Motomarine

Une motomarine, aussi nommée scooter des mers, moto aquatique ou véhicule nautique à moteur (VNM, selon la terminologie ministérielle en France), est un petit véhicule de loisir nautique que l'on chevauche et qui est propulsé par un hydrojet, lui-même actionné par un moteur à combustion. Souvent, cet engin est désigné par antonomase par les termes jet ski ou sea-doo, deux marques commerciales de motomarines.

On compte deux types de ce véhicule : « à bras » où l'utilisateur se tient debout et contrôle l'appareil avec un bras mobile verticalement muni de poignées de contrôle fixé sur un axe placé à l'avant et « à selle » (le plus connu) qui comporte un siège et un guidon similaire à celui d'une motoneige ou d'une motocyclette. Dans le premier cas, le bras oscillant est mobile sur environ un quart de cercle, dans un axe vertical (de bas en haut et inversement). Le guidon est muni de poignées, d'une gâchette de gaz et d'un coupe-circuit relié au poignet du pilote. Si le pilote tombe à l'eau, le coupe-circuit se détache et le moteur est instantanément coupé. Dans ce second cas, le véhicule est en général pour un conducteur et de un à trois passagers assis sur une selle. Il comporte un guidon, un coupe-circuit, des compartiments de rangements et pour certains modèles : une gâchette de frein permettant à l'engin de freiner sur 30 mètres, ainsi qu'une commande permettant d'enclencher la marche arrière.

Conçue par un avocat américain amateur de motocyclettes, Clayton Jacobson II, elle fut popularisée dans les années 1970 par la compagnie Kawasaki. D'autres constructeurs se joignirent au mouvement dans les années 1980 et la production mondiale depuis 2002 se maintient à près de 80 000 unités par année[1]. Ce véhicule de plaisance peut servir également pour le sauvetage près des plages, la surveillance maritime, l'accès à des sites biologiques en mer et bien d'autres usages. De nombreuses compétitions de motomarines sont organisées partout dans le monde, souvent commanditées par les compagnies productrices. Comme tout autre véhicule à moteur, elle présente certains inconvénients (pollution sonore, olfactive, hydrocarbures), ce qui entraîne la réglementation de son usage dans de nombreux pays.

Terminologie

Un motomariniste (ou jetskieur) exécutant des virages

Le terme « Jet Ski », est la propriété de Kawasaki. Il désignait un véhicule commercialisé en 1973[2], qu'on nommerait aujourd'hui « motomarine à bras » (« stand-up ski »). « Jet Ski » est devenu avec le temps un terme quasi-générique pour désigner aussi bien les véhicules « à selle » que ceux « à bras » par un certain nombre d'utilisateurs. D'autres manufacturiers ont également produit des engins similaires sous les marques Sea-Doo (Bombardier), WaveRunner (Yamaha).

D'autres noms ont été suggérés pour éviter l'usage d'une marque commerciale et l'emprunt à l'anglais. En Europe, l'emploi des termes « scooter des mers » ou « scooter de mer » connaît un certain succès. Depuis 2000, on remarque également l'usage du terme « moto aquatique ». Le terme administratif officiel, peu employé, pour la France est V.N.M. (Véhicule nautique à moteur[3]). En Europe, le consensus sur les termes n'a pas été trouvé d'utilisation et l'appellation la plus courante reste donc le nom de marque jet-ski/jetski/jet ski et l'utilisateur un « jetskieur ».

Le terme « motomarine » a été recommandé officiellement au Québec par l’Office québécois de la langue française. Il s'y est rapidement imposé car les termes européens n'y sont pas employés. La personne qui pratique la motomarine est appelée « motomariniste » (n.m., n. f.) ou parfois « motomarinier » (n.m.) et « motomarinière » (n.f.)[4].

Histoire

Invention

Amanda Water Scooter de 1955, précurseur de la motomarine

Il est difficile de dire quand la première embarcation ressemblant à une motomarine, et non à une chaloupe, a été produite. En 1955, la Vincent Motorcycle Company proposait déjà son Amanda Water Scooter, une embarcation munie d'un siège et d'un guidon. Elle était propulsée par un moteur de 200 cm³ relié à une hélice, plutôt qu’à un hydrojet[5]. Cependant, l’invention officielle de la motomarine est communément attribuée à Clayton Jacobson II, un avocat américain et avide amateur de motocyclettes, qui rêvait de créer une machine pour faire du ski nautique sans avoir l'obligation d'être tiré par un bateau[6],[7].

