Histoire de La Réunion

Cet article relate les faits saillants de l'histoire de La Réunion, une île du Sud-Ouest de l'océan Indien qui est un département et une région d'outre-mer français (DROM). Elle est située dans l'archipel des Mascareignes à environ 700 kilomètres à l'est de Madagascar et à 170 kilomètres au sud-ouest de l'île Maurice, terre la plus proche.

Histoire de la Réunion
Chronologie
1153 Le géographe arabe Al Idrissi cartographie l'île sous le nom de « Dina Morgabin ».
1513 Les Portugais y débarquent. Le navigateur Pedro de Mascarenhas donne son nom à l'archipel des Mascareignes, composé de la Réunion, de Maurice et de Rodrigues.
1642 Au nom du roi Louis XIII, les Français s'approprient le territoire, baptisé « île Bourbon ».
1663 Le colon Louis Payen s'y installe avec des esclaves malgaches.
1665 Création de la Compagnie française des Indes orientales par Jean-Baptiste Colbert, qui envoie 4 navires sur l'île. Etienne Regnault en devient le premier gouverneur.
1668 Anne Mousse, surnommée « grand-mère des Réunionais », est la première femme à naître sur l'île.
1715 Le gouverneur de Bourbon Antoine Desforges-Boucher y impose la culture du café. Utilisation d'esclaves africains et malgaches pour l'exploitation agricole.
1793 Lors de la Révolution française, le territoire est renommé « île de la Réunion » sans doute en hommage à la réunion des révolutionnaires parisiens et marseillais.
1796 Les colons refusent abolition de l'esclavage.
1806 Sous le Premier Empire, le territoire est rebaptisé l'« île Bonaparte ».
1807 Une série de catastrophes naturelles ravage les plantations de caféiers et girofliers. La France commence à y implanter de la canne à sucre.
1811 Révolte d'esclaves de Saint-Leu.
1840 L'esclave Edmond Albius découvre le procédé de fécondation de la vanille.
20 décembre 1848 L'abolition de l'esclavage est proclamée. 62 000 esclaves sont libérés. Début de l'engagisme : les planteurs font désormais appel à la main d'œuvre indienne.
1865 Crise de la canne à sucre, concurrencée par la betterave à sucre.
début du XXe Immigration indo-musulmane et chinoise.
1914-1918 Première Guerre mondiale : ~10% de la population est mobilisée.
1918 Grippe espagnole : ~10% de la population est décimée.
1946 La Réunion devient un département d’outre-mer.
1997 L'île obtient le statut de région ultrapériphérique de l’Union européenne.

Chronologie

Avant le XVIe siècle, seuls les Arabes et les Austronésiens (habitant l'Indonésie et la Malaisie d'aujourd'hui) connaissent l'océan Indien. Le premier nom donné à La Réunion le fut par les Arabes bien avant 1450 : « Dina Morgabin », qui signifie l'île de l’Ouest.

En 1498, Vasco de Gama arrive dans cet océan, remonte le canal du Mozambique, explore Madagascar, l'île de Mozambique et va jusqu'à Calicut, en Inde. Au passage, il détruit la ville de Kingani au nord de Madagascar. La colonisation européenne de l'océan Indien commence avec cette première grande expédition.

1502-1664 : de la découverte au peuplement

Deux Hollandais assis sur une tortue aux premières heures de l'histoire de La Réunion.

Après les Portugais, les Anglais et les Hollandais, les Français s'engagent dans l'entreprise coloniale. Ils « découvrent » les îles et s'y installent, utilisant la main-d'œuvre esclave, achetée principalement en Afrique et à Madagascar

