Canton d'Argovie
Le canton d'Argovie (AG, en allemand : Kanton Aargau ; en italien : Canton Argovia ; en romanche : Chantun Argovia) est un canton de Suisse, dont le chef-lieu est Aarau.
Canton d'Argovie | |
Blason |
Drapeau |
Localisation du canton en Suisse. | |
Noms | |
---|---|
Nom allemand | Kanton Aargau |
Nom italien | Canton Argovia |
Nom romanche | Chantun Argovia |
Administration | |
Pays | Suisse |
Entrée dans la Confédération | |
ISO 3166-2 | CH-AG |
Chef-lieu | Aarau |
Districts | 11[1] |
Communes | 210[1] |
Exécutif | Regierungsrat (5 sièges)[2] |
Législatif | Grosser Rat (140 sièges)[3] |
Conseil des États | 2 sièges[4] |
Conseil national | 15 sièges[5] |
Démographie | |
Population permanente |
685 845 hab. (31 décembre 2019) |
Densité | 489 hab./km2 |
Rang démographique | 4e[6] |
Langue officielle | Allemand |
Géographie | |
Coordonnées | 47° 25′ 05″ nord, 8° 06′ 36″ est |
Altitude | Min. 260 m (Rhin à Kaiseraugst) Max. 908 m (Geissfluegrat[7]) |
Superficie | 1 403,73 km2 |
Rang | 10e[8] |
Liens | |
Site web | www.ag.ch |
Étymologie
Le nom allemand du canton, Aargau, composé du nom de la rivière Aar et du terme politico-géographique médiéval Gau, signifie « pays de l'Aar ». Le nom français d'« Argovie » et le nom à la fois italien et romanche d'Argovia en sont dérivés.
Histoire
Durant la période romaine, la région du canton d'Argovie fait partie d'une zone frontalière de l'Empire, peu à peu abandonnée sous la pression des Alamans à partir du IIIe siècle. La région est d'ailleurs colonisée par les Alamans au Ve siècle. Au VIe siècle, elle appartient au Royaume franc ; le nom d'Argovie est employé pour la première fois en 763.
Au Moyen Âge, l'Argovie est une région frontalière entre l'Alémanie et la Bourgogne, disputée par les deux duchés. Les membres d'une branche de la maison de Vettéravie (Conradiens, renommés ensuite comtes de Tegerfelden), deviennent comtes d'Argovie à partir de 750 et par intermittence jusqu'en 1030. Depuis la fin de la dynastie Hohenstaufen jusqu'à 1415, l'Argovie est dirigée par les Habsbourg. Au haut Moyen Âge, la région fait partie de la Haute-Bourgogne.
En 1415, la région est conquise sur les Habsbourg par la Confédération suisse. La partie sud-ouest (Zofingue, Aarburg, Aarau, Lenzburg et Brugg) est annexée par le canton de Berne et devient l'Argovie bernoise ; certains districts, les Freie Ämter et le comté de Baden, deviennent territoires sujets de certains ou tous les membres de la Confédération.
Ainsi, en 1798, l'actuel territoire du canton d'Argovie recouvre :
- la Basse-Argovie ou Argovie inférieure (en allemand : Unteraargau), divisé en sept bailliages — dont Aarbourg, Biberstein, Kasteln, Lenzbourg, Schenkenberg — et quatre villes municipales (en allemand : Munizipalstädten) — Aarau, Zofingue, Lenzbourg et Brugg ;
- l'ancien Comté de Baden, bailliage commun, divisé en onze bailliages (en allemand : Ämter) : huit dits « intérieurs » (en allemand : Innere Ämter) — Rohrdorf, Birmenstorf, Gebenstorf, Dietikon, Wettingen, Siggenthal, Ehrendingen et Leuggern — et trois dits « extérieurs » (en allemand : Äussere Ämter) — Klingnau, Zurzach et Kaiserstuhl — dont dépendaient, sur la rive droite du Rhin, les paroisses de Kadelburg (aujourd'hui, quartier de Küssaberg), Lienheim (aujourd'hui, quartier de Hohentengen am Hochrhein) et Hohentengen ;
- les bailliages libres (en allemand : Freie Ämter), sauf celui de Richensee (Hitzkirch) ;
- le Kelleramt, bailliage du canton de Zurich ;
- le Fricktal, divisé en deux seigneuries — celle de Rheinfelden, avec les pays (en allemand : Landschaften) de Möhlinbach, du Rheintal et du Fricktal, et de Laufenburg — et quatre « villes forestières » (en allemand : Waldstädte) — Rheinfelden, Säckingen, Laufenburg et Waldshut.
