Histoire sociale

L’histoire sociale est une des principales branches de la recherche historique, ayant pour but d'appréhender les évolutions de la société ou l'une de ses composantes au fil du temps. Sa définition et son approche n’ont cessé d’évoluer en fonction de l’époque et des historiens s’y consacrant; elles dépendent donc de la démarche et du positionnement scientifique de chacun, forcément subjectif et lacunaire[1].

Lucien Febvre et Marc Bloch, co-fondateurs de l'école des Annales d’Histoire économique et sociale

Introduction

De manière générale, l’histoire sociale réfute une approche événementielle de l’histoire et préfère se pencher sur des faits socio-économiques. Elle s’intéresse aux grands groupes sociaux et à leurs interactions au sein de la société et non aux individus en particulier[2]. C’est ce qui la différencie de la sociohistoire, qui elle exclut tout rapport avec l’économie, et préfère se concentrer sur les individus en tant que tels[3]. L’histoire sociale remporte un grand succès durant le XXe siècle[4], mais à partir des années 1970, le courant est victime de son succès et de son trop large spectre de recherche. Il finit par imploser en différents courants dérivés, dont la sociohistoire[5].

L'histoire économique et sociale

Origines

Karl Lamprecht

À la fin du XIXe siècle, Karl Lampercht dénonce l’école historique allemande. Selon lui, elle se focaliserait trop sur les grands faits politiques et les personnages illustres. Il s’agit d’une des premières critiques de l′histoire événementielle[6]. Ce point de vue sera partagé en 1890 par Frederick Jackson Turner aux États-Unis : pour lui, « tous les aspects de l’activité humaine doivent être étudiés ». Turner s’intéressera donc aux groupes sociaux et à leur environnement. Mais c’est en France que le concept d’histoire sociale prendra le plus d’ampleur[7].

Le courant français

Déjà au cours de la première moitié du XIXe siècle, François Guizot, Augustin Thierry, Adolphe Thiers et Jules Michelet accordent dans leurs œuvres une place importante à l'histoire sociale. Il s'agit des premiers chercheurs à lui consacrer autant d'attention.

L'historiographie était jusque-là dominée par une vision politique de l'histoire. Désormais, la lutte des classes chez Guizot, des races chez Augustin Thierry, du peuple chez Michelet... remplacent les rois comme moteurs de l'histoire. Cette lecture ne donne plus le premier rôle aux acteurs politiques (comme le prince) mais à un acteur collectif (la bourgeoisie, les Francs, les Gaulois...)[8].

La lutte des classes : Marx et Guizot

L'idée de Guizot de « lutte des classes » sera reprise par Karl Marx. Comme ce dernier, Guizot aspire à donner plus de droits et de légitimité aux classes moyennes face aux élites bourgeoises[9].

Pour Marx, tout phénomène historique peut être considéré comme l'expression de rapports conflictuels entre une classe dominante et une classe dominée. La classe est définie d'un point de vue économique (elle possède ou non les moyens de production et d'échange) et sociologique (elle a conscience de son unité, de ses intérêts communs). La vision marxiste donne donc la primauté à une lecture économique et sociale de l'histoire. Elle influence de nombreux travaux historiques en France.

Naissances de l'histoire sociale

La première naissance de l'histoire sociale

Le véritable élan de l’histoire économique et sociale en France se situe avec l’école des Annales d’Histoire économique et sociale (cette école s’est d’ailleurs intitulée un temps Annales d’histoire sociale[10]), créées en 1929 par les historiens français Marc Bloch et Lucien Fèbvre. Ce courant et cette revue historique tendent à replacer l’humain au centre de l’histoire[7]. Ils s’ouvrent à de nouveaux aspects de la discipline historique : l’internationalisation, avec la collaboration de chercheurs étrangers comme Henri Pirenne, mais aussi à l’interdisciplinarité avec les autres sciences. Fèbvre émet notamment des critiques contre la sociologie de l’époque, et son point de vue qui lui semble trop déterministe[11].

Mais ce courant d’histoire sociale ne se limite pas seulement à l’école des Annales. Si celle-ci marquait, en quelque sorte, une « première naissance » de l’histoire sociale en tant que courant[10], c’est Ernest Labrousse, véritable chef de file de l‘histoire sociale, qui va lui donner sa dimension la plus aboutie[12].

