Baie de Somme

La baie de Somme est située sur le littoral de la Picardie en France. Elle s'étend sur 70 km2. Elle est d'une grande richesse écologique notamment en tant que haut lieu ornithologique.

Baie de Somme

Carte de la Côte d'Opale avec la baie de Somme.
Géographie humaine
Pays côtiers France
Subdivisions
territoriales
département Somme - région Hauts-de-France
Géographie physique
Type Baie
Localisation Manche
Coordonnées 50° 12′ 40″ nord, 1° 36′ 19″ est
Superficie 70 km2
Géolocalisation sur la carte : France
Géolocalisation sur la carte : Hauts-de-France
Géolocalisation sur la carte : Somme

Situation

La baie de Somme est située entre la pointe du Hourdel au sud et la pointe de Saint-Quentin-en-Tourmont au nord. La Somme, fleuve côtier qui a donné son nom au département, se jette dans la Manche à cet endroit.

Caractéristiques

La baie est principalement constituée de deux milieux :

  • la slikke, zone de vasières, recouverte par la mer deux fois par jour,
  • le schorre ou « mollières » qui est couvert par la mer seulement lors des grandes marées.

Elle est constituée de deux estuaires emboités :

  • celui de la Somme au sud, et
  • celui de la Maye, petit fleuve côtier, au nord.

Elle est cependant menacée d'ensablement et les premiers symptômes sont déjà visibles.

Débouché de la Somme dans la Manche

L'eau douce du fleuve y devient saumâtre et forme ce qu'on appelle le fleuve côtier qui remonte vers le nord le long du littoral, entretenu par les apports en eau douce de l'Authie puis de la Canche.

Ces eaux un peu moins salées sont appréciées des alevins et adultes de nombreuses espèces de poissons. Il forme une sorte de sous-corridor biologique, avec une masse d'eau différenciée remontant globalement vers le nord. Des atlas des habitats et espèces des fonds sous-marins ont été réalisés dans le cadre du programme franco-anglais CHARM (CHannel integrated Approach for marine Resource Management)[1], qui montrent la grande importance de cet estuaire dans le complexe des estuaires picards et du fleuve côtier qui longe la façade ouest de la Picardie et du Pas-de-Calais.

Géologie

L'estuaire, la configuration et la plage du trait de côte en amont/aval ont une origine clairement hydrologique, mais probablement aussi tectonique, voire néotectonique, avec un jeu de failles qui semblent avoir été actives durant le quaternaire, notamment dans le contexte glacio-eustatique[2].

Faune

La baie de Somme est aujourd'hui internationalement reconnue pour sa richesse écologique ; elle est notamment considérée comme un haut lieu ornithologique grâce à la richesse de ses milieux qui offrent des conditions d'accueil favorables aux oiseaux sédentaires et migrateurs.

Cette richesse a suscité la création, dans sa partie nord (embouchure de la Maye), d'une réserve nationale de chasse en 1968, transformée en réserve naturelle (avec modifications des limites) en 1994, la Réserve naturelle nationale de la baie de Somme dont le parc du Marquenterre fait partie.

La baie de Somme est également réputée par la présence de phoques, qu'il est recommandé de ne pas approcher :

  • phoques-veaux marins : population en progression avec un nombre supérieur à 100 en 2006 et 2007, 150 en 2009 et 2010, 190 en 2011, 550 en 2016 ;
  • phoques gris de plus en plus nombreux.

C'est aussi le lieu de repos et d'alimentation d'oiseaux d'eau (canards colvert, siffleurs, sarcelles, chipeaux, etc.) ainsi que de limicoles (bécassines, courlis, huîtriers pies, vanneaux, etc.) ce qui fait de la baie un terrain de chasse au gibier d'eau.

C'est enfin une zone de productivité biologique exceptionnelle (bien que se dégradant, notamment pour les coques et les poissons)[3], comme la proche baie de Canche.

Histoire

Vers 615, Valery de Leuconay fonda l'abbaye de Saint-Valery-sur-Somme. En 1066, Guillaume le Conquérant fit mouiller sa flotte dans la baie de Somme et partit du port de Saint-Valery à la conquête de l'Angleterre.

En décembre 1430, Jeanne d'Arc, prisonnière des Anglais, fut détenue au Crotoy et traversa la baie jusqu'à Saint-Valery puis fut conduite à Rouen pour son procès.

La périphérie de la baie de Somme et de son estuaire ont fait l'objet de drainages et d'aménagements depuis le Moyen Âge.

