Ariel Sharon

Ariel Sharon (en hébreu : אריאל שרון), né Ariel Scheinermann le à Kfar Malal (Palestine mandataire) et mort le à Ramat Gan (Israël), est un général et homme d'État israélien, Premier ministre d'Israël de 2001 à 2006.

Pour les articles homonymes, voir Sharon.

Ariel Sharon
אריאל שרון

Ariel Sharon en 2002.
Fonctions
Premier ministre d'Israël
[N 1]
(5 ans, 1 mois et 7 jours)
Élection 6 février 2001
Président Moshe Katsav
Gouvernement Sharon I et II
Législature 15e et 16e
Prédécesseur Ehud Barak
Successeur Ehud Olmert
Ministre des Affaires étrangères

(7 mois et 24 jours)
Premier ministre Benyamin Netanyahou
Prédécesseur David Lévy
Successeur David Lévy
Ministre des Infrastructures nationales

(1 an, 11 mois et 28 jours)
Premier ministre Benyamin Netanyahou
Prédécesseur Yitzhak Levy
Successeur Eli Suissa
Ministre de la Construction et de l'Aménagement

(2 ans, 1 mois et 2 jours)
Premier ministre Yitzhak Shamir
Prédécesseur David Lévy
Successeur Binyamin Ben-Eliezer
Ministre du Travail, du Commerce et
de l'Industrie

(5 ans, 5 mois et 7 jours)
Premier ministre Shimon Peres
Yitzhak Shamir
Prédécesseur Gideon Patt
Successeur Moshe Nissim
Ministre de la Défense

(1 an, 6 mois et 9 jours)
Premier ministre Menahem Begin
Prédécesseur Menahem Begin
Successeur Menahem Begin
Biographie
Nom de naissance Ariel Scheinermann
Surnom Arik
Le Lion du désert
Le Bulldozer
Roi d'Israël[1]
Date de naissance
Lieu de naissance Kfar Malal (Palestine
mandataire
)
Date de décès
Lieu de décès Ramat Gan (Tel-Aviv, Israël)
Nationalité Israélienne
Parti politique Likoud (1977-2005)
Kadima (2005-2006)
Conjoint Margalit Sharon († 1962)
Lily Sharon († 2000)
Diplômé de Université hébraïque de
Jérusalem

Université de Tel Aviv


Premiers ministres d'Israël

Il s'illustre militairement au cours des guerres israélo-arabes de 1948, de Suez, des Six Jours et du Kippour.

Après sa retraite militaire, Ariel Sharon entame une carrière politique au début des années 1970 en cofondant le Likoud. Il exerce ensuite plusieurs fonctions ministérielles, de 1977 à 1992 et de 1996 à 1999. La commission Kahane conclut en 1983 à sa responsabilité indirecte du massacre de Sabra et Chatila, ce qui le contraint à démissionner. Au gouvernement, Ariel Sharon autorise l'implantation de colonies israéliennes en Cisjordanie et dans la bande de Gaza.

Dirigeant du Likoud à partir de 1999, il devient Premier ministre en , après le déclenchement de la seconde Intifada. Reconduit à la suite des élections législatives de 2003, il met en œuvre en 2004-2005 le retrait israélien unilatéral de la bande de Gaza. Il quitte alors le Likoud, qui s'était divisé sur cette mesure, et crée un parti centriste, Kadima.

En , alors qu'il est pressenti pour obtenir un troisième mandat aux élections législatives anticipées, il est victime d'une grave attaque cérébrale. Plongé dans un coma artificiel, il est démis de ses fonctions de Premier ministre en . Il meurt après huit ans passés dans le coma.

Origines et jeunesse

Ariel Scheinermann naît le à Kfar Malal (Palestine mandataire).

Son père, Shmouel Scheinerman, est technicien agronome originaire de Brest-Litovsk ville de l'Empire russe puis de la Pologne reconstituée. Sa mère, Véra, est médecin originaire de Moguilev (actuelle Biélorussie)[2].

