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Dans ce chapitre, est un -espace vectoriel et est un endomorphisme de . On suppose que possède un polynôme minimal (ce qui est assuré si est de dimension finie).

Décomposition de Dunford

Définition : endomorphisme nilpotent

Un endomorphisme de est dit nilpotent s'il existe un entier tel que .

Théorème de Dunford

Le polynôme minimal de est scindé sur si et seulement si avec diagonalisable et nilpotent, tels que et commutent (c'est-à-dire ).

De plus, et sont alors des polynômes en et sont uniques.

Fin du théorème
Remarque
D'après l'unicité de la décomposition, si alors n'est pas diagonalisable.
En particulier, la somme d'une matrice scalaire et d'une matrice nilpotente non nulle n'est pas diagonalisable. Exemple : un bloc de Jordan de dimension > 1.

Réduction d'un endomorphisme nilpotent

Soit un endomorphisme nilpotent de . Les définitions et propriétés suivantes seront étendues, dans le prochain chapitre, à un endomorphisme non nécessairement nilpotent.

Définition
  • Le plus petit entier tel que est appelé l'indice de l'endomorphisme .
  • L'indice d'un vecteur de est le plus petit entier naturel tel que .
  • Le sous-espace est appelé le sous-espace cyclique engendré par .
Remarques
  • Si est nilpotent d'indice , son polynôme minimal est .
  • L'indice d'un vecteur est l'indice de la restriction de à .
  • Si est d'indice , la famille est une base de .


Théorème : décomposition de Frobenius d'un endomorphisme nilpotent

est somme directe de sous-espaces non nuls cycliques pour .

À isomorphisme près, une telle décomposition est unique donc raffine toute décomposition de en somme directe de sous-espaces non nuls stables par .

Fin du théorème

Réduction de Jordan

L'objectif de ce paragraphe est d'énoncer et de démontrer le théorème de Jordan, en dimension finie. La démonstration fournira une méthode pratique de réduction de Jordan (ou « jordanisation ») d'une matrice, qu'on illustrera sur un exemple.

Définition : bloc de Jordan

On appelle bloc de Jordan une matrice de la forme .

Théorème de Jordan

Si le polynôme minimal de est scindé sur (c’est toujours le cas sur un corps algébriquement clos comme ), alors il existe une base de dans laquelle la matrice de est de la forme :

où les scalaires sont les valeurs propres (non nécessairement distinctes) de l'endomorphisme considéré.

Fin du théorème
Remarques
  • La forme de Jordan d'une matrice diagonalisable est la matrice diagonale associée.
  • Une démonstration plus globale (donc moins propice aux calculs) consiste à passer par la décomposition de Dunford , puis à appliquer à le théorème de décomposition d'un endomorphisme nilpotent.
Exemple

Soit la matrice .

  • Le polynôme caractéristique de est :
    (en développant le déterminant par rapport à la première colonne, puis par rapport à la première ligne).
  • Les trois sous-espaces caractéristiques sont :
    • la droite propre , engendrée par .
    • la droite propre , engendrée par .
    • le plan . Mais inutile de calculer directement ce dernier : calculons d'abord le sous-espace propre qu'il contient.
      est la droite engendrée par .
      D'après l'algorithme fourni par la démonstration du théorème, une base de Jordan pour est alors , où est n'importe quel antécédent de par , par exemple .

Ainsi :

est la réduite de Jordan de et
est une matrice de passage associée.
Fin de l'exemple

Applications

Matrices semblables

Les réduites de Jordan caractérisent entièrement les classes de similitude dans :

Théorème

Soit un corps algébriquement clos.

Deux matrices de sont semblables si, et seulement si, elles ont même réduite de Jordan, à l'ordre près des blocs.

Fin du théorème

Puissances d'une matrice

Si l'on a trouvé la décomposition de Dunford de sous la forme , alors comme et commutent, on peut appliquer la formule du binôme à :

.

Comme nous savons déjà calculer les puissances de (qui est diagonalisable) et comme est nilpotente d'ordre , on sait que et il reste à calculer (manuellement !) les puissances . Remarquez que si , alors .

Dans le cas où la décomposition de Dunford est même une décomposition de Jordan, les puissances sont plus faciles à calculer.

Exemple : On reprend l'exemple ci-dessus. Donc et . Reste à calculer les puissances de : pour cela, on pose la décomposition de Dunford de qui « saute aux yeux » sur : et .

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