Affaire Olivier Grenouilleau

L'affaire Olivier Grenouilleau est une affaire médiatique française où un collectif de Français ultramarins, fondé en 2003 pour faire baisser le prix des liaisons entre leurs îles et la Métropole, en vient à porter plainte en contre les historiens Max Gallo et Olivier Grenouilleau, les accusant de violer la Loi Taubira, classant les traites négrières dans les crimes contre l'humanité. Le second est particulièrement visé, pour des propos sur les « descendants d'esclaves », jugés provocateurs, dans Le Journal du dimanche. Dans les mois qui suivent émergent des critiques de dirigeants politiques s'inquiétant d'un discours de repentance coloniale.

Les plaignants, menés par le chef d'entreprise Patrick Karam, l'écrivain Claude Ribbe et l'avocat Gilbert Collard, reprochent à Grenouilleau d'avoir attribué à la Loi Taubira l'antisémitisme véhiculé depuis plusieurs mois par l'humoriste Dieudonné, cette loi ayant été votée à l'unanimité par le Parlement en 2001. Seul Patrick Karam a demandé aussi des sanctions académiques. La plainte, elle, sera retirée en , après avoir été fustigée par la pétition « Liberté pour l'histoire », qui demande l'abolition des lois mémorielles, suscitant une autre pétition, menée par l'avocat Serge Klarsfeld, s'inquiétant pour la loi du pénalisant le négationnisme[1].

L'affaire démarre huit mois après le livre de synthèse bibliographique d'Olivier Grenouilleau, comparant et hiérarchisant, par des chiffres ensuite contestés dans leur présentation, les différentes traites négrières. Le débat se durcit, sur fond de procès contre Dieudonné, d'émeutes dans les banlieues françaises et d'une nouvelle loi mémorielle exigeant d'enseigner à l'école également les « aspects positifs de la colonisation », loi contestée par un Comité de vigilance face aux usages publics de l'histoire et deux pétitions, dont une des élus de l'outre-mer. Dans un climat d'effervescence locale, le ministre de l'Intérieur Nicolas Sarkozy annule son voyage en Martinique, où l'écrivain Aimé Césaire ne veut plus le rencontrer. Finalement, l'article de loi réclamant d'enseigner les aspects positifs de la colonisation est retiré, mais sans parvenir à apaiser le climat mémoriel, qui s'enflamme à nouveau en 2008 lors de la plus longue grève de l'histoire des Antilles françaises.

Déroulement

Les plaintes contre Max Gallo et la marque Banania

Le , Max Gallo est l'invité de Catherine Matausch dans le 12/14 de France 3 à l’occasion du bicentenaire du sacre de Napoléon dont il a publié une biographie en quatre volumes, qui n'accorde que quelques lignes allusives à l'expédition de Saint-Domingue[2] qui, après un désastre militaire[2], a finalement échoué à rétablir l'esclavage dans cette île. La journaliste lui demande : « Quand on parle de Napoléon on n’évoque jamais cette décision de rétablir l’esclavage, pourquoi ? ». Il répond: « Cette tache, car c’est une tache réelle, est-ce que c’est un crime contre l’humanité, peut-être, je ne sais pas. Je crois qu’il a incarné en tout cas les valeurs révolutionnaires en dépit de tout ça. »[3]. Max Gallo avait déjà déclaré deux ans plus tôt[4]« Oui, Napoléon a rétabli l’esclavage aboli par la convention en 1794... mais pour le sens de l’histoire cela n’était pas important ».

Cette nouvelle déclaration met en colère le Collectif.dom (collectif des Antillais, Guyanais, Réunionnais et Mahorais), association apolitique et non subventionnée[5], fondée en avril 2003 par le chef d'entreprise Patrick Karam, pour lutter contre les hausses des prix des billets d'avion entre Antilles et Métropole[6], qui jouera un rôle moteur et central dans l'affaire Grenouilleau. Le collectif demande aux réseaux de submerger la rédaction de France 3 de courriers, mails et appels téléphoniques[5], ce qui est signalé un peu plus tard dans une autre émission de la chaîne[5]. Dans la foulée, il organise le 11 décembre une manifestation de plusieurs milliers de personnes à Paris[5] qui proteste aussi contre les discriminations visant les Français originaires des DOM-TOM[5].

Dans la foulée, une autre association membre du Comité pour la mémoire de l'esclavage, le CM98, qui avait organisé la marche silencieuse du en sa mémoire, porte plainte contre Max Gallo pour négation de crime contre l'humanité, sans faire non plus allusion, directe ou indirecte , au livre d'Olivier Grenouilleau, publié pourtant quelques semaines plus tôt. La plainte sera déclarée irrecevable le par le tribunal de grande instance de Paris puis par la cour d'appel, rappelant que « la loi Taubira n’a pas créé d’incrimination spécifique destinée à protéger juridiquement » la reconnaissance de crime contre l'humanité[7]. Plusieurs historiens reconnaissent que Max Gallo a effectivement minimisé le rétablissement de l’esclavage, « aveuglé par la lumière dégagée par son héros Napoléon »[8], et lui-même va plus tard s'insurger à son tour contre Le Crime de Napoléon, livre littéraire et historique publié le 1er décembre 2005 aux éditions Privé[9] par Claude Ribbe, responsable de la Commission culture du Collectif.dom[10].

Dans d'autres médias, le ton est alors à la critique de l'anticolonialisme, sur fond de préparation de la loi mémorielle de février 2005 sur la colonisation. Le magazine Marianne publie le 25 décembre 2004 un numéro spécial sur «la chute de l’empire français», violemment critiqué par l'AFASPA, association fondée par des scientifiques anticolonialistes, qui jugent que ce dossier a été abandonné à des historiens adeptes du “négationnisme colonial”, Jacques Marseille et Jean Fremigacci, connus pour contester l'ampleur de la répression française contre l'Insurrection malgache de 1947[2]. Fin 2004 aussi, Science et Vie publie un hors-série sur « l’Algérie 1954-62, la dernière guerre des Français » avec un « discours introductif qui ressemble à ceux de l’OAS de 1960 », selon l'historien Francis Arzalier[2].

En attendant que la Justice tranche, Max Gallo accepte de s'excuser six semaines plus tard[11] et le Collectif.dom attaque en justice peu après l'entreprise Nutrimaine, propriétaire du slogan "Y'a bon Banania", présent sur la célèbre poudre chocolatée, avec un tirailleur sénégalais arborant une chéchia rouge, en jugeant cette formule « contraire à l'ordre public en raison de son caractère raciste et de nature à porter atteinte à la dignité humaine » car elle véhicule l'image d'un Noir s'exprimant dans un langage primaire. Le slogan figurait encore, selon Patrick Karam, sur des produits dérivés[12]. Le Collectif.dom porte plainte en mai et la société Nutrimaine accepte rapidement un protocole promettant de cesser d'utiliser directement ou indirectement, la formule "Y'a bon Banania" au plus tard le 6 septembre 2006[13].

La pétition contre la loi du 23 février 2005 sur la colonisation

L'affaire Pétré-Grenouilleau éclate quelques semaines après une pétition lancée par des historiens contre l'article 4 de la loi du 23 février 2005, exigeant une place dans les programmes scolaires pour « le rôle positif de la colonisation ». Cette loi voulait contre-balancer l'article 2 de la Loi Taubira de 2001, qui demandait aux écoles de faire de même pour les traites négrières et l'histoire de l'esclavage. Une partie des 1 038 professeurs et doctorants de toutes spécialités[14] signataires de cette pétition « Colonisation, non à l'enseignement d'une histoire officielle », publiée le 25 mars 2005, dans Le Monde[15] fondent le Comité de vigilance face aux usages publics de l'histoire. Une tribune dans L'Humanité du de Claude Liauzu et le juriste Thierry Le Bars, deux signataires, est aussi contestée, car oubliant de préciser que les aspects "négatifs" de la colonisation devront toujours être enseignés, la loi de 2005 n'abrogeant pas la loi Taubira de 2001[16].

Après son adoption, le débat se poursuit toute l'année sur la nécessité d'abroger l'article 4. Son "effet pendulaire", parce qu'il semble contester la Loi Taubira[17], est redoublé par « l'affaire Pétré-Grenouilleau »[17], qui se déroule au même moment. Le socialiste Serge Letchimy, successeur d'Aimé Césaire à la mairie de Fort-de-France, devient porte-parole d'un "Collectif contre la loi de la honte"[18], fondé par la gauche martiniquaise, qui organise le 6 décembre une démonstration de force dans les rues de Fort-de-France[17],[19]. À La Réunion, la députée Huguette Bello lance le 8 décembre une pétition pour abroger cet article 4 et revendique plus de 3000 signataires[18],[20]. Le ministre de l'Intérieur Nicolas Sarkozy, numéro deux du gouvernement, renonce alors à une visite en Martinique[18], sa rencontre avec Aimé Césaire[19], étant annulée par ce dernier pour protester contre le maintien de l'article 4[19],[18], dont Sarkozy est jugé responsable[19],[18] et pour exiger son abrogation, la classe politique antillaise se tourne vers Chirac[18].

Les Antillais reprochent aussi au gouvernement de reporter depuis 2001 le choix d'un jour pour commémorer chaque année l'abolition de l'esclavage, prévu dans la Loi Taubira[18], l'hésitation entre quatre dates possibles[21],[22], ne faisant qu'exposer les divisions nées du décret de 1983 instituant une journée chômée dont la date est variable selon les départements et territoires d’Outre-mer[22]. La loi de 2005 a créé un Comité pour la Mémoire de l’esclavage, dont le premier rapport, publié lui aussi en retard, le 12 avril 2005[22], constate un retard français dans l’enseignement, la recherche et la culture sur les traites négrières et l’esclavage[23]. Aux Antilles, l'impatience se conjugue avec un sentiment de stigmatisation des Français noirs lors des «affaires» Dieudonné, les émeutes des banlieues, les propos sur la «racaille» de Nicolas Sarkozy, et les polémiques médiatiques sur l'histoire de l'esclavage, selon un reportage dans Libération[18].

Sensationnalisme et dissociation

Le livre d'Olivier Grenouilleau Les Traites négrières déclenche peu de réactions à sa sortie puis un compte-rendu favorable de Claude Fohlen en février 2005 [24]. Ce sont, un peu plus tard, des articles de presse présentant avec sensationnalisme son approche consistant à dissocier les différentes traites, pour les hiérarchiser, qui vont susciter peu à peu des critiques. La méthode utilisée pour cette hiérarchisation consiste à comparer des chiffres agrégés mais portant sur des périodes de longueur très différentes. Il retient pour la traite atlantique les chiffres les plus prudents et pour les traites orientales et interafricaines la fourchette haute d'estimations et de projections mathématiques contestées, faute de sources écrites étayées par des décomptes détaillés. Certaines estimations ajoutent les passagers clandestins dissimulés. Le livre affirme, sans l'étayer[réf. nécessaire], que l'entassement des captifs sur les navires négriers ont été exagérés par les abolitionnistes. Découvrant les plans de construction de navires négriers en 1788, ces derniers en ont fait un levier de contestation de la traite[25] qui n'a pas été démenti et a surtout amené les négriers à effacer les traces écrites de cet entassement.

Le capitaine Ambroise Louis Garneray, cité par Roland Mousnier, avait par exemple reconnu que sur une cargaison de 250 esclaves, 150 sont clandestins[26][réf. nécessaire]. La thèse publiée par Grenouilleau en 1994 porte sur une période (1750 à 1914) postérieure à celle où Nantes était hégémonique dans la traite française[27][réf. nécessaire]. À partir des années 1760, ce port subit aussi la rivalité des négriers anglais[28] tandis les révoltes d'esclaves à bord ou les naufrages[28] obligent à les prévenir et à éviter la mauvaise publicité que les abolitionnistes pourraient exploiter [28].

