Ernest Renan

Ernest Renan, né le [1] à Tréguier (Côtes d'Armor) et mort le à Paris, est un écrivain, philologue, philosophe et historien français.

Pour les articles homonymes, voir Renan.

Curieux de science, Ernest Renan est immédiatement convaincu par les hypothèses de Darwin sur l'évolution des espèces. Il établit un rapport étroit entre les religions et leurs racines ethnico-géographiques. Une part essentielle de son œuvre est d'ailleurs consacrée aux religions avec par exemple son Histoire des origines du christianisme (7 volumes de 1863 à 1881) dont le premier tome est consacré à la Vie de Jésus (1863). Ce livre qui marque les milieux intellectuels de son vivant contient la thèse, alors controversée, selon laquelle la biographie de Jésus doit être comprise comme celle de n'importe quel autre homme, et la Bible comme devant être soumise à un examen critique comme n'importe quel autre document historique. Ceci déclenche des débats passionnés et la colère de l'Église catholique.

Ernest Renan est considéré aujourd'hui comme un intellectuel de référence avec des textes comme Prière sur l'Acropole (1865) ou Qu'est-ce qu'une nation ? (1882). Dans ce discours, Renan s’efforce de distinguer race et nation, soutenant que, à la différence des races, les nations s’étaient formées sur la base d’une association volontaire d’individus avec un passé commun : ce qui constitue une nation, ce n'est pas de parler la même langue, ni d'appartenir à un groupe ethnographique commun, c'est d'« avoir fait de grandes choses ensemble, vouloir en faire encore » dans l'avenir.

Son intérêt pour sa Bretagne natale a été également constant de L'Âme bretonne (1854) à son texte autobiographique Souvenirs d'enfance et de jeunesse (1883).

Biographie

Quelques dates de sa vie

Reçu premier à l'agrégation de philosophie en septembre 1848, il devient docteur en lettres à la suite d'une thèse sur le philosophe musulman Averroès terminée en 1852. De 1849 et 1850, il est chargé de mission en Italie.

L'écrivain comme jeune homme.

En 1856, il devient membre de l'Académie des inscriptions et belles-lettres, tandis que, le , il épouse Cornélie Henriette Scheffer, fille du peintre Henry Scheffer et nièce du peintre Ary Scheffer. Plusieurs portraits d'Ernest Renan sont conservés au musée de la Vie romantique, dans l'Hôtel Scheffer-Renan, 16 rue Chaptal, au cœur de la Nouvelle Athènes à Paris. Ils sont signés Henry Scheffer, René de Saint-Marceaux et Léopold Bernstamm. Les collections et les archives du musée évoquent également son épouse et leurs enfants Ary Renan (né en 1858) et Noémi (née en 1862), épouse de l'écrivain et philologue Jean Psichari.

Détail du panorama Tout-Paris peint par Charles Castellani et présenté à l'Exposition universelle de 1889. Ernest Renan est assis au second plan à droite.

En 1860, Ernest Renan effectue à l'occasion de l'expédition française une mission archéologique au Liban et en Syrie. Nommé, le 11 janvier 1862[2], professeur d'hébreu au Collège de France où il succède à Étienne Quatremère[3], il est suspendu quatre jours après sa leçon inaugurale pour injure à la foi chrétienne[4] et remplacé dans sa chaire d'hébreu le 11 juin 1864 en raison de sa Vie de Jésus, ouvrage sur Jésus de Nazareth jugé sacrilège. L'érudit Salomon Munk lui succède à cette chaire[5].

Il est nommé chevalier de la Légion d'honneur. En 1863, la publication de sa Vie de Jésus, livre écrit lors de son séjour à Ghazir au Liban, connaît un grand succès et fait scandale. Le pape Pie IX, très affecté, le traite de « blasphémateur européen », et en 1864, le ministre de l'Instruction publique Victor Duruy supprime son cours.

En 1865, il effectue un voyage en Égypte, en Asie Mineure et en Grèce. En 1869, il se présente sous l'étiquette d'indépendant à un siège de député en Seine-et-Marne, ce qui lui vaut un échec électoral.

Le , il est élu à l'Académie française, au fauteuil 29, en remplacement de Claude Bernard.

En 1880, il est promu officier de la Légion d'honneur. En 1883, il devient administrateur du Collège de France. En 1884, il est promu commandeur de la Légion d'honneur. En 1888, il est élevé au grade de grand officier de la Légion d'honneur.

Biographie détaillée

Maison natale d'Ernest Renan à Tréguier, aujourd'hui musée consacré à sa vie et son œuvre.

