Fin du monde

La fin du monde est le moment de la disparition de l'Univers, de la Terre ou de la seule humanité, telle qu'elle peut être imaginée par des individus, groupes ou des institutions. C'est un élément important de nombreuses religions, philosophies et mythologies, et un sujet fréquemment mis en scène dans l'art et la littérature (de science-fiction notamment). Son caractère éminemment dramatique en fait également le sujet de multiples prédictions.

Pour les articles homonymes, voir La Fin du monde.

L'Enfer, détail du panneau de droite (Le Chariot de foin, triptyque antérieur au Jardin des délices, de Jérôme Bosch).

Son étude est l'eschatologie.

Mythologie et religions

Sociologie

Dans le domaine des sciences humaines, on étudie la crainte dans la culture populaire d’effondrement de la civilisation actuelle, voire d’une extinction de l'humanité, crainte ancienne et omniprésente mais qui intègre aujourd’hui les connaissances scientifiques acquises depuis trois siècles[2], et s’appuie sur des causes soit exogènes (naturelles, indépendantes des actions de l'humanité), soit endogènes (liées à ces actions), soit mixtes.

Causes exogènes (répétition dans le futur, d'évènements du passé géologique ou climatique connus) :

Causes endogènes (projection dans le futur, d'évènements du passé historique, amplifiés et globalisés) :

Causes à la fois naturelles et artificielles : par exemple un orage magnétique majeur du Soleil ou une inversion du champ magnétique terrestre pourraient bloquer le fonctionnement des appareils et des réseaux électroniques dont l’économie mondiale est devenue totalement dépendante, débouchant sur un krach mondial et sur une annihilation par la guerre, comme déjà évoqué[4].

Science

La science cherche notamment à mieux comprendre les crises passées d'extinction, l'anthropocène, en distinguant l'extinction de l'humanité de la destruction de la planète. La collapsologie utilise diverses disciplines scientifiques pour étudier l'effondrement de la civilisation industrielle, les risques d'effondrements environnementaux et sociétaux.

Extinction de l'humanité

Elle peut tout d'abord découler de l'activité humaine (pollution, épuisement des ressources naturelles, effet de serre).

Le réchauffement climatique est susceptible d'entraîner une diminution de l'oxygène dans l'air par mort du plancton et une libération de sulfure d'hydrogène mortel pour la majorité des organismes. Le sulfure d'hydrogène est un des coupables probables de l'extinction du Permien, où 95 % des espèces marines et 70 % des espèces terrestres ont disparu.

Pandémie

Il est possible d'imaginer un virus mortel se propageant chez l'homme. Ces scénarios sont pris de plus en plus au sérieux chez les scientifiques depuis les récentes alertes (grippe A, virus H1N1, virus SARS-CoV-2 ou fièvre hémorragique de type Ebola).

Catastrophe technologique

La plupart des ressources sont maintenant gérées informatiquement (électricité, eau, etc.). De la même façon, les communications sont devenues primordiales à la survie de l'humanité. Si ces réseaux étaient soudainement hors-service, l'humanité aurait du mal à se remettre.

De plus, certains scientifiques, comme Michael Anissimov, jugent qu'il est possible qu'une intelligence artificielle nuise à l'humanité :

« de la même manière que l'homme détruit des vieux bâtiments jugés inutiles pour en construire de nouveaux, une intelligence artificielle pourrait nous estimer inutiles et détruire notre civilisation sans explicitement vouloir “nous faire la peau”[5]. »

Guerre nucléaire

Si cette possibilité est moindre depuis la fin de la guerre froide, la course aux armements des nations rend possible en cas de guerre la destruction totale de l'humanité.

Voir aussi l'argument de l'apocalypse, une théorie probabiliste.

Extinction à petit feu

Pour des raisons sociologiques liées aux progrès techniques, mais surtout à l'évolution des comportements, la population humaine pourrait progressivement diminuer, génération après génération. Il s'agirait de la généralisation du phénomène décrit sous le terme de crash démographique, version « extrême » du déclin démographique.

Destruction de la Terre

Concernant la destruction de la planète, ou en tout cas d'une grande partie de toutes les formes de vie, plusieurs scénarios sont évoqués.

Hiver d'impact

Le Meteor Crater, un cratère causé par la chute d'une météorite de 45 m de diamètre, et ayant dégagé une énergie équivalente à 2,5 mégatonnes de TNT.

Un hiver d'impact pourrait survenir à la suite de la collision de la Terre avec un astéroïde géocroiseur ou une comète. Ce scénario inquiétant fait partie des hypothèses les plus sérieuses pour expliquer l'extinction des dinosaures ainsi que d'autres extinctions passées, et fait l'objet d'une attention particulière. Une intervention humaine serait éventuellement susceptible de l'éviter : bombe, laser, voile solaire, collision cinétique, propulsion classique, solaire, ionique… afin de dévier, accélérer, ralentir, ou détruire l'astéroïde dangereux. De ce fait, certains organismes tels Spacewatch ou Near Earth Asteroid Tracking (NEAT) scrutent le ciel afin de repérer les astéroïdes qui seraient susceptibles de frapper la Terre à plus ou moins longue échéance.

