Gérard Noiriel

Gérard Noiriel, né le à Nancy[1], est un historien français.

Il est l'un des pionniers de l'histoire de l'immigration en France[2]. Il s'est également intéressé à l'histoire de la classe ouvrière, ainsi qu’aux questions interdisciplinaires[3] et épistémologiques en histoire. À ce titre, il a participé au développement des études socio-historiques et à la fondation de la revue Genèses. Il est directeur d’études à l'École des hautes études en sciences sociales (EHESS).

Biographie

Jeunesse et engagements politiques

Aîné d'une famille nombreuse, sa jeunesse est marquée à la fois par son ancrage dans un milieu populaire et par la violence d'un père alcoolique[4].

Il grandit dans un quartier de HLM à la périphérie de Mirecourt (Vosges) ; sa famille déménage à Molsheim, en Alsace, alors qu'il a six ans[5]. Excellent élève, il découvre la réalité des discriminations sociales à la fin de l'école primaire lorsqu'il est orienté vers une filière courte (collège d'enseignement général), alors qu'il espérait aller au lycée comme ses proches camarades[6].

Cette désillusion conjuguée aux difficultés de son intégration dans la société locale alsacienne expliquent une adolescence tourmentée et un parcours scolaire devenu chaotique. À la fin de la troisième, souhaitant quitter l'Alsace, il intègre l’école normale d’instituteurs du département des Vosges après un concours d'entrée, et y étudie pendant cinq ans afin d’y préparer le baccalauréat, les écoles normales étant alors les voies d’accès pour les élèves d’origine populaire[7]. Fréquemment puni pour son comportement indiscipliné, il participe à la contestation lycéenne de mai 68, alors qu'il est en classe Terminale. En 1970, à la fin des deux années de formation professionnelle post-baccalauréat, la direction de l'école refuse sa titularisation comme instituteur car il n'a pas voulu porter la traditionnelle blouse grise des « hussards de la république » pour passer son examen final. Il est alors nommé instituteur remplaçant dans un petit village des Vosges. Mais comme il a obtenu sa première année de DEUG, grâce à la formation à distance dispensée par le Centre national de télé-enseignement (CNTE), il décide de démissionner de l'éducation nationale pour pouvoir poursuivre des études supérieures à l'université de Nancy[6].

Il découvre au début des années 1970 le militantisme politique, via les syndicats étudiants très présents sur le campus après mai 1968, comme l'UNEF et l'UEC, où il milite successivement[8]. La lecture intensive des œuvres de Karl Marx lui permet de se former en autodidacte à la philosophie et de conjuguer ainsi les deux grandes aspirations qui se conjuguent en lui : le désir de vérité et la volonté d'être utile aux autres[9].

Très influencé par les écrits du philosophe Louis Althusser, qui critique de l'intérieur les séquelles staliniennes du PCF, il noue des liens avec le philosophe marxiste Étienne Balibar, un élève d'Althusser[9]. Il réintègre l'éducation nationale après avoir obtenu le CAPES (1974) et l'agrégation d'histoire (1975), qu'il a préparée avec l'aide et les encouragements de son professeur d'histoire médiévale Michel Parisse. Fortement impliqué dans les combats contre le racisme et le néocolonialisme, il décide d'effectuer son service militaire comme Volontaire du Service national (VSN) en République populaire du Congo (1975-1977)[10].

Il est ensuite nommé professeur d'histoire dans un collège de la banlieue de Longwy, au moment où éclate le puissant mouvement social qui embrasera toute la région contre la fermeture des usines sidérurgiques. Membre d'une cellule communiste locale, il anime, à la radio Lorraine Cœur d'Acier, lancée pendant le conflit par le journaliste communiste Marcel Trillat, une émission consacrée à l'histoire[11],[5]. Dans son premier livre Vivre et lutter à Longwy, écrit en collaboration avec Benaceur Azzaoui, ouvrier à Usinor-Longwy et militant de la CGT, il analyse le rôle contradictoire joué par le PCF dans cette lutte. Il met en cause un discours aux relents nationalistes et des pratiques qui confortent les discriminations dont sont victimes les travailleurs immigrés au sein de ce syndicat[12]. Ce livre, très mal accueilli par les dirigeants communistes locaux, marque sa rupture avec le PCF. Même s'il n'en est pas exclu officiellement, il est mis à l'écart et ne reprend pas sa carte de membre. Sur le plan théorique, cette expérience l'amène à s'interroger sur le rôle de ceux qui parlent au nom de la classe ouvrière. Il prend alors ses distances avec le marxisme et débute des études de sociologie à l'université de Nancy. C'est à ce moment-là qu'il découvre l'œuvre de Pierre Bourdieu qui jouera un rôle décisif dans sa formation de socio-historien[13].

Carrière

En 1982, il soutient, sous la direction de Madeleine Rebérioux, une thèse de doctorat sur Les ouvriers sidérurgistes et les mineurs de fer du bassin de Longwy-Villerupt (1919-1939). Cette thèse inaugure deux directions de recherche qu'il développera tout au long de sa carrière : l'histoire des classes populaires et l'histoire de l'immigration. En 1985, il est recruté dans l’enseignement supérieur sur un poste de professeur agrégé (PRAG) à l’École normale supérieure de la rue d’Ulm. Il devient l'assistant du sociologue Jean-Claude Chamboredon, pour assurer la coordination du diplôme d'études approfondies (DEA) de sciences sociales[14], une formation pluridisciplinaire coorganisée avec l’EHESS.

Au sein du laboratoire de sciences sociales de l'ENS, il dirige plusieurs recherches collectives, dont une partie des résultats paraît en 1997 aux Presses de l'École normale supérieure sous le titre Construction des nationalités et immigration dans la France contemporaine, ouvrage co-dirigé avec Eric Guichard.

Dans le même temps, il publie plusieurs livres aux éditions du Seuil qui approfondissent les perspectives amorcées dans sa thèse. Après Les Ouvriers dans la société française XIXe – XXe siècles, en 1986, paraît Le Creuset français. Histoire de l'immigration en France (1988). Cet ouvrage est présenté dans le Monde des Livres du 13 mai 1988, comme « le premier qui bouscule aussi subtilement les rêves paresseux sur nos "racines" et offre autant d'arguments fiables à une réflexion d'urgence sur leur enchevêtrement[15]. »

Élu directeur d'études à l'EHESS en 1994, et membre associé de l’Institute for Advanced Study de Princeton, où il poursuit ses recherches au cours de l'année universitaire 1995-1996, il participe au développement de la socio-histoire, domaine de recherche qui conjugue les apports de l'histoire et de la sociologie. Il en présente les contours, les enjeux et les méthodes à partir d'exemples concrets dans un petit livre intitulé Introduction à la socio-histoire[16].