Ernest Renan naît le 27 février 1823 à Tréguier dans une famille de pêcheurs ; son grand-père, ayant acquis une certaine aisance, y a acheté une maison où il s'est établi ; son père, capitaine d'un petit navire et républicain convaincu, a épousé la fille de commerçants royalistes de la ville voisine de Lannion. Sa mère n'est qu'à moitié bretonne, ses ancêtres paternels étant venus de Bordeaux : Renan confessera qu'en sa propre nature, le Gascon et le Breton ne cessent de se heurter. Toute sa vie, Renan se sentira déchiré entre les croyances politiques de son père et celles de sa mère. Il a cinq ans lorsque son père meurt, sa sœur Henriette, de douze ans son aînée, devient alors le chef moral de la famille. Tentant en vain d'ouvrir une école pour filles à Tréguier, elle part pour Paris comme professeur dans une école de jeunes filles. Ernest, en attendant, est instruit au petit séminaire de sa ville natale (aujourd'hui, lycée Joseph Savina). Les appréciations de ses maîtres le décrivent comme « docile, patient, appliqué, soigneux ». Les prêtres lui donnaient une solide éducation en mathématiques et en latin, sa mère la complète.

En 1838, Renan remporte tous les prix au séminaire de Tréguier. Sa sœur parle de lui pendant l'été au directeur de l'école parisienne où elle enseigne et il en parle lui-même à l'abbé Félix Dupanloup, qui a créé le séminaire de Saint-Nicolas-du-Chardonnet, une école où les jeunes aristocrates catholiques et les élèves les plus doués des séminaires doivent être instruits ensemble, afin de renforcer le lien entre l'aristocratie et le clergé. Dupanloup fait donc venir Renan, qui n'a que quinze ans et n'a jamais quitté la Bretagne. « J'appris avec étonnement qu'il y avait des laïcs sérieux et savants (…) les mots talents, éclat, réputation eurent pour moi un sens. » Cependant la religion lui paraît complètement différente à Tréguier et à Paris. Le catholicisme superficiel, brillant, pseudo-scientifique de la capitale, n'arrive pas à satisfaire ce garçon qui a reçu de ses maîtres bretons une foi austère.

En 1840, Renan quitte Saint-Nicolas-du-Chardonnet pour poursuivre ses études de philosophie au séminaire d'Issy-les-Moulineaux. Il entre rempli de passion pour la scolastique catholique car il est las de la rhétorique de Saint-Nicolas et il espère satisfaire son intelligence sérieuse avec le vaste matériel que lui offre la théologie catholique. Parmi les philosophes Reid et Malebranche l'attirent tout de suite et, après eux, il se tourne vers Hegel, Kant et Herder. C'est alors qu'il commence à voir une contradiction essentielle entre la métaphysique qu'il étudie et la foi qu'il professe, mais un goût pour les vérités vérifiables retient son scepticisme. Il écrit à Henriette que la philosophie ne satisfait qu'à moitié sa faim de vérité ; il se sent attiré par les mathématiques. Sa sœur a accepté dans la famille du comte Zamoyski, noble polonais, un poste de préceptrice qui l'oblige à séjourner en Pologne à Varsovie et à la campagne, éloignée de la France pour des années. C'est Henriette qui exerce l'influence la plus forte sur son frère, et les lettres d'elles qui ont été publiées indiquent un esprit presque égal à celui de son frère, en même temps qu'elle lui est moralement supérieure[6].

Ce n'est pas la philosophie mais la philologie qui finalement éveille le doute chez Renan. Ses études terminées à Issy, il entre au séminaire Saint-Sulpice pour étudier les textes bibliques avant de prendre les ordres et commencer à apprendre l'hébreu. L'un de ses maîtres est l'abbé Arthur-Marie Le Hir, auquel il rend hommage dans ses Souvenirs d'enfance et de jeunesse. Renan constate à cette époque que la deuxième partie d'Isaïe diffère de la première non seulement quant au style, mais également quant à la date, que la grammaire et l'histoire du Pentateuque sont postérieures à l'époque de Moïse et que le livre de Daniel est manifestement apocryphe. Intellectuellement Renan se sent détaché de la croyance catholique, même si sa sensibilité l'y maintient toujours. La lutte entre vocation et conviction est gagnée par la conviction. Le 6 octobre 1845, Renan quitte Saint-Sulpice pour devenir surveillant au collège Stanislas, dirigé par le Père Joseph Gratry. Mais cette solution impliquant « une profession extérieure avouée de cléricature », il préfère briser le dernier lien qui le retient à la vie religieuse et il entre à la pension privée de M. Crouzet « comme répétiteur au pair, c'est-à-dire, selon le langage du quartier latin d'alors, sans appointements. (Il avait) une petite chambre, la table avec les élèves, à peine deux heures par jour occupées, beaucoup de temps par conséquent pour travailler. Cela (le) satisfaisait pleinement. »

