France Ellys

France Suzanne Armande Girod-Genet, dite France Ellys[Note 1], née le dans le 14e arrondissement de Paris et morte le à Coubert (Seine-et-Marne), est une actrice de théâtre et de cinéma française.

Biographie

Jeunesse et débuts

France Girod-Genet naît en 1893, 1 rue Lalande à Paris, chez son père Joseph Armand Girod-Genet, employé, et sa mère Marie Léontine Leprince[1].

À ses débuts, durant l'année 1910, elle apparaît sous les pseudonymes d'Odette Montofray[2], Pierrette Montofray[3], puis Odette Monfray[4],[Note 2]. Après avoir obtenu un premier prix de beauté à Berlin  où elle se trouvait pour l'inauguration du théâtre du Tanagra en tant qu'artiste du Luna Park de Paris[5],[3]  elle commence à se produire au théâtre de verdure du Pré-Catelan. Annoncée le pour jouer dans le spectacle inaugural du Théâtre impérial qui doit ouvrir le mois suivant 5 rue du Colisée[6], Odette Monfray devient dès le lendemain dans la presse « Pierrette Monfray »[7] et garde ce pseudonyme jusqu'à la guerre[Note 3]. On lui trouve parfois une ressemblance avec l'actrice Marcelle Yrven[8].

Elle joue dans plusieurs pièces et revues, principalement au Théâtre impérial et au théâtre du Pré-Catelan, jusqu'en . Après la déclaration de guerre, Pierrette Monfray se produit à deux reprises : en , elle déclame une ode patriotique, lors d'un gala organisé par le Vestiaire parisien[Note 4] et la Ligue artistique anti-germanique[9] ; à l'été 1915, elle joue à quelques reprises dans une revue au théâtre des Ambassadeurs[10]. Après quoi sa carrière marque le pas.

Après-guerre : une identité mystérieuse

En , Mlle Girod-Genet épouse à Paris Primrose Eugène Léon Deloncle, avocat à la cour d'appel de Paris[11]  fils de François Deloncle, ancien député des Basses-Alpes , et reparaît publiquement l'année suivante sous le nom de France Ellys. La plupart des journaux relaient le récit suivant : France Ellys, jeune débutante, a été découverte par Lugné-Poe qui lui a donné le rôle féminin principal de la pièce Créanciers d'August Strindberg le , dans son théâtre de l'Œuvre, rouvert l'année précédente après cinq années de fermeture dues à la guerre. Le talent de cette nouvelle comédienne, la veille inconnue, est ainsi consacré par toute la presse[12]. De très rares articles établissent toutefois un lien entre Pierrette Monfray et France Ellys. Ainsi, dans Aux écoutes, on peut lire : « France Ellys ? Une beauté blonde épanouie qui triomphe dans Créanciers... Mais... Mais n'est-ce point Pierrette, Pierrette Monfray qu'on prenait avant la guerre pour la sœur de Marcelle Yrven (...), qui débuta au Pré-Catelan, en 1911 (...). Ensuite elle avait joué au Théâtre impérial, aux Champs-Élysées et à la Renaissance. Elle reparut avec René Bocher (actuellement de la Comédie-Française), sur la scène de ses débuts, dans Métamorphoses. Enfin, pendant la guerre, elle reparut au Nouveau-Cirque pour dire des poèmes patriotiques. »[13] En , Le Carnet de la semaine évoque France Ellys « qu'a totalement renié  [sic] Pierrette Monfray »[14],[Note 5]. En , L'Intransigeant indique que « Pierrette Monfray, qui a changé de nom, sans renoncer au théâtre, s'est mariée »[15].

Par la suite, France Ellys veillera à ne jamais rien dévoiler de sa propre personne. Un journaliste italien qui tentait vainement de l'interroger en 1928[16] écrit : « Ellys évite de parler d'elle, détourne nos questions, comme pour ne pas dévoiler un secret jalousement gardé ». Au sujet du patronyme France Ellys, Lugné-Poe expliquera dans ses mémoires, parus en 1946 sous le titre Dernière Pirouette, qu'il s'agissait du nom d'artiste qu'il lui avait donné[17]. À noter qu'une élève du Conservatoire, de vingt ans sa cadette, a utilisé le même pseudonyme, « Ellys », en 1930[18],[19].

Un succès rapide

Devant le succès que rencontre France Ellys dans la pièce de Strindberg, les directeurs de théâtre se l'arrachent et elle signe en novembre 1920 un engagement avec le théâtre du Vaudeville[20]. Mais elle se récuse finalement pour rester chez Lugné-Poe qui lui confie le premier rôle de ses mises en scènes suivantes. Cela lui vaut un procès avec le Vaudeville, qu'elle finit par gagner en 1926[21].

En 1921, son mari, Léon Deloncle, est impliqué dans l'affaire André Himmel, dirigeant de la Franco American Cinematograph Corporation accusé d'escroquerie[22], et leur domicile du 24 place Malesherbes est perquisitionné[23]. L'avocat connaît par ailleurs des déboires avec le journal qu'il a fondé, Le Jour. Le journal Bonsoir ironise à ce propos en écrivant en 1922 : « France Ellys fut admirable dans Créanciers, mais Léon Deloncle joue très mal les Débiteurs ! »[24] Le couple divorce en [11].

En 1927, France Ellys est remarquée par le dramaturge Henri-René Lenormand qui lui confie le rôle principal de sa nouvelle pièce Mixture et de ses deux créations suivantes. Cette collaboration est l'occasion pour France Ellys de rencontrer Georges Pitoëff. Elle participe ainsi aux représentations de la compagnie Pitoëff jusqu'en 1935[25].