Un article du Monde favorable à Grenouilleau n'en rappellera pas moins que les traites orientales et interafricaines restent mal connues, tributaires de représentations parcellaires, notamment pour les « traites intérieures », sur lesquelles les informations sont très lacunaires [29]. Grenouilleau reconnaitra lui-même que les « données statistiques disponibles se fondent davantage sur une critique de sources de seconde main que sur des archives »[30].

Patrick Manning (en), une des principales sources de Grenouilleau, lui reprochera aussi d'avoir utilisé à contre-sens ses chiffres, pour opérer une dissociation entre traite inter-africaine et traite atlantique. Les travaux des démographes et historiens de l'Afrique avaient depuis les années 1980 montré que trois traites se sont complétées et recoupées, convergeant dans une croissance commune entre le XVIe siècle et le XVIIIe siècle, provoquant un choc démographique africain après avoir bénéficié du morcellement, de la militarisation et de l'appauvrissement des royaumes du continent, dans ce que la géographe et historienne Marie-Louise Maes a appelé « une Guerre de Cent Ans qui a duré trois siècles, avec les armes de la Guerre de Trente Ans »[31], qui a provoqué selon elle une chute démographique[31] du même impact que ce qu'avait connu la France pendant la Guerre de Cent Ans[26], la ponction directe des traites orientales et atlantique ne constituant qu'une partie des dégâts qu'elles ont causés en fragmentant et dotant d'armes à feu[31] les royaumes africains et en causant ainsi une croissance exponentielle de la traite inter-africaine. Ce morcellement s'est produit à partir de 1580, quand les Portugais lancent des expéditions dans l'intérieur des terres où ils font eux-mêmes des milliers de prisonniers.

L'Américain W.E.B. Dubois avait très tôt attiré l'attention des historiens sur les victimes collatérales du commerce négrier, « ceux qui sont morts plutôt que de se laisser capturer, ceux qui n’ont pas survécu aux conditions de détention et de transport, les enfants qui sont morts parce que leurs parents ont été capturés ». Ces mortalités interdépendantes ont contribué à la faible densité moyenne de l’Afrique subsaharienne, qui était encore au milieu du XXe siècle quinze fois moindre que celle de l’Europe ou de l’Inde[32]. Inversement, dans l'article de Claude Fohlen saluant le livre de Grenouilleau, il estime qu'il « s’agit d’une coutume séculaire sur ce continent, liée à la nature de sa culture aussi bien qu’à la persistance des guerres tribales » [24] même s'il admet qu'on est « souvent réduit à des approximations » pour estimer son volume[24].

La dissociation de ces traites, pourtant toutes imbriquées à leurs époques cruciale, critiquées par Patrick Manning, se fait en écrivant par exemple « les traites internes, destinées à satisfaire les besoins en main-d’œuvre de l'Afrique noire précoloniale »[30], alors qu'un consensus reconnaît qu'elles ont principalement alimenté les traites externes, en particulier au moment où la traite atlantique fut dopée par les booms du sucre, du café et du coton

La hiérarchisation des traites par Grenouilleau va de pair avec l'affirmation que l'orientale serait restée occultée voire « taboue », ce qu'il étaie par l'analyse des manuels scolaires du monde entier de Marc Ferro en 1981, écrivant à propos d'un livre de quatrième utilisé en Afrique francophone que « La main a tremblé, une fois de plus, dès qu'il s'agit d'évoquer les crimes commis par les Arabes [...] alors que l'inventaire des crimes commis par les Européens occupe, pour sa part, et à juste titre, des pages entières... »[30]. Cependant dès 1978 un colloque de l'UNESCO, où les pays africains sont bien représentés de 1978 en Haïti, avait estimé le nombre des victimes de la traite orientale à 10 millions de victimes[26][réf. nécessaire].

Les articles dans la presse en mars et mai 2005

Quatre mois après la sortie de son livre, Olivier Petre-Grenouilleau écrit dans Le Monde du 5 mars un article dénonçant les « élucubrations d'un Dieudonné, relatives aux rapports entre traite des Noirs et Shoah ». L'humoriste, qui affirmait avoir été victime, le 1er mars [33], d'une agression par trois « extrémistes sionistes », lui ayant fêlé une côte sur un parking d'Antilles-Télévision en Martinique, avait considéré comme un symbole qu'elle ait eu lieu sur une île qui a connu l'esclavage[34],[35]. Dans le même numéro du Monde du 5 mars 2005, l'historien Gilles Manceron[36] rappelle les quatre déclarations en un an de l'humoriste accusant à tort les Juifs d'être responsables des traites négrières[37], en démontrant qu'elles n'ont aucun fondement, tout en déconseillant les appels aux tribunaux, les interdictions et agressions visant ses spectacles, pour ne pas lui permettre « d'apparaître comme une victime » et parce qu'il revient d'abord aux historiens « de dire que ses délires sont des élucubrations dangereuses »[38].

Ces élucubrations sont infondées « car les juifs ne sont nullement "responsables" des traites négrières » rappelle brièvement le texte de Grenouilleau, en enchaînant sans transition sur une dénonciation, plus générale, des « errements d'une certaine gauche tiers-mondiste », citant le journaliste et historien communiste Yves Benot, spécialiste de la colonisation en Algérie, décédé quelques semaines plus tôt, puis reprochant un peu plus loin aux pays africains une « approche moralisante » de la traite négrière, en estimant qu'au « poncif raciste blanc - l'Occident civilisé face aux sauvages noirs - a succédé l'image tout aussi déformée de bourreaux uniquement blancs face à des Noirs uniquement victimes »[39]. Le numéro suivant du Monde est consacré à un dossier sur le sujet, où Olivier Grenouilleau s'exprime à nouveau. Le journal reprend à son compte sa comparaison entre traites négrières, sans préciser la période et la source, mais en évitant les estimations modélisées sur la traite interne à l'Afrique.

Le même jour, le philosophe Alain Finkielkraut ironise sur l'assistanat dont vivrait le public antillais de Dieudonné, dans son émission hebdomadaire sur RCJ, radio proche des institutions communautaires juives, suscitant une « bordée de mails, coups de téléphone et courriers d'auditeurs indignés » et la colère du professeur guadeloupéen Jacky Dahomay, membre du Haut Conseil à l'intégration. À la demande de RCJ, Alain Finkielkraut accepte de modérer ses propos dans l'émission suivante. Le Monde reçoit aussi de nombreux courriers de lecteurs indignés et en publie[40].

Le 28 mars, c'est Dieudonné, qui sur l'antenne de Beur FM[41],[42] lance une rumeur, historiquement fausse[43],[44] prétendant que le Code noir ait interdit l'esclavage aux juifs, car « ils en avaient le monopole (...) pour y introduire une dimension chrétienne » afin de protéger les esclaves de leurs supposés excès[45].

En mai 2005, Olivier Grenouilleau évoque à nouveau le cas d'Yves Benot, cette fois dans une revue spécialisée, par un compte-rendu élogieux d'un de ses livres[46], publié deux ans plus tôt[46]. Grenouilleau y commente les motivations de l'expédition de Saint-Domingue opérée par Bonaparte en 1801-1803 pour y rétablir l'esclavage[46], sujet sensible déjà abordé dans la plainte du collectif des Antillais contre Max Gallo. L'article évoque, brièvement aussi, pour les minorer, les conséquences économiques pour Haïti de l’ordonnance de 1825 fixant l'indemnité aux ex-colons[46], en échange d'un débouché en Métropole pour le café haïtien.

Olivier Grenouilleau reviendra au début 2006 sur une autre publication d'Yves Benot[47], entièrement consacrée au XVIIIe siècle[48], dans un court article du Monde, qui oblique rapidement vers un aperçu général de l'historiographie française de l'esclavage[49], suggérant que celle-ci aurait de tout temps négligé la traite intérieure africaine, car les premiers à étudier les traites négrières en général, au XVIIIe siècle, étaient des abolitionnistes ou militants de gauche et d'extrême-gauche[49], l'article passant sous silence les travaux d'historiens sur la traite intérieure africaine dans les années 1970, présentés comme évoquant seulement la traite atlantique[49].

Dans un autre article de mai 2005, tout en assurant que « le prix des esclaves n’a pas cessé de monter jusqu’au début du XIXe siècle »[50], tout comme les effectifs de la traite intérieure africaine[50], l'historien insiste sur sa théorie voulant que l'offre de captifs africains ait joué un rôle au moins aussi important que la demande dans l'histoire de l'esclavage, hypothèse qu'il estime injustement minorée par une "lecture européocentrique"[50] des historiens. Plaidant pour que l'expression Commerce triangulaire soit remplacée par "traites négrières", il évoque la « rapidité de la réponse africaine à la demande occidentale » à la fin du XVIIe siècle[50], sans mentionner l'expansion de la culture sucrière mais plutôt « une longue période d’instabilité politique et de conflits militaires, donc de production de captifs » en zone subsaharienne[50] qui aurait permis d'offrir « aux marchands occidentaux et orientaux des captifs que ceux-ci ne pouvaient « produire » eux-mêmes »[50].

Les ventes aux enchères de documents historiques contestées

Au même moment, le Collectif des filles et fils d'Africains déportés (Coffad), est dirigé par la chanteuse martiniquaise Joby Valente, amie de Dieudonné[51], et sa suppléante aux législatives de 2002 [52],[53] à Sarcelles[54]. Ses conférences de presse, au Théâtre de la Main d'Or, géré depuis 1999 par Dieudonné [55], réclament la préemption par l'État des documents historiques liés à l'esclavage, afin d'assurer qu'ils iront à la recherche. Dès le 24 janvier 2005[56], le juge des référés de Lyon a débouté le Coffad, qui réclamait la saisie de 240 lettres d'une plantation du XVIIIe siècle, vendues aux enchères[57], puis vu son appel rejeté le 18 avril 2006 [56].

Le Coffad a aussi contesté en justice la vente d'un autre lot, 240 lettres provenant d'une plantation « ayant employé des esclaves entre 1837-1841 en Guadeloupe »[57] et fait la même demande peu avant pour des documents sur l'esclavage à la Réunion aux XVIIe et XIXe siècles[57]. « Ce sont nos ancêtres que l'on remet aux enchères." », dénonce à l'AFP Joby Valente[57], devant une vingtaine de militants présents, le Coffad expliquant que ces ventes l'obligeaient à s'organiser pour prévenir "des risques de violence"[57]. Une autre association négocie avec le ministère de la culture pour qu'il exerce son droit de préemption[58], ce qui sera obtenu.

Les réactions à l'interview du 12 juin 2005 au JDD

Le , Olivier Pétré-Grenouilleau reçoit le Prix du Sénat du livre d'histoire et accorde une interview publiée le lendemain dans Le Journal du dimanche. À une nouvelle question sur « l'antisémitisme véhiculé par Dieudonné », il répond que « cela dépasse le cas Dieudonné », et concerne plus largement les communautés noires, en estimant que la rumeur accusant les Juifs d'avoir été les principaux négriers est « née dans la communauté noire américaine des années 1970 » et qu'elle aurait rebondi trois décennies plus tard en France à cause « de la loi Taubira qui considère la traite des Noirs par les Européens comme un « crime contre l’humanité », incluant de ce fait une comparaison avec la Shoah. Les traites négrières ne sont pas des génocides. La traite n’avait pas pour but d’exterminer un peuple »[59],[60].

Cette réponse est « fondée sur une approche manifestement erronée de la notion de crime contre l’humanité » dont les diverses formes ont été établies par le Tribunal de Nuremberg en 1945, résumées dans la revue Esprit[61] par le procureur Pierre Truche comme « la négation de l’humanité contre des membres d’un groupe d’hommes en application d’une doctrine (...) la mise à exécution d’un plan concerté pour écarter des hommes de la communauté des hommes » rappellent rapidement 8 universitaires, dans un texte du 25 juin 2005[62], qui prend cependant la défense de Grenouileau contre les attaques qu'il subit sur Internet après l'interview[63].