  • 1504 :le premier navigateur européen à avoir croisé au large de La Réunion est Diogo Fernandes Pereira. Il lui donne le nom de Santa Apollonia.
  • 1513 : Pedro de Mascarenhas passant au large de l'archipel formé par La Réunion, Maurice et Rodrigues lui donne son nom : Mascarenhas qui deviendra en français Mascareignes.
  • 1611 : le 27 décembre, l'expédition de l'amiral hollandais Pieter Willemsz Verhoeff (Pierre-Guillaume Veruff), de retour de Java, passe à vue de La Réunion, mais n'y débarque pas.
  • 1613 : le 23 mars, le navire Pearl, de retour de Ceylan, fait escale à La Réunion et son capitaine, Samuel Castelton, baptise l'île encore inhabitée England's forest[1]. Il décrit une île paradisiaque vierge avec des cours d'eau, des animaux : tortues, tourterelles, perroquets, ibis de La Réunion (ou solitaire), anguilles, canards, oies, tous extrêmement facile à tuer.
  • 1638 :le 25 juin, première prise de possession de l'île Mascarin (future Réunion) par Salomon Gaubert, capitaine du Saint-Alexis, sur lequel était embarqué François Cauche, premier historien de Madagascar.
  • 1642 :le 29 juin, les Français prennent une seconde fois possession de Mascarin au nom du roi de France et la rebaptisent île Bourbon. Premier débarquement à Saint-Paul de Jacques Pronis, commis de la compagnie des Indes et commandant à Madagascar, prit à son tour possession de la Réunion, en septembre 1642 (ou 1643 ?).
  • 1646 :Jean Leclerc dit des Roquettes et 11 autres mutins de Fort-Dauphin (petit comptoir vers la route des Indes dans le Sud de Madagascar) sont abandonnés à La Réunion avec quelques chèvres et des semences. Il s'installent à l'endroit qui deviendra le Quartier français de Sainte-Suzanne / Saint André. Le 7 septembre 1649, on les ramène, contre leur gré, à Fort-Dauphin. Une première carte de l'île est dressée avec les informations de ces mutins[2].
  • 1649 :décembre, Étienne de Flacourt est séduit par la description de l'île faite par les mutins. L'île prend alors de l'intérêt. Sur le bateau Le Saint-Laurent, le capitaine Roger Le Bourg, envoyé par de Flacourt, prend à nouveau possession de l’île, en débarquant au lieu-dit la Possession. Il la baptise “Île Bourbon”. Quatre génisses et un taureau sont débarqués, mais l'île reste vierge.
  • 1654 :le 2 octobre, Antoine Couillard dit le taureau ou Maravole, débarque de l'Ours en baie de Saint-Paul avec 5 vaches, un taureau, des cochons, de la volaille et des plants de tabac. Il est accompagné de 12 hommes dont 6 malgaches. Ils repartent en 1658 sur un navire anglais.:
  • 1663 :le 10 novembre, le Saint-Charles en provenance de Fort-Dauphin, mouille à la grotte des Premiers Français à Saint-Paul. L'île Bourbon est dès lors définitivement occupée. Deux Français dont Louis Payen, débarquent avec dix serviteurs malgaches dont trois femmes. L'île devient colonie à part entière et aussi la première base française de l'océan Indien.


1665-1764 : la période de la Compagnie des Indes

Pendant un siècle, la Compagnie des Indes administre directement l'île Bourbon qui lui est concédée par le Roi de France. En 1665, l'île accueille son premier gouverneur, Étienne Regnault, agent de la Compagnie des Indes. L'administration crée les premiers quartiers, exploite les richesses (tortues, gibier…) et accorde les premières concessions. En 1667 naît le premier enfant connu de Bourbon : Estienne Cazan ; en avril 1668, ce sera le tour de la première fille Anne Mousse dont les parents, Marie Caze et Jean Mousse faisaient partie des malgaches débarqués avec Louis Payen. La colonisation définitive de l'île commence avec l'arrivée des premiers colons français accompagnés d'une main-d'œuvre malgache qui n'est pas encore officiellement asservie. Les « serviteurs » sont au service des colons de la Compagnie des Indes.