Dans leur enfance, ses parents sont marqués par les pogroms antijuifs de 1903-1905 dans la Russie tsariste. Ils émigrent en Palestine en 1920, et s'installent en 1922 dans le moshav (village agricole) de Kfar Malal, où naît Ariel Sharon, qui a une sœur aînée, Youdith.

Ariel Sharon entre dans le mouvement de jeunesse paramilitaire Gadna, puis s'implique dans l'organisation d'autodéfense Haganah, avant qu'elle ne se fonde dans Tsahal après la Première Guerre israélo-arabe.

À la suite des instructions de David Ben Gourion, qui veut que les officiers militaires prennent des noms hébreux[réf. nécessaire], il choisit de se faire appeler « Sharon », qui est sa région de naissance.

Carrière militaire

Guerre de 1948

Lors de la guerre israélo-arabe de 1948, il est commandant de détachement dans la brigade Alexandroni de la Haganah. Il est gravement blessé lors de la première bataille de Latroun contre la Légion arabe.

En 1949, il est promu commandant de compagnie et en 1951, officier dans les services de renseignement.

Commandant de forces spéciales

Réunion de l'état-major israélien (1957) : le lt col. Ariel Sharon (à gauche) est assis à côté de David Ben Gourion (au milieu), alors Premier ministre d'Israël. Ben Gourion avait une affection privilégiée pour Ariel Sharon en qui il voyait l'incarnation du « nouvel homme israélien »[3].

Après des études à l'université hébraïque de Jérusalem, Moshe Dayan lui demande de reprendre du service actif en prenant le commandement de l’Unité 101, la première unité des forces spéciales israéliennes.

L'unité 101 sous son commandement entrepris une série de raids de représailles contre la Jordanie, qui occupait alors la Cisjordanie. Les raids ont également aidé à renforcer le moral des Israéliens et à convaincre les États arabes que la jeune nation était capable d'une action militaire à long terme.

Le , l’Unité 101 (ou Force 101) commandée par Ariel Sharon est accusée d'avoir perpetré un massacre lors du raid de Qibya, situé en territoire sous contrôle de la Jordanie, en représailles d'une incursion palestinienne en Israël. Selon les témoignages, soixante-neuf civils sont tués dans le dynamitage de leurs maisons, la moitié des femmes et des enfants.

En 1956, durant la crise du canal de Suez, les Israéliens coopèrent à la tentative de prise de contrôle du canal de Suez par les corps expéditionnaires franco-britanniques à la suite de sa nationalisation par Nasser. Ariel Sharon commande la 202e brigade parachutiste et se distingue au sein de l'état-major par la promptitude avec laquelle les forces qu'il dirige entrent dans le Sinaï.

En 1957, il part pour un an à l'École militaire de Camberley au Royaume-Uni. À son retour, il étudie le droit à l'université de Tel-Aviv.

Guerre des Six Jours

Lors de la guerre des Six Jours de 1967, qui fera la renommée de l'armée israélienne, il commande une des divisions qui participent à la prise du Sinaï. Ariel Sharon y acquiert un grand prestige auprès de ses hommes et de l'opinion publique israélienne. Le commandement reconnaît en lui un grand stratège mais n'apprécie pas son indiscipline.

En 1971, Ariel Sharon prend en charge le commandement du front sud (Sinaï) et en particulier de la zone le long du canal de Suez (ligne Bar-Lev). Il sera également chargé de mettre un terme aux activités terroristes palestiniennes dans la bande de Gaza.

Sharon s'oppose à la construction de ligne Bar-Lev antichar après la guerre.

Guerre du Kippour

Ariel Sharon, blessé lors de la guerre du Kippour en 1973.

