Concombre

Cucumis sativus

Le concombre (Cucumis sativus) est une plante potagère herbacée, rampante, de la même famille que la calebasse africaine, le melon ou la courge (famille des Cucurbitacées). C'est botaniquement un fruit qui est consommé comme un légume. Il est de la même espèce (Cucumis sativus) que le cornichon, consommé lui comme condiment[1]. La plante, qui poussait naturellement au pied de l'Himalaya, aurait été domestiquée pour la première fois en Inde il y a au moins 3 000 ans[2].

Histoire

Originaire d'Inde[3] et plus précisément des contreforts de l'Himalaya[1], le concombre est cultivé depuis plus de 3 000 ans en Asie occidentale. Il est cité trois fois dans l'Ancien Testament[4] par les Hébreux. Il fait partie de la cuisine grecque antique (sous le nom de σικυός, sikuos) et de la cuisine romaine : selon Pline l'Ancien, les empereurs romains Auguste et Tibère sont gourmands de ces légumes dont certains sont cultivés en specularia, serre dont le vitrage consiste en des tissus huilés[5] ou des feuilles de mica[6]. À cette époque, il est de la taille d'un cornichon et généralement consommé avec du miel ou du vin de paille, signe que les variétés étaient plus amères qu'aujourd'hui[6]; on ne faisait probablement pas de distinction entre cornichon et concombre si l'on s'en tient à la description de Pline[5].

Au Moyen Âge en Europe, le concombre est bien classé dans la chaîne des êtres végétaux mais, fruit froid et humide, il est déconsidéré selon la théorie des humeurs. Il figure pourtant dans la liste des plantes potagères recommandées dans le capitulaire De Villis (liste des plantes cultivées dans les jardins de monastères sous Charlemagne)[1].

Au XVIIe siècle, le concombre devient valorisé par les classes aisées car, fruit non rassasiant (à l'opposé de ce que recherche le paysan), il est vu comme un aliment de plaisir[7]. Louis XIV en était friand, ce qui augmenta sa popularité, et le consommait cuit et farci[1]. Le terme cornichon est attesté pour la première fois en 1651 et désigne alors un concombre cueilli jeune et conservé dans du vinaigre[1]. La culture du concombre ne se développe cependant véritablement qu'au XXe siècle grâce à l'agriculture sous serre[1].

Une variété de concombre dépourvue d'amertume est sélectionnée aux Pays-Bas en 1950, ce qui rend inutile de le laisser dégorger[1].

Description

Concombres.

Les grandes feuilles alternes et stipulées, pentagonales à nervation palmée, comptent de trois à cinq lobes. Le bord du limbe est denté. Le concombre présente une grande variabilité foliaire sur le même individu.

Les fleurs unisexuées sont actinomorphes et pentamères. Fleurs mâles (au pistil non fonctionnel) et femelles (au gynécée composé d'un ovaire infère tricarpellé) sont toutes deux jaune pâle mais distinctes, quoique portées par le même pied (plante monoïque).

Les variétés traditionnelles produisent des boutons floraux mâles d'abord, puis femelles, dans des proportions à peu près équivalentes. Certains cultivars hybrides produisent en majorité des boutons femelles.

Les fruits allongés et charnus, au toucher rugueux, peuvent atteindre 30 cm de long et cm de diamètre. Ce sont des baies contenant de nombreuses graines. Leur couleur à maturité varie selon les variétés du vert au blanc en passant par le jaune[8].

Les graines sont blanc jaunâtre et très aplaties. Un gramme contient 35 à 40 graines et leur durée de conservation est longue (10 ans).

Le concombre est une plante grimpante. La tige pousse vers le haut en cherchant des supports auxquels s’arrimer. Une fois trouvés, la tige se contracte et forme des structures hélicoïdales qu'on appelle les vrilles[9]. Les vrilles du concombre sont remarquables en ce qu'elles comportent deux hélicoïdes de sens opposés. La section située entre les deux hélicoïdes est appelé une « perversion de vrille »[9].