La deuxième naissance de l'histoire sociale

Ernest Labrousse, à la fin des années 1930, développe une nouvelle conception de l’histoire. Pour lui, les faits économiques et sociaux, intimement liés, sont les principaux éléments qui permettent d’expliquer l’histoire politique[10]. Dans sa thèse sur La crise de l'économie française à la fin de l'Ancien Régime, il subdivise des groupes sociaux dans la France d'Ancien Régime (fermiers, salariés des villes, propriétaires exploitants, propriétaires non exploitants...) à partir de leur niveau de fortune et de leur place dans les rapports de production. Cela lui permet d'interpréter le déclenchement de la Révolution française comme la conséquence de la dégradation de revenu chez certains de ces groupes.

L'économique et le social sont donc intimement liés pour expliquer l'histoire politique; ce que Fernand Braudel lui reprochera en 1958 en parlant de « lier un pathétisme économique de courte durée (nouveau style), à un pathétisme politique. Nous revoici dans le temps court, et jusqu’au cou »[12]. Fernand Braudel fait ici référence à sa théorie, qui subdivise l'histoire en trois temps :

  • un temps géographique quasi immobile, celui de l’homme et du milieu qui l’entoure, la « structure » ;
  • un temps social et économique, lentement rythmé mais qui apporte des transformations en profondeur, la « conjoncture » ;
  • un temps politique, court, qui fait beaucoup de bruit mais n’est qu’une agitation de surface : l’événement.

Il reproche donc à Labrousse de trop se préoccuper du temps court, alors que lui privilégie le temps long[13].

Le « paradigme labroussien » séduit de nombreux historiens français après-guerre. Les thèses d'histoire économique et sociale, enrichies d'analyses statistiques, abondent : Pierre Goubert, Beauvais et le Beauvaisis de 1600 à 1730, 1960, Emmanuel Le Roy Ladurie, Paysans du Languedoc, 1966, Pierre Vilar, la Catalogne dans l'Espagne moderne, 1962, Pierre Chaunu, Séville et l'Atlantique (1504-1650), 1969, Gabriel Désert, une société rurale du XIXe siècle : les paysans du Calvados (1815-1895), 1971...

Le dynamisme de l'histoire sociale est symbolisé par le développement des recherches en démographie historique. Les états-civils sont dépouillés afin de dresser des tableaux statistiques sur la natalité, la mortalité, la fécondité, la nuptialité ou encore l'alphabétisation. En 1965, le premier numéro de la revue les Annales de démographie historique paraît.

L’histoire économique et sociale innove avec de nouvelles technologies, notamment l’informatique et les sciences statistiques qui permettent de mieux comprendre les grands groupes sociaux[14].

Déclin du paradigme labroussien

Dès la fin des années 1950, la théorie Labroussienne est sur le déclin. Un premier tournant sur les thèmes à traiter par ce courant historique est marqué par son fondateur, en 1955, lorsqu’il rédige un rapport définissant les voies des bourgeoisies européennes, qui donne lieu à nombre de monographies sur le sujet[15].

Toutefois, à l’orée des années 1980, le bilan du courant est mitigé. Cette école de l'histoire économique et sociale est attaquée par la Nouvelle Histoire à partir des années 1980. Elle oublierait « l'individu comme si chacun est emporté par des forces plus fortes : la classe ou la conjoncture économique. À tel point qu'on peut se demander quelle est la part de liberté des hommes dans l'accomplissement de leur histoire ».

À la fin des années 1980, l'effondrement du communisme provoque un discrédit de tout ce qui rappelle de près comme de loin le marxisme. Le paradigme labroussien devient l'objet de mépris. Beaucoup d'historiens français se détournent des concepts de classe et de lutte des classes. L'historien anglais George M. Trevelyan voit l'histoire sociale comme le point de transition entre l'histoire économique et politique : « Sans l'histoire sociale, l'histoire économique est stérile et l'histoire politique inintelligible »[16]. Bien que cette approche ait souvent été considérée négativement comme une histoire délaissant la politique, elle a également été défendue comme une « histoire qui met les gens au premier plan »[17].

À la mise en perspective des valeurs, des nombres, s’ajoute celle des faits sociaux : l’histoire « sérielle », que salue Pierre Chaunu, se développe grâce à l’essor de l’informatique. Il aurait pu s’agir là d’une occasion, pour l’histoire sociale en déclin, de se redresser et développer une méthode de recherche novatrice et moderne. Toutefois, l’ordinateur reste un outil discret pour les membres du courant, qui ne l’utilisent pas de manière accrue, ce qui favorise leur déclin[18].

