Bataille du Saint-Laurent

Contexte

Pour un article plus général, voir Bataille de l'Atlantique (1939-1945).

L'U-660, un U-Boot de la Seconde guerre mondiale

Lors de la Seconde Guerre mondiale, les forces sous-marines allemandes sous le commandement du grand-amiral Karl Dönitz attaquèrent les convois alliés qui, depuis l'Amérique du Nord, ravitaillaient la Grande-Bretagne. C'est ce qui fut appelé la « bataille de l'Atlantique ». D'un point de vue stratégique, les Allemands avaient décidé qu'il était plus profitable de perturber la circulation maritime au niveau du Saint-Laurent, par où transitaient plus de marchandises qu'à partir de l'ensemble de tous les ports de la côte est du Canada. En effet, en 1939, le port de Montréal exportait davantage que tous les autres ports de la côte est canadienne réunis[1]. En bloquant cet accès commercial, les Allemands fermaient la voie à 25 % du transport de marchandises dont dépendaient les Alliés pour l'invasion de l'Europe[1].

De plus, le golfe du Saint-Laurent ne possède que deux voies de sortie :

Préparatifs défensifs

En 1940, les autorités canadiennes décidèrent, face à la menace d'une invasion de la Grande-Bretagne par la Wehrmacht, de transformer le petit port de Gaspé (Québec) en base navale pour accueillir les navires de la Royal Navy. Dans un discours tenu en , le premier-ministre William Lyon Mackenzie King annonçait déjà ses craintes de la venue de sous-marins U-boot allemands dans le golfe et le fleuve Saint-Laurent et ajouta à la tâche de la marine canadienne d'escorter les convois dans l'Atlantique celle de protéger les convois le long des côtes canadiennes[2]. La base de Gaspé s'appelait le NCSM Fort Ramsey et fut inaugurée le . Elle ne possédait qu'un seul navire, l'arraisonneur NCSM Venning de 18 mètres. De plus, des installations d'observation côtière furent réparties sur les côtes de la Gaspésie, du Bas-Saint-Laurent et de la Côte-Nord. Un aérodrome militaire d'entraînement fut aussi aménagé à Mont-Joli (Québec).

Été-automne 1942

Dans la nuit du 11 au à 15 kilomètres au nord de Pointe-à-la-Frégate (Cloridorme), le U-Boot U-553 affecté à l'opération allemande Drumbeat sous le commandement du capitaine Karl Thurmann attaque et coule le Nicoya, un navire marchand britannique qui transportait du ravitaillement à partir de Montréal, entraînant dans la mort six membres d'équipage[1]. Le lendemain, au large de Rivière-de-la-Madeleine, il envoya par le fond un navire hollandais affrété par le ministère du Transport de guerre britannique, le Leto, tuant dix marins[1].

Dans les jours qui suivirent ces attaques, l'Aviation Royale du Canada (ARC) envoya des renforts à Mont-Joli et déplaça le 117e Escadron (bombardement et reconnaissance), équipé de Canso et de Catalina, à North Sydney (Nouvelle-Écosse). Un détachement fut installé à Gaspé.

Un Curtiss Kittyhawk de l'ARC identique à celui que pilotait Jacques Chevrier lorsqu'il disparut.

Le , le convoi QS-15 (Québec-Sydney) est attaqué par l’U-132 du capitaine Ernst Vogelsang et voit trois de ses douze navires coulés en moins de trente minutes. Deux sont des navires britanniques (le Dinaric et le Hainaut) et l'autre est grec (l'Anastassios Pateras)[1]. Le sous-marin fut chassé par le navire d'escorte, le dragueur de mines de classe Bangor, NCSM Drummondville mené par le lieutenant J.P. Fraser qui lança une série d'attaques à la grenade sous-marine. Quatre chasseurs Curtiss Kittyhawk du 130e Escadron basé à Mont-Joli se lancèrent à la recherche du U-boot. Le commandant d’aviation J.A.J. Chevrier qui dirigeait cette mission n'en revint jamais, son appareil fut porté disparu.

Le capitaine Vogelsang et son U-132 coulèrent le navire britannique Frederika Lensen dont quatre marins marchands trouvèrent la mort le à l'ouest de Pointe-à-la-Frégate[1].

Un Lockheed Hudson du 11e Escadron de Dartmouth en Nouvelle-Écosse.