  • 1665 : Étienne Regnault devient chef de la première véritable colonie. L'île Bourbon compte 30 à 35 personnes. La colonie est basée au camp Jacques à droite de l'embouchure de l'étang de Saint-Paul.
  • 1667 : naissance de Saint-Denis et de Sainte-Suzanne. Le Saint Jean appartenant à la flotte du marquis de Montvergne, débarque 200 malades, 5 jeunes femmes et 1 prêtre et la même année les 5 premiers mariages sont célébrés dans l’île.
  • 1671 : l'île Bourbon compte 76 personnes.
  • 1674 : l'île Bourbon accueille les rescapés du massacre de Fort-Dauphin, et devient alors la seule escale française sur la route des Indes. L'île compte alors 150 personnes. Pendant six ans, l'île va tomber dans l'oubli et la colonie va prospérer.
  • 1680 : le Père Bernardin essaye d'intéresser Louis XIV à l'île Bourbon.
  • 1686 : l'île Bourbon compte 216 personnes.
  • 1689 : M. Henri Habert de Vauboulon devient le premier administrateur et législateur de l'île.
  • 1700 : Versailles prend en considération cette escale sur la route des Indes. L'île est de plus en plus fréquentée.
  • 1704 : l'île compte 734 personnes.
  • 1708 : 1re expédition de Moka qui ramène 1 500 tonnes de café du Yémen à Saint-Malo.
  • 1712 : 2e expédition de Moka.
  • 1715 : la Compagnie des Indes orientales charge Guillaume Dufresne d'Arsel d’implanter à La Réunion des plants de Moka, via la troisième des expéditions de Moka. Dès , six plants de Moka, offerts par le sultan du Yémen, sont ensemencés à Saint-Paul de la Réunion, sous l'autorité du gouverneur de La Réunion Antoine Desforges-Boucher. La Compagnie des Indes orientales organise la production, l'achat de graines, construit des greniers et des routes. Elle offre des concessions gratuites à tout colon de 15 à 60 acceptant d'entretenir 100 plants de café.
  • 1718 : nouvelle richesse de l'île, le café fait entrer Bourbon dans la grande aventure de la prospérité économique. Le développement de cette ressource s'accompagne d'un fort courant d'importation d'esclaves.
  • 1719 : jusqu'en 1735, l'exportation annuelle de café atteint les 100 000 livres. L'île Bourbon « accueille » 1 500 esclaves supplémentaires par an. Ils proviennent d'Afrique, de l'Inde et de Madagascar.
  • 1728 : dans une lettre au ministre de la Marine du , le gouverneur de La Réunion Pierre-Benoît Dumas s'enthousiasme : « On ne peut rien voir de plus beau que les plantations de café qui se multiplient à l'infini. Cette île sera dans peu capable d'en fournir au-delà de la consommation du royaume ».
  • 1735 : Bertrand-François Mahé de La Bourdonnais devient le premier gouverneur général des îles de Bourbon et de France. Il transfère le siège du gouvernement de Saint-Denis à Port Louis et de ce fait privilégie l'île de France à Bourbon, car elle bénéficie d'un port naturel, Port-Louis, base navale idéale pour la lutte maritime que se livrent l'Angleterre et la France pour la domination de l'Inde. L'île Bourbon est cantonnée au rôle de pourvoyeuse de l'île de France et des flottes de guerre et de commerce en denrées alimentaires. Il mate les mouvements de résistance en transférant les hommes d'une île à l'autre. Il met en place la chasse aux noirs à La Réunion et organise des milices pour faire des battues et aller « dénicher les marrons ».
  • 1738 : Saint-Denis devient le chef-lieu de l'île au détriment de Saint-Paul.
  • 1741 : les jeunes de l'île Bourbon sont recrutés pour la guerre contre les Britanniques en Inde.
  • 1744 : la production de café atteint 2 500 000 livres. L'île compte 2 500 habitants.
  • 1751 : publication de l'Encyclopédie de Diderot et d'Alembert, qui définit ainsi l'île Bourbon, encore appelée Mascareigne :

« île d’Afrique dans l’Océan éthiopique à l’orient de l’île de Madagascar. Elle peut avoir 15 lieues de long, 10 de large & 40 de tour. Elle fut découverte par un Portugais de la maison de Mascarenhas. Les François s’y établirent en 1672 ; c’est l’entrepôt des vaisseaux de la compagnie des Indes. Elle est fertile, l’air y est sain, les rivieres poissonneuses, & les montagnes pleines de gibier. On recueille sur le rivage de l’ambre gris, du corail, des coquillages ; mais la fréquence & la violence des ouragans y désolent tous les biens qui sont sur terre[3]. »

  • 1754 :il y a 3 376 blancs et 13 517 esclaves. (recensement effectué par le Conseil supérieur de l'île).
  • 1756 : jusqu'en 1763, l'île Bourbon participe au conflit opposant la France à la Grande-Bretagne en Inde.
  • 1763 : l'île compte 22 000 personnes dont 18 000 esclaves.
  • 1764 :le roi rachète les Mascareignes à la Compagnie des Indes après la faillite de cette dernière. L'île entre pendant 30 ans dans une période économique très faste avec l'exportation des épices et du café.

1764-1789 : la période royale

Dans cette période, l'île connaît de nombreux changements administratifs et judiciaires. Sur le plan économique, c'est la période des épices. Le gouverneur Pierre Poivre introduit notamment des épices (girofle, muscade) qui apportent un modeste complément à la culture du café. L'action de Pierre Poivre a considérablement enrichi et diversifié la flore de l'île.

  • 1767 : le 14 juillet, la France récupère officiellement les Mascareignes.
  • 1768 :l'île Bourbon compte 45 000 esclaves et 26 284 habitants libres (Blancs et libres de couleur).
  • 1772 : plantation des premiers girofliers dans l'île.
  • 1788 : l'île compte 47 195 habitants.