Ses premières versions était construites en aluminium et le guidon mobile n'existait pas[8]. En 1967, il fut engagé par le constructeur de motoneiges Bombardier pour qui il créa en 1968 une motomarine assise, le Sea-Doo. Cette motomarine avait une quille ronde et de petite largeur par rapport à sa longueur, lui donnant l'aspect d'une tortue quand la quille était immergée. Les ventes ne décollèrent pas avec un moteur de seulement 18 ch, une quille peu performante et des problèmes de fiabilité mécanique. Bombardier abandonna le projet en 1970 pour se concentrer sur son marché principal, les motoneiges, et rendit les droits de l'invention à Jacobson[6].

Jacobson fut alors approché par Kawasaki Heavy Industries (KHI). Il vendit les droits d'usage de son brevet à la compagnie et y développa le JetSki en 1973, la première motomarine de type « à bras »[8]. La première série de JetSki mesurait 2,08 par 0,61 mètres, pesait 100 kilogrammes et était propulsée par un moteur de 398 cm3. La coque en fibre de verre était disponible en deux versions : le modèle WS-AA dont le fond était plat et le modèle WS-AB, plus agressif, avec un fond en V. Environ 550 unités furent fabriquées la première année dont les deux tiers en version WS-AB. Ces véhicules se vendaient 995 dollars US.

Après ce premier succès, Kawasaki et Jacobson se disputèrent la parenté de l'invention : la compagnie argumentait qu'elle n'avait pas eu besoin de son brevet pour développer le véhicule. À la suite d'un procès en 1979, Jacobson fut reconnu l'inventeur[9]. En 1989, il intenta une autre action contre Kawasaki et deux de ses filiales aux États-Unis. Il alléguait alors que la compagnie avait obtenu un brevet pour le Jet Ski au Japon en nommant deux de ses employés comme les inventeurs. Il gagna contre la compagnie mère en et obtint du jury 7,5 millions de dollars pour dommages, plus 13,5 millions en compensations punitives. En appel, un juge ordonna un nouveau procès[9]. Finalement, en , les deux parties en arrivèrent à une entente hors-cour dont le montant ne fut pas publié mais qui reconnaissait Jacobson comme l'inventeur une fois pour toutes[10].

Apparition sur le marché

Bien que certains constructeurs d'embarcations aient mis sur le marché des motomarines utilisant des moteurs hors-bord, comme l’Aquarail, un modèle vendu en « kit » en 1972[11]; Kawasaki demeura le seul producteur de motomarines, telles que nous les connaissons aujourd'hui, jusqu'en 1986 alors que Jacobson a vendu un droit d'utilisation de son invention à Yamaha[9]. Cette dernière, qui construit des véhicules nautiques depuis les années 1960, produit alors sa première WaveRunner (nommée à ce moment Marine Jet 500T). Il s'agit de la première motomarine à selle au monde, le modèle qui domine maintenant le marché[12]. Devant le succès obtenu par le Jet Ski, Bombardier décida également de reprendre la production du Sea-Doo en 1988[7].

En 1992, c'est au tour d'un autre constructeur de motoneiges, la firme américaine Polaris, de se lancer dans ce nouveau marché et remporte un franc succès auprès de la clientèle des États-Unis[13]. En 1993, Arctic Cat de Thief River Falls dans le Minnesota emboîte le pas avec les jets Tigershark, motorisés par la firme Suzuki[13]. En 2010, trois constructeurs se partagent l'essentiel du marché : Bombardier, Kawasaki et Yamaha. Les ventes mondiales ont connu une constante progression jusqu'en 1995 alors qu'on a atteint un maximum de 200 000 unités vendues annuellement, la plus grande part étant destinée à l'Amérique du Nord.

Par la suite, la production a décliné pour se stabiliser autour de 79 500 depuis 2002[1]. En 2004, selon l'Association des constructeurs de motomarines la valeur totale des ventes se situait à 733 454 700 dollars américains, le prix d'une motomarine était de 9 226 dollars américains[1]. On comptait environ 1,5 million de ces véhicules en circulation aux États-Unis seulement[1]. Depuis le milieu des années 1990, ce sont les motos avec sièges qui constituent la presque totalité des ventes aux États-Unis, les modèles pour trois passagers formant la catégorie la plus en progression[1].