Variétés

Parmi les différents types de concombres, trois grands types sont plus utilisés[10] :

  • le concombre court, à épiderme mat et à surface souvent rugueuse, appelé concombre épineux ou américain. Certaines variétés sont amères du fait de la présence de cucurbitacine.
  • le concombre long à écorce brillante avec un petit rétrécissement au bout, appelé concombre hollandais ou concombre anglais, notamment en Amérique du Nord. Il n'est pas amer et sans graines (parthénocarpie).
  • le « beit-alpha », appelé aussi mini-concombre ou concombre libanais, il est à la fois court, lisse et brillant, moins fréquent mais il commence à supplanter le concombre épineux. Il n’est pas amer, il n’a pas de graines et sa taille est plus adaptée à la consommation. Il est mieux adapté au climat du Midi.

Plus de 870 variétés sont inscrites au Catalogue européen[11] et 45 au Catalogue français[12]. La plupart sont des variétés hybrides.

Quelques variétés :

  • court-épineux : (non hybride) Le généreux, Marketer... (hybride) Sideral...
  • hollandais : Acylia, Loustik, Vert long maraîcher...
  • beit-alpha : Gynial, Pharo...

Certaines variétés de concombre sont parthénocarpiques, les boutons floraux engendrant alors des fruits sans pépins. Aujourd'hui, les professionnels ne cultivent que des variétés parthénocarpiques. En effet, les concombres issus de variétés non parthénocarpiques sont remplis de graines et ont un goût amer.

Il existe une espèce appelée concombre sauvage dans le désert du Kalahari (voir aussi le parc transfrontalier de Kgalagadi), qui avec le concombre metulifer (Kiwano) et les melons tsamma sont les seules sources d'eau de la région pendant la période de sécheresse annuelle[13].

Une autre espèce appelée Concombre amer ou melon amer, cultivée surtout dans les pays asiatiques, n'est pas un concombre mais la margose (Momordica charantia)

Améliorations variétales

Des progrès importants ont été notamment réalisés sur les résistances à des maladies telles que Cladosporium cucumerinum, l'oïdium (Podosphaera xanthii), le mildiou (Pseudoperonospora cubensis), la septoriose (Corynespora melonis), ainsi qu'au virus du jaunissement des nervures du concombre (CVYV), au virus de la mosaïque jaune de la courgette (ZYMV)[14]...

La technique innovante CRISPR-Cas9 a permis par mutation d'un seul gène de rendre résistante une variétés de concombre à au moins trois potyvirus, le ZYMV, le PRSV-W et le CVYV[15].

Culture

C'est une espèce non rustique, qui ne peut être cultivée en pleine terre qu'en régions tempérées ou chaudes. La culture sous serre est très répandue.

La plante peut se développer à même le sol ou être conduite sur des treillis.

Le semis en pleine terre se fait au printemps (en mai dans l'hémisphère nord) pour les variétés potagères. Sous serres chauffées, le semis peut se faire dès le mois de janvier, et la plantation a lieu 4 semaines plus tard.

Une bonne fertilisation et une irrigation suffisante sont nécessaires pour obtenir une production abondante.

Compagnonnage : le concombre apprécie le voisinage du chou, de la laitue, des haricots, mais pas celui de la tomate ni de la pomme de terre[16].

Maladies et ravageurs

Pour lutter contre les potyvirus, la recherche s'axe sur la sélection de plantes résistantes. Pour cela, CRISPR/Cas9 a été utilisé pour créer des concombres chez lesquels les potyvirus ne peuvent pas se développer[17],[18].

Production

Production mondiale

Les principaux pays producteurs de concombres en Europe sont la Russie, l'Ukraine, l'Espagne et la Pologne.

Production de concombres et de cornichons.

Données 2012-2013 (en tonnes)[19].
Données de FAOSTAT (FAO)

Pays2012%2013%
Chine51 886 60075 %54 315 90076 %
Turquie1 741 8783 %1 754 6132 %
Iran1 600 0002 %1 570 0782 %
Russie1 281 7882 %1 068 0001 %
Ukraine1 020 6001 %1 044 3001 %
États-Unis 901 060 1 % 747 610 1 %
Espagne748 5001 %754 4001 %
Mexique640 5081 %637 3951 %
Égypte 613 880 1 % 631 129 1 %
Ouzbékistan 610 645 1 % 607 397 1 %
Japon 586 600 1 % 547 900 1 %
Pologne 520 686 1 % 512 714 1 %
Autres pays7 666 31211 %7 659 85211 %
Monde69 298 371100 %71 365 573100 %

Production française

En 2017 la production française est de 133 498 tonnes[20]. La surface cultivée est de 585 hectares, soit un rendement de 228,2 tonnes à l'hectare. Les principaux départements producteurs sont la Loire-Atlantique; le Loiret, les Pyrénées-Orientales, les Bouches-du-Rhône, la Meuse. Le commerce extérieur est déficitaire : 17 361 tonnes produites sont exportées mais 76 899 tonnes sont importées.

