Henri Bouchard (sculpteur)
Henri Bouchard[2], né le à Dijon[3] et mort le à Paris, est un sculpteur et médailleur français[4].
Pour les articles homonymes, voir Henri Bouchard et Bouchard.
Biographie
Fils d'un menuisier dijonnais, Henri Louis Bouchard entre comme apprenti chez un décorateur ornemaniste où il apprend les rudiments de la sculpture. En 1889, il suit dans le même temps, les cours de l'École des beaux-arts de sa ville natale, où il est l'élève du sculpteur dijonnais François Dameron. Il s'inscrit à l'Académie Julian à Paris et entre à l'École nationale supérieure des arts décoratifs, où il est l'élève d'Hector Lemaire de 1889 à 1894. Il entre ensuite à l'École des beaux-arts de Paris dans l'atelier du sculpteur Louis-Ernest Barrias de 1895 à 1901.
En 1901 il remporte le grand prix de Rome sur le thème de l’Exil d'Œdipe et d'Antigone chassés de Thèbes[5]. De 1902 à 1906, il est pensionnaire à la villa Médicis à Rome, d'où il envoie des œuvres comme le Faucheur (1904)[6], Débardeur du Port de Naples, Fillette à la cruche ou Jeune danseuse romaine.
Il voyage de 1903 à 1905. Outre l'Italie, il visite la Tunisie en 1903, le Maroc en 1904 et la Grèce (en 1905). Ces années aiguisent son goût pour la vie quotidienne et le labeur des petites gens.
De retour en France en 1906, il vit et travaille dans le quartier Montparnasse à Paris où, dans la lignée de Jules Dalou ou de Constantin Meunier, il développe son approche naturaliste du monde des travailleurs. Il reçoit sa première commande de l'État en 1907. De 1910 à 1917, il est nommé professeur à l'Académie Julian. Son art devient plus stylisé, rythmé, plus décoratif aussi. Il crée de petites pièces décoratives et reçoit de nombreuses commandes d'œuvres monumentales et de reliefs.
En 1911, il effectue un voyage en Allemagne, où il réalise un portrait de Claus Sluter. Bouchard voyage en 1912 vers le nord : en Angleterre, Belgique et aux Pays-Bas.
En 1913, il épouse l'artiste peintre Suzanne Schneller dont il modèle le buste[7]. Il élèvera avec elle trois enfants. Durant la Première Guerre mondiale, il est mobilisé dans la section du camouflage de l'armée française à Amiens. Il nommé chevalier de la Légion d'honneur en 1914[8]. Démobilisé, Bouchard rentre à Paris en février 1919.
Pour répondre aux nombreuses commandes qui lui sont passées, il se fait construire en 1924 un atelier à Paris dans le quartier d'Auteuil, qui deviendra le musée Henri Bouchard, fermé en mars 2007, pour être transféré à Roubaix. Il participe à l'Exposition internationale des Arts décoratifs et industriels modernes de 1925. De 1928 à 1929, il est professeur à l'École nationale supérieure des arts décoratifs, puis de 1929 à 1945, il devient professeur et chef d'atelier à l'École des beaux-arts de Paris.
En 1930, il est élu membre agrégé étranger à l'Académie royale des beaux-arts d'Anvers (au fauteuil du sculpteur Antoine Bourdelle). En 1933, il devient membre de l'Académie des beaux-arts de Paris. Il est nommé membre associé de l'Académie royale des beaux-arts de Bruxelles en 1939.
De 1940 à 1945, Bouchard est président du Salon des artistes français.
De 1941 à 1945, il participe au Groupe Collaboration[9]. Il fait partie du voyage en Allemagne en 1941 sur l'invitation de l'occupant allemand, avec onze autres artistes[10]. Il signe un article sur ce voyage dans la revue L'Illustration, dans lequel il écrivit : « Alors j'ai dit ce que j'ai vu : la vie presque féerique que le gouvernement du Reich sait faire à ses artistes, qui semblent être là les enfants chéris de la nation. »[11].
En 1942, il est membre du comité d’honneur de l’exposition Arno Breker à Paris[9].
En 1942, faisant suite à la loi du sur la mobilisation des métaux non ferreux, trois de ses sculptures en bronze sont fondue : le Monument au maire de Beaune (à Beaune), Défrichement à Charleville-Mézières et Le Faucheur à Aspet.
En 1944, à la Libération, il est reconnu comme collaborateur par le comité directeur du Front national des arts réuni sous la présidence de Pablo Picasso. Le Parquet classera ensuite le dossier après son étude.
En hommage à Lucien Louis Bunel, il réalise Père Jacques, l'une de ses dernières grandes sculptures, en 1948. Le , il prononce l'éloge funèbre de son confrère Paul Niclausse à l'église Saint-Germain-des-Prés à Paris.
