Communauté Saint-Martin

La Communauté Saint-Martin est une association de prêtres et de diacres séculiers vivant leur apostolat en commun au service des diocèses fondée par l’abbé Jean-François Guérin en 1976, fréquemment considérée comme conservatrice.

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Communauté Saint-Martin

Repères historiques
Fondation 1976
Fondateur(s) Père Jean-François Guérin
Lieu de fondation Gênes, Italie
Siège Évron, France
Fiche d'identité
Église Catholique
Type Association cléricale publique de droit pontifical, ayant la faculté d'incardiner
Dirigeant Abbé Paul Préaux
Membres 168 prêtres et 87 séminaristes
Localisation France, Italie et Cuba
Sur Internet
Site internet communautesaintmartin.org

Elle compte, en 2021, près de 180 prêtres et diacres dans 26 diocèses et plus de 100 séminaristes.

Historique

Les premiers membres de la Communauté Saint-Martin furent accueillis en 1976 au couvent capucin de Gênes-Voltri par le cardinal Giuseppe Siri, archevêque de Gênes et figure conservatrice[1],[2], où ils menaient la vie commune autour du fondateur, l'abbé Jean-François Guérin. Ils suivaient les cours au séminaire interdiocésain de Gênes. En 1983, la Communauté reçut son premier ministère paroissial dans le diocèse de Fréjus-Toulon. En 1993, l'occasion se présenta d'implanter la maison-mère en France, près de Blois, à Candé-sur-Beuvron[3]. La maison-mère est aussi maison de formation pour les futurs prêtres et diacres de la Communauté. La partie intellectuelle de la formation est assurée par une École supérieure de théologie, affiliée depuis 2007 à l'Université pontificale du Latran, à Rome. L'École publie une revue semestrielle, Charitas.

La communauté connaît une forte croissance depuis 2000, et représente en 2014 un quart des entrées en séminaire des diocèses français[3].

La maison-mère, et maison de formation, était située à Candé-sur-Beuvron, près de Blois de 1993 à 2014. En septembre 2014, le siège de la maison-mère et de la maison de formation a été déménagé à Évron, en Mayenne, où la Communauté Saint-Martin a acquis l'abbaye Notre-Dame d'Évron. Cette dernière voit quotidiennement évoluer, en son sein, plus d'une centaine de membres (sept formateurs et cent quatre séminaristes). Don Louis Hervé Guiny, prêtre depuis 2000, est le responsable du séminaire[4].

Caractéristiques

Des prêtres et des diacres en communauté au service de la mission

La Communauté Saint-Martin met ses membres au service des évêques désireux de leur confier des missions apostoliques variées : paroisses, aumôneries de collège et d’internat, sanctuaires, maisons de retraite[2]. Ses prêtres et diacres servent en France et à l’étranger. La formation, au sein de la Communauté, est d'ordinaire d'une durée de huit ans, jusqu'à l'ordination sacerdotale. Certains membres choisissent la vocation de diacre permanent.

Vie commune et mobilité sont les deux principales caractéristiques de la vie martinienne. Envoyés au moins par trois, les prêtres et diacres prient, vivent et travaillent ensemble, dans une fraternité spirituelle et pratique.

Selon Le Monde, l'accent est mis sur « une évangélisation franche, voire démonstrative »[2].

Les prêtres vivent en communauté d'au moins trois[1]. La formation dure huit ans au lieu de sept car les séminaristes doivent passer une année d'apostolat dans une paroisse[5].

Le recrutement des séminaristes provient de façon très majoritaire de familles aisées, pieuses, avec de nombreux enfants. L'Ouest parisien et Versailles y sont surreprésentés, ainsi que les enfants des familles de militaires ou d'ascendance aristocratique[6].

Ils revendiquent la formation au sein de leurs séminaires comme étant basée sur ce modèle "intense vie communautaire, richesse de la liturgie, exigence des études, souci de mobilité et humour"[7]

Les prêtres portent le titre de « Don », en raison de l'histoire italienne de la communauté[3].