Sport

Le sport associé à la pratique de la motomarine prend réellement son envol au cours des années 1980 avec des engins développant 440 cm3 et 550 cm3 dont la coque est pratiquement identique à celle des premiers modèles du constructeur japonais Kawasaki. Les 550 cm3 seront disponibles jusqu'au milieu des années 1990, puis remplacés par des modèles plus puissants. La popularité grandissante du sport aux États-Unis imposa l'apparition de l'IJSBA, une fédération mondiale dont le nom était « International Jet Ski Boating Association » à sa création, changé pour « International Jet Sport Boating Association » car le terme « JetSki » est une marque de commerce appartenant à Kawasaki. La compétition mondiale débutera à cette époque à Lake Havasu en Arizona.

L'IJSBA a également une antenne en Europe, l'EJSBA. En parallèle, une autre fédération internationale plus importante encore s'y est développée, l'Union internationale motonautique (UIM), dont le siège se trouve à Monaco. L'UIM organise elle aussi un circuit de coupe du monde et un championnat du monde de motomarine et selon les pays, c'est tantôt à l'UIM tantôt à l'IJSBA que s'affilient les fédérations nationales. Enfin, à la fin des années 1990, l'IFWA (International Freeride Watercraft Association) a été créée aux États-Unis pour règlementer et assurer le développement spécifique de la discipline du freeride, avec là aussi une coupe du monde et un championnat du monde. Le siège de l'IFWA est situé depuis quelques années au Brésil, un pays où la motomarine s'est fortement développé depuis la fin des années 1990.

On distingue plusieurs disciplines : des courses de vitesse en circuit fermé, des courses de vitesse au large (offshore), des courses d'endurance, des épreuves de freestyle (style libre) et de freeride. Pour tous ces types d'épreuves, à l'exception du freestyle, il existe au minimum deux catégories : les jets à selle et les jets à bras. Pour les courses de vitesse, on classe généralement les engins en fonction du degré de modifications autorisées : les modifications mineures entrent dans la catégorie dite « stock », les modifications intermédiaires dans la catégorie dite « limited », et les modifications plus poussées dans la catégorie dite « F1 ». En freestyle et en freeride, ces catégories n'existent pas, on classe les concurrents en fonction du type de motomarine utilisé (à bras ou à selle).

S'il y a de nombreuses nations représentées sur les épreuves internationales, la France et les États-Unis sont les deux pays totalisant le plus de champions du monde, que ce soit au niveau de l'IJSBA, de l'UIM ou de l/IFWA.

Types

Une motomarine « à bras »
Motomarine à selle

Motomarine à bras

La motomarine à bras se différencie de celle à selle par le fait qu’elle est dépourvue de toute assise. Son pilote doit se tenir debout, les pieds sur une plate-forme spécifique nommée baquet. Son guidon est monté sur un bras articulé qui l’accompagne dans ses mouvements verticaux. La motomarine à bras est aussi appelée « stand-up ».

Les différentes pratiques de motomarine à bras sont :

  • Freeride : Pratique de la motomarine à bras ou à selle dans les vagues dans le but d'exécuter des figures lors des sauts.
  • Freestyle : Pratique de la motomarine à bras sur eau plate dans laquelle le pilote crée lui-même ses vagues en effectuant des aller-retours et se sert de son sillage pour décoller et exécuter des figures similaires à celles du freeride. Cette pratique nécessite une grande puissance à bas régime
  • Vitesse : Course de vitesse exécutée sur un circuit matérialisé par des bouées et comparable à une course de MotoGP.

Motomarine à selle

La motomarine à selle, également appelé « scooter des mers » (Europe), est d’un gabarit bien supérieur à la motomarine à bras et munie d’une assise, d’où sa dénomination de motomarine à selle. Elle a été conçue à l'origine pour transporter deux personnes mais on en trouve maintenant à trois et même quatre places. Ce type de motomarine est aussi appelé « Run » en référence au terme « WaveRunner » de Yamaha.

