Hôpital de la Salpêtrière
L'hôpital de la Pitié-Salpêtrière est un hôpital de l'Assistance publique - Hôpitaux de Paris (AP-HP) situé 47-83, boulevard de l'Hôpital dans le 13e arrondissement de Paris.
Historique
En 1656, Louis XIV confia à l'architecte Libéral Bruant la construction d'un hôpital à l'emplacement du petit arsenal, où l'on fabriquait la poudre pour les munitions, surnommé la « Salpêtrière ». Les travaux de construction débutèrent en 1658, et en 1666, faute d'argent, ils furent interrompus. En 1669, ils furent repris sous les ordres de Louis Le Vau.
La Salpêtrière fut le premier et le plus grand des établissements de l'Hôpital général de Paris, institution voulue par les dévots du Saint-Sacrement, et destinée au « renfermement » des mendiants.
En 1684, on ajouta une maison de force, une prison, destinée à 300 femmes, condamnées pour faits de droit commun et femmes d'une débauche et d'une prostitution publique et scandaleuse qui attendaient leur départ pour les Amériques. Ainsi entre 1663 et 1673 plus de 770 jeunes femmes parties de France débarquèrent à Québec, envoyées par Louis XIV pour prendre mari et contribuer au peuplement de la Nouvelle-France. On les appela « Les Filles du Roi ». 240 d'entre elles parmi les 327 de Paris et sa région quittèrent l'enclos de la Salpêtrière. Ce lieu fait pour loger les femmes, fit de la Salpêtrière un lieu de concentration, de répression et de détention pour femmes. L'endroit est un lieu est dit « des Deux-Moulins », situé sur la commune d'Ivry, qui deviendra un hameau qui prendra le nom de « village des Deux-Moulins ».
La supérieure de la Salpêtrière, en général une femme proche des milieux parlementaires jansénistes, était également l'éminente de l'Hôpital général. La nomination, en 1749, d'une femme proche de l'archevêque de Paris, entraîna l'affaire de l’Hôpital général, une révolte des magistrats laïcs du Parlement de Paris qui n'eurent de cesse de retrouver la mainmise exclusive sur l'établissement[1].
À la veille de 1789, l'hôpital, qui était le plus grand hospice du monde, abritait dix mille personnes ; la prison comptait plus de trois cents détenus. Jusqu'à la Révolution française, la Salpêtrière n'eut aucune fonction médicale : ses malades étaient envoyées à l'Hôtel-Dieu. Pendant cette Révolution, en particulier les 3 et , des scènes sanglantes se déroulèrent dans la prison où les aliénées indigentes avaient été entassées. Voir Massacres de Septembre.
De 1882 à 1892, l'École de la Salpêtrière, menée par Jean-Martin Charcot, fut, avec l'École de Nancy, l'une des deux grandes écoles de l'« âge d'or » de l'hypnose en France.
À la fin du XIXe siècle, au moment de la Mi-Carême, était organisé chaque année à l'hospice de la Salpêtrière un célèbre bal : le bal des folles, ainsi qu'un bal des enfants épileptiques. De nombreuses personnalités y assistaient et la presse parisienne en rendait compte.
- Conduite des filles de joie à la Salpêtrière par Jeaurat, 1755.
- Inauguration des nouveaux bâtiments de la Pitié-Salpêtrière le .
Après la démolition en 1896 de l'ancien hôpital de la Pitié, le nouveau fut installé en 1911 sur un site jouxtant celui de la Salpêtrière (sur l'ancien site se trouve aujourd'hui la Grande Mosquée de Paris)[2]. Les deux hôpitaux fusionnèrent en 1964. Ils forment aujourd'hui l'hôpital Pitié-Salpêtrière, faisant partie du groupement hospitalier Pitié-Salpêtrière—Charles-Foix depuis 2012.
Le , l'hôpital fait l'objet d'une double protection au titre des monuments historiques : un classement pour le pavillon d'entrée et les bâtiments Hemey, Jacquart, Lassey, Mazarin, Montyon, ancienne Force, lingerie, pharmacie, bâtiment des Archers, pavillon Chaslin, pavillon de la prothèse dentaire de la section Pinel ; un inscription pour Les sols des cours Mazarin, Lassey, Saint-Louis, Sainte-Claire, des Quinconces et de la rue des Archers[3].
L'hôpital accueille l'Institut du cerveau et de la moelle épinière depuis sa création en .