Le glissement vers une histoire socio-culturelle

Comme d'autres branches de la recherche historique, l'orientation vers l'histoire des mentalités (devenue l'histoire culturelle) renouvelle l'histoire sociale dès les années 1960. Les groupes sociaux ne sont plus vus uniquement sous l'angle économique. Les historiens s'intéressent à leur culture, leurs pratiques, leurs croyances et leurs attitudes. On s'interroge sur les échanges culturels des classes populaires et celle des élites (la pratique de sports par exemple). On essaie de cerner la construction identitaire de certains catégories[19]. Cette nouvelle orientation ne fait toutefois pas l’unanimité au sein du courant et des réticences face à ces nouveaux objets de recherche se font sentir[20].

Autre mutation de l'histoire sociale : elle porte son attention sur des groupes dont le fondement n'est pas économique. Il s'agit aussi de groupes souvent oubliés de la recherche : les femmes[21], les immigrés[22], les personnes âgées[23], les banlieusards[24]...

Quelques historiens s'attaquent à la rigidité des classifications sociales. En étudiant la bourgeoisie parisienne du XIXe siècle, Adeline Daumard bouscule le postulat définissant la bourgeoisie[25]. Est-elle si monolithique ? A-t-elle véritablement une conscience de classe ? Jean-Luc Pinol cherche lui à s'extirper entièrement de ces classifications. Pour saisir la mobilité sociale dans la ville de Lyon, il se situe à l'échelle de l'individu (et non du groupe ou de la classe) et suit leur parcours tout au long de leur existence[26].

Diversification de l'histoire sociale

Carlo Ginzburg, un des pères fondateurs de la micro-histoire

Dans la même idée, Antoine Prost constate que l'histoire sociale évolue vers la reconstitution d'univers colorés, chaleureux, savoureux, donnant lieu à une description presque anthropologique[27]. Les monographies font pénétrer dans l'intimité d'un fonctionnement social ou individuel. C'est en effet l'objet d'un courant historique appelé la microstoria, c'est-à-dire micro-histoire. Par exemple, Carlo Ginzburg entraîne son lecteur dans l'univers d'un meunier jugé pour hérésie au XVIe siècle[28] et Giovanni Levi dans celui d'un exorciste de village[29]. En France, Le Monde retrouvé de Louis-François Pinagot (1998) d'Alain Corbin se situe dans la même veine puisqu'il propose de récréer l'environnement d'un inconnu : un simple sabotier du Perche. Plus récemment, les travaux d'Arlette Farge ont poursuivi dans ce sens[30]. Via une affaire d'adultère, elle met en exergue l'importance du milieu social au XVIIIe siècle[31]. Dans ce genre, l'explication, la recherche des causes devient moins intéressante.

Dans L'histoire en miettes (1987), François Dosse regrette cette évolution[32]. Les historiens de l'histoire sociale ne prétendent plus à une explication globale des sociétés. Ils tentent rarement de grandes synthèses comme dans les années 1970 et 1980 (Histoire de la France rurale et Histoire de la France urbaine de Georges Duby, Histoire économique et sociale[33], entre autres) et s'attardent au contraire sur des microcosmes : ceci ouvre la voie au développement du courant de la sociohistoire, prônée par Gérard Noiriel[14]. Ceux-ci ne se lancent plus dans des histoires totales qui embrasseraient les aspects politiques, culturels, sociaux et économiques, mais préfèrent étudier des sujets de portée réduite.

Sous champs de l'histoire sociale

L’histoire sociale présentant de nombreux sous-champs de recherche, ceux-ci sont devenus, pour certains, des disciplines historiques à part entière.  

Démographie historique

Ce sous-champ de recherche correspond à l’étude d’une histoire de la population et des processus démographiques, utilisant les données statistiques et les recensements de populations. La démographie historique est devenue une spécialité importante de l’histoire sociale, que l’on peut connecter à la démographie, et plus particulièrement à l’étude des transitions démographiques.

Histoire afro-américaine

L’étude de “l’histoire noire” ou histoire afro-américaine peut être considérée comme un sous-champ de recherche de l’histoire sociale, et est portée par l’Association for the Study of African American Life and History (fondée par Carter G. Woodson en 1915).  