Renan, malgré son éducation par des prêtres, doit accepter pleinement l'idéal scientifique. La splendeur du cosmos est pour lui un ravissement. À la fin de sa vie, il écrira au sujet d'Amiel, « l'homme qui a le temps de tenir un journal intime n'a jamais compris l'immensité de l'univers. » Les certitudes de la physique et des sciences naturelles sont révélées à Renan en 1846 par le futur chimiste Marcellin Berthelot, alors âgé de dix-huit ans, et qui est son élève à la pension de M. Crouzet. Leur amitié se poursuivra jusqu'à la mort de Renan et est marquée par une intensive correspondance. Très proches, ils suivront ensemble les cours de sanskrit de Burnouf au Collège de France et Berthelot l'invite régulièrement dans sa maison de famille à Rochecorbon, le domaine Montguerre. Dans cette atmosphère favorable Renan continue ses recherches en philologie sémitique et, en 1847, il obtient le prix de Volney, une des principales récompenses décernées par l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, pour le manuscrit de son « Histoire générale des langues sémitiques ». En 1847, il est reçu premier à l'agrégation de philosophie et nommé professeur au lycée de Vendôme.

Caricature d'Ernest Renan, par André Gill, La Lune, no 62, 11 mai 1867 (succès de La Vie de Jésus).

En 1856, il épouse dans le même temps Cornélie Scheffer, fille d'Henry Scheffer et nièce d’Ary Scheffer. Cette alliance avec une famille protestante de peintres lui ouvre les portes du milieu artistique et politique. Il entre aussi en franc-maçonnerie. Il est admis à Paris au Grand Orient de France, alors d'obédience protestante [7]. De 1860 à 1861, il effectue à l'occasion de l'expédition française une mission archéologique au Liban et en Syrie. Il séjourne avec son épouse Cornélie et sa sœur Henriette dans la demeure de Zakhia Chalhoub el-Kallab et son fils Abdallah Zakhia el Kallab, famille de notables maronites d'Amchit (région de Byblos) dont les ancêtres ont été anoblis par le Sultan ottoman et ayant fondé le premier hôpital au Liban (hôpital Saint-Michel d'Amchit). Sur une plaque accrochée au mur de la demeure, il est écrit que c'est également à Amchit que Renan a trouvé la sérénité et l'inspiration nécessaires pour écrire l'une de ses œuvres majeures : La Vie de Jésus[8]. C'est ici aussi qu'Henriette, morte en 1861, repose dans le caveau de la famille Zakhia, « tout près de l'église de ce village qu'elle a tant aimée ».

Renan n'est pas seulement un érudit. En étudiant saint Paul ou les apôtres, il montre combien il est soucieux d'une vie sociale plus développée, quel est son sens de la fraternité, et combien revit en lui le sentiment démocratique qui avait inspiré L'Avenir de la science. En 1869, il se présente à Meaux en tant que candidat de l'opposition libérale aux élections législatives. Tandis que son tempérament est devenu moins aristocratique, son libéralisme a évolué vers la tolérance. À la veille de sa dissolution, Renan est presque prêt à accepter l'Empire et, s'il avait été élu au Corps législatif, il aurait rejoint le groupe libéral des bonapartistes. Un an après éclate la guerre franco-allemande, l'Empire tombe et Napoléon III part pour l'exil. La guerre franco-allemande est un moment charnière dans l'histoire intellectuelle de Renan. Pour lui, l'Allemagne a toujours été l'asile de la pensée et de la science désintéressée. Maintenant, il voit le pays qui jusque-là représentait son idéal, détruire et ruiner la terre où il est né ; il ne voit plus l'Allemand comme un prêtre, mais comme un envahisseur.

Dans La Réforme intellectuelle et morale (1871), Renan cherche à sauvegarder l'avenir de la France. Pourtant il reste sous l'influence de l'Allemagne. L'idéal et la discipline qu'il propose à son pays vaincu étant ceux du vainqueur : une société féodale, un gouvernement monarchique, une élite et le reste de la nation n'existant que pour la faire vivre et la nourrir ; un idéal d'honneur et de devoirs imposé par un petit nombre à une multitude récalcitrante ou soumise. Les erreurs qu'il prête à la Commune confirment Renan dans cette réaction. En même temps, l'ironie reste toujours perceptible dans son travail mais devient plus amère. Ses Dialogues philosophiques, écrit en 1871, son Ecclésiaste (1882) et son Antéchrist (1876) (le quatrième volume des Origines du Christianisme, traitant du règne de Néron) relèvent d'un génie littéraire incomparable, mais révèlent un caractère désabusé et sceptique. Après avoir en vain essayé de faire suivre à son pays ses préceptes, il se résigne à observer sa dérive vers la perdition. Mais la suite des événements lui montre, au contraire, une France qui, chaque jour, redevient un peu plus forte. Les cinquième et sixième volumes des Origines du Christianisme (L'Église Chrétienne et Marc-Aurèle) le montrent ainsi réconcilié avec la démocratie, confiant dans l'ascension graduelle de l'Homme, conscient que les catastrophes les plus grandes n'interrompent pas vraiment le progrès du monde, imperceptible mais sûr. Il s'est réconcilié en somme sinon avec les dogmes, du moins avec les beautés morales du catholicisme et les souvenirs de son enfance pieuse.

