Abbaye Notre-Dame de Fontgombault

L'abbaye Notre-Dame de Fontgombault est une abbaye bénédictine de la congrégation de Solesmes située à Fontgombault dans l'Indre, en France. Fondée au XIe siècle, elle est redevenue abbaye « vivante », une communauté monastique y ayant rétabli l'office divin en 1948.

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Abbaye Notre-Dame de Fontgombault

Vue aérienne de l'abbaye Notre-Dame de Fontgombault

Ordre Bénédictin
Abbaye mère Abbaye Saint-Pierre de Solesmes
Fondation 1091
Fondateur Pierre de l'Étoile
Style(s) dominant(s) Roman
Protection  Classé MH (1862)
 Inscrit MH (1934)
Localisation
Pays France
Région Centre-Val de Loire
Département Indre
Commune Fontgombault
Coordonnées 46° 40′ 37″ nord, 0° 58′ 43″ est
Géolocalisation sur la carte : France
Géolocalisation sur la carte : Centre-Val de Loire

Joyau de l'art roman, avec son déambulatoire et ses chapelles rayonnantes aux proportions parfaites, l'abbaye fit l’objet d’un classement au titre des monuments historiques par la liste de 1862 et d'une inscription en 1934[1].

Histoire

La première abbaye

En 1091, Pierre de l'Étoile (Petrus a Stella) et ses compagnons ermites fondent l'abbaye, sur la rive droite de la Creuse, près de la fontaine de Gombaud. Devant l’afflux important de disciples désireux de vivre l’ascèse, Pierre de l’Étoile crée une communauté soumise à la Règle de saint Benoît et en devient l’abbé. Il entame l'édification de l'église abbatiale mais meurt d’ergotisme quelques années plus tard, en 1114[A 1]. Les abbés Guillaume et Airaud lui succèdent[A 2].

Aux XIIe et XIIIe siècles, l’abbaye étend considérablement son influence en fondant une vingtaine de prieurés. Pendant la Guerre de Cent Ans, l'abbaye et ses domaines sont pris par les Anglais en 1369, jusqu'à ce que Du Guesclin les en chasse en 1372[2]. De cette période troublée témoigne la tour ronde fortifiée de l'actuelle hôtellerie de l'abbaye. Au XVe siècle, les abbés de Fontgombault font creuser de nombreux étangs, contribuant ainsi avec les abbayes de Saint-Cyran-en-Brenne et de Méobecq au développement de la pisciculture dans la Brenne. Au XVIe siècle, l’abbaye subit plusieurs méfaits. Son trésor est tout d’abord pillé par des mercenaires à la solde de la famille de François de Sully, puis, en 1569, l’abbaye est pillée et incendiée par les Calvinistes[B 1]. Cela n’empêche pas Jean d’Harambure dit « le Borgne », ancien gouverneur de Vendôme et encore gouverneur d’Aigues-Mortes, puissant voisin du château de Romefort à Ciron et commandant des chevau-légers du roi, mais huguenot et fidèle d’Henri IV, d’en recevoir le bénéfice le [3]. Elle est restaurée à la fin du siècle suivant par dom Nicolas Andrieu, prieur de 1674 à 1705[B 1]. Anselme Mornet[4],[Note 1], puis Jean-François de Chamillart, évêque de Senlis élu à l'Académie française en 1702, en ont été les abbés.

En 1741, sur décision de l’archevêque de Bourges Frédéric Jérôme de Roye de la Rochefoucauld, la communauté des Bénédictins, réduite à quatre moines, est remplacée par les Lazaristes. Ceux-ci y fondent un séminaire et lancent des missions dans la région. Ils restent en poste jusqu’en 1786.