Histoire ethnique

Sous-champ important de l’histoire sociale, particulièrement aux États-Unis et au Canada où les études menées par de grandes encyclopédies ont aidé à le définir[34],[35]. L'histoire ethnique couvre principalement l’histoire des groupes ethniques (n’incluant pas les Afro-Américains ou les Amérindiens) tels que les Latino-Américains et Asio-Américains.  

Histoire ouvrière

Sous-discipline de l'histoire sociale spécialisée dans l'histoire du mouvement ouvrier et des classes populaires. Les historiens de ce sous-champ se concentrent principalement sur les sociétés urbaines ou industrielles.

Histoire des femmes

L’histoire des femmes a gagné énormément en visibilité durant les années 1970. L’histoire sociale utilise l’approche mis en place par ce sous-champ afin de comprendre les expériences vécues par les “femmes ordinaires”. Les premières études sur l’histoire des femmes menées par les chercheurs de l’histoire sociale ont été beaucoup critiquées par des historiennes féministes car celles-ci estimaient que ces études étaient trop concentrées sur l’expérience masculine.  

Histoire du genre

L’histoire du genre se concentre sur les catégorisations, discours et expériences de féminité et masculinité, au fur et à mesure de leur développement au cours du temps. Après avoir été conceptualisée par Joan Wallach Scott et son ouvrage Gender: A Useful Category of Historical Analysis (1986), l’histoire du genre s’est beaucoup développée, et de nombreux historiens sociaux vont utiliser le concept de “différences perceptibles” développé par Joan Scott afin de comprendre la façon dont les relations genrées ont évolué depuis le passé jusqu’à aujourd’hui.  

Histoire de la famille

L'histoire de la famille s’est développée comme domaine distinct à partir des années 1970, en lien étroit avec l'anthropologie et la sociologie[36], particulièrement aux États-Unis et au Canada[37]. Ce sous-champ met l'accent sur les modèles démographiques et les politiques publiques, mais est tout à fait distinct de la généalogie, bien qu'il s'appuie souvent sur les mêmes sources, telles que les recensements et les registres de famille.

En relation avec ce sous-champ, va se développer l’histoire de l’enfance [en][38].

Histoire urbaine

La « nouvelle histoire urbaine » est apparue dans les années 1950 en Grande-Bretagne et dans les années 1960 aux États-Unis. Ce sous-champ étudie la nature historique des villes et envisage celles-ci comme “des processus”, souvent en utilisant des méthodes quantitatives, pour en savoir plus sur les masses inarticulées dans les villes, en opposition avec les élites qui s’y trouvent[39]. Les chercheurs se concentrent surtout sur les comportements individuels et sur le mélange des classes sociales et groupes ethniques au sein d’une ville.  

Histoire rurale

L'histoire rurale est un sous-champ d'étude centré sur l'histoire des sociétés en milieu rural, elle a connu un développement assez important dans les années 1980. Là où l’histoire de l’agriculture se concentre sur la dimension économique et technologique, l’histoire rurale, elle, prend en compte la dimension sociale[40].

Courants étrangers

Grande-Bretagne

L’histoire sociale est associée au travail d’Edward Palmer Thompson et plus particulièrement ses études sur la classe ouvrière anglaise et son ouvrage “Whigs and Hunters : The Origin of the Black Act”. Elle apparaît après la seconde guerre mondiale et s’oppose à l’histoire “classique”, concentrée sur les grands personnages[41]  

L’histoire sociale britannique a souvent eu un fort élan politique et contraste avec l’histoire traditionnelle qui se concentre sa documentation sur les puissants (puisant ses sources dans les sphères politiques et diplomatiques ainsi que dans des archives).  

Les sources et méthodes de l’histoire sociale sont plus diversifiées que celles de l’histoire traditionnelle afin d’avoir une vision plus large du passé. Cela inclut l’analyse de données quantitatives et l’utilisation de l’histoire orale.  

Outre Edward Palmer Johnson, Eric Hobsbawm fut un des pionniers de l’histoire sociale, travaillant sur l’histoire sociale de la Grande-Bretagne et écrivant un ouvrage sur les théories et politiques de l’histoire politique britannique.  

