Saint-joseph (AOC)

Le saint-joseph[2] est un vin d'appellation d'origine protégée produit sur près de 50 km sur la rive droite du Rhône, dans les départements de la Loire et de l'Ardèche. Il s'agit d'une appellation du vignoble de la vallée du Rhône septentrionale, entre les aires de production du condrieu au nord et du Saint-Péray au sud.

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Saint-joseph

Vignoble de l'appellation saint-joseph au-dessus du château de Tournon-sur-Rhône.

Désignation(s) Saint-joseph
Appellation(s) principale(s) saint-joseph
Type d'appellation(s) AOP
Reconnue depuis 1956
Pays France
Région parente vignoble de la vallée du rhône
Sous-région(s) vallée du Rhône septentrionale
Localisation Ardèche et Loire
Climat tempéré méditerranéen dégradé avec influence continentale
Sol légers de schistes et de gneiss
Superficie plantée 1 005 hectares
Cépages dominants syrah N, roussanne B et marsanne B
Vins produits rouges et blancs
Production 35 961 hl
Pieds à l'hectare minimum 4 500 pieds par ha
Rendement moyen à l'hectare 40 à 46 hl/ha[1]

Histoire

Antiquité

Si les vins de Massalia remontaient le Rhône, voie de passage entre la Méditerranée et l’Europe du Nord, les vignobles ne se développèrent que sous la colonisation romaine. C'est entre Ampuis et Tournon, que les « vins de Vienne », acquirent leur renommée et s’exportèrent jusqu'à Rome[3].

Moyen Âge

Au Moyen Âge, les vins de Tournon, connus sous le nom de « vins de Mauves » sont célèbres jusqu'à Paris. La demande est telle qu'au XVIe siècle, des convois muletiers traversent les Cévennes et rejoignent la capitale pour être servis à la cour des Valois. C'est à cette époque que Jean Pelisson, principal du collège de Tournon, vante le vin de Mauves « si délicat et friand »[3].

Période moderne

Il avait été connu de tout temps sous le vocable de « vin de Mauves » mais ce furent les jésuites de Tournon qui, au XVIIe siècle, lui donnèrent son nom actuel, provenant du nom d'un coteau de dix hectares situé au sud de Tournon et qui leur appartenait[3].

Période contemporaine

Dans le roman de Victor Hugo, Les Misérables, l'évêque de Digne en sert à Jean Valjean : le romancier le nomme toujours "vin de Mauves"[3].

Il est classé en appellation locale ou cru depuis 1956.

Étymologie

L'étymologie de Saint-Joseph, étant trop tardive, celle de Mauves, premier nom de ce vin est plus intéressante. La forme la plus ancienne est Malva, attestée en 1123. Elle dérive du latin malva (couleur mauve)[4].

Situation géographique

Le vignoble se situe entre les villes de Guilherand-Granges et Chavanay, avec au centre Andance. Il s’étend le long de RN 86 sur près de 60 kilomètres et englobe 26 communes du nord au sud du fleuve[5].

Orographie

L'enquête réalisée par l'INAO, en 1986, a retenu sept terroirs distincts où se retrouvent des coteaux sur roches altérées, des terrasses alluviales anciennes et des cônes déjection des affluents du Rhône. Sauf cas exceptionnel, les terrasses alluviales récentes et les replats lœssiques ne sont généralement pas favorables à des vins de qualité. Mais les experts de l'INAO ont retenu, par exemple, le secteur des Oliviers à Tournon, où les vignes sur lœss remaniés permettent l'obtention d'excellents vins blancs[5].

Géologie

Les vignes sont situées sur des sols légers de schiste et de gneiss dominant un socle granitique, avec une exposition sud et sud-est[5].

Climatologie

Ce terroir viticole bénéficie d'un climat tempéré dont la principale caractéristique est le vent fréquent qui souffle le long du couloir rhodanien. Ce vent, lorsqu'il vient du nord, est baptisé mistral et a pour effet d'assécher l'air et d'apporter du beau temps et de la fraîcheur en été, mais une impression de froid glacial en hiver. Lorsqu'il provient du sud, il annonce généralement l'arrivée de perturbations orageuses ; il s'appelle alors « vent du midi » ou « vent des fous » car, pour certaines personnes, il rend l'atmosphère pénible à supporter, surtout en été.

