Rue des Changes

La rue des Changes (en occitan : carrièra dels Cambis) est une rue du centre historique de Toulouse, en France. Elle se situe entre les quartiers des Carmes et Capitole, dans le secteur 1 de la ville, et appartient au secteur sauvegardé de Toulouse.

Rue des Changes
(oc) Carrièra dels Cambis

La rue depuis la place Esquirol jusqu'au « carrefour des Changes » et à la tour de Serta.
Situation
Coordonnées 43° 36′ 03″ nord, 1° 26′ 37″ est
Pays France
Région Occitanie
Ville Toulouse
Quartier(s) Carmes et Capitole (secteur 1)
Début no 39 rue des Marchands et no 1 place de la Trinité
Fin no 2 rue Peyras et no 16 rue Temponières
Morphologie
Type Rue
Longueur 178 m
Largeur 6 m
Histoire
Anciens noms Grand-rue (XIIe siècle)
Partie nord : Rue des Changes (début du XIVe siècle)
Partie sud : Rue de la Pierre (fin du XIVe siècle) ; rue des Bonnetiers (milieu du XVIe siècle) ; rue de la Halle-au-Blé (1806)
Protection  Site inscrit (1943, chaussées pavées, trottoirs, façades, murs extérieurs et toitures des immeubles bâtis)
Secteur sauvegardé (1986)
Géolocalisation sur la carte : France
Géolocalisation sur la carte : Toulouse

Cette rue relativement rectiligne, mais étroite, correspond à l'ancien cardo maximus de la cité romaine de Toulouse. Elle est, au Moyen Âge, une partie de la Grand-rue, l'axe structurant de la ville médiévale : à proximité immédiate du marché de la Pierre, les artisans, comme les bonnetiers, mais aussi les marchands et les changeurs y ont leur boutique. À partir du XVIe siècle, les membres de l'élite toulousaine, comme les capitouls, y font construire leurs demeures : l'hôtel de Brucelles et l'hôtel d'Astorg et de Saint-Germain témoignent de la richesse de la ville au XVIe siècle. Rendue piétonne dans les années 1980, bordée de nombreux magasins, elle reste une des principales artères commerçantes de la ville et un de ses lieux les plus animés.

Toponymie

La rue tire son nom des changeurs, qui étaient au Moyen Âge les commerçants spécialisés dans les opérations de change de monnaie, dont le métier consistait en un échange de pièces de monnaie d'un pays ou d'une région contre ceux d'un autre. Ce commerce est généralement considéré comme l'origine de la banque moderne en Europe. Cette activité signale le rôle commercial de la place toulousaine dans les échanges du Midi de la France[1].

Au Moyen Âge, seule la partie comprise entre la rue Malcousinat et le carrefour des rues Temponières et Peyras portait le nom de rue des Changes. Le carrefour de ces deux rues avec la rue des Changes et la rue Saint-Rome était d'ailleurs désigné comme les « Quatre coins des Changes ». La partie entre les rues Malcousinat et des Marchands était déjà appelée, à la fin du XIVe siècle, rue de la Pierre, puis Grand-rue de la Pierre. Le nom de rue des Bonnetiers apparut au milieu du XVIe siècle à cause de l'activité de bonneterie[1].

À la Révolution, le , toutes les rues entre la place du Salin et la place du Capitole, dont la rue des Changes, furent débaptisées et appelées rue de la Liberté. La rue des Changes reprit cependant rapidement son nom d'origine, tandis que la rue de la Pierre était plutôt désignée comme la rue de la Halle-au-Blé. En 1830, les deux rues furent finalement réunies sous le même nom[1].

Histoire

Antiquité

La rue des Changes correspond au cardo maximus de la ville romaine de Tolosa, et donc à l'axe principal nord-sud[2].