Allemagne

L’histoire sociale est apparue dans l’historiographie de l’Allemagne de l’Ouest dans les années 1950 et 1960, remplaçant l’histoire nationale discréditée par le nazisme. Le pendant allemand de “l’histoire des sociétés” (Gesellschaftsgeschichte) est popularisé dans les années 1960 par son application de théories politiques et de sociologie ainsi que de théorie de la modernisation à l’histoire allemande. Cette théorie de la modernisation appliquée à l’histoire traditionnelle est portée par Hans-Ulrich Wehler et son école de Bielefeld. Cela permettrait de passer d’une histoire politique nationale à une histoire intégrée et comparative de la société allemande englobant toutes les structures sociétales (hors politiques). Dans les années 1970 et début des années 1980, l’école de Bielefeld, menée par Wehler et Jürgen Kocka, domine l’histoire allemande en alliant les théories de la modernisation aux méthodes issues des sciences sociales. Cependant, vers la fin des années 80, ils furent critiqués car ils n’incorporaient pas la culture dans leur histoire de la société mais également parce qu’ils réduisaient la politique à la société et les individus à des structures.[42]

Hongrie

Avant la deuxième Guerre Mondiale, l’histoire politique connaît un certain déclin et un effort est fait pour introduire une forme d’histoire sociale inspirée par l’École des Annales française. Après la guerre, seule l’interprétation marxiste est autorisée jusqu’en 1989[43] et la chute du communisme en Hongrie. Avec la chute de l’historiographie marxiste, l’histoire réapparaît en tant que telle, étudiant les modèles démographiques du début de la période moderne. Les priorités des recherches se sont décalées vers l’histoire urbaine et les conditions de vie[44].  

Union Soviétique

Avec la fin du communisme en 1991, les archives de l’Union soviétiques furent ouvertes et élargirent considérablement le champ des sources disponibles pour l’histoire. L’histoire sociale va alors prospérer tandis que la vieille historiographie marxiste s’effondre[45].

Canada

L’histoire sociale canadienne connaît son âge d’or durant les années 1970 et continue de prospérer grâce à différents chercheurs. Parmi les forces de celle-ci, on retrouve des études sur la démographie, le monde ouvrier et les femmes.[46]

Méthodologie et sources en histoire sociale

Introduction

Dominant l’horizon de la recherche historique en France depuis près d’un demi-siècle, l’histoire sociale recouvre un champ de recherche dont l’ambiguïté s’est autant accrue que son ambition. Contrairement à d’autres domaines de l’historiographie, tels que la démographie ou l’histoire économique, qui sont sûrs de leur objet et de leur méthode de recherche, l’histoire sociale est peu sûre de son identité et de la démarche qu’elle souhaite mettre en place[4].

Question de sources

Les premiers temps de l’histoire sociale sont marqués par une volonté de rupture totale avec l’histoire traditionnelle[7]. L’intérêt pour la politique ne fait plus partie du domaine de recherche. Cela entraîne l’abandon des archives. La discipline les considère comme désuètes et n’englobant pas l’ensemble de la population. Néanmoins, par la suite, des historiens se sont penchés sur l’utilisation des archives dans le cadre de l’élaboration d’une histoire sociale. Les documents judiciaires sont tout à fait adéquats dans ce type d’étude. Au travers de ceux-ci, il est en effet possible d’observer les relations sociales et les comportements populaires ainsi que des mouvements collectifs, des pratiques sociales et des phénomènes de sociabilité[47]. Bien que les criminels ne représentent qu’une minorité, l’ensemble de ces délinquants forment une population difficilement négligeable[48].

Cette réflexion à propos des archives apporte un élément fondamental dans le travail des sources : le questionnement. L’intérêt ne se centre pas réellement sur la typologie du document, mais bien sur la façon de l’examiner. Le but premier de l’histoire sociale est de bâtir une étude incluant les dimensions de la vie collective dans un plan large. Les thématiques de l’histoire sociale se construisent autour de cette vision. Le genre n’a pas d’importance en soi, mais il s’agit bien d’interroger les sources au travers des théories sociales. Le contenu et l’intérêt des documents prévalent sur leurs natures[49].

Les théories sociales forment la base de ce genre d’histoire[50]. Ces théories apportent un angle différent des sources traditionnelles. En outre, la pluridisciplinarité entraine irrémédiablement une ouverture des typologies documentaires. Cette nouvelle discipline historique n’entraîne pas un changement de sources, mais une diversification de celles-ci avec une démarche originale prenant appui sur les théories sociales.

