Plaisance (Italie)

Plaisance (en italien : Piacenza) est une ville italienne, chef-lieu de la province de Plaisance en Émilie-Romagne.

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Plaisance
Piacenza

Drapeau

Le Palazzo Gotico de Piacenza.
Noms
Nom italien Piacenza
Administration
Pays Italie
Région Émilie-Romagne 
Province Plaisance 
Maire Patrizia Barbieri
2017 – 2022
Code postal 29121-29122
Code ISTAT 033032
Code cadastral G535
Préfixe tel. 0523
Démographie
Gentilé Piacentini en italien
Placentins en français
Population 103 206 hab. (31-12-2010[1])
Densité 875 hab./km2
Géographie
Coordonnées 45° 03′ 00″ nord, 9° 42′ 00″ est
Altitude Min. 61 m
Max. 61 m
Superficie 11 800 ha = 118 km2
Divers
Saint patron Sant'Antonino di Piacenza
Fête patronale 4 juillet
Localisation

Localisation dans la province de Plaisance.
Géolocalisation sur la carte : Émilie-Romagne
Plaisance
Piacenza
Géolocalisation sur la carte : Italie
Plaisance
Piacenza
Géolocalisation sur la carte : Italie
Plaisance
Piacenza
Liens
Site web http://www.comune.piacenza.it

    Géographie

    Placée à la limite de l'Émilie-Romagne et de la Lombardie, la ville subit la forte attraction de Milan, notamment sur le plan économique. Elle constitue un important nœud ferroviaire et autoroutier. Elle est située à 61 m d'altitude, à l'endroit où le reçoit son affluent le Trebbia. À 15 km au sud apparaissent les collines, le relief s'élève ensuite vers l'Apennin ligure.

    Plaisance est limitrophe des communes de Calendasco, Caorso, Caselle Landi (LO), Corno Giovine (LO), Gossolengo, Gragnano Trebbiense, Podenzano, Pontenure, Rottofreno, San Rocco al Porto (LO) et Santo Stefano Lodigiano (LO).

    Les frazioni de Plaisance sont San Bonico, Pittolo, La Verza, Mucinasso, I Vaccari, Montale, Borghetto, Le Mose, Mortizza, Gerbido et Roncaglia.

    Histoire

    L'époque romaine

    La ville est fondée en 218 av. J.-C. comme colonie militaire romaine, sous le nom de Placentia. Elle est aussitôt menacée par les Gaulois Boïens révoltés lors du passage d'Hannibal dans la plaine du Pô. C'est à proximité de la ville (le long des rives de la Trebbia) que ce dernier inflige une cuisante défaite aux Romains lors de la bataille de la Trébie. Un autre affrontement indécis opposa Carthaginois et Romains en 217 av. J.-C. (bataille de Plaisance).

    À Plaisance en 456, Ricimer, commandant des forces armées romaines, renversa l'empereur Avitus. Il épargna Avitus et lui permit de devenir évêque de Plaisance.

    La fin de l'Empire

    Plaisance, depuis l’époque de la République romaine, fait partie de la province de l’Aemilia, ou Émilie. Nommée à partir du nom de la voie romaine qui reliait Plaisance à Rimini, cette province a subi les troubles militaires de nombreux évènements. Se succèdent en à peine un siècle, Empire romain d'Occident, royaume Ostrogoth, Empire romain d’Orient (Exarchat de Ravenne), et invasion lombarde. Plaisance, dans la plaine du , bénéficie d’un climat agréable, de terres fertiles et est également un endroit stratégique d’un point de vue militaire. Tout juste à l'abord de la Lombardie, son sort peut s’apparenter à celui de villes comme Pavie ou Milan.

    Dans les dernières années de l’Empire romain d’Occident, Oreste, général puis patrice romain, dépose l’empereur Julius Nepos en 475 et place son fils Romulus Augustule sur le trône de l’Empire[2]. Ce dernier sera, au bout d’à peine dix mois, déposé à son tour par un chef barbare de Pannonie au service de l’Empire, Odoacre. C’est à Plaisance qu’eut lieu l’emprisonnement du dernier empereur d’Occident. Oreste est ensuite tué par Odoacre, qui prend le titre de patrice romain, et Romulus Augustule est envoyé en exil[2].