1789-1819 : la période révolutionnaire et impériale

La culture du café à l'île Bourbon (aquarelle attribuée à J. J. Patu de Rosemont, début du XIXe siècle).

C'est une période trouble pour l'île, qui subit les contrecoups des guerres de la Révolution et l'Empire. Les tensions naissent surtout quand l'assemblée coloniale créée par la Révolution refuse d'abolir l'esclavage.

L'île Bourbon devient en 1793 l'île de La Réunion. Cependant Napoléon transforme à nouveau le statut de l'île en la plaçant sous l'autorité d'un capitaine général résidant en île de France. L'assemblée coloniale est supprimée et l'esclavage rétabli en 1802.

L'île prend le nom d'« île Bonaparte » en 1806. Elle reprendra le nom de Bourbon en 1814.

  • 1789 : révolution : l'assemblée coloniale prend le pouvoir aux mains de l'administration royale.
  • 1793 : jusqu'en 1795, l'île connaît une grave pénurie de denrées alimentaires, mais grâce aux corsaires, elle parvient à subsister.
  • 1794 : le 8 avril, l'île rompt avec le passé et adopte le nom d'île de La Réunion à la suite de La Réunion des révolutionnaires qui ont chassé le roi Bourbon du trône. Le gouverneur royaliste est arrêté.
  • 1795 : l'île refuse l'abolition de l'esclavage mais adopte un système plus souple. La Réunion est soumise au régime révolutionnaire montagnard.
  • 1796 : refus officiel de l'abolition de l'esclavage.
  • 1798 : la Réunion devient hors-la-loi vis-à-vis de la métropole et s'enferme dans une autonomie.
  • 1799 : l'assemblée coloniale impose à l'île une véritable dictature.
  • 1801 : la Réunion revient sous le contrôle de la France après la prise de pouvoir de Bonaparte.
  • 1802 : la loi du 20 mai 1802 maintient l'esclavage.
  • 1806 : août : La Réunion prend le nom d'île Bonaparte.
  • 1807 : des catastrophes naturelles exceptionnelles ravagent toutes les cultures de café et de giroflier. Ces événements précipitent l'abandon du café, dont l'intérêt économique décline. Les exploitants se tournent vers la canne à sucre, dont les débouchés en métropole s'accroissent considérablement depuis la perte, par la France, de Saint-Domingue (Haïti) et avec le passage de l'île de France (île Maurice) sous domination anglaise.
  • 1808 : l'île, sans défense, subit le blocus de la flotte britannique.
  • 1809 :
  • 1810 :
    • le 7 juillet, les Britanniques débarquent à la Grande Chaloupe et font route vers Saint-Denis.
    • le 8 juillet a lieu la bataille de la Redoute. La Réunion capitule. Le 9 juillet, l'île reprend le nom d'île Bourbon. Jusqu'en 1815, l'occupation britannique s'effectue sans évènement notable.
    • le premier établissement d'enseignement supérieur ouvre à Saint-Denis : c'est le collège royal.
  • 1815 : par le traité de Paris de 1814, les Britanniques rétrocèdent l'île à la France le 6 avril : c'est la seule île de l'océan Indien rendue à la France. L'île compte alors 68 309 habitants. La culture de la canne à sucre se développe, mais l'île ne peut plus subvenir à ses besoins alimentaires.

1820-1848 : de la Restauration à l'abolition de l'esclavage

Plus de 45 000 esclaves sont introduits à Bourbon entre 1817 et 1831. La traite clandestine est tolérée par les autorités de Bourbon malgré l'interdiction officielle de 1815 (congrès de Vienne). En 1830, après les Trois Glorieuses, la monarchie de Juillet gouverne en métropole. La traite est énergiquement combattue. Les lois Mackau (1845) adoucissent le régime des esclaves.

1849-1946 : de l'abolition de l'esclavage à la départementalisation

L'esclavage est aboli mais l'île reste une colonie française jusqu'en 1946. Un nouveau système d'asservissement des hommes  « l'engagisme » ou concept plus adapté le « servilisme »  est à la base de la nouvelle organisation économique et sociale de l'île. Au , la population esclave s'élève à 62 151 individus soit 60 % de la population totale. Libérés le , les affranchis auront chacun un nom (attribué par l'administration coloniale) rajouté à leur ancienne appellation d'esclave. Une minorité d'entre eux acceptent de rester auprès de leurs anciens maîtres, les autres vagabondent dans l'île ou se réfugient dans les hauteurs de l'île à la recherche de terres libres à défricher.