Henri Bouchard meurt à Paris en 1960, laissant un atelier rempli de nombreuses esquisses, plâtres et sculptures. Il est inhumé au cimetière d'Aiserey (Côte-d'Or) au côté de son épouse Suzanne Schneller[12].
Postérité
Par arrêté du [13], est décidé le transfert de l'atelier du sculpteur, préservé dans le 16e arrondissement de Paris (le musée Bouchard) depuis sa mort ainsi que 1 300 de ses œuvres, au musée de La Piscine à Roubaix[14]. L'atelier du sculpteur y sera remonté à l'identique et est accessible au public depuis 2018.
Œuvres
Sculpture
- 1907 : Le Laboureur au repos[15].
- 1909 : Forgeron au repos, Pêcheur breton, Le Défrichement, Aéronaute du dirigeable « République » (à Trévol).
- 1909 : Le Défrichement[15], sculpture installée à Charleville-Mézières en 1931, en partie fondu sous le régime de Vichy, dans le cadre de la mobilisation des métaux non ferreux[16].
- 1909-1917 : Monument international de la Réformation à Genève.
- 1910 : Monument à Étienne-Jules Marey, place Marey à Beaune (Côte-d'Or).
- 1911 :
- Plaque à Louis Courajod,
- Pierre de Montreuil[17].
- Les Quatre évangélistes, placés en haut du campanile de la basilique du Sacré-Cœur de Montmartre à Paris.
- Monument aux aéronautes victimes de la catastrophe du dirigeable « République »[15].
- Au pâturage
- Atlantes des façades du no 4 rue Jasmin (au coin de la rue de l'Yvette) à Paris.
- 1912 :
- Jeune Fille à la gazelle.
- Claus Sluter, terre cuite, 68 × 23 × 22,5 cm, Dijon, musée des beaux-arts.
- 1914 : Cariatides, figures masculines pour la façade de l'immeuble du no 148 boulevard Malesherbes à Paris.
- 1919 : Mes enfants, Enfants jouant, Parents martyrs, bois.
- 1919 : Quatre allégories du Printemps, bas-reliefs ornant la façade des Magasins du Printemps, à l'angle de la rue Charras à Paris.
- 1920 : Autoportrait, bronze, Dijon, musée de la vie bourguignonne Perrin de Puycousin
- 1921 :
- Monument aux morts de Luzech.
- Aux Héros inconnus, aux martyrs ignorés morts pour la France, Panthéon de Paris, en souvenir des soldats de la Première Guerre mondiale.
- 1923 : Jeune Fille au lévrier, marbre, 63 × 41 × 20 cm, Dijon, musée des beaux-arts.
- 1923 : l'Alsace et la Lorraine rendues à la France, le Poilu de la Marne, le Poilu de Verdun du Monument aux morts de Dijon.
- 1924 : Le Sculpteur, L'Architecte, produits dans son nouvel atelier d'Auteuil.
- 1925 : Salon de l'Ambassade, Patio Bouchard, Fontaine de la Manufacture de Sèvres, Pavillon du Printemps pour le Salon des arts décoratifs à Paris.
- 1926 :
- Une œuvre religieuse pour le maître-autel du Mont Saint-Michel et des sculptures pour les églises reconstruites dans le nord de la France
- Monument aux morts de Fontenay-le-Comte[18].
- 1926 : Monument aux morts d'Antibes, devant le Fort-Carré.
- 1927 : Victoire sommitale du Monument aux morts de Caen dessiné par Paul Bigot.
- 1932-1935 : bas-relief monumental se déployant autour d'une figure de Christ en roi sur le fronton de l'église Saint-Pierre-de-Chaillot à Paris.
- 1932 : Jeanne d'Arc écoutant les voix.
- 1932 : frise en bas-relief décorant la façade de l'École nationale supérieure de techniques avancées (ENSTA ParisTech), boulevard Victor à Paris.
- 1933 : Jehan de Chelles.
- 1935 : Paul Morel, statue au jardin anglais de Vesoul.
- 1936 : Apollon musagète, groupe commandé par l'État pour le palais de Chaillot, à l'occasion de l'Exposition universelle de 1937 à Paris.
- 1937 : Monument à Camille Saint-Saëns, dans le foyer de l'Opéra Garnier à Paris.
- 1938 : Monument aux Mères françaises, en collaboration avec Alexandre Descatoire, jardin du Monument-aux-Mères-Françaises à Paris.
- 1938 : tympan de la façade de l'église Saint-Pierre de Chaillot à Paris.
- 1948 : Le Père Jacques.
- 1959-1960 :
- Monument à Vauban, place Santiago-du-Chili à Paris.
- Porteur de benaton[19], petite cour du château du Clos de Vougeot à Vougeot.
Monument funéraire
- Paris, cimetière du Père-Lachaise :
- Tombe de Gabriel Pierné ;
- Tombe d'Albert Bartholomé ;
- Buste du général Paul François Grossetti.
Médaille
- République française, ministère de l'Agriculture, Concours central hippique Paris, bronze, 50 mm, 62 g.