En 1973, Ariel Sharon démissionne de l'armée pour se lancer en politique. Quand l'Égypte et la Syrie lancent à la fin de l'année une attaque surprise contre Israël (le jour de la fête juive du Yom Kippour), Ariel Sharon est rappelé d'urgence sur le front sud dont il vient d'abandonner le commandement et y prend la tête d'une division blindée. Lors de la guerre, il augmente encore son prestige auprès de l'opinion publique et confirme ses talents de tacticien, à la suite notamment de plusieurs manœuvres qui permettent à l'armée israélienne de franchir le canal de Suez, puis d'encercler et d'isoler la IIIe armée égyptienne, ce qui apporte la victoire aux Israéliens.

Plus tard, en 1977, le président égyptien Anouar el-Sadate, en visite à Jérusalem après avoir signé la paix avec Israël, promettait en plaisantant à « Arik » une fessée pour une prochaine visite éventuelle sans invitation.

Parcours politique

Débuts

En 1973, Ariel Sharon participe à la fondation de l'alliance politique de droite Likoud, qui devient un parti politique en 1988. Il est élu à la Knesset, qu'il quitte l'année suivante.

De juin 1975 à mars 1976, Sharon devient un assistant spécial du Premier ministre Yitzhak Rabin. En 1977 il tente de revenir au Likoud et de remplacer Menachem Begin à la tête du parti. Il a ensuite tenté de rejoindre le Parti travailliste et le Mouvement démocratique centriste pour le changement mais n'y est pas parvenu. Ce n'est qu'alors qu'il a formé sa propre liste, Shlomtzion, qui a remporté deux sièges à la Knesset lors des élections suivantes. Immédiatement après les élections, il a fusionné Shlomtzion avec le Likoud et est devenu ministre de l'Agriculture.

Député et ministre de l'Agriculture

Lorsque Sharon a rejoint le gouvernement de Begin, il avait relativement peu d'expérience politique. Pendant cette période, Sharon a soutenu le mouvement messianique Gush Emunim.

En tant que ministre de l'Agriculture en 1977, il soutient l'expansion des implantations agraires juives en Cisjordanie et à Gaza. Sous sa houlette, entre 1977 et 1981, plus de 25 000 Juifs s'installent dans les territoires occupés.

Il est réélu député à la Knesset sans interruption entre 1977 et 2006.

Ariel Sharon (à droite) avec le Premier ministre israélien Menahem Begin, en 1977.

Ministre de la Défense

En 1981, il devient ministre de la Défense. Pendant la guerre Iran-Irak, il prend contact avec l'Iran, alors considéré comme la partie faible du conflit, afin de lui proposer des contrats d’armements. Israël choisit de favoriser le prolongement de la guerre afin de voir deux ennemies s'affaiblir et de détourner l’attention de l’opinion publique internationale du problème palestinien. Le pays devient alors le cinquième ou sixième plus grand exportateur d'armes au monde, celles-ci constituant la première source de recettes d’Israël)[4]. En 1982, Ariel Sharon révèle les accords avec l'Iran et affirme qu'il s'agissait d'« activités limitées, principalement indirectes et non secrètes ». Il se plaint d'une tentative de caricaturisation d'Israël en un État prêt à vendre des armes à tout prix[5]. L'année suivante, il déclare que les ventes se faisait avec le consentement des États-Unis[6].

Selon Rémi Burlin de l'Orient XXI, dans les mois qui suivent sa nomination au ministre de la Défense, il aurait créé un faux groupe terroriste, en fait les services secrets israéliens, appelé « Front pour la libération du Liban des étrangers » et qui revendique des attaques à la voiture piégée provoquant des centaines de morts. Plusieurs projets d'assassinat de Yasser Arafat auraient été élaborés mais ne peuvent être exécutés[7].

En 1982, il dirige les opérations d'évacuation du Sinaï, notamment de la ville de Yamit, que quelques centaines d'Israéliens refusaient l'ordre d'évacuation. L'armée les évacuent de force, et fait démolir les logements. La diffusion de l'évacuation à la télévision marque l'opinion publique israélienne.