La période de ce type de phénomènes semble relativement brève à l'échelle astronomique : de quelques centaines de milliers d'années à quelques centaines de millions d'années selon les énergies d'impact. Beaucoup de traces, bien qu'érodées par le temps, sont encore visibles sur la surface terrestre.

Hiver volcanique

Un hiver volcanique serait la conséquence directe de l'éruption d'un supervolcan. Ce type de catastrophe est prévisible, ce qui permettrait de mettre à l'abri une majorité de la population locale. Mais la quantité faramineuse de cendre projetée (plus 1 000 km³) créerait à terme des changements climatiques considérables à l'échelle planétaire. La baisse des températures qui en découlerait (y compris dans les océans) entraînerait déforestation, et de ce fait, baisse drastique des espèces herbivores et carnivores, chaîne alimentaire oblige.

L'homme pourrait survivre mais sa population serait fortement diminuée, ce scénario s'étant déjà produit (Théorie de la catastrophe de Toba).

Inversion du champ magnétique terrestre

L'inversion du champ magnétique terrestre se produit à intervalles de temps irréguliers mais dont la moyenne est estimée à 250 000 ans environ. Ce phénomène s'accompagnerait d'un bombardement cosmique important susceptible de provoquer des dérèglements climatiques qui pourraient entraîner des extinctions importantes d'espèces. Mais certains scientifiques[Qui ?] prétendent que cette inversion de champ magnétique n'aurait pas d'effets néfastes sur notre planète[réf. nécessaire].

Refroidissement du noyau terrestre

Le refroidissement du noyau terrestre entraînerait la fin du champ magnétique terrestre. La fin du champ magnétique laisserait le vent solaire pénétrer dans l'atmosphère terrestre, bombardant la surface terrestre de particules énergétiques dont l'augmentation deviendrait potentiellement dangereuse. Les formes de vies alors présentes à cette époque devront se protéger ou périr. Cependant, la diminution du champ magnétique devrait être extrêmement progressive, laissant à l'évolution le temps de faire son œuvre.

La disparition de l'atmosphère par fuite vers l'espace

La Terre perd actuellement[6] environ kg d'hydrogène et 50 g d'hélium par seconde, ce qui est très peu, mais une petite fuite finit par peser aux échelles de temps géologiques. Plusieurs phénomènes se conjuguent pour expliquer ces fuites auxquelles, par exemple, est due la très faible pression actuelle sur Mars. Ainsi, il est prévu, concomitamment à l'augmentation de la luminosité du Soleil, que la Terre devienne un désert total après l'assèchement des océans dans environ 2 milliards d'années.

Sursaut gamma

Bien qu'extrêmement rare, l'explosion de rayons gamma trop proche de la Terre entrainerait une diminution drastique de la couche d'ozone en la soufflant littéralement, laissant passer les ultraviolets nocifs du Soleil. Par la suite, les molécules éclatées de l'atmosphère formeraient une épaisse couche de gaz toxique obstruant le ciel. S'ensuivrait à terme une chute des températures et un refroidissement climatique. C'est une des causes potentielles de l'extinction de l'Ordovicien-Silurien il y a 445 millions d'années.

Évolution stellaire

L'évolution stellaire indique que le Soleil durant « sa vie » sur la séquence principale, augmente lentement sa puissance au rythme de 1 % tous les 90 à 100 millions d'années. Dans environ 1 milliard d'années, le climat de type terrestre ne pourra plus être maintenu et la Terre deviendra une étuve. Ensuite, la vapeur d'eau sera progressivement décomposée par les ultraviolets solaires en hydrogène et oxygène, l'hydrogène finira par s'échapper dans l'espace et l'oxygène à se combiner aux roches de par les hautes températures de surface. La Terre connaîtra alors un destin similaire à sa « planète sœur » Vénus.

Au bout de cette lente augmentation de la puissance solaire, le Soleil quittera alors la séquence principale et sa puissance augmentera encore plus vite, tout comme sa taille. Il passera par une phase de géante rouge et verra son volume considérablement augmenter. Le Soleil, qui a aujourd'hui vécu ~4,6 milliards d'années sur les 10 (à 12) milliards d'années que durera sa vie, soufflera alors l'atmosphère résiduelle de la Terre (où toute vie aura disparu depuis bien longtemps). La surface terrestre, mise à nu, se mettra progressivement à fondre devant la géante rouge qui grossira jusqu'à englober quasiment tout le ciel diurne. Ce qui restera du globe incandescent de ce qui fut la Terre dépendra des frottements et effets de marée dans l'atmosphère externe du Soleil devenu « géante rouge ». Cet évènement de transformation du Soleil en géante rouge est inévitable.