En 1899, Louis Barron, lors de sa traversée de la France décrit la baie de Somme, son estuaire et son environnement comme suit :

« Le vaste estuaire de la Somme semble un bras de mer, comme ceux des grands fleuves de l'Amérique mais le flot qui lui apporte cette gloire la remporte ; à marée basse, ce n'est plus qu'un archipel d'îlots sableux hérissés de joncs ou couverts d'algues et de mousses, et pareils, au milieu des eaux peu profondes, à des taches vertes sur une plaque d'étain bruni. Au-dessus de ce marécage volent des nuées d'oiseaux sauvages, canards, macreuses, guillemots, pies. Quelques bourgs, à la merci de, la vague, vivant par elle, morts sans elle, Port-le-Grand, Noyelle, le Crotoy, le Hourdel, abritent des pêcheurs au bord de la baie, dont Saint-Valery continue d'être le port de commerce, grâce au canal d'Abbeville, doublant la Somme, et au viaduc du chemin de fer, svelte et puissante jetée de treize cent soixante-sept mètres de longueur bâtie sur le fond mouvant de l'estuaire pour servir la vieille ville et la préserver de déchéance. On voudra descendre la Somme, faible reste d'un fleuve qui fut immense comme le Saint-Laurent ou l'Orénoque. À l'âge de la pierre, la pirogue de l'homme primitif navigua sur ce fleuve disparu, s'il en faut croire le témoignage des silex taillés recueillis par le savant Boucher de Perthes dans les sables et les graviers des anciennes berges, et conservés au musée d'Abbeville. Son lit, évacué depuis tant de siècles, constitue les tourbières picardes, les plus abondantes de France. Les routes passent entre ces boues noires et molles et les marécages traversés de « renclôtures », que le paysan dessèche peu à peu. Hormis ces vestiges d'antiquité géologique, ce sont partout cultures perfectionnées, prairies, jardins maraîchers, villes, bourgs, villages nombreux et florissants »

Protection du site

Depuis 1999, la baie appartient au club des plus belles baies du monde, au même titre que la baie d'Along ou encore la baie du Mont Saint-Michel.

Réserve naturelle de la baie de Somme

C'est une zone de 3 000 ha qui est concentrée, essentiellement en zone maritime, de la nouvelle pointe de Saint-Quentin-en-Tourmont à l'embouchure de la Maye, petit fleuve côtier débouchant au nord de la baie de Somme.

Grand site de France

La baie de Somme est labellisée « Grand Site de France » le par le Ministère de l'Écologie, du Développement et de l'Aménagement durables.

Elle est le dixième site ainsi labellisé en tant que l'une des plus grandes zones humides de France, inscrite dans le réseau européen Natura 2000 / Convention de Ramsar[4].

La baie fait désormais partie du réseau des Grands Sites de France.

Parc naturel marin

La baie de Somme fait partie du Parc naturel marin des estuaires picards et de la mer d'Opale créé en décembre 2012. Ce parc naturel marin, situé au large de la Seine maritime, de la Somme et du Pas-de-Calais, concerne 118 km de côtes et sept estuaires : la Slack, le Wimereux, la Liane, la Canche, l'Authie, la Somme et la Bresle.

Réglementation

Un arrêté préfectoral interdit la motomarine (jet-ski) toute l'année en baie de Somme[5].

Aviation : il est interdit de survoler la zone en dessous de 800ft (environ 245m). (Source : Carte IGN, validé par le SIA)

Économie

Agriculture

Il n'est pas rare d'apercevoir des troupeaux de moutons broutant dans la baie à marée basse, le goût particulier de leur chair a donné lieu à l'appellation AOC de « prés-salés » de la baie de Somme[6]. La partie de la baie découverte à marée basse dans laquelle viennent se nourrir les moutons s'appelle l'estran.

C'est en baie de Somme qu'a été créée la race équine des Hensons aussi appelé le cheval de la baie de somme.

La baie de Somme est un lieu de cueillette de la salicorne.

Tourisme

La baie de Somme a obtenu en 2011 le label Grand Site de France.

Avec son climat océanique frais et humide, mais aussi ensoleillé, la baie de Somme attire promeneurs et sportifs du week-end. Les Européens et les Français du Nord y séjournent volontiers.

Une piste cyclable permet de faire le tour de la baie, du Crotoy à Saint-Valery. Le chemin de fer de la baie de Somme assure la liaison entre Le Crotoy, Noyelles, Saint-Valery et Cayeux (et vice-versa).

Les plages du Crotoy et de Saint-Valery offrent toute la gamme des loisirs de plein air. À partir de Saint-Valery on peut effectuer une promenade en bateau et une balade en kayak de mer. Ault possède des hâbles et une petite plage.

Le parc du Marquenterre est un parc ornithologique avec animations et activités. À Lanchères se trouve la Maison de la Baie de Somme et de l'Oiseau.
Trois ports de pêche ou/et de plaisance agrémentent la baie : Le Crotoy, Saint-Valery-sur-Somme et Le Hourdel.

La vieille ville de Saint-Valery-sur-Somme possède un patrimoine médiéval remarquable et un écomusée Picarvie.

La Picardie maritime possède de beaux exemples d'architecture gothique flamboyant à Abbeville, Saint-Riquier et Rue.

Industrie

La baie de Somme est le berceau de la serrurerie et de la robinetterie françaises[7].