Au cours de cette période, il intervient également dans le vaste débat qui agite la communauté universitaire internationale sur la « crise de l'histoire », caractérisée par l’éclatement de la discipline, aussi bien du point de vue de ses sujets que de ses auteurs, mais aussi par la difficulté de l’histoire à innover et à se renouveler. Gérard Noiriel attribue cette crise au « loup philosophique […] entré dans la bergerie de l’Histoire »[17]. Il propose ainsi une redéfinition « pragmatiste » de la discipline, selon laquelle la vérité dans les sciences doit se comprendre d’un point de vue social : est vrai ce qui est validé par les pairs comme tel[18]. Il justifie cette approche par les thèses de Max Weber postulant qu’il existe une pluralité des points de vue dans les domaines des sciences et des savoirs et les chercheurs n’ont pas besoin de l’épistémologie pour faire de l’Histoire[19].

Les interrogations esquissées dès ses premiers travaux sur le rôle des porte-parole dans la définition des problèmes politiques légitimes sont développées dans ses écrits consacrés aux intellectuels[20].

Il s'engage également dans de nombreux projets collectifs en tant que cofondateur de la revue Genèses. Sciences sociales et histoire[5] et codirecteur (avec Michel Offerlé) de la collection « Socio-histoires » aux éditions Belin. Membre du Conseil scientifique de la MIRE (Mission Interministérielle Recherche-Expérimentation) de 1990 à 1997, il fonde le réseau international de recherches sur l'Histoire des Identités Nationales, du Racisme et des Migrations en Europe (HINARME) (1991-1996) et s'engage dans la défense du droit d'asile en tant que président du Comité d'Aide aux Intellectuels Réfugiés (CAIER) (1992-2000)[21].

Dès la fin des années 1980, il développe également plusieurs projets visant à transmettre au grand public les résultats de ses recherches sur l'histoire de l'immigration. En 1988, à la suite de la parution du Creuset français, il participe aux côtés de Zaïr Kédadouche à la fondation de l’AMHI (la première association militant pour la création d'un Musée d'histoire de l'immigration). Initiative qui aboutira quelques années plus tard, à la naissance de la Cité nationale de l'histoire de l'immigration (CNHI), présidée par Jacques Toubon[22].

Membre de son conseil scientifique, il en démissionne en mai 2007 avec 7 autres collègues pour protester contre la création par Nicolas Sarkozy d'un ministère associant la question de l'immigration et de l'identité nationale[23],[24]. Peu après sa démission, il fait paraître un essai, À quoi sert l'« identité nationale » (Agone, 2007) qui explique les raisons à la fois scientifique et civique de cette démission collective[25].

En février 2016, il est nommé membre du conseil scientifique de la Délégation interministérielle à la lutte contre le racisme et l'antisémitisme (DILCRA), présidé par Dominique Schnapper[26].

Parallèlement à sa carrière universitaire, il participe aussi à l'élaboration d'une série d'une quarantaine de documentaires historiques (« Racines »), diffusée sur FR3 en 1990-1991, et évoquant l'apport des immigrés à l'histoire de France[27],[5].

Après sa démission du conseil scientifique de la CNHI, il fonde l'association DAJA, un collectif réunissant des artistes, des chercheurs en sciences sociales et des militants associatifs pour développer des projets ayant pour but de transmettre des connaissances savantes dans des langages accessibles à un large public. C'est dans ce cadre qu'il découvre l'histoire de Rafael, connu comme le clown Chocolat, un esclave cubain qui deviendra l'un des artistes les plus populaires de la Belle Époque. Après avoir écrit le texte des spectacles Chocolat, clown nègre, puis Chocolat Blues, produits par le collectif DAJA, il publie deux ouvrages[28] sur cet artiste et participe à l'écriture du scénario tiré de ces livres, qui aboutira au film Chocolat réalisé par Roschdy Zem, avec Omar Sy dans le rôle titre.

À partir de mai 2021, il anime un programme d’éducation accessible sur internet dans lequel il présente et commente un événement évoqué dans son Histoire populaire de la France, publié aux éditions Agone en 2018[29].

Travaux

Conception de la recherche historique

Nourri des principes de l'histoire économique et sociale impulsée par les Annales, Gérard Noiriel s'en est progressivement détaché pour développer une démarche faisant le lien entre la sociologie et l'histoire. Il se désole que cette dernière soit enseignée comme « une histoire politique, Poincaré, Ferry, les relations internationales, etc. », alors que l'État n'est considéré par l'école des Annales que « comme une vague superstructure », sans prendre en compte son influence sur la vie quotidienne des Français[5].

Son analyse critique de l'ancienne histoire sociale est déployée sur plusieurs fronts. Le premier, développé dans l'ouvrage Sur la « crise » de l'histoire (Belin, 1996), plaide pour une épistémologie empruntée à la philosophie pragmatiste du philosophe américain Richard Rorty. Dans cette perspective, la science historique est définie comme une « communauté de compétence » rassemblant des chercheurs qui possèdent un langage commun. Pour défendre l'autonomie de leur science, les historiens doivent donc conserver la maîtrise de leurs questionnements, et non pas répondre aux « problèmes » que leur posent les journalistes ou les politiques. Il plaide pour une « éthique de la discussion » qui suppose le respect des arguments des auteurs qui font l'objet d'une critique[30].

Sur le plan méthodologique, il reprend à son compte les principes défendus par Max Weber. La sociologie se donne pour objet de déconstruire les entités collectives qui peuplent le langage courant, pour retrouver les « atomes élémentaires » que sont les individus et les liens qu'ils tissent entre eux dans le cadre de leurs activités. La socio-histoire que défend Noiriel part de ce principe en considérant que les relations de pouvoir sont une dimension fondamentale de la vie en société. À l'encontre de ceux qui confondent le pouvoir et la domination, Noiriel insiste sur le fait que les relations de pouvoir peuvent aussi engendrer des pratiques de solidarité. À l'appui de cette thèse, il cite souvent l'exemple (emprunté à Durkheim) des relations familiales comme une forme de relations solidaires puisqu'en principe, le pouvoir qu'exercent les parents sur leurs enfants a pour but de les éduquer et d'en faire des adultes autonomes[31].

