Flavius Honorius

Flavius Honorius (9 septembre 384-15 août 423) est fait co-empereur par son père Théodose Ier dans la partie occidentale de l'Empire romain à partir de 393. Puis, par division effective à la mort de Théodose, il est empereur romain d'Occident de 395 à sa mort en 423. Son frère aîné, Flavius Arcadius, gouverna l'Empire romain d'Orient. Personnalité faible, Honorius est incapable de gouverner adéquatement et ne parvient à régner près de trente ans que grâce au soutien de ses généraux successifs, à la faiblesse des usurpateurs qui se dressent contre lui et au prix de la cession définitive d'une partie de son Empire aux peuples qui l'ont envahi.

Flavius Honorius
Empereur romain d'Occident

Solidus représentant Flavius Honorius.
Règne
/ - (~30/28 ans)
Période Théodosiens
Précédé par Théodose Ier
Co-empereur Constance III (421)
Usurpé par Gildon (397-398)
Marcus (407)
puis Gratien (407)
puis Constantin III (407-411)
avec Constant (407-411)
puis Jovin (411-413)
avec Sebastianus (412-413)
puis Héraclien (413)
Attale (409-410 et 414-415)
Maxime (409-411 et 420-422)
Suivi de Jean (usurpateur)
Valentinien III (légitime)
Biographie
Nom de naissance Flavius Honorius
Naissance
Constantinople
Décès (38 ans)
Ravenne
Père Théodose Ier
Mère Aelia Flacilla
Fratrie Arcadius, Pulchérie (fille de Théodose Ier) (en), Galla Placidia
Épouse (1) Marie
(2) Thermantia
Empereur romain d'Occident

Biographie

Vie privée

Né à Constantinople en 384, il est le fils de Théodose Ier et d'Ælia Flacilla et le frère cadet d'Arcadius, déjà proclamé Auguste en 383. Sa mère décède vers 386 quand il a deux ans. Théodose se remarie avec Ælia Galla en 386 ou 387, qui lui donne une fille Galla Placidia, puis décède à son tour vers 394.

Règne

Diptyque en ivoire du consul de 406 Anicius Petronius Probus. Offrande à l'empereur Honorius représenté en soldat du Christ, titrée « À notre seigneur Honorius toujours auguste » avec la hampe du légionnaire qui porte l'inscription « Au nom du Christ tu seras toujours vainqueur »[1].

Son père le nomme Auguste le 10 janvier 393 avant d'aller en Italie affronter l'usurpateur Eugène[2]. Vainqueur en septembre 394, Théodose fait venir Honorius à Milan. Il devient le premier empereur de l’Empire romain d'Occident à la mort soudaine de son père le 17 janvier 395. Le partage de l’Empire entre les fils de l'empereur s'est déjà produit plusieurs fois au cours du IVe siècle, mais il est cette fois définitif. Honorius n’a que 11 ans à la mort de son père. Théodose Ier charge le maître de la milice Stilicon, d’origine vandale et époux de sa nièce Serena, de veiller sur ses deux fils[3]. Stilicon est le véritable maître de l’empire d’Occident jusqu’en 408 et sauve le trône d’Honorius des invasions germaniques à deux reprises par ses victoires militaires de Pollenza en 402 sur Alaric Ier et de Fiesole en 406 sur les Ostrogoths de Radagaise. Stilicon fait célébrer à Rome en 404 un triomphe au nom d'Honorius, et dédie une des portes du mur d'Aurélien comme arc de triomphe en l'honneur d'Arcadius, Honorius et Théodose, pour leurs victoires sur les Goths[4].

Stilicon décide en 402 de transférer la capitale de Milan à Ravenne, bien protégée par une ceinture de marécages et des remparts, où Honorius installe son palais, sa cour et son administration. De plus il fait épouser à Honorius sa fille Maria. Elle meurt en 407 avant la consommation du mariage. Stilicon marie une autre de ses filles, Thermantia, qu'Honorius répudie en 408. Il n'aura pas d'autre épouse, ni aucune descendance[4].

Mais Stilicon souhaite intervenir aussi dans les affaires de l’empire d'Orient. Il fait éliminer le puissant ministre d’Arcadius, Rufin, en s'entendant avec Eutrope ; Stilicon renvoie à Constantinople les contingents goths dirigés par Gaïnas qui avaient servi Théodose en Italie. Ceux-ci assassinent Rufin en 395, mais Eutrope entre ensuite en conflit avec Stilicon, et soutient contre lui la rébellion de Gildon en Afrique (398-398). La disgrâce d'Eutrope en 399 ne met pas fin aux tensions, car une réaction anti-germain se développe à Constantinople en 400 : Gaïnas et ses Goths sont massacrés, tandis que les Wisigoths stationnés en Illyricum sont poussés vers l'Occident[5],[6].

Le « colosse » de Barletta est probablement une statue de l’empereur Honorius[7].

En 408, une coalition se forme contre Stilicon au sein de l'administration de Ravenne hostile à ce semi-barbare et des officiers romains inquiets des recrutements massifs de mercenaires barbares et reprochant à ce dernier de n’avoir pas réussi à protéger la Gaule de l’invasion des Vandales et des Suèves (406/408). Stilicon est exécuté le 22 août 408 (ainsi que son fils Eucher) sur ordres d’Honorius et remplacé comme préfet du prétoire par Olympius. Puis il répudie sa deuxième femme Thermantia car également deuxième fille de Stilicon, tandis que l'armée est épurée de ses éléments germaniques.

