Rue des Saints-Pères
La rue des Saints-Pères est une voie de Paris. Elle marque une partie de la limite entre le 6e et le 7e arrondissement auquel appartiennent les numéros pairs.
6e, 7e arrts Rue des Saints-Pères
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Vue de la rue en direction du boulevard Saint-Germain. | ||
Situation | ||
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Arrondissements | 6e 7e | |
Quartiers | Saint-Germain-des-Prés | |
Début | 23, quai Malaquais et 1, quai Voltaire | |
Fin | 8, rue de Sèvres | |
Morphologie | ||
Longueur | 765 m | |
Historique | ||
Création | Déc. du 11 avril 1866 | |
Ancien nom | Rue Neuve Saint-Père Chemin des Vaches Rue de la Maladrerie Rue de l'Hôpital de la Charité Rue de l'Hôtel Dieu de la Charité Rue des Jacobins Réformés Rue Saint-Père Rue des Saints-Pères Grand chemin de Saint-Père Rue Saint-Pierre Chemin du Cimetière aux Malades Rue des Saints-Pères Rue de la Charité |
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Géocodification | ||
Ville de Paris | 9093 | |
DGI | 8767 | |
Géolocalisation sur la carte : Paris
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Images sur Wikimedia Commons | ||
Situation et accès
Grossièrement orientée nord- sud, longue de 765 mètres, elle commence au 23, quai Malaquais et au 1, quai Voltaire et se termine au 8, rue de Sèvres. Elle est à sens unique dans le sens nord-sud.
Elle est desservie par la ligne à la station Saint-Sulpice, et par les lignes à la station Sèvres - Babylone, ainsi que par les bus RATP 39 95.
Origine du nom
Son nom provient de l'altération de « Saint-Pierre », qui est le nom d'une ancienne chapelle de l'ancien hôpital de la Charité, détruit en 1935 pour laisser place au centre universitaire des Saints-Pères, ou campus Saint-Germain-des-Prés[1].
L'écrivain et journaliste Auguste Vitu (1823-1891), quoique d'accord sur l'altération de « Saint-Pierre », attribue l'origine de ce vocable à l'église paroissiale des vassaux du bourg Saint-Germain[2].
Historique
La voie était à l'origine le « chemin des Vaches » du fait que les bovins l'empruntaient pour aller paître au Pré-aux-Clercs. Puis elle s'appela au XVIe siècle : « rue de la Maladrerie » ; « rue de l'Hôpital de la Charité » et « rue de l'Hôtel Dieu de la Charité ».
Elle devint « rue des Jacobins-Réformés » ou « rue Saint-Père » sous Louis XIII. Elle est citée sous le nom de « rue des Jacobins réformez » dans un manuscrit de 1636.
Enfin elle prit son nom actuel de « rue des Saints-Pères » en 1652[3].
« […] Longtemps avant la suppression officielle de l'enceinte de Philippe Auguste, on avait commencé à bâtir aux abords des fossés, en s'éloignant de plus en plus du centre qui était l'abbaye de St germain et de l'église Saint Sulpice qui en était la paroisse Les maisons au milieu des jardins s'élevaient le long de chemins tel que celui des Fossés (devenu rue Mazarine), le Chemin des Prés-aux-Clercs ou de la Seine (devenu rue de Seine), le Chemin de la Noue devenu rue des Petits-Augustins et aujourd'hui rue Bonaparte, le Chemin du Val Gérard (devenu rue Vaugirard), le Chemin de Saint-Pierre (devenu rue des Saints-Pères[4]). »
« Quant au Chemin des vaches, aujourd'hui, rue Saint Dominique, il conduisait les bestiaux aux pâturages du Pré aux clercs. »
Bâtiments remarquables et lieux de mémoire
- No 2 (angle du quai Voltaire) : hôtel de Tessé, construit en 1768 par Pierre-Noël Rousset et Louis Le Tellier pour le comte de Tessé, grand écuyer de la Reine. Le décor du grand salon se trouve au Metropolitan Museum of Art de New York.
- No 3 : galerie Framond (galerie d'art). C'est là qu'habitait en 1933 l'artiste peintre Élisabeth Faure (1906-1964)[5].
- No 4 : entrée latérale (ouverte en 1975 et rénovée en 2012) de l'ancien siège de l'École des langues orientales, où sont regroupés aujourd'hui une partie des centres de recherche de l'INALCO (entrée principale : 2, rue de Lille).
- No 6 (et 1, rue de Lille) : en 1637-1639, Pierre Pidou fait construire par le maçon Dimanche Cappé un hôtel dont il ne reste que le gros œuvre. En 1753, l'hôtel est transformé pour le marquis d'Estiau par Pierre Mouret, qui réalise notamment le portail sur la rue de Lille et le balcon sur la rue des Saints-Pères. De nouvelles transformations sont effectuées pour la librairie Garnier après 1852.