    L'époque des Ostrogoths

    La chute de l’Empire romain d’Occident provoqua, dans la ville de Plaisance et les territoires environnants, des jours plus sombres. Construite à des fins militaires, elle tombe d’abord en désuétude, puis est soumise au pillage et au brigandage des invasions successives de la péninsule. À la demande de l’empereur d’Orient Zénon (empereur byzantin), Théodoric le Grand, alors roi des Ostrogoths, attaque les positions du roi Hérules en Italie. Après plusieurs années de combats et de sièges, le roi Ostrogoth sort vainqueur de cette lutte et assassine Odoacre. Théodoric le Grand gouverne la botte italienne et au-delà, dans un respect et une bonhomie exemplaire de la culture romaine[3]. Il installe sa capitale à Ravenne et règne depuis celle-ci, en Italie du Nord, où il meurt en 526. Trente années s'écoulent, et un relatif climat de paix éclaire alors l’Italie ostrogothique. Les ostrogoths vivent en harmonie avec les romains, qui peuvent conserver leurs institutions et leurs cultes religieux, preuve de tolérance de la part de leur envahisseur. De confession arienne, il semble que les ostrogoths comportent également en leur sein une population déjà christianisée à leur entrée en Italie[3]. La province d’Émilie, et donc Plaisance, était une partie intégrante du royaume Ostrogoth et celle-ci était alors devenue, par simple état de fait, une entité indépendante de l’Empire[3]. Comme bon nombre de grandes villes jadis florissantes sous le règne impérial, son activité et sa population décroît, mais elle reste toutefois un point économique crucial. Directement sur le Pô, Plaisance pouvait relier Pavie, Crémone, et pouvait également atteindre Ravenne, Venise et l’orient[4].

    De courte durée, le calme s’éclipse et le sol italien devient alors le théâtre de deux décennies de guerres qui opposent les forces ostrogothiques aux troupes de l’empereur d’Orient Justinien qui tente une reconquête de la péninsule. Cet épisode se nomme la Guerre des Goths (535-553). Les byzantins reprennent peu à peu le contrôle de l’Italie et, une fois vainqueurs, créent l’exarchat de Ravenne pour succéder au royaume Ostrogoth. L’exarchat, qui comprend les actuelles provinces de Lombardie, d’Émilie-Romagne, de Vénétie et presque toute la péninsule, est finalement une province byzantine en occident, servant de zone tampon entre l’empire d’Orient et les royaumes francs[5]. La présence byzantine en Italie du Nord, apporte définitivement son lot d’influence culturelle sur les territoires arrachés au Ostrogoths. On assiste en Italie du Nord à un mélange culturel fort intéressant ; un fond de culture latine, teintée de l’influence germanique du dernier siècle, mélangée aux apports byzantins.

    Sous les Lombards

    L’invasion lombarde, la plus tardive des invasions barbares, arrive à s'imposer sur le territoire byzantin d'Italie et se taille son propre royaume. Elle apporte également son lot d’influence culturelle. Les lombards, peuple d'origine germanique, déferlent sur l'Italie dès le VIe siècle et prennent possession du nord de l'Italie : Milan, Pavie, Plaisance tombent sous domination lombarde. Ils s’étendent sur presque toute la péninsule, dotant la vie italienne d’apports culturels, spirituelles et juridiques propres à leurs origines. Refusant d’adhérer aux structures romaines existantes, les Lombards occupent les positions de pouvoir politique et militaire, reléguant la bureaucratie et le pouvoir spirituel aux Latins[6]. Ils perpétuent le droit lombard et influence fortement le vocabulaire italien : les noms de ville comportant le suffixe engo sont généralement des anciens centres de peuplement lombard (ex. Gosselengo)[6]. Les Lombards se convertissent au christianisme en 607, pendant le règne de Agilulf (590-616)[7].

    Fait notable : en 612, le moine irlandais Saint Colomban fonde un monastère à Bobbio, tout près de Plaisance, qui sera d’une importance capitale pour l’instruction et la profession chrétienne[8]. Plaisance, qui est sous le règne lombard la capitale du duché éponyme, débute ainsi une lente remontée économique. Refusant toujours l’autorité du Saint-Siège, le royaume lombard voit ses relations avec la papauté embrouillées et ces tensions spirituelles seront au cœur du conflit qui opposera lombards et francs.

    Au temps des Carolingiens

    Au VIIIe siècle, la papauté s’est faite de la dynastie carolingienne une précieuse alliée. Cette dernière ayant déposé la dynastie merovingienne, qui régnait précédemment, fit appel au pape pour légitimer son ascension au pouvoir. La papauté vit une excellente opportunité d’un retour de faveur en tentant d’obtenir la fidélité spirituelle des lombards. Elle fit appel au carolingiens lorsque les lombards entreprirent la conquête des territoires de l’Exarchat de Ravenne qui résistaient encore. Pépin le Bref, père du célèbre Charlemagne, répondit à l’appel d’Étienne II et assiégea Pavie à deux reprises, soldé par deux victoires franques. Quelques années plus tard, le roi lombard Didier tente de se soustraire à l’autorité carolingienne mais une fois de plus, le Rex Francorum, désormais Charlemagne, met le siège devant Pavie et écrase les derniers îlots de résistance lombards[9].

    L’arrivé des carolingiens en Italie marque une fin progressive du royaume lombard en soi. La culture, la langue et la société lombarde survit un certain temps à la présence franque en Italie, mais une fois Charlemagne couronné empereur et roi des Lombards, ils sont peu à peu latinisés et deviennent éventuellement de culture italienne. Les lombards laissent toutefois un héritage culturel qui perdure pendant plusieurs siècles. Plaisance sera désormais un comté, administré par des familles franques et lombardes tels que les Gandolfinigi et les Obertenghi aux Xe et XIe siècles[10].

