Valérie Masson-Delmotte
Valérie Masson-Delmotte, née le à Nancy[1], est une paléoclimatologue française. Elle est directrice de recherche au CEA et coprésidente du groupe no 1 du GIEC depuis 2015.
Biographie
Études
Valérie Masson-Delmotte[2] est diplômée de l'École centrale Paris en 1993[3]. Elle soutient en 1996 une thèse de doctorat en physique des fluides et des transferts[4] à l'École centrale Paris sur la « Simulation du climat de l’holocène moyen à l’aide de modèles de circulation générale de l’atmosphère ; impacts des paramétrisations »[3].
Carrière scientifique et impacts
Depuis 1997, remarquée par Jean Jouzel[4], elle est chercheuse au Laboratoire des sciences du climat et de l'environnement du Commissariat à l'énergie atomique (CEA)[5],[6].
Depuis 2008, elle est directrice de recherche au CEA[2]. Ses recherches portent sur l'évolution des climats passés et l'impact du climat futur. Elle a notamment participé à la reconstitution de la concentration en gaz à effet de serre de l'atmosphère sur les 800 000 dernières années[7]. Elle a également travaillé sur l'impact du réchauffement climatique sur l'Antarctique en 2070[8]. Elle avait contribué, en 2018, à plus de deux cents publications scientifiques[5],[6].
Valérie Masson-Delmotte a été en pointe dans la lutte contre le climatoscepticisme. En particulier, elle est à l'origine de l'appel des 400, en 2010, qui rassemblait environ 400 spécialistes du climat critiquant le « dénigrement », les « accusations ou affirmations péremptoires » ainsi que les « erreurs » de Claude Allègre ou Vincent Courtillot sur le sujet. Cet appel demandait aux instances scientifiques et politiques une réaction vis-à-vis des critiques dont ces climatologues étaient l'objet de la part de ces scientifiques niant la responsabilité humaine dans les changements climatiques[9],[10],[11],[12],[1].
Elle a publié Climat. Le vrai et le faux dont le but est de démonter les arguments climato-sceptiques et de montrer que les auteurs climato-sceptiques s'appuient largement des arguments développés dans la blogosphère anglophone[13]. Selon elle, en France, les climato-sceptiques sont notamment motivés par l'idée que la technique « permet et permettra de régler tous les problèmes »[13].
Elle fait partie de nombreux projets nationaux et internationaux dont le Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC). Elle a contribué à la rédaction des quatrième et cinquième rapports du GIEC[5]. Le , elle est élue co-présidente du groupe de travail no 1 du GIEC, qui travaille sur les bases physiques du climat[4]. Elle est membre du Haut Conseil pour le climat, créé en 2018 et placé auprès du Premier ministre français[14].
Elle a été élue membre de l'Académie des technologies en 2019.[15]
Médiation scientifique
Valérie Masson-Delmotte a écrit des ouvrages à destination des enfants, d'autres pour le grand public afin d'expliquer les connaissances scientifiques sur l'évolution du climat, et leurs impacts[16]. Elle a également été commissaire de plusieurs expositions sur ces thèmes[16] et fait de nombreuses conférences.
Elle effectue de la médiation scientifique dans les établissements scolaires ou dans les centres commerciaux pour toucher le plus grand nombre[17].
Elle a réalisé une critique scientifique du film Le Jour d'après[18].
Distinction
Prises de position
En 2015, Valérie Masson-Delmotte a signé un appel, aux côtés d'une centaine de personnalités internationales, demandant à laisser les énergies fossiles dans le sol pour éviter un « crime climatique », comparé à un crime contre l'humanité[20].
En 2018, au début de la crise des Gilets jaunes, elle signe une tribune appelant à mettre en place une délibération citoyenne, qui trouve un débouché dans la Convention citoyenne pour le climat[21]. Elle intervient lors du premier week-end de celle-ci, le , afin de communiquer le socle d’informations minimales sur le réchauffement climatique[22],[23]. A la question de la première mesure à prendre pour la transition, elle suggère que la publicité est source de confusion pour les français et les empêche d'évoluer vers la sobriété[24].
