Prix L'Oréal-Unesco pour les femmes et la science

Les prix L’Oréal - UNESCO « Pour les Femmes et la Science » ont été créés en 1998. Cinq chercheuses, une par grande région (Afrique et États arabes, Amérique latine, Amérique du Nord, Asie-Pacifique, Europe), sont distinguées chaque année. Ce prix, dont l'objectif est de promouvoir la place des femmes dans les sciences, s'inscrit aussi dans le cadre d'une campagne marketing de la société L'Oréal.

Logo du programme « Pour les Femmes et la Science ».

Le même partenariat entre L'Oréal et l'UNESCO attribue également des Bourses internationales et nationales pour les jeunes chercheuses.

Historique et fonctionnement

Créé en 1998, par la société L'Oréal en partenariat avec l'UNESCO, il est la première récompense internationale dédiée aux femmes de sciences[1] et la deuxième récompense après le prix Nobel en termes de dotation (100 000 $ pour chaque lauréate)[2]. Devant le succès de la première édition, les deux partenaires signent fin 1999 une convention les engageant « par les voies d’une coopération conjointe et concertée à réaliser des projets communs au bénéfice de la situation des femmes à l’échelle internationale et de leur activité scientifique en particulier »[2].

Les candidates aux cinq prix annuels sont proposées par environ 2000 parrains, des chercheurs du monde entier. Un jury indépendant d'une dizaine de scientifique de renommée internationale, destiné à crédibiliser le prix, les évaluent[2]. Les cinq prix sont décernés annuellement à des femmes scientifiques ayant contribué aux progrès de la science, alternativement en sciences de la matière et en sciences de la vie sur des travaux non liés aux activités de L'Oréal[2], originaires de cinq grandes régions (Afrique et États arabes, Amérique latine, Amérique du Nord, Asie-Pacifique, Europe), une pour chacune d'entre elles[3],[1].

Cinq lauréates ont par la suite reçu le Prix Nobel dans leur domaine de compétence : Christiane Nüsslein-Volhard et Elizabeth Blackburn en médecine ou physiologie, Ada Yonath, Emmanuelle Charpentier et Jennifer Doudna en chimie[4].

Objectifs

Ces prix ont pour objectif de promouvoir et d’encourager les carrières féminines dans des domaines longtemps considérés comme réservés aux hommes[5],[6],[7], de lutter contre la discrimination envers les femmes dans le domaine des sciences qui affecte le développement des pays pauvres[2]. Selon Dominique Langevin, lauréate en 2005, parce que c'est un prix à destination des femmes, il n'est pas pris très au sérieux et manque de reconnaissance[7]. Par la suite, les lauréates estiment bénéficier d'une visibilité accrue, mais le message transmis aux médias par les promoteurs du prix et les médias de masse se concentre sur le sujet de leurs recherches et non pas leur rôle en tant que femmes dans le développement de la science[8].

Ce prix s'inscrit dans le cadre d'une campagne marketing de la société L'Oréal dont la stratégie, afin de provoquer un comportement d'achat, est de se créer une image positive et une proximité avec sa cible prioritaire, les femmes, en s'appuyant sur leur besoin de reconnaissance qui se retrouve dans l'aspiration à la parité[6]. Il s'agit aussi pour L'Oréal d'associer l'image de la marque à « celle d'un progrès scientifique triomphant, irrésistible » selon Mona Chollet[9] Pour Jean-Pierre Beaudoin, en donnant la parole à des femmes remarquables hors des cercles restreints de leurs spécialités, L'Oréal bénéficie d'une bonne image et développe ses relations avec les milieux scientifiques mondiaux[10].

Le prix prend place, dans l'action de l'UNESCO, dans sa lutte contre toute forme de discrimination et la promotion de l’égalité entre les hommes et les femmes[5]. Toutefois, le prix L'Oréal-Unesco est perçu par Amadou Mahtar Mbow, ancien Directeur général de l'UNESCO comme une publicité faite à une société et juge que ce genre de prix peut potentiellement empêcher l'organisation de jouer son rôle[11].