Les différentes pratiques de motomarine à selle sont :

  • Vitesse : course de vitesse exécutée sur un circuit matérialisé par des bouées et comparable à une course de MotoGP.
  • Offshore ou rallye-raid qui consiste à faire une course sur une longue distance avec des points de contrôle et qui peut durer de 2 à 6 jours (un peu comme un Paris-Dakar).

Détails techniques

Diagramme en coupe d'un hydrojet
Hydrojet sur un bateau de police

Les motomarines sont équipées de moteurs qui actionnent une turbine de type hydrojet, aspirant de l’eau à l’avant, la concentrant par turbinage combiné à l'effet venturi, et l’expulsant à l'arrière du véhicule[1]. Ce jet orientable par le guidon génère le déplacement et permet le changement de direction. Aucune hélice n'est visible à l'extérieur de la coque, ce qui réduit le danger d’accident. Pour un contrôle de direction supplémentaire à basse vitesse, de petites ailettes de gouvernail équipent généralement les modèles à selle[1].

Originellement équipées de moteurs deux-temps à carburateur, les motomarines sont maintenant majoritairement munies de moteurs à injection à quatre-temps avec convertisseurs catalytiques[1] qui réduisent les gaz polluants et le bruit conformément aux règlements de l’Environmental Protection Agency (EPA) aux États-Unis ou ceux, encore plus stricts, de la Californie[14],[15]. Ces moteurs réduisent en 2008 les émissions de plus de 90 %, par rapport à ceux de 1998, et sont disponibles chez tous les constructeurs depuis 2003[1]. Ils constituent maintenant la majorité des ventes. L’insonorisation des coques, de meilleurs systèmes d’échappement et l’utilisation de matériaux absorbant les vibrations ont permis de réduire le bruit des motomarines de 70 % depuis la fin des années 1990[1]. Si ces améliorations ont réduit sensiblement les nuisances, elles n'ont toutefois pas éliminé totalement les variations sonores dues aux sauts hors de l'eau ou aux pratiques de certains utilisateurs peu scrupuleux.

Usages

Plaisance

Couple d'adolescents sur une motomarine de marque Sea-Doo fonçant sur le Mékong, à Don Det dans le Si Phan Don, Laos.

Les motomarines sont agiles, faciles à conduire après une formation appropriée et peu coûteuse. Elles sont plébiscitées par les plaisanciers pour faire des balades sur les lacs et rivières. Les sorties en mer sont tout à fait possibles mais plus techniques et nécessitent un entretien plus poussé. Si les jets à bras sont très instables et nécessitent une bonne expérience en mer, les jets assis, notamment les trois places, sont de plus en plus stables et utilisables en mer, même pour des débutants. Ces machines ont un gabarit qui permet de les transporter sur une remorque tirée par une automobile et, pour les pratiquants occasionnels, elles peuvent être louées sur place. La version à selle est en général assez puissante pour tirer un skieur, sa puissance pouvant atteindre 300ch.

Utilitaire

Ces mêmes qualités les rendent attrayantes pour divers usages professionnels. Elles peuvent remplacer les hors-bords et autres embarcations pour les maîtres-nageurs sauveteurs, les biologistes qui étudient la vie marine, les policiers chargés de la surveillance des lacs et rivières, ou les entraîneurs de nageurs et de rameurs de compétition.

L'utilisation de motomarines dans le cadre du sauvetage en mer est de plus en plus répandue car elles sont agiles et rapides et peuvent aller dans des eaux très peu profondes où les bateaux ne pourraient se rendre.

La marine peut également les employer pour des missions de commando ou de patrouille rapprochée.

Compétition

Des compétitions de motomarines sont organisées sous l'égide d'instances régionales, nationales ou internationales comme l'UIM (Championnat du monde d'aquabike) et l'IJSBA. Il existe des courses de vitesse en circuit fermé autour de bouées, des courses de vitesse en mer (le « Jet offshore »), des courses d'endurance, et des épreuves de freestyle et de freeride[16]. Il y a eu pendant quelques années des épreuves de slalom parallèle mais celles-ci ont disparu à la fin des années 1990.

Les courses de vitesse au large sont les épreuves qui réunissent le plus de participants (parfois plus de 200 pour les épreuves dites « ouvertes ») mais les pilotes de freestyle et de freeride bénéficient généralement d'une popularité plus importante pour l'aspect spectaculaire de leurs figures. Par ailleurs, ces compétitions se disputent souvent dans des zones pouvant accueillir confortablement les spectateurs.