Le le commandant du 113e Escadron de Yarmouth, le Squadron Leader Norville E. Small, repère le U-754 au sud de Yarmouth en Nouvelle-Écosse à bord de son Lockheed Hudson et l'attaque à la mitrailleuse et à la grenade anti-sous-marine avec une grande précision avant que le sous-marin n'ait pu plonger. Une énorme explosion sous-marine s'ensuit et le sous-marin disparaît alors dans les profondeurs entraînant ses 43 membres d'équipage avec lui[3]. Bien que le naufrage du U-754 se soit déroulé à l'extérieur du golfe du Saint-Laurent cet évènement mérite d'être mentionné car il s'agit là du premier sous-marin ennemi coulé par un avion du Commandement Aérien de l'Est de l'ARC[4].

Au mois d'août, l'amiral Karl Dönitz déploie trois U-boots dans le détroit de Belle Isle pour attaquer les convois de matériaux pour la construction de la base aérienne américaine de Goose Bay (Labrador) et ceux qui se rendaient de Sydney au Groenland. Il y avait entre autres le U-517 du capitaine Paul Hartwig[5] et le U-165 du capitaine Eberhard Hoffman[1].

Le , deux convois, le SG-6 (Sydney-Groenland) et le LN-6 (Québec-Goose Bay), entrent dans le détroit de Belle Isle. Le U-517 torpille et coule le transport de troupes américain Chatham[6] qui transportait 562 passagers[1]. Treize hommes perdent la vie malgré les efforts des garde-côtes américains et de la corvette NCSM Trail sous les ordres du lieutenant G.S. Hall. Le lendemain, le navire marchand Laramie est torpillé et endommagé par le U-165 tandis que le U-517 coule le bâtiment américain Arlyn avec neuf marins[1]. Ces deux navires faisaient partie du convoi SG-6.

En septembre, une partie du 113e Escadron de Yarmouth (Nouvelle-Écosse), équipé de Hudson, est détachée à Chatham (Nouveau-Brunswick) pour la chasse aux sous-marins.

Le , le laquier[7] Donald Stewart est envoyé par le fond avec trois de ses membres d'équipage. Le NCSM Weyburn, une corvette commandée par le lieutenant Tom Golby, attaqua le U-517, mais sans l'atteindre. Plusieurs heures plus tard, un Digby du 10e Escadron (Gander) piloté par le lieutenant J.H. Sanderson de l'aviation royale du Canada lança ses grenades contre le sous-marin mais sans l'endommager.

Le yacht armé NCSM Racoon.
La corvette NCSM Charlottetown.

Le navire marchand grec Aeas du convoi QS-33 fut coulé le par le U-165. Deux personnes périrent au cours de cette attaque. Dans la nuit qui suivit, le yacht armé NCSM Racoon qui était parti à la poursuite du sous-marin fut atteint et coula avec les trente-sept marins à son bord. Le lendemain, le U-517 attaqua le reste du convoi. Les bâtiments grecs Mount Pindus et Mount Taygetus sombrèrent avec deux pertes de vie pour le premier et cinq pour le second. L'Oaktor, un navire marchand canadien coula ensuite avec trois de ses marins.

Le , la fermeture du Saint-Laurent aux navires transatlantiques est décidée par le gouvernement canadien. Dix-sept corvettes quittent le Saint-Laurent pour l'invasion de l'Afrique du Nord. Seul le transport côtier se poursuit donc. Toujours le 9, le sous-lieutenant R.S. Keetley du 113e Escadron attaque le sous-marin U-165 sans grands dommages pour celui-ci.

L’U-517 envoie par le fond le NCSM Charlottetown, une corvette, le . Il y eut dix victimes, des gens assistaient au naufrage depuis la grève.

Le , le convoi SQ-36, sous escorte du HMS Salisbury de la Royal Navy, fut attaqué par les U-Boots U-165 et U-517. L’U-165 coula le Joannis, alors que l’U-517 envoya par le fond le Saturnus et l' Inger Elisabeth. Le sous-lieutenant R.S. Keetley du 113e Escadron attaqua l'U-517 le lendemain sans réussir à l'atteindre.

Le , le dragueur de mines de classe Bangor NCSM Georgian qui escortait le convoi QS-38, aperçut le U-517 avant que celui-ci n'ait le temps de tirer ses torpilles et se porta à l'attaque, mais le sous-marin put s'enfuir.

Les 24 et , le U-517 subit trois attaques aériennes de la part des appareils du 113e Escadron. Deux de ces attaques ont été dirigées par le lieutenant M.J. Bélanger. Aucune ne parvint à couler le submersible.

Le lieutenant Bélanger mena encore une fois le 113e à l'assaut le contre l’U-517 sans plus de résultats.

Le , le vraquier Carolus coula en emportant onze membres de l'équipage à la suite de l'attaque du U-69.