L'importance que Noiriel accorde aux relations de pouvoir explique aussi son intérêt pour le concept de violence symbolique proposé par le sociologue Pierre Bourdieu. L'une des formes majeures des inégalités qui caractérisent nos sociétés réside dans le fait que seuls les individus qui disposent d'un fort capital culturel ont accès à l'espace public, ce qui leur confère le privilège de parler à la place et au nom des autres. Dans ses travaux socio-historiques sur le racisme, Noiriel montre que la violence symbolique est une conséquence de cette dépossession culturelle car elle permet à ceux qui dominent l'espace public de pratiquer ce qu'il appelle des « assignations identitaires » contre lesquelles les dominés ne peuvent pas lutter[32].

Ce constat explique la place croissante que la critique des intellectuels a prise dans les écrits de Noiriel et aussi l'importance qu'il accorde à l'auto-analyse. Les universitaires étant eux aussi des « professionnels de la parole publique », ils doivent constamment s'interroger sur leur propre rôle pour éviter d'alimenter à leur tour la violence symbolique[33],[34],[35].

Noiriel esquisse un début d'auto-analyse dans la postface du livre Penser avec, penser contre en avançant l'hypothèse que son intérêt pour les relations de pouvoir ne s'explique pas seulement par son parcours de « transfuge social », mais aussi par les traces qu'ont laissé en lui les formes de violences physique et symbolique subies dans l'enfance. Cette hypothèse le conduira par la suite à s'intéresser aux questions de la maltraitance et de la résilience[36],[37].

Ces principes méthodologiques et civiques expliquent pourquoi, bien qu'il soit lui-même engagé dans lutte antiraciste et la défense du droit d'asile[38], Gérard Noiriel se prononce pour l'autonomie de la recherche vis-à-vis des considérations politiques conjoncturelles : pour lui, le chercheur et le citoyen ne doivent pas répondre aux mêmes préoccupations[39]. Le chercheur s'interroge, explique, et enrichit la réflexion du citoyen, mais ne se questionne pas sous l'angle de, ni ne dit, ce que devrait être la politique menée en différents domaines. Pour lui, si les intellectuels peuvent parfaitement intervenir dans le débat public, ils doivent en revanche prendre garde à expliciter ce qui relève du discours scientifique et ce qui relève du discours militant[40]. Il reste ainsi très critique vis-à-vis du rôle que jouent les experts dans les médias[41], ainsi qu'envers l'instrumentalisation politique des faits historiques (il est notamment le premier président du Comité de vigilance face aux usages publics de l'histoire, qu'il a co-fondé[5]).

Histoire des mondes ouvriers

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Le premier axe de recherche qu'a développé Noiriel concerne l'histoire du monde ouvrier. Dans sa thèse Longwy. Immigrés et prolétaires (PUF, 1984), il explique comment le groupe ouvrier de cette région engagé à la fin des années 1970 dans un ultime combat pour sa survie, s'est formé un siècle plus tôt lorsqu'a été découvert le bassin ferrifère lorrain (l'un des plus importants au monde). Noiriel montre comment le paternalisme s'est imposé comme la forme privilégiée de domination patronale pour créer de toutes pièces une classe ouvrière dans cette région jusque-là rurale. Il étudie comment les maîtres de forges ont utilisé à leur profit les clivages entre ouvriers français et immigrés, et comment les femmes ont été éduquées (notamment dans les écoles ménagères) pour discipliner la main d'œuvre masculine. Il met aussi en évidence les contradictions des relations de pouvoir en constatant que le paternalisme a aussi eu pour effet de stabiliser un prolétariat aux origines multiples créant ainsi les conditions d'une solidarité ouvrière qui explique pourquoi cette région est devenue l'un des bastions du mouvement ouvrier communiste à partir des années 1950. La liquidation des dernières usines locales à la fin des années 1970, au-delà des justifications économiques, peut être vue comme l'ultime riposte d'une classe dominante se sentant menacée dans ses privilèges[42].

Les enseignements tirés de cette première recherche serviront d'hypothèse pour un ouvrage de synthèse sur l'histoire des ouvriers dans la société française[43]. Noiriel constate qu'à la différence des cas britanniques ou allemand, il n'y a jamais eu en France de moment vraiment fondateur dans la formation de la classe ouvrière. Il attribue cette spécificité aux résistances que les classes populaires (paysans et artisans) ont pu développer, depuis la Révolution française, pour freiner l'exode rural. Ce qui explique le rôle très important joué par l'immigration dès le milieu du XIXe siècle et le recours précoce à la main d'œuvre féminine dans l'industrie. L'ouvrage situe l'apogée de l'ouvriérisation de la société française (mesurée par la proportion des ouvriers dans la population active et par la proportion des ouvriers eux-mêmes fils d'ouvriers), dans les années 1950-1960[44]. Les décennies suivantes marquent un déclin illustré par la forte progression des « cols blancs », puis par la crise de la grande industrie qui aboutit à l'atomisation du groupe ouvrier à partir des années 1980[43].

Le Creuset français

Son ouvrage Le Creuset français, paru en 1988, constitue la toute première histoire générale de l'immigration en France[45],[46].

L'année suivant sa sortie en 1988, l'ouvrage a été critiqué par certains, en grande partie parce qu'il bousculait les usages académiques (et médiatiques) des conceptions de la nation et de l'immigration en France. Le fait de prendre l'immigration, encore à l'époque un « objet illégitime » pour la recherche historique (ce qui n'est plus le cas aujourd'hui, surtout grâce aux efforts de Noiriel et à ceux de ses élèves et collègues), obligeait à reconsidérer bien des présupposés de la pratique universitaire, et plus encore médiatique[6]. Comme il l'indique dans l'introduction, il n'a pas coutume de faire de l'épistémologie abstraite mais part de la recherche empirique. C'est ce qu'il fait avec cet ouvrage, qui est donc aussi une réflexion sur les études historiques et de sciences sociales en général. Mais se distanciant de la polémique, c'est un appel à l'autonomie de la recherche et de la science :

« Ces deux manières de concevoir son rôle professionnel sont parfaitement légitimes [celle de l'historien dans sa "tour d'ivoire", et celle de l'historien engagé]. Pourtant, c'est une troisième voie que l'on a cherché ici : non pas refuser les apostrophes de l'actualité, mais revendiquer le droit d'y réfléchir autrement, le droit à l'autonomie de la recherche scientifique. »

Ce livre traite d'un sujet brûlant dans l'actualité (correspondant à la montée de l'idéologie nationaliste du Front national en France), ainsi qu'un sujet de clivages et de tensions dans la société française depuis la fin du XIXe siècle.

