La Guerre des mouches

La Guerre des mouches est un roman affilié au merveilleux scientifique de Jacques Spitz, paru en 1938 aux éditions Gallimard.

La Guerre des mouches

Illustration de Lalande pour le roman, prépublié en feuilleton dans le magazine Regards
(septembre 1937).

Auteur Jacques Spitz
Pays France
Genre Science-fiction
Merveilleux scientifique
Éditeur Gallimard
Collection Les Romans fantastiques
Date de parution 1938
Type de média Livre papier
Nombre de pages 226
Chronologie

Résumé

Un simple chercheur licencié en sciences naturelles est envoyé en mission en Indochine, alors colonie française, pour accompagner son chef de service, professeur d'entomologie, afin d'y étudier une subite invasion de mouches (musca) tueuses qui s'attaquent en grand nombre à l'homme, entraînant ainsi de terribles ravages.

Malgré la mise en place de mesures de protection au niveau local, les mouches, organisées en essaims, finissent par envahir l'Asie, puis l'Afrique du Nord, détruisant toute société humaine avant de se diriger finalement vers l'Europe. Les humains sont, dès lors, bien obligés de constater que les mouches, devenues intelligentes, désirent tout simplement s'emparer de la planète afin d'y créer une nouvelle civilisation[1].

Extrait

« Les mouches grouillaient sur les habits, les mains, le visage, traînant sur la peau leur abdomen froid, et tâtant de la trompe tous les pores. En vain cherchait-on à se débarrasser les yeux, le visage, de cette ignoble purée vivante, la place était aussitôt recouverte de nouvelles venues refluent comme le flot d’un récif[2]. »

Personnages

  • Juste-Evariste Magne, jeune chercheur en entomologie, narrateur
  • Le professeur Carnassier, son mentor
  • Micheline, sa fiancée puis son épouse

Commentaires

Ce roman de science-fiction, assez classique dans sa présentation qui débute par un simple événement se transformant en véritable catastrophe mondiale soulève la question assez fréquente liée à ce qui pourrait se passer si l'être humain se retrouvait confronté à un péril tel qu'il pourrait mener à sa perte, voire à son extermination.

Dans sa version de 1970 paru aux éditions Bibliothèque Marabout, le contenu du roman a été « actualisé », donnant ainsi un ton assez particulier ou d'anciennes expressions ou comportements propres aux années 1930 côtoient des faits d'actualités liés au années 1970. Dans un texte publié par le bulletin de l'École polytechnique, l'auteur d'ouvrages de science-fiction Jean-Pierre Andrevon commente cette actualisation du récit et relève qu'il s'agit d'un « mépris » pour l'auteur (décédé en 1963) et son œuvre[3].

L'auteur

Jacques Spitz

Pour un article plus général, voir Jacques Spitz.

Jacques Spitz (1896 - 1963) est un écrivain assez méconnu. Il reste pourtant un des écrivains majeurs de la littérature de la science-fiction française durant la première décennie du XXe siècle.

Ces trois premiers romans, L'agonie du Globe (1935), Les Évadés de l'an 4000 (1936) et La Guerre des mouches se présentent comme trois exemples possibles de la fin de l'humanité. Le style mais surtout le fond reste sombre et très pessimiste avec des savant plus ou moins fous, des invasions et au final, un effondrement total de l'humanité[4].

Réception et critiques

L'œuvre de Jacques Spitz bénéficie d'une critique élogieuse de la part de l'écrivain Robert Brasillach dans l'édition du du journal Gringoire. Alors encore proche de Charles Maurras, Brasillach reconnait la grande qualité des romans d'anticipation de Spitz, genre qu'il juge pourtant « fort ennuyeux et facile » (notamment en évoquant H.G. Wells). S'il reconnait L'Agonie du globe comme un chef d'œuvre et se déclare impressionné par l'intrigue de La Guerre des mouches, par contre, il est nettement plus dubitatif en ce qui concerne Les Évadés de l'an 4000, récit, selon lui, pouvant être agréable mais lui semblant parfaitement non crédible. Le romancier d'extrême droite termine sa critique par ces mots : « Le roman fantastique est le dernier refuge du naturalisme. »[5]

Selon l'enseignant de Lettres classiques Philippe Lecarme, La Guerre des mouches est, à la différence de ses livres précédents, une œuvre « remarquablement réussie » avec une fin originale (l'anéantissement de l'humanité), inexistante dans les romans de science-fiction américains jusqu'au début des années 1960. Lecarme, à l'instar de l'écrivain Jean-Pierre Andrevon, critique, à son tour, très fortement les multiples rectifications effectuées dans le roman lors de sa réédition chez Marabout en 1970[6].

