Claude Pompidou

Claude Pompidou, née Claude Cahour le à Château-Gontier (Mayenne) et morte le à Paris (4e arrondissement), est l'épouse de Georges Pompidou, dix-neuvième président de la République française de 1969 à 1974.

Pour les articles homonymes, voir Cahour et Pompidou.

Claude Pompidou

Claude Pompidou en 1969.
Épouse du président de la République française
  
(4 ans, 9 mois et 13 jours)
Président Georges Pompidou
Prédécesseur Yvonne de Gaulle
Successeur Anne-Aymone Giscard d'Estaing
Biographie
Nom de naissance Claude Jacqueline Cahour
Date de naissance
Lieu de naissance Château-Gontier (France)
Date de décès
Lieu de décès Paris (France)
Conjoint Georges Pompidou
Enfants Alain Pompidou (adoptif)
Université Faculté de droit de Paris

Grande amatrice d'art contemporain, elle fait entrer notamment le design et des collections modernes au palais de l'Élysée durant le mandat présidentiel de son mari, tout en créant une fondation dédiée aux personnes âgées et handicapées.

Biographie

Enfance, études et mariage

Claude Cahour est la petite-fille d'Abel Cahour, avocat, qui exerce la charge de maire de Château-Gontier de 1914 à 1919[1]. Son père, Pierre Cahour (1885-1962)[2], est médecin-chef de l'hôpital et hospice Saint-Joseph de Château-Gontier de 1938 à 1950. Sa mère, Germaine Mélanie Houssaye, d'origine normande, est la sœur d'Alfred Houssaye, directeur de la Transatlantique. Elle meurt le lors de l'épidémie de grippe de 1918. Claude Cahour a une sœur, Jacqueline (Jackie), et pratique le piano et l'équitation.

Elle fait ses études secondaires à l'Institut Jeanne-d'Arc, puis au collège universitaire de Château-Gontier de 1928 à 1931. Elle commence des études de droit[3] à la faculté de Paris, ville dans laquelle elle rencontre son futur époux, Georges Pompidou (dans un cinéma du Quartier latin[4]), qui est alors tout juste en train de terminer son service militaire. Ils se fiancent à Clermont-Ferrand et se marient le dans la chapelle de l'hospice Saint-Joseph. Sans enfant, ils adoptent un garçon, Alain, né en 1942.

Le couple reste trois ans à Marseille, où Georges Pompidou est nommé professeur. Ils y passent en parallèle leur lune de miel ; c'est une des périodes les plus heureuses de la vie de Claude Pompidou qui se plaît particulièrement dans le Sud de la France[5].

Épouse du Premier ministre

En 1962, alors que son époux Georges vient d'être nommé Premier ministre, elle refuse d'emménager à l'hôtel Matignon, la résidence officielle, trop triste de quitter la vie libre qu'elle menait avec son mari dans leur appartement de cinq pièces, au numéro 24 quai de Béthune, sur l'île Saint-Louis.

Le couple passe souvent ses vacances dans leur domaine de Cajarc, près de Cahors (Lot). Ils y pratiquent notamment l'équitation, sur les deux chevaux que leur a offerts le roi du Maroc Hassan II[5].

À propos de mai 1968, Claude Pompidou déclare : « Moi, j'ai trouvé cela très dur. Pour mon mari d'abord, je voyais que c'était très fatigant. Cela a duré au moins un mois. D'abord, nous n'étions pas en France, nous étions en voyage officiel en Iran et en Afghanistan, donc il a fallu revenir rapidement pour trouver une situation difficile. Ce que je trouvais très dur, c'est que cela traîne si longtemps »[6].

L'affaire Marković

Quelques mois avant la campagne pour le référendum du 27 avril 1969, un scandale éclabousse Claude Pompidou, alors que son mari est potentiellement candidat à la succession du général de Gaulle, à l'expiration du mandat de celui-ci, fin 1972.

