Pierre Savorgnan de Brazza
Pierre Savorgnan de Brazza (né le à Rome et mort le à Dakar[1]) est un explorateur, naturalisé français, officier de marine, connu pour ses expéditions en Afrique centrale et sa philosophie de la non-violence.
Pour les articles homonymes, voir Brazza.
Biographie
Élevé à Rome, sous le nom de Pietro Paolo Savorgnan di Brazzà, il est le septième des treize enfants du comte Ascanio Savorgnan di Brazzà, un noble d’Udine, issu des Savorgnan, famille patricienne de la République de Venise. Cet homme cultivé et voyageur avait de nombreux amis français, dont l'amiral Louis de Montaignac, ministre de la marine. Avec son soutien et celui de son précepteur, Pietro vient à Paris et suit les cours du collège Sainte-Geneviève pour préparer le concours d’entrée à l’École navale de Brest. Il y entre à 17 ans, en sort enseigne de vaisseau et embarque sur la Jeanne d’Arc pour l’Algérie. Là-bas, il est horrifié par la violence de la répression de la révolte kabyle par les troupes françaises. La guerre de 1870 est alors déclarée : il veut être affecté dans une unité combattante. Il en profite pour demander la naturalisation française[2] et se retrouve sur le cuirassé la Revanche, dans l’une des escadres de la mer du Nord.
Avec l’avènement de la IIIe République, sa deuxième affectation est la frégate Vénus, qui faisait régulièrement escale au Gabon. En 1874, Brazza remonte deux fois le fleuve Ogooué. Il propose ensuite au gouvernement d’explorer l’Ogooué jusqu’à sa source, afin de démontrer que ce fleuve et le Congo ne font qu’un. Avec l’aide d’amis bien placés, comme Jules Ferry et Léon Gambetta, il obtient des subsides, qu’il n’hésite pas à compléter avec ses propres ressources (selon les documents, la famille de Brazza a contribué aux deux premières expéditions de l'explorateur avec une somme d'un million de francs, et le gouvernement français n'a donné que 200 000 francs[3]). À la même époque il est naturalisé français et adopte la francisation de son nom. Il doit cependant revenir quelques mois à Paris pour passer son diplôme de capitaine au long cours, afin de demeurer dans la Marine nationale et y poursuivre son dessein.
Pour cette expédition, qui dure de 1875 à 1878, il se munit de toiles de coton et d’outils pour le troc. Il est seulement accompagné d’un médecin, d’un naturaliste et d’une douzaine de fantassins sénégalais. Brazza s’enfonce dans l’intérieur des terres et réussit à nouer de bonnes relations avec la population locale, grâce à son charme et son bagout. Ayant atteint les rives de l'Alima, en pays Téké, il subit l'attaque des Apfourou et doit faire demi-tour. Son expédition n'est toutefois qu'un échec du point de vue de son but d'origine, mais une réussite d'exploration, car il a bien démontré que les deux fleuves sont différents. En tout état de cause, le , Brazza et ses compagnons d’exploration, fatigués et malades, décident de faire demi-tour.
Fondation de la future Brazzaville
Sous l’impulsion du ministre de l’Instruction publique, Jules Ferry, le gouvernement français autorise alors une deuxième mission (1879-1882) en collaboration avec Antoine Mizon, pour faire pièce aux visées coloniales belges sur le continent africain. Financée par la Société française de géographie ainsi que par les ministères de la Marine, des Affaires étrangères et de l’Instruction publique représentés par François Paul de Dufourcq, officier de marine et délégué du ministère de l'Instruction publique, la deuxième mission est nettement plus fructueuse. Parti le , en compagnie notamment de Jean-Noël Savelli, Brazza atteint le fleuve Congo en 1880. Il propose à Illoy Ier, Makoko de Mbé, chef des Téké de Mbé, de placer "son pays" sous la protection de la France. Ce chef, Illoy Loubath Imumba, poussé par des intérêts commerciaux et par la possibilité d’affaiblir ses rivaux, signe le traité, permettant aussi un établissement français à Nkuna sur le Congo, endroit appelé plus tard Brazzaville. En tentant de rallier l’océan depuis Franceville, Brazza tombe par hasard sur le but premier de ses recherches : les sources de l'Ogooué.
De retour en France, il popularise ses découvertes grâce à de multiples réunions publiques et articles de presse. Le , la loi ratifiant le traité d’amitié, signé entre Illoy Ier et Brazza, est promulguée. Les régions découvertes sont de fait placées sous protectorat français. Un mois plus tard, de nouveaux crédits sont votés pour une troisième expédition. La publication du compte-rendu des « Voyages dans l'Ouest Africain, 1875-1887 » (Le Tour du monde de 1887 et 1888) est accompagnée de nombreuses gravures réalisées d'après des dessins fondés sur les photographies prises par son frère, Jacques de Brazza, qui avait réalisé une mission jusqu'en pays Téké, sur les rives de la Likouala en 1885[4]. En , il est nommé commissaire général du Congo français. Des journalistes font état des salaires décents et des conditions humaines qui contrastaient avec le régime personnel de Léopold II sur l’autre rive du Congo. Mais son succès lui procure aussi des inimitiés et il est soumis à une intense campagne de dénigrement.