L'historienne Catherine Coquery-Vidrovitch estime qu'il serait idiot de porter plainte, mais rappelle[64] que « les camps d’extermination nazis étaient aussi des camps de travail » et la mortalité des esclaves noirs au XVIIIe siècle proche de « 20% par an par endroits, avec évidemment des chiffres variables et discutés », ne baissant fortement qu'après l'interdiction en 1807 de la traite qui anéantissait 15% en moyenne des passagers selon d'autres historiens. « La seule culture du sucre abrège de moitié leur existence », soulignaient déjà les écrits abolitionnistes du XVIIIe siècle[65], compte-tenu de l'épuisement rapide des jeunes esclaves causé par l'organisation violente de ce travail et leur espérance de vie particulièrement faible à Saint-Domingue, premier producteur de sucre mondial au XVIIIe siècle[66].

L'interview dans le JDD a déclenché la colère de l'essayiste, romancier et auteur dramatique Claude Ribbe, qui est alors en train d'écrire Le crime de Napoléon, dénonçant le rétablissement de l'esclavage en France entre 1802 et 1845. Dans une lettre diffusée aux réseaux antillais dès le lendemain[67], il accuse Grenouilleau d'aller « jusqu’à ironiser en laissant entendre que les descendants d’esclaves antillais ne sont peut-être que des descendants de négriers africains ». Dans l'interview, Christian Sauvage, rédacteur en chef du « JDD », avait rappelé que beaucoup d'artistes et d'intellectuels se disent "descendants d'esclaves" et Olivier Grenouilleau répondu que « cela renvoie à un choix identitaire, pas à la réalité. Les Antillais, par exemple, ont été libérés en 1848. Mais si l'on remonte en amont, vers l'Afrique, on peut aussi dire que les ancêtres de leurs ancêtres ont été soit des hommes libres, soit des esclaves, soit des négriers »[68] ,[69] ,[70]. Le livre d'Olivier Grenouilleau reconnaît cependant lui-même que la traite intra-africaine était l'apanage de roitelets, qui eux n'ont pas été déportés, et qu'elle a eu lieu essentiellement au XIXe siècle, à une époque où les destinations étaient surtout les plantations de café au Brésil et de sucre à Cuba et où la traite intra-africaine se substitue à la traite atlantique plutôt que l'alimenter, en raison de la sévère répression des traites clandestines, effectuée à partir de 1815 par la Royal Navy.

Alors que la presse s'étonne parfois qu'on puisse se dire « descendants d'esclaves » en vivant à Paris[71], l’historien Marcel Dorigny, président de l’Association pour la connaissance de l’histoire du colonialisme européen, auteur de l'"Atlas des esclavages, de l’Antiquité à nos jours"[72], rappelle que la région Île-de-France compte près 80 0000 personnes originaires de La Réunion, donc descendants d’esclaves, autant que sur l’île elle-même, tandis que les États-Unis et Brésil comptent le plus grand nombre de descendants[73].

Le jour où parait l'interview, le Collectif.dom, déjà engagé depuis décembre dans une plainte contre Max Gallo, et conseillé par l'avocat Gilbert Collard, évoque la possibilité de porter plainte aussi contre Grenouilleau, également pour négation de crime contre l'humanité, en vertu de la loi française no 2001-434 du , « tendant à la reconnaissance de la traite et de l'esclavage en tant que crime contre l'humanité »[74]. Ce n'est que plus tard que la jurisprudence d'une Cour d'appel démontrera que cette loi ne permet pas de le faire.

Dans ses textes, rédigé par Patrick Karam, le Collectif rappelle que Max Gallo s'est excusé et liste quatre reproches à Olivier Grenouilleau[75]. Le premier est d'avoir considéré que les traites négrières ne sont pas des génocides, en les ramenant à un « banal expédient économique »[76],[77] , [78].Le deuxième est de s'être posé en« censeur de la représentation nationale» en déclarant que la loi Taubira, votée à l'unanimité en 2001, « posait problème » et d'avoir « insinué que cette loi est responsable de l’antisémitisme ». Sa phrase «il n’y a pas d’échelle de Richter des souffrances », est dénoncée comme « un étrange rapprochement qui suscite la concurrence victimaire et ne peut que déclencher les haines entre les communautés ». Enfin, Olivier Pétré Grenouilleau fut accusé de « nier la réalité de l'existence de descendants d'esclaves» le collectif reprenant l'accusation d'avoir ironisé sur le sujet[76],[78],[77]. « La division entre Africains et Antillais est savamment entretenue », déclare alors le journaliste guadeloupéen Stéphane Pocrain, ex-porte-parole des Verts[58].

Dans la foulée, plusieurs actions sont menées par diverses associations[79]. Le 16 juin 2005, une conférence de presse à l'Assemblée nationale, réunit Gilbert Collard, Éric Jalton, député de la Guadeloupe, Anne-Marie Payet, sénatrice de la Réunion, et Claude Ribbe, responsable du secteur culturel au Collectif.dom[79]. Aucun reproche du collectif n'est lié au livre de Grenouilleau, mais il exige une condamnation en justice et une sanction académique, ou le retrait du Prix du Sénat du livre d'histoire[80]. Malgré ces demandes ou grâce à elles, le livre reçoit aussi un peu plus tard, la même année, le Prix Chateaubriand du Conseil départemental des Hauts-de-Seine, récompensant les livres portant sur la période où vécut Chateaubriand, qui fut lui-même négrier, ou sur les sujets que lui-même avait traités[81]. Un troisième prix, créé par l'Académie française sera décernée 13 ans plus tard au livre d'Olivier Pétré-Grenouilleau, qui dans L'Expansion du 29 juin 2005, a pris soin d'atténuer ses propos du 12 juin, en soulignant d’emblée que « le caractère abominable de la traite n’est pas corrélé aux chiffres »[79].

La plainte de septembre 2005 et l'appel à suspendre l'historien de ses fonctions

Finalement, trois associations[82], parmi lesquelles le Collectif des filles et fils d'Africains déportés[82], ont porté plainte en septembre 2005 contre Olivier Grenouilleau pour « apologie de crime contre l'humanité »[82] et «diffamation publique raciale»[82]. Une autre association, le Collectif des Antillais, Guyanais et Réunionnais, réclame au civil des dommages et intérêts[82].

La procédure vise l'entretien accordé au JDD, deux mois plus tôt, en juin 2005[83] et le mouvement mené par Patrick Karam [60], futur vice-président UMP de la région Île-de-France, qui avait fondé en février 2003 le Collectif des Antillais, Guyanais, Réunionnais et Mahorais, puis rédigé en 2004 pour ce collectif le rapport "Français d’outre-mer : Dossier sur une discrimination occultée". Soucieux d'assurer le fondement de la loi Taubira de 2001[60], le plaignant souhaite la "sécuriser", selon le mot de Patrick Karam[60]. La plainte est déposée sous l'influence de Claude Ribbe[17], futur candidat en janvier 2020, aux municipales de Paris sur la liste LREM de Benjamin Griveaux.

Le climat s'envenime assez vite. Le collectif, en plus de porter plainte va jusqu'à réclamer qu'Olivier Grenouilleau « soit suspendu de ses fonctions universitaires pour révisionnisme ». La députée du PRG, Christiane Taubira, rapporteuse de la loi de 2001, aurait estimé qu'Olivier Grenouilleau, professeur d'université, « payé par l'Éducation nationale sur fonds publics », puisse enseigner ses « thèses » aux étudiants pose un « vrai problème » selon un article de L'Express paru deux ans après et ne citant aucune source[84].

Ces propos auraient créé l'émotion chez les historiens, par ailleurs sensibles au « déluge d’insultes sur le Web »[64]. S'établit alors un large consensus dans la communauté historienne « autour de la nécessité de soutenir Olivier Pétré-Grenouilleau »[79], qui n'est plus critiqué par ses pairs mais parfois soudain encensé[79], d'autant que son principal adversaire, Claude Ribbe, vient d’être nommé le 10 novembre 2005 à la Commission nationale consultative des droits de l'homme[79].

Alain Finkielkraut et les footballeurs noirs, naissance du CRAN

En novembre 2005 est fondé un Conseil représentatif des associations noires de France, dont l'idée avait été évoquée lors du colloque organisé du 16 février 2005 sur « Les Noirs en France : anatomie d'un groupe invisible » puis abandonnée[85].

Les différences entre le collectif DOM et le CRAN sont cependant mis en évidence dès le jour de commémoration de l’esclavage du 10 mai 2006[86], le second annulant un concert pour ménager le premier[86], qui ne souhaite « surtout pas que la question de l’esclavage soit noyée dans une question noire en vue de culpabiliser »[86] et son président Patrick Karam déclarant que « les Africains sont tout aussi responsables de la traite que les Européens. L’esclavage est une question strictement antillaise »[86], alors que la presse de gauche déplore que cette journée ait été ridiculisée dans les médias, via « une multitude de sujets sur le Sénégal pour savoir si oui ou non les Sénégalais détestaient les Blancs » [86].

La pétition "Liberté pour l'histoire"

Entre-temps, abondamment relayée dans les médias, la riposte des historiens se manifesta par une pétition, qui s'indigne de la plainte en justice[82]. Cette pétition, lancée le 12 décembre 2005[82], exige l'abrogation des principales dispositions de la loi « reconnaissant la traite négrière et l'esclavage comme un crime contre l'humanité », dite loi Taubira du 21 mai 2001[82]. Plusieurs de ces historiens étaient déjà mobilisés contre celles-ci[17]. Une autre pétition d'historiens, dès avril 2005, s'était indignée contre l'ajout d'une nouvelle loi, votée le 23 février 2005, demandant à ce que les livres scolaires reconnaissent les aspects positifs de la colonisation.

La pétition du 12 décembre demande aussi la suppression de plusieurs articles de cette dernière[82] et des autres lois réprimant le négationnisme, ou reconnaissant le génocide arménien[82]. Elle dénonce «les interventions politiques de plus en plus fréquentes dans l'appréciation des événements du passé» et «les procédures judiciaires touchant des historiens»[82]. Ils sont d'abord 19 à se mobiliser[17]. Puis une association intitulée "Liberté pour l'histoire !", présidée par René Rémond, se crée dans le sillage de la pétition, qui au total a reçu le soutien de près de 600 enseignants et chercheurs[82]. Ses statuts assurent qu'elle vise avant tout à «défendre la liberté d'expression des historiens contre les interventions politiques et les pressions idéologiques de toute nature et de toute origine»[82]. Parmi les membres les plus connus dans les grands médias, Alain Decaux, Alain Besançon, Jean-Claude Casanova, Stéphane Courtois, Max Gallo Emmanuel Le Roy Ladurie, Pierre Nora et Michel Winock[82]. Ces historiens pensaient que leurs préconisations ne seraient pas suivies d'effet[87] mais Jacques Chirac lance aussi le 9 décembre une "mission pluraliste pour évaluer l'action du Parlement dans les domaines de la mémoire et de l'histoire", confiée au président de l'Assemblée nationale, Jean-Louis Debré[88].

L'historien Gérard Noiriel, animateur de la première pétition contre la loi du 23 février, dénonce cette nouvelle pétition qui "ne fait qu'aggraver la confusion entre histoire et mémoire" et estime qu'il "n'appartient pas aux historiens de régenter la mémoire collective"[88]. Les signataires des deux textes ne sont souvent pas les mêmes, feront remarquer les observateurs. Les pétitionnaires de "Liberté pour l'histoire !" ont répondu fin janvier 2006 qu'«aucun d'entre eux n'a jamais prétendu que l'histoire était la propriété exclusive des historiens»[82].

La pétition "Ne mélangeons pas tout"

Critiquant également l'association et la pétition « Liberté pour l'histoire », 31 personnalités dont Serge Klarsfeld, Claude Lanzmann, Yves Ternon ont signé le 20 décembre une lettre ouverte « Ne mélangeons pas tout », qui s'oppose à la suppression de la loi du dite loi Gayssot et rappellent que « la loi du 29 janvier 2001 ne dit pas l’histoire. Elle prend acte d’un fait établi par les historiens – le génocide des Arméniens – et s’oppose publiquement à un négationnisme d’État puissant, pervers et sophistiqué[1] ».