Le Waterton du convoi BS-31 fut coulé par le U-106 du capitaine Hermann Rasch le . Le yacht armé NCSM Vison et les appareils du 117e Escadron réussirent à le forcer à faire surface.

Le , le traversier S.S. Caribou, sous le commandement du capitaine Ben Taverner, qui effectuait la liaison entre Sydney et Port-aux-Basques (Terre-Neuve), fut coulé par le U-69. Cent trente-sept passagers et membres de l'équipage trouvèrent la mort dans cette tragédie. Le NCSM Grand-mère, un dragueur Bangor, commandé par le lieutenant James Cuthbert tenta de toucher le sous-marin avec ses grenades mais n'y parvint pas. Puis il se porta au secours des naufragés.

Le , un espion allemand fut débarqué sur la côte près de Gaspé. Le lieutenant von Jarnowski sera arrêté presque aussitôt dans le train entre Gaspé et Québec. Ce sera le dernier événement de la saison 1942 avant que le fleuve ne se couvre de glaces.

1943

La station WFL-26 au Musée canadien de la guerre.

En 1943, une station météorologique fut installée par les Allemands sur la côte du Labrador. Il s'agissait de la station de Martin Bay (WFL-26).

Le , une tentative d'évasion de prisonniers de guerre par sous-marin (U-262) fut déjouée par les autorités dans le secteur de North Point à l'Île-du-Prince-Édouard.

En juin, l’U-119 mouille des mines à Halifax.

Le , nouvelle tentative ratée d'évasion de prisonniers, cette fois par le U-536 à Pointe de Maisonnette (Nouveau-Brunswick).

Le U-220 mouille des mines à Saint-Jean de Terre-Neuve en octobre.

Automne 1944

En 1944, les U-Boots sont équipés de schnorkels et peuvent recharger leurs batteries en plongée périscopique ce qui les rend plus difficiles à repérer.

Le , la frégate NCSM Magog est gravement avariée par le U-1223 près du phare de Pointe-des-Monts sur la Côte-Nord. Le navire pourra rallier Québec par ses propres moyens mais sera néanmoins déclaré perte totale à son arrivée.

Le U-1223 endommagea le céréalier Fort Thompson près de Matane le .

La corvette NCSM Shawinigan coule avec quatre-vingt-onze marins à la suite de l'attaque du U-1228 le 25 novembre.

Le , le U-806 coule le NCSM Clayoquot, un dragueur de classe Bangor.

1945

Le U-190 va couler le dernier navire de la Bataille du Saint-Laurent le près d'Halifax. Il s'agit du NCSM Esquimalt, un dragueur Bangor. Le U-Boot se rendra à la Marine royale du Canada le et il sera intégré à la flotte en juin sous le nom de NCSM U-190. Il sera sabordé en 1947 sur le site du naufrage de l’Esquimalt.

Galerie

Notes et références

  1. Anciens Combattants Canada, La bataille du golfe du Saint-Laurent, Série du Souvenir, Sa Majesté la Reine du chef du Canada, 2005, (ISBN 0-662-69036-2)
  2. Chambre des communes, Débats, 25 mars 1942, p. 1689.
  3. cda.forces.gc.ca.
  4. Douglas 1986, p. 520.
  5. Le capitaine Paul Hartwig, après la guerre, deviendra vice-amiral de la Marine de la République Fédérale d'Allemagne.
  6. Le Chatham fut le premier navire américain détruit pendant la Seconde Guerre mondiale
  7. Navire pouvant remonter les écluses du Saint-Laurent pour rejoindre les Grands lacs.

Voir aussi

Bibliographie

  • Anciens Combattants Canada, La Bataille de l'Atlantique, Ottawa, Sa Majesté la Reine du Canada, représentée par le ministre des Anciens Combattants, , 48 p. (ISBN 0-662-63521-3).
  • Anciens Combattants Canada, La Bataille du golfe du Saint-Laurent, Sa Majesté la Reine du Canada, représentée par le ministre des Anciens combattants, , 64 p. (ISBN 0-662-69036-2).
  • Michel Vergé-Franceschi (dir.), Dictionnaire d'Histoire maritime, Paris, éditions Robert Laffont, coll. « Bouquins », , 1508 p. (ISBN 2-221-08751-8 et 2-221-09744-0)
  • Guy Le Moing, Les 600 plus grandes batailles navales de l'histoire, Rennes, Marines Éditions, , 619 p. (ISBN 978-2-35743-077-8)

Filmographie

  • Documentaire disponible à l'Office National du Film (ONF). La dernière mission: l'histoire du U-190 d'Alain Vézina, Merlin Films et PixMedia (2006)

Liens internes

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