De la Révolution à la Première Guerre mondiale

Portail occidental et ruines de la nef
Octave de Rochebrune (1879)

Pendant la Révolution, l’abbaye est partiellement détruite, vendue comme « bien national » et utilisée comme carrière de pierres : il n'en reste que le cloître et quelques assises ayant supporté des arcs. Une partie des biens est acheté, à l’exception de l'église, par Madame Dupin, dont les héritiers les revendront ensuite en différents lots[4]. Elle est finalement acquise en 1849 par des Trappistes qui s’efforcent, sous la conduite de l'abbé Pierre-Marie Lenoir[4], de la réhabiliter en entretenant le domaine agricole et en y fondant en 1899 une distillerie de kirsch.

Forcés à l'exil dès 1904 par les lois anti-congrégations, les Trappistes quittent la France, et l’abbaye mise en vente est achetée par Louis Bonjean qui y installe une fabrique de boutons. À la mort de celui-ci en 1914, l’abbaye est transformée en hôpital militaire pour les blessés de l’armée belge jusqu’en 1918.

Le séminaire

De 1919 à 1948, un séminaire diocésain de vocations tardives s’installe dans les murs de l’abbaye, mais il finit par fermer faute de vocations. La troupe St Paul des scouts de France 1ère Fontgombault nait dès le début des années 20.

Le retour des Bénédictins

Depuis 1948, l’abbaye restaurée par Germain Cozien, abbé de Solesmes, est redevenue bénédictine avec l’installation de vingt-deux moines venus de Solesmes[5]. Elle en compte aujourd’hui près de soixante-dix et a déjà fondé quatre autres abbayes, Notre-Dame de Randol en 1971, Notre-Dame de Triors en 1984, Notre-Dame de Gaussan en 1994, et Notre-Dame de l’Annonciation de Clear Creek aux États-Unis en 1999. L’abbaye de Fongombault est la fille la plus prolifique de Solesmes, avec plus de 200 moines rassemblés dans l'abbaye mère ou l'une des abbayes filles.

Appartenant à la congrégation de Solesmes, l’abbaye a gardé les traditions liturgiques grégoriennes et, dès 1985, a profité de l’indult envers la forme tridentine du rite romain.

Du 22 au , l’abbaye a abrité le colloque « Journées liturgiques de Fontgombault », destiné selon le père abbé dom Antoine Forgeot à « amorcer un nouveau mouvement liturgique[6] ». Le cardinal Joseph Ratzinger, alors Préfet de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi - et futur Benoît XVI -, y a notamment participé, y donnant deux conférences, dont celle de clôture.

Le , Jean Pateau, jusqu’alors chantre et prieur, est élu quatrième abbé de Fontgombault à la suite de la démission de Antoine Forgeot[7], qui est meurt le 15 août 2020.

Le , l'abbaye envoie treize moines pour raviver le flambeau de l'abbaye Saint-Paul de Wisques[8], dont la communauté adopte désormais la forme extraordinaire du rite romain.

Le , l'abbaye accueille Jean-Claude Romand, le faux médecin condamné pour de multiples meurtres qui a été libéré sous liberté conditionnelle[9],[5].

En 2020, Nicolas Diat publie Le Grand bonheur (Fayard), récit d'un an passé auprès des moines de l'abbaye[5].

Architecture

La nef de l'abbatiale.

L’abbatiale Notre-Dame de Fontgombault est d’architecture romane. Son plan en forme de croix latine est orienté, comme la plupart des églises chrétiennes, au sud-est vers Jérusalem et son chœur est légèrement désaxé sur la gauche. À noter que le plan de l’église abbatiale est assez semblable à celui de l’église Saint-Nicolas de Blois, construite en 1138 en tant qu’abbatiale de Saint-Laumer.

Elle se caractérise par son chœur doté de doubles bas-côtés et flanqué de cinq chapelles absidiales rayonnantes. Son abside se décompose en trois niveaux avec successivement : des grandes arcades, des arcatures ouvrant sur les combles, et surplombant l’ensemble, des fenêtres entourées d’arcades. Ces dernières laissent ainsi entrer beaucoup de lumière, tout comme les grandes baies situées en périphérie du déambulatoire.