Moyen Âge

Au Moyen Âge, la rue des Changes est une partie de la Grand-rue, principale artère commerçante de la ville qui relie la Porte du Château (emplacement de l'actuelle place du Parlement), au sud de la ville, à la Porterie (emplacement de l'actuelle place du Capitole), au nord, et au-delà, au bourg qui se constitue autour de l'abbaye Saint-Sernin. Elle est donc désignée, au XIIe siècle, comme la Grand-rue, quoique des appellations plus particulières existent pour chacune de ses parties. La partie entre la rue Secourieux (actuelle rue des Marchands) et la rue Malcousinat, dépend, du côté est, du capitoulat de la Pierre et, du côté ouest, du capitoulat du Pont Vieux. Elle est désignée au XIVe siècle comme rue de la Pierre, en référence à la pierre qui servait à mesurer le grain dans la halle construite en 1204, à l'emplacement de l'actuelle place Esquirol. Au XVIe siècle, la rue prend le nom Grand-rue de la Pierre ou Grand-rue droite, mais aussi de rue des Bonnetiers, en référence à l'activité de bonneterie qui se pratique aussi dans cette rue[1]. La partie entre la rue Malcousinat et le carrefour des rues Temponières et Peyras dépend, du côté est, du capitoulat de la Pierre, et, du côté ouest, de celui de la Daurade. C'est cette partie qui est proprement appelée, dès le XIVe siècle, rue des Changes. Comme son nom l'indique, c'est le quartier des changeurs et des banquiers, qui étaient en même temps des marchands, et dont bon nombre furent capitouls[1].

Période moderne

Après les incendies de , du et du , extrêmement destructeurs dans le quartier de la rue des Changes[1],[3], les maisons à pans de bois cèdent progressivement la place aux bâtiments en brique. La tradition commerçante se poursuit le long de l'axe nord-sud de la ville, entre la basilique Saint-Sernin et la place du Salin[4]. La halle, en particulier sa façade sur la rue des Changes, est plusieurs fois agrandie, au XVIIe siècle et au XVIIIe siècle[5].

Surtout, l'ampleur des destructions, à la suite des incendies, permet aux élites locales de réunir de vastes emprises foncières pour faire bâtir leurs hôtels particuliers[6]. Plusieurs capitouls se font construire des hôtels, tels Simon de Lancefoc (hôtel et tour des Delcros-Lancefoc, no 25), capitoul en 1519-1520, Arnaud de Brucelles (hôtel de Brucelles, no 23), capitoul en 1534-1535, ou Jean de Boysson (hôtel de Boysson, no 21), capitoul en 1550[7].

Époque contemporaine

En 1794, toutes les rues entre la place du Capitole et la place du Salin reçoivent le nom de rue de la Liberté. Après la Révolution et jusqu'en 1830, l'ancienne rue de la Pierre est renommée rue de la Halle au blé, à cause de la proximité d'une halle dévolue au commerce des grains, à l'emplacement de l'actuelle place Esquirol. Elle prend en 1830 le nom de la rue des Changes[1].

Mais les véritables changements pour la rue interviennent plus tard. En 1820, l'architecte Auguste Virebent obtient de la municipalité que soit rasé le moulon où se trouvait jusqu'à la Révolution la maison des religieux de la Trinité, installés au sud de la rue depuis le XIVe siècle), dans le but est de créer une nouvelle place avec fontaine afin d'élargir un carrefour très encombré entre la place du Pont-Neuf et la porte Saint-Étienne d'un côté, la place du Capitole et celle du Salin de l'autre. Les travaux sont lancés l'année suivante et ouvrent une place triangulaire, baptisée place de la Trinité[8].

Dans les années qui suivent, la municipalité toulousaine engage également le réaménagement de la halle aux grains et de la place qui l'entoure : la nouvelle place Esquirol. En 1860, le déménagement du marché vers une nouvelle halle, place Dupuy, ouvre complètement la rue des Changes sur la place Esquirol. Le percement de la rue de Metz, en 1869, sous la direction de l'architecte Jacques-Jean Esquié, provoque également la destruction de trois maisons du côté ouest de la rue des Changes[9]. De nouveaux immeubles, dans le style haussmannien, sont élevés à leur emplacement (actuel no 7 et 9).

Au début des années 1970, de nombreux commerces de prêt-à-porter, de friperie et de vente de tissu, souvent tenus par la communauté juive, transforment le visage de la rue. C'est d'ailleurs à cette époque que la rue Saint-Rome, avec la rue des Changes, est rendue piétonne. À partir des années 1990, le nombre des commerces textiles se renforce considérablement, faisant disparaître les autres commerces. L'arrivée de nouveaux propriétaires asiatiques, principalement d'origine chinoise, s'accompagne de l'augmentation du nombre d'enseignes populaires à bas coûts. Le développement de la téléphonie mobile au tournant des années 2000 attire de nouvelles enseignes de ce secteur[10]. Depuis 2010, la hausse des loyers et des baux a progressivement poussé les boutiques à se transformer et à attirer une clientèle plus aisée[11].