Beaucoup de scénarios de science-fiction plus ou moins plausibles évoquent un déménagement de l'humanité sur un autre corps céleste plus éloigné (les cinq autres planètes du système solaire, les objets transneptuniens, voire un vaisseau spatial nomade ou une exoplanète). Un autre scénario que l'émigration[7] est de brasser les réserves d'hydrogène du Soleil, qui sera encore loin de les avoir épuisées à cette époque, et ainsi de le ranimer pour retarder son destin de géante rouge. Une telle hypothèse suppose cependant que l'humanité ait alors atteint au moins le niveau d'une civilisation de type II au sens de l'échelle de Kardashev, et maîtrise la technologie nécessaire. Toutefois, si la survivance d'ici là de l'espèce humaine n'est pas physiquement impossible, elle est tellement improbable qu'elle est généralement considérée comme nulle : en effet, l'humanité aura dû traverser des centaines de millions d'années depuis notre ère, ce qui représente beaucoup d'occasions pour la survenance d'une catastrophe qui lui soit fatale.

Collision entre Andromède et la Voie lactée

La Voie lactée, galaxie dans laquelle se trouve notre système solaire, et la galaxie d'Andromède pourraient se rencontrer dans trois milliards d'années, soit bien avant l'extinction du Soleil mais bien après la « cuisson » de notre planète par ce dernier. Le problème n'est pas tant le risque de collision d'étoiles, dont la probabilité est infime de se heurter en raison des distances considérables qui les séparent, que le starburst.

Fin de l'Univers

Le destin de l'Univers dans son ensemble est une question toujours ouverte. Les scénarios les plus consensuels prédisent une expansion ininterrompue, entraînant une mort thermique par diminution continue de la densité de la matière et du rayonnement.

Date de la fin du monde

En 2009, Luc Mary, dans Le Mythe de la fin du monde, a recensé 183 prophéties apocalyptiques depuis la fin de l'Empire romain.

Dans les œuvres de fiction

Chansons

Romans

Bandes dessinées

Cinéma

Télévision

Documentaires

Bibliographie

  • Lucian Boia, La Fin du monde. Une histoire sans fin, La Découverte, 1989 (réed. 1999), 257 p. (ISBN 978-2-7071-1886-8)
  • Jean-Marie Abgrall, Les sectes de l'apocalypse : gourous de l'an 2000, Calmann-Lévy, , 302 p. (ISBN 978-2-7021-2954-8)
  • Bernard Bourdeix, 2012 et les fins du monde, Paris, Fetjaine, , 397 p. (ISBN 978-2-35425-212-0)
  • Jean-Noël Lafargue, Les fins du monde : de l'antiquité à nos jours, Paris, François Bourin éditeur, , 312 p. (ISBN 978-2-84941-345-6, présentation en ligne)
  • Luc Mary, Le mythe de la fin du Monde : de l'Antiquité à 2012, Escalquens/Paris, Trajectoire, , 174 p. (ISBN 978-2-84197-508-2)
  • Alex Nikolavitch, Apocalypse! : Une brève histoire de la fin des temps, Lyon, Les moutons électriques, , 178 p. (ISBN 978-2-36183-094-6)
  • Patrick Simon, Autopsie de l'Apocalypse, Paris, Bréal, , 223 p. (ISBN 978-2-7495-3136-6)
  • Philippe Bornet (éd.), Claire Clivaz (éd.) et Nicole Durisch Gautiez (éd.), La fin du monde : Analyses plurielles d’un motif religieux, scientifique et culturel, Genève, Labor et Fides, , 1re éd., 256 p. (ISBN 978-2-8309-1488-7, présentation en ligne)
  • Jean-Pierre Andrevon, Récits de l’apocalypse : Catastrophes, cataclysmes et fins du monde, dans la littérature et au cinéma, Paris, Vendémiaire, , 392 p. (ISBN 978-2-36358-359-8, présentation en ligne)

Notes et références

  1. Pierre Riché, Les Grandeurs de l'an mille
  2. Jared Diamond, Effondrement (trad. Agnès Botz et Jean-Luc Fidel), Gallimard, coll. « NRF essais », 2006 (ISBN 9782070776726) ; réédité dans la collection « Folio essais » n° 513 en 2009 (ISBN 9782070364305).
  3. Des épidémies artificielles ne sont pas une nouveauté : en 1346, les Mongols de la Horde d'or assiégèrent Caffa, comptoir et port génois des bords de la mer Noire, en Crimée. L’épidémie, ramenée d'Asie centrale par les Mongols, toucha bientôt les assiégés, car les Mongols catapultaient les cadavres des leurs par-dessus les murs pour infecter les habitants de la ville ; de là, les nefs génoises s'échappant de Caffa ramenèrent la peste noire en Europe occidentale (Frédérique Audouin-Rouzeau, Les chemins de la peste : le rat, la puce et l'homme, Éditions Tallandier, collection « Texto », Paris 2007, (ISBN 978-2-84734-426-4))
  4. (en) Niall Firth, « Human race 'will be extinct within 100 years', claims leading scientist », (consulté le )
  5. Science & Vie, hors série spécial fin du monde.
  6. David Catling et Kevin Zahn, « Comment les planètes perdent leur atmosphère », Pour la Science, no 383, septembre 2009, p. 32.
  7. Hubert Reeves, Patience dans l'azur.

Annexes

Articles connexes

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