Le Creuset français s'ouvre, dans un chapitre intitulé « Non-lieu de mémoire »[47], sur la constatation du silence historiographique concernant l'immigration en France, alors même que d'autres disciplines (le droit, notamment) s'étaient approprié cet objet d'étude sans pour autant le placer dans une perspective diachronique. Noiriel y souligne également une absence de représentation de l'immigration dans les lieux de mémoire. Pour expliquer le silence historiographique sur l'immigration, Noiriel met en cause les historiens qui ont considéré l'immigration comme un phénomène extérieur à la France, notamment Fernand Braudel et sa « vision holistique » de l'histoire de France[48].

L'ouvrage s'attache également à analyser l'évolution des politiques publiques en ce domaine, en explicitant quelle a été la construction juridique et administrative de l'immigré. Noiriel montre notamment que l'apparition des termes « immigration » et « immigré » coïncide avec les débuts de la Troisième République[49].

Il montre également en quoi l'immigration est intiment liée à l'industrialisation du pays, puisque le patronat s'en sert comme d'une variable d'ajustement face aux résistances de la paysannerie[50].

La question nationale

Dans la préface de la nouvelle édition du Creuset français, parue en 2006, Noiriel indique que cet ouvrage n'ambitionnait pas de constituer une synthèse de l'histoire de l'immigration, mais de servir de « sorte de "programme de recherche" » sur un sujet alors inexploré par les études historiques de fond[51].

Au cours des années suivantes, il commence à mettre en œuvre ce programme de recherche en approfondissant l'une des hypothèses du Creuset français, concernant le rôle central joué par l'État-nation dans la construction du problème socio-politique qu'on appelle l'immigration.

Dans la Tyrannie du national, il montre que la question du droit d'asile a été complètement bouleversée à la fin du XIXe siècle, à la suite de ce qu'il appelle la « nationalisation » des sociétés européennes. Alors que l'État fonctionnait jusque-là comme une superstructure séparée de la société civile, ses organes pénètrent de plus en plus dans toutes les sphères de la société. La loi de 1889 sur la nationalité française et la loi de 1893 sur la protection du travail national apparaissent à cet égard comme des moments-clé dans l'histoire de la IIIe République car l'entrée et le séjour des étrangers est de plus en plus soumis désormais aux intérêts nationaux. Dans plusieurs livres, il montre comment et pourquoi l'État-nation est devenu la principale « unité de survie » (formule empruntée au sociologue Norbert Elias) pour tous les membres d'une même société[52],[53].

En 2015, il s'appuie sur cette perspective socio-historique, pour reprendre la fameuse question Qu'est-ce qu'une nation ?[54], formulée en 1882 par Ernest Renan, dans un ouvrage qui selon Jacques Milan pourrait « servir à affirmer une vision de gauche de la nation France opposée au patriotisme nationaliste du Front national et d'une partie des forces politiques actuelles »[55].

Xénophobie, antisémitisme et racisme

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Noiriel a consacré de nombreuses recherches aux nouveaux discours de haine (xénophobie, antisémitisme, racisme) qui résultent selon lui de la nationalisation du monde social à la fin du XIXe siècle. À l'encontre des historiens qui se contentent d'étudier la production des discours et des idéologies, il accorde une grande importance à la réception sociale des discours. Le concept de violence symbolique lui permet de montrer comment les idées fabriquées par les élites peuvent se transformer en croyances qui débouchent parfois sur des passages à l'acte[56]. Dans son livre sur Le massacre des Italiens à Aigues-Mortes (en 1893)[57], il explique comment la fraction la plus démunie du prolétariat français s'est emparée des discours nationalistes de l'époque pour s'acharner contre des travailleurs saisonniers italiens.

C'est dans la même perspective qu'il a mené ensuite des recherches sur l'antisémitisme et sur le racisme. Comment ces discours de haine ont-ils pu se développer à partir de la IIIe République, alors que ce régime politique repose sur les grands principes de la démocratie ? Noiriel considère qu'on ne peut répondre à cette question qu'en étudiant la rhétorique (c'est-à-dire l'art de convaincre) que développent les polémistes et les agitateurs.

En septembre 2019, il publie Le Venin dans la plume. Édouard Drumont, Éric Zemmour et la part sombre de la République[58]. En s'appuyant sur les travaux du linguiste canadien Marc Angenot[59], il analyse la grammaire des discours de haine dans les sociétés démocratiques, en s'intéressant à la fois à leur construction et à leur réception dans l'espace public. Selon lui, cette grammaire a été mise au point par le journaliste antisémite Édouard Drumont à la fin du XIXe siècle et on la retrouve aujourd'hui dans les ouvrages du journaliste Éric Zemmour. Comme l'indique le mot « grammaire », il s'agit ici de dégager les règles qui sous-tendent la production des discours et non pas de comparer la situation des juifs avant la Seconde Guerre mondiale et celle des musulmans aujourd'hui. Les mêmes règles pouvant produire des discours très différents, voire contradictoires. Dans cette perspective, l'antisémitisme et l'islamophobie apparaissent comme deux formes de nationalisme. Leur impact dans le grand public s'explique par l'exaltation du « nous » français opposé aux « étrangers » (les juifs de Drumont et les musulmans de Zemmour) présentés comme des ennemis qu'il faut combattre pour ne pas disparaître.

Dans l'ouvrage Race et science sociale, essai sur les usages publics d'une catégorie (Agone, 2020) co-écrit avec Stéphane Beaud, Noiriel reprend des réflexions déjà développées dans Racisme, la responsabilité des élites pour analyser le rôle qu'ont joué les intellectuels (et tout particulièrement les chercheurs en sciences sociales) depuis une vingtaine d'années dans le retour de la « question raciale » en France. Après avoir montré comment est né le concept de race et comment ce terme est devenu une catégorie du débat public sans jamais avoir été officialisé dans le droit de la France métropolitaine, Noiriel souligne la place de plus en plus envahissante prise par les discours identitaires dans le débat public. Constatant qu'un grand nombre de Français ne souhaitent pas être définis publiquement par leur couleur de peau, il propose aux militants antiracistes qui plaident pour des statistiques « ethniques » de s'interroger sur leur propre pouvoir symbolique, ce qui pourrait leur permettre d'imaginer des moyens de combattre les discriminations tout en évitant de pratiquer ce qu'il appelle des « assignations identitaires ».