Description

La rue des Changes est une voie publique située dans le centre-ville de Toulouse. Elle débute au nord de la place de la Trinité, au carrefour de la rue des Marchands (no 39) et de la rue de la Trinité (no 1), et se termine au croisement des rues Peyras (no 2) et Temponières (no 16). Elle est prolongée au nord par la rue Saint-Rome, qui mène à la place du Capitole.

La rue des Changes est un axe piétonnier. Elle est très animée du fait des nombreuses boutiques, notamment de mode, que l'on peut y trouver[12].

Voies rencontrées

La rue des Changes rencontre les voies suivantes, dans l'ordre des numéros croissants (« g » indique que la rue se situe à gauche, « d » à droite) :

  1. Rue des Marchands (g)
  2. Place de la Trinité (d)
  3. Place Esquirol (d)
  4. Rue de Metz (g)
  5. Rue Malcousinat (g)
  6. Rue Temponières (g)
  7. Rue Peyras (d)

Lieux et bâtiments remarquables


  • no  11 : immeuble en corondage.
    L'immeuble est construit à la fin du XVe siècle ou au début du siècle suivant. Le rez-de-chaussée est maçonné en brique. Il était percé d'une porte et d'une arcade de boutique, mais elles ont été réunies en une seule arcade après des travaux dans les années 2000. Aux étages, le pan de bois à grille est hourdé de brique. Un large poitrail surmonte les petites fenêtres du 1er étage. Les fenêtres du 2e étage, avec leurs fines corniches et leurs appuis soutenus par de petites consoles, ont été remaniées au XVIIe siècle. Le 3e étage de comble, qui était ouvert, a été fermé et aménagé[15].
  • no  13 : immeuble en corondage.
    L'immeuble est construit à la fin du XVe siècle ou au début du siècle suivant. Aux étages, le pan de bois est à croix de Saint-André hourdé de brique, mais il est masqué par l'enduit. Ils sont séparés par des cordons de bois et les fenêtres ont des encadrements moulurés et des lambrequins également en bois[15].
  • no  15 : emplacement de la maison de François Colombe du Lys ; immeuble.
    L'immeuble est construit dans la première moitié du XVIIIe siècle, à l'emplacement de la maison de François Colombe du Lys (vers 1595-1661), peintre lorrain installé à Toulouse vers 1635, peintre de la ville en 1644. Son fils vendit en 1722 la maison au marchand Bertrand Campmartin, qui fit peut-être édifier la façade actuelle[16].
  • no  16 : hôtel d'Astorg et de Saint-Germain (fin du XVIe siècle).  Inscrit MH (1925, hôtel)[17].
    La construction de l'hôtel revient à Jean d'Astorg, capitoul en 1566-1567, qui en prend possession entre 1550 et 1570. Il est ensuite agrandi et remanié par Guillaume de Saint-Germain, marchand et capitoul en 1589-1590 et 1598-1599, qui en est propriétaire en 1602 à la suite de son mariage avec Françoise d'Astorg, fille et héritière de Jean d'Astorg.
    L'élévation sur la rue se développe sur deux étages carrés et un étage de combles. Le rez-de-chaussée est ouvert par deux grandes arcades de boutiques et une porte latérale, en pierre et en plein-cintre. Les étages sont éclairés par de larges fenêtres, typiques du milieu du XVIe siècle, ornées de pilastres doriques. Le dernier niveau est ouverts par un étage de mirandes ajouté au XVIIe siècle. Dans la première cour, le corps de bâtiment sur rue est relié à celui en fond de cour par des galeries en bois adossées au mur de l'immeuble au sud. La distribution se fait par deux escaliers tournants en bois, placés aux angles et construits au XVIIe siècle. L'élévation en fond de cour, sur le côté est, datée du dernier tiers du XVIe siècle, présente des fenêtres à meneaux au large chambranle à crossettes. Sur la façade du côté sud, on retrouve des fenêtres à meneaux, mais avec un décor différent. Au rez-de-chaussée, deux portes sont ornées d'un cabochon en marbre avec blason et cuirs retournés. Elles permettent d’accéder à la seconde cour, dont les élévations sont très remaniées, mais où subsistent du XVIe siècle des fenêtres à meneaux et un oculus. La distribution se fait également par un escalier en bois. La tour crénelée a été transformée en 2001 par la création d'une terrasse surmontée d'une verrière métallique[18].