Relevés météorologiques de la région de Tournon
Mois jan. fév. mars avril mai juin jui. août sep. oct. nov. déc. année
Température minimale moyenne (°C) −1 0 2 4 9 12 14 14 11 8 3 1 6,4
Température moyenne (°C) 3,5 4 7 8,5 14,5 17,5 20 20 16,5 12,5 6,5 3,5 11,1
Température maximale moyenne (°C) 6 8 12 15 20 23 26 26 22 17 10 6 15,9
dont pluie (mm) 42,7 34,7 39,5 61,8 63,9 44,4 42,3 43,6 70,9 78,6 63,2 43,5 629,1

À partir de cette latitude, l'influence du climat méditerranéen se fait directement sentir. L'ensoleillement annuel est élevé (environ 2 400 heures à Valence, (estimation de Météofrance). Les étés y sont chauds et secs. La température moyenne du mois de juillet est de 20 °C (Montélimar 23 °C). Les hivers froids sans excès s'inscrivent plutôt dans un climat de type semi-continental dégradé. La température moyenne du mois le plus froid (janvier) est ainsi de 3,5 °C.

La pluviométrie annuelle est modérée : environ 629 mm. Les pluies sont particulièrement importantes à la fin de l'été (particulièrement en septembre à cause de l'effet cévenol ou orage cévenol qui déverse des trombes d'eau).

Vignoble

Vigne de Saint-Joseph

Présentation

Les vignes couvrent trois communes dans la Loire et vingt trois dans l’Ardèche. L'aire de l'AOC s'étend sur 60 km de longueur sur la rive droite du Rhône et comprend 26 communes de l'Ardèche et de la Loire : Andance, Ardoix, Arras-sur-Rhône, Champagne, Charnas, Châteaubourg, Félines, Glun, Guilherand-Granges, Lemps, Limony, Mauves Ozon, Peyraud, Saint-Désirat, Saint-Étienne-de-Valoux, Saint-Jean-de-Muzols, Sarras, Sécheras, Serrières, Talencieux, Tournon-sur-Rhône, Vion, Chavanay, Malleval et Saint-Pierre-de-Bœuf[5].

Encépagement

Le rouge est élaboré à base de syrah, roussanne ou marsanne (10 %) et le blanc mêle roussanne et marsanne.

Comparaison de l'encépagement de l'AOC saint-joseph avec les autres appellations locales des côtes-du-rhône septentrionales

Dans les décrets d'appellation, une division est faite entre le cépages principaux (indiqué par "M"), les variétés supplémentaires (indiqué par "S") et celles autorisées (indiqué par "(A)").

CépageAOC locales septentrionales
Condrieu[6],
Château-Grillet[7]
Cornas[8]Côte-Rôtie[9]Hermitage[10], Crozes-Hermitage[11]Saint-Joseph[12]Saint-Péray[13]
RougeBlancRougeBlanc
Marsanne(A)
max 15 %
M
0-100 %
(A)
max 10 %
M
0-100 %
M
0-100 %
Roussanne(A)
max 15 %
M
0-100 %
(A)
max 10 %
M
0-100 %
M
0-100 %
SyrahM
100 %
M
min 80 %
M
min 85 %
M
min 90 %
ViognierM
100 %
(A)
max 20 %

Méthodes culturales

D’une superficie de 795 hectatres à la fin du XXe siècle, ce terroir produisait 25 681 hectolitres pour un rendement fixé à 40 hl / ha. En 2005, 1 082 ha en culture ont produit 39 171 hl de vin, dont plus de 90 % de vin rouge. Comme leurs collègues des autres appellations voisines, les vignerons ont obtenu, en 1980, le droit d’intégrer dans les moûts de syrah un faible pourcentage (10 %) de roussanne et de marsanne, apport d’usage immémorial qui affine la puissance de ce grand vin rouge. Il est cuvé dans les traditionnelles cuves en bois dont la contenance varie entre 100 et 150 hectolitres.