Massacres de Sabra et Chatila

En 1982, l'armée israélienne envahit le Liban, alors en guerre civile, pour en chasser l'OLP. L'armée israélienne prend rapidement le contrôle du Sud Liban et de Beyrouth-Est. Le 16 septembre, elle laisse les phalangistes chrétiens libanais pénétrer dans les camps de réfugiés palestiniens de Sabra et Chatila sous son occupation pour y combattre les militants palestiniens. Ces derniers y massacrent, pendant deux jours, entre 460 et 2 300 civils Palestiniens[8]. Plus de 400 000 Israéliens manifesteront contre ce massacre la semaine suivante, alors qu'Israël occupe le Liban[9]. Le , la commission d'enquête officielle dirigée par le président de la Cour suprême, le juge Yitzhak Kahan, publie son rapport, dans lequel elle évoque la « responsabilité indirecte » d'Ariel Sharon, qui n'aurait « pas ordonné que les mesures adéquates soient prises pour empêcher d'éventuels massacres ». Ariel Sharon est alors contraint à démissionner et est éclipsé de la vie politique pendant plusieurs années.

Autres ministères

Caspar Weinberger et Ariel Sharon, en 1982.

Ariel Sharon négocie en 1983 un accord militaire avec le Zaïre, alors dirigé par Mobutu, pour former et équiper la garde présidentielle de ce dernier[10].

De 1990 à 1992, il est ministre du Logement et de la Construction, ainsi que président du Comité ministériel sur l'Immigration et l'Absorption. À la suite de la chute de l'Union soviétique et des vagues d'immigration depuis la Russie, il initie et mène à bien un programme incluant la construction de 144 000 appartements pour absorber les immigrants à travers le pays.

De 1992 à 1996, pendant la période des accords d'Oslo, il est membre du Comité de Défense et des Affaires étrangères de la Knesset.

Ariel Sharon est nommé, en 1996, ministre de l'Infrastructure nationale, et est impliqué dans la stimulation d'entreprises conjointes avec la Jordanie, l'Égypte et les Palestiniens. Il est également président du Comité ministériel pour l'avancement des Bédouins.

En 1998, il est nommé ministre des Affaires étrangères et dirige les négociations avec l'Autorité palestinienne.

Ariel Sharon en 1998.

En tant que ministre des Affaires étrangères, Ariel Sharon rencontre des dirigeants américains, européens, palestiniens et arabes pour faire avancer le processus de paix. Il collabore au Flagship Water Project fondé par la communauté internationale pour trouver une solution à long terme à la crise de l'eau dans la région et servant de bases à des relations pacifiques entre Israël, la Jordanie et les Palestiniens.

Il prend la tête du Likoud en 1999, à la suite de la démission de Benjamin Netanyahou et de l'élection au poste de Premier ministre d'Ehud Barak. Il reste à la tête du parti jusqu'en 2005. Il est également membre du Comité de Défense et des Affaires étrangères à la Knesset.