  • no  17 : maison des Boscredon (1re moitié du XVIe siècle).
    Une première maison appartenant au capitoul Jean Boscredon est construite probablement en 1419 en façade sur la rue Malcousinat au début du XVe siècle. Au début du siècle suivant, une nouvelle construction est élevée sur la rue des Changes pour Antoine Boscredon, capitoul en 1504-1505. La construction est surélevée d'un étage vers 1539, sans doute pour un autre Antoine Boscredon, marchand, seigneur de Roquetaillade et capitoul en 1543-1544 et en 1551-1552.
    Le pilier d'angle, avec son poitrail et ses corbeaux, supporte la structure en bois de la maison. Datant des premières années du XVIe siècle, la haute façade en corondages présente une charpente et des montants dont les moulures et les personnages sculptés sont caractéristiques du style gothique. Le dernier étage possède une fenêtre à meneau de style Renaissance[19].
  • no  20 : hôtel Delpech (fin XVe siècle).
    La maison d'origine date de la fin du XVe siècle, probablement édifié par Pierre Valette, marchand, capitoul en 1465 et 1475. Mais l'hôtel est complètement remodelé entre 1513 et 1535 pour Pierre Delpech, capitoul en 1534-1535, qui acquiert l'immeuble du capitoul Jean Valette (actuels no 20 et 22), capitoul en 1531, et l'agrandit par l'achat de plusieurs terrains jusqu'à la rue Peyras (actuel no 14) et l'église Saint-Géraud (actuel n°|10 place Esquirol). L'hôtel est d'un style de transition entre le gothique et la Renaissance, que l'on retrouve dans la tour et dans la deuxième cour. En 1540, l'hôtel passe à ses héritiers, puis en 1548 à un autre Pierre Delpech, qui le fait réaménager entre 1554 et 1560, comme en témoignent la porte de la tour et les façades de la première cour, dans un style Renaissance plus affirmé mais parfois maladroit. Riche marchand, seigneur de Maurisses, capitoul en 1554-1556 et 1562-1563, ligueur, Pierre Delpech prit une part active aux guerres de religion et aux événements de 1562. L'hôtel est vendu vers 1630 et passe entre plusieurs mains. Au milieu du, le banquier Jean-Gabriel Bertrand de Saint-Léonard, comte de Brassac et seigneur d’Auzeville, modifie l'élévation sur rue.
    L'hôtel présente sur la rue une façade néo-classique construite dans la deuxième moitié du XVIIIe siècle. Dans l'angle sud-est de la cour s'élève la tour octogonale, couronnée de mâchicoulis aveugles, qui mesure 18 mètres et 23,5 mètres jusqu'au sommet du pignon de la tourelle. Elle est percée de quatre fenêtres aux filetages gothiques, dont les culots sont ornés de personnages. La porte d'entrée de la tour a été refaite dans la 2e moitié du XVIe siècle, dans le goût de la Renaissance italienne. Elle est surmontée d'un fronton triangulaire chargé d'une plaque de marbre noir marquée des monogrammes IHS et MA. La vis d'escalier de la tour est terminée par une voûte à 8 nervures, dont la clef a été modifiée au XVIe siècle. La vis d'escalier de la tourelle s'ouvre sur le côté et donne accès à la terrasse qui couvre la tour. Sur le côté sud de la cour, la vis d'escalier est reliée au corps de bâtiment principal par deux étages de galeries reposant sur deux arcades en anse de panier appuyées sur deux colonnes rondes. Les galeries supérieures sont fermées et seulement éclairées de fenêtres à meneaux verticaux. Dans la seconde cour, les deux fenêtres gothiques sont reliées par un cul-de-lampe de la première Renaissance, sur lequel un amour et un hercule soutiennent le blason des Delpech. Aux étages supérieurs, les hautes baies gothiques sont sans meneaux[20],[21].
  • no  21 : emplacement de l'ancienne entrée de l'hôtel de Boysson (XVIe siècle) ; maison de Pons-François Purpan, docteur-régent de la Faculté de Médecine au milieu du XVIe siècle.
  • no  22 : hôtel Labonne (fin XVe siècle)