Il s'agit à l'origine d'un fait divers : Stefan (ou Stevan) Marković (1937-1968), ancien homme à tout faire de l'acteur Alain Delon, est retrouvé assassiné. Stefan Marković est alors connu des services de police pour diverses infractions. Le scandale naît de rumeurs selon lesquelles Marković aurait fait chanter diverses personnalités à l'aide de photos prises lors de soirées libertines. Des montages photographiques mettant en scène Claude Pompidou circulent sous le manteau. En réalité, il s'agissait alors d'une manœuvre visant à déstabiliser Georges Pompidou, qui s'est placé « en réserve de la République » depuis son départ de l'hôtel Matignon, à l'été 1968.

La campagne référendaire puis, après l'échec du référendum et la démission surprise du général de Gaulle, la campagne présidentielle inopinée, font passer au second plan l'affaire Marković et les manœuvres auxquelles elle a donné lieu.

Épouse du président de la République

Georges et Claude Pompidou en 1965.

Georges Pompidou devient président de la République le . Lors de l'investiture de son époux, Claude est habillée en Chanel[5] mais évite de se montrer. Elle introduit au palais de l'Élysée un style plus moderne, moins rigide, qui contraste avec l'attitude effacée d’Yvonne de Gaulle. De l'art abstrait et des meubles design font ainsi leur entrée au palais. Elle inspire personnellement la re-décoration des lieux : « Je m'en suis entièrement occupée. Refaire les salons anciens est ce qui m'a donné le plus de mal. J'ai voulu refaire le décor, reconstituer les ensembles, retrouver les meubles dispersés, refaire les soieries d'origine à Lyon, réussir les éclairages. J'adore la décoration. C'est une manie chez moi : il faut que je sois chez moi, j'ai vraiment besoin de vivre dans un décor créé par moi »[5]. Elle installe en 1970 des nouvelles pièces dans un style très contemporain : au rez-de-chaussée naissent ainsi une antichambre dessinée par Yaacov Agam, une salle à manger et un fumoir conçus par Pierre Paulin. Elle ne s'intéresse pas aux jardins, l'horticulture étant plutôt le domaine de son époux. Elle re-décore également, dans un style plus simple, le fort de Brégançon ainsi que l'hôtel de Marigny, nouvelle propriété de la présidence.

Elle rompt avec le protocole et la tradition, durant les voyages officiels. Parée de vêtements griffés Dior, Cardin ou Yves Saint Laurent, elle est ambassadrice de la haute couture française, incitant son mari à s'habiller en costumes Cardin[7] mais en même temps s'attire les foudres de certains médias : son goût pour le luxe l'amène à être comparée par la presse à Marie-Antoinette, Le Canard enchaîné n'hésitant pas à la surnommer « Reine Claude » ou « Madame de Pompidour »[8]. Il convient pourtant de noter que la majorité des tenues qu'elle porte sont prêtées par les maisons de couture et leur sont rendues ensuite ; elle est notamment très amie avec Coco Chanel[5]. Lors du voyage officiel du couple présidentiel aux États-Unis, en mars 1970, elle emporte trente-deux tenues de grands couturiers et huit chapeaux ce qui vaut à la « Première dame de France » une double page dans le prestigieux Washington Post. Lors de leur passage à l'hôtel Palmer House de Chicago, un groupe issu de la communauté juive américaine prend à partie les époux Pompidou, qui reçoivent des injures et des crachats pour la politique jugée pro-arabe que mène le chef de l'État français au Proche-Orient. Effrayée, la « Première dame » exige de rentrer en France. Le président des États-Unis Richard Nixon choisit tout de suite de quitter Washington et convie le couple français à un dîner informel dans un salon de l'hôtel Waldorf Astoria de New York[5].