Léon Bonnat, Portrait d'Ernest Renan à la « Maison Ernest Renan » de Tréguier. Bonnat avait de l'admiration pour l'écrivain et voulut faire un portrait réaliste, en mettant l'accent sur l'embonpoint, le comparant à « un jeune éléphant des bords du Gange […] Il y avait aussi du moine en lui. », quand ses adversaires Léon Bloy et Paul Claudel raillaient son apparence. De nombreux caricatures en dérivèrent, la revue L'Artiste est critique contre le « Réalisme brutal » du portrait[9].

Léon Bonnat l'a peint assis dans sa maison de Tréguier. Souvent constaté, le rapprochement volontaire avec le Portrait de monsieur Bertin n'est pas certain, Bonnat choisissait la pose naturelle des modèles. Le portrait est exposé dans la maison Renan après un refus du musée du Louvre. Ce portait fut prêté en 1922 par Noémi Renan à l'exposition Cent ans de peinture française (1821-1921), d'Ingres au Cubisme, organisée au profit du musée de Strasbourg au siège parisien de la Chambre des Antiquaires (reprod. par Léandre Vaillat dans L'Illustration no 4126, 1/04/1922, arch. pers.)[9].

Dans sa vieillesse, le philosophe jette un regard sur ses jeunes années. Il a presque soixante ans quand, en 1883, il publie ses Souvenirs d'enfance et de jeunesse, l'ouvrage par lequel il est le plus connu à l'époque contemporaine. On y trouve cette note lyrique, ces confidences personnelles auxquelles le public attache une grande valeur chez un homme déjà célèbre. Le lecteur blasé de son temps découvre qu'il existe un monde non moins poétique, non moins primitif que celui des Origines du Christianisme et qu'il existe encore dans la mémoire des hommes sur la côte occidentale de la France. Ces souvenirs sont pénétrés de la magie celtique des vieux romans antiques tout en possédant la simplicité, le naturel et la véracité que le XIXe siècle apprécie alors si fortement. Mais son Ecclésiaste, publié quelques mois plus tôt, ses Drames philosophiques, rassemblés en 1888, donnent une image plus juste de son esprit, même s'il se révèle minutieux, critique et désabusé. Ils montrent l'attitude qu'a envers un « socialisme instinctif » un philosophe libéral par conviction, en même temps qu'aristocrate par tempérament. Nous y apprenons que Caliban (la démocratie), est une brute stupide, mais qu'une fois qu'on lui a appris à se prendre en main, il fait somme toute un dirigeant convenable ; que Prospero (le principe aristocratique, ou, si l'on veut, l'esprit) accepte de se voir déposé pour y gagner une liberté plus grande dans le monde intellectuel, puisque Caliban se révèle un policier efficace qui laisse à ses supérieurs toute liberté dans leurs recherches ; qu'Ariel (le principe religieux) acquiert un sentiment plus exact de la vie et ne renonce pas à la spiritualité sous le mauvais prétexte du changement. En effet, Ariel fleurit au service de Prospero sous le gouvernement apparent des rustres innombrables. La religion et la connaissance sont aussi impérissables que le monde qu'elles honorent. C'est ainsi que, venant du plus profond de lui-même, c'est l'idéalisme essentiel qui a vaincu chez Renan.

Tombe d'Ernest Renan dans le cimetière de Montmartre.

Renan est un grand travailleur. À l'âge de soixante ans, ayant terminé Les Origines de Christianisme, il commence son Histoire d'Israël, fondée sur une étude qui occupera toute sa vie, celle de l'Ancien Testament et du Corpus Inscriptionum Semiticarum, publié sous sa direction par l'Académie des inscriptions et belles-lettres de 1881 jusqu'à sa mort. Le premier volume de l’Histoire d'Israël paraît en 1887, le troisième en 1891, les deux derniers à titre posthume. Comme histoire des faits et des théories, l'ouvrage n'est pas sans erreurs ; comme essai sur l'évolution de l'idée religieuse, il reste (malgré quelques passages moins sérieux, ironiques ou incohérents) d'une importance extraordinaire ; pour faire connaître la pensée d'Ernest Renan, c'est là où il est le plus vivant. Dans un volume qui rassemble des essais, Feuilles détachées, publié lui aussi en 1891, on retrouve la même attitude mentale, une affirmation que la piété est nécessaire, tout en étant indépendante des dogmes.