Lauréates

Année Lauréat(s) Nationalité Travaux récompensés
1998 Grace Oladunni Taylor Nigeria biochimie
1998 Yu Myeong-Hee Corée du Sud microbiologie
1998 Pascale Cossart France bactériologie
1998 Gloria Montenegro Chili botanique
1998 Amparo Alonso-Betanzos Espagne Intelligence artificielle
2000 Valerie Mizrahi Afrique du Sud biologie moléculaire
2000 Tsuneko Okazaki Japon biologie moléculaire
2000 Margarita Salas Espagne biologie moléculaire
2000 Eugenia Del Pino Équateur biologie moléculaire
2000 Joanne Chory États-Unis biologie moléculaire

2001

2002

2003

2004

2005

2006

2007

2008

2009

2010

2011

  • Faiza Al-Kharafi (Koweït): "for her work on corrosion, a problem of fundamental importance to water treatment and the oil industry; for her notable contributions to electrochemistry with particular emphasis on corrosion and catalysis".
  • Vivian Wing-Wah Yam (Asia-Pacific): "for her work on light-emitting materials and innovative ways of capturing solar energy; for her pioneering contributions in the molecular design of photo-active materials that are particularly relevant to solar energy conversion".
  • Anne L'Huillier (France): "for her work on the development of the fastest camera for recording the movement of electrons in attoseconds (a billionth of a billionth of a second); for her pioneering experimental and theoretical contributions to harmonic light generation as a base technology for attosecond science".
  • Silvia Torres-Peimbert (Mexique): "for her work on the chemical composition of nebulae which is fundamental to our understanding of the origin of the universe; for her fundamental contribution to the studies of nebulae that have led to a better understanding of the chemical evolution of galaxies and the universe".
  • Jillian Banfield (Australie/États-Unis): "for her work on bacterial and material behavior under extreme conditions relevant to the environment and the Earth; for pioneering achievements in environmental science integrating chemical, biological, mineralogical, and proteogenomic influences".

2012

  • Jill Farrant (Afrique du Sud) : "Pour la découverte des mécanismes qui permettent aux plantes de survivre dans des conditions de sécheresse".
  • Ingrid Scheffer (Australie) : "Pour l’identification des gênes impliqués dans certaines formes d’épilepsie".
  • Frances Ashcroft (Royaume-Uni) : "Pour ses contributions à la compréhension de la sécrétion d’insuline et du diabète chez le nouveau-né".
  • Susana López Charretón (Mexique) : "Pour avoir identifié le mode d’action des rotavirus, responsable chaque année de 600 000 décès d’enfants".
  • Bonnie Bassler (États-Unis) : "Pour la compréhension du langage chimique par lequel les bactéries communiquent entre elles, ouvrant la voie vers de nouveaux traitements des infections"[12].

2013

  • Marcia Barbosa (Brésil) : "for discovering one of the peculiarities of water which may lead to better understanding of how earthquakes occur and how proteins fold which is important for the treatment of diseases."
  • Deborah S. Jin (États-Unis) : "for having been the first to cool down molecules so much that she can observe chemical reactions in slow motion which may help further understanding of molecular processes which are important for medicine or new energy sources."
  • Francisca N. Okeke (Nigeria): "for her significant contributions to the understanding of daily variations of the ion currents in the upper atmosphere which may further our understanding of climate change."
  • Reiko Kuroda (Japon) : "for discovering the functional importance of the difference between left handed and right handed molecules which has wide applications including research on neurodegenerative diseases such as Alzheimer's."
  • Pratibha L. Gai (Royaume-Uni) : « for ingeniously modifying her electron microscope so that she was able to observe chemical reactions occurring at surface atoms of catalysts which will help scientists in their development of new medicines or new energy sources. »

2014

2015

2016

2017

  • Niveen Khashab (Arabie Saoudite) : Pour sa contribution au développement de matériaux hybrides intelligents destinés à améliorer le ciblage des médicaments et pour le développement de nouvelles techniques pour suivre l’activité d’antioxydants au cœur des cellules.
  • Michelle Simmons (Australie) : Pour sa contribution révolutionnaire à l’électronique quantique et atomique, du transistor atomique à l’ordinateur quantique
  • Nicola Spaldin (Suisse) : Pour son travail pluridisciplinaire avant-gardiste de prédiction, de description et de création de nouveaux matériaux aux propriétés magnétiques et ferroélectriques commutables
  • Zhenan Bao (États-Unis) : Pour ses travaux exceptionnels et sa maîtrise du développement de polymères fonctionnels extensibles utilisés pour l’électronique grand public, le stockage d’énergie et les applications biomédicales
  • María Teresa Ruiz (Chili): Pour sa découverte de la première naine brune et ses travaux pionniers sur les étoiles de faible luminosité, y compris les étoiles en fin de vie (naines blanches)[13]