Amie de Colette Senghor et de la princesse Grace de Monaco, Claude Pompidou confie que son mari appréciait beaucoup Willy Brandt, le roi Hussein de Jordanie, Edward Heath et Richard Nixon[5]. Détestant l'Élysée, dont elle a pourtant pensé la nouvelle décoration d'intérieur, elle aurait aimé profiter des derniers mois de la vie de son mari, atteint de la maladie de Waldenström. Elle déclare déjà, en 1970, lorsque l'on lui demande ce qui lui manque le plus depuis qu'elle est « Première dame » : « Être libre, pouvoir me promener dans les rues lorsque j'en ai envie. Faire des courses comme autrefois, entrer au hasard dans un cinéma »[5]. Considérant le palais comme « la maison du malheur », elle n'y remettra plus jamais les pieds après le décès de son époux, le . Elle déclare plus tard : « Ma vie a été un tel naufrage après la mort de mon mari. Toute ma vie était totalement liée a lui »[5]. On lui remet une clef du cimetière d'Orvilliers, dans lequel ce dernier est enterré.

Amatrice d'art contemporain

Intéressée très jeune par l'art contemporain, Claude Pompidou aime collectionner avec son mari les œuvres des artistes de son époque. Elle est particulièrement passionnée par Yves Klein. Elle déclare, dans une interview publiée par le Centre d'art de Cajarc (Lot) : « Lorsque j'ai rencontré Georges Pompidou, il se passionnait déjà pour l'art contemporain. Ainsi, alors qu'il préparait encore l'École normale supérieure, acheta-t-il, à 18 ans La Femme 100 têtes de Max Ernst, qui venait d'être publié ».

Claude Pompidou était présidente d'honneur de ce Centre d'art contemporain. Le couple présidentiel possédait dans ce chef-lieu de canton une propriété non loin de celle de Françoise Sagan. Les Pompidou y vivaient simplement et y recevaient leurs amis : Françoise Sagan, Pierre Soulages, Christian Bourgois ou encore Bernard et Annabelle Buffet. Une exposition, Autour d'une collection, a été organisée en 1994 dans ce centre d'art (dont le président était alors Gilbert Paris, et le directeur Jean-Paul Coussy). Y figuraient notamment des œuvres de Pierre Soulages, Agam, Atlan, Alechinsky, Arman, Valerio Adami, Roger Bissière, Albert Bitran, Gaston Chaissac, Olivier Debré, César, Jean Dubuffet, Max Ernst, Alberto Giacometti, Vassily Kandinsky, Paul Klee, František Kupka, Jean Hélion, Fernand Léger, Masson, Georges Mathieu, Hans Hartung, Henri Michaux, Pablo Picasso, Jean Tinguely, Günther Uecker, Martial Raysse, Ossip Zadkine, Sonia Delaunay et Zao Wou-Ki.

Œuvres de bienfaisance

Claude Pompidou crée et préside pendant plus de trente ans une fondation reconnue d'utilité publique qui porte son nom : la fondation Claude-Pompidou, qui vise à venir en aide aux personnes âgées, aux malades hospitalisés ainsi qu'aux enfants handicapés[9].

À sa mort, Bernadette Chirac lui succède à la présidence de la fondation.

En partenariat avec le CHU de Nice, la fondation Claude-Pompidou ouvre en 2014 l'Institut Claude-Pompidou. Consacré à la maladie d'Alzheimer, il permet d'offrir sur un même site, en plein cœur de la ville, l'information du public, le dépistage de la maladie, le développement de la recherche clinique et fondamentale ainsi que le soin et la prise en charge des malades grâce à 72 lits d'hébergement et 19 places d'accueil de jour. Il est inauguré le en présence de Bernadette Chirac, présidente de la fondation Claude-Pompidou et de Nicolas Sarkozy, ancien président de la République[10].

Obsèques

La tombe de Georges et Claude Pompidou, à Orvilliers.