Élèves notoires
- Jean-Marie Baumel.
- Philippe Besnard (1885-1971), à Rome en 1913[20].
- Charles Bigonet, sculpteur.
- Albert Bouquillon (1908-1997), de 1927 à 1934, premier prix de Rome en 1934.
- Jean Fréour, en 1941.
- Francis Guinard (1931-1939), entre 1945 et 1947, second prix de Rome en sculpture de 1947.
- Olivier Pettit (1918-1979), de 1939 à 1942.
- Guy-Charles Revol (1912-1991), entre 1936 et 1937.
- Pierre Thézé (1913-1999), entre 1936 et 1945.
Expositions
- « Henri Bouchard (1875-1960), Quelques dessins », La Piscine, Musée d'art et d'industrie à Roubaix, du au .
Notes et références
- Didier Rykner, « Deux œuvres de Carolus-Duran pour Roubaix et pour Lille », La Tribune de l'Art, 23 juin 2007.
- Né Louis-Henri Bouchard
- « Extrait d'acte de naissance » sur la base Léonore.
- Emmanuel Bénézit, Dictionnaire des peintres, sculpteurs, dessinateurs et graveurs, tome 2, 1976, p. 207.
- [PDF] « Lumière sur Henri Bouchard », sur le site mba.dijon.fr, consulté le 2 novembre 2014.
- Musée des beaux-arts de Dijon.
- Buste de Madame Bouchard.
- « Dossier dans l'ordre de la Légion d'honneur de Louis Henri Bouchard », base Léonore, ministère français de la Culture
- Laurence Bertrand Dorléac, L'art de la défaite : 1940-1944, Collection : « L'Univers historique », Éditions du Seuil, p. 292.
- Charles Despiau, Maurice de Vlaminck, Othon Friesz, André Dunoyer de Segonzac, Kees van Dongen, André Derain, Paul Landowski et Paul Belmondo.
- Henri Bouchard, « La vie de l'artiste dans l'Allemagne actuelle », L'Illustration, no 5161,
- « Henri Bouchard », sur le site mairie-aiserey.fr, consulté le 2 novembre 2014.
- Transfert de propriété des collections du Musée Henri Bouchard, sur le site legifrance.gouv.fr, consulté le 2 novembre 2014.
- Le Monde, 15-16 juin 2008.
- Bénézit, Dictionnaire des peintres, sculpteurs, dessinateurs et graveurs, 1976, tome 2, p. 207.
- Il ne reste sur l'île que l'homme et la charrue.
- Pierre de Montereau (titre erroné), sur la base Joconde, consultée le 2 novembre 2014.
- William Chevillon, À la découverte de Fontenay-le-Comte, La Roche-sur-Yon, Centre vendéen de recherches historiques, , 128 p. (ISBN 9782491575007, lire en ligne), p. 118.
- Un bénaton est une caisse, généralement faite d'osier, pour le transport de pains de sel, ou utilisée pour les vendanges.
- Philippe Besnard, Souvenances (mémoires), p. 135 sq., Éditions de l'Université d'Ottawa, 1975, (ISBN 0-7766-4254-5)
Annexes
Bibliographie
- François Bouchard, Marie Bouchard et Antoinette Le Normand-Romain, Bouchard, l'atelier du sculpteur : À la découverte du musée Bouchard, préfacé par Antoinette Le Normand-Romain et Olivier Meslay, Paris, Association des Amis d'Henri Bouchard, 1995, 1 vol.(120 p.) : ill, 22 cm (ISBN 978-2-910400-02-6).
- Karine Thiébault, Une histoire Bourguignonne : L'ascendance du sculpteur Henri Bouchard, Éditions Généalogiques de la Voûte, 2004.
- « Bouchard, Henri », in Le Delarge (en ligne).
Iconographie
- Carolus-Duran, Portrait du sculpteur Henri Bouchard, 1906, huile sur toile, Roubaix, La Piscine, Musée d'art et d'industrie (présentation en ligne : Didier Rykner, « Deux œuvres de Carolus-Duran pour Roubaix et pour Lille », La Tribune de l'Art, ).
Liens externes
- Ressources relatives aux beaux-arts :
- AGORHA
- Bridgeman Art Library
- Delarge
- Mapping Sculpture
- Musée d'Orsay
- (de + en) Artists of the World Online
- (en) Bénézit
- (en) British Museum
- (en) Grove Art Online
- (en) MutualArt
- (en + nl) RKDartists
- (en) Smithsonian American Art Museum
- (en) Union List of Artist Names
- Site officiel
- « Henri Bouchard », sur la base Joconde.
- « Brevet de chevalier de la Légion d'honneur » sur la base Léonore.
- « Henri Bouchard », sur le site du musée Rodin.
- Bernard Hasquenoph, « Assainir les Beaux-Arts ». Henri Bouchard sous l’Occupation », 7 janvier 2019, sur louvrepourtous.fr.
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