Description
- Entrée principale, boulevard de l'Hôpital
- Pavillon central
- Détail du pavillon central
Cet ensemble hospitalier dispose d'une chapelle dédiée, la chapelle Saint-Louis, construite sous Louis XIV.
- Vue Sud
- Vue Nord-Est
- Orgue de la chapelle
- Parc de la Hauteur, chapelle de la Pitié-Salpêtrière avec sculptures de Roger Vène, acquises pour la commémoration des 400 ans de l'hôpital en 2013
Architectes de la Salpêtrière
- Antoine Duval (1658[4])
- Libéral Bruant (XVIIe siècle)
- Louis Le Vau (XVIIe siècle)
- Pierre Le Muet (XVIIe siècle)
- Henri Prudhomme (1935)
Médecins célèbres
Plusieurs médecins de renom ont exercé à la Salpêtrière, parmi lesquels :
- Jean-Baptiste Pussin (1745-1811), y fut surveillant de Pinel ;
- Philippe Pinel (1745-1826) ;
- Jean-Étienne Esquirol (1772-1840) ;
- Étienne-Jean Georget (1795-1828) ;
- Jean-Pierre Falret (1797-1870) ;
- Ernest-Charles Lasègue (1816-1883) ;
- Jean-Martin Charcot (1825-1893), précurseur de la neurologie, certainement le médecin le plus célèbre de l'hôpital ;
- Alfred Vulpian (1826-1893) ;
- Octave Terrillon (1844-1895), pionnier de l'asepsie chirurgicale ;
- Paul Richer (1849-1933), anatomiste passionné par une approche scientifique de la beauté artistique, collabora avec Charcot à la Salpêtrière ;
- Paul Segond (1851-1912), pionnier de la chirurgie gynécologique, chef de clinique d'Ulysse Trélat, puis chirurgien en chef (1900-1912) de l'hôpital ;
- Sigmund Freud (1856-1939) : en , Freud fut élève de médecine chez Jean-Martin Charcot durant quatre mois à Paris ;
- Joseph Babinski (1857-1932) : chef de clinique de Charcot, et son élève préféré, participa aux leçons du maître à la Salpêtrière ;
- Pierre Janet (1859-1947), psychologue, figure majeure de la psychologie clinique française du XIXe siècle.
- Achille Souques, (1860-1944), chef de service à la Salpêtrière et un des fondateurs de la Société de Neurologie
- Ivan Bertrand (1893-1965), créateur et directeur de l'Institut de neurobiologie.
- Christian Cabrol (1925-2017), fondateur et directeur du service de chirurgie cardiaque de l'hôpital de la Pitié-Salpêtrière de 1972 à 1990.
Cinéma
La Salpêtrière a servi de lieu de tournage pour les films :
- 1962 : Cléo de 5 à 7 d'Agnès Varda ;
- 1969 : Du soleil plein les yeux de Michel Boisrond ;
- 2006 : Laura, court métrage de Pierre Zandrowicz ;
- 2012 : Augustine d'Alice Winocour.
- Télévision
- 1967 : quelques scènes (en extérieur et intérieur) du feuilleton Vidocq de Marcel Bluwal et Claude Loursais (avec Bernard Noël, Geneviève Fontanel, etc.).
Romans
- Le bal des folles, Victoria Mas, éditions Albin Michel, 2019.
- Blanche et marie, Per Olov Enquist, Actes sud, 2005.
- Réparer les vivants, Maylis de Karengal, éditions verticales, 2014.
Accès
Ce site est desservi par les stations de métro Saint-Marcel et Chevaleret.
Notes et références
- Ibid., chapitres 3 et 4.
- 400 ans de la Pitié
- Notice no PA00086592, base Mérimée, ministère français de la Culture
- (en) Andrew Ayers, The architecture of Paris
Voir aussi
Articles connexes
- Assistance publique - Hôpitaux de Paris
- Groupe hospitalier de la Pitié-Salpêtrière
- École de la Salpêtrière (hypnose)
- Bal des folles à la Salpêtrière
- Gare d'eau d'Ivry
Liens externes
- Notice no PA00086592, base Mérimée, ministère français de la Culture : site classé depuis 1976
- Site officiel
- Site de la Faculté de Médecine Pierre et Marie Curie de la faculté Pitié Salpêtrière
- Historique et architecture de la Salpêtrière
- Historique depuis l'époque romaine de la Pitié-Salpêtrière
- Œuvres associées à l'histoire de l'hôpital Salpêtrière- Portail des collections du musée de l'AP-HP
- Libéral Bruant (L'architecte de la chapelle de la Salpêtrière)
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