En 1798, la Confédération est occupée par les troupes françaises, conduisant à la création de la République helvétique.
Le canton d'Argovie est créé par la constitution de la République helvétique du 12 avril 1798[9].
Son territoire ne recouvre que la partie de la Basse-Argovie située à l'est de la Wigger : dès le 22 mars 1798, sa frontière occidentale est fixée sur la Wigger, de sorte que la majeure part du bailliage d'Aarbourg reste bernoise, bien qu'elle dépende d'Aarbourg et de Zofingue sur les plans fiscal et, en partie, paroissial.
Son chef-lieu est Aarau, capitale de la République helvétique de mai à septembre 1798. Il est divisé en cinq districts : Aarau, Brugg, Kulm, Lenzbourg et Zofingue.
Il s'y ajouta, officiellement en 1802, en fait en 1803, la partie occidentale de l'ancien bailliage d'Aarbourg.
Le 11 avril 1798, les bailliages libres, le comté de Baden et le Kelleramt, affranchis de leur sujétion depuis la fin du mois de mars 1798, se constitue en un canton de Baden.
Par le traité de paix signé à Campo-Formio, le 17 octobre 1797 (26 vendémiaire an VI), François II du Saint-Empire s'engage à céder à la République française, « la souveraineté et propriété du Fricktal et de tout ce qui appartient à la Maison d'Autriche sur la rive gauche du Rhin, entre Zurzach et Bâle », à condition d'obtenir, au Congrès de Rastadt, « une compensation [territoriale] proportionnelle en Allemagne » et à charge, pour la République française, de « réuni[r] lesdits territoires à la République helvétique »[10]. Puis, par le traité de paix signé à Lunéville, le 9 février 1801 (20 pluviôse an IX), François II du Saint-Empire cède à la République française « le Fricktal et tout ce qui appartient à la Maison d'Autriche sur la rive gauche du Rhin, entre Zurzach et Bâle », la République française se réservant de céder celui-ci à la République helvétique[11].
Le 9 février 1802, le Fricktal se constitue en un canton (chef-lieu : Rheinfelden). Le 13 août 1802, il est rattaché à la République helvétique.
Le 19 février 1803, après l'acte de médiation, les deux cantons sont réunis sous l'unique canton d'Argovie.
L'ancien bailliage de Hitzkirch est incorporé au canton de Lucerne, en échange de celui de Merenschwand ; les communes de Schlieren, Dietikon, Hüttikon et Oetwil an der Limmat sont incorporées au canton de Zurich.
Après la Restauration, en 1815, le canton d'Argovie conserve son existence.
Géographie
Le canton d'Argovie est situé dans le nord de la Suisse, sur le plateau suisse, sur les contreforts orientaux du Jura. Il est bordé par l'Allemagne au nord et par les cantons de Zoug et Zurich à l'est, de Lucerne au sud et de Bâle-Campagne, Soleure et Berne à l'ouest. Avec 1 404 km2, l'Argovie est le 10e canton de la Confédération en superficie.
L'Argovie est l'un des cantons suisses les moins montagneux, situé sur un territoire vallonné par de nombreuses collines au nord des Alpes suisses et à l'est du Jura. Le paysage alterne des collines boisées avec des vallées fertiles parcourues par l'Aar et ses affluents. L'Argovie est un carrefour important entre les autres cantons de la Suisse, traversé par des autoroutes d'est en ouest et du nord au sud. La densité de population (environ 450 hab./km2) est l'une des plus élevées de Suisse. La capitale du canton est Aarau.
