Place du Salin

La place du Salin (en occitan : plaça del Salin) est une place du centre historique de Toulouse, chef-lieu de la région Occitanie, dans le Midi de la France. Elle se situe à la limite entre les quartiers des Carmes et de Saint-Étienne, dans le secteur 1 de la ville.

Pour les articles homonymes, voir Salin.

Place du Salin
(oc) Plaça del Salin

Le Monument à Cujas par Achille Valois, au centre de la place.
Situation
Coordonnées 43° 35′ 41″ nord, 1° 26′ 40″ est
Pays France
Région Occitanie
Ville Toulouse
Quartier(s) Carmes et Saint-Étienne
Morphologie
Type Place
Forme Quadrilatère
Superficie 8 140 m2
Histoire
Anciens noms Place du Salin (XIIe siècle)
Protection Site patrimonial remarquable (1986)
Géolocalisation sur la carte : France
Géolocalisation sur la carte : Toulouse

Situation et accès

Description

La place du Salin est un quadrilatère arboré dont le no 1 se situe à la jonction de la rue du Languedoc et de la grande-rue Nazareth au nord-est de la place. Elle reçoit sur son flanc est la rue des Azes, et donne naissance au sud-est à la rue des Fleurs. Le flanc sud est occupé par le Palais de justice. À son extrémité sud-ouest elle se prolonge par la place du Parlement et donne naissance à ce niveau à la rue de la Fonderie. Son coin nord-ouest donne naissance à la rue Pharaon. Le flanc nord est occupé par le temple du Salin bordé par l'impasse de la trésorerie.

Voies rencontrées

La place du Salin rencontre les voies suivantes, dans l'ordre des numéros croissants :

  1. Rue des Fleurs
  2. Rue des Azes
  3. Rue du Languedoc
  4. Impasse de la Trésorerie
  5. Rue Pharaon
  6. Place du Parlement

Transports

La place du Salin est traversée et desservie par la ligne L4 du Linéo et par la navette Ville. Elle se trouve par ailleurs à proximité de la station Palais-de-Justice de la ligne du métro, où se trouve également le terminus des lignes   du tramway.

Plusieurs stations de vélo en libre service VélôToulouse se trouvent sur la place ou dans les rues voisines : les stations no 47 (12 rue du Languedoc), no 48 (18 place du Salin) et no 68 (1 bis allée Jules-Guesde).

Odonymie

La place du Salin doit son nom au Salin royal, où se tenaient les agents royaux du Salin et l'entrepôt du sel, et où se faisait la perception du droit sur le sel. Ce nom se rencontrait déjà au XIIe siècle, où le quartier de la place du Salin était alors déjà désigné comme la sauveté du Salin (Salvatoris de Salis en latin). En 1794, pendant la Révolution française, on lui donna le nom de place de la Carmagnole, en référence à une célèbre chanson révolutionnaire de 1792, mais ce nom ne fut pas conservé[1].

La place du Salin actuelle, profondément réaménagée au cours du XIXe siècle, a de plus absorbé la place du Palais. Cette petite place était bordée au sud par l'actuel Palais de justice, d'où lui venait son nom. Elle était dominée, à l'est, par l'hôtel de la Monnaie (emplacement des actuels no 12 à 16 bis), qui lui donna également son nom[2].

Histoire

Moyen Âge et période moderne

Au Moyen Âge, la place du Salin est l'une des plus importantes de la ville. Elle occupe pourtant un espace relativement restreint, d'environ 3500 m², entre la petite place du Boucail, au carrefour de la rue des Toulousains (actuelle rue de la Fonderie) et de la rue de l'Inquisition (actuel côté ouest de la place du Parlement), à l'ouest, et la place Saint-Barthélémy, simple parvis de l'église Saint-Barthélémy, à l'est (partie sud de l'actuelle rue du Languedoc). Elle est dominée, au nord, par les bâtiments de la Maison du roi, aménagée vers 1272. Elle est fermée, au sud, par un moulon de maisons en corondage, qui la séparent de la place de la Viguerie. Cette place, d'environ 1000 m², s'étend devant le château Narbonnais, occupé à partir du XIIIe siècle par les officiers royaux, particulièrement la sénéchaussée et la viguerie[1]. À l'est, à l'entrée de la rue des Fleurs, se trouve également la Maison de la Monnaie, où est frappée la monnaie toulousaine[3].

