Mai Noir

Le terme « Mai Noir » fait référence à une période () de la campagne de l'Atlantique pendant la Seconde Guerre mondiale, au cours duquel les forces sous-marines allemandes (U-Bootwaffe) subissent de lourdes pertes inédites tandis que les pertes alliées diminuent significativement. Cette période est considérée comme le tournant de la bataille de l'Atlantique.

Contexte

Après les confrontations de février autour des convois SC 118, ON 166 et UC 1, ce « Mai Noir » est considéré comme le point culminant de la crise de la bataille entre mars et .

Mars

En mars, l'offensive des U-Boots atteint son apogée avec une série de batailles majeures autour des convois, notamment les HX 228, SC 121 et UGS 6, suivis plus tard par la plus grande bataille de convois de la guerre : HX 229/SC 122.

Les pertes alliées en mars s’élèvent à 120 navires totalisant 704 000 tonnes, dont 82 (484 000 tonnes) coulés dans l’Atlantique. Coté allemand, 12 sous-marins ont été détruits.

Un rapport de la Royal Navy concluait plus tard: « Les Allemands n'ont jamais été aussi près de perturber les communications entre l'Ancien et le Nouveau Monde, qu'aux vingt premiers jours de mars 1943 »[1].

Avril

Durant le mois de répit d'avril, les forces allemandes n’ont pas été en mesure de maintenir une présence importante dans l’Atlantique. Un grand nombre des submersibles grandement impliqués en mars s’étaient retirés pour un ravitaillement. Néanmoins, quelques-uns encore opérationnels ce mois-ci sont restés actifs. L'action principale se déroula à la fin du mois lorsque l'U-515 attaqua le convoi TS 37 et coula quatre pétroliers en trois minutes et trois autres à six heures d'intervalle.

Les pertes alliées en avril totalisent 351 000 tonnes, soit 64 navires perdus, dont 39 dans l'Atlantique. Coté allemand, 15 submersibles ont été coulés.

Mai

Le point culminant de la bataille est généralement considéré comme étant la bataille pour le convoi ONS 5. Parti de Liverpool vers Halifax le avec 48 cargos, protégé par 20 escorteurs (le groupe B7, renforcé par plusieurs unités). Il fait face aux attaques de deux meutes, Meise et Amsel, groupant 30 et 11 U-Boote. Il perd 13 navires mais coule 6 de ses adversaires[2]. Les trois convois suivants perdent sept navires mais au prix de sept U-Boote coulés. Enfin, les 40 cargos du convoi SC 130 quittent Halifax le et arrivent intacts à Liverpool le , après avoir repoussé les attaques des « loups gris » de Dönitz et en avoir coulé cinq.

Ébranlé par ces revers (il perd notamment son fils Peter, qui fait partie des personnes disparues à bord de l'U-954 lors de la bataille autour du convoi SC 130), l'amiral Dönitz donne alors l'ordre d'abandonner les lieux des combats pour se regrouper plus au sud.

Les pertes alliées en mai s’élèvent à 58 navires coulés totalisant 304 000 tonnes, dont 34 totalisant 136 000 tonnes dans l'Atlantique.

« Mai Noir »

En , le nombre de sous-marins atteint son apogée avec 240 sous-marins opérationnels, dont 118 en mer[3], tandis que le tonnage coulé est en continuelle diminution. À cette date, les sous-marins allemands subissent également les pertes les plus importantes depuis le début du conflit, 41 d'entre eux ayant été détruits en un mois, soit 25% des sous-marins opérationnels[4].

Le , Karl Dönitz — choqué par la défaite subie par ses sous-marins — ordonne l'arrêt temporaire de la campagne sous-marine ; la plupart sont retirés du service opérationnel.

En mai, les pertes alliées ont nettement chuté, parallèlement à une augmentation désastreuse des pertes de sous-marins ; 18 d'entre eux ont été perdus lors de batailles de convois dans l'Atlantique, 14 par des patrouilles aériennes, dont six dans le golfe de Gascogne.

En comptant les pertes des autres théâtres maritimes et les accidents, ce « Mai noir » (Black May) voit la perte de 43 U-Boote.

Causes Nombre d'U-Boote perdus
Navire 12
Aéronef à terre 14
Aéronef de porte-avions 2
Navire + aéronef à terre 4
Navire + aéronef de porte-avions 1
Sous-marin 1
Collision 2
Autres causes 1
Porté disparu 3
Bombardement 3

(renfloués et remis en service)

Pertes totales 43

Jamais l'U-Bootwaffe n'avait subi autant de pertes sous-marines depuis le début de la guerre, soit trois fois plus que le mois précédent, et plus que pour la totalité de l'année 1941. La perte d’équipages expérimentés, en particulier les officiers subalternes qui représentaient la prochaine génération de commandants, a été tout aussi importante. L'étendue des pertes provoque une baisse de moral des sous-mariniers. Beaucoup de U-Boote hésitent désormais à poursuivre une attaque. Désormais, le tonnage marchand lancé par les chantiers alliés dépassa le tonnage coulé par l'Axe.

Malgré les nombreux efforts déployés au cours des deux prochaines années, les submersibles n’ont jamais été en mesure de rétablir la menace qu’ils avaient posée aux navires alliés.

Notes et références

  1. Roskill, p. 375.
  2. Blair, Clay, Hitler's U-Boat War, The Hunted 1942–1945, Random House, , 333–334 p. (ISBN 0-679-45742-9)
  3. Miller, p. 126.
  4. Stern, p. 7.

Voir aussi

Articles connexes

Bibliographie

  • (en) Ladislas Farago, The Tenth Fleet: The True Story of the U.S. Navy's Phantom Fleet Battling U-Boats During World War II, 1986, Richardson & Steirman & Black, 366 pages (ISBN 978-0931933370).
  • (en) Michael Gannon, Black May: The Epic Story of the Allies' Defeat of the German U-Boats in May 1943, 1998, Harper, 512 pages, (ISBN 978-0060178192).
  • (en) Miller, David. U-Boats: the Illustrated History of the Raiders of the Deep. Washington: Brassey's Inc, 2000.
  • (en) Neistle, Axel: German U-Boat Losses during World War II (1998). (ISBN 1-85367-352-8)
  • (en) Roskill, Stephen : The War at Sea 1939–1945 Vol II (1956). ISBN (none)
  • (en) Stern, Robert C. U-Boats in action. Squadron/Signal pub., 1977.
  • (en) Van der Vat, Dan, Atlantic Campaign: The Great Struggle at Sea 1939-1945, 1988, réédité 2001, Birlinn Ltd, 376 pages, (ISBN 978-1841581248).
  • Portail de la Seconde Guerre mondiale
  • Portail du monde maritime
  • Portail de l’Allemagne
  • Portail des sous-marins
Cet article est issu de Wikipedia. Le texte est sous licence Creative Commons - Attribution - Partage dans les Mêmes. Des conditions supplémentaires peuvent s'appliquer aux fichiers multimédias.