Ce collectif souligne que « Le législateur ne s’est pas immiscé sur le territoire de l’historien. Il s’y est adossé pour limiter les dénis afférents à ces sujets historiques très spécifiques, qui comportent une dimension criminelle, et qui font en tant que tels l’objet de tentatives politiques de travestissements ».

Le Comité de vigilance face aux usages publics de l'histoire (CVUH), animateur de la première pétition de défense des historiens, en date du 25 mars 2005, formule des critiques du même type, affirmant notamment que « le Front national a d'ailleurs immédiatement saisi l'occasion de cette proclamation d'une « liberté de l'histoire » pour exiger à nouveau l'abrogation [de] la loi Gayssot »[89]. Le , France 3, dans l'émission Ce soir (ou jamais !), consacrée aux Lois mémorielles, le président de l'association Liberté pour l'histoire, Pierre Nora, annonce que « Liberté pour l'histoire » ne demande plus d'abroger la loi Gayssot.

Le retrait de la plainte en février 2006

La plainte de Patrick Karam est retirée en février 2006, après l'octroi de prébendes[Lesquelles ?][17]. Quand il annonce qu'il a finalement retiré sa plainte[90],[91] ce dernier tente d'apaiser les historiens, en reconnaissant que leur mobilisation a reçu un important soutien dans les médias. « Notre plainte n'est pas comprise par la société française. Et on ne veut pas se retrouver en confrontation avec elle », a déclaré alors M. Karam, qui souhaite seulement, désormais, « demander des explications » à l'historien sur les propos tenus dans Le Journal du dimanche huit mois plus tôt. En mars 2006, près d'un an et demi après la publication de son livre[83], l'historien décide de refuser toute intervention dans la presse[83] et affiche une posture volontairement moins médiatique en citant Bourdieu: « Le bien ne fait pas de bruit, le bruit ne fait pas de bien »[83] . Il rappelle à cette occasion que l'histoire de la traite négrière, en France, « jusqu'à ces derniers mois, (...) n'intéressait pas grand monde. C'était un problème de spécialistes »[83] et déplore surtout avoir été traité, sur le site du collectif DOM, de « complice des négriers »[83], quand ce n'était pas carrément « négationniste »[83].

Contexte de l'affaire

L'affaire Veinstein de 1998

L'affaire Pétré-Grenouilleau a souvent été comparée à l'affaire Gilles Veinstein, historien ottomaniste élu en 1998 professeur au Collège de France par 18 voix contre 15, scrutin inhabituellement serré[92] car précédé d'une polémique sur ses propos sur le génocide arménien dans un article édité par la revue L'Histoire dans un dossier consacré à la déportation des Arméniens en 1915 (). Gilles Veinstein a accepté d'y collaborer, sans être spécialiste de cet événement, « … uniquement à cause du contexte du procès » de Bernard Lewis, relaxé deux fois au pénal mais condamné au franc symbolique au civil pour avoir évoqué dans Le Monde « la version arménienne de cette histoire »[92].

Evoquant des massacres de Turcs par les milices arméniennes, son article estimait que le terme « génocide » ne s'appliquait pas d'une façon incontestable aux massacres d'Arméniens perpétrés par les Turcs en 1915-1916, ce qui lui vaut un tir de barrage : Israel Charny, président de l'Institut de recherche sur l'Holocauste[93],[94] y voit immédiatement « l'exemple clair d'une nouvelle forme extrêmement dangereuse de négationnisme sophistiqué »[95]. Catherine Coquio[96], présidente de l'Association internationale de recherche sur les crimes contre l'humanité et les génocides[97],[95], la , tan« perversité du positivisme négationniste » dis que le professeur Roger W. Smith, spécialiste du négationnisme[98][pas clair], déplore qu'il ait omis la plupart des preuves, relativisé l'importance de centaines de témoignages existants, et que ses sources, comme le Turc Gurun, aient « fait carrière sur la négation du génocide arménien »[92]. Deux pétitions viennent à sa rescousse, l'une de 80 enseignants-chercheurs de l'EHESS[99],[100], l'autre d'une vingtaine d'historiens d'autres établissements[100]. Dans la foulée est votée la loi du 29 janvier 2001 sur le génocide arménien, la première des trois lois mémorielles françaises du début du XXIe siècle.

Le 28 février 2012, le Conseil constitutionnel va censurer la loi de 2001 sur le génocide arménien[101], en se basant sur des considérations relatives à la liberté d’expression[101], décision perçue comme résultant de l’affaire Pétré-Grenouilleau[101].

La Loi Taubira, au point mort depuis 4 ans

Le 23 mai 1998 à Paris, une marche silencieuse réunit 40 000 personnes à l'appel du "Comité Marche du 23 mai 1998" (CM98), qui déplore le peu de commémoration du 150e anniversaire de l'abolition de l'esclavage en France et jouera un rôle dans les plaintes de 2005 contre Olivier Pétré-Grenouilleau et Max Gallo[58]. Le 31 mars 1998 puis le 7 juillet 1998, le PCF dépose trois proposition de loi, via Bernard Birsinger, suppléant du ministre des transports Jean-Claude Gayssot, puis des députés de la Réunion Huguette Bello, Élie Hoarau, et Claude Hoarau. Toutes trois sont rejetées. Les deux premières sont seulement commémoratives, mais la dernière « tend à la reconnaissance de la traite et de l'esclavage en tant que crime contre l'humanité ». Le , une quatrième est proposée par Christiane Taubira, députée apparentée PS de la Guyane, mais son texte n'est ni discuté, ni adopté[102]. Puis l'humoriste Dieudonné confirme officiellement le 30 novembre 2000 qu'il sera candidat à la présidentielle 2002, dans « le courant d'action de Coluche »[103].

Les différentes propositions de loi sont fusionnées et Christiane Taubira devient rapporteur de l'ensemble. Elle donne finalement son nom à la loi tendant à la reconnaissance de la traite et de l'esclavage en tant que crime contre l'humanité, votée le à l'unanimité par l'Assemblée, et annonce quelques mois après sa candidature à l'élection présidentielle, axée sur l'« égalité des chances », cette fois sous les couleurs d'un autre parti que le PS, les radicaux de gauche, de son ami Bernard Tapie, qui l'avait prise en 4e position sur la liste aux Européennes de 1994. Elle obtient 2,32 % des voix, et 52,7 % en Guyane, des scores élevés aux Antilles[104].

La loi de 2001 reconnaît comme crimes contre l'humanité la traite négrière transatlantique et l'esclavage. Elle prévoit que les programmes scolaires en parlent, le développement des recherches scientifiques s'y rapportant, l'historienne Françoise Vergès soulignant qu'il n'existe toujours pas de chaire d'histoire coloniale en France[58].

Selon Christiane Taubira, la loi « est presque passée inaperçue » en 2001 en Métropole, où elle ne sera évoquée « qu'en 2005, depuis que Dieudonné s'en est saisi »[58], ce dernier faisant face à la première plainte en Justice le visant, le , pour une mauvaise plaisanterie sur le conflit israélo-palestinien.

Les deux premiers livres de Pétré-Grenouilleau sur la traite esclavagiste

Un an après l'obtention de sa thèse d'histoire sur le milieu négrier nantais[83], Olivier Grenouilleau devient Maître de Conférences en 1995 à l'Université de Lorient[83], puis Professeur des Universités en 1999[83]. En dehors de courts ouvrages de vulgarisation, il a d'abord publié deux livres de recherches sur la traite négrière, le premier reprenant en 1996 sa thèse sur le négoce à Nantes entre 1750 et 1914, basé sur un important apport d'archives familiales inédites, puis un autre plus bibliographique, se voulant beaucoup plus global, traitant de toutes les traites négrières, à toutes les époques, et les comparant pour souligner que la traite atlantique a été minoritaire dans le total, malgré la grande hétérogénéité des sources disponibles selon les époques.

Le livre publié en 1996

Le livre de Pétré-Grenouilleau publié en novembre 2004 est le deuxième ouvrage de recherche de l'auteur sur la question des traites négrières, huit ans après le premier, publié en 1996, qui est un résumé de sa thèse d'histoire défendue en 1994, réécrite pour demander ce que les négriers nantais ont fait de leur argent [83],[105]. Les deux ouvrages sont radicalement différents, par la méthode comme par le sujet : le livre de 2004 est une synthèse de bibliographie à vocation "globale", abordant toutes les traites, à toutes les époques et sur tous les continents alors que celui de 1996 est une étude approfondie, produisant une masse imposante d'archives inédites[106], toutes consacrées une période et une région très précise, le négoce à Nantes entre 1750 et 1914[106]. Au printemps 2005, une revue spécialisée rappellera que le titre de ce livre, sans bibliographie, ne correspond pas au contenu de l'ouvrage.

Alors qu'en 1994, dans Slavery and Capitalism, l'historien Éric Williams[107] avait défendu la thèse, en réalité initiée par Karl Marx dès le XIXe siècle, voulant que l’industrialisation de l’Europe ait été permise par les profits issus de la traite [108], Pétré-Grenouilleau, dans sa thèse L’Argent de la traite, reprend l'analyse inverse, formulée par Fernand Braudel, et de nombreux autres auteurs, dès les années 1980, mais de manière plus tranchée, pour rappeler que, dans le secteur qu'il a étudié[106], les armateurs négriers nantais n'ont pas investi dans l’industrie mais dans les biens fonciers et les dépenses de prestige [108] et de ce fait peu contribué à la Révolution industrielle[106].

Le livre publié en novembre 2004

Parfois présenté des années après dans les médias comme porteur de révélations sur l'ampleur de la traite interne à l'Afrique, pourtant étudiée par les historiens français dès les années 1970, le livre Les Traites négrières est peu discuté à sa publication en novembre 2004[17], faisant l'objet de rares articles spécialisés, commentant parfois son manque de rigueur[17] ou ses démarches globalisantes recherchant une exposition médiatique[17], même s'il n'a jamais constitué un succès de librairie[109], en raison de son écriture indigeste et « lourdement universitaire ». Le seul article dans la presse non-spécialisée parait dans Le Monde Economie du 23 novembre 2004.

Si la plupart des historiens, indignés des pressions sur leur liberté d'expression, soutiendront Olivier Grenouilleau quand le collectif.dom demandera sa suspension, certains restent par ailleurs réservés sur la rigueur de son approche "globale" ou sur les commentaires de presse qui vont peu à peu la présenter comme ayant révélé l'existence de la traite des esclaves interne à l'Afrique, sujet largement évoqué par les historiens français depuis au moins les années 1970[108].

L'auteur fustige dès l'introduction une « surprenante ignorance au sein même du monde académique » sur ces questions », mais pour Marc Ferro, l'historiographie francophone est en phase avec les évolutions des autres pays, grâce aux publications de Jean Mettas et Jean-Claude Nardin[108], et l'esclavage en Afrique y occupe une place importante[108],[110],[111],[112],[113].

Les historiens ont aussi analysé les interactions entre la traite atlantique et la traite interne africaine, dopée par les ventes ou échange d’armes à feu des Européens, qui « fatalement, généralisèrent les guerres, et les rendirent plus meurtrières », selon l'historienne Liliane Crété[114]. Face à l'accroissement continu de la demande et des prix des esclaves, des razzias sont motivées par la recherche de prisonniers à livrer aux forteresses "de traite", bâties par les Européens sur le littoral africain, où sont emprisonnés les captifs en attendant qu'ils soient assez nombreux pour que des navires viennent les embarquer.

Deux mois après la publication, dans Le Monde[115], l'auteur rappelle que la traite intérieure africaine n'a cessé de croître depuis le XVe siècle et surtout prospéré au XIXe siècle, en bénéficiant, par un effet de transfert, de l'énorme investissement britannique dans la répression de la traite atlantique, interdite depuis 1807[115]. Selon l’historien Patrick Manning, source principale du livre concernant la traite intérieure africaine, c'est après 1850 que « les achats africains d'esclaves surpassèrent le volume combiné des esclaves exportés en Occident et en Orient »[116] et Olivier Grenouilleau en vient, lui, à estimer que « l'Afrique noire n'a pas seulement été une victime de la traite », mais « l'un de ses principaux acteurs », a observé Thierry Portes, grand reporter au Figaro[116].