Critiques

Ces deux derniers ouvrages ont suscité plusieurs types de critiques.

Georges Bensoussan, responsable éditorial du Mémorial de la Shoah, reproche au Venin dans la plume l'association « parfaitement absurde » du pamphlétaire antisémite de La France juive (Drumont) et de l'auteur assimilationniste du Destin français (Zemmour). La charpente du livre de Gérard Noiriel serait « la reprise d’un lieu commun de la doxa : dans notre pays, aujourd’hui, les musulmans vivraient peu ou prou la condition difficile des juifs de France au cours des années 1930. » Derrière l'apparence anodine d’une « leçon de méthode » à l'attention des lecteurs employée par Gérard Noiriel contre Éric Zemmour, il ne s'agirait que d'une tentative pour le faire taire[60].

Le sociologue Manuel Boucher considère que Gérard Noiriel fait de la simplification socio-historique et entretient des confusions identitaires. Selon lui, comparer l’antisémitisme de Drumont au XIXe siècle avec le concept d'« islamophobie » instrumentalisé au XXIe siècle peut contribuer à produire des connaissances fausses par excès de simplification[61]. Le politologue Vincent Tournier reproche à Noiriel de ne pas prendre en compte que « l’extrême-droite traditionnelle, marquée par l’antisémitisme, a été largement philo-arabe et philo-musulmane », et conclut que ce dernier se fourvoie « dans des analyses déconnectées et du passé, et de la réalité de notre temps »[62].

L'ouvrage Race et sciences sociales a provoqué des polémiques encore plus violentes, amplifiées par les réseaux sociaux[63]. Les deux auteurs ont été accusés de rejoindre le camp des réactionnaires et de nier la réalité du racisme dans la France d'aujourd'hui[64],[65].

On leur a reproché également d'ignorer les travaux qui prouvent la fécondité heuristique de l'intersectionnalité. Pour le politologue Philippe Marlière, les sociologues Éléonore Lépinard et Sarah Mazouz, l'apport de l'intersectionnalité consiste à multiplier les perspectives pour « éviter de catégoriser les groupes selon un seul axe identitaire[66],[67],[68]. » Ces polémiques s’étaient déjà nouées en 2018 à l’occasion de la publication d’un billet de blog[69], qui avait entraîné une réplique sous la forme d’un numéro spécial de la revue en ligne Mouvements[70]. Les réponses de Gérard Noiriel s’articulent autour de la revendication d’une éthique de la discussion scientifique[10] et prônent la stricte séparation entre la science historique, l’expertise et la politique[71].

L'histoire populaire de la France

Si Gérard Noiriel a toujours revendiqué une histoire sociale, l’angle d’une histoire populaire semble venir d’une prise de conscience plus tardive qui culmine avec la publication d’Une histoire populaire de la France. De la guerre de Cent Ans à nos jours, en 2018 chez Agone. Il signale d’ailleurs dans le dernier chapitre, en revenant sur Le Creuset français, publié en 1988, ne pas avoir « assez insisté sur le fait que, dans mon esprit, l’immigration était une dimension de l’histoire des classes populaires »[72].

Dans cette somme de 800 pages[73], écrite dans le sillage d'Une histoire populaire des États-Unis d'Howard Zinn, Gérard Noiriel tente de rendre accessible à un large public les recherches qu'il a développées depuis quarante ans, mais aussi les travaux de la communauté des chercheurs qui ont contribué à enrichir le champ des études socio-historiques.

En partant du principe que c'est l'État qui a fabriqué la France, il analyse le rôle fondateur de l'État royal au début du XVe siècle dans la formation du peuple français. Les individus sont alors transformés en sujets grâce aux deux instruments complémentaires que le roi est parvenu à contrôler : l'armée et l'impôt. Toutefois cette domination étatique va contribuer à alimenter les révoltes populaires : les luttes antifiscales devenant progressivement la forme la plus massive de contestation du pouvoir royal. Noiriel montre que le moteur de cette histoire populaire, c'est la dialectique inhérente aux relations de pouvoir entre domination et solidarité. L'identité, le langage, les intérêts des groupes dominés sont tributaires des formes de domination qu'ils subissent. Mais réciproquement, les dominants sont constamment contraints de s'adapter aux formes de résistances que les dominés parviennent à développer en s'appropriant, au point de les déformer, le langage et les références des classes privilégiées. L'ouvrage distingue trois grandes étapes dans cette histoire populaire. La première couvre la période de l'Ancien régime où le pouvoir royal règne sur un peuple de sujets. La seconde, qui débute au milieu du XVIIIe siècle, est dominée par le long combat autour de la citoyenneté opposant la version bourgeoise (délégation de pouvoir) et la version populaire (démocratie directe), combat qui s'achève en 1871 avec l'écrasement de la Commune de Paris. La troisième étape se met en place avec la IIIe République. Elle est marquée par le triomphe de l'État-nation et par les clivages de classes liés au triomphe de la grande industrie. Grâce aux luttes impulsées par le mouvement ouvrier, l'État national devient progressivement aussi un État social, mais la profonde crise du modèle industriel qui va ravager la France à partir des années 1980 marque une nouvelle rupture dont les enjeux sont encore difficiles à cerner aujourd'hui.

Publié peu avant l’éclatement de la crise des gilets jaunes, l’ouvrage a rencontré un public élargi[18]. Dans le milieu des sciences sociales, la réception met en avant le caractère salutaire de l’ambition de démocratisation de l’histoire et du savoir que porte Une histoire populaire de la France[74],[75], tout en proposant un récit engagé et scientifique[76],[77].