L’Empire, privé de ses meilleurs défenseurs, va rapidement être débordé par différents peuples barbares. Les Vandales et les Suèves s’installent en Espagne en 409 et Honorius leur donne le statut de fédérés en 412. Surtout, les Wisigoths d’Alaric Ier assiègent Rome en 408, en 409, proclament un contre-empereur Priscus Attale en 409/410, et finissent par s’emparer de Rome le 24 août 410. Le sac de la ville qui symbolise l’Empire bien qu’elle ne soit plus sa capitale accentue la déchéance d’un empire qui se réduit à l’Italie et l’Afrique du Nord. Honorius ne défend pas Rome et semble dépassé par les événements. Il réside à Ravenne où il organise fêtes et plaisirs. Il réussit à se débarrasser des Wisigoths, après la mort d’Alaric Ier, en leur donnant l’Aquitaine seconde où ils s’installent en 416 avec le statut de peuples fédérés[8].

Honorius est confronté à un grand nombre d’usurpations en Gaule comme celles de Jovin, Maxime, en 409/411 et surtout celle de Constantin III en 407/411. Le général Flavius Constantius tente un ultime sursaut et réduit Constantin III à Arles puis l’autre usurpateur Maxime en 411. Il chasse de Gaule vers 414/415 Athaulf, le successeur d’Alaric Ier à la tête des Wisigoths, et rétablit la domination impériale sur une partie de la Gaule et de l'Espagne. Il épouse vers 415 Galla Placidia, veuve d’Athaulf et sœur d’Honorius. Il se fait proclamer Auguste en février 421, sous le nom de Constance III, mais Théodose II ne le reconnaît pas, et un conflit va s’ouvrir entre les deux empires, lorsque Constance III meurt en septembre 421[9].

Fin de règne et succession

Les dernières années de règne d'Honorius se déroulent dans un calme relatif. Il meurt le 15 août 423 d’hydropisie[9]. Théodose II aurait voulu rétablir l’unité impériale, mais face à l’usurpation de Jean 423/425, il se résigne à couronner comme César en 424, puis comme Auguste en 425 le neveu d’Honorius, Valentinien III, fils de Galla Placidia et de Constance III[10].

Politique monétaire

Trémissis d'or à l'effigie d'Honorius, frappé par les Wisigoths.

Malgré les troubles et le rétrécissement de l'Empire, les émissions de solidus et de trémissis d'or continuent en abondance, avec maintien du poids et de la qualité. Frappées dans les ateliers monétaires italiens de Rome, de Ravenne, de Milan et parfois en Gaule dans celui d'Arles, elles servent principalement à financer les dépenses militaires. Des imitations en or sont produites par les Wisigoths après leur installation en Aquitaine en 418. Ces monnaies sont officiellement émises au nom de l'empereur[11].

Les frappes de monnaie d'argent se raréfient, et se concentrent en Italie, enfin la menue monnaie en bronze est produite en abondance jusqu'aux années 420[12].

Postérité

La période du règne d'Honorius inspira plusieurs artistes :

  • 1687 : Alaric le Balte, ou l’audacieux roi des Goths, opéra en trois actes d'Agostino Steffani, dans lequel le personnage d'Honorius est un des personnages principaux ;
  • 1880 : le peintre Jean-Paul Laurens, spécialisé dans la peinture d'histoire fait un tableau de l'Empereur Honorius enfant ;
  • 1883 : John William Waterhouse peint The Favorites of the Emperor Honorius, montrant Honorius préférant la compagnie de ses poules et de ses pigeons à celle de ses conseillers.

Notes et références

  1. Inscriptions référencées CIL V, 6836.
  2. Petit 1974, p. 634.
  3. Petit 1974, p. 633 et 635.
  4. Zosso et Zingg 1995, p. 178-179.
  5. Zosso et Zingg 1995, p. 172.
  6. Michel Christol, Daniel Nony, Rome et son empire, des origines aux invasions barbares, Hachette, collection HU, 2003 (ISBN 2011455421), p. 274.
  7. Émilienne Demougeot, Le Colosse de Barletta, Mélanges de l'Ecole française de Rome. Antiquité, T. 94, N°2, 1982, pp. 951-978 consultable sur Persée
  8. Zosso et Zingg 1995, p. 179-180.
  9. Zosso et Zingg 1995, p. 181, 186.
  10. Zosso et Zingg 1995, p. 189.
  11. Georges Depeyrot, La monnaie romaine : 211 av. J.-C. - 476 apr. J.-C. , Éditions Errance, 2006, 212 pages (ISBN 2877723305), p. 175.
  12. Georges Depeyrot, La monnaie romaine : 211 av. J.-C. - 476 apr. J.-C. , Editions Errance, 2006, 212 pages (ISBN 2877723305), p. 178.

Voir aussi

Bibliographie

  • Paul Petit, Histoire générale de l’Empire romain, Seuil, , 800 p. (ISBN 2020026775)
  • François Zosso et Christian Zingg, Les Empereurs romains : 27 av. J.-C. - 476 ap. J.-C., édition Errance, , 253 p. (ISBN 2-87772-226-0).

Articles connexes

Liens externes

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