Via Aurelia

La Via Aurelia ou voie Aurélienne est le nom donné à la grande voie romaine de la côte méditerranéenne de l’Italie romaine et de l’ancienne Gaule.

La Via Aurelia a été mise en œuvre à partir de 241 av. J.-C. par le consul Caïus Aurelius Cotta. Elle partait de Rome, longeait la côte occidentale de la péninsule italienne et passait par Pisæ (Pise) pour arriver à Luna (Luni).

Au fur et à mesure des conquêtes sont venus s’y rattacher des tronçons. Ainsi le consul Æmilius prolongea la voie à partir de 109 av. J.-C. Cette section devint la Via Æmilia Scauri. Elle passait par Genua (Gênes) et Vada Sabatia (Vado Ligure).

Après sa victoire sur les peuples des Alpes-Maritimes, l’empereur Auguste prolongea la voie, à partir de 13 av. J.-C., depuis Placentia (Plaisance), jusqu’au fleuve Var. Ce tronçon de la voie aurélienne prendra alors le nom de l'empereur : la Via Julia Augusta.

La construction de la Via Aurelia revêt à l'époque une grande importance. Jusqu’alors, pour relier Rome et l’Hispanie, il fallait passer plus au nord, par le col de Montgenèvre, puis emprunter la Via Domitia. La soumission des peuples du sud-est de la Gaule va permettre de raccourcir le trajet en temps et en distance, en passant par des zones plus praticables, sans réelle difficulté de circulation. Ainsi, grâce à la via Aurelia, Jules César put se rendre de Rome à Arles avec son escorte en huit jours, se rendre de Rome en Hispanie avec son armée en vingt-sept jours.

Le cursus publicus (la « poste » romaine) parcourait 70 kilomètres par jour (avec quatre changements de cheval).

L’itinéraire en Italie

Dans sa partie italienne, la voie Aurélienne relie d'abord Rome à ses colonies en Étrurie en longeant la côte de la mer Tyrrhénienne. À partir de la Ligurie, la Via Julia Augusta passe par Albingaunum/Albenga (tronçon archéologique de la Via sur six kilomètres) et Albintimilium/Vintimille (il subsiste de cette époque, près de la gare de Vintimille, le théâtre antique et des vestiges romains à proximité).

L’itinéraire en France

L'itinéraire historique

Matavo
Turris
Pisavis

La Via Julia Augusta suit un axe assez facilement repérable sur une carte routière. Les routes actuelles, comme c’est souvent le cas, se superposent au tracé antique ou passent à proximité. C’est le cas de la Grande Corniche sur le littoral de la Côte d'Azur et surtout de la départementale n° 17 jusqu’à Salon-de-Provence. Cependant, la voie prenait parfois des chemins parallèles encore bien matérialisés actuellement. De nombreux vestiges (bornes milliaires particulièrement nombreuses le long de la voie) jalonnent son itinéraire et permettent de bien le délimiter.

C’est la station de Lumone. On y a retrouvé les vestiges d’un mausolée romain. Un diverticule partait de Lumone et se dirigeait vers port Hercule (Monaco).

La Via Julia Augusta montait vers La Turbie, siège d’une occupation ancienne. En 6 av. J.-C., le Sénat romain décide de construire sur la colline de La Turbie le Trophée des Alpes, pour commémorer la victoire de l’empereur Auguste sur les dernières peuplades rebelles des Alpes. C’est à partir de cette action que furent décidés le renforcement et la rénovation de l’antique voie qui passait au pied de la colline, venant d'Albintimilium / Vintimille.

Le monument était à l’origine de dimensions impressionnantes : presque cinquante mètres de hauteur. Il était surmonté d’une statue d'Auguste. Laissé à l’abandon à la fin de l’Empire romain, il subira de grandes destructions, servira de forteresse au Moyen Âge avant d’être miné en 1705 pour servir de carrière.

La Via Julia Augusta se poursuivait jusqu'à Cemenelum par le vallon de Laghet et le Paillon. Il est possible qu'elle ait été doublée depuis La Turbie par un itinéraire maritime, qui serait l'actuelle grande corniche.

Sur les hauteurs de l'actuelle ville de Nice (la Nikaïa phocéenne), et les vestiges de la capitale des Ligures Vediantii, Auguste crée, en 14 av. J.-C., la ville de Cemenelum pour en faire le chef-lieu de la province romaine des Alpes-Maritimes. Aujourd’hui, le quartier de Nice appelé Cimiez a remplacé Cemenelum. On peut y voir un ensemble gallo-romain abondant : trois thermes, un quartier d'habitations (égouts, boutiques, domus), un amphithéâtre et une cathédrale avec son baptistère paléo-chrétien.

La voie Aurélienne traverse la commune de La Gaude : la découverte le long de cette voie d'un cénotaphe romain contenant l'urne funéraire d'un légionnaire, le décurion de Vence, Cremonius Albucus, et la présence d'un vieux pont de pierre, qualifié de « pont romain », attestent de l'intérêt archéologique de la voie Aurélia dans ce secteur[1].

En 43 av. J.-C., la cité grecque d'Antipolis est annexée par Rome, avec la création d'un municipe (cité soumise aux contraintes de Rome mais gouvernée par ses propres lois). Elle se romanise vite : arc de triomphe, théâtre, aqueduc…

Après Antipolis, la voie Aurélienne suivait le tracé de l'actuelle RN 7 puis passait par le chemin de Malpey et la Tour de Mare, près du Mont Vinaigre.

Amphithéâtre romain de Fréjus ou Forum Julii dans le Var.