Dans les dernières années de sa vie, Ernest Renan reçoit de nombreux honneurs et est nommé administrateur du Collège de France et Grand-Officier de la Légion d'honneur. Dans les huit dernières années du XIXe siècle paraissent deux volumes de l’Histoire d'Israël, sa correspondance avec sa sœur Henriette, ses Lettres à M. Berthelot et l’Histoire de la politique religieuse de Philippe le Bel, qu'il a écrite dans les années précédant immédiatement son mariage. De 1884 à sa mort en 1892, il passe ses vacances à Louannec, dans le manoir de Rosmapamon, demeure qu'il loue près de Perros-Guirec[10].

À l'affection cardiaque et rhumatismale dont il souffre depuis 1868 et qui a provoqué une enflure généralisée, se sont ajoutées dans les dernières années de sa vie les souffrances d'une maladie de la vessie et d'un zona. Au mois de juillet 1892, Renan part, bien malade, pour sa solitude de Rosmapamon. Il rentre à Paris le 18 septembre et meurt dans son appartement du Collège de France le 2 octobre 1892 [11],[12]. Après des obsèques civiles (comme Victor Hugo et Félicité Robert de Lamennais), il est enterré au cimetière de Montmartre dans le caveau de sa belle-famille famille Scheffer, avec l'inscription Veritatem delixi, « j'ai aimé la vérité »[13]. Une loge maçonnique est nommée en son honneur [14].

Parmi la descendance familiale d'Ernest Renan, peuvent être mentionnés le philosophe Olivier Revault d'Allonnes dont il est l'arrière-grand-père, ainsi qu'Ernest Psichari, dont il est le grand-père.

Idées et thèses

Ernest Renan se montre fasciné par la quête de vérités et le désintéressement, seuls systèmes permettant à la connaissance humaine de se consolider de génération en génération, alors que la perpétuation aveugle des mêmes erreurs et les égoïsmes individuels ont pour résultante de nécessairement s'annuler sous l'effet de forces antagonistes et sont voués à ne laisser aucune trace (Voir aussi l'article Noosphère).

Les rapports d'Ernest Renan avec la religion sont complexes. Il la critique comme système de pensée tout en affirmant son importance comme facteur d'unification des sociétés humaines ainsi que le danger de s'en détourner trop hâtivement. Dans L'Avenir de la science, il résume la situation en disant : « Quand je suis à la ville, je me moque de celui qui va à la messe ; mais quand je suis à la campagne, je me moque au contraire de celui qui n'y va pas ».

Une part essentielle de son œuvre est d'ailleurs consacrée aux religions avec par exemple son Histoire des origines du christianisme (sept volumes de 1863 à 1883, dont le premier, la Vie de Jésus, eut un grand retentissement). Ce livre qui marque les milieux intellectuels de son vivant contient la thèse, alors controversée, selon laquelle la biographie de Jésus doit être comprise comme celle de n'importe quel autre homme, et la Bible comme devant être soumise à un examen critique comme n'importe quel autre document historique. Cela déclenche des débats passionnés ainsi qu'un vif mécontentement de l'Église catholique.

Portrait d'Ernest Renan dans son bureau, par Auguste Renan.

Renan comprend immédiatement l'idée de sélection naturelle défendue par Charles Darwin et s'y rallie. Il ne prône cependant pas pour autant, au contraire, son application à l'ordre social. Il se montre en général inquiet pour l'avenir de l'humanité, craignant « sa mort par épuisement de la générosité des cœurs, comme celle de l'industrie peut-être un jour par épuisement du charbon de terre »[réf. souhaitée]. Peut-être nos descendants ne vivront-ils que comme « des lézards ne pensant qu'à profiter paresseusement du soleil ».

Il ne se rallie pas pour autant à une philosophie de la vie tournée vers la réussite matérielle comme la prône Benjamin Franklin : « La science du bonhomme Richard m’a toujours semblé une assez mauvaise science. Quoi ! un homme qui résume toute sa vie en ces mots : faire honnêtement fortune (et encore on pourrait croire qu’honnêtement n’est là qu’afin de la mieux faire), la dernière chose à laquelle il faudrait penser, une chose qui n’a quelque valeur qu’en tant que servant à une fin idéale ultérieure ! Cela est immoral ; cela est une conception étroite et finie de l’existence ; cela ne peut partir que d’une âme dépourvue de religion et de poésie. Eh grand Dieu ! qu’importe, je vous prie ? Qu’importe, à la fin de cette courte vie, d’avoir réalisé un type plus ou moins complet de félicité extérieure ? Ce qui importe, c’est d’avoir beaucoup pensé et beaucoup aimé ; c’est d’avoir levé un œil ferme sur toute chose, c’est en mourant de pouvoir critiquer la mort elle-même. J’aime mieux un iogui, j’aime mieux un mouni de l’Inde, j’aime mieux Siméon Stylite mangé des vers sur son étrange piédestal, qu’un prosaïque industriel, capable de suivre pendant vingt ans une même pensée de fortune. »

Dans son Histoire générale et système comparé des langues sémitiques (1855), Ernest Renan établit un rapport étroit entre les religions et leurs racines ethnico-géographiques, thèse qu'il développera en 1862 dans son discours d'ouverture au Collège de France, opposant le « psychisme du désert » des peuples sémites (« le désert est monothéiste ») au « psychisme de la forêt » des Indo-Européens dont le polythéisme paraît modelé par une nature changeante et la diversité des saisons[15].