- Nos 7 et 7 bis : deux hôtels jumelés autour d'une cour commune construits en 1640 pour Louis de Falcony et gravés par Jean Marot. Ils furent fortement remaniés.Gustave Moreau, artiste peintre, est né le au no 7. Le compositeur et organiste Charles-Marie Widor a habité au no 7.
- No 8 : maison d'édition A. Joanin & Cie Éditeurs.
- No 9 : L'acteur Jean-Paul Belmondo y a résidé[6].
- No 10 : le cabaret Don Camilo. À cette adresse se trouvait en 1827 la boutique de Méquignon-Havard, libraire-éditeur. Club des Saint-Pères, boîte de nuit fréquentée notamment par Michel Audiard, qui lui consacre une soirée spéciale le [7].
- No 13 : l'historien Édouard Fournier y meurt en 1880 ; une plaque lui rend hommage.
- No 16 : En 1839 le généalogiste et historien P. Louis Lainé demeurait en ce lieu[8]. De 1841 à 1844, ce fut le siège de La Revue indépendante.
- No 18 : Claude Izner a installé ici la librairie L'Elzévir des Enquêtes de Victor Legris.
- No 19 : imprimerie Renouard.
- No 22 : maison d'édition A. Joanin & Cie Éditeurs.
- No 26 : Samuel Hahnemann, le fondateur de la médecine homéopathique, y a vécu à son arrivée à Paris en 1835 ; à ce moment-là, l'appartement était celui de sa deuxième épouse Mélanie d'Hervilly-Gohier (1800-1878). Le couple déménagea ensuite rue Madame puis rue de Milan. Hahnemann vécut à Paris et y pratiqua l'homéopathie jusqu'à sa mort en 1843, à 88 ans. Une plaque au mur témoigne de son passage rue des Saints-Pères.
- No 27 : Augustin Burdet (1798-1870), graveur, y vécut.
- No 28 : hôtel Brochet de Saint-Prest[9], ou hôtel de Fleury, construit en 1772 par l'architecte Denis Antoine, architecte de l'hôtel des Monnaies, pour Jacques Frécot de Lanty, conseiller au Parlement de Paris, qui le revendit en cours de construction à Charles Brochet de Saint-Prest. L'hôtel a été fortement remanié à partir de 1831 pour accueillir l'École nationale des ponts et chaussées, puis depuis 2009, l'Institut d'études politiques de Paris qui y a installé une partie de ses locaux, salles de cours et centres de recherche. Une arcade ionique et deux colonnes, vestiges du palais des Tuileries, ont été remontés dans la seconde cour, puis transférées en 2011 dans la cour Marly du musée du Louvre[10],[11].
- No 30 : la chocolaterie Debauve & Gallais, magasin créé en 1819 par les architectes Charles Percier et Pierre-François-Léonard Fontaine, ainsi que l'emplacement du cimetière des Saints-Pères, un ancien cimetière protestant (de 1604 à 1685), dont une plaque rappelle le souvenir.
- No 45 : bâtiment dit Nouvelle faculté de médecine, mis en service en 1953, aujourd'hui affecté à l'université de Paris : comprenant notamment les UFR biomédicale et de sciences humaines et sociales. Jusqu'en 1935, il y avait à cet emplacement l'hôpital de la Charité. L'architecte Denis Antoine l'avait reconstruit au XVIIIe siècle autour d'un portique intérieur où il avait utilisé pour la première fois l'« ordre archaïque » de Paestum. Ce qui restait de ces bâtiments a été démoli lors des travaux de Walter et Madeline qui ont édifié dans les années 1940 et 1950 le bâtiment actuel. De 1953 à 2011, ce bâtiment a accueilli le musée d'anatomie Delmas-Orfila-Rouvière, transféré depuis 2011 à la faculté de médecine de Montpellier.
- No 49 : ancienne chapelle de l'hôpital de la Charité, construite en 1732. Transformée sous la Révolution française en salle d'enseignement de la médecine, et dotée d'une façade par Nicolas-Marie Clavareau. Transformée en 1942 en église, elle devient la cathédrale Saint-Vladimir-le-Grand de rite ukrainien.
- No 52 : hôtel de Cavoye, construit en 1640 pour Paul Bailly, fils de Chrestienne Leclerc du Vivier, aumônier du roi, et reconstruit en 1687 par Daniel Gittard (corps de logis et portail sur rue) pour le marquis de Cavoye et sa femme Louise Philippe de Coëtlogon. Siège de la revue Futuribles créée par Bertrand de Jouvenel. Résidence privée de Bernard Tapie depuis 33 ans (en 2021)[12].