Ouvrages

  • Vivre et lutter à Longwy (avec Benaceur Azzaoui), Paris, Éditions Maspero, coll. « Débats Communistes », 1980 (ISBN 2-7071-1145-7)
  • Longwy, Immigrés et prolétaires (1880-1980), Paris, Presses universitaires de France, coll. « Pratiques Théoriques », 1984
  • Les Ouvriers dans la société française (XIXe XXe siècle), Paris, Seuil, coll. « Points », 1986 (ISBN 2-02-009309-X)
  • Le Creuset français. Histoire de l'immigration (XIXe XXe siècle), Paris, Seuil, coll. « L'Univers Historique », 1988 ; réédité en coll. « Points-histoire », Paris, Seuil, 1992 (ISBN 2-02-085954-8)
  • La Tyrannie du national. Le droit d'asile en Europe (1793-1993), Paris, Calmann-Lévy, 1991 ; réédité en collection de poche sous le titre Réfugiés et sans papiers. La République et le droit d'asile, XIXe XXe siècle, Paris, Hachette, coll. « Pluriel », 1998 (ISBN 2-01-278914-5)
  • Population, immigration et identité nationale en France (XIXe XXe siècle), Paris, Hachette, coll. « Carré-Histoire », 1992 (ISBN 2-01-016677-9)
  • Immigrants in Two Democracies. French and American Experience (ouvrage collectif dirigé en collaboration avec Donald L. Horowitz), New York University Press, 1992 (ISBN 0-8147-3479-0)
  • Sur la « crise de l'histoire », Paris, Belin, coll. « Socio-Histoires », 1996 (ISBN 2-7011-1799-2) ; réédité en « Folio-Histoire », Paris, Gallimard, 2005 (ISBN 2-07-030671-2)
  • Construction des nationalités et immigration dans la France contemporaine (ouvrage collectif dirigé avec Éric Guichard), Paris, Presses de l'École normale supérieure, 1997 (ISBN 2-7288-0234-3)
  • Qu'est-ce que l'histoire contemporaine ?, Paris, Hachette, coll. « Carré-Histoire », 1998 (ISBN 2-01-145072-1)
  • Les Origines républicaines de Vichy, Paris, Hachette, 1999 (ISBN 2-01-235442-4) (présentation en ligne)
  • État, nation et immigration. Vers une histoire du pouvoir, Paris, Belin, coll. « Socio-Histoires », 2001 (ISBN 2-7011-2759-9) ; réédité en coll. « Folio-Histoire », Paris, Gallimard, 2005 (ISBN 2-07-030670-4)
  • Atlas de l’immigration en France, Paris, Autrement, coll. « Atlas-mémoires », 2002 (ISBN 2-7467-0273-8)
  • Penser avec, penser contre. Itinéraire d'un historien, Paris, Belin, coll. « Socio-Histoires », 2003 (ISBN 2-7011-3347-5) ; édition revue et augmentée publiée en 2014, dans la coll. « Histoire », Paris, Belin (ISBN 978-2-7011-7777-9)
  • Gens d’ici venus d’ailleurs. La France de l’immigration de 1900 à nos jours, Paris, Éditions du Chêne, 2004 (ISBN 2-84277-520-1)
  • Les Fils maudits de la République. L’avenir des intellectuels en France, Paris, Fayard, coll. « Histoire de la pensée », 2005 (ISBN 2-213-61064-9) [lire en ligne] ; édition revue et actualisée publiée en 2010 chez Agone, coll. « Éléments », sous le titre Dire la vérité au pouvoir : les intellectuels en question (ISBN 978-2-7489-0124-5)
  • Introduction à la socio-histoire, Paris, La Découverte, coll. « Repères », 2006 (ISBN 2-7071-4723-0)
  • Immigration, antisémitisme et racisme en France (XIXe XXe siècle) : Discours publics, humiliations privées, Paris, Fayard, 2007 (ISBN 978-2-213-63001-4)
  • À quoi sert l'identité nationale, Agone, coll. « Passé & présent », 2007 (ISBN 978-2-7489-0080-4)
  • L'Identification. Genèse d'un travail d'État, Paris, Belin, coll. « Socio-histoires », 2007 (ISBN 978-2-7011-4687-4)
  • Introduction à la socio-histoire, Paris, La Découverte, coll. « Repères », 128 p., 2008 (ISBN 9782707147233), [lire en ligne]
  • Histoire, théâtre et politique, Agone, coll. « Contre-feux », 2009 (ISBN 978-2-7489-0103-0)
  • Le Massacre des Italiens - Aigues-Mortes, , Paris, Fayard, 2010 (ISBN 978-2-213-63685-6) ; réédité en 2018 aux éditions Pluriel (ISBN 978-2-8185-0570-0)
  • Chocolat clown nègre. L'Histoire oubliée du premier artiste noir de la scène française, Paris, Bayard, 2012, 300 p. (ISBN 978-2-227-48271-5)[78]
  • Il n'y a pas de « question blanche »..., entretien de Gérard Noiriel avec Thierry Leclère (pages 34 à 38) dans De quelle couleur sont les blancs ? - Des « petits Blancs » des colonies au « racisme anti-Blancs », sous la direction de Sylvie Laurent et Thierry Leclère, La Découverte, coll. « Cahiers libres », 300 p., 2013
  • Qu'est-ce qu'une Nation?, Paris, Bayard, 105 p., 2015 (ISBN 978-2227488274)
  • Chocolat. La véritable histoire d’un homme sans nom, Paris, Bayard, 600 p., 2016 (ISBN 978-2-227-48617-1)
  • Les Historiens face à l’identité nationale, entretien avec Gérard Noiriel (pages 267 à 270), propos recueillis par Régis Meyran dans Identité(s) - L'individu, le groupe, la société, sous la direction de Catherine Halpern, Éditions Sciences Humaines, 352 p., 2016
  • Une histoire populaire de la France, Marseille, Agone, coll. « Mémoires sociales », 2018 (ISBN 978-2-7489-0301-0)
  • Le Venin dans la plume. Édouard Drumont, Éric Zemmour et la part sombre de la République, Paris, La Découverte, coll. « L’envers des faits », 2019 (ISBN 978-2-348-04572-1)
  • Les Gilets jaunes à la lumière de l'histoire, Éditions de l'Aube/Le Monde, coll. « Le monde des idées », 130 p., 2019 (ISBN 978-2-8159-3319-3)
  • Race et sciences sociales, avec Stéphane Beaud, Agone, 448 p., coll. « Épreuves sociales », 2021 (ISBN 978-2-7489-0450-5)

Gérard Noiriel a en outre publié plus de 120 articles dans des revues scientifiques historiques ou sociales, en France ou à l'étranger. Ses livres ont été traduits dans une dizaine de langues étrangères[14].