L'Argovie culmine sur le Geissflue, à 908 m d'altitude.
Le tableau suivant récapitule les différents types de paysages du canton (données de 1994) :
Type | Superficie (km2) | % |
---|---|---|
Terres cultivables | 635,6 | 45,3 |
Forêts et surfaces boisées | 517,9 | 37,0 |
Zones habitées | 216,7 | 15,4 |
Terres improductives | 33,5 | 2,4 |
Total | 1 403,7 | 100,0 |
Démographie
Population
Le canton d'Argovie compte 581 562 habitants en 2007, soit 7,7 % de la population totale de la Suisse ; parmi eux, 118 407 (20,4 %) sont étrangers[12]. Seuls trois cantons sont plus peuplés (Berne, Vaud et Zurich). La densité de population atteint 414 habitants au km2, nettement supérieure à la moyenne suisse.
Religion
Les catholiques romains sont légèrement majoritaires et forment 40 % de la population du canton. 37 % des habitants revendiquent l'appartenance au protestantisme[13].
Le tableau suivant détaille la population du canton suivant la religion, en 2000[13] :
Religion | Population | % |
---|---|---|
Catholiques romains | 219 800 | 40,1 |
Protestants | 203 949 | 37,3 |
Communautés islamiques | 30 072 | 5,5 |
Chrétiens-orthodoxes | 11 523 | 2,1 |
Catholiques chrétiens | 3 418 | 0,6 |
Communauté de confession juive | 342 | 0,1 |
Aucune appartenance | 57 573 | 10,5 |
Autres | 20 816 | 3,8 |
Total | 547 493 | 100 |
Note : les intitulés des religions sont ceux donnés par l'Office fédéral de la statistique ; les protestants comprennent les communautés néo-apostoliques et les témoins de Jéhovah ; la catégorie « Autres » inclut les personnes ne se prononçant pas.
Langues
La langue officielle du canton est l'allemand.
Le tableau suivant détaille la langue principale des habitants du canton en 2000[14] :
Langue | Locuteurs | % |
---|---|---|
Allemand | 477 093 | 87,1 |
Italien | 17 847 | 3,3 |
Langues slaves de l'ex-Yougoslavie | 11 586 | 2,1 |
Albanais | 9 823 | 1,8 |
Turc | 5 709 | 1 |
Portugais | 3 615 | 0,7 |
Espagnol | 3 287 | 0,6 |
Romanche | 618 | 0,1 |
Français | 151 | 0,1 |
Autres | 13 764 | 2,5 |
Total | 547 493 | 100 |
Administration
Communes
En 2020, le canton d'Argovie est subdivisé en 210 communes.
Au 31 décembre 2019[6], huit communes dépassent les 10 000 habitants :
- Wettingen, 20 934 habitants
- Baden, 19 547 habitants
- Aarau, 21 773 habitants
- Wohlen, 16 613 habitants
- Oftringen, 14 101 habitants
- Rheinfelden, 13 503 habitants
- Spreitenbach, 12 065 habitants
- Zofingue, 11 861 habitants
Districts
Le canton d'Argovie est composé de onze districts (chef-lieu entre parenthèses) :
- Aarau (Aarau) ;
- Baden (Baden) ;
- Bremgarten (Bremgarten) ;
- Brugg (Brugg) ;
- Kulm (Unterkulm) ;
- Laufenburg (Laufenburg) ;
- Lenzburg (Lenzburg) ;
- Muri (Muri) ;
- Rheinfelden (Rheinfelden) ;
- Zofingue (Zofingue) ;
- Zurzach (Bad Zurzach).
Sécurité
Le canton d'Argovie dispose d'une police cantonale pour assurer la sécurité de la population[15].