    La maison d’origine était celle du capitoul Pierre Valette, marchand, capitoul en 1465 et 1475. Elle date environ de 1488. En effet, c'est à cette date que Pierre Valette avait acquis "une place de maison" (probablement depuis l'incendie de 1463 qui a ravagé l'ensemble du quartier) qui appartenait à Maître Bernard Solasque. En 1505, les trois maisons (dont deux couvrent actuellement le 20 et une le 22) sont transmises à Jacmes Valette, marchand, capitoul en 1490, puis à Jean Valette, capitoul en 1531[22], la maison (qui couvre donc actuellement les 20 et 22) est rachetée par la puissante famille Delpech, en 1535. Elle est en particulier remaniée par Pierre Delpech, riche marchand, seigneur de Maurisses, capitoul en 1554, 1555 et 1562. La maison qui s'élevait à cet emplacement appartient ainsi jusqu'en 1577 à l'hôtel des Delpech. Elle est vendue au marchand Antoine Serre.
    En 1627, elle est achetée par le marchand Pierre de Labonne, capitoul en 1634-1635 et 1649-1650[23], qui avait épousé Dlle Marie Duborn, fille de Jacques Duborn, docteur et avocat, capitoul en 1605[24]. Le capitoul Labonne fait profondément remanier et aménager la maison pour en faire un véritable hôtel particulier. Il construit un second corps de logis en fond de cour et il installe, dans la cour intérieure, l'escalier à rampes droites, avec ses balustres en bois, qui dessert trois étages de galeries qui courent entre les deux corps de logis, et qui s'arrondissent en saillie au devant des portes des appartements, à chaque étage. L’escalier, de style caractéristique de l'époque de Louis XIII, quasiment préservé intact à ce jour, date de la première partie du XVIIe siècle. L'hôtel passe vers 1660, par héritage, à son fils Jacques de Labonne, avocat, capitoul en 1696[25], chef du Consistoire en 1717. Elle fût achetée en 1753 par Jacques Desparvés, négociant, co-seigneur de Colomiers et capitoul en 1771. C'est peut-être lui qui fait élever une nouvelle façade de style néo-classique sur rue, dont les fenêtres ont perdu les pilastres doriques qui les encadraient[26]. Après la révolution, elle appartenait à un Sieur Jean Mercie. Le rez-de-chaussée est ouvert par une arcade de boutiques et une porte bâtarde latérale, en pierre et en plein-cintre, probablement de la fin du XVe siècle. La cour dispose encore aujourd’hui d’une ancienne pompe à eau manuelle à roue à quatre branches, datant probablement de la fin du XIXe siècle, vestige ayant résisté à l’épreuve du temps. Cette pompe, installé au pied des immeubles permettait d’alimenter en eau le bâtiment.
  • no  30 : niche et statue gothiques (1488 ou 1489) de l'ancienne maison Prohenques, construite à la fin du XVe siècle, à la suite de l'incendie de 1463.  Classé MH (1932, statuette de saint Pierre avec sa niche encastrée dans l'angle de la maison)[27].
    Le terrain de cette maison, acheté après 1478 par Jean Prohenques, est bâti dix ans plus tard par Pierre Prohenques. Durant deux siècles, la maison reste dans la famille Prohenques, famille de marchands et d'aubergistes qui firent fortune et dont plusieurs membres accédèrent au capitoulat et au parlement. En 1512, elle passe à un autre Pierre Prohenques, marchand et capitoul en 1514-1515, en 1544 au marchand Jean Prohenques, puis en 1571 à un autre Jean Prohenques, capitoul en 1576-1577. En 1679, la maison passe cependant à Bernard Rabaudy, viguier de Toulouse, puis, en 1748, l'immeuble est divisé en deux parties (actuel no 28).
    L'immeuble actuel, de style néo-classique, a été élevé dans le deuxième quart du XIXe siècle, à l'emplacement d'une partie de l'ancienne maison de la famille Prohenques, qui avait été construite à la fin du XVIe siècle, probablement entre 1488 et 1489. À l'angle de l'édifice, une niche de style gothique, surmontée d'un dais, ornée de choux frisés et d'arcs en accolade et abritant une statue de l'apôtre Pierre, est un vestige de cette maison[28].
  • no  31 : hôtel et tour des Delcros-Lancefoc (fin du XVe siècle)