Dans ce premier interview de presse, Grenouilleau prend la précaution de relativiser les chiffres sur la traite intérieure africaine qu'il reprend de Patrick Manning, en évoquant leur marge d'erreur de 25%[115]. Ces chiffres sont en fait des hypothèses mathématiques sur des migrations de personnes, et leur utilisation dans le livre sera dénoncée en 2012 par Manning les avait estimé, accusant Grenouilleau de s'en être servis pour dissocier la traite inter-africaine de la traite atlantique. Ces précautions, de date et de marges d'erreur, seront parfois abandonnées par la suite: dans les interviews, Grenouilleau ne mentionne plus[117] que « l’incertitude est grande » sur les chiffres qu'il avance, comme il le faisait dans les revues scientifiques[50]. En mai 2005, six mois après la sortie du livre, l'une de ces revues publie une critique d'un autre livre publié en 1996 par Olivier Grenouilleau, en estimant que son titre était « un peu trompeur », promettant un livre consacré à la traite, alors qu'il « s’agit d’un ouvrage centré sur les négociants de Nantes »[106], version remaniée de sa thèse.

Les critiques les plus sévères du livre de 2004 viendront en 2007 et 2009, à chaque fois accompagnées de commentaires sur sa médiatisation jugée excessive[109]. L'universitaire d'Odile Tobner estime qu'il fut dans les grands médias, en particulier audiovisuels au début mars 2005, « unanimement porté aux nues par des critiques qui n’en avaient certainement pas lu dix pages » sur les 550[118], sur fond de « croisade entreprise alors pour le défendre contre toute contestation »[118], systématiquement caricaturée sous le visage de « fanatiques persécuteurs des honnêtes scientifiques »[118]. Elle reproche au Monde d'avoir publié le 6 mars 2005, dans un dossier interviewant Grenouilleau, un large bandeau : « 11 millions d’Africains furent déportés vers les Amériques de 1450 à 1867. Les traites orientales conduisirent à la déportation de 17 millions de personnes »[118], sans citer ni source, ni précaution, ni la période très étendue de la seconde estimation[118].

Une loi et une vague de livres sur la mémoire coloniale

La publication du livre de 2004 précède de quelques semaines l'appel des "Indigènes de la République" et la loi mémorielle du 23 février 2005, avec son amendement demandant d'enseigner les aspects positifs de la colonisation, qui vise l'électorat des rapatriés d'Algérie. Ces événements vont faciliter sa promotion médiatique, plusieurs mois après sa sortie, parfois interprétée comme s'inscrivant dans une première vague de publications dénonçant la "repentance anticoloniale", comme ceux de Jacques Marseille, auteur de l'Empire colonial et capitalisme français. Histoire d’un divorce, en 1984, dont la réédition, également fin 2004, a rapidement obtenu le Prix des Ambassadeurs 2005, et celui au même moment de son ex-élève Daniel Lefeuvre, spécialiste de l'économie coloniale en Algérie, estimant que cette dernière a plus coûté qu'elle n'a rapporté. En 2006, Olivier Grenouilleau lui consacrera dans Le Monde une tribune enthousiaste[119]. Tout en reconnaissant que la "nébuleuse repentante" est dans le livre de Daniel Lefeuvre « plus mise en avant que présentée », il le juge « utile, courageux, et pensé avec civisme »[119], et estime que « les problèmes de racisme sont désormais plus liés à la culture qu'à l'apparence physique ou à un héritage colonial », et que le nier, « c'est se condamner à ignorer leurs vraies racines, à ne pouvoir les soigner, et, finalement, à créer une France de l'Apartheid ». Parmi les rares auteurs cités nommément dans le livre, Catherine Coquery-Vidrovitch, qui avait critiqué Grenouilleau neuf mois plus tôt dans une lettre à la Société d’Histoire moderne, puis le livre de Lefeuvre sur la notion de “repentance coloniale”, dont elle rejette catégoriquement la validité scientifique en rappelant qu'il s'agit d'un anglicisme, utilisé maladroitement [120] en estimant qu'il évoque la demande de réparations financières présentée par des nations africaines à conférence de Durban de 2003.

Le sentiment des Antillais vivant en Métropole

L'écrivain antillais Claude Ribbe, actif dans les poursuites contre Olivier Grenouilleau, préside aussi l'association des amis du général Thomas Alexandre Dumas, père de l'écrivain Alexandre Dumas et héros de la Révolution française, commandant en chef de l'armée des Alpes, ses 45 000 hommes et son état-major de 17 généraux lors de la reprise héroïque du col du Petit-Saint-Bernard aux troupes austro-sardes au printemps 1794.

Dès juin 2002, Claude Ribbe obtient que Bertrand Delanoë, maire de Paris, désigne le plasticien Driss Sans-Arcidet pour réaliser un monument à sa mémoire de ce général métis, ex-esclave et fils d'une esclave de Saint-Domingue, victime de discriminations de la part de Bonaparte qui prit en 1802 un arrêté bannissant « tout officier ou soldat de couleur - même réformé - de Paris et de ses alentours »[121]. Une statue de lui fut érigée à Paris au début du XXe siècle mais abattue sous l'occupation allemande[122]. Ce projet de nouvelle statue semble prendre du retard en 2005 et n'aboutira qu'en 2009, avec des incidents lors de l'inauguration, le 4 avril[123],[124]. En novembre 2007, une pétition de mille signatures en quelques jours obtient une statue du général Dumas avec des chaînes et fers d’esclave brisés, dont une copie est offerte aux Haïtiens, conformément au vœu émis par son fils l’écrivain Alexandre Dumas en 1838. Mais la pétition pour que la Légion d’honneur lui soit attribuée n'aboutira pas [125].

Selon l'historien Marc Ferro, qui a voté en faveur du livre de Grenouilleau au sein du jury du Prix du livre d'histoire du Sénat[108], « la réinterprétation de l’histoire de l’esclavage et de la traite française des Noirs » [108] a pris l'allure d'un « thème dramatique et essentiel » du « rattachement à la formation de la France » pour beaucoup de Français originaires des Antilles « du fait des aléas du logement ou des métiers choisis dans les villes métropolitaines » qui les a placés dans « un processus d’africanisation qui les assimile à des immigrés africains »[108] alors qu'une partie des antillais anglophones vivent eux depuis des décennies dans des pays indépendants.

Les déclarations de Dieudonné

L'Affaire Olivier Grenouilleau émerge en plein lancement de l'indigénisme en France et l'évolution de l'humoriste Dieudonné, encore en pleine ascension, qui radicalise son discours sur le conflit israélo-palestinien et voit ses spectacles interdits, puis reproche deux fois en un an aux juifs d'être liés aux Traites négrières, à chaque fois après des manifestations violentes contre lui.

Après sa percée à Dreux, près de 8 % face au Front national aux législatives de 1997, Dieudonné s'était d'abord engagé aux européennes de 1999 derrière les écologistes[126],[127] et Daniel Cohn-Bendit, qui vient appuyer son projet local de Centre culturel africaniste européen[128],[129]. La presse s'enthousiasme pour le jeune humoriste[130],[127].

Début 2004, les villes de Roanne, Bourg-lès-Valence, Voiron, Aix et Deauville interdisent ses spectacles car il est accusé d'avoir associé le salut hitlérien à la politique israélienne d'Ariel Sharon dans l'émission de Marc-Olivier Fogiel, en décembre 2003. Il est autorisé à présenter son spectacle par le tribunal administratif de Lyon[131]. Le surlendemain, Dieudonné déclare au Journal du dimanche « ceux qui m’attaquent ont fondé des empires et des fortunes sur la traite des Noirs et l’esclavage ».

Le lancement de l'indigénisme

Entre-temps a été lancé l'appel des "Indigènes de la République" le 19 janvier 2005 tandis qu'est débattue au Parlement la future loi mémorielle du 23 février 2005 et son amendement insistant sur les aspects positifs de la colonisation. Issu du « choix de militants musulmans d'investir le champ des frustrations mémorielles après l'échec de leur mobilisation » contre la la loi interdisant le port ostensible de signes religieux à l'école[132], votée à une large majorité[133], cet appel a « été rejeté par les associations et partis de gauche qui dénoncent ses relents communautaristes », note Le Monde, en observant « l'irruption du thème de la mémoire dans le débat sur l'intégration des immigrés »[133], via trois associations, qui se vantent d'avoir « obtenu la reconnaissance » de la participation des "troupes coloniales" à la Libération de la France, pourtant déjà largement racontée par les historiens[133] et qui avait justifié au début de la IVe République l'adoption de la réforme déjà tentée par Léon Blum en 1936, pour ouvrir une "citoyenneté de statut local", exceptionnellement cumulable, pour les anciens soldats, avec la conservation du statut civil coutumier[134],[135]. Le titre du film Indigènes, qui sortira le 27 septembre 2006[136], racontant la participation des Troupes coloniales à la Guerre de 1939-1945, avec quelques erreurs historiques, a été choisi durant la phase de documentation[136], qui a commencé dès le début des années 2000, selon le réalisateur Rachid Bouchareb[136]. Le 13 août 2004, le gouvernement avait annoncé 120 millions d'euros de dédommagements aux anciens des Troupes coloniales[136], mais la "cristallisation" des pensions prit du retard[136] et le 1er décembre 2004 la grande presse révèle que le tournage va commencer[137].

La presse de gauche militante observe la brutalité[86] des assertions de l'Appel de janvier 2005 prétendant que « la France reste un État colonial »[86],[138], mais se montre complaisante[86] quand les associations "indigénistes" s'attribuent aussi la reconnaissance du massacre du 17 octobre 1961[133] , alors que le gouvernement avait en réalité créé dès 1997 une commission officielle[139] qui a rapidement affirmé que cette nuit de violence, largement couverte à l'époque par la presse quotidienne[139], avait causé plusieurs dizaines » de morts[139]. Le climat mémoriel demeure tendu depuis quelques années: alors que le maire de Paris Bertrand Delanoë inaugurait le une plaque commémorant les victimes de « la manifestation pacifique du 17 octobre 1961 », des militants de droite et d’extrême droite y avaient vu une « provocation »[140] et manifesté tout près tandis que le rappel par Jacques Floch, secrétaire d'État aux anciens combattants, d'« un couvre-feu appliqué sur la base du faciès » en octobre 1961 avait amené la plupart des députés de droite à quitter l'hémicycle pour dénoncer une « récupération politique ».

Alors qu'à son lancement, l'appel ne fut pas « perçu comme l’un des signes du franchissement d’une nouvelle étape dans les rapports entre la nation et une partie d’elle-même », et surtout remarqué pour « des erreurs ou des imprécisions historiques »[141], il a pris « une résonance toute particulière » lors des émeutes de la fin 2005[141], selon le chercheur Jérémy Robine, qui défendra en 2009 sa thèse sur les ghettos et la nation en France, car « les termes savants de continuum colonial, de paternalisme et de l’indigénat sont des représentations désignant les causes des discriminations raciales »[141]. Assez vite cependant, dès 2008 les manifestations aux slogans provocateurs, critiqués par le CRAN et boycottées par la gauche antiraciste traditionnelle, n'attirent plus qu'une centaine de personnes[142] et inquiètent la police, après des déclarations d'Houria Bouteldja, porte-parole du mouvement, dans une émission télévisée[143].