Prix

Notes et références

  1. Selon sa page sur le site de l'université de Buenos Aires (consultée le 31 juillet 2007) et l'article Gérard Noiriel Repères, paru dans L'Humanité du 21 janvier 2004.
  2. (en) « The French Melting Pot: Immigration, Citizenship, and National Identity », compte rendu de l'ouvrage de Noiriel Le Creuset français, par Stanley Hoffmann, paru dans le numéro de novembre/décembre 1996 de la revue Foreign Affairs.
  3. Il est notamment auteur de Introduction à la socio-histoire, Paris, La Découverte, 2006.
  4. Gérard Noiriel, Penser avec, penser contre. Itinéraire d’un historien, postface, Éditions Belin, 2003.
  5. Nathalie Lempereur, « Gérard Noiriel. Fils du peuple », L'Histoire, no 454, , p. 28-29 (lire en ligne).
  6. Smaîn Laacher et Patrick Simon, « Itinéraire d'un engagement dans l'histoire », Mouvements, vol. 45-46, no 3, , p. 209-219 (ISSN 1291-6412 et 1776-2995, DOI 10.3917/mouv.045.0209, lire en ligne, consulté le ).
  7. Marcel Grandière, Rémi Paris, « La formation des maîtres en France, 1792-1990. Textes officiels », juin 2016 (consulté le 16 juin 2021).
  8. Selon un entretien paru dans L'Humanité du 21 janvier 2004 sous le titre « Ouvrir à tous la connaissance savante ».
  9. Gérard Noiriel, Penser avec, penser contre. …, op. cit..
  10. « Pour une éthique de la discussion – réponse à Didier Fassin », Stéphane Beaud, Gérard Noiriel, AOC, 15 mars 2021.
  11. Gérard Noiriel, Les fils maudits de la République. L’avenir des intellectuels en France, Solange De Jésus, Questions de communication, 9, 2006, mis en ligne le 30 juin 2006, consulté le .
  12. Jean Vigreux, Croissance et contestation - 1958-1981, Seuil, (ISBN 978-2-02-140387-9, lire en ligne), p. 289.
  13. La postface de son ouvrage Penser avec, penser contre (Belin - Socio-Histoires, 2003) constitue un essai contenant de très nombreux éléments autobiographiques.
  14. Présentation sur le site de l'EHESS
  15. « Racines entremêlées », Le Monde, 13 mai 1988.
  16. Gérard Noiriel, Introduction à la socio-histoire, Paris, La Découverte, coll. « Repères-Histoire », 2006, 126 p.
  17. Arlette Farge, « Les historiens font des histoires. Relançant le débat sur la “crise” de l'Histoire, Gérard Noiriel fait la chasse au “loup philosophique entré dans la bergerie” et préconise un retour à la pratique. Gérard Noiriel. Sur la “crise” de l'Histoire. Ed. Belin, 340 pp., 115 F », Libération, 12 septembre 1996.
  18. Vincent Milliot, Philippe Miniard, Entretien avec Gérard Noiriel, En attendant Nadeau, 2 juillet 2019.
  19. Gérard Noiriel, Sur la « crise de l’histoire », Belin, coll. « Socio-histoire », 1996.
  20. Gérard Noiriel, Les fils maudits de la République. L’avenir des intellectuels en France. Paris, Fayard, coll. « Histoire de la pensée », 2005, 275 p.
  21. Selon sa page sur le site internet de l'EHESS, (consultée le 31 juillet 2007).
  22. « L'histoire est un sport de combat. Entretien avec Gérard Noiriel », Vacarme, 2005/3 (n° 32), p. 6-14.
  23. Désirée Mayer, « Gérard Noiriel, Immigration, antisémitisme et racisme en France. Discours publics, humiliations privées (XIXe – XXe siècles). Paris, Fayard, coll. « Littérature générale », 2007, 717 p. », Questions de communication, no 13, , p. 415–419 (ISSN 1633-5961, lire en ligne, consulté le ).
  24. Il avait signé auparavant en avril 2007 avec d'autres intellectuels un appel à voter Ségolène Royal au premier tour de l'élection présidentielle.
  25. Ouvrage notamment contesté[pourquoi ?] par le livre de deux historiens, Daniel Lefeuvre et Michel Renard : Faut-il avoir honte de l'identité nationale ? (Larousse, 2008).
  26. Communiqué de presse: « Installation d'un Conseil scientifique auprès de la DILCRA », gouvernement.fr, 9 février 2016.
  27. Selon un article de Gérard Noiriel, « Histoire, mémoire, engagement civique », paru dans la revue Hommes et Migrations, janvier-février 2004 ; information également citée par le Haut Conseil à l'intégration, dans « Diversité culturelle et culture commune dans l'audiovisuel ».
  28. Gérard Noiriel, Chocolat clown nègre. L'histoire oubliée du premier artiste noir de la scène française, Paris, Bayard, 2012, 300 p. et Chocolat. La véritable histoire d’un homme sans nom, Paris, Bayard, 2016, 600 p.
  29. Voir sur daja.fr.
  30. Gérard Noiriel, Sur la « crise » de l’histoire, Paris, Belin, coll. « Socio-histoires », 1996.
  31. Gérard Noiriel, Introduction à la socio-histoire, La Découverte, coll. « Repères », 2008, 128 p.
  32. Gérard Noiriel, Racisme : la responsabilité des élites, entretien mené par Bertrand Richard, Paris, Textuel, coll. « Conversations pour demain », 2007, 109 p.
  33. Gérard Noiriel, Dire la vérité au pouvoir. Les intellectuels en question, nouvelle éd. revue et actualisée, Paris, Agone, coll. « Éléments », 2010, 316 p.
  34. Stéphane Beaud, Gérard Noiriel, Race et sciences sociales. Essai sur les usages publics d'une catégorie, Marseille, Agone, coll. « Épreuves sociales », 2021, 421 p.
  35. Sur le blog de Gérard Noiriel, « Les intellectuels à l’heure des réseaux sociaux », 14 janvier 2021.
  36. Gérard Noiriel, Penser avec, penser contre. …, op. cit..
  37. Gérard Noiriel, « De l'enfance maltraitée à la maltraitance. Un nouvel enjeu pour la recherche historique », Genèses, vol. n° 60, n° 3, 2005, pp. 154-167.
  38. Il est président du Comité d’aide exceptionnelle aux intellectuels réfugiés.
