Histoire naturelle

Le terme d’histoire naturelle est apparu en français au XVIe siècle pour désigner les livres décrivant les objets de la nature. Au XXIe siècle, le Muséum national d'histoire naturelle[1] propose une définition du terme « histoire naturelle » :

« Historiquement, c'est l'enquête, la description de tout ce qui est visible dans le monde naturel : animal, végétal, minéral. »

Pour les articles homonymes, voir Histoire naturelle (homonymie).

Tableau de l'histoire naturelle, 1728, Cyclopaedia.
Anémones de mer, dessins de Ernst Haeckel (extrait de Kunstformen der Natur de 1904).
Catalogue de 1909 de la collection d'histoire naturelle du lycée Michelet à Vanves.
Au Muséum national d'histoire naturelle, dont le siège est à Paris, l’histoire naturelle est une approche globale et interdisciplinaire.

Le Manifeste du Muséum (2017)[2] précise que l'étude de la diversité des sociétés humaines fait partie intégrante de l'histoire naturelle : le musée de l'Homme, musée d'anthropologie, fait d'ailleurs partie du Muséum national d'histoire naturelle, qui dispose de plusieurs chaires d'anthropologie.

Le Muséum signale que les conceptions de l'histoire naturelle n’ont cessé d’évoluer au cours du temps, en citant à tour de rôle des savants tels que Carl von Linné, Georges-Louis Leclerc de Buffon, Jean-Baptiste de Lamarck et Charles Darwin, pour conclure que :

« L’histoire naturelle aujourd’hui, c’est l’étude de la diversité du monde vivant et du monde minéral et de ses interactions avec l'homme. C’est comprendre comment cette diversité s’est construite et quelle est sa dynamique. »

Et François Terrasson, professeur au Muséum, ajoute qu’« en histoire naturelle comme en médecine, les généralistes, avec leur vision d’ensemble, c’est-à-dire les naturalistes, sont aussi indispensables que les spécialistes, avec leur capacité d’expertise chacun dans son domaine »[3].

Origines du terme

Traduction littérale de l’Historia naturalis de Pline, le terme d’« histoire naturelle » apparaît en français dans la seconde moitié du XVIe siècle, mais la démarche d’observation et de description systématique de la nature date de l’Antiquité avec Aristote, Théophraste, Antigone de Karystos et Pline l'Ancien. Il convient ici d'entendre « histoire » dans son sens antique de « enquête, recherche »[2].

Évolutions du terme

Selon la définition qu’en donne Herman Boerhaave (1668-1738) dans la préface du Botanicon Parisiense de Sébastien Vaillant (1669-1722)[4] :

« On appelle histoire naturelle la connaissance des choses, qui sont produites dans l’Univers, et que les hommes peuvent découvrir par les sens. Entre toutes les sciences qui ont été cultivées par l’industrie des hommes celle-ci a toujours passé avec raison pour une des principales. »

Au XVIIe et plus encore au XVIIIe siècle, l’expression sert à désigner l’étude des objets observables, tant en astronomie, qu’en botanique, en zoologie ou en géologie. À l’époque, le spécialiste de l’histoire naturelle est un naturaliste.

Avec le développement des connaissances, l’histoire naturelle se divise en nombreuses spécialités, au point que la démarche « naturaliste » et le métier de « naturaliste » (généraliste) disparaissent dans le courant du XXe siècle ; simultanément, sous l’influence de l’idéologie de la « lutte de l’Homme civilisé contre la nature sauvage »[3] les mots mêmes « histoire naturelle » prennent une connotation archaïsante, tandis que biologiste et sciences naturelles acquièrent par contraste une aura de modernité.

Comme le fait remarquer Yves Delange du Muséum national d'histoire naturelle, à Paris, il y a trop souvent eu opposition entre « naturaliste » (professionnel ou amateur) et « biologiste ». En français contemporain, le terme « sciences naturelles » (qui n'est pas un synonyme stricto sensu de science de la nature), remplace à peu près la dénomination « histoire naturelle ». Celle-ci est parfois perçue à tort comme vieillotte malgré la modernité des recherches pluri-disciplinaires menées, par exemple, au Muséum national d'histoire naturelle. En fait, le terme « histoire » renvoie à son sens étymologique : « histoire » vient du grec ancien historia, signifiant « enquête », « connaissance acquise par l'enquête », qui lui-même vient du terme ἵστωρ, hístōr signifiant « sagesse », « témoin » ou « juge ». Ainsi, l'« histoire naturelle » est une enquête approfondie sur la nature, pour continuer à acquérir des données. Ce terme, « histoire », peut aussi être interprété, à la lumière de l'approche actuelle de cette discipline, comme l'histoire de notre planète, de la vie (paléontologie) et de la lignée humaine (anthropologie). Selon cette vision récente de ce que serait l'« histoire naturelle », le terme « naturelle » renverrait alors à la biodiversité actuelle de notre planète. Au XXIe siècle, l'« histoire naturelle » est ainsi plus que jamais d'actualité en tant qu'approche systémique pluridisciplinaire, englobant sans les opposer aussi bien l'homme que la nature, l'environnement que le développement, la préservation que la valorisation[5].