En 2018, elle a écrit une lettre au ministre de l'Éducation nationale pour que les sciences du climat soient mieux représentées dans les programmes du lycée[25]. Selon elle, les nouveaux programmes sont un recul sur la manière d'aborder le sujet, un retour aux années 1950-1970, sans que l'influence humaine ne soit abordée[26]. Le , Jean-Michel Blanquer saisit le Conseil supérieur des programmes pour ajouter « des contenus d’enseignement complémentaires sur les enjeux du changement climatique, du développement durable et de la biodiversité ». Celui-ci auditionne des experts du climat comme Valérie Masson-Delmotte et Jean Jouzel mais aussi François Gervais, physicien, spécialiste des supraconducteurs et climatosceptique[27].
Elle soutient la création du collectif de scientifiques engagés pour la reduction de leur empreinte, Labos 1point5[28].
Elle soutient les initiatives citoyennes telles que les traductions collaboratives des rapports du GIEC et s'interroge sur la possibilité de créer des résumés à l'intention des citoyens[29].
En , elle intervient comme experte au « Procès du siècle », un procès fictif organisé par le conseil départemental de Meurthe-et-Moselle et Sciences Po Environnement[30].
Elle tente de mettre en cohérence sa connaissance de l'urgence climatique avec son impact personnel carbone calculé avec l'outil MicMac en étant végétarienne, en privilégiant les circuits courts et en se déplaçant en vélo électrique. Elle réduit ses voyages professionnels à ceux rendus nécessaires par sa fonction au sein du GIEC qu'elle compense par des projets de reboisement en France gérés par Reforest'Action[31].
Prix et reconnaissance
Valérie Masson-Delmotte a reçu de nombreux prix[3] :
- 2002 : grand prix Étienne-Roth de l'Académie des Sciences avec Françoise Vimeux ;
- 2004 : collectivement avec le thème climat du LSCE, prix Louis D de l'Institut de France ;
- 2007 : associée au prix Nobel de la Paix remis à Al Gore et au GIEC ;
- 2008 : prix Descartes de la Commission européenne pour la recherche collaborative transnationale EPICA de forage dans les glaces profondes de l'Antarctique ;
- 2011 : prix d'excellence scientifique de l'université de Versailles-Saint-Quentin-en-Yvelines ;
- 2013 : prix Irène-Joliot-Curie comme la femme scientifique de l'année[32] ;
- 2015 : prix Martha T. Muse pour sa contribution à la science sur l'Antarctique[33] ;
- 2015 : prix Jean Perrin de popularisation scientifique[16] ;
- 2018 : Nature 10, les dix scientifiques qui ont le plus marqué l'année[34] ;
- 2019 : médaille d'argent du CNRS[35] ;
- 2020 : médaille Milutin Milanković de l'Union européenne des géosciences[36] ;
- 2020 : médaille du comité scientifique pour la recherche en Antarctique (en)[37].
Ouvrages
En tant qu'autrice
- Climat : le vrai et le faux, Le Pommier, Paris, 2011, 208 p. (ISBN 978-2-7465-0500-1)
En collaboration
- Le Climat, De nos ancêtres à vos enfants, avec Bérengère Dubrulle, illustrations Cécile Gambini (ISBN 2-7465-0239-9) (Le Pommier, Paris, 2005)
- Les Expéditions polaires, avec Yann Fastier et Gérard Jugie (ISBN 978-2-7465-0311-3) (Le Pommier, Paris, 2007)
- Atmosphère, atmosphère, avec Didier Hauglustain et Jean Jouzel (ISBN 978-2-7465-0384-7) (Le Pommier, Paris, 2008)
- Atmosphère : quel effet de serre !, avec Marc Delmotte, ill. de Charles Dutertre (ISBN 978-2-7465-0444-8) (Le Pommier, Paris, 2009)
- Le Climat, la Terre et les Hommes, avec Jean Poitou et Pascale Braconnot (ISBN 978-2759808816) (EDP Sciences, 2015)
- Parlons climat en 30 questions, avec Christophe Cassou (ISBN 978-2-11-010055-9) (La Documentation française, 2015)
- Le Groenland. Climat, écologie, société, sous la dir. de Valérie Masson-Delmotte, avec Émilie Gauthier, David Grémillet, Jean-Michel Huctin et Didier Swingedouw (ISBN 978-2-271-08170-4) (CNRS Éditions, 2016)
- Manifeste du Muséum. Quel futur sans nature ?, Luc Abbadie, Gilles Bœuf, Allain Bougrain-Dubourg, Claudine Cohen, Bruno David, Philippe Descola, Françoise Gaill, Jean Gayon, Thierry Hoquet, Philippe Janvier, Yvon Le Maho, Guillaume Lecointre, Valérie Masson-Delmotte, Armand de Ricqlès, Philippe Taquet, Stéphanie Thiébault, Frédérique Viard (ISBN 978-2-8565-3811-1) (Reliefs/MNHN, 2017) [lire en ligne]
Notes et références
- Isabelle Hanne, « Valérie Masson-Delmotte, elle en Giec » sur Libération, 6 décembre 2015
- « Valérie Masson-Delmotte, une climatologue citoyenne », La Croix, (lire en ligne).