Langue française

Le terme concombre (« concombre de mer ») sert de dénomination vulgaire pour les holothuries, ou de complément de nom pour l'araignée Araniella cucurbitina.

Au sens populaire, on traite de concombre une personne stupide.

Calendrier

Dans le calendrier républicain français, le 7e jour du mois de messidor, est officiellement dénommé jour du Concombre[21].

Utilisations

Certains régimes sont conçus sur la logique de consommation des boissons détoxifiantes ou amaigrissantes dites boisson détox qui contiennent des légumes ou fruits facilitant la digestion et l'élimination des graisses. Il s'agit des boissons à base de produits dits naturels tels que le concombre.[22]

Voir aussi

Notes et références

  1. Éric Birlouez, Petite et grande histoire des légumes, Quæ, coll. « Carnets de sciences », , 175 p. (ISBN 978-2-7592-3196-6, présentation en ligne), Une fabuleuse diversité, « Du concombre de l'Himalaya au petit cornichon », p. 36-39.
  2. Collectif (trad. Michel Beauvais, Marcel Guedj, Salem Issad), Histoire naturelle [« The Natural History Book »], Flammarion, , 650 p. (ISBN 978-2-0813-7859-9), p. Concombre page 172
  3. (en) S. D. Doijode, Seed storage of horticultural crops, Haworth Press, , p. 281.
  4. Ésaïe 1:8, Nombres 11:5, Baruch 6:69.
  5. Pline l'Ancien, Histoire naturelle, Livre 19, chapitre 23.
  6. Philippe Marinval, « Les cucurbitacées antiques », Archéologia, nnovembre 2003, p. 23-29
  7. Florent Quellier, « Le concombre et quelques autres : périls et séduction », émission Concordance des temps sur France Culture, .
  8. Marius Chadefaud et Louis Emberger, Traité de botanique systématique, t. 2 : Les Végétaux vasculaires, Masson, , p. 1280-1297.
  9. Sean Bailly, « L’origine des vrilles du concombre enfin démasquée », sur Pourlascience.fr (consulté le )
  10. Michel Pitrat et Claude Foury, Histoire de légumes, Paris, Institut national de la recherche agronomique, (lire en ligne), p. 308.
  11. Consultation en ligne du catalogue européen des espèces et variétés.
  12. Consultation en ligne du Catalogue français des espèces et variétés.
  13. Floriane Dupuis, « Parc de Khal-agadi, pas si désert », Science & Vie, no 1130, , p. 18-21.
  14. Consultation des fiches descriptives des variétés sur le site du GEVES.
  15. Crispr/Cas9 : La révolution qui supplante les OGM.
  16. Association de plantes au jardin : la technique du compagnonnage.
  17. Development of broad virus resistance in non-transgenic cucumber using CRISPR/Cas9 technology, Jeyabharathy Chandrasekaran, Marina Brumin, Dalia Wolf, Diana Leibman, Chen Klap, Mali Pearlsman, Amir Sherman, Tzahi Arazi et Amit Gal-On, research gate.
  18. CRISPR/Cas9, la plus médiatisée des NBT, Info NBT, le .
  19. « FAOSTAT », sur faostat3.fao.org (consulté le ).
  20. Chiffres clés 2017, fruits et légumes. France AgriMer, décembre 2018
  21. Ph. Fr. Na. Fabre d'Églantine, Rapport fait à la Convention nationale dans la séance du 3 du second mois de la seconde année de la République Française, p. 28.
  22. AGRIPO, « Boisson amaigrissante maison (ananas, concombre, céléri et miel) », sur agripo.net (consulté le )

Liens externes

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