Claude Pompidou meurt à son domicile parisien à l'hôtel d'Hasselin au 24 quai de Béthune le . Ses obsèques sont célébrées le 6 en l’église Saint-Louis-en-l’Île à Paris, en présence de nombreuses personnalités dont le président de la République Nicolas Sarkozy, le Premier ministre François Fillon, le président de l’Assemblée nationale Bernard Accoyer, les ministres Michèle Alliot-Marie, Christine Albanel, Christian Estrosi et Christine Boutin, les journalistes Claire Chazal et Christine Ockrent. Sont également présents : l’ancien président de la République, Jacques Chirac et son épouse Bernadette Chirac, les anciens Premiers ministres Édouard Balladur et Pierre Messmer et les anciens ministres Jacques Toubon, Simone Veil, Jean-Jacques Aillagon et Françoise de Panafieu, l’ancien maire de Paris Jean Tiberi, ainsi que l’ancienne impératrice Farah d'Iran, la princesse Caroline de Monaco et son époux, le prince Ernest-Auguste de Hanovre et la femme d’affaires Liliane Bettencourt[11].

Elle a été inhumée aux côtés de son époux au cimetière d'Orvilliers, dans les Yvelines. Nicolas Sarkozy lui rend alors hommage en parlant d'une « très grande dame »[12].

Ouvrage

  • L'Élan du cœur : propos et souvenirs, Plon, 1997.

Filmographie

L'actrice Evelyne Buyle a incarné à deux reprises Claude Pompidou en 2011 dans Mort d'un président et en 2013 dans La Rupture.

Delphine Rich l'interpréta pour sa part en 2009 dans Adieu de Gaulle, adieu.

Notes et références

  1. Conseiller municipal en 1884, il assure la charge, étant non-élu, pendant la Première Guerre mondiale à la mort de Jean-Sylvain Fouassier.
  2. Né le 25 janvier 1885 à Château-Gontier, et décédé le 5 juillet 1962 dans le XVIe arrondissement de Paris, ancien interne des hôpitaux de Rennes, il est docteur en médecine. Libre-penseur, il est médecin de la gendarmerie de 1919 à 1924, puis de la SNCF, à partir de 1924. Il a assuré le service hospitalier jour et nuit pendant l'épidémie de grippe de 1918, puis a prêté secours en 1940 à un convoi de malades entre Chemazé et Château-Gontier. Il est chevalier de l'ordre de la Santé publique en 1946, et chevalier de la Légion d'honneur en 1951. Son frère Bernard Joseph Cahour était bibliothécaire à Laval.
  3. Sur les traces de son grand-père.
  4. Alain Pompidou, « Pompidou Story, quand Claude rencontre Georges : l'histoire passionnante de l'un des amours les plus forts de la Ve République », atlantico.fr, 22 octobre 2016.
  5. Bertrand Meyer-Stabley, Les Dames de l'Élysée. Celles d'hier et de demain, Librairie académique Perrin, Paris.
  6. Émission L'Heure de vérité,
  7. Bertrand Meyer-Stabley, 12 couturiers qui ont changé l'Histoire, Pygmalion, , p. 177.
  8. Virginie Rivière, « Claude Pompidou, prisonnière de l'Elysée », sur linternaute.com, (consulté le ).
  9. Fondation Claude-Pompidou
  10. Alzheimer: un institut du futur ouvre à Nice
  11. http://features.rr.com/photo/03d9c141HI4P4?q=Paris
  12. « Claude POMPIDOU : Biographie, Tombe, Citations, Forum... - JeSuisMort.com », sur JeSuisMort.com (consulté le ).

Voir aussi

Bibliographie

  • Autour d’une collection, le Président et Madame Georges Pompidou, interview de Claude Pompidou par Luc Vezin. Textes de Claire Stoullig, Jean-Louis Prat, Jacques Rigaud. 1994, Arts et dialogues européens, Maison des arts Georges-Pompidou, BP 24, 46160 Cajarc.
  • Aude Terray, Claude Pompidou, l’incomprise, Éditions du Toucan, 2010
  • Henry Gidel, Les Pompidou, Flammarion, 2014.
  • Alain Pompidou, Claude : c'était ma mère, Flammarion, 2016.

Articles connexes

Liens externes

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