Forum Julii était une grande cité de plus de 6 000 habitants qui s'étendait sur trente hectares, et qui compta des personnalités comme Agricola et Tacite. La ville a probablement été fondée par Jules César vers 49 av. J.-C. La prospère ville commerciale devint alors un port de guerre, un des plus importants de la Méditerranée. Un canal reliait la mer à un grand bassin. Les vétérans de la VIIIe Légion s'y installèrent. Au début du christianisme, Forum Julii devint siège épiscopal. Les vestiges de l'époque romaine sont nombreux à Fréjus : les thermes de Villeneuve, la porte des Gaules et les remparts, l'amphithéâtre, le théâtre, l'aqueduc et les restes du port avec le bassin, la porte dorée et la lanterne d'Auguste (phare).

La voie Aurélienne suivait ensuite le cours de l'Argens et empruntait en partie l'actuelle route nationale jusqu'au mutatio du Muy et à la station de Forum Voconii / Vidauban (reste de pont) pour arriver au Luc.

Elle rejoignait ensuite Matavo / Cabasse, dont l'occupation est très ancienne. De nombreux vestiges de l'époque gallo-romaine y ont été mis au jour (nécropole et mausolée).

La voie rejoignait ensuite Brignoles par l'actuelle route. On a retrouvé sur son secteur quelques milliaires et une villa gallo-romaine ainsi qu'un relais de poste.

  • Turris / Tourves occupait une position stratégique et on y trouvait une station et de nombreuses villæ.

La voie contournait ensuite l'actuelle ville de Saint-Maximin-la-Sainte-Baume pour aller vers Pourcieux et la Grande Pugère. Entre ces deux communes, quelques pierres constituent les restes du Trophée de Marius. L'arc de triomphe avait été érigé à la gloire du consul Marius pour sa victoire sur les Teutons en 102 av. J.-C.

La Via Julia Augusta arrivait à Aquæ Sextiæ, l'actuelle ville d'Aix-en-Provence par l'est. L'histoire de la ville est intimement liée à celle de l'oppidum voisin d'Entremont. Pour contrer la puissance des Ligures qui le peuplaient, Rome détruisit l'oppidum après un siège en 123 av. J.-C. Puis le proconsul Sextius créa une forteresse de plaine, près des sources thermales. Il donna son nom au site, « les Eaux de Sextius ». La ville s'agrandit alors autour du camp, devint colonie en 15 av. J.-C. et vit ainsi son rôle économique croître. Au IIIe siècle, elle deviendra la capitale administrative de la Narbonnaise. Au moment des invasions du IVe siècle, il ne reste plus de la cité que dix-sept des quarante hectares originels.

À partir d'Aix, un embranchement partait vers Marseille, Vitrolles, Fos et Arles.

La voie Aurélienne passe par le nord d'Eguilles et se dirige vers Pisavis / Salon-de-Provence en suivant le tracé de l'actuelle départementale no 17 (milliaires de la Via Aurelia de Caseneuve et de la Bidoussanne). Pisavis était une station qui se situait au sud de Salon-de-Provence, au lieu-dit Saint-Jean-de-Bernasse où les restes d'un mur sont encore visibles dans une propriété privée.

Elle rejoignait Tericiae / Mouriès en traversant la plaine de la Crau (milliaires du Petit Merle, du Merle et de La Calanque), pour rejoindre le Mas d'Archimbaud, puis le mas Chabran, Le Paradou et Estoublon juste avant Ernaginum, l'actuel site de Saint-Gabriel (le plus gros nœud routier de la Gaule romaine entre Via Aurelia, Via Domitia et Via d'Agrippa). Là s'embranchait la voie qui venait d'Arelate / Arles, cité distante de VI milles selon la Table de Peutinger, soit environ km (le mille faisant 1,481 km).

L'amphithéâtre d'Arles.
Dernière borne milliaire connue érigée en Narbonnaise. Musée de l'Arles antique.
  • Arelate est « la » ville gallo-romaine par excellence. Elle avait un rôle stratégique (carrefour routier) et économique (le Rhône).

Arelate voit arriver vers 46 av. J.-C. les vétérans de la VIe Légion. Son expansion sera vite interrompue, dès la fin du IIIe siècle avec les invasions mais l'empereur Constantin Ier lui redonnera toute sa splendeur en y établissant sa résidence. Arelate était un chef-lieu de Province, Préfecture des Gaules, et possédait un important atelier monétaire. On retrouve à Arles de nombreux monuments de l'époque romaine : l'amphithéâtre (les arènes), le théâtre antique, une nécropole (les Alyscamps), le cirque (musée), les thermes de Constantin, le forum, les remparts.

À Saint-Gabriel, la voie Aurélienne rejoignait la voie Domitienne qui allait vers l'Espagne.

L'itinéraire contemporain

Un itinéraire de grande randonnée, balisé selon les standards de la Fédération française de la randonnée pédestre (FFRP), permet de parcourir un tracé, utilisant largement la via Aurelia, qu'empruntaient notamment les pèlerins se rendant à Saint-Jacques-de-Compostelle en provenance d'Italie. Il s'agit du GR 653A[2] qui rejoint en Arles le GR 653, itinéraire de la Via Tolosana.

Cet itinéraire peut également être parcouru en sens inverse (d'Arles à Menton), notamment par les pèlerins se rendant à Rome, en provenance du sud-ouest de le France et de l'Espagne.

Vestiges

Certains vestiges de la voie sont protégés au titre des monuments historiques :

Notes et références

Voir aussi

Articles connexes

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