  39. Gérard Noiriel, « Le statut de l'histoire dans Apologie pour l'Histoire », Cahiers Marc Bloch, 1997, n° 5, pp. 7-21.
  40. Nicolas Delalande, Ivan Jablonka, « Parler d'autres langages que celui de la science », entretien avec Gérard Noiriel, sur laviedesidees.fr, 8 janvier 2008.
  41. Serge Halimi, « Une arrière-garde de l’ordre social », Le Monde diplomatique, septembre 2005.
  42. Gérard Noiriel, Immigrés et prolétaires. Longwy 1880-1980, Marseille, Agone, coll. « L'ordre des choses », 2019, 616 p. (ISBN 9782748904178).
  43. Gérard Noiriel, Les Ouvriers dans la société française, XIXe – XXe siècles, Paris, Seuil, 1986, 317 p.
  44. Nicolas Herpin, Gérard Noiriel, « Les Ouvriers dans la société française, XIXe – XXe siècles », Revue française de sociologie, 1988, p. 213-214.
  45. Compte rendu de l'ouvrage de Noiriel par André-Clément Decouflé, paru dans Revue européenne de migrations internationales, 1989, vol. 5, no 2, p. 156.
  46. Michelle Perrot, dans Libération en 1988, fait remarquer que c'est « un livre dense qui, dans le débat passionnel plus encore que passionné que suscite l'immigration, est une contribution de la raison qu'on voudrait décisive. ».
  47. En référence au livre Lieux de mémoire dirigé par Pierre Nora mais qui ne comporte pas alors de références aux immigrés.
  48. (en) Stefan Berger, Mark Donovan, Kevin Passmore, Writing national histories, p. 244.
  49. Gérard Noiriel, « L'immigration : naissance d'un "problème" (1881-1883) » in L'invention de l'immigration, Agone, n° 40, 2008, pp. 15-40.
  50. Gérard Noiriel, Le Creuset français : histoire de l’immigration XIXe XXe siècle, Paris, Seuil, 1988.
  51. Gérard Noiriel, Le Creuset français : histoire de l’immigration XIXe XXe siècle, Paris, Seuil, 1988, p. III.
  52. Gérard Noiriel, La Tyrannie du National, le droit d’asile en Europe (1793-1993), Paris, Calmann-Lévy, 1991.
  53. Gérard Noiriel, État, nation et immigration. Vers une histoire du pouvoir, Paris, Belin, coll. « Socio-histoires », 2001, 400 p.
  54. Gérard Noiriel, Qu’est-ce qu’une nation ?, Bayard, 2015, 112 p.
  55. « Pour une vision de gauche de la nation France », mediapart.fr, 13 décembre 2015.
  56. Gérard Noiriel, Immigration, antisémitisme et racisme en France. Discours publics, humiliations privées (XIXe XXe siècle), Paris, Fayard, coll. « Littérature générale », 2007, 717 p.
  57. Gérard Noiriel, Le Massacre des Italiens, Aigues-Mortes, 17 août 1893, Paris, Fayard, 2010.
  58. Gérard Noiriel, Le Venin dans la plume. Édouard Drumont, Éric Zemmour et la part sombre de la République, Paris, La Découverte, coll. « L'envers des faits », 2019, 240 p.
  59. Notamment, Ce que l'on dit des Juifs en 1889, Presses de l'université de Vincennes, 1989.
  60. Georges Bensoussan, « Zemmour/Drumont, pas d’amalgame ! », tribunejuive.info, 3 octobre 2019.
  61. Manuel Boucher, « Pourquoi comparer Zemmour et Drumont est absurde », .
  62. Vincent Tournier, « D’une autre polémique sur Zemmour. À propos du livre Le Venin et la plume », sur telos-eu.com, .
  63. Collectif, « L’“affaire Beaud et Noiriel” est exemplaire de la dégradation de la qualité du débat public », Tribune, Le Monde, 23 février 2021.
  64. « Un vent de réaction souffle sur la vie intellectuelle », Didier Fassin, AOC, 23 février 2021.
  65. Michelle Zancarini-Fournel, « Les erreurs d’un livre », En attendant Nadeau, 25 février 2021.
  66. philomag, « “Race” contre classe ? Quand la convergence des luttes tourne au pugilat idéologique », sur Philosophie Magazine (consulté le ).
  67. Philippe Marlière, « Racisme partout, race nulle part », sur Club de Mediapart (consulté le ).
  68. Mouvements.info, « Cartographie du surplomb », sur Mouvements (consulté le ).
  69. Gérard Noiriel, « Réflexions sur la ‘gauche identitaire’ », blog « Le populaire dans tous ses états », 29 octobre 2018.
  70. Abdellali Hajjat et Silyane Larcher, « Intersectionnalité. Introduction au dossier », Mouvements, 19 février 2019.
  71. EducPod S2ep5, Race et sciences sociales : Échange entre S. Beaud, G. Noiriel et F. Pierru, 30 mars 2021.
  72. Gérard Noiriel, Une histoire populaire de la France. De la guerre de Cent ans à nos jours, Agone, 2018, 829 p., p. 732.
  73. Gérard Noiriel, op. cit..
  74. Alexandre Lafont, « Une histoire populaire de la France. De la guerre de Cent Ans à nos jours, de Gérard Noiriel », L’école des lettres, 13 septembre 2019, .
  75. Frédéric Stevenot, « Une histoire populaire de la France. De la guerre de Cent Ans à nos jours », La Cliothèque, 12 novembre 2018, .
  76. Jean-Guillaume Lanuque, Compte rendu, Hypothèses, 13 octobre 2019, .
  77. V. Servat, « Une histoire populaire de la France de G. Noiriel », Hypohtèses, 7 novembre 2018, .
  78. Voir Igor Martinache, « Gérard Noiriel, Chocolat clown nègre. L'histoire oubliée du premier artiste noir de la scène française », Lectures en ligne, Les comptes rendus, 2012, mis en ligne le 5 avril 2012, consulté le 26 octobre 2013.
  79. « Serge Michaïlof Prix Jean-Michel Gaillard - Gérard Noiriel Prix Augustin Thierry - Philippe Ôtier Prix de Cheverny », sur La Nouvelle République, .
  80. Voir sur actualitte.com.
  81. « Remise du prix de l'UR 2020 - Gérard Noiriel » sur union-rationaliste.org, 24 juin 2021.
  82. Voir sur usaintlouis.be.

Annexes

Bibliographie

Entretiens avec G. Noiriel

Articles connexes

Liens externes

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