d'Occident (1378-1417). Vainqueurs à Bobâlna en , les révoltés obtiennent d’importantes concessions. La noblesse fait bloc contre les révoltés. Elle convoque les représentants des Saxons et de Sicules qui proclament à Căpâlna une « Union fraternelle », appelée l’« Union des trois nations » le . La ville de Kolozsvár (Cluj en roumain), qui avait pris parti pour les insurgés, est prise d’assaut en 1438. Les chefs de la jacquerie sont mis à mort et les paysans Valaques, qui formaient jusqu'alors l'un des états nations ») du voévodat de Transylvanie (Universitas valachorum) perdent leurs droits et sont ravalés au rang de serfs. Le caractère dynastique de la Transylvanie s'en trouve renforcé, au bénéfice des dynasties aristocratiques magyares
    (ro) Historia urbană, Editura Academiei Române, (lire en ligne).
  6. (hu) Lajos Demény, Parasztfelkelés Erdélyben, 1437-1438, Gondolat, , 206 p. (ISBN 963-281-856-3, OCLC 20932040).
  7. (en) Stefano Bottoni, « Integration, collaboration, resistance. The Hungarian minority in Transylvania and the Romanian state security », dans Joachim von Puttkamer, Stefan Sienerth et Ulrich A. Wien, Die Securitate in Siebenbürgen, Böhlau Verlag, (ISBN 978-3-412-22253-6, lire en ligne), p. 189-213.
  8. (ro) Institutul Central de Statistică (Romania), « Recensământul general al populatiei româniei din 29 decemvrie 1930 », Bucuresti : Editura Institutului central de statistică, (consulté le ).
  9. (en) « Hungarians in Transylvania between 1870 and 1995 » (consulté le ).
  10. http://www.insse.ro/cms/files/rpl2002rezgen1/14.pdf
  11. http://www.insse.ro/cms/files/rpl2002rezgen1/17.pdf
  12. (ro) « Tab 11. Populația stabilă după etnie și limba maternă, pe categorii de localităţi », sur recensamantromania.ro.
  13. Henri-Jean Martin, Histoire et pouvoirs de l'écrit, Paris, Albin Michel, impr. 1996, 536 p. (ISBN 2-226-08472-X, OCLC 494816275).
  14. (ro) « Tab14. Populația stabilă după etnie – și religie – categorii de localități », sur recensamantromania.ro.

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

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