Historicisme (style)

L’historicisme est un courant artistique puisant ses sources et son inspiration dans le passé, tout en privilégiant une approche rationnelle. L'historicisme se développa tout au long du XIXe siècle jusqu'à l'entre-deux-guerres.

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La Délivrance des Emmurés de Carcassonne, tableau de Jean-Paul Laurens imitant un style de dessin médiéval

Contexte

L'historicisme, comme d'autres courants artistiques occidentaux du XIXe siècle, puise son inspiration dans les formes du passé. Dès le XVIIIe siècle, le néoclassicisme affirmait déjà sa volonté de retrouver la pureté formelle des œuvres passées, en particulier dans l'architecture antique, mais aussi dans les arts picturaux et plastiques. Mais l'historicisme poursuit surtout une démarche rationnelle, non dénuée de romantisme.

L'historicisme dans l'art pictural

Tableau d'Auguste Migette de l'école romantique de Metz (événement de 1055)

On assiste à un fort engouement pour l'histoire de l'humanité, un engouement très usité par les peintres du XIXe siècle, qui se basent sur l'histoire chrétienne, antique, mythologique ou plus récente encore, c'est l'apogée de la peinture d'histoire, qui deviendra vite de la peinture d'académie. À partir du début du XIXe siècle, le mouvement romantique montre son admiration pour l'histoire et les arts médiévaux, de ce fait on assiste à une grande exploitation de l'art gothique voire antérieur, et de nombreuses toiles historiques naissent, représentant exclusivement des événements survenus au Moyen Âge et veillant à rendre le plus justement possible des vues de l'époque.

L'historicisme dans l'architecture

La basilique du Sacré-Cœur de Montmartre, exemple d'architecture éclectique, mêlant roman et byzantin.

L'historicisme a pour but de remettre en valeur des styles architecturaux anciens et parfois dits « dépassés ». Ici encore le romantisme apporte avec lui le développement de l'architecture néogothique se fondant dans les formes médiévales, alors que la mode est au néoclassique.

En Allemagne, on assiste dès la première moitié du XIXe siècle à un engouement pour la mode historiciste, mode qui s'accentue sous Guillaume II d'Allemagne, de même au Royaume-Uni pendant l'ère victorienne. Cet ensemble de styles se retrouvant à la même époque crée un attachement nouveau en Europe pour l'architecture et les arts en général, le tout lié aux innovations de la Révolution industrielle, cette nouvelle mode est à la base des expositions universelles.

L'historicisme correspond à une phase unique dans l'architecture où de nombreux et différents styles cohabitent, de ce fait on assiste aussi à l'art éclectique qui permet de mêler ces différentes architectures. De plus, l’avènement de l'Art nouveau à la fin du XIXe siècle crée le contraste avec ses formes nouvelles et végétales par rapport aux traits des styles anciens.

En Europe, ce mouvement couvre la période allant du XIXe siècle jusqu'à l'entre-deux-guerres, où historicisme et art nouveau seront peu à peu remplacés par l'art déco.

Styles

Dans l'architecture, on distingue de nombreux styles historicistes, basés chacun sur d'anciens courants architecturaux.

Le style néo-roman

Inspiré clairement de l'architecture romane qui s'étendait du Xe siècle au XIIe siècle en Europe occidentale, il en reprend les arcs en plein cintre, et les voûtes en berceau par exemple. Il est très prisé en Angleterre, où il s'intègre dans l'architecture de l'ère victorienne, mais surtout en Allemagne, où l'on se base particulièrement sur des constructions romanes rhénanes (ex : cathédrale de Spire, Abbaye de Maria Laach).

Le style néo-roman est souvent associé au style néo-byzantin dans des projets éclectiques

Le style néo-byzantin

Prenant ses sources dans l'architecture du monde byzantin au Moyen Âge, il se rapproche du néoroman, mais en diffère par la présence de dômes (donc de coupoles) et d'arcades. De plus, il s'agit en principe d'édifices particulièrement massifs et étalés (à cause de l'utilisation privilégiée d'un plan centré) et rehaussés par les dômes, alors que les bâtiments romans restent légèrement plus réduits et plus détaillés. On retrouve ce style en majorité en Europe de l'Est, plus généralement pour des édifices religieux orthodoxes, voire pour des églises catholiques.

Le style néo-byzantin est souvent associé aux styles néo-roman ou néo-mauresque dans des projets éclectiques

Le style néo-mauresque

Aussi appelé « renaissance mauresque », ce style prisé des orientalistes[2] reprend les traits de l'architecture islamique du Moyen Âge à l'Époque moderne, tels que les arcs outrepassés ou polylobés. Les édifices néo-mauresques s'inspirent de monuments tant de l'empire ottoman que d'autres, tendant plutôt vers hispano-mauresque, voire néo-mudéjar.