- No 54 : l'hydrographe Charles-François Beautemps-Beaupré y meurt en 1854 ; une plaque lui rend hommage. Immeuble appartenant à la Société d'histoire du protestantisme français (SHPF). F. de Schickler, en 1885, en fit l’acquisition et le don à la SHPF. Le bâtiment sur cour, ancien atelier de confection puis dépôt de libraire, fut alors aménagé en bibliothèque.
- No 56 : hôtel de La Meilleraye, construit vers 1660 par Daniel Gittard. Après avoir accueilli l'École nationale d'administration lors de sa création, il abrite aujourd'hui des locaux affectés à l'Institut d'études politiques de Paris (dont la Fondation nationale des sciences politiques).
- No 60 : le photographe portraitiste Dornac (1858-1941) y a son atelier dans les années 1880[réf. nécessaire]. La couturière Sonia Rykiel y habite de 1971 à 2016 ; une plaque lui rend hommage.
- No 63 : hôtel de la Valette, pied-à-terre parisien de François-René de Chateaubriand de 1811 à 1814 ; une plaque lui rend hommage.
- No 65 : hôtel des Saints Pères[13]. Cet hôtel particulier fut construit par l'architecte de Louis XIV, Daniel Gittard, à partir de 1658, pour sa propre habitation ainsi que comme immeuble de rapport. Il abrite une magnifique fresque sur le plafond de l'une de ses chambres, représentant Le Bon Augure couronné par la Vertu et l'Intelligence, attribué à l’École de Versailles. Le bâtiment est aujourd'hui un hôtel quatre étoiles appartenant à la Société Esprit de France.
- No 71 : le juriste et ethnologue Baltazar Bogišić et l'écrivain Remy de Gourmont y vécurent ; deux plaques leur rendent hommage. Ce fut aussi le siège social de la Ligue des jeunes amis de l'Alsace-Lorraine.
- No 75 : siège de la maison d'édition familiale[14] où André Gedalge commença à travailler. Ce fut aussi l'adresse des Éditions Mazarine.
- No 76 : ancien siège de l'Association catholique de la jeunesse française et de Victor Palmé, Éditeur. De nos jours direction diocésaine de l'enseignement catholique de Paris.
- Les nos 7 et 7 bis.
- Locaux de l'université Descartes à gauche, et hôtel de Fleury à droite (locaux historiques de l'École nationale des ponts et chaussées puis locaux de Sciences Po depuis 2009).
- Plaques au no 71 en hommage au juriste et ethnologue Baltazar Bogišić et à l'écrivain Remy de Gourmont.
- Plaque au niveau du square Taras-Chevtchenko, commémorant l'immigration ukrainienne en France.
Références
- « Rue des Saints-Pères », Nomenclature officielle des voies de Paris, www.v2asp.paris.fr.
- Auguste Vitu, Paris il y a 100 ans, Quantin éditeur, date inconnue vers 1880, p. 270. Lire en ligne.
- Jacques Hillairet, Dictionnaire historique des rues de Paris, Éditions de Minuit, p. 497.
- Frontispice de G. Fraipont, Auguste Vitu, Paris il y a 100 ans, Quantin éditeur, 1880.
- Liste des membres de l'association La Fresque en 1933. Archives de Paris VR 594.
- Guide du Routard de Paris, 1989.
- Isabelle Blondel, Olivier Delacroix, Alice Develex, Nicolas d'Estienne d'Orves, Bertrand Guyard, Colette Monsat, Marie-Noëlle Tranchant et Florence Virerron, « Si le Paname d'Audiard m'était conté », Le Figaroscope, semaine du 10 au 16 mai 2017, p. 8-10.
- adresse imprimée sur ses ouvrages Archives généalogiques et historiques, en plusieurs volumes, chez l'auteur
- « Hôtel de Fleury », en.structurae.de.
- Caroline Hauer, « Paris : Vestiges du Palais des Tuileries, jeu de piste historique à travers la ville », parisladouce.com, 15 janvier 2020.
- François-Guillaume Lorrain, Ces lieux qui ont fait la France, Fayard, 2015.
- Jérôme Béglé, « Perquisitions dans deux résidences de Bernard Tapie », Le Point, 19 mars 2021.
- Site de l'hôtel, www.paris-hotel-saints-peres.com.
- https://education.persee.fr/doc/revpe_2021-4111_1922_num_80_1_8399_t1_0310_0000_6
Bibliographie
- Maurice Dumoulin, L'Hôtel de Cavoye, Paris, Société d'histoire et d'archéologie des VIIe et XVe arrondissements de Paris, 1927.
- Jeanne Eliot, « Les grandes demeures du passé : l'hôtel de Cavoye », ABC artistique et littéraire, 8e année, no 90, .
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