Les autorités cantonales utilisent le complexe carcéral des établissements de Lenzbourg pour effectuer les missions de détention[16],[17]. Composés d'un pénitencier (mis en service en 1864) et d'une prison centrale (mise en service en 2011), les établissements peuvent accueillir 363 détenus en 2020 et incarcérer des individus dans tous les régimes de détention qu'ils soient des hommes, des femmes ou des mineurs[18].
Notes et références
- [xls] « Liste officielle des communes de la Suisse - 01.01.2008 », sur Office fédéral de la statistique (consulté le )
- (de) « Der Aargauer Regierungsrat », sur ag.ch (consulté le )
- (de) « Grosser Rat - Portrait », sur ag.ch (consulté le )
- « Liste des conseillers aux Etats par canton », sur parlement.ch (consulté le )
- « Liste des conseillers nationaux par canton », sur parlement.ch (consulté le )
- « Bilan démographique selon le niveau géographique institutionnel », sur Office fédéral de la Statistique (consulté le ).
- [xls] « Les points culminants des cantons suisses », sur Office fédéral de la statistique (consulté le )
- « Statistique de la superficie 2004/09 : Données communales », sur Office fédéral de la Statistique (consulté le )
- Constitution de la République helvétique du 12 avril 1798, article 18 : « Les Ligues-Grises sont invitées à devenir partie intégrante de la Suisse ; & si elles répondent favorablement à cette invitation, les cantons seront provisoirement au nombre de vingt-deux ; savoir : — Le canton du Valais ; chef-lieu, Sion. — Celui de Léman, ou Pays-de-Vaud ; chef-lieu, Lausanne ; — De Fribourg, y compris les bailliages de Payerne, d'Avenche[s], jusqu'à la Broye, & de Morat ; chef-lieu, Fribourg ; — De Berne, sans le Pays-de-Vaud & l'Argovie ; chef-lieu, Berne ; [...] — D'Argovie, à commencer par Arbourg [Aarburg] & Zofingue [Zofingen] ; chef-lieu, A[ar]au ; [...] ».
- Traité de Campo-Formio du 17 octobre 1797, articles secrets, article 6 : « S. M. I. et. R. cédera, à la paix de l'Empire, à la République Française la souveraineté et propriété du Fricktal et de tout ce qui appartient à la Maison d'Autriche sur la rive gauche du Rhin, entre Zurzach et Bâle, moyennant qu'à la paix susdite, S. M. obtienne une compensation proportionnelle en Allemagne qui soit à sa convenance. La République Française réunira lesdits pays à la République Helvétique, moyennant les arrangements qu'elles pourront prendre entr'elles sans porter préjudice à S. M. l'Empereur et Roi, ni à l'Empire ».
- Traité de Lunéville du 9 février 1801, article II, alinéa 2 : « Sont pareillement cédés à la République française, par Sadite Majesté Impériale et Royale et du consentement formel de l'Empire : [...] ; 2° Le Fricktal et tout ce qui appartient à la Maison d'Autriche sur la rive gauche du Rhin, entre Zurzach et Bâle ; la République française se réservant de céder ce dernier pays à la République helvétique ».
- « Cantons, communes — état et structure de la population », Office fédéral de la statistique, (consulté le )
- « Religions », Office fédéral de la statistique, (consulté le )
- « Langues », Office fédéral de la statistique, (consulté le )
- « Kantonspolizei Aargau - Kanton Aargau », sur www.ag.ch (consulté le )
- « Portrait JVA Lenzburg - Kanton Aargau », sur www.ag.ch (consulté le )
- Catalogue des établissements pénitentiaires, Berne, Office fédéral de la statistique, , 111 p. (lire en ligne), p. 10-11
- Daniel Fink, La prison en Suisse : Un état des lieux, Lausanne, Presses universitaires et polytechniques romandes, , 135 p. (ISBN 978-2-88915-175-2), chap. 2 (« Le système carcéral suisse et sa modernisation récente »), p. 17-21
Voir aussi
Liens internes
Liens externes
- (de) Site officiel
- Heinrich Staehelin, « Argovie » dans le Dictionnaire historique de la Suisse en ligne.
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