Les Palestiniens commencent la seconde Intifada sur fond de sa visite sur l'esplanade des mosquées/mont du Temple. Plusieurs commentateurs israéliens et internationaux n'y voient que le prétexte au déclenchement d'une insurrection préparée par Yasser Arafat depuis l'échec des négociations de Camp David à l'été 2000 et après huit ans de négociations infructueuses et dans le contexte des attentats par les groupes extrémistes palestiniens. Selon le journaliste palestinien Khaled Abu Toameh, après l’échec des négociations de Camp David, attribuée à l’intransigeance de Yasser Arafat, le mensuel palestinien de l'Autorité palestinienne, Al-Shuhada, publia dans son édition réservée aux agents de sécurité palestiniens, une lettre de Yasser Arafat demandant au « brave peuple palestinien de se préparer pour la libération de Jérusalem » et à une « confrontation totale avec Israël » du fait de son refus d'accepter le « diktat » israélo-américain. Le 30 août, une autre publication palestinienne officielle, Al-Sabah, appelle à l'Intifada et au Jihad à Jérusalem. Le 3 août, une enquête d'opinion publiée par le Palestinian Center for Policy and Survey Research (en) indique que deux tiers des Palestiniens soutiennent le déclenchement d'une nouvelle intifada et la violence contre Israël. Le 3 octobre, la radio israélienne, Kol Israel fait état d'un accord entre le ministre israélien des affaires étrangères, Shlomo Ben Ami et le chef des services de sécurité palestiniens, Jibril Rajoub, selon lequel il n'y aura pas de réactions à la visite d'Ariel Sharon sur l'esplanade s'il ne pénètrera dans l'enceinte de la mosquée[11],[12]. Le 22 octobre, Marouane Barghouti admet avoir tenu « un rôle direct » dans son déclenchement.

Premier ministre

Ariel Sharon en 2001.

Le , en préparation à la campagne électorale, il déclare dans une assemblée au New York Post : « Je suis pour une paix durable… Unis, je pense que nous pouvons gagner la bataille de la paix. Mais cela doit être une paix différente, une paix avec reconnaissance totale des droits des Juifs dans leur seule et unique terre ; une paix avec la sécurité pour des générations et une paix avec Jérusalem unifiée en tant que capitale éternelle et indivisible du peuple juif dans l’État d’Israël pour toujours. »

Il précise à plusieurs reprises la nature de son engagement politique. Il déclare en avril 2001 au quotidien Haaretz : « la guerre d'indépendance d'Israël n'est pas terminée […] Toute ma vie s'est passée dans ce conflit […] Combattre a été et restera la charge de ma génération. […] Telle sera la charge des générations à venir »[13].

En 2001, Ariel Sharon est élu au poste de Premier ministre de l'État d'Israël et promet un programme portant principalement sur la sécurité contre le terrorisme palestinien. En avril 2002, il lance l'opération Rempart en Cisjordanie à la suite de l'attentat du 27 mars 2002 à l'hôtel Park de Netanya et initie la traque de terroristes palestiniens.

Ariel Sharon est reconduit en mars 2003, à l'issue d'élections anticipées intervenues en raison du départ des travaillistes du gouvernement, le [14].

Mahmoud Abbas, George W. Bush et Ariel Sharon, le 4 juin 2003.

Il stoppe toute négociation avec Yasser Arafat qu'il considère responsable des attentats en Israël et lance une campagne de répression contre les groupes palestiniens. Il entame également la construction d'une barrière séparant Israël, dont Jérusalem, de la Cisjordanie. En 2004, peu après le décès de Yasser Arafat, il entame des pourparlers de paix avec le nouveau chef de l'Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas.

Le président des États-Unis, George W. Bush, et Ariel Sharon en 2004.

Parallèlement, Sharon annonce sa détermination à effectuer un plan de désengagement des territoires occupés. Le , il tient un discours à la Knesset où il déclare : « En tant que quelqu’un qui a combattu dans toutes les guerres d’Israël et appris de ses expériences personnelles que sans la force appropriée, nous n’avons pas une chance de survivre dans cette région qui ne montre aucune pitié envers les faibles, j’ai aussi appris par expérience que l’épée seule ne peut résoudre cette dispute amère pour cette terre»[15]. Le désengagement se déroulera du 15 août au .

Ariel Sharon et Vladimir Poutine en 2005.

Après l'opposition d'une partie des membres du Likoud à ce retrait, Sharon doit composer une alliance avec le Parti travailliste de Shimon Peres. L'élection d'Amir Peretz à la place de Shimon Peres en novembre 2005 menace la coalition. Ariel Sharon demande au président Moshe Katsav de dissoudre le Parlement, puis il démissionne du Likoud le . Il crée alors son propre parti, Kadima En Avant »), de sensibilité de centre droit, que Shimon Peres rallie en vue des élections générales anticipées prévues en mars 2006. Il évoque à l'occasion que ce parti a pour but de suivre la « feuille de route » et qu'il ne remet pas en cause l'évacuation déjà réalisée des colonies de la bande de Gaza (évoquant même l'éventualité d'évacuations de colonies de Cisjordanie).