Les esclaves n'avaient pas de nom de famille et étaient désignés par leur nom de baptême ou par un surnom plus ou moins fantaisiste. Lors de leur affranchissement en 1848, les textes précisent que « le nom donné à l’affranchi doit être différent de ceux déjà utilisés dans la colonie » pour éviter toute confusion avec les familles blanches. Les officiers d'état civil leur attribuent un nom souvent moqueur tiré d'une particularité ou d'un jeu de mots, ou faisant référence à l'Antiquité classique. Certains affranchis ont cherché à se défaire de ces noms mais la plupart sont encore en usage[4].

Plus de 100 000 « engagés » malgaches et africains (nommés "Cafres"), indous (nommés "Zarabes" pour les musulmans du Nord, et "Malbars" pour les tamouls du Sud de l'Inde) et chinois seront introduits dans la colonie par les propriétaires d'anciens esclaves pour remplacer ceux-ci sur les plantations[5].

L'île prend le nom d'île de La Réunion après la promulgation du décret du , le à La Réunion.

Timbre de La Réunion datant de 1907.

Depuis 1947 : de la départementalisation à aujourd'hui : l'époque des grandes mutations…

De 1947 à nos jours, l'île de La Réunion connaît une accélération de son histoire. En un demi-siècle, les bouleversements sociaux, économiques, politiques sont considérables. La société de plantation de l'époque coloniale laisse la place à la société de consommation, mais l'économie réunionnaise reste fragile, artificielle, déséquilibrée avec un secteur tertiaire hypertrophié et des transferts sociaux abondants qui entretiennent un assistanat aux conséquences catastrophiques. En l'espace d'un demi-siècle, la population (227 000 habitants en 1946) a triplé (740 000 habitants en 2004), résultat de progrès médicaux considérables entraînant une baisse spectaculaire de la mortalité tandis que la natalité reste forte, et, plus récemment d'un pouvoir attractif de l'Ile qui attire de plus en plus d'immigrants de la métropole, d'Europe et de l'océan Indien. La croissance économique, bien que forte, ne suffit pas à donner de l'activité à toute cette population, d'où l'importance du taux de chômage.

Esclavage et marronnage

  • Les esclaves ou noirs marrons, le peuplement des hauts.
    • Les producteurs de canne avaient recours à l'esclavage pour exploiter leurs plantations. La main d'œuvre venait surtout d'Afrique de l'Est (les « cafres »), de Madagascar, de Guinée et d'Inde. Un petit nombre d'esclaves parvenaient à s'enfuir des propriétés, et cherchaient refuge dans les zones montagneuses. On appelle ces fugitifs: les Marrons. Ces fuyards étaient pourchassés par des chasseurs professionnels de Marrons et par la gendarmerie.
    • L'accroissement considérable des effectifs d'esclaves, l'existence de Marrons qui se livraient à des rapines nocturnes, créaient pour les Blancs un climat d'insécurité croissant, d'où résultaient un antagonisme croissant entre Blancs et Noirs, une sévérité toujours accrue des maîtres, des révoltes d'esclaves durement réprimées…
    • Le développement des exploitations caféières a enrichi certains exploitants, mais d'autres, ne pouvant acquérir autant d'esclaves que nécessaire, se voyaient acculés à céder leurs propriétés, ruinés par la baisse des cours du café. Ils se réfugiaient sur les hauteurs de l'île, vivant pauvrement de cultures vivrières : on les a nommés les « petits blancs des hauts ». La population des Hauts augmentait avec ces nouveaux arrivants et les zones centrales de l'île se peuplèrent : les cirques de Salazie et de Cilaos, le plateau de la plaine des Palmistes et de la plaine des Cafres.

Notes et références

  1. Purchas his Pilgrimes (1625), vol.I p.331-332
  2. première carte
  3. L’Encyclopédie, 1re édition, 1751 (Tome 10, p. 171). lire en ligne.
  4. Payet Geneviève, « Nom et filiation à La Réunion : de l'histoire à la clinique », Cliniques méditerranéennes, 2001/1 (no 63), p. 179-192.
  5. Article et documents sur les engagés de la Réunion
  6. Jean-Marc Régnault, « La France à la recherche de sites nucléaires (1957-1963) », Cahier du Centre d'études d'histoire de la défense, no 12 « Science, technologie et Défense. Stratégies autour de l’atome et de l’espace (1945-1998) », , p. 24-47 (ISBN 2-9515024-0-0, lire en ligne)
  7. David Caviglioli, « Quand la France interdisait l'avortement... sauf aux femmes noires », Le Nouvel Observateur, 4 mars 2017. Voir aussi Françoise Vergès, Le Ventre des femmes, Albin Michel, 2017.

Voir aussi

Articles connexes

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