Risques naturels

Depuis une trentaine d'années plusieurs risques naturels semblent croître sur le littoral normano-picard, en raison du cumul de plusieurs causes : érosion régressive à long terme du trait de côte (attendue sur les zones d'ablation), « épuisement progressif du stock de galets exacerbé par les interventions humaines », et « oscillation positive de la fréquence et de l’intensité des conditions météo-marines paroxysmales, notamment des vents d’afflux de secteur NW, sur la période 1975-1990 »[8].

Une élévation du niveau marin et/ou une modification des caractéristiques des vents et tempêtes sont attendues dans le contexte du dérèglement climatique et de la montée des océans, dans une mesure qui reste à modéliser plus finement[8].

Les modèles de redistribution des sédiments et la dynamique marine font que les secteurs les plus à risque d'érosion demain pourraient être situés différemment par rapport à ce qu'ils sont aujourd'hui[8].

Jusqu'à une hausse de 0,40 m, seule la fréquence des submersions de tempête et de surcotes sera accentuée[8]. Au-delà les dégâts seront plus importants.

Les artistes et la baie de Somme

Dès le XIXe siècle et jusqu'à aujourd'hui, des écrivains tels que :

Les peintres furent encore plus nombreux à s'inspirer des paysages marins et estuariens, ainsi que de scènes de vie de la baie[9],[10],[11] :

Références

  1. L'Atlas du projet CHARM est un atlas de la Manche-orientale, outil d’aide à la réflexion et à la décision pour la gouvernance et une gestion durable des ressources marines, réalisé de 2006 à 2008. C'est la plus grosse étude jamais faite de ce type en France
  2. N. Beun, P. Broquet ; Tectonique quaternaire (Holocène ?) dans la plaine littorale picarde des Bas-Champs de Cayeux et de leurs abords orientaux ; Bulletin de l'Association française pour l'étude du quaternaire, 1980, vol. 17, no 17-1-2 ; p. 47-52
  3. Desprez M, Ducrotoy J & Elkaim B (1985) Crise de la production des coques (Cerastoderma edule) en baie de Somme | 1. Synthese des connaissances biologiques. Revue des Travaux de l'Institut des Pêches maritimes, 49(3-4), 215-230
  4. Ministère de l'environnement, communiqué La baie de Somme devient « Grand Site de France » 15 juin 2011, consulté le 17 juin 2011.
  5. Arrêté pris par le préfet maritime de Cherbourg responsable de la Manche et de la mer du Nord 16 mars 2004 (fichier acrobat reader en téléchargement
  6. Décret du 30/03/2007 relatif à l'appellation d'origine contrôlé « prés-salés de la baie de Somme ».Décret du 30 mars 2007 relatif à l'appellation d'origine contrôlée « Prés-salés de la baie de Somme »
  7. Guy Baron, « Le Vimeu industriel : une étude de «pays» », Hommes et Terres du Nord, vol. 4, no 1, , p. 317–326 (DOI 10.3406/htn.1985.2018, lire en ligne, consulté le )
  8. Costa, Stéphane (1997) "Dynamique littorale et risques naturels" : L'impact des aménagements, des variations du niveau marin et des modifications climatiques entre la baie de Seine et la baie de Somme (Haute-Normandie, Picardie ; France) ; Thèse de doctorat en Géographie soutenue en 1997 à Paris 1 (notice)
  9. Hélène Braeuener, Bénédicte Pradié-Ottinger, Les peintres de la baie de Somme autour de l’impressionnisme, La renaissance du Livre, Abbeville, 2001 (Avec Google Books)
  10. Braeuner, H. (2001). Les peintres de la baie de la Somme: autour de l'impressionnisme. Renaissance du livre.
  11. « Artistes en baie de Somme : références historiques »
  12. Musée de la chasse et de la nature, Paris, Roger Reboussin, peintre ornithologique
  13. Sylvie Couderc, Alfred Manessier : paysages de baie de Somme et de Picardie, musée de Picardie, 2004
  14. Serge Lucas, « À Gonneville-sur-Sie, Michel Patrix prépare la vente de 165 de ses œuvres », Paris Normandie, 30 octobre 1971.

Annexes

Bibliographie

  • Baie de somme : un chemin de fer touristique plateforme d'essais pour nouveau matériel ferroviaire, 4 p. + 12 photos
  • Lahure, André, En arpentant la baie de Somme. Chasses au marais et à la hutte. Blanquetaque et autres lieux, Markhor, 2010, 258 pages
  • Costa, Stéphane (1997) "Dynamique littorale et risques naturels" : L'impact des aménagements, des variations du niveau marin et des modifications climatiques entre la baie de Seine et la baie de Somme (Haute-Normandie, Picardie ; France) ; Thèse de doctorat en Géographie soutenue en 1997 à Paris 1.
  • OREAP : Organisme régional d'étude pour l'aménagement de la Picardie (1978) Schéma d'aptitude et d'utilisation de la mer (SAUM) ; Projet de livre blanc ; décembre 1978- Archimer/Ifremer

Articles connexes

Liens externes

  • Site Web du Groupe d'étude des milieux estuariens et littoraux Picardie
  • Go Baie de Somme Annuaire touristique en ligne sur la Baie de Somme.
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