Quelques grands noms qui ont fait l'histoire de la motomarine en tant que sport[17] :

La France compte beaucoup de grands champions dans un sport plutôt marginal dans ce pays. Une prise de conscience environnementale générale et l'augmentation des coûts du carburant ont contribué à prendre ce sport dans un effet ciseau depuis le début des années 2000. Moins bien perçu, il suscite moins de couverture médiatique, moins de commanditaires et le nombre de ses adeptes et compétiteurs a chuté de manière spectaculaire en quelques années.

Réglementation

Canada

Il est interdit au moins de 16 ans de conduire une motomarine[18]. Le règlement peut en interdire l'utilisation totale ou partielle sur certains plans d’eau. Des bouées spécifiques ou des consignes par voie d'affichage informent les plaisanciers de ces restrictions.

France

Du point de vue de la réglementation française, la motomarine est un « véhicule nautique à moteur » (VNM), utilisable de jour uniquement et à moins de 6 milles marins d'un abri pour les motomarines à selle pouvant embarquer au moins deux personnes, et 2 milles marins d'un abri pour celles à bras[3],[19]. La bande littorale des 300 m est en principe interdite aux VNM qui ne peuvent approcher la terre qu'en utilisant les chenaux traversiers lorsque la zone est balisée ou bien en ligne droite perpendiculaire à la plage lorsque la zone n'est pas balisée. La vitesse maximale dans la bande des 300 m est de toute façon limitée à 5 nœuds. Pour piloter une motomarine, le permis bateau est obligatoire (côtier en mer et fluvial sur les fleuves et lacs), accessible dès 16 ans. Dans les bases agréées, il est possible de naviguer sans permis lors d'initiations ou de randonnées encadrées par des moniteurs diplômés.

Conséquence de la mauvaise réputation des motomarines, surtout dans le sud de la France, la législation de la bande des 300 m, qui dépend des pouvoirs locaux, est de plus en plus restrictive par rapport à celle des autres embarcations marines. Ainsi, les bateaux à moteur, même très puissants, ont le droit de circuler dans la bande des 300 m à une vitesse de 5 nœuds même en dehors de chenaux traversiers alors que les motomarines ne le peuvent pas. Aussi, dans le parc national des Calanques, près de Marseille, les motomarines sont interdites alors que les bateaux à moteur sont acceptés.

La situation est différente sur la côte atlantique ou dans la Manche. En effet, la concentration de motomarines et de plaisanciers étant moindre et les marées rendant l'estimation de la bande de 300 m sans balisage pratiquement impossible, la législation est plus permissive, les motomarines étant considérées comme les autres navires à moteur.

Les motomarines sont interdites sur les lacs d’Annecy et du Bourget[20].

Suisse

En Suisse, la motomarine est totalement interdite[21].

Inconvénients

Nuisances : bruit, comportement de certains usagers, pollution

Au début des années 2000 les motomarines sont à l'origine de tensions avec les autres usagers des plans d'eau (baigneurs, embarcations à rames, voiliers) et certains riverains qui leur reprochaient notamment de produire des nuisances sonores supérieures à celles produites par les autres engins à moteur ou des vitesses excessives à proximité d'autres embarcations ou des rivages[22]. Contrairement aux autres embarcations qui se déplacent généralement en ligne droite, les jetskieurs ont tendance à évoluer en virages serrés, à faire des accélérations et des sauts. Comme son nom l'indique, la « motomarine » amène sur l'eau l'univers de la moto terrestre : les notions de pilotage, l'envie et la possibilité de se faire plaisir de manière sportive, ainsi que des codes esthétiques propres à cet univers.

Des actions ont permis d'interdire ou de restreindre l'accès des motomarines dans certaines zones naturelles particulièrement sensibles (zones naturelles protégées notamment). Au Canada par exemple, la sénatrice Mira Spivak a tenté à cinq reprises entre 2001 et 2008 de faire passer un projet de loi visant à contrôler l'usage des plans d'eau par les motomarines en permettant aux communautés riveraines de faire une demande d'interdiction[23],[24] mais ses propositions n'ont jamais été retenues, faute d'éléments tangibles pour étayer son dossier (mesures, études d'incidence) et le législateur a préféré laisser aux provinces et aux localités le soin d'appliquer des règles particulières de navigation sur leur plan d'eau. Plusieurs États américains ont également mis en place des législations interdisant leur usage sur des lacs de moins de 30 hectares (75 acres)[23].