Il combat l'idée selon laquelle la race « ou même la langue » (citant le contre-exemple de la Suisse) constituerait l'origine de la Nation  il affirme par exemple que la participation active de l'Alsace à la Révolution française ne lui permettra plus de se retrouver solidaire d'un Reich , et s'oppose ainsi à toute forme de pangermanisme, panslavisme, etc.

Dans Qu'est-ce qu'une nation ? (1882), Renan s’efforce de distinguer race et nation, soutenant que, à la différence des races, les nations s’étaient formées sur la base d’une association volontaire d’individus avec un passé commun : ce qui constitue une nation, ce n'est pas parler la même langue, ni appartenir à un groupe ethnographique commun, c'est « avoir fait de grandes choses ensemble, vouloir en faire encore » dans l'avenir. Ce discours a souvent été interprété comme le rejet du nationalisme racial du type allemand en faveur d'un modèle contractuel de la nation. Pourtant, comme l'ont signalé Marcel Detienne et Gérard Noiriel, la conception par Renan de la nation comme un principe spirituel n'est pas exempte d'une dimension raciale, au point que des penseurs nationalistes comme Maurice Barrès en firent leur précurseur. Le « plébiscite de tous les jours » défendu par Renan « ne concerne que ceux qui ont un passé commun, c'est-à-dire ceux qui ont les mêmes racines » [16].

Les peuples

Portrait d'Ernest Renan par Lucien Quarante de 1892, d'après le buste de René de Saint-Marceaux.

Les races

Ernest Renan était aussi le relais de certains préjugés de son temps. En témoigne par exemple cette citation :

« La nature a fait une race d'ouvriers. C'est la race chinoise, d'une dextérité de main merveilleuse, sans presque aucun sentiment d'honneur ; gouvernez-la avec justice en prélevant d'elle pour le bienfait d'un tel gouvernement un ample douaire au profit de la race conquérante, elle sera satisfaite ; une race de travailleurs de la terre, c'est le nègre : soyez pour lui bon et humain, et tout sera dans l'ordre ; une race de maîtres et de soldats, c'est la race européenne. Que chacun fasse ce pour quoi il est fait et tout ira bien »

(Ernest Renan, La Réforme intellectuelle et morale, 1871).

Attitude face au judaïsme

Renan ne cachait pas son admiration pour le peuple juif, « le seul à avoir su se passer longtemps de cette chimère de la survie individuelle » et à qui il ne reprochait  au terme d'une analyse fondée sur des datations de textes (Proverbes, l'Ecclésiaste, livre de Job, etc.)  que de s'être laissé en fin de compte contaminer par cette notion, jugée par lui absurde. Le judaïsme devenait dès lors une religion comme les autres, renonçant à ce qui avait longtemps fait son honneur face à elles (Renan était philologue de profession).

Dans La Jeunesse cléricale d'Ernest Renan, Jean Pommier rapporte que Renan avait inscrit sur la couverture de sa Bible ce mot de Néhémie, celui qui reconstruisit les murs de Jérusalem : « Magnum opus facio et non possum descendere » (« Je fais une grande œuvre et je ne puis descendre »). Dans son Histoire du peuple d'Israël, Renan souligne encore que

« Néhémie fit une réponse que doivent toujours avoir dans l'esprit ceux qui ont quelque devoir à remplir dans la vie : « Je fais une grande œuvre et je ne puis descendre ». »

 Ernest Renan, Histoire du peuple d'Israël cité dans Jean Guéhenno, Journal des années noires, 31 octobre 1941, Gallimard, 1947.

Ce qui ne l'empêche pas d'écrire au début de son Histoire générale des langues sémitiques, en cédant peut-être à l'ambiance de l'époque :

« Ce serait outre mesure pousser le panthéisme en histoire que de mettre toutes les races sur un même pied d'égalité et, sous prétexte que la nature humaine est toujours belle, de chercher dans ses diverses combinaisons la même plénitude et la même richesse. Je suis donc le premier à reconnaître que la race Sémitique, comparée à la race Indo-Européenne, représente réellement une combinaison inférieure de la nature humaine » (p. 4).

Colonialisme

Erner Renan justifie le colonialisme sur une idée raciste :

" La colonisation en grand est une nécessité politique tout à fait de premier ordre. Une nation qui ne colonise pas est irrévocablement vouée au socialisme, à la guerre du riche et du pauvre. La conquête d’un pays de race inférieure par une race supérieure, qui s'y établit pour le gouverner, n'a rien de choquant. "

(Ernest Renan, La Réforme intellectuelle et morale, 1871).

