Place Mage

La place Mage (en occitan : plaça Màger dels Afachadors) est une place du centre historique de Toulouse, en France. Elle se situe au cœur du quartier Saint-Étienne, dans le secteur 1 de la ville. Elle appartient au secteur sauvegardé de Toulouse.

Place Mage
(oc) Plaça Màger dels Afachadors

La place Mage
Situation
Coordonnées 43° 35′ 54″ nord, 1° 26′ 49″ est
Pays France
Région Occitanie
Ville Toulouse
Quartier(s) Saint-Étienne
Morphologie
Type place
Forme triangulaire
Superficie 684 m2
Histoire
Anciens noms Place Mage des Affachadoux (milieu du XIVe siècle)
Protection  Site inscrit (1944, façades et toitures des immeubles bordant la place Mage)
Géolocalisation sur la carte : France
Géolocalisation sur la carte : Toulouse

La place n'était au Moyen Âge qu'un simple carrefour, dans un quartier industrieux – elle tient son nom des artisans bouchers –, mais progressivement peuplé de parlementaires. Elle a aujourd'hui conservé l'aspect qu'elle avait au XVIIe siècle, même si les immeubles qui la bordent ont pu être remaniés ou reconstruits au cours du XIXe siècle.

Toponymie

La place Mage avait déjà, au milieu du XIVe siècle, pour nom complet celui de place Mage des Affachadoux, c'est-à-dire « Grande-place des Boucheries » (plaça màger dels Afachadors en occitan toulousain). Au Moyen Âge, on trouvait effectivement un certain nombre d'artisans bouchers dans cette rue. Elle a conservé ce nom sans changement, sauf pendant la Révolution française, en 1794, quand elle prit celui de place des Droits-de-l'Homme[1].

Description

La place Mage forme un petit triangle de 39 m de long entre la base de 30 m de large, au nord, jusqu'à la pointe, au sud. Celle-ci est ouverte sur la rue Mage, dont la place actuelle n'était au Moyen Âge qu'un simple élargissement. La base du triangle, au nord, reçoit à l’ouest la rue Bouquières et donne naissance à l'est à la rue Tolosane, qui se prolongent toutes les deux vers le nord, la première jusqu'à la rue du Languedoc et la place Rouaix, la seconde jusqu'à la rue Croix-Baragnon. Elle donne également naissance, du côté est, à la rue Merlane, qui se prolonge jusqu'à la rue Pierre-de-Fermat. Le côté est de la place reçoit la rue du Canard qui a son origine dans la rue du Languedoc.

Histoire

Au Moyen Âge, la place mage des Affachadoux appartient, du côté est, au capitoulat de la Pierre, et, du côté ouest, au capitoulat de Saint-Barthélémy[1]. Elle se trouve sur le tracé d'une des principales voies qui traversent Toulouse, depuis la Porte narbonnaise au sud à la Porterie au nord. Au centre de la place se trouvent un puits creusé et une croix, élevée par les habitants du lieu[2]. La place est alors principalement peuplée d'artisans bouchers, qui lui ont donné leur nom : les « affachadoux » (afachador en occitan) sont les bouchers spécialisés dans l’abattage des bêtes de boucherie[3]. La place se trouve d'ailleurs au cœur d'un quartier de bouchers, à proximité des abattoirs de la rue des Petits bancs (actuelle rue des Trois-Banquets), et des échoppes de bouchers de la rue des Affachadoux (actuelle rue Merlane).

Le , un incendie se déclare dans une boulangerie voisine, à l'angle des rues des Chapeliers (actuelle rue du Languedoc) et Maletache. Il provoque des destructions importantes dans le quartier[4]. Les nombreux espaces libérés par l'incendie et la proximité de la place avec le quartier des parlementaires, qui couvre le sud de la ville, autour du Parlement, explique l'installation de membres de l'élite toulousaine et la construction des premiers hôtels particuliers[3].

Durant les guerres de Religion, un habitant de la place connaît un sort tragique. Arnaud de Cavaignes, propriétaire depuis 1553 de l'hôtel de son père (emplacement de l'actuel no 13), est conseiller au Parlement de Toulouse jusqu'en 1567. Il est l'époux d'Anne de Mansencal, fille de Jean de Mansencal. Converti au protestantisme, il quitte sa ville natale pour devenir chancelier de la reine de Navarre, Jeanne d'Albret, et devient l'homme de confiance du chef du parti huguenot, l'amiral de Coligny. Il est maître des requêtes au Parlement de Paris depuis 1571 lorsque éclate la Saint-Barthélémy, le . Ayant échappé au massacre, il est cependant arrêté car on veut lui faire avouer un complot de Coligny contre le roi Charles IX. Il est torturé, jugé et pendu en place de Grève avec François de Briquemault, le [5],[6].

La rue reste attractive au XVIIe siècle et les constructions se poursuivent : c'est de cette période que datent la plupart des constructions qui entourent la place, à l'ouest et à l'est.