La population du quartier est mélangée : parlementaires, avocats, gens de la Monnaie, apothicaires et marchands voisinent avec des artisans de tous métiers. On y trouve aussi les Boucheries de la ville, les Bancs de la Salvetat (emplacement de l'actuel no 19), qui ont issue sur la place du Salin et dans la rue des Toulousains (actuel no 6 rue de la Fonderie). En 1782, ces boucheries sont affectées à un Corps de garde.

Les grandes manifestations populaires s'y déroulent, les cortèges royaux s'y arrêtent, et le Parlement et ses multiples cours de justice, la Monnaie, la sénéchaussée, le voisinage des moulins du Château et le Salin y attirent les habitants de la ville et du gardiage. C'est là que se tiennent les grands marchés et les foires annuelles. Charlatans, jongleurs, comédiens, baladins, danseuses de corde, montreurs d'animaux et bateleurs y attirent une foule nombreuse.

C'est aussi sur cette place que se faisaient la plupart des exécutions ordonnées par le Parlement ou l'Inquisition, bûchers, pendaisons ou supplice de la roue. Jean de Caturce y fut exécuté en 1532. Giulio Cesare Vanini est brûlé sur le bûcher le samedi 9 février 1619, la veille d'un ballet donné par le duc Henri de Montmorency en l'honneur du mariage de Christine de France, sœur du roi Louis XIII, avec Victor-Amédée, fils et héritier du prince de Piémont[4]. En 1762, le pasteur François Rochette y est pendu et les trois frères de Grenier, gentilhomme protestants, décapités.

Époque contemporaine

En 1931, l'architecte de la ville, Jean Montariol, réalise un kiosque hexagonal, de style Art Déco, similaire à ceux des allées du Président-Franklin-Roosevelt.

La place est aujourd'hui le lieu d'un marché de plein vent alimentaire, mais aussi un marché aux livres, qui se tiennent tous les mardis et les vendredis[5]. Elle est aussi, depuis 1983, un lieu de rencontre des équipes du Secours populaire pour les personnes en grande précarité[6]

En 2004, dans le cadre des travaux de rénovation du Palais de justice, il est prévu de démolir le kiosque de Montariol, mais il est finalement épargné. À nouveau menacé en 2014, il est finalement prévu de le rénover. En effet, en juillet 2018, les travaux de réaménagement et de semi-piétonisation sont engagés afin de transformer profondément la place afin de mettre en valeur le patrimoine, suivant le projet de l'architecte catalan Joan Busquets[7],[8].

Patrimoine

Palais de justice

no  10 :  Inscrit MH (1994, Cour d'Appel : façades et toitures de la cour d'honneur, façade sur jardin de l' aile de la Première Présidence, façade sur cour et toitures de la Première Chambre, salle des pas perdus et grand escalier ; Cour d' Assises ; Tribunal de Grande Instance : façades et toitures) et  Classé MH (1999, Cour d'Appel : Première grande Chambre ; Salon Doré ; Salon d' Hercule ; vestibule de la Troisième Chambre)[9].

Emplacement de la Porte narbonnaise ; emplacement du Château narbonnais ; emplacement du Parlement ; Palais de justice[10].

Temple protestant du Salin

no  15 ter :  Classé MH (1990, ancienne trésorerie royale) et  Patrimoine XXe s.[11].

La trésorerie royale est édifiée vers 1272, lors du rattachement du comté de Toulouse pour accueillir le siège de la gestion du domaine royal. En 1542, à la suite de l'édit de Cognac, une trésorerie de France occupe le lieu. Entre 1909 et 1911, un temple protestant est construit dans le style néogothique et historiciste sur les plans de Léon Daures, architecte du département du Tarn, tout en conservant les vestiges de l'ancienne trésorerie. Il est l'objet de vives critiques de la part de l'association des Toulousains de Toulouse, qui accusent l'architecte d'avoir dénaturé un des plus anciens bâtiments de la ville.