Un exemple marquant pour le renouvellement du questionnement des sources survient aux États-Unis dans les années soixante. Les historiens commencent à mobiliser une approche quantitative[51]. Les données anonymisées propres à ces méthodes permettent à l’histoire sociale une étude de phénomènes plus larges de la société. Les démarches statistiques occupent une place importante dans cette discipline. L’ouverture des sources pose un certain nombre de difficultés. Si de multiples typologies peuvent être employées par l’histoire sociale, elles ne s’analysent pas de la même manière. La nature du document reste à prendre en compte[52]. Afin de ne pas perdre un temps considérable dans le dépouillement et l’examen des sources, les spécialistes ont procédé à un classement en fonction de leur importance dans la recherche. Ils les ont subdivisées en deux catégories : les documents concernant directement l’étude et ceux considérés comme « occasionnels »[53]. Cette hiérarchie permet d’éviter de se perdre dans la multitude de sources à disposition et de les appréhender en fonction de leur nature[53].

Méthodologie en histoire sociale

Dans les annales d’histoire sociale, Marc Bloch et Lucien Febvre voulaient que la discipline mette l’accent sur les groupes sociaux, avec leurs dimensions et traits particuliers, ainsi que sur les relations de dépendance et d’opposition entre eux. Plus que n’importe quelle autre science humaine, l’histoire sociale privilégie alors la notion de structure. Par la suite, Ernest Labrousse va, à la veille de la seconde guerre mondiale, ancrer l’histoire de la société dans celle de l’économie (estimant que les faits sociaux sont étroitement liés aux faits économiques). Il va ainsi privilégier l’étude des moments de crise, lier les évolutions des prix et des salaires avec les mouvements et reclassements au sein des différents groupes sociaux. Aux études des prix et revenus, s'ajoutent celles de la production et de la productivité. Dans les années 60, l’histoire sociale labroussienne et sa méthode sont critiquées car elles oublieraient l’individu, écrasé par la dimension économique. On va également critiquer la façon avec laquelle Labrousse et ses disciples définissent et classent les groupes sociaux. A la mise en perspective des valeurs et des nombres, on va ajouter celle des faits sociaux. Certains fondent beaucoup d’espoir sur les apports de l’ordinateur, pour analyser les sociétés, notamment via la formalisation des conduites individuelles et collectives et l’utilisation de sources sérielles, mais les espérances ne seront pourtant pas totalement comblées par la machine. A côté de cela, les caractéristiques permettant de définir les catégories socio-professionnelles (toujours utilisées par l’histoire) suscitent de nombreux débats au sein même de l’école labroussienne. L’incertitude grandit au sein des chercheurs et théoriciens de l’histoire sociale. Elle va croître encore plus lorsque l’analyse des différentes classes sociales (limitées à des catégories telles que la bourgeoisie ou le monde ouvrier) va s’étendre aux marginalités (pauvres, prisonniers, prostituées, …). Face à la diversification des objets d’étude, certains ne vont plus mettre l’accent uniquement sur les groupes mais également sur les espaces et les lieux[54].

Petit à petit, l’histoire sociale va s’éloigner de l’approche économique pour se rapprocher de l’histoire culturelle, du moins du côté de l’historiographie anglo-saxonne. Celle-ci, par l’intermédiaire d’Edward Palmer Johnson et Eric Hobsbawn, va s’intéresser principalement aux conduites culturelles là où l’historiographie française se concentre sur le matériel et les données économiques. Par l’intermédiaire de Maurice Agulhon et Michelle Perrot, la France va également connaître une évolution épistémologique et va se rapprocher de l’approche anglo-saxonne[55].

L’histoire sociale la plus récente, grâce à l’arrivée d’un nouvel outil au sein de l’atelier de l’historien (le magnétophone), va privilégier la collecte des histoires de vies individuelles, de récits d’expérience, d’une mémoire encore vivante. Cette nouvelle mutation va également susciter débats et critiques, portés par deux historiens américains Louise et Charles Tilly qui privilégiaient un retour à la méthode quantitative et l’étude des faits matériels[56].

Pluridisciplinarité

L’histoire sociale apparait comme étant une histoire totale. L’objet d’analyse est l’Homme et toutes ses activités au sein de la société à un moment donné. Cette discipline s’oppose fermement au cloisonnement de l’histoire[57]. Pour cela, elle veut tendre à une vision collective du monde en intégrant des domaines divers[58].