Statut canonique

D'abord reconnue comme pieuse union de fidèles en 1979 par le cardinal Siri, archevêque de Gênes, la Communauté Saint-Martin devint en 1993 une association cléricale publique, érigée dans le diocèse de Gênes par le successeur du cardinal Siri, le cardinal Giovanni Canestri. En l'an 2000, elle fut reconnue par le Saint-Siège comme association cléricale publique de droit pontifical, dépendant de la Congrégation pour le Clergé. Cette reconnaissance fut confirmée en 2008, et complétée par l'octroi de la faculté d'appeler aux ordres les futurs prêtres et diacres, ainsi que de les incardiner au sein de la Communauté. Le modérateur général, l’abbé Jean-Marie Le Gall, premier successeur du fondateur, élu en 2004, devient Ordinaire des membres de la Communauté en recevant les pouvoirs d’appeler aux ordres et d’incardiner. Lui succède, le 26 avril 2010, l’abbé Paul Préaux.

Le code de droit canonique de 1983 ne prévoyant pas de cadre particulier pour l'incardination des membres des associations cléricales, c'est le Saint-Père qui peut concéder cette faculté. Le 11 janvier 2008, le Saint-Père Benoît XVI a concédé à la Congrégation pour le Clergé le privilège de pouvoir concéder en son nom aux associations publiques la faculté d'incardiner ses membres. Outre la Communauté Saint-Martin, à l'heure actuelle, quatre autres associations cléricales ont bénéficié de l'octroi de cette faculté. Il s'agit de l'Œuvre de Jésus Souverain Prêtre (O.J.S.S.), de la Société Jean-Marie-Vianney (S.J.M.V.), de la Fraternité des prêtres ouvriers diocésains du Sacré-Cœur de Jésus (S.O.D.) et les Prêtres de la Communauté de l'Emmanuel (Association Cléricale de la Communauté de l'Emmanuel).

Spiritualité

La spiritualité de la communauté Saint-Martin s'alimente à trois sources :

Sur la base de ce triple héritage, la vie spirituelle de la Communauté Saint-Martin s'exprime principalement par la pratique quotidienne de la lectio divina et par la vie liturgique : office et messe (célébrée selon la forme ordinaire du rite romain) chantés en communauté en latin et en chant grégorien, insistance sur la spiritualité de l'année liturgique.

Tradition du chant grégorien auprès de la communauté

À Lourdes, la communauté est chargée de célébrer la messe en grégorien le samedi matin à la crypte.

Fondée par un oblat de l'abbaye Notre-Dame de Fontgombault, fille de l'abbaye Saint-Pierre de Solesmes, la Communauté de Saint-Martin possède une excellente connaissance du chant grégorien et peut effectuer correctement la célébration en grégorien.

Ainsi, à la suite de l'installation de ses prêtres au sein des sanctuaires de Lourdes en 2015 à la demande de l'évêque de Tarbes et de Lourdes, ses prêtres y célèbrent la messe officielle en grégorien le samedi matin[8].

La communauté achève en 2008 la publication d'un livre de chant en grégorien, en trois tomes et comptant 6 388 pages. Il s'agit de la première édition des Heures grégoriennes. Dans cette optique, il avait fallu huit ans de préparation ainsi qu'une collaboration étroite avec l'atelier de Paléographie de Solesmes ayant également préparé 1 700 notations requises[réf. nécessaire].

Avec son protocole N. 1102/04/L, la Congrégation pour le culte divin et la discipline des sacrements du Vatican exprima ses remerciements en faveur de la communauté.

Insertion dans la société séculière

La communauté a un style de vie propre et remarqué : « le fondateur a posé le cadre de son œuvre : rigueur des études et soin de la liturgie, largement en latin mais fidèle au concile Vatican II, néoclassique et non traditionaliste[9] » ainsi que le port de la soutane. Comme se rappelle Mgr Giraud, évêque de Soissons en 2011 qui appela la communauté, « la diversité qu'ils représentaient a été bien accueillie. La paroisse était bien tenue, les prêtres prenaient des initiatives et participaient à toutes les assemblées presbytérales. Au bout d'un moment, on oubliait la soutane[10]. »

Pour le quotidien Libération, la communauté, « connue pour son catholicisme identitaire », est ultraconservatrice[11]. Pour le journal Témoignage chrétien, elle est le « fer de lance d’une restauration identitaire »[12] : « Les Saint-Martin considèrent les catholiques comme une minorité menacée et sont hostiles à l'accueil des homosexuels dans l'Église, limitent la place des femmes, rejettent les débats autour du mariage des prêtres »[6]. Pour Le Point, la communauté Saint-Martin, proche de Philippe de Villiers et de Patrick Buisson incarne un virage conservateur et identitaire[6].