En France, la navigation en motomarines en mer n'a été interdite qu'en baie de Somme[25], créant un précédent unique dans la mesure où des propositions similaires ont toutes été rejetées sur d'autres sites naturels d'exception comme le golfe du Morbihan ou le bassin d'Arcachon. La raison étant que la baie de Somme constitue un point de chute capital et de première importance en Europe pour sept espèces d'oiseaux migrateurs et pour la réintroduction des phoques et veaux marins. Certains riverains des plans d'eau et protecteurs de la faune marine en France continuent en 2021 de pointer du doigt les nuisances occasionnées[26].

Améliorations

Les fabricants de motomarines ont réagi dès 1998 et ont engagé une refonte profonde de la conception des engins. Ils les ont progressivement équipées de moteurs quatre-temps, qui représentent la totalité des motomarines vendues au public depuis 2006 (il existe quelques modèles deux-temps mais ceux-ci sont réservés à un usage en compétition dans le cadre d'une discipline bien spécifique : le freestyle). Les moteurs quatre-temps émettent 70 % moins de bruit que les anciens moteurs à deux temps[27] et leur sonorité est beaucoup moins aiguë du fait que le régime moyen et maximum des moteurs 4-temps est trois à quatre fois moins élevé (valeur moyenne du couple maxi : 3 000 tr/min en quatre-temps, 10 500 tr/min en deux-temps). Par ailleurs, les fabricants ont travaillé sur l'isolation sonore à l'intérieur du compartiment moteur, introduit des pots catalytiques, de sorte que les émissions polluantes ont également baissé de 90 %. Dès lors, on n'observe peu de démarches anti-motomarine depuis 2009 et on parle même de la réintroduire sur certains lacs aux États-Unis où elle avait été interdite quelques années antérieurement[27].

Le plein de carburant peut se faire dans la grande majorité des cas dans des stations-service terrestres, ce qui évite les risques de fuite de carburants contrairement aux bateaux qui le font à des stations à quai.

Dangers

Comme n'importe quel véhicule, les motomarines sont sujettes à de mauvaises utilisations, aux bris mécaniques et aux accidents et leur conduite présente un risque supplémentaire pour les néophytes qui le considèrent comme un avantage : leur manœuvrabilité. En effet, le mouvement du guidon change la direction d'éjection de l'hydrojet. Plus le régime du moteur est élevé, plus le changement de direction est vif et efficace. Si le moteur s'arrête subitement, il y a perte complète de maîtrise de la direction. En cas d'évitement d'urgence, le conducteur doit donc accélérer pour avoir une meilleure manœuvrabilité, ce qui n'est pas intuitif chez les pilotes inexpérimentés et peut causer des accidents[23],[28]. Comme mentionné antérieurement, certains modèles sont aujourd'hui équipés d'ailettes de gouvernail pour remédier à ce problème.

Leur mode de propulsion représente aussi un risque particulier bien que très rare : un passager qui tombe à l'arrière d'une motomarine est soumis au jet puissant venant de la turbine. S'il n'est pas équipé d'un vêtement protecteur , comme une combinaison en néoprène, l'eau peut s'infiltrer dans son organisme et causer des dommages importants allant jusqu'à la mort[28],[29]. Par exemple, un passager de seize ans est mort à la suite d'une chute derrière une motomarine en Illinois. L'autopsie a révélé que la cause principale du décès est un syndrome du choc toxique causé par une infection bactérienne à la suite du déchirement de l'anus par le jet[30]. Dans un autre cas en 2006, un jury du Comté de Napa, en Californie, a condamné Polaris Industries à verser 3,7 millions de dollars en dommages et intérêts à une victime qui a survécu à un tel accident mais souffre de handicaps importants comme l'incontinence fécale[31].