Sur le plan économique, il accentue les réformes structurelles.

Selon Laura Raim du Monde diplomatique, le système de garderie se détériore significativement, les allocations familiales sont réduites et des emplois publics sont supprimés, ce qui ferait d'Israël un des États « développés » les plus inégalitaires[16].

Le à minuit, après constatation trois mois plus tôt de son inaptitude à gouverner en raison de son coma, il perd officiellement son poste de Premier ministre, conformément à la loi israélienne, qui impose une période d'intérim maximale de 100 jours[17]. Le poste reste vacant le temps qu'Ehud Olmert forme un gouvernement et soit investi à son tour le même jour.

Attaques cérébrales et coma

En décembre 2005 et janvier 2006, Ariel Sharon, âgé de 77 ans, est victime de deux attaques cérébrales, la première mineure, l'autre beaucoup plus grave, puisqu'elle le plonge dans le coma et marque la fin de sa carrière politique.

Première de couverture de l'ouvrage Cinq ans plus tard (2011).

Dans la soirée du , à trois mois des élections annoncées pour lesquelles il part grand favori, Ariel Sharon est hospitalisé d'urgence à l'hôpital Hadassah Ein Karem de Jérusalem, après avoir été victime d'une attaque cérébrale. Le 20 décembre, après avoir passé une série d'examens médicaux, Ariel Sharon quitte l'hôpital. Le directeur de l'hôpital explique que les médecins ont retiré un caillot de sang qui gênait sa circulation sanguine et qu'il n'aura pas de séquelles. Une intervention cardiaque est toutefois prévue dans les semaines suivantes.

Ariel Sharon est de nouveau hospitalisé dans l'urgence le à Jérusalem, après avoir subi une nouvelle attaque cérébrale, qualifiée de « sérieuse » par son médecin personnel. Il est opéré dans la nuit du 4 au , puis placé dans un « coma profond sous respiration artificielle » afin de « maintenir une faible pression dans la boîte crânienne ». Ses pouvoirs sont transférés au vice-Premier ministre, Ehud Olmert, qui remporte les élections législatives du 28 mars 2006, de manière cependant moins marquée que prévu.

Transféré au centre médical pour hospitalisation de longue durée Chaim Sheba, il est pendant des années dans un état « grave mais stable », bien qu'il n'ait plus besoin d'aide respiratoire[18] et réagisse à certains stimuli[19]. Alimenté par une sonde, il ne pèse plus que 50 kg en 2013[18]. Le choix de le débrancher n'a pas été envisagé durant toutes ces années de coma car, dans la tradition juive, un individu est toujours considéré comme en vie tant que son sang continue à couler dans ses veines : à ce titre, l'euthanasie passive est assimilée à un assassinat[20].

Mort et funérailles

Le , après huit années de coma, la radio militaire israélienne indique qu'il est victime de graves problèmes rénaux et que son état de santé s'est brusquement dégradé à la suite d'une intervention chirurgicale[21]. Le lendemain, le directeur de l'hôpital Chaim Sheba annonce que plusieurs de ses organes centraux sont touchés[22]. Il meurt le suivant, à l'âge de 85 ans[23],[24].

Des funérailles nationales sont organisées en son honneur. Le , sa dépouille est exposée au Parlement, à Jérusalem. Une cérémonie funèbre a lieu le , dans le bâtiment de la Knesset, en présence de dignitaires étrangers, dont le vice-président américain Joe Biden, le Premier ministre tchèque Jiří Rusnok, le ministre des Affaires étrangères russe Sergueï Lavrov, son homologue allemand Frank-Walter Steinmeier et les anciens Premiers ministres britannique Tony Blair et néerlandais Wim Kok.