Depuis 1993[Note 1], dans l'enseignement secondaire en France[Note 2], c'est l'appellation Sciences de la Vie et de la Terre qui est utilisée pour mettre en avant la volonté d'unifier les différents champs scientifiques[6].

Pour simplifier, on peut estimer que les sciences naturelles englobent les disciplines suivantes :

En revanche, les Sciences naturelles se différencient nettement des sciences formelles et des sciences humaines et sociales telles que :

Le besoin d’une vision globale et interdisciplinaire subsiste néanmoins, ce qui développe, dans le dernier quart du XXe siècle, de nouvelles approches comme la géonomie (dont l’apparition date du début du XXe siècle, mais qui avait été occultée par l’évolution précédente). Avec les progrès de la génétique, l’interconnexion des savoirs, l’approche géonomique et la popularité du « développement durable » (quelles qu’en soient les interprétations, les instrumentalisations ou les degrés de compréhension), l’histoire naturelle devient progressivement une « histoire globale » de l’Univers, du système solaire et surtout de la planète Terre, une histoire interdisciplinaire à la fois cosmogonique, physique, chimique, biologique et humaine. Des livres comme The richness of Life[7] (sous la direction de Stephen Jay Gould), Les Mondes disparus d'Éric Buffetaut et Jean Le Loeuff, Classification phylogénétique du vivant de Guillaume Lecointre et Hervé Le Guyader ou encore le Guide critique de l'évolution de Guillaume Lecointre, Corinne Fortin, Gérard Guillot et Marie-Laure Le Louarn-Bonnet, relèvent de cette nouvelle « histoire naturelle globale ». À ce sujet, Jean-René Vanney[8] écrit :

« [cette relation] ne devrait pas être un égrènement d'événements dans le temps, ni une chronique de tel ou tel phénomène, plutôt une gerbe liant les faits dans leur globalité. »

 Jean-René Vanney, Mystère des abysses (p. 54)

Évolution d'exploitation des informations visuelles en histoire naturelle

Exemple des oursins :

Annexes

Articles connexes

Bibliographie

Liens externes

Notes et références

Notes

  1. La date de 1993, qui est en partie conventionnelle, peut être indiquée dans la mesure où il existait, en 1992, le concours de l'agrégation de sciences naturelles, laquelle a été renommée agrégation de sciences de la vie - sciences de la Terre et de l'Univers, en 1993. Actuellement, en 2014, le sigle SVT ou S.V.T. est largement utilisé pour spécifier, aussi bien des manuels scolaires, que des programmes d'enseignements dans le système éducatif français.
  2. En l'absence de témoignages, il n'est pas possible de savoir où l'expression sciences de la vie - sciences de la Terre et de l'Univers est effectivement employée. Il est cependant probable que les lycées ou autres collèges qui sont situés en France (métropole et outre-mer), suivent la terminologie du ministère de l'Éducation nationale français. Mais quels sont les usages dans les pays ou régions de la francophonie tels que Suisse, Belgique, Québec, Liban, Cameroun, Sénégal, etc. ?

Références

  1. Site officiel du MNHN: voir
  2. Luc Abbadie, Gilles Bœuf, Allain Bougrain-Dubourg, Claudine Cohen, Bruno David, Philippe Descola, Françoise Gaill, Jean Gayon, Thierry Hoquet, Philippe Janvier, Yvon Le Maho, Guillaume Lecointre, Valérie Masson-Delmotte, Armand de Ricqlès, Philippe Taquet, Stéphanie Thiébault et Frédérique Viard, Manifeste du Muséum : Quel futur sans nature ?, Paris, Reliefs/MNHN, , 80 p. (ISBN 978-2-8565-3811-1, lire en ligne).
  3. François Terrasson : La Peur de la nature, éd. Sang de la Terre, 1988
  4. Sébastien Vaillant (1727). Botanicon Parisiense ou Dénombrement par ordre alphabétique des plantes qui se trouvent aux environs de Paris, Jean & Herman Verbeek et Balthazar Lakeman (Leyde et Amsterdam) : ca 260 p. + 33 pl.
  5. Yves Delange, Plaidoyer pour les sciences naturelles : Dès l'enfance, faire aimer la nature..., L'Harmattan, Paris, 2009, p. 39-41. (ISBN 978-2296-07991-5)
  6. Michèle Verdelhan-Bourgade, Béatrice Bakhouche, Richard Étienne, Pierre Boutan, Les manuels scolaires, miroirs de la nation ?, L'Harmattan, Paris, 2007, p. 230. (ISBN 2296034187)
  7. « Table of contents for The richness of life », sur catdir.loc.gov (consulté le )
  8. François Carré et Loïc Ménanteau, « Jean-René VANNEY », sur Géomorphologie : relief, processus, environnement, (consulté le )
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