Si le jet d'eau lors d’accélérations peut donc présenter un danger pour les personnes mal équipées, l'hélice protégée permet cependant d'éviter des accidents de découpe. En effet, les motomarines possèdent des hélices carénées protégées par une grille. Par ailleurs, la turbine d'un jetski est à l'intérieur de la coque et n'est immergée que de quelques centimètre, contrairement à un bateau dont l'hélice qui l'est assez profondément, pouvant menacer à la fois les baigneurs, la faune sous-marine ou des équipements (parcs ostréicoles, filets dérivants, etc).

Dans une eau polluée (fréquente dans les ports, les estuaires, les canaux ou à proximité d'émissaires immergés ou d'autres exutoires d'eaux usées ou de stations d'épuration ou de ruissellement), l'exposition aux embruns et gouttelettes générés par les vagues, ou le moteur et le véhicule lui-même, ou l'ingestion involontaire d'eau en cas de chute, le risque d'infection (otites, infections pulmonaires, diarrhées et autres maladies gastro-intestinales ou MGI) augmente significativement[32].

Fédérations

Notes et références

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  2. (en) « History of Kawasaki (1950-1989) », Kawasaki Heavy Industries, Ltd., (consulté le )
  3. « Véhicules nautiques à moteur », Division 240, (consulté le ).
  4. « Motomarine », Grand dictionnaire terminologique, Office québécois de la langue française, (consulté le ).
  5. (en) Wrenchbender, « The Personal Watercraft Phenomenon », motorcycleproject.com, (consulté le ).
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  7. (en) Johnny Action, Tania Adams et Matt Packer, Origin of Everyday Things, Sterling Publishing, , 124 p. (ISBN 1402743025).
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  12. (en) « History of the WaveRunner (PWC, MarineJet) », Yamaham Motor (consulté le ).
  13. (fr) Bruno Gillet de la revue Hydrojet HS, « Le Jet : une histoire d'ingeniosité », Jet-Net.org, (consulté le ).
  14. (en) « EPA Finalizes Emission Standards for New Nonroad Spark-Ignition Engines, Equipment, and Vessels », Environmental Protection Agency, (consulté le ) [PDF].
  15. (en) Air Resources Board, « Facts about California's new marine engine standards », California Environmental Protection Agency, (consulté le ) [PDF].
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  21. Prescriptions régissant l’immatriculation des bateaux de sport, communiqué de presse, Berne, 14 octobre 2015, DETEC.
  22. Pierre-Marc Durivage, « Le retour de la motomarine », La Presse, (consulté le ).
  23. Louis-Gilles Francoeur, « La motomarine en procès », Le Devoir, , B7 (lire en ligne [PDF]).
  24. Fascicule 9 : Témoignages, www.lacdessablesapels.com, coll. « Délibérations du Comité sénatorial permanent des Transports et des communications », (lire en ligne [PDF]).
  25. P. Triplet et L. Dupuis, « Exemple de la mise en place de la réglementation en Baie de Somme », L'atelier technique des espaces naturels, Ministère de la Santé, de la Jeunesse, des Sports et de la Vie associative (France), (lire en ligne, consulté le ).
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  27. (en) « Evolution of PWC and PWC Technology » (version du 12 mars 2013 sur l'Internet Archive), sur Personnal Watercraft Industry Association.
  28. (en) Roy Scott Hickman et Michael M. Sampsel, Boat Accident Reconstruction and Litigation, Tucson, Lawyers & Judges Publishing Company, , 560 p. (ISBN 0-913875-79-1 et 978-0913875797), « Chapitre 4 : Personal Watercraft »
    Accidents reliés aux motomarines en pages 77-78.
  29. (en) Jim Stingl, « Have fun on your watercraft, butt beware », Milwaukee Journal Sentinel, , p. 1 (résumé) (voir archive).
  30. (en) Bernard Descottes, Fouzi Lachachi, Issifou Moumouni, Sylvaine Durand-Fontanier et Ramy Geballa, « Case Report: Rectal Injury Caused by Personal Watercraft Accident », Diseases of the Colon and Rectum, Springer (New York), vol. 46, no 7, , p. 971-972 (ISSN 1530-0358 et 0012-3706, DOI 10.1007/s10350-004-6695-x, résumé).
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  33. (en) « International Jet Sports Boating Association ».
  34. (en) « Union internationale motonautique ».
  35. « Fédération française motonautique ».

Annexes

Articles connexes

Liens externes

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