La façade sur la place du Salin se compose de deux corps de bâtiment. Le plus élevé, à gauche, correspond à une ancienne tour. Au rez-de-chaussée s'ouvre un portail avec ébrasements à ressauts formés de colonnes et voussures. Un gable et des choux frisés ornent l'ensemble. Au-dessus s'ouvre une rosace. Le deuxième corps de bâtiment, à droite, a également été rehaussé. Il est percé au rez-de-chaussée de fenêtres à meneaux et, à l'étage, de fenêtres en arc brisé. Les élévations sont couronnées par de faux mâchicoulis et de créneaux. L'intérieur est largement éclairé par les ouvertures. Les vitraux sont dus au maître-verrier Calmels[12],[13].

Immeubles

  • no  16 : immeuble.
    L'immeuble est construit à l'angle de la place du Parlement. Les deux pans de l'immeuble sur la place du Parlement sont datés du XVIe siècle, tandis que la façade sur la place du Salin est reconstruite entièrement en brique en 1647. Le rez-de-chaussée est ouvert par une grande arcade de boutique en plein cintre, en brique et pierre alternées, une étroite fenêtre en plein cintre moulurée et en pierre, et une porte au linteau de bois. Le niveau de comble est percé de mirandes[14].
  • no  18 : immeuble.
    L'immeuble est construit probablement au XVIe siècle. Le rez-de-chaussée est maçonné en brique, est ouvert par une grande arcade de boutique. Aux étages, le pan de bois est à grille, hourdé de brique. Les fenêtres sont segmentaires et possèdent des appuis moulurés[15].
  • no  19 : immeuble.
    L'immeuble, de style classique, élevé au XVIIIe siècle, développe une façade symétrique de quatre travées. Aux deux premiers étages, les fenêtres possèdent des pierres de gond en pierre et des garde-corps en fer forgé aux motifs géométriques. Maurice de Guérin y vécut avec son épouse, Eugénie, dans la première moitié du XIXe siècle[16].
  • no  20-21 : immeuble.
    L'immeuble, de style classique, est construit au XVIIIe siècle. Au rez-de-chaussée, la porte principale est centrale, surmontée d'une imposte en fer forgé. Elle est encadrée, à gauche, par une grande arcade de boutique voûtée en anse de panier et, à droite, par une arcade de boutique et une petite porte. Les trois étages sont décroissants et séparés par des cordons de brique. Les fenêtres sont mises en valeur par un chambranle mouluré et sont surmontées d'une fine corniche moulurée. Celles du 1er étage ont des balconnets en pierre qui portent des garde-corps en fer forgé[17].

Œuvres publiques

  • Monument à Cujas[19].
    La statue de Jacques Cujas, juriste et humaniste toulousain, réalisée en 1837 par le Parisien Achille Valois, est érigée en 1850 sur la place de la Viguerie (partie sud de l'actuelle place du Salin), face à la Cour d'appel. Jacques Cujas est représenté en robe, un livre ouvert à la main, un pied posé sur un autre livre. Le piédestal en pierre porte une simple dédicace en latin, « Jacobo Cujacio Tolosano »(« Au Toulousain Jacques Cujas ». En 1828, la municipalité avait commandé à Valois une statue en l'honneur de la campagne d'Espagne, qui devait être érigée sur la place d'Angoulême (actuelle place Wilson), mais le changement de régime en 1830 interrompit les travaux et on lui commanda en 1832 une statue de Clémence Isaure pour la place de l'Hôtel-de-Ville (actuelle place du Capitole). Finalement, c'est une statue de Cujas qui fut demandée au sculpteur en 1834, pour la somme de 20 000 francs[20]. Le monument a été déplacé lors de dégagement de la place du Salin. En 1942, sous le régime de Vichy, la statue est envoyée à la fonte dans le programme de mobilisation des métaux non ferreux. Elle est cependant moulée par Henri Giscard durant la nuit précédant sa destruction. D'après ce moulage, les ateliers de restauration de la Ville coulent une réplique de la statue en résine bronze en 1990. Il est prévu de la tourner à nouveau face au Palais de justice à la suite des travaux de réaménagement commencés en mars 2018[21].
  • Plaque commémorative en mémoire « Aux penseurs précurseurs des Lumières, victimes de l'obscurantisme, qui ont étudié ou enseigné à Toulouse » est placée en 2007 sur le lieu de l'exécution de Giulio Cesare Vanini en 1616. En outre, Étienne Dolet, brulé à Paris en 1546, Michel Servet, brûlé à Genève en 1553, et Giordano Bruno, brûlé à Rome en 1600 sont honorés ; ils ont tous étudié ou enseigné à Toulouse.

