Latins

Le terme Latins désigne les habitants italiques de la région du Latium pendant l'Antiquité romaine, locuteurs d'une langue indo-européenne, le latin.

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Carte des langues en Italie à l'âge du fer : le latin occupe un petit territoire entre l’étrusque, l'ombrien et le falisque.

Les Latins sont un groupe linguistique au sud du Tibre, sans écriture avant le VIIIe siècle. Ils partageaient des cultes communs, comme un culte à Jupiter latin sur le mont Albain. Les latins vivent dans des communautés villageoises, des sociétés surtout pastorales, car les terres sont inondables.

Origines

Les Latins sont initialement une population indo-européenne appartenant au groupe linguistique latino-falisque, vraisemblablement originaire de la culture de Cetina signalée entre autres en Vénétie et sur la côte dalmate, voire de l'arrière-pays des Alpes dinariques (culture de Vučedol)[1]. Leur nom vient du mot latus : « élargi », car leur terroir se trouve au débouché maritime de la vallée du Tibre. Présents dans la péninsule italienne depuis le IIe millénaire av. J.-C. avec la culture apenninique et dans ce qui deviendra le Latium, les Latins comme les autres tribus apparentées (Sabins, Èques, Rutules...) assimilent les populations ligures et s'émancipent au début du Ier millénaire av. J.-C. avec la culture latiale[2].

Une étude génétique publiée en 2019 montre que quatre Latins sur les cinq échantillonnés présentent des lignées R1b-L23 dérivées de la culture de Yamna, dont trois sous-clades R1b-U152 et un hg. R1b-Z2103 (résultats en accord avec la variabilité génétique trouvée parmi les populations de la culture campaniforme d'Europe centrale), tandis qu'un autre individu d'Ardea montre un haplogroupe T1a-L208 qui pourrait éventuellement être expliqué par les fortes influences étrusques signalées parmi les Rutules à Ardea[3].

Histoire

Carte du Latium antique : en orange les villes qui ont pu appartenir à la Ligue latine. En vert, deux cités étrusques de la Dodécapole.

Au VIIe siècle av. J.-C., une sorte de confédération à la fois religieuse et politique réunit environ trente cités et tribus latines : la ligue latine. Elle a pour but d'organiser une défense mutuelle contre les agressions extérieures. La Ligue est dissoute par Rome en 338 av. J.-C.

Culture matérielle

Il n'existe à l'heure actuelle aucune preuve archéologique que l'ancien Latium ait abrité des établissements permanents à l'âge du bronze. De très petites quantités de tessons de poterie de la culture apenninique ont été découvertes dans le Latium, appartenant probablement à des pasteurs transitoires engagés dans la transhumance. Il apparaît donc que les Latins ont occupé le Latium vetus au plus tôt vers 1000 av. J.-C.

Initialement, les migrants latins installés dans le Latium étaient probablement concentrés dans les collines basses qui vont de la chaîne des Apennins centrale à la plaine côtière (dont une grande partie était alors marécageuse et paludéenne, et donc inhabitable). Les monts Albains, un plateau situé à environ 20 km au sud-est de Rome, abritent un certain nombre de volcans éteints et 5 lacs, dont les plus grands sont le lac de Nemi et le lac d'Albano). Ces collines constituaient une base défendable et bien arrosée. Les collines sur le site de Rome, certainement le Palatin et peut-être le Capitole et le Quirinal, ont hébergé très tôt des colonies de peuplement permanentes.

Les Latins semblent s'être culturellement différenciés des tribus environnantes italiques osco-ombriennes à partir de 1000 av. J.-C. À partir de cette époque, les Latins présentent les traits de la culture villanovienne de l'âge du fer que l'on trouve en Étrurie et dans la vallée du Pô. En revanche, les tribus osco-ombriennes ne présentent pas de caractéristiques villanoviennes. Les Latins partageaient donc globalement la même culture matérielle que les Étrusques. La variante villanovienne trouvée dans le Latium est surnommée la culture latiale. La caractéristique la plus distinctive de la culture latiale sont des urnes cinéraires en forme de tuguria miniatures (« cabanes »).

Dans la phase I de la culture latiale (environ 1000–900 av. J.-C.), ces urnes-cabanes n'apparaissent que dans certaines sépultures, mais elles deviennent la norme dans les sépultures de crémation de phase II (900-770 av. J.-C.). Elles représentent les huttes à une seule pièce des paysans contemporains, qui ont été fabriqués à partir de matériaux simples et facilement disponibles: des murs en osier et des toits de paille soutenus par des poteaux en bois. Les huttes sont restées la principale forme de logement dans le Latium jusqu'à environ 650 ans av. J.-C. L’exemple le plus célèbre était la casa Romuli (maison de Romulus) située sur le flanc sud de la colline du Palatin, qui aurait été construite par le légendaire fondateur de Rome de ses propres mains et qui aurait survécu jusqu'à l’époque de l'empereur Auguste.

Jusqu'au IXe siècle av. J.-C., il s'agit d'une population au niveau technologique, menant une vie pastorale et vivant dans des villages de huttes. C'est l'influence étrusque et grecque qui feront évoluer la culture latine vers des formes plus élaborées, avec une écriture, des villes, et une économie d'échanges diversifiée.

Langue

Le Lapis Niger, probablement la plus ancienne inscription latine retrouvée (vers 600 av. J.-C.)

Société

Initialement les Latins sont surtout des éleveurs dont le patrimoine familial se mesure par le bétail : les chèvres, mais surtout les bœufs, les moutons, et les cochons. Le sacrifice suouetaurilia prouve le rôle primordial du bétail dans la mentalité romaine qui désigne par ailleurs les biens de valeur du terme de pecunia avoir en bétail, fortune qui résulte du bétail »), dérivé de pecus le troupeau, le bétail »), terme qui a survécu jusque dans le français moderne « pécuniaire » et « pécule ». Notons que pecus vient de l'indo-européen *peku- richesse mobilière personnelle ») et que la monnaie archaïque romaine, encore utilisée à la fin du IVe siècle av. J.-C., porte l'image d'un bœuf et non d'une louve (légende de Romulus et Rémus sur la fondation de Rome) comme l'on s'y attendrait.

Notes et références

  1. T.J. Cornell The beginning of Rome (1995)
  2. Andreas Alföldi, er frührömische Reiteradel und seine Ehrenabzeichen, Ann Arbor 1966.
  3. (en) Margaret L. Antonio et al., Ancient Rome: A genetic crossroads of Europe and the Mediterranean, Science, 8 Nov 2019

Bibliographie

  • (en) Andreas Alföldi, Early Rome and the Latins, 1966
  • (en) A. C. Brown, Ancient Italy before the Romans. Oxford: Ashmolean Museum, 1980.
  • (en) T. J. Cornell, The Beginnings of Rome, 1995
  • (en) Gary Forsythe, A Critical History of Early Rome: From Prehistory to the First Punic War. Berkeley: University of California Press, 2005.

Articles connexes

Antiquité

Monde contemporain

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