Vinification et élevage

AOC Saint-Joseph, millésime 2004

Terroir et vins

De robe pourpre soutenue, le rouge, vin fin, équilibré et élégant où domine la syrah, dégage au nez des arômes de cassis et de framboise qui évoluent vers des notes de réglisse et de cuir.

Le blanc, où s’assemblent marsanne et roussanne, se présente dans une belle robe jaune aux reflets verts. Sa vinification se fait en cuve inox ou métallique. Ce vin distingué et délicat, d’une grande harmonie, dégage des arômes marqués par leur floralité où se retrouvent des touches de miel et d’acacia.

Structure des exploitations

Type de vins et gastronomie

Saint-joseph AOC et foie d'agneau aux petits lardons

Ces grands vins du Vivarais sont devenus la coqueluche des bouchons lyonnais. Les rouges tendent vers le pourpre tandis que les blancs s’habillent d’une robe jaune-vert brillante. Les premiers, au subtil parfum de cassis et de framboise se nuançant de cuir et de réglisse avec l’âge, ont une bouche toute en finesse, de style harmonieux et souple. La belle floralité des blancs, frais et élégants, est marquée par des notes gracieuses de miel et d’acacia qui s'extériorisent grâce à une intéressante longueur en bouche.

Millésimes

Ils correspondent à ceux du vignoble de la vallée du Rhône. Ils sont notés : année exceptionnelle , grande année , bonne année ***, année moyenne **, année médiocre *.

Millésimes 2000
2009200820072006200520042003200220012000
Caractéristiques *** *** ***
Millésimes 1990
1999199819971996199519941993199219911990
Caractéristiques *** *** ** *** ** ** ** ***
Millésimes 1980
1989198819871986198519841983198219811980
Caractéristiques *** ** ***
Millésimes 1970
19791978197719761975197419731972219711970
Caractéristiques ** *** *** ** **
Millésimes 1960
1969196819671966196519641963196219611960
Caractéristiques ** * *** *** ** ** ***
Millésimes 1950
1959195819571956195519541953195219511950
Caractéristiques *** **
Millésimes 1940
1949194819471946194519441943194219411940
Caractéristiques ** ** **
Millésimes 1930
1939193819371936193519341933193219311930
Caractéristiques * *** ** ** ** **
Millésimes 1920
1929192819271926192519241923192219211920
Caractéristiques ** ** **
Sources : Yves Renouil (sous la direction), Dictionnaire du vin, Éd. Féret et fils, Bordeaux, 1962 ; Alexis Lichine, Encyclopédie des vins et alcools de tous les pays, Éd. Robert Laffont-Bouquins, Paris, 1984, Les millésimes de la vallée du Rhône & Les grands millésimes de la vallée du Rhône

Soit sur 90 ans, 24 années exceptionnelles, 26 grandes années, 16 bonnes années, 22 années moyennes et 2 années médiocres.

Commercialisation

Un négociant, la firme Guigal, dont les établissements sont situés à Ampuis, met en bouteilles et commercialise cette AOC sous sa marque « Vignes de l'Hospice ».

La cave de Saint-Désirat produit environ 50 % de l'appellation saint-joseph. Cette production concerne essentiellement des vins rouges, mais également une petite quantité de saint-joseph blanc.

Notes et références

Bibliographie

  • Pierre Le Roy de Boiseaumarié, Histoire de l'appellation côtes-du-rhône, Éd. Reflets Méditerranées, Avignon, 1978.
  • Pierre Charnay, Vignobles et vins des Côtes du Rhône, Éd. Aubanel, Avignon, 1985.
  • Robert W. Mayberry, Wines of the Rhône Valley, a guide to origins, Rowman & Littlefield Publishers, Totawa, New Jersey, U.S.A. , 1987.
  • Guy Jacquemont et Patrick Galant, Le Grand Livre des côtes-du-rhône, Éd. du Chêne, Paris, 1988.
  • Charles Pomerol, sous la direction de, Terroirs et vins de France. Itinéraires œnologiques et géologiques, Éd. du BRGM, Orléans, 1990.

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

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