Prémonition des guerres à venir

Renan, devant le monolithisme culturel de la Prusse, prévoit que cette attitude ne pourra « mener qu'à des guerres d'extermination, analogues à celles que les diverses espèces de rongeurs ou de carnassiers se livrent pour la vie. Ce serait la fin de ce mélange fécond, composé d'éléments nombreux et tous nécessaires, qui s'appelle l'humanité[17] ».

Renan et la Bretagne

Renan était reconnu de son vivant, à la fois par les habitants de sa région trégorroise comme par toute la Bretagne, y compris par ses ennemis, comme un grand intellectuel breton. Il parlait le breton dans sa jeunesse et n'en perdit pas l'usage[18]. Son intérêt pour sa Bretagne natale a été constant ; de L'Âme bretonne (1854) à son texte autobiographique Souvenirs d'enfance et de jeunesse (1883).

Les Affrontements de Tréguier (1903–1904)

Monument élevé en 1903 sur la place principale de Tréguier en l'honneur d'Ernest Renan représenté aux côtés d'Athéna.

Même après son décès, Ernest Renan continua à susciter de violentes controverses entre « laïques » et « cléricaux », en particulier dans sa ville natale où il avait acquis une maison, aujourd'hui devenue le musée « maison d'Ernest Renan » de Tréguier. L'érection de sa statue sur la place du Martray, devant la cathédrale, inaugurée le 13 septembre 1903 par le Président du Conseil Émile Combes en personne, fut vécue comme une véritable provocation par les catholiques. Ceux-ci protestèrent vigoureusement et répliquèrent par l'édification d'un « calvaire de réparation », dit aussi « calvaire de protestation », qui est encore visible sur l'un des quais du port de Tréguier.

Œuvres

Politique

  • Questions contemporaines (1868).

Littérature

Philosophie

Histoire et religion

  • Étude d’histoire religieuse (1857).
  • Le Livre de Job (1858).
  • Le cantique des cantiques (1860).
  • Histoire littéraire de la France au XIVe siècle (1865), avec la collaboration de Victor Le Clerc.
  • La Réforme intellectuelle et morale de la France (1871).
  • Conférences d’Angleterre (1880).
  • L’Ecclésiaste (1881).
  • Nouvelles études d’histoire religieuse (1884).
  • Le bouddhisme (1884), Éditions Lume.
  • Études sur la politique religieuse du règne de Philippe le Bel (1899).
  • Mélanges religieux et historiques (1904).
  • Essai psychologique sur Jésus-Christ (1921).

Linguistique et archéologie

  • Histoire de l'étude de la langue grecque dans l'Occident de l'Europe depuis la fin du Ve siècle jusqu'à celle du XIVe (1848), inédit, Le Cerf, 2009.
  • De l’origine du langage (1848-1858).
  • Histoire générale des langues sémitiques (1855).
  • Mission de Phénicie (1864-1874).

Correspondance

  • Lettres intimes (1896).
  • Nouvelles lettres intimes (1923).
  • Correspondance avec Berthelot (1898).
  • Lettres du séminaire (1902).
  • Emanuelle (1913).
  • Lettres à son frère Alain (1926).
  • Correspondance (1927).
  • Cahiers de jeunesse (1906).
  • Nouveaux cahiers de jeunesse (1907).
  • Travaux de jeunesse (1931).
  • Mission de Phénicie (1865-1874).
  • Ernest Renan, Correspondance générale : 1836-1845, t. 1, Paris, Honoré Champion, coll. « Textes de littérature moderne et contemporaine », , 683 p. (ISBN 978-2-85203-426-6).
  • Ernest Renan, Correspondance générale : 1845-1849, t. 2, Paris, Honoré Champion, coll. « Textes de littérature moderne et contemporaine », (ISBN 978-2-85203-640-6).
  • Ernest Renan, Correspondance générale : Octobre 1849-décembre 1855, t. 3, Paris, Honoré Champion, coll. « Textes de littérature moderne et contemporaine », , 913 p. (ISBN 978-2-7453-1761-2).
  • Ernest Renan, Correspondance générale : 1856-1862, t. 4, Paris, Honoré Champion, coll. « Textes de littérature moderne et contemporaine », , 1055 p. (ISBN 978-2-7453-2551-8).