Les murs latéraux du transept ne sont dotés que de deux grandes fenêtres et se distinguent par leur nudité. La nef, reconstruite au XIXe siècle, se compose d’un vaisseau central et de bas-côtés avec une fenêtre à chacune des huit travées.

L’abbatiale possède encore sa façade d'origine, dont le portail est cintré par une succession d’archivoltes sur quatre rangées, mais, conformément au style roman poitevin, dépourvu de tympan.

L'abbaye est totalement autonome en matière d'énergie, disposant d'une centrale électrique sur la Creuse[5].

Dimensions de l'abbatiale

  • Longueur totale dans œuvre : 80,40 m ;
  • Longueur de la nef : 47,88 m ;
  • Largeur totale du transept : 29,33 m ;
  • Hauteur sous voûte de la nef principale sous clef : 17,60 m ;
  • Hauteur de la coupole : 22,70 m[10].

Liste des abbés

Jean Pateau en 2016
  • 1953-1962 : Édouard Roux ;
  • 1962-1977 : Jean Roy ;
  • 1977-2011 : Antoine Forgeot (1933 - † 2020[11]) ;
  • Depuis 2011 : Jean Pateau.

Notes et références

Notes

  1. Jean Troupeau est moine bénédictin, et archiviste de l'abbaye depuis 2001.

Références

  1. Notice no PA00097347, base Mérimée, ministère français de la Culture
  2. Association Touristique de Néons sur Creuse, Chroniques historiques de Saint-Vincent de Néons, 1994 - réédition 2006 (lire en ligne), p. 25
  3. BN Carre d’Hozier 330 piece 34 et Don Jacques de Bascher Abbaye royale Notre Dame de Fongombault 1991 p 198 et 199
  4. Dom Jean Troupeau, « Fontgombault - La vie contemplative », vmf, no 288, novembre 2019, p. 51-55.
  5. Jean-Marie Guénois, « Au bonheur des moines », Le Figaro Magazine, , p. 74-82 (lire en ligne).
  6. Christophe Geffroy, « 3 questions au TRP Dom Antoine Forgeot, abbé de ND de Fontgombault », La Nef, , p. 10 (ISSN 1146-4461)
  7. Journal La Croix, 20 août 2011.
  8. Marine Soreau, « Des moines de Fontgombault reprennent l’abbaye St Paul de Wisques », sur aleteia.org, (consulté le ).
  9. France 3, « Jean-Claude Romand a été libéré, et va vivre dans une abbaye », sur francetvinfo.fr, Franceinfo, (consulté le ).
  10. Berry Roman, volume 32, collection « La nuit des temps »
  11. Les Amis de Fontgombault, p. 2, le 2 février 2021 (le 15 octobre 1933 à Bayonne - le 15 août 2020)
  1. p. 150
  2. p. 185
  1. p. 60

Voir aussi

Bibliographie

  • Abbé L. Bellouard, Histoire de l'abbaye N.-D. de Fontgombault, Poitiers, Oudin, 1899, 184 p.
  • Jean Verdon, La Chronique de Saint-Maixent, 751-1140, , 229 p.
  • Dom Jacques de Bascher, L'Abbaye royale Notre-Dame de Fontgombault, Poitiers, Oudin, 1991, 464 p.
  • [Henriet 1984] Jacques Henriet, « L'abbatiale Notre-Dame de Fontgombault  », dans Congrès archéologique de France. 142e session. Bas-Berry. 1984, Paris, Société française d'archéologie, , p. 98-116
  • [Henriet 2005] Jacques Henriet, « L'abbatiale Notre-Dame de Fontgombault », dans À l’aube de l’architecture gothique, , 366 p. (ISBN 2-84867-117-3, lire en ligne), p. 57-74 (cet article est une réimpression de l'article précédent)
  • Nicolas Diat, Le Grand bonheur, Fayard, 2020, 342 p. (ISBN 9782213717562).

Filmographie

Articles connexes

Liens externes

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