Début 2006, une enquête du Monde observait que le « débat sémantique sur la compatibilité entre "discrimination positive" et tradition républicaine n'a débouché sur aucune mesure », ce qui « favorise la montée des controverses identitaires » et que « pour ses détracteurs, la galaxie SOS-Racisme chercherait (...) à minimiser l'importance de l'histoire coloniale pour mieux assurer la prééminence de la mémoire juive ». Dans le quotidien, Esther Benbassa, directrice d'études à l'École pratique des hautes études, dénonce « l'affaiblissement de l'empathie désintéressée », qui « nourrit paradoxalement ce besoin de labellisation victimaire, seule susceptible d'attirer l'attention »[144]. Le 27 octobre démarrent les Émeutes de 2005 dans les banlieues françaises, les pires en France depuis les années 1970.

Débats historiographiques et références à l'affaire

Olivier Grenouilleau devient ensuite, pendant une décennie, un spécialiste de l'esclavage, que l'on interroge sur tous les aspects de ce sujet, y compris ceux sur lesquels il n'a pas effectué de recherches personnelles mais des compilations, en particulier la question de l'esclavage des chrétiens par les musulmans en Méditerranée[145]. Dans un article de Valeurs Actuelles, l'avocat, essayiste et militant politique Gilles-William Goldnadel, estime qu'il fait partie des « grands historiens éminents » comme Bernard Lugan et Jacques Heers, qui ont été « longtemps ostracisés pour avoir osé enseigner que la traite arabique fut encore plus cruelle et plus longue que l'horrible traite atlantique » alors que les « malheureux esclaves châtrés d'Orient, dont un quart survivait à l’ablation, auraient bien aimé disposer d'un Code Noir »[146].

Le décret de février 2006, contesté par 40 députés

Alors que la tension reste forte à l'hiver 2005-2006 aux Antilles[20], un avis du Conseil constitutionnel, est demandé formulée fin janvier 2006[20] par le président de la République Jacques Chirac, qui va s'en servir pour reculer[15]: l'alinéa 2 de la loi de 23 février 2005, sur les aspects positifs de la colonisation à enseigner les programmes scolaires, est finalement supprimé par décret[15], la décision étant annoncée le 26 janvier. Des organisations de rapatriés d'Algérie et plusieurs leaders politiques font connaître leur mécontentement[147]. En colère, 40 députés UMP demandent, le 6 mai 2006[15], dans une lettre ouverte au président de la République[15], que soit également retiré, « par souci d’égalité de traitement »[15], l’article 2 de la loi Taubira portant, lui aussi sur les programmes scolaires[15].

Cherchant à désamorcer cette colère, Jacques Chirac fait un pas dans l'autre sens: il commande un rapport au Comité pour la mémoire de l'esclavage, présidé par Maryse Condé, reçoit à l'Elysée le 30 janvier, en prononçant un discours dont un paragraphe réfute « les accusateurs d’Olivier Pétré-Grenouilleau », selon l'historien[148], qui polémique à ce sujet avec le Comité de vigilance face aux usages publics de l'histoire est estimant que Jacques Chirac a ainsi critiqué la loi Taubira pour n'avoir « pas mentionné l’existence de la traite africaine et de la traite musulmane ».

Le discours présidentiel disait: « même si cela ne diminue en rien la responsabilité des pays européens, la mise en place de la traite (...) demandait une organisation, mais aussi des relais actifs dans les territoires dont étaient issus les esclaves ou dans des pays voisins »[149].

L'Affaire Grenouilleau réinterprétée

Début mai, le journaliste Éric Conan, condamné pour diffamation en appel le pour avoir accusé Jacques Baynac de partager certaines affirmations du négationniste Robert Faurisson sur les chambres à gaz[150], écrit dans L'Express un article essentiellement consacré aux traites esclavagistes qui perdurent sur le continent africain[151], dans lequel il évoque brièvement l'Affaire Olivier Grenouilleau, pour affirmer, sans l'étayer, que la plainte contre l'historien n'aurait pas été déposée en raison de ses propos au JDD sur le génocide mais pour avoir écrit que « le commerce des esclaves était une routine sur le continent noir bien avant l'arrivée des négriers européens » dans son livre[151], une affirmation sera ensuite reprise par d'autres médias.

Les critiques contre Françoise Vergès et Christiane Taubira

Cinq jours après, le quotidien Le Monde accuse l'historienne Françoise Vergès, fille du député PCF réunionnais Paul Vergès et vice-présidente du Comité pour la mémoire de l'esclavage, d'avoir considéré dans son livre [152] que la part des esclavagistes d'Afrique noire et du monde musulman dans les traites négrières ne « serait que marginale », une interprétation qui repose sur le fait qu'elle en a donné une description les ramenant à leurs liens avec la traite atlantique, en écrivant qu'« il est évident qu'un commerce qui dure plusieurs siècles et met en relation plusieurs mondes et plusieurs économies entraîne des complicités »[153]. Dans ce texte, elle « invite à "un travail de refondation de ce qui unit, de ce qui est commun" à commencer par l'universalité des idéaux démocratiques et la participation au XVIIIe siècle des esclaves à l'avènement démocratique »[154]. Elle déclare que « l'esclavage est un crime contre l'humanité, pas un génocide », mais estime qu' « il faut sortir des querelles de chiffres et des concurrences morbides »[155].

Les critiques des médias vont peu à peu s'étendre à Christiane Taubira, que l'éditorialiste Brice Couturier va interpeller en lui reprochant de « n'évoquer qu’en passant » la traite orientale, qui selon lui « a été longtemps l’objet d’un déni » qui a « des conséquences graves », car « plusieurs millions de personnes connaissent encore la condition d’esclave à travers le monde »[156].

L'ADN utilisée dans l'histoire des esclaves de Jamaïque

A l'automne 2006, des études et publications montrent que l'ampleur et la brutalité de la traite transatlantique ont été à l'époque plutôt sous-estimés que surestimés par les abolitionnistes, comme l'affirmait le livre d'Olivier Grenouilleau. Elles font avancer la recherche sur les nègres marrons de Jamaïque, première destination des traites négrières à la fin du XVIIe siècle[157] ,[158]. En septembre, une étude scientifique sur l'ADN des meilleurs athlètes noirs, réalisée en partenariat avec la BBC, révèle que Colin Jackson, recordman du monde du 110 m haies de 1993 à 2006 et fils d'immigrés jamaïcains, détient 7 % de sang tainos, une ethnie améridienne que l'on pensait anéantie dès les débuts de l'occupation espagnole. Réfugiés dans les montagnes, des tainos ont en fait accueilli les esclaves fuyant les plantations, dont les ancêtres du triple médaillé olympique de 2008 Usain Bolt[159] ,[160] ,[161].

Selon l'historien Alvin Thompson, les nègres marrons de Jamaïque ont créé le premier État indépendant d'Amérique tandis que Jeffrey Fortin insiste sur l'investissement du gouvernement britannique [162] dans la guerre contre eux, qui l'amène à déporter en 1796 vers la Nouvelle-Écosse 568 marrons de Trelawny Town, groupe dissident des autres nègres marrons[162]. Ceux-ci multiplient les courriers pour demander un autre lieu d'asile, au climat plus adapté à leur physiologie[162], générant une réflexion importante sur les lieux de vie de la diaspora des "esclaves marrons"[162], et montrant qu'elle est massivement implantée dès cette époque dans toute la Caraïbe[162]. En 1739-40, l'Angleterre avait dû leur promettre terres, autonomie et argent, contre l'engagement de ne plus aider les esclaves en fuite ou les livrer. L'historiographie du XXIe siècle, basée sur des recherches interdisciplinaires associant linguistes et généticiens, va souligner les difficultés à réprimer les nombreuses évasions sur les plantations, peu étudiées jusqu'au XXe siècle, dans un contexte de rivalités coloniales franco-anglaises, obligeant les colons à intensifier massivement la traite pour renouveler la population laborieuse et bénéficier de la flambée des prix du sucre.

Les découvertes permises par l’utilisation de l'ADN dans l'étude de l'ascendance des Afro-Américains, ont ensuite généré en 2017 des initiatives pour une recherche similaire sur d’autres peuples d’origine africaine, via la collaboration entre Harcourt Fuller, historien spécialiste de la diaspora africaine aux Amériques, et Jada Benn Torres, anthropologue génétique, travaillant à l'origine sur les pathologies médicales[163].

L'essai de Pascal Bruckner fin 2006

En octobre 2006, le philosophe Pascal Bruckner publie un « Essai sur le masochisme occidental », intitulé La Tyrannie de la pénitence[164], où selon la critique, il aborde les thématiques d'Olivier Grenouilleau, qu'il cite, et explique que « l'Européen lambda, convaincu désormais d'être un grand criminel, est devenu indulgent envers les dictatures et intransigeant envers les démocraties, hypersensible à nos fautes et aveugle aux crimes des autres »[165]. Selon Yvens Gounion, professeurs en relations internationales à l'IEP de Paris, cette posture est d'autant plus importante qu'elle devient quelques mois après celle de Nicolas Sarkozy lors de la campagne pour l'élection présidentielle de 2007 et qu'elle rappelle celle adoptée par une partie de la population en Allemagne, qui souhaite « tirer un trait sur l'Holocauste » [166].

Le discours de Dakar en août 2007

Le "Discours de Dakar" d'août 2007 comporte de nombreuses références à l'Affaire Olivier Grenouilleau, prononcées par Nicolas Sarkozy et rédigées par son conseiller Henri Guaino, alors qu'il effectue une tournée africaine démarrée en Libye le 25 juillet pour remercier le dictateur Mouammar Kadhafi d'avoir rendu possible la libération des infirmières bulgares[167]. Nicolas Sarkozy y souligne que la traite « fut un crime contre l'humanité toute entière » et que l'Afrique, « trop souvent (...) juge le présent par rapport à une pureté des origines totalement imaginaire »[168]. Pour lui, le « drame de l'Afrique » vient du fait que « l'homme africain n'est pas assez entré dans l'Histoire. […] Le problème de l'Afrique, c'est qu'elle vit trop le présent dans la nostalgie du paradis perdu de l'enfance. […] Dans cet imaginaire où tout recommence toujours, il n'y a de place ni pour l'aventure humaine ni pour l'idée de progrès »[169],[168].

Lors de l'Affaire Genouilleau, alors qu'il était président de l'UMP, Nicolas Sarkozy avait demandé à l'avocat Arno Klarsfeld, fils de Serge Klarsfeld, un "travail approfondi sur la loi, l'histoire et le devoir de mémoire" et dans un entretien à Libération du 23 décembre 2005 suggéré de supprimer dans la loi l'ambiguïté de l'expression "outre-mer" pour tenter de concilier les voix des départements d'outre-mer et celles des rapatriés[170],[88].

Les deux animateurs de l'Affaire Genouilleau, Patrick Karam et Claude Ribbe, sont alors brouillés, le second reprochant au premier de s'être « servi des associations de l’Outre-mer comme d’un marchepied » pour « obtenir une petite boutique dans les communs de l’hôtel du secrétaire d’État à l’Outre-Mer », la Délégation interministérielle pour l'égalité des chances des Français d'outre-mer[171].

Les critiques d'Odile Tobner et Raphaël Adjobi, en 2007 et 2009

L'universitaire Odile Tobner, spécialiste de la littérature française du xviie siècle, apporte en 2007 un nouvel éclairage sur l'œuvre d'Olivier Grenouilleau, en rappelant qu'il a écrit dès 1997 un Que sais-je ? sur les traites négrières, aux affirmations contestables et non étayées, affirmant par exemple que « la nature polygame des sociétés africaines » a permis « d’annuler en bonne partie » l'impact de ces traites sur la démographie[172],[173], dans le but d'affirmer que cet impact sur la croissance économique africaine aurait été faible[174], dans le sillage de sa thèse de 1994, démontrant un faible impact des profits de la traite nantaise sur l'industrialisation de la région.

En détaillant d'autres passages, comme ceux caricaturant ou ignorant l'historiographe des traites négrières[175], Odile Tobner estime qu'il ne fait que reprendre des thèses exprimées dans Afrique, l’histoire à l’endroit, publié en 1989 par l'historien africaniste Bernard Lugan[118], dont la promotion en 2001 avait provoqué « la colère des associations et […] une pétition signée par plus de cinquante africanistes français[176]. ».