Parallèlement, elle commence en 1932 une carrière cinématographique dans le film Un homme sans nom dont les directeurs Roger Le Bon et Gustav Ucicky lui ont confié le premier rôle féminin.

Un lent déclin

Dans les années 1940, France Ellys poursuit sa carrière à la fois au cinéma et sur les planches. L'âge venant, elle n'obtient plus que des seconds rôles, puis des petits rôles. Elle met un terme à sa carrière théâtrale en 1947 et à sa carrière cinématographique au début des années 1950. Elle donne des cours d'art dramatique jusqu'au début des années 1970[réf. nécessaire].

France Ellys meurt en 1985, à Coubert[1].

Théâtre

Sous le nom d'Odette Montofray

Sous le nom d'Odette Monfray

Sous le nom de Pierrette Monfray

Sous le nom de France Ellys

(Liste non exhaustive)

Cinéma

Courts métrages

Longs métrages

Iconographie

Photographies de l'actrice, parues dans Comœdia les , , , ,  ; dans Excelsior les , .

Notes et références

Notes

    1. Aussi appelée Odette Monfray, Pierrette Monfray, Odette Montofray ou Pierrette Montofray.
    2. Son nom est parfois orthographié Monfrey, mais il s'agit plus probablement de coquilles dues à la presse.
    3. Après-guerre, aucun des pseudonymes qu'elle a utilisés jusque-là n'apparaît plus dans la presse.
    4. Créé en novembre 1914, le Vestiaire parisien avait pour but de recueillir des vêtements pour les familles des mobilisés et les réfugiés belges et français.
    5. Il est possible qu'une coquille ait transformé la phrase initiale : il faudrait alors lire « France Ellys qui a totalement renié Pierrette Monfray » et non « France Ellys qu'a totalement renié[e] Pierrette Monfray ».

    Références

    1. Acte de naissance no 2713 du , Paris 14e, Archives de Paris (avec mentions marginales de mariage et de décès)
    2. « Théâtre & concerts. Salle des fêtes du Journal », sur Gallica, Le Journal, (consulté le ), p. 7
    3. « Spectacles & concerts. Luna Park », sur Gallica, Le Figaro, (consulté le ), p. 5
    4. « Mlle Odette Monfray... », sur Gallica, Comœdia illustré, (consulté le ), p. 695 ; 716
    5. « Odette Monfray », sur RetroNews - Le site de presse de la BnF, Comœdia, (consulté le ), p. 2
    6. « Courrier théâtral. Théâtre impérial », sur RetroNews - Le site de presse de la BnF, La Liberté, (consulté le ), p. 3
    7. « Théâtre Impérial », sur RetroNews - Le site de presse de la BnF, Comœdia, (consulté le ), p. 2
    8. « Débuts sensationnel de Lucy Jousset », sur RetroNews - Le site de presse de la BnF, Le Figaro, (consulté le ), p. 5
    9. « Courrier des théâtres », sur RetroNews - Le site de presse de la BnF, Le Petit Parisien, (consulté le ), p. 4
    10. « En plein air », sur RetroNews - Le site de presse de la BnF, Le Figaro, (consulté le ), p. 4
    11. Acte de mariage no 639 du , Paris 8e, Archives de Paris (avec mention marginale de divorce), vue 23/31
    12. Fernand Nozière, Lugné-Poe, Paris, Éditions Sansot, , p. 33
    13. « Lancement », sur RetroNews - Le site de presse de la BnF, Aux écoutes, (consulté le ), p. 18
    14. « Créanciers », sur RetroNews - Le site de presse de la BnF, Le Carnet de la semaine, (consulté le ), p. 16
    15. Montboron, « Que sont-elles devenues ? », sur RetroNews - Le site de presse de la BnF, L’Intransigeant, (consulté le ), p. 4
    16. [PDF](it) « France Ellys - Conversando con la grande attrice francese », La Voce del Salento, (consulté le )
    17. Lugné-Poe, Dernière Pirouette, Éditions du Sagittaire, , p. 112-113
    18. Une certaine Mlle Ellys figurait dans la liste des élèves du Conservatoire qui se sont présentées au concours de comédie de juin 1930. Au Conservatoire. Croquis rapides de nos futurs "comédiens". Mlle Ellys. Comœdia, 27 juin 1930, p. 1, lire en ligne sur Gallica.
    19. Portrait de Mlle Ellys second prix de comédie au Conservatoire. Comœdia, 2 juillet 1931, p. lire en ligne sur Gallica.
    20. « Une révélation de l'Œuvre : Mme France Ellys », Le Figaro, Paris, no 317 de 1920,
    21. France Ellys gagne son procès contre le Vaudeville Comœdia, 20 juillet 1926, p. lire en ligne sur Gallica
    22. « L'affaire Himmel », sur RetroNews - Le site de presse de la BnF, Le Matin, (consulté le ), p. 2
    23. « M. André Himmel chez le juge d'instruction », sur RetroNews - Le site de presse de la BnF, L’Éclair, (consulté le ), p. 3
    24. « Créanciers et Débiteur ! », sur RetroNews - Le site de presse de la BnF, Bonsoir, (consulté le ), p. 3
    25. Jacqueline Jomaron, Georges Pitoëff, metteur en scène, Lausanne, Éditions L'Âge de l'Homme, , p. 73

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