Il est ensuite inhumé dans sa ferme, dans le désert du Neguev, au sud d'Israël, auprès de son épouse, Lily. Peu après la fin de la cérémonie, deux roquettes sont tirées depuis la bande de Gaza et s'abattent non loin sans faire de dégâts. L'armée israélienne avait envisagé l'éventualité de ce type d'attaques pour ses funérailles et avait sécurisé la cérémonie en installant des batteries anti-missiles Dôme de fer[25].

Perception

Ses défenseurs louent sa stature de « grand homme d'État[26] » et son « pragmatisme[27] », tandis que parmi ses critiques l'un évoque sa « logique de guerre[28][source insuffisante] » et d'autres des « crimes » qui lui seraient attribués[29][source insuffisante].

Détail des mandats et fonctions

Notes et références

  • Notes
  1. Ehud Olmert assure l'intérim du au .
  • Références
  1. Danièle Kriegel, « Israël : Ariel Sharon, le roi méprisé et adulé », sur lepoint.fr, (consulté le ).
  2. portrait sur le site du Centre des Affaires publiques et de l'État
  3. Luc Rosenzweig, Ariel Sharon, Perrin, 2006, p. 107.
  4. Amnon Kapeliou, « Comment Israël tire parti d'une guerre prolongée », Le Monde diplomatique, (lire en ligne, consulté le )
  5. http://mfa.gov.il/MFA/ForeignPolicy/MFADocuments/Yearbook5/Pages/133%20Statement%20by%20Defense%20Minister%20Sharon%20on%20Israel.aspx
  6. The Israeli Connection: Whom Israel Arms and why, Benjamin Beit-Hallahmi I.B.Tauris, 1987 , p. 13.
  7. Rémi Brulin, « Quand Israël créait un groupe terroriste pour semer le chaos au Liban », Orient XXI, (lire en ligne, consulté le )
  8. Benny Morris, Victimes. Histoire revisitée du conflit arabo-sioniste, Éditions Complexe, p. 595-596 rapporte les chiffres de 460 personnes selon les Libanais et de 700 à 800 selon les renseignements israéliens ; Howard Sachar, A History of Israel from the Rise of Zionism to our Time, A. Knopf, 2007, p. 914 parle de plus de 2300 morts.
  9. Howard Sachar, A History of Israel from the Rise of Zionism to our Time, A. Knopf, 2007, p. 915.
  10. « Sharon, Mobutu Discuss Military Cooperation Between Israel, Zaire », sur Jewish Telegraphic Agency, (consulté le )
  11. (en)http://www.mafhoum.com/press3/111P55.htm
  12. (en)http://www.imra.org.il/story.php3?id=4750.
  13. Daniel Haïk, Sharon: un destin inachevé, Archipel, 2006
  14. (en) PM Sharon Knesset speech - Vote on Disengagement Plan 25-Oct-2004
  15. « L'émancipation contrariée des Israéliennes », Le Monde diplomatique, (lire en ligne, consulté le )
  16. Basic Law: The Government (2001), Acting Prime Minister, 16  : « En cas d'incapacité du Premier ministre, sa charge est occupée par le Premier ministre par intérim. Si au bout de 100 jours, le Premier ministre est incapable de reprendre sa charge, il est démis officiellement de ses fonctions. »
  17. (en) Jason Koutsoukis, « Sharon will never recover: doctors », The Age, (lire en ligne)
  18. « Ariel Sharon est dans le coma depuis deux ans », Le Soir, .
  19. Serge Ronen, « Sharon ne sera jamais débranché », sur rts.ch, .
  20. Israël, l'état de santé d'Ariel Sharon s'est aggravé, Le Figaro
  21. http://www.europe1.fr/International/Ariel-Sharon-des-organes-centraux-touches-1759989/
  22. (en) « Former Israeli prime minister Ariel Sharon dies », (consulté le ).
  23. « L'ex-premier ministre israélien Ariel Sharon est mort », (consulté le ).