Marchés

Un marché à l'ail s'y déroule tous les 24 août, jour du massacre de la Saint-Barthélemy, depuis 1896[22]. Des marchés de petits producteurs s'y déroulent aussi, les mardis, vendredis et samedis, ainsi qu'un marché aux livres les vendredis[23].

Notes et références

  1. Chalande 1916, p. 172.
  2. Chalande 1916, p. 170.
  3. Chalande 1916, p. 170-171.
  4. Marcella Leopizzi, 2004, p. 90.
  5. Place du Salin, sur le site du Petit Futé (consulté le 12 septembre 2018).
  6. Kiki Puech, « Quand la ville de Toulouse s'en prend au Secours Populaire Français », sur le site blog de Mediapart, 27 novembre 2017 (consulté le 12 septembre 2018).
  7. Marché aux livres du Salin, sur le site de la Mairie de Toulouse (consulté le 12 septembre 2018).
  8. Philippe Emery, « Place du Salin : 8 mois de grands travaux », La Dépêche du Midi, 20 mars 2018.
  9. Notice no PA00132672, base Mérimée, ministère français de la Culture.
  10. Notice no IA31129555, inventaire général du patrimoine culturel, région Occitanie/ville de Toulouse.
  11. Notice no PA00094643, base Mérimée, ministère français de la Culture.
  12. Papillault 2016, p. 177.
  13. Notice no IA31124770, inventaire général du patrimoine culturel, région Occitanie/ville de Toulouse.
  14. Notice no IA31131460, inventaire général du patrimoine culturel, région Occitanie/ville de Toulouse
  15. Notice no IA31130693, inventaire général du patrimoine culturel, région Occitanie/ville de Toulouse.
  16. Notice no IA31131542, inventaire général du patrimoine culturel, région Occitanie/ville de Toulouse.
  17. Notice no IA31131828, inventaire général du patrimoine culturel, région Occitanie/ville de Toulouse.
  18. Notice no IA31131543, inventaire général du patrimoine culturel, région Occitanie/ville de Toulouse.
  19. « Monument à Cujas – Toulouse (fondu) », notice sur e-monumen.net.
  20. Chalande 1916, p. 178-180.
  21. Philippe Emery, « Place du Salin : 8 mois de grands travaux », La Dépêche du Midi, 20 mars 2018.
  22. Bernad, Jungblut et Monna 2001, p. 18
  23. « Marchés de "plein vent" », sur toulouse.fr

Voir aussi

Bibliographie

  • Jules Chalande, « Histoire des rues de Toulouse », Mémoires de l'Académie des Sciences et Belles-Lettres de Toulouse, 11e série, tome IV, Toulouse, 1916, p. 170-180.
  • Pierre Salies, Dictionnaire des rues de Toulouse, 2 vol., Toulouse, éd. Milan, 1989 (ISBN 978-2867263545).
  • Gilles Bernad, Guy Jungblut et Armand Monna, Toulouse, métamorphoses du siècle, Portet-sur-Garonne, Éditions Empreintes, , 133 p. (ISBN 2-913319-13-0)
  • Rémi Papillault (dir.), Laura Girard et Jean-Loup Marfaing, Guide d'architecture du XXe siècle en Midi toulousain, coll. « Architectures », Presses universitaires du Mirail, Toulouse, 2016 (ISBN 978-2-8107-0469-9).
  • Marcella Leopizzi, Les sources documentaires du courant libertin français. Giulio Cesare Vanini, Schena Editore et Presses de l'université de Paris-Sorbonne, 2004 (ISBN 978-8882294472).

Articles connexes

Liens externes

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