Notes et références

  1. Chalande 1921, p. 150.
  2. « Art et histoire », sur le site de l'office de tourisme de Toulouse, consulté le 25 juin 2015.
  3. Maurice Bastide, 1968, p. 8-12.
  4. Maurice Bastide, 1968, p. 12.
  5. Jean de Saint Blanquat, « De la halle de la Pierre à la place Esquirol », À Toulouse, novembre 2011, p. 62-63.
  6. Maurice Bastide, 1968, p. 13.
  7. Chalande 1921, p. 154-155.
  8. Gilles Bernad, Guy Jungblut et Armand Monna, 2001, p. 26.
  9. Chalande 1921, p. 151.
  10. Silvana Grasso, « La rue Saint-Rome n'a pas perdu le sens du commerce », La Dépêche du Midi, 25 novembre 2013.
  11. Silvana Grasso, « Les commerces chinois plient boutiques », La Dépêche du Midi, 19 avril 2015.
  12. Silvana Grasso, « Mais où va la rue Saint-Rome ? », La Dépêche du Midi, 17 mars 2011.
  13. Dany Rullier, « Fiche IA31130546 », 2004.
  14. Dany Rullier, « Fiche IA31130547 », 2004.
  15. Louise-Emmanuelle Friquart et Laure Krispin, « Fiche IA31130896 », 2004.
  16. Louise-Emmanuelle Friquart et Laure Krispin, « Fiche IA31130862 », 2004.
  17. Notice no PA00094570, base Mérimée, ministère français de la Culture
  18. Nathalie Prat et Karyn Zimmermann, « Fiche d'information détaillée Patrimoine Architectural: IA31116136 », Inventaire général Région Midi-Pyrénées, Ville de Toulouse, sur le site Urban-Hist, Archives municipales de Toulouse, 1996 et 2011, consulté le 30 août 2016.
  19. Dany Rullier, « Fiche d'information détaillée Patrimoine Architectural: IA31124916 », Inventaire général Région Midi-Pyrénées, Ville de Toulouse, sur le site Urban-Hist, Archives municipales de Toulouse, 2004, consulté le 5 septembre 2016.
  20. Chalande 1921, p. 171-175.
  21. Louise-Emmanuelle Friquart et Laure Krispin, « Fiche d'information détaillée Patrimoine Architectural: IA31131018 », Inventaire général Région Midi-Pyrénées, Ville de Toulouse, sur le site Urban-Hist, Archives municipales de Toulouse, 2005, consulté le 30 août 2016.
  22. « Nobiliaires toulousains »
  23. « Liste des capitouls datant de 1786 »
  24. Jules Lalande, Histoire des rues de Toulouse, Jeanne Laffitte, page 71
  25. « Histoire institutions religieuses »
  26. Louise-Emmanuelle Friquart et Laure Krispin, « Fiche d'information détaillée Patrimoine Architectural: IA31131010 », Inventaire général Région Midi-Pyrénées, Ville de Toulouse, sur le site Urban-Hist, Archives municipales de Toulouse, 2005, consulté le 30 août 2016.
  27. Notice no PA00094615, base Mérimée, ministère français de la Culture
  28. Nathalie Prat, Annie Noé-Dufour et Sonia Moussay, « Fiche d'information détaillée Patrimoine Architectural: IA31116375 », Inventaire général Région Midi-Pyrénées, Ville de Toulouse, sur le site Urban-Hist, Archives municipales de Toulouse, 2005 et 2013, consulté le 30 août 2016.

Voir aussi

Bibliographie

  • Jules Chalande, « Histoire des rues de Toulouse », Mémoires de l'Académie des Sciences et Belles-Lettres de Toulouse, Toulouse, vol. IX 11e série, , p. 150–176.
  • Pierre Salies, Dictionnaire des rues de Toulouse, vol. 2, Toulouse, Milan, , 1174 p. (ISBN 978-2-86726-354-5).
  • Maurice Bastide, « Un exemple de reconstruction urbaine : Toulouse après l'incendie de 1463 », Annales du Midi, t. 80, no 86, 1968, p. 7–26.
  • Gilles Bernad, Guy Jungblut et Armand Monna, Toulouse, métamorphoses du siècle, Éditions Empreintes, 2001 (ISBN 2-913319-13-0)
  • Chantal Benayoum et Pierre-Jacques Rojtman, Les juifs et l'économique : Miroirs et mirages, Presses Universitaires du Mirail Toulouse, , 374 p. (ISBN 978-2-85816-158-4, lire en ligne), « Le spatial, l'économique et l'ethnique : une rue commerçante à Toulouse »

Articles connexes

  • Portail de Toulouse

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