2018

  • Heather Zar (Afrique du Sud) Médecine et sciences de la santé/pédiatrie, pour le programme de recherche de pointe sur la pneumonie, la tuberculose et l'asthme, sauvant la vie de nombreux enfants dans le monde entier.
  • Meemann Chang (Chine) Sciences biologiques/Paléontologie, pour ses travaux pionniers sur les fossiles, qui ont permis de mieux comprendre comment les vertébrés aquatiques se sont adaptés à la vie sur terre.
  • Caroline Dean (Royaume-Uni) Sciences biologiques/biologie moléculaire, pour ses recherches novatrices sur la façon dont les plantes s'adaptent à leur environnement et au changement climatique, ce qui conduit à de nouvelles façons d'améliorer les cultures.
  • Amy Austin (Argentine) Écologie et sciences de l'environnement, pour sa contribution remarquable à la compréhension de l'écologie des écosystèmes terrestres dans les paysages naturels et modifiés par l'homme.
  • Janet Rossant (Canada) Sciences biologiques/biologie du développement, pour ses recherches exceptionnelles qui ont permis de mieux comprendre comment les tissus et les organes se forment dans l'embryon en développement[14].

2019

  • Najat Saliba (Liban) Chimie analytique et atmosphérique. Récompensée pour ses travaux pionniers dans l’identification d’agents cancérigènes et autres substances toxiques présentes dans l’air des pays du Moyen-Orient, et dans les nouveaux diffuseurs de nicotine et narguilés.
  • Maki Kawai (Japon) Chimie / Catalyse. Récompensée pour son travail précurseur dans la manipulation de molécules séparées à l’échelle atomique pour transformer la matière et créer des matériaux innovants.
  • Karen Hallberg (Argentine). Physique / Physique de la matière condensée. Récompensée pour le développement d’approches informatiques de pointe permettant de comprendre la physique de la matière quantique.
  • Ingrid Daubechies (Belgique / États-Unis) Mathématiques / Physique mathématique. Récompensée pour sa contribution exceptionnelle au traitement numérique de l’image et du signal, fournissant des algorithmes courants et polyvalents pour la compression de données.
  • Claire Voisin (France) Mathématiques / Géométrie algébrique. Récompensée pour ses travaux exceptionnels en géométrie algébrique. Ses découvertes pionnières lui ont permis de résoudre des questions fondamentales sur la topologie et les structures de Hodge des variétés algébriques complexes[15].

2020

  • Abla Mehio Sibai (Liban) Médecine et sciences de la santé. Récompensée pour ses travaux pionniers et son engagement en faveur de l’amélioration du vieillissement en bonne santé dans les pays à faible et moyen revenu et pour leur impact sur les politiques et programmes sanitaires et sociaux.
  • Esperanza Martínez-Romero (Mexique) Écologie et sciences de l’environnement. Récompensée pour ses recherches pionnières sur l'utilisation de bactéries respectueuses de l'environnement pour favoriser la croissance des plantes afin d'augmenter la productivité agricole tout en réduisant l'utilisation d'engrais chimiques.
  • Kristi Anseth (États-Unis) Sciences biologiques. Récompensée pour sa contribution exceptionnelle à la convergence de l'ingénierie et de la biologie afin de développer des biomatériaux innovants aptes à promouvoir la régénération tissulaire et un ciblage plus efficace des médicaments.
  • Firdausi Qadri (Inde) Sciences biologiques. Récompensée pour ses travaux exceptionnels dans la compréhension et la prévention des maladies infectieuses touchant les enfants des pays en voie de développement, pour la mise en place d'un diagnostic précoce et d'une campagne de vaccination ayant un impact sur la santé mondiale.
  • Edith Heard (Royaume-uni) Sciences biologiques. Distinguée pour ses découvertes fondamentales sur les mécanismes régissant les processus épigénétiques permettant aux mammifères de réguler l’expression correcte des gènes essentiels à la vie[16].

2021

Récompensée pour l'introduction et le développement de méthodes d'analyse fondées sur les nanotechnologies pour la surveillance des polluants de l'eau et leur application dans les pays fortement touchés par la pollution. Son travail innovant est d'une importance vitale pour le développement de la gestion durable des ressources en eau respectueuse de l’environnement.

Récompensée pour son travail pionnier et fondamental en informatique et cryptographie, essentiel pour la sécurité des systèmes de communications sur internet ainsi que pour le calcul partagé sur des données privées. Ses recherches ont un impact considérable sur notre compréhension de nombreuses catégories de problèmes pour lesquels les ordinateurs ne peuvent pas donner des solutions effectives, même approximatives.

  • Kyoko Nozaki (Asie et Pacifique) Chimie.