Le style néo-mauresque est souvent associé au style néo-byzantin dans des projets éclectiques

Le style néogothique

S'inspirant principalement du gothique flamboyant, le néogothique se distingue par la finesse de ses formes, sa richesse de ses détails, sa hauteur permise par les ogives (et l'utilisation de l'arc brisé) en général, ainsi que la présence importante de pinacles (propres au gothique flamboyant). Développé grâce aux courants romantiques et leur attachement pour l'art médiéval, il s'étend principalement en France, au Royaume-Uni (et dans le monde anglophone en général), et dans une moindre mesure en Allemagne.

Le style néo-renaissance

Ce style, inspiré de l'architecture de la Renaissance, reste très varié. Il est, en effet, difficile à décrire car, déjà à l'époque de la Renaissance, il différait beaucoup en fonction de sa région d'origine, ou encore des convictions architecturales des architectes (certains préférant des formes romanes, d'autres plus antiques comme Andrea Palladio — prémices du classicisme — ou à tendances déjà baroques. Néanmoins, on reconnait souvent les bâtiments de ce style par leurs formes parfois originales, leurs escaliers extérieurs, balcons et loggias ou encore leurs tours et pignons.

Ainsi, on retrouve dans les pays anglophones des édifices qui renvoient directement à la renaissance italienne plus particulièrement au palladianisme voire à l'architecture élisabéthaine et, en France, à la renaissance française, donc aux châteaux de la Loire (cf Style Second Empire). Dans les pays germaniques se forme un style particulier se basant sur la renaissance flamande et allemande, dont les pignons à échelon, les poivrières et les oriels sont représentatifs, c'est la Néo-Renaissance flamande. Cette dernière côtoie, dans l'Empire allemand, un style plus massif aux influences baroques, la néo-renaissance prussienne.

Le style néo-renaissance est souvent associé au style néo-baroque dans des projets éclectiques


Le style néo-baroque

Puisant dans les structures massives et chargées de l'architecture baroque, et dans ses riches décorations, le style néobaroque se développe beaucoup en Europe voire dans le monde entier. En France, il s'inscrit directement dans le style Second Empire. Tout comme son modèle, cette architecture se veut de répondre à ces caractéristiques phares : l'opulence qui prône une certaine richesse par l'ajout de très diverses décorations (dorures, fresques, sculptures…) et donne une dimension imposante aux édifices pour ainsi fasciner le spectateur ; la théâtralité, pour susciter un mouvement et une vie par des statues, et renvoyer au théâtre antique par la reprise des colonnes et d'autres caractéristiques des styles classiques ; la créativité qui fait place à l'innovation avec de nouvelles formes, et à l'originalité ; et l'urbanisme pour mieux intégrer le bâtiment dans son environnement.

Le style néo-baroque est souvent associé aux styles néo-renaissance et néoclassique dans des projets éclectiques

Le style néoclassique

Dans la continuité directe de l'architecture classique, il a été le premier style historiciste à naître (au XVIIIe siècle, à la mort de Louis XIV) mais aussi le premier à disparaître (à la fin voire au milieu du XIXe siècle avec l'arrivée du romantisme). C'est ce style qui a permis l’expansion des règles et de la modénature du classicisme à l'Europe et au monde, alors qu'il s'agissait auparavant d'un style cantonné à la France. Le château de Versailles en est le principal modèle. En Grande-Bretagne, le néoclassique devient l'architecture georgienne.

Le style néoclassique est souvent associé au style néo-baroque dans des projets éclectiques

Dans le style éclectique

L'éclectisme est une pratique née dans les années 1860 qui prône le mélange des architectures, de ce fait le XIXe siècle est sujet à toute sorte d'expérimentations architecturales. On distingue cependant différentes orientations de l’éclectisme.

L'éclectisme issu du néo-byzantin
L'éclectisme issu du néo-baroque
L’éclectisme et l'art nouveau

Il est souvent arrivé que cette architecture innovante vienne s'ajouter dans des réalisations éclectiques, ce qui donne parfois des constructions improbables, qui peuvent associer les traits réguliers et droits du classique aux traits libres et végétaux de l'art nouveau. On retrouve ce genre de créations notamment dans le style Beaux-Arts.

Des styles éclectiques vecteurs d'une (ré-)affirmation identitaire culturelle, souvent liés au régionalisme.

Notes et références

  1. Paul Abadie a également rénové et restauré les cathédrales de Périgueux et d'Angoulême.
  2. Les européens ou américains dans la vague de fascination romantique occidentale pour les arts orientaux. cf Architecture néo-mauresque.
  3. Le palais Garnier mêle un style baroque à celui de la renaissance tardive qui présente déjà de fortes tendances baroques, c'est pourquoi on le classe plus communément dans le néo-baroque que dans l'éclectique.

Bibliographie

Revivals. L'historicisme dans l'art décoratif français au XIXe siècle, sous la direction d'Anne Dion-Tenenbaum et Audrey Gay-Mazual, Paris, MAD-Musée du Louvre, 2020. (ISBN 2916914935)

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