- « Valerie Masson-Delmotte », sur Le Laboratoire des sciences du climat et de l'environnement (consulté le ).
- Marielle Court, « Valérie Masson-Delmotte couronnée par la revue Nature », Le Figaro, (lire en ligne).
- (en) « Valérie Masson-Delmotte », sur The Conversation (consulté le ).
- « Valérie Masson-Delmotte, une voix pour alerter sur le réchauffement climatique », sur Le Monde, .
- « Valérie Masson-Delmotte, seule Française récompensée dans le classement des 10 personnalités scientifiques de 2018 », sur Sciences et Avenir.
- « La fonte de l’Antarctique s’accélère », sur Pour la science.
- « Climat : 400 scientifiques signent contre Claude Allègre », sur Sciences², .
- « Climat : l'Appel anti-Allègre porte 583 signatures », sur Sciences², .
- « Claude Allègre : l'Appel des 604 et leurs arguments », sur Sciences², .
- « La blogosphère, incubateur du climatoscepticisme », sur Le Monde, .
- « Haro sur les écolos ! », sur Le Monde, .
- Pierre Le Hir, Audrey Garric et Cédric Pietralunga, « Climat : un haut conseil pour orienter le gouvernement », sur Le Monde.fr, (consulté le ).
- « Quatorze nouveaux membres élus à L’Académie des technologies », sur academie-technologies.fr, (consulté le )
- « Valérie Masson Delmotte, lauréate du prix de popularisation scientifique », sur SFP.
- « Valérie Masson-Delmotte, climatologue tempérée », sur France Culture, .
- « Le Jour d'après - Risques VS Fictions n° 7 avec Valérie Masson-Delmotte », sur Risques VS fictions.
- « Légion d'honneur pour Jean Jouzel et Valérie Masson-Delmotte », sur Université Paris Saclay.
- « Un appel historique contre le crime climatique », sur Mediapart, .
- « Valérie Masson-Delmotte : « Nous devons mieux anticiper les risques sévères » », sur lejournal.cnrs.fr, (consulté le ).
- « La Convention citoyenne pour le climat est une innovation démocratique majeure », sur Alternatives Economiques (consulté le )
- « Au programme du premier weekend de travail », sur Convention citoyenne pour le climat, (consulté le )
- « Rapport du Giec : 10 choses à savoir sur la paléoclimatologue Valérie Masson-Delmotte », sur L'Obs (consulté le )
- « Valérie Masson-Delmotte, une climatologue parmi les dix scientifiques de l’année », .
- « Le changement climatique, grand oublié des programmes au lycée », sur Mediapart, .
- « Climat: le scepticisme au sommaire des programmes scolaires - Journal de l'environnement », sur www.journaldelenvironnement.net (consulté le )
- « « Face à l’urgence climatique, les scientifiques doivent réduire leur impact sur l’environnement » », Le Monde.fr, (lire en ligne, consulté le )
- « Do you speak le Giec ? », sur France Culture (consulté le )
- « Le procès du siècle - La Planète accuse | Conseil départemental de Meurthe-et-Moselle », sur meurthe-et-moselle.fr (consulté le )
- La-Croix.com, « Valérie Masson-Delmotte : « Certains ados en savent plus sur le climat qu’un ministre » », sur La Croix, (consulté le )
- (en) « Nominations », sur ipcc.ch.
- « Valérie Masson-Delmotte reçoit le Prix Martha T. Muse 2015 », sur Université Paris Saclay.
- « Valérie Masson-Delmotte, dans le « TOP 10 » de Nature », sur CEA, .
- « Valérie Masson-Delmotte médaillée d’argent 2019 du CNRS », sur Université de Versailles Saint Quentin, (consulté le )
- (en-GB) « EGU announces 2020 awards and medals », sur European Geosciences Union (EGU) (consulté le )
- (en) « Valérie Masson-Delmotte - SCAR President’s Medal for Outstanding Achievement in Antarctic Science 2020 »
Liens externes
- Ressources relatives à la recherche :
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