Éditions

  • Regards, no 192 à 202, du au (ill. Lalande).
  • Gallimard, coll. « Les Romans fantastiques », 1938.
  • Bibliothèque Marabout, coll. « Marabout Science-Fiction », no 349, 1974 (version remaniée[7]).
  • Ombre, coll. « Petite Bibliothèque Ombres » no 102, 1997 (ISBN 2-84142-067-1).
  • Bragelonne, coll. « Trésor de la SF », no 5, 2009 dans le recueil Joyeuses Apocalypses (ISBN 978-2352942887).

Références

Annexes

Bibliographie

  • Joseph Altairac, « De La Guerre des mondes à La Guerre des mouches : H.G. Wells et Jacques Spitz face au pessimisme cosmique », dans Jacques Spitz, Joyeuses apocalypses, Paris, Bragelonne, coll. « Les trésors de la SF » (no 5), , 429 p. (ISBN 978-2-35294-288-7), p. 417-430.
  • Roger Bozzetto, « Une fin du monde humain », dans Patrick Bergeron, Patrick Guay et Natacha Vas-Deyres (dir.), C'était demain : anticiper la science-fiction en France et au Québec (1880-1950), Pessac, Presses universitaires de Bordeaux, coll. « Eidôlon » (no 123), , 428 p. (ISBN 979-10-91052-24-5), p. 109-116.
  • Guy Costes et Joseph Altairac (préf. Gérard Klein), Rétrofictions, encyclopédie de la conjecture romanesque rationnelle francophone, de Rabelais à Barjavel, 1532-1951, t. 1 : lettres A à L, t. 2 : lettres M à Z, Amiens / Paris, Encrage / Les Belles Lettres, coll. « Interface » (no 5), , 2458 p. (ISBN 978-2-25144-851-0)
  • Jean-Pierre Andrevon, « Sur la guerre des mouches de Jacques Spitz », Bulletin de la SABIX, Société des amis de la bibliothèque et de l'histoire de l'École polytechnique, no 61 « Jacques Spitz, 1896-1963, X1919S. De la NRF à la science-fiction », , p. 71-74 (ISSN 0989-3059, DOI 10.4000/sabix.2095, lire en ligne).
  • Jean-Marc Gouanvic, La science-fiction française au XXe siècle (1900-1968) : essai de socio-poétique d'un genre en émergence, Amsterdam, Rodopi, coll. « Faux titre : études de langue et littérature françaises » (no 91), , 292 p. (ISBN 978-9-05183-775-9, présentation en ligne).
  • Patrick Guay (préf. François Ouellet, avant-propos de Natacha Vas-Deyres), Jacques Spitz, le mythe de l'humain, Pessac, Presses universitaires de Bordeaux, coll. « SF incognita », , 186 p. (ISBN 979-10-300-0062-7, présentation en ligne).
  • Philippe Lecarme, « Sur quelques romans de Jacques Spitz », Bulletin de la SABIX, Société des amis de la bibliothèque et de l'histoire de l'École polytechnique, no 61 « Jacques Spitz, 1896-1963, X1919S. De la NRF à la science-fiction », , p. 31-44 (ISSN 0989-3059, DOI 10.4000/sabix.2044, lire en ligne).
  • Natacha Vas Deyres, « Guerre et Paix dans la science-fiction française des années 30 : sur Régis Messac et Jacques Spitz », Aden, Groupe interdisciplinaire d'études nizaniennes, no 7 « Pacifisme & antimilitarisme », , p. 75-95 (DOI 10.3917/aden.007.0075).
  • Natacha Vas Deyres, Ces Français qui ont écrit demain : utopie, anticipation et science-fiction au XXe siècle, Paris, Honoré Champion, coll. « Bibliothèque de littérature générale et comparée » (no 103), , 533 p. (ISBN 978-2-7453-2371-2, présentation en ligne).
    Réédition : Natacha Vas Deyres, Ces Français qui ont écrit demain : utopie, anticipation et science-fiction au XXe siècle, Paris, Honoré Champion, coll. « Bibliothèque de littérature générale et comparée » (no 103), , 533 p. (ISBN 978-2-7453-2666-9).

Article connexe

Liens externes

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