    Le comté

    Le premier comte de Plaisance, et du même coup le premier comte d'Italie du Nord est Aronius, nommé en 799[11]. En quelques générations à peine, soit vers le règne comtale de Wifred I entre 843 et 870, Plaisance, la province d'Émilie et toute l’Italie du Nord se voit consolidé et bien fixé dans la gironde Supponides qui tiennent alors les rênes du Regnum Italicum. Viennent ensuite les Bosonides à la tête de l’Italie. En 930, Gandolf devient comte de Plaisance et donnera son nom à la dynastie Gandolfinigi qui occupe le poste jusqu’au XIe siècle[12]. Les Obertenghi accèdent ensuite à la dignité comtale de Plaisance avant que le comté passe sous la sphère d’influence ottonienne du Saint-Empire romain germanique. C'est à ce moment que débute les tensions et les rivalités entre les villes, si caractéristiques de l'Italie, et plus particulièrement celles entre les partisans de l'empereur, les Guelfes, et ceux qui soutiennent la papauté, les Gibelins.

    Après l'an mil

    En 1095, elle est le siège du concile de Plaisance, à l'origine de la première croisade. Au Moyen Âge, Plaisance fait partie du Saint-Empire romain germanique et adhère à la Ligue lombarde.

    En 1253, à la suite de l'appel au secours des gibelins, le seigneur et condottiere Ubertino Landi prend le contrôle de la ville. Banni en 1257, il revient au pouvoir en 1260 et l'exerce sans partage jusqu'à la bataille de Bénévent en 1266 qui voit le triomphe des guelfes[13].

    Renaissance et temps modernes

    Deux doppies en or (1626) représentant Odoardo Farnese (avers) et Placentia floret ("Piacenza s'épanouit") (rev).

    Cédée à la Papauté à l'issue des guerres d'Italie, elle fut unie à Parme en 1545 au sein du duché de Parme et de Plaisance, sous la domination de la famille Farnese, puis passa aux Bourbons en 1732.

    En 1796, Bonaparte trompe le général autrichien Beaulieu et traverse le Pô à Plaisance le 7 mai, ce qui lui permet de s’emparer d’approvisionnements, de forcer Beaulieu à la retraite, et de remporter le 10 mai la bataille du pont de Lodi. Le , la ville tombe au pouvoir des troupes austro-russes. Le 6 juin 1800 la ville est prise par les troupes françaises du général Murat. En 1802, la ville fut annexée à la République française ; en 1816, le congrès de Vienne installa l'ex-impératrice Marie-Louise d'Autriche à la tête du duché.

    En 1848, Plaisance fut la première ville d'Italie à demander par plébiscite son annexion au royaume d'Italie naissant, et revendique encore aujourd'hui le titre de Primogenita (première née ou aînée).

    Au cours de la Seconde Guerre mondiale, la ville fut lourdement frappée par les bombardements qui détruisirent le pont ferroviaire, la gare, l'hôpital et l'usine d'armement, tandis qu'en dehors de la ville, divers groupes de résistants prirent part aux combats contre l'armée allemande.

    Ces dernières années, la ville connaît de grands chantiers urbanistiques, et se développe rapidement.

    Administration

    Les maires successifs
    Période Identité Étiquette Qualité
    2002 2012 Roberto Reggi La Margherita  
    2012 2017 Paolo Dosi PD  
    2017 En cours Patrizia Barbieri Indépendante  
    Les données manquantes sont à compléter.

    Évolution démographique

    Habitants recensés

    Monuments

    Le théâtre municipal, dédié à Giuseppe Verdi.

    Sports

    Personnalités liées à la commune

    Notes et références

    1. (it) Popolazione residente e bilancio demografico sur le site de l'ISTAT.
    2. Chris Scarre, Chronique des empereurs romain : histoire chronologique des souverains de la Rome impérial p. 232
    3. Patrick Périn, Ostrogoths, Encyclopædia Universalis
    4. Pierre Toubert, Henri Bresc, Pierre Racine. Histoire de l'Italie médiévale
    5. José Grosdidier De Matons, Justinien Ier (482-565), Encyclopædia Universalis.
    6. Lucien Musset, Patrick Périn, Lombards, Encyclopædia Universalis
    7. Regis Boyer, Les Vikings : histoire et civilisation, Paris, Perrin, 2002, p. 54
    8. Georges Duby, Atlas Historique : Toute l'histoire du monde en 300 cartes, p. 79
    9. Jean-Marie Martin, Pavie, Encyclopædia Universalis
    10. François Bougard, Entre Gandolfinigi et Obertenghi : les comtes de Plaisance aux Xe et XIe siècles, p. 18
    11. Ibid, p. 14
    12. Ibid, p. 21
    13. Sophie Cassagnes-Brouquet, Bernard Doumerc, Les Condottières, Capitaines, princes et mécènes en Italie, XIIIe – XVIe siècle, Paris, Ellipses, , 551 p. (ISBN 978-2-7298-6345-6), (page 113)

    Articles connexes

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