Odile Tobner reproche à Olivier Grenouilleau de reprendre, sans aucun recul, des « projections mathématiques »[118] pour en faire des chiffres « péremptoires »[118], et soutient que les millions d'esclaves issus de la traite orientale sur onze siècles ne « se sont fondus dans les populations arabes », sans doctrine ou législation raciste, que parce qu'ils y étaient très minoritaires[118]. Elle observe que l'auteur dénonce « le portrait apocalyptique »[177] tracé de la traite au XVIIIe siècle, avec des « taux d’entassement », « souvent exagéré par les abolitionnistes »[178], mais sans apporter aucune preuve ou référence de cette exagération[118], et en semblant considérer que ce mouvement abolitionniste est né par génération spontanée[118], ou par la supériorité morale de l'Europe[118], sans jamais envisager l'hypothèse, pourtant la plus vraisemblable, qu'il découle simplement de la brutalité spécifique à la traite atlantique[118]. Relevant qu'Olivier Grenouilleau écrit qu'aux États-Unis, « la force de la minorité noire s’explique surtout par la tendance à l’endogamie et par une forte natalité »[179] après l'abolition de l'esclavage en 1865, elle estime que ce terme d'endogamie est un euphémisme pour taire la ségrégation raciste qui a perduré[118].

Deux ans plus tard, Raphaël Adjobi, président de l'association "La France noire"[109], observe à son tour que l’auteur « emprunte une démarche pseudo-scientifique pour aboutir à une affirmation qu’il voudrait une vérité générale et absolue »[109].

L'histoire coloniale s'invite dans la grève de 2009 aux DOM

Deux ans après l'Affaire Olivier Grenouilleau, l'histoire de l'esclavage s'est retrouvée au cœur de la la plus grande grève de l'histoire en France d'outre-Mer[180], en 2008-2009, même si elle fut moins meurtrière que celle de février 1948 (trois ouvriers agricoles tués), les émeutes du 20 décembre 1959 (deux morts), la grève sur les champs de canne au Lamentin en 1961 ( trois morts) et les Émeutes de mai 1967 en Guadeloupe (8 morts, certaines estimations parlant de plusieurs dizaines de morts)[181]. Selon Nicolas Rey, docteur en sociologie à Paris I-Sorbonne, la sensibilité à l'histoire de l'esclavage vient de la « peur tenace inscrite dans la mémoire collective guadeloupéenne » de le voir rétabli [182], qui « s’est transmise de génération en génération, depuis son rétablissement par Bonaparte en 1802 »[182].

Le 2008 en Guyane, un collectif de socioprofessionnel et consommateurs opposés à la hausse du carburant forme des barrage à Cayenne et Saint-Laurent du Maroni, bloquant toute circulation à l’exception des véhicules d’urgence. Le 1er décembre des rumeurs évoquent l'arrivée de CRS pour réprimer les 28 barrages recensés[183]. Le mouvement s'étend à la Guadeloupe, où 7 000 personnes manifestent à la mi-décembre à l'appel de 31 syndicats et associations, qui lancent le 20 janvier une grève générale puis mobilisent 65 000 personnes le 30 janvier à Pointe-à-Pitre. Le 5 février, la grève gagne la Martinique avec 20 000 manifestants. Leader incontesté de la grève et du syndicat UTG, Élie Domota, arbore un tee-shirt rouge, couleur des insurgés de 1802 en Haïti contre les troupes de napoléoniennes venues rétablir l'esclavage[184], et fustige la France « qui envoie des charters de gendarmes casser du nègre »[185],[186]. Le , sa marionnette apparaît aux Guignols de l'info, défiant Nicolas Sarkozy. Les appels des élus à « assouplir » la grève pour réduire l'impact sur l'économie ne sont pas suivis. Le , après 44 jours de conflit, un accord entre Élie Domota et le préfet met fin à la grève en échange d'une hausse de 200 euros des salaires mensuels[187],[188] .

Le tournant du conflit[189] , qui a fait basculer la Martinique, est un reportage du 30 janvier sur Canal+, où Alain Huygues-Despointe, un des "Békés" antillais, propriétaire des principales usines de produits alimentaires, regrette que les historiens ne s'intéressent pas "aux bons côtés de l'esclavage"[190],[191] et explique "vouloir préserver sa race" en déplorant de voir "des familles métissées"[190]. Le 2 février, il signale que ses propos ont été "sortis de leur contexte" et ne reflétaient "en rien ses convictions profondes" sur l'esclavage, "un passé honni"[190], mais l'indignation est telle que le parquet de Martinique ouvre une information judiciaire pour "apologie de crime contre l'humanité et incitation à la haine raciale"[190]. Un peu plus tard, des jeunes ont caillassé puis brûlé des tracteurs[182]. Serge Romana, fondateur du Comité Marche du 23 Mai, déclare à la télévision que « les békés ce ne sont pas les Blancs, ce sont les descendants d’esclavagistes ! Il faut être précis sinon (...) on racialise la chose »[192],[182]. Les propos de Domota, « Soit ils appliqueront l'accord, soit ils quitteront la Guadeloupe (...) Nous ne laisserons pas une bande de békés rétablir l'esclavage. », choquent aussi, le rédacteur en chef du Figaro Yves Thréard y voyant « la sombre période de la guerre d'Algérie »[193], et le parquet ouvre aussi une enquête judiciaire, pour « provocation à la haine raciale »[182].

Le débat sur les choix historiographiques du Mémorial ACTe

Les polémiques de Affaire Olivier Grenouilleau se sont rapidement invitées au Mémorial de la traite et à l’esclavage en Guadeloupe. En 2007, le président Nicolas Sarkozy, opposé à l'idée de repentance, abandonne le projet, que Jacques Chirac avait confié à l'écrivain Édouard Glissant. L'indépendantiste Luc Reinette, fondateur du projet en 1997, vient de créer avec George Lawson Body un « collectif pour la vérité historique » qui dénonce « une campagne révisionniste organisée autour du Mémorial ». Puis le président de la Guadeloupe, Victorin Lurel convainc François Hollande d'un financement partiel[194],[195], mais le comité scientifique créé en 2005 est maintenu[196].

En mai 2014, un document de présentation de ce Mémorial ACTe, critiqué car éludant les responsabilités de l’Europe dans le trafic d'esclaves, est retiré, puis finalement réitéré. Luc Reinette publie une lettre ouverte pour protester[197],[198], rappelant le pape Jean-Paul II, s'était agenouillé à Gorée pour demander pardon aux peuples noirs[199] et que dans les musées nord-américains, la participation de rois africains à la traite est citée, mais jamais généralisée.

La fronde reprend un an après, par une lettre du 16 avril 2015, signée d'Élie Domota et d'associations ayant animé la grève de 2009, accusant George Pau-Langevin, ministre des outres-mers de « reprendre les thèses de l’historien Olivier Pétré- Grenouilleau » et ainsi « développer le négationnisme »[200], pour annoncer qu’ils boycotteront l’inauguration, pourtant censée permettre une "réconciliation"[201],[202]. Dans Libération, le sociologue Jean-Luc Bonniol déclare qu'« une prise de position de la puissance publique, serait la bienvenue », un peu comme Jacques Chirac en 1995 à propos de la déportation des Juifs de France[200], tandis que Marie-Luce Penchard, maire UMP de Basse-Terre, dénonce le projet comme « pharaonique »[200] et que de très virulents opposants figurent aussi parmi les militants socialistes[200]. L'envoyé spécial du Monde souligne que les habitants jugent exorbitant le coût de 83 millions d'euros, mais salue certains partis pris « évidents, mais somme toute logiques » de l'exposition, qui « propose de sortir des logiques victimaires » et « ne s’attarde pas trop sur l’histoire des abolitionnismes, récit républicain dominant au XXe siècle », préférant une frise chronologique « donnant une impression de vertige face à l’intemporalité du phénomène » de l'esclavage[203].

Les critiques de Patrick Manning en 2012

En 2012, dans un entretien à une revue scientifique française[10], l'historien américain Patrick Manning, abondamment cité par Olivier Pétré-Grenouilleau pour donner des estimations en millions de chacune des traites négrières, critique la façon dont le Français a utilisé et vulgarisé son travail[10]. Selon lui, l'historien français a puisé dans son livre de 1990, Slavery and African Life, des estimations statistiques sur les populations en Afrique et sur la mise en esclavage afin d'affirmer « que le commerce transatlantique des esclaves organisé par les Français était négligeable par rapport à l’ampleur de l’esclavage sur le continent africain »[10]. Il dénonce « ces tentatives visant à dissocier l’esclavage transatlantique de l’esclavage africain »[10], révèle avoir en contact en 2005 avec l’écrivain Claude Ribbe[10], qui a joué un rôle important dans cette affaire[10], et n'avoir rencontré Pétré-Grenouilleau qu’en 2010[10], la conférence organisée à Paris en 2005, à laquelle ce dernier l'avait invité, ayant été annulée à cause de la polémique[10]. Patrick Manning critique aussi l'affirmation par Olivier Pétré-Grenouilleau qu'il a publié dans Les traites négrières la première histoire globale de ce phénomène, alors que son propre livre et celui de François Renault et Serge Daget, Les traites négrières en Afrique, datant de 1985, l'ont précédé[10].

Le mémorandum de 2014 avec le CRIF

Patrick Karam, le principal acteur de l'Affaire Grenouilleau, devenu président du Crefom (Conseil représentatif des Français d'Outre-Mer)[204] signe en 2014 un mémorandum commun avec le CRIF et son président Roger Cukierman[204], "afin que les deux institutions unissent leurs forces contre le racisme et l’antisémitisme mais également en renforçant les liens entre le CRIF et les Antilles"[205],[204]. Tous deux s'indignent de voir le maire Front national de Villers-Cotterêts refuser de commérer l'abolition de l'esclavage le 10 mai.

Roger Cukierman annonce qu'il veut une représentation régionale du CRIF aux Antilles[204] et rappelle les saillies antisémites de l'humoriste Dieudonné et de l'essayiste Alain Soral pour déplorer « quelque chose qu'on avait pas vu en France depuis 1945 »[204], tandis que Patrick Karam présente le texte comme « un cinglant démenti à ceux qui tentent d'opposer les mémoires de la Shoah et de l'Esclavage, et les populations entre elles »[204]. « Quand tu entends parler du Juif, tends l'oreille. On parle de toi » a-t-il rappelé en citant l'auteur anticolonialiste Frantz Fanon[204].

L'affaire Christine Angot en 2019

Les références à Olivier Grenouilleau ou la polémique de 2005 restent nombreuses en 2018-2019. La chroniqueuse et essayiste Céline Pina, principalement connue pour sa critique de l'islamisme, estime qu'il a eu pour seul tort de rappeler que les traites africaines et arabo-musulmanes ont non seulement existé aussi, mais ont été encore plus massives que la traite transatlantique[206], ce qui est nié par toute une partie de la « logorrhée indigéniste ». Puis c'est l'écrivaine Christine Angot[207], dans l'émission "On n'est pas couché" du 1er juin 2019, qui revient aux termes du débat de l'Affaire Grenouilleau[208] et déclenche un tollé en déclarant que la traite des Noirs était "exactement le contraire" de la Shoah, car les esclaves devaient être "en bonne santé" à leur arrivée[209]. Plus de 900 signalements de téléspectateurs au CSA sont effectués dans la soirée [210]. L'historienne Mathilde Larrère rappelle immédiatement les conditions de vie sur les navires négriers : coups de fouet, violence à tout bout de champs, viol des femmes, et cite Marcus Rediker, spécialiste de l'histoire de la traite, selon qui près de 1,8 million de personnes ont succombé en mer (exécutions, sévices, suicide, dysenterie)[211] et que parmi les 10,6 millions de captifs arrivant au Nouveau Monde, 1,5 million de captifs y sont morts la première année sur les plantations[211]. L'historienne Myriam Cottias, spécialiste de l’esclavage, y voit elle un discours idéologique[212], voire « un consensus révisionniste vis-à-vis de l’histoire de l’esclavage »[212], dans lequel « tout est vu d’un point de vue individuel et non pas d’un point de vue historique »[212], et rappelle que la durée moyenne de vie en plantation à Saint-Domingue ne dépassait pas huit ans[212]. Selon elle, le Discours sur le colonialisme d'Aimé Césaire déclarait en substance, en 1950, que c’est parce que l’Europe n’a pas été en mesure de reconnaître l’horreur de l’esclavage, que finalement la Shoah a été possible[212],[213],[214]. L'historienne s'étonne, par ailleurs, qu'en plateau personne n'ait repris Christine Angot[211]. Laurent Ruquier réagit sur Twitter pour dénoncer ceux qui, selon lui, « cherchent à créer une polémique inutile »[211].