Récompensée pour ses contributions pionnières, créatives et porteuses d’innovations industrielles dans le domaine de la chimie synthétique. Ses travaux ont conduit à de nouveaux procédés de production très performants et respectueux de l'environnement pour fabriquer des molécules utiles à la médecine et à l'agriculture durable.

Récompensée pour sa remarquable contribution en astrophysique, de la découverte de molécules dans l'espace intersidéral aux simulations de la formation des galaxies par superordinateur. Son travail a été essentiel dans la compréhension de la naissance et de l'évolution des étoiles et des galaxies, y compris le rôle joué par les trous noirs supermassifs dans les centres galactiques.

Ses recherches permettent de comprendre les structures et les comportements précis des molécules et des cellules, y compris à une échelle microscopique. Opérant à la frontière entre les mathématiques pures et appliquées, elle a forgé des liens importants avec la physique et la chimie et permis aux biologistes d’acquérir une compréhension structurelle approfondie des réactions biochimiques et des réseaux enzymatiques. [17],[18].

Notes et références

  1. Jean-Marie Peretti, Tous leaders, Paris, Eyrolles, , 351 p. (ISBN 9782212549867, lire en ligne), p. 219
  2. Séverine Bléneau-Serdel, « Promouvoir les femmes de sciences : Les prix L’Oréal-UNESCO 2005 », L’Actualité Chimique, no 289, , p. 3-4 (lire en ligne)
  3. Fédération Européenne du Développement Durable, Acheter pour un monde meilleur : 1000 grandes marques passées au crible de l'éthique et de la responsabilité sociale et environnementale, Paris, Eyrolles, , 446 p. (ISBN 9782212130706, lire en ligne), p. 262
  4. « Le Prix International L’Oréal-UNESCO Pour les Femmes et la Science », sur https://fr.unesco.org, (consulté le )
  5. Simone Gilgenkrantz, « Prix L’Oréal-Unesco pour les femmes et la science », Médecine/sciences, vol. 23, nos 6-7, , p. 646-648 (lire en ligne)
  6. Édouard de Broglie, Dans le noir ?, Londres, Pearson, , 288 p. (ISBN 9782744066207, lire en ligne), p. 201
  7. Séverine Bléneau-Serdel, « Un prix pour encourager les femmes scientifiques », L’Actualité Chimique, no 307, , p. 7-8 (lire en ligne)
  8. (es) Nerina Fernanda Sarthou, « Instrumentos para la promoción de la participación de la mujer en la ciencia: los premios L'Oréal-UNESCO en Argentina », Desafíos, vol. 31, no 1, (lire en ligne)
  9. Mona Chollet, Beauté fatale, Paris, La Découverte, , 240 p. (ISBN 9782355220517, lire en ligne)
  10. Jean-Pierre Beaudoin, Le dirigeant à l'épreuve de l'opinion : dix principes de communication à l'usage de ceux qui nous dirigent et de leur entourage, Paris, Village mondial, , 185 p. (ISBN 9782744062780, lire en ligne), p. 75
  11. Ndiaga Loum, La communication internationale dans l’univers global des sciences sociales, Montréal, Éditions JFD, , 272 p. (ISBN 9782897991296, lire en ligne), p. 272
  12. 14e Prix L’Oréal-UNESCO pour les Femmes et la Science, 2012
  13. La Fondation L’OREAL et l’UNESCO révèlent le palmarès 2017 de la 19e édition du Prix pour les femmes et la science
  14. « La Fondation L’OREAL et l’UNESCO révèlent le palmarès 2018 de la 20e édition du Prix pour les femmes et la science », sur Unesco,
  15. « Pour les femmes et la science: ouverture du prix aux mathématiques et à l'informatique », sur L'Oréal,
  16. « Le Prix international L’Oréal-UNESCO pour les femmes et la science distingue cinq chercheuses dans les sciences de la vie », sur Unesco (consulté le )
  17. « Le Prix L’Oréal-UNESCO Pour les Femmes et la Science distingue cinq chercheuses en mathématiques, astrophysique, chimie et informatique », sur Unesco, (consulté le )
  18. « Le Prix International L’Oréal-UNESCO Pour les Femmes et la Science - les Lauréates 2021 », sur Unesco (consulté le )

Bibliographie à exploiter

  • Dora Triki et Aline Pereira Pündrich, « La communication évènementielle - Parce qu'elles le valent bien : L'Oréal et l'Unesco s'unissent pour les femmes et la science », Revue des Cas en Gestion, , p. 67-77.
  • Francisca N. Okeke, « Science and technology development in Africa needs women », Nature Human Behaviour, vol. 4, .

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

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