L’histoire sociale se révèle comme un lieu de rencontre entre les disciplines[59]. La pluridisciplinarité est primordiale pour ce type d’étude, car elle contribue à un enrichissement culturel des recherches[60]. De même que les sources, il est important de bien définir l’objet social lors d’une utilisation de divers champs d’expertise[61]. Les sources se diversifient grâce à l’apport d’autres secteurs d’investigation. En outre, la démarche interdisciplinaire permet une approche différente des documents à disposition.  

Critique(s) de l'histoire sociale

De nombreuses critiques peuvent être émises envers l’histoire sociale. Tout d’abord, le champ d’expertise de cette histoire est trop vaste. Comme il a été expliqué, l’histoire sociale s’interroge sur l’ensemble des groupes sociaux ainsi que leurs activités au sens holistique. Cette volonté d’élargir les objets d’observation fait perdre de vue le sujet en lui-même. En effet, plus les ambitions de cette discipline s’accroissent, plus les horizons d’études deviennent ambigus[62]. Sa démarche est très dispersée, tout en ayant un souci pour la globalité des événements[63]. Cette perspective d’ensemble entraine l’émiettement de l’histoire sociale, c’est-à-dire de ses thèmes de recherche et cela, jusqu’à laisser de côté son originalité[64]. Un autre élément qui va de pair avec le précédent est l’imprécision des théories sociales. Bien avant l’avènement de l’histoire sociale, les historiens portaient déjà un regard méfiant à ces hypothèses à cause de leur manque de rigueur analytique[65]. Les sciences sociales ont un caractère trop incertain dans le cadre d’une étude concrète de la société. En outre, la vie humaine est si complexe que l’approximation de ces théories est à exclure d’une recherche scientifique[66]. Les groupes sociaux déterminés auparavant semblent de plus en plus ardus à définir aujourd’hui, notamment avec l’évolution de l’histoire sociale. La mobilité sociale importante ébranle fortement la notion de classes stables[67].

Il est à noter que ces diverses critiques engendrent des difficultés méthodologiques. L’histoire sociale se trouve confrontée à deux réalités. Là où les sciences sociales procèdent à des quantifications assez rigoureuses et chronophages, l’histoire sociale en tant que telle utilise toujours des méthodes dites traditionnelles concernant le traitement des documents[68]. De plus, la volonté de classification pose un autre problème, celui de répertorier soit selon les pratiques actuelles, soit d’après la période étudiée[69]. Cela ne parait pas si évident : puisque les sources sont anciennes, les groupements en fonction du modèle original peuvent sembler bien plus judicieux. Cependant, les théories sociales se basent sur une quantification contemporaine et leur traitement des sources ne peut échapper à une catégorisation moderne. La question méthodologique s’avère donc handicapante lors de recherches en histoire sociale.

Notes et références

  1. Encyclopædia Universalis, « Histoire sociale - HISTOIRE », sur Encyclopædia Universalis (consulté le )
  2. Braudel et Labrousse 1982, vol.1, p. 11.
  3. Noiriel 2006, p. 53.
  4. Lequin 1986, p. 635-642.
  5. Noiriel 2006, p. 54-55.
  6. Burke 1992, p. 14.
  7. Burke 1992, p. 15-17.
  8. Poirrier 2009, p. 30-35.
  9. Poirrier 2009, p. 34.
  10. Lequin 1986, p. 636.
  11. Delacroix, Dosse et Garcia 1999, p. 111-112.
  12. Delacroix, Dosse et Garcia 1999, p. 162.
  13. Pour décrire cette théorie a été utilisée la préface de la traduction italienne de l’œuvre de Braudel 2006, p. XIII à XXII.
  14. Noiriel 2006, p. 54.
  15. Notamment les travaux de A. Daumard, M. Garden, P. Deyon, etc.
  16. Trevelyan 1985, Introduction.
  17. Fulbrook 2005, p. 17.
  18. Lequin 1986, p. 637.
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Voir aussi

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Articles en ligne

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Autres références utiles

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  • Charles-Olivier CarbonellHistoire et historiens : une mutation idéologique des historiens français, 1865-1885, Toulouse, 1976.
  • Francis Haskell Mécènes et Peintres : l'art et la société au temps du baroque italien, trad. de l'anglais par F. Durand-Bogaert, A. Lyotard-May et L. Evrard, Paris, Gallimard, 1991 (ISBN 2-07-072103-5).
  • Camille Jullian, Notes sur l'histoire en France au XIXe siècle, Hachette, 1897 [consultable en ligne: https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k112129c].

Articles connexes

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