Tandis qu'Aymeric Caron, invité régulier de l'émission, estime que la chroniqueuse a sous-entendu que les esclaves « bien traités » lors de ces voyages, le site d'information réunionnais Zinfos974, spécialisé dans l'information locale et internationale, dénonce des « propos honteux » et rapporte que Patrick Karam, très actif en 2005 dans l'Affaire Grenouilleau, devenu vice-président de la région Île-de-France, demande des "excuses et une clarification" de la part de la chroniqueuse et de Laurent Ruquier, présentateur de l'émission, qui avait semblé la justifier[211],[215], et qui a selon Karam « décidé de soutenir cette dernière ». Karam saisit le CSA pour « obtenir des sanctions exemplaires » et protester contre cette expression « des esclaves en bonne santé », alors que des millions « ont péri et ont été jetés à la mer » et des propos « d’autant plus inacceptables qu’ils ont été conservés dans une émission enregistrée »[205].

La chroniqueuse s'excuse ensuite de ne pas avoir « su trouver les mots » et l'émission invite la semaine suivante des représentants d'associations antiracistes[216].

La fiction mettant en scène Danièle Obono

La députée LFI Danièle Obono n'est pas intervenue dans l'affaire Grenouilleau et ne figure pas parmi les groupes et personnalités décolonialistes dont 80 intellectuels ont déploré en juillet 2020, qu'ils soient accueillis dans les prestigieux établissements universitaire en estimant que ces lieux « ne doivent plus être utilisées contre la République » [217]. Malgré cela, Danièle Obono est accusée en septembre 2020 par le magazine Valeurs actuelles de nier l'existence de la traite esclavagiste interne au continent africain, dans une fiction qui la représente nue et enchaînée, dans le rôle d'une esclave vendue par des Africains au XVIIIe siècle. Tous les partis politiques y dénoncent une publication raciste. L'historien Édouard Husson voit dans ces condamnations le résultat d'une opération politique et effectue un lien avec la parution de l’histoire globale de la traite des Noirs par Olivier Pétré-Grenouilleau, estimant que grâce à lui, « on sait (...) que les peuples d’Afrique eux-mêmes ont contribué à la réduction en esclavage de leurs frères humains » et que la « la fiction de Valeurs Actuelles est une autre manière de rappeler ce que les militants racialistes ne veulent pas entendre »[218].

Notes et références

  1. Ne mélangeons pas tout texte en réaction à Liberté pour l'histoire.
  2. "Le négationnisme colonial, de l’Université à la littérature de gare" par Francis Arzalier, docteur en histoire moderne et contemporaine, dans la Revue d’histoire critique, en 2006 .
  3. « Un négationnisme respectable », sur lmsi.net
  4. Au mois d’octobre 2002, en direct sur Canal +
  5. Les raisons d’une mobilisation réussie", 18 décembre 2004 dans le quotidien du Parti communiste réunionnais Témoignages .
  6. "Devenir descendant d'esclave Enquête sur les régimes mémoriels" par Johann Michel, aux Presses Universitaires de Rennes en 2015
  7. Communiqué du CM98.
  8. "Le rétablissement de l’esclavage en Guadeloupe, mémoire, histoire et « révisionnisme » 1802-2002" par Frédéric Régent, dans Les Cahiers d’histoire. Revue d’histoire critique .
  9. Article dans Le Devoir du .
  10. "Pour une histoire mondiale de la diaspora africaine". Entretien de Stéphane Dufoix avec Patrick Manning, dans la revue Tracés en 2012 .
  11. "Mémoires vives: pourquoi les communautés instrumentalisent l'histoire" par Eric Keslassy, et Alexis Rosenbaum, aux Editions Bourin, en 2007
  12. "Retrait de la plainte contre un historien de l’esclavage" par Jean-Baptiste de Montvalon, dans Le Monde du 4 février 2006. .
  13. L'Obs du 11 décembre 2008 .
  14. Article dans Histoire pour tous .
  15. "L’enseignement de l’esclavage, des traites et de leurs abolitions dans l’espace scolaire hexagonal" par l'Institut national de recherche pédagogique, dans son rapport de recherche 2006-2010 .
  16. Mon avis sur la pétition des historiens (2005), Guy Pervillé, ldh-toulon.net, 29 mars 2005 puis 24 avril 2005. .
  17. "L'esclavage, du souvenir à la mémoire: Contribution à une anthropologie de la Caraïbe" par Christine Chivallon, aux Editions KARTHALA, 2012 .
  18. "La Martinique contre la loi de la honte", par Laure MARTIN-HERNANDEZ et Vanessa SCHNEIDER dans Libération du 8 décembre 2005 .
  19. "Aimé Césaire au Panthéon" par Tshitenge Lubabu M.K. le 20 janvier 2011 dans Jeune Afrique .
  20. "Colonisation, loi et histoire : un article invalidé cache l’autre", le 27 janvier 2006, dans Témoignages', quotidien du Parti communiste réunionnais ' .
  21. Le 16 pluviôse an II (en souvenir de la première abolition de février 1794), le 27 avril (en souvenir de la seconde abolition de 1848) et le 23 août (en souvenir de l’insurrection de Saint-Domingue et retenue par l’UNESCO comme journée internationale de souvenir)
  22. "Devenir descendant d'esclave: enquête sur les régimes mémoriels" par Johann Michel, aux Presses universitaires de Rennes en 2015 .
  23. Site officiel du Comité pour la Mémoire de l’esclavage [www.comite-memoire-esclavage.fr].
  24. " Traite et traites par Claude Fohlen, dans la Revue historique de février 2005
  25. "Luce-Marie ALBIGÈS, « Le plan d'un bateau négrier, symbole du mouvement abolitionniste », Histoire par l'image .
  26. " Essai d'évaluation de la population de l'Afrique Noire aux XVe et XVIe siècles", par Louise-Marie Diop-Maes, dans la revue Population en 1985
  27. Extrait du Dictionnaire de Nantes sur Patrimonia en 2018
  28. Article de Rétronews le 12/11/2018 par Pierre Ancery, La traite des Africains vue par la presse économique du XVIIIe siècle
  29. Article de Jérôme Gauthere, le 9 janvier 2006, Le Monde Traites négrières, esclavage : les faits historiques
  30. "La traite oubliée des négriers musulmans" par Olivier Grenouilleau dans L'Histoire, janvier-mars 2006
  31. "Conséquences sur l’Afrique", par Louise Marie Diop-Maes, en novembre 2007 dans Le Monde Diplomatique
  32. " Quel est le bilan humain de la traite" par Emmanuel Leroueil, dans L'Afrique des idées 30 avril 2012
  33. "Tollé après les propos d'Alain Finkielkraut sur les Antilles" par Nicolas Weill dans Le Monde du 25 mars 2005 .
  34. L'Obs du 4 mars 2005 .
  35. "Dieudonné va être rejugé pour des propos visant les juifs" dans Le Monde du 5 mars .
  36. Rédacteur en chef de revue de la Ligue des droits de l'homme.
  37. Dans Le Journal du dimanche du 8 février 2004, à propos de ceux qui avaient agressé le public de son spectacle, il affirmait : "Ceux qui m'attaquent ont fondé des empires et des fortunes sur la traite des Noirs et l'esclavage", puis en juillet 2004, il récidivait : "Les juifs ont profité de cette colonisation et de la traite négrière." et évoquait le 29 décembre 2004 "la haine des juifs à l'égard des Noirs" et affirmait le 16 février 2005 que les "autorités sionistes" l'empêchaient de faire "un film sur la traite négrière"
  38. "L'exploitation raciste d'un crime contre l'humanité", par Gilles Manceron, dans Le Monde du 5 mars 2005 .
  39. "Traite négrière : les détournements de l'histoire", par Olivier Petre-Grenouilleau le 5 mars 2005 dans Le Monde .
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  41. [vidéo] Dieudonné sur BeurFM 2/4 sur Dailymotion, au micro de Beur FM le (Propos retranscrits dans Dieudonné : Dans les livres de classe de mes enfants, j'ai arraché les pages sur la Shoah, L'Arche no 565, .
  42. Mercier 2005, p. 33.
  43. Mercier 2005, p. 29.
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  45. La galaxie Dieudonné: Pour en finir avec les impostures, par Michel Briganti, André Déchot et Jean-Paul Gautier, aux Edition Syllepse
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  128. Photo d'archives du 7 mars 1999 sur Cnews .
  129. "Une campagne Verte au son du tam-tam.Invité par Dieudonné, Cohn-Bendit tenait réunion en Eure-et-Loir", par Michel HOLTZ — 8 mars 1999 dans Libération .
  130. "A Dreux, le Black Dieudonné se veut l'héritier de Coluche" par BEATRICE GURREY le 18 janvier 2001 dans Le Monde .
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  132. "Scrutin public sur l'ensemble du projet de loi relatif à l'application du principe de laïcité dans les écoles, collèges et lycées publics", Site de l'Assemblée nationale, 10 février 2004
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  174. Olivier Grenouilleau y écrit: « Il serait exagéré, à la faveur d’une lecture européocentriste dépassée de l’histoire africaine, de voir dans les effets démographiques de la traite l’une des raisons essentielles du mal-développement africain. »
  175. Olivier Grenouilleau écrit à ce sujet: « Concernant les idées, presque rien n’a en effet été véritablement inventé depuis le XIXe siècle, époque à laquelle les abolitionnistes faisaient de la traite la cause du malheur de l’Afrique, tandis que leurs détracteurs n’y voyaient que la conséquence de son anarchie. » .
  176. Rousso 2004, p. 219.
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  207. En cherchant à saluer un livre publié par Franz-Olivier Giesbert Le Schmock par Franz-Olivier Giesbert, 2019, qui raconte une histoire d’amour dans l’Allemagne nazie
  208. "Les termes du débat sont posés de la même manière", estime l'historienne Myriam Cottias, dans Les Inrockuptibles qui lui pose cette question
  209. VIDEO. Christine Angot fait polémique après ses propos sur l'esclavage, France Télévisions le 04/06/2019 .
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  211. "Propos de Christine Angot sur l'esclavage : Laurent Ruquier juge la polémique "inutile", par Audrey Kucinskas, dans L'Express le 03/06/2019 .
  212. Christine Angot et l'esclavage : “Un discours idéologique et non informé”, dans Les Inrockuptibles .
  213. "Discours sur le colonialisme d’Aimé Césaire", analyse par Marion Robinel, 3 avril 2020 .
  214. "La vérité est que, dans cette politique, la perte de l'Europe elle-même est inscrite, et, que l'Europe, si elle n'y prend garde, périra du vide qu'elle a fait autour d'elle", écrit Aimé Césaire, dans le Discours sur le colonialisme
  215. "Propos de Christine Angot sur l'esclavage : Laurent Ruquier prend sa défense", dans Paris Match le 04/06/2019 .
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Émile-Auguste Bégin, Biographie de la Moselle : histoire par ordre alphabétique de toutes les personnes nées dans ce département, t. 3, Metz, Verronais, , 535 p., 4 dl. : ill., prtr. ; 22 cm (OCLC 906296119, lire en ligne), p. 31-36.

Voir aussi

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