Au XVIIIe siècle, le paysage de la place évolue. Les façades de plusieurs immeubles sont modifiées, tandis que d'autres hôtels sont reconstruits[7]. En 1752, la municipalité décide de faciliter la circulation dans les rues : les puits de toutes les places publiques de la ville sont rasés et couverts et les croix appliquées au mur le plus proche. Les capitouls décident d'acheter de démolir la maison au nord de la place Mage, entre les rues Bouquières et Tolosane, qui rend difficile le passage de la rue du Canard à la rue Merlane. En 1754, il est résolu de construire contre le mur de la maison démolie un monument décoratif où placer une statue en pierre de Louis XIII. Cette statue équestre représentant le roi foulant aux pieds l'hérésie, avait été sculptée en 1620 par Artus Legoust. Elle avait été placée en 1620 sur la porte de l'Arsenal de l'hôtel de ville, puis déplacée en 1671 sur la porte principale de l'Hôtel-de-Ville. Elle y était accompagnée des deux figures de la Justice et de la Force, réalisées en 1671 par Pierre Mercier. La porte de l'Hôtel-de-Ville ayant été à son tour démolie en 1752, le groupe sculpté avait été choisi pour orner la place Mage. Les premiers travaux sont rapidement engagés : les capitouls de 1755 font sculpter leurs blasons sur le monument, l'architecte Labat de Savignac procède à des améliorations en 1756 et une table de marbre avec une inscription commémorative est placée lors de l'inauguration en 1758[8].

La Révolution française apporte quelques changements. Le , le monument de la place Mage est amputé de la statue de Louis XIII, brisée sur ordre administratif, tandis que les blasons des capitouls sont martelés, comme toutes les statues et emblèmes de l'Ancien régime[9]. Seule la tête de la statue de Louis XIII est sauvée de la destruction et donnée par la suite au muséum provisoire du Midi de la République[10]. En , la place reçoit le nom des Droits-de-l'Homme[1].

À la Restauration, en , la municipalité décide de placer dans la niche vide du monument de la place Mage une nouvelle statue de Louis XIII, exécutée en stuc par le sculpteur Bernard Griffoul-Dorval, à l'occasion du passage du duc d'Angoulême à Toulouse. Mais comme elle tombe bientôt en débris, le conseil municipal décide en 1826 de la faire exécuter en marbre par le même sculpteur. La réalisation de la sculpture est retardée et en 1830, quand éclate la Révolution de juillet, elle n'a toujours pas été commencée : le projet est abandonné au profit d'une statue de Pierre-Paul Riquet, placée au bout des allées Lafayette (actuelles allées Jean-Jaurès). En 1861, ce qu'il reste du monument de la place Mage est finalement détruit[11], tandis que l'année suivante un immeuble de style néo-classique est construit à son emplacement par l'architecte Jacques-Jean Esquié (actuel no 34 place Mage).

Lieux et monuments remarquables

Portail néo-Renaissance de Virebent pour l'hôtel Cassan (2e moitié du XIXe siècle).
  • no  13 : immeuble (XVIIe siècle ; XVIIIe siècle ; 1re moitié du XIXe siècle).
    L'immeuble date du XVIIe siècle, mais les fenêtres du rez-de-chaussée ont été modifiées et les garde-corps en fer forgé de celles du 1er étage ont été mis en place au XVIIIe siècle. Les élévations des cours datent du 2e quart du XIXe siècle[12].
  • no  32 : immeuble (XVIIe siècle) ; hôtel Cassan (début du XIXe siècle).
    Un premier immeuble est construit au XVIIe siècle à l'angle de la place Mage et de la rue Merlane : c'est d'ailleurs dans cette rue que s'en trouvait l'entrée principale, un portail en plein cintre, aujourd'hui bouché. La façade sur la place Mage, s’élevant sur deux étages et un étage de comble ouvert de mirandes, comporte trois travées. Après la Révolution française, l'immeuble est acheté par la famille Cassan qui en fait son hôtel. Après 1830, des travaux en modifient l'organisation intérieure : deux autres parcelles contigües lui sont réunies, une partie du bâtiment est démolie pour aménager la 1re cour, où une nouvelle façade au nord est élevée, tandis qu'une 2e cour rectangulaire est aménagée au fond de la parcelle. Dans cette 2e cour, une statue de femme, représentant l’Été, s'inscrit dans une serlienne. Un portail en briques claires de style néo-Renaissance, est élevé par l'architecte Virebent dans la 2e moitié du XIXe siècle[13].

Notes et références

  1. Jules Chalande, 1923, p. 262.
  2. Jules Chalande, 1923, p. 273.
  3. Jules Chalande, 1923, p. 263.
  4. Maurice Bastide, 1968, p. 8-12.
  5. Jules Chalande, 1923, p. 264.
  6. Théodore de Bèze, Correspondance. Tome XIII 1572, Droz, Genève, 1988, p. 217, note 2.
  7. Jules Chalande, 1923, p. 262-263.
  8. Jules Chalande, 1923, p. 273-274.
  9. Jules Chalande, 1923, p. 274.
  10. « LEGOUST, Artus - Louis XIII », sur l'inventaire en ligne des collections du musée des Augustins, consulté le 9 janvier 2017.
  11. Jules Chalande, 1923, p. 275.
  12. Louise-Emmanuelle Friquart et Laure Krispin, « Fiche d'information détaillée Patrimoine Architectural: IA31133069 », Inventaire général Région Midi-Pyrénées, Ville de Toulouse, sur le site Urban-Hist, Archives municipales de Toulouse, 2011, consulté le 7 janvier 2017.
  13. Louise-Emmanuelle Friquart et Laure Krispin, « Fiche d'information détaillée Patrimoine Architectural: IA31132880 », Inventaire général Région Midi-Pyrénées, Ville de Toulouse, sur le site Urban-Hist, Archives municipales de Toulouse, 2009, consulté le 7 janvier 2017.

Voir aussi

Bibliographie

  • Jules Chalande, « Histoire des rues de Toulouse », Mémoires de l'Académie des Sciences et Belles-Lettres de Toulouse, 12e série, tome I, Toulouse, 1923, p. 262-266 et 273-275.
  • Pierre Salies, Dictionnaire des rues de Toulouse, 2 vol., éd. Milan, Toulouse, 1989 (ISBN 978-2867263545)

Articles connexes

  • Portail de Toulouse
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