  24. (en)http://www.timesofisrael.com/iron-dome-downs-five-rockets-heading-for-ashkelon/
  25. Élie Barnavi, historien et ancien ambassadeur d'Israël en France, évoque dans Le Figaro daté du une grille d'analyse qu'il juge, pour sa part, « simplificatrice » qui prévalut longtemps en France à propos du conflit au Moyen-Orient et à propos de Sharon. D'après lui, c'est cette grille qui empêcha de voir en Sharon un grand homme d'État tandis que l'historien pense que : « depuis Ben Gourion, jamais Israël n'avait eu une telle figure tutélaire. Sharon a su allier deux qualités : l'aptitude à “cogner” et celle d'initier du nouveau, de permettre un nouveau commencement. »
  26. L'écrivain israélien Abraham Yehoshua écrit dans l'édition de Libération du  : « le tournant significatif qu'il [Sharon] a pris l'an dernier, et surtout, sa capacité à démanteler des colonies, dont il était le bâtisseur le plus acharné, l'ont rendu acceptable aux yeux du camp de la paix, et c'est pourquoi la crainte est née que ses successeurs n'aient pas la même énergie à démanteler des colonies qui représentent l'obstacle principal (plus que le terrorisme palestinien) à un accord au Proche-Orient. »
  27. À propos de la politique d'Ariel Sharon entre son élection au poste de Premier ministre en février 2001 et sa réélection en 2003, Dominique Vidal, journaliste et historien français, écrit dans Le Monde diplomatique du  : « […] Mais M. Ariel Sharon a transformé cette répression en une véritable guerre, avec la complicité d'une administration Bush dont il a progressivement gagné les faveurs. Pour lui, l'Autorité palestinienne doit disparaître afin qu'une solution politique redevienne possible : il faut donc, martèle le Likoud, éradiquer le terrorisme par la force. Une “logique” que, mois après mois, chaque attentat-suicide est venue conforter. »
  28. Dominique Vidal : « Le tour de force du Premier ministre, c'est justement d'avoir fait oublier, dans ce domaine aussi, son bilan de faillite : à son arrivée pouvoir, il y a deux ans, l'Intifada avait fait 50 morts israéliens ; on en compte aujourd'hui près de 700 (et près de 2 100 Palestiniens). Pour ne rien dire de l'économie, plongée dans sa première récession depuis 1953. Ni de l'isolement régional d'Israël, dont la normalisation avec le monde arabe, en cours depuis les accords d'Oslo (1993), n'a pas résisté à la réoccupation des territoires autonomes.

Annexes

Bibliographie

  • (en) Uri Dan, Sharon's Bridgehead, E.L. Special Edition, 1975
  • (en) Uri Dan, Blood libel: The inside story of General Ariel Sharon's history-making suit against Time magazine, Simon and Schuster, 1987
  • (en) Uzi Benziman, Sharon: an Israeli Caesar, Adamas, 1985
  • (en) Ariel Sharon, David Chanoff, Warrior : an autobiography, Simon and Schuster, 1989
  • Robert Assaraf, Ariel Sharon et ses batailles politiques, Paris, J.-C. Gawsewitch éditeur, , 545 p. (ISBN 978-2-35013-064-4, notice BnF no FRBNF40136884).
  • Freddy Eytan, Ariel Sharon, le bras de fer, Paris, J. Picollec, , 410 p. (ISBN 978-2-86477-221-7, notice BnF no FRBNF40124208).
  • Michel Gurfinkiel, Le Testament d'Ariel Sharon, Monaco, éditions du Rocher, coll. « Vladimir Fédorovski présente », , 199 p. (ISBN 978-2-268-05861-0, notice BnF no FRBNF40126889).
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