Des prêtres de la communauté se sont engagés contre la loi sur le mariage entre personnes de même sexe en France en 2012, et souhaitent « contribuer au réarmement moral ou moraliste, s'immiscer dans d'autres sujets sociétaux, comme l'euthanasie ou la bioéthique »[2].

La communauté se finance notamment avec le fonds Proclero, agréé par l'autorité des marchés financiers, créé par don Pascal-André Dumont, habitué des conférences du Cercle de l'Union interalliée[6].

Ministères

En 2019, la communauté Saint-Martin compte plus de 125 prêtres et diacres et plus de 100 séminaristes (dont 26 en propédeutique) [13].

Elle est chargée de plusieurs paroisses ou secteurs inter-paroissiaux dans vingt-deux diocèses de France, selon la communauté[14]. L'épiscopat français a d'abord été méfiant envers la communauté, qui bénéficiait surtout du soutien de son aile conservatrice. En 2014, « l'aile gauche de l'Eglise s'inquiète de ce qu'elle estime être une contamination de l'intérieur par l'esprit réactionnaire », selon le quotidien Le Monde[2].

De nombreux diocèses font appel à la communauté, principalement en raison du vieillissement et de la diminution du nombre de prêtres dans les diocèses[15],[16].

Évêques issus de la Communauté

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Quatre évêques ont été prêtres de la Communauté Saint-Martin :

Notes et références

  1. AFP, « Prêtres en soutane, séminaire plein: la visible ascension de la communauté Saint-Martin », sur challenges.fr, (consulté le ).
  2. Benoît Hopquin, « La communauté Saint-Martin, un commando en soutane », Le Monde.fr, (lire en ligne, consulté le )
  3. Samuel Lieven, « La France adopte peu à peu la communauté Saint-Martin », sur la-croix.com, (consulté le ).
  4. Article de Famille Chrétienne, paru le 16 juillet 2012 sur le site internet du journal.
  5. Eléonore de Vulpillières, « Au cœur des ordinations de la communauté Saint-Martin », sur fr.aleteia.org, (consulté le ).
  6. Marie Bordet, « Soutanes, latin et CAC 40… », sur Le Point, (consulté le )
  7. « Qui sommes nous ? », sur Communauté Saint-Martin (consulté le )
  8. « Sanctuaire de Lourdes - Communauté Saint-Martin », sur Communauté Saint-Martin (consulté le ).
  9. « Prêtres en soutane, séminaire plein: la visible ascension de la communauté Saint-Martin », sur challenges.fr,
  10. « Comment les prêtres de la communauté Saint-Martin s’implantent dans les diocèses de France », sur lacroix.fr,
  11. Bernadette Sauvaget, « Le Mont-Saint-Michel bientôt dans les mains des cathos identitaires », sur Libération, (consulté le )
  12. Bernadette Sauvaget, « Mont-Saint-Michel : le grand remplacement ? », sur Témoignage Chrétien, (consulté le )
  13. Dix-sept prêtres et diacres sont ordonnés en la basilique d'Évron le 23 juin 2018.
  14. « Nos ministères en France et dans le monde », sur communautesaintmartin.org (consulté le ).
  15. Gauthier Vaillant, « Comment les prêtres de la communauté Saint-Martin s’implantent dans les diocèses de France », sur la-croix.com, (consulté le ).
  16. Jean Mercier, « Les séminaristes à l'heure du choix », sur lavie.fr, (consulté le ).

Voir aussi

Bibliographie

  • Don Paul Préaux, Les Prêtres, don du Christ pour l'humanité, Artège, 2020.

Liens internes

Liens externes

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