Musées

Notes et références

  1. Comme il l'indique lui même dans un enregistrement audio effectué par Gustave Eiffel le 17 février 1891 https://www.franceculture.fr/histoire/ecoutez-lun-des-plus-vieux-sons-ernest-renan-enregistre-par-gustave-eiffel-en-1891
  2. Madeleine Ambrière, Précis de littérature française du XIXe siècle, Presses universitaires de France, , p. 433.
  3. Sa leçon inaugurale au Collège de France (22 février 1862), où il remet en cause la divinité du Christ en parlant de Jésus comme d'un « homme incomparable, si grand que je ne voudrais point contredire ceux qui l'appellent Dieu », heurte l'opinion conservatrice et est reprise par tous les libéraux du pays. Cf. Dominique-Marie Dauzet, La mystique bien tempérée, Cerf, , p. 44, Perrine Simon-Nahum, « Le scandale de la Vie de Jésus de Renan. Du succès littéraire comme mode d'échec de la science », Mil neuf cent : Revue d'histoire intellectuelle, vol. 25, no 1, , p. 68.
  4. Dominique-Marie Dauzet, La mystique bien tempérée, Cerf, , p. 44.
  5. Jacques Eladan, Penseurs juifs de langue française, Éditions L'Harmattan, , p. 41.
  6. Lettres intimes 1842-1845 en ligne sur Wikisource ; Nouvelles lettres intimes 1846-1850 en ligne sur Wikisource ; publiées après la mort d'Ernest Renan.
  7. Charles Chauvin, Renan : 1823-1892, Desclée de Brouwer, , p. 36.
  8. Henri Lasserre, L'Évangile selon Renan (1863).
  9. Guy Saigne, Léon Bonnat : le portraitiste de la IIIe République : catalogue raisonné des portraits, Paris, Mare & Martin, , p. 545-547
    Numéro 412 au catalogue, quelques dessins et ébauches peuvent être liés.
  10. Léon Dubreuil, Rosmapamon, Ariane, , p. 52.
  11. François Millepierre, La vie d'Ernest Renan, Librairie Marcel Rivière et Cie, , p. 404 à 408.
  12. Ernest Renan, Histoire des origines du christianisme Vol 1, Robert Laffont, coll. « Bouquins », , p. CXL.
  13. Charles Chauvin, Renan : 1823-1892, Desclée de Brouwer, , p. 82.
  14. A.P.F.D.H. - Fédération française du droit humain.
  15. Enquête sur l'histoire, no 6, printemps 1993, « Ernest Renan », p. 31.
  16. Marcel Detienne, L'Identité nationale, une énigme, Gallimard, 2010, p. 47.
  17. Lettre du 15 septembre 1871 à Strauss, citée par Romain Rolland dans Au-dessus de la mêlée, page 36.
  18. Témoignage de François-Marie Luzel dans la préface aux Contes traditionnels de Bretagne.

Voir aussi

Bibliographie

  • Philippe Barret, Ernest Renan. Tout est possible, même Dieu !, François Bourin, 1992.
  • Jean Balcou, Ernest Renan, une biographie, Honoré Champion, 2015.
  • Henry Laurens, Ernest Renan, la science, la religion, la République, Collège de France, Colloque annuel 2012, Odile Jacob, 2013.
  • Francis Mercury, Renan, Olivier Orban, 1990.
  • Jean-Pierre van Deth, Ernest Renan, Fayard, 2012.

Sur Renan et la Bretagne

  • René d’Ys, Renan en Bretagne, 1904.
  • Léon Dubreuil, Rosmaphamon ou la vieillesse de Renan, 1946.
  • R.-M. Galand, L’Âme celtique de Renan, 1959.
  • Jean Balcou, Ernest Renan l’hérésiarque, dans « Histoire littéraire et culturelle de la Bretagne », Champion-Slatkine, Paris-Genève, 1987.
  • Jean Balcou, Renan et la Bretagne, Champion, 1992.

Sur Renan philosophe

  • Charles Schoebel, Mémoire sur le monothéisme primitif attribué par M. E. Renan à la seule race sémitique, 1860.
  • Paul Bourget, Ernest Renan (essai), Quantin, 1883.
  • Léon Brunschvicg, « Sur la philosophie d'Ernest Renan » dans Revue de métaphysique et de morale, 1re année, 1893, p. 87-97.
  • R. Dussaud, L'Œuvre scientifique d'Ernest Renan, 1951.
  • André Stanguennec, Ernest Renan. De l'idéalisme au scepticisme, Éditions Honoré Champion, 2015.
  • Harold W. Wardman, Renan historien philosophe, Paris, Société d'édition d'enseignement supérieur, 1979, 182 p., présentation en ligne.
  • Martin Deutinger, Renan und das Wunder. Ein Beitrag zur christlichen Apologetik. éd. Cotta, Munich (1864).

Sur les idées politiques de Renan

  • (eu) Joxe Azurmendi, Historia, arraza, nazioa. Renan eta nazionalismoaren inguruko topiko batzuk, Donostia, Elkar, 2014 (ISBN 978-84-9027-297-8).
  • Édouard Richard, Ernest Renan penseur traditionaliste ?, Presses universitaires d'Aix-Marseille, 1996, 402 p.

Publications autres

Iconographie

Articles connexes

Liens externes

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