En 1888, il est initié en franc-maçonnerie[5] dans la Loge « Alsace-Lorraine » du Grand Orient de France à Paris[6]. Mais, en 1904, il donne sa démission en invoquant les responsabilités de la franc-maçonnerie dans la gestion de la colonie de l'Afrique-Équatoriale française.
Naissance d’une légende
Le , Pierre de Brazza épouse Thérèse Pineton de Chambrun (1860-1948 Alger), fille de Charles-Antoine de Chambrun et de Marie-Henriette Tircuy de Corcelle, et descendante de La Fayette. Le mariage est célébré dans la chapelle privée de l’hôtel du comte de Chambrun, rue Monsieur à Paris. Le couple aura quatre enfants[7] : Jacques, né en 1899, décédé quatre ans plus tard d’une crise d’appendicite, Antoine agriculteur (1900-1947), Charles, artiste peintre (1901-1962) et Marthe, auteur d'une biographie(1903-1949).
En 1897, Brazza s’oppose à la décision du ministre des Colonies, André Lebon, de soumettre les territoires qu’il a gagnés à la France au régime de la concession, déjà en vigueur au Congo belge, et qui livrerait les populations à la cupidité des sociétés capitalistes privées chargées de « mettre en valeur » ce territoire de 650 000 km² composé du Gabon, du Congo et de l’Oubangui-Chari.
En , touché par un « dégagement des cadres », Brazza est écarté de la marine nationale et placé à la retraite d'office. Marchand et ses officiers (Baratier, Mangin, Largeau fils, futur fondateur du Tchad, etc.) l’ont déclaré responsable du retard de la mission Congo-Nil. Marchand décrit la colonie du Congo français géré par Brazza comme un « marécage puant » dirigé par des « gloires en baudruche ». Selon les documents, Brazza s’oppose à l’expédition Marchand à cause de la présence d’un grand nombre de soldats, ce qui témoignait de l’esprit de soumission des populations qui inspirait cette entreprise. Brazza lui-même avait proposé depuis six ans d’organiser une expédition sur le même parcours pour ouvrir une voie de connexion entre le Congo et l’Afrique du nord. L’expédition Marchand ne s’arrêta pas devant l’opposition de Brazza, et termina avec le honteux épisode de Fachoda, qui a sérieusement affaibli la réputation internationale de la France et sa position stratégique en Afrique.
Victor Largeau, explorateur du Sahara et du Congo et administrateur de Loango et dépendances sous les ordres de Brazza, fit dans ses correspondances un portrait peu flatteur de Brazza, le surnommant « farniente » compte tenu de sa propension à circuler en hamac porté par des Noirs et de son absence de décision. « Le désordre que l’on remarque autour de lui, le débraillé de sa tenue, sont les répercussions de son état intellectuel, il n’a aucun plan arrêté, change d’idées 20 fois par jour et le moment d’agir venu, il cède à l’impulsion de ce moment-là. Le même désordre règne dans toutes les branches du service : le gaspillage est épouvantable : on va de l’avant parce que le ministère l’exige, mais sans rien organiser... » (lettre du à son fils). De l’autre côté, Brazza accuse Largeau d’être corrompu par les agents commerciaux désireux de mettre en place un régime d’exploitation sans se préoccuper des droits des indigènes. Selon les documents, le manque d’organisation de la colonie était dû en partie au budget très limité. À cette époque, l’État français se trouvait dans de sérieuses difficultés économiques dues aux indemnités que la France devait payer à l’Allemagne après la désastreuse guerre de 1870. [référence nécessaire]
Du 28 septembre 1897[8] au 28 avril 1900, Henri-Félix de Lamothe est Commissaire général du Congo français en remplacement de Savorgnan de Brazza. Il va instaurer l'impôt de capitation dans le territoire qui était demandé par les sociétés concessionnaires. Mais la rareté de la monnaie française au Congo français faisait que cet impôt était payable en nature.
Brazza est forcé de se retirer à Alger. Le territoire de l’Afrique équatoriale française est divisé entre environ 40 compagnies concessionnaires. Les sociétés qui se partagent l’exploitation de ces pays déciment les populations, soumises aux violences et aux brutalités : portage, travaux forcés, réquisitions et répression de toute tentative de résistance.
En 1905, à la suite du scandale de l’affaire Toqué-Gaud, on lui demande d’inspecter les conditions de vie dans les colonies, conditions qui s’étaient détériorées pendant son absence. De cette mission, il tire un rapport baptisé le rapport Brazza[9], qui dénonce les influences de l'intérêt privé dans la politique coloniale, et qui restera pendant longtemps inaccessible au public. Mais sa santé se détériore. Au retour de sa mission, atteint de fortes fièvres, il est contraint de débarquer à Dakar. Le , veillé par sa femme et le capitaine Mangin, il décède à six heures du soir. La photo de Jacques, son enfant de cinq ans, disparu deux ans auparavant, a été placée à sa demande sur sa table de nuit.
Le bruit court qu’il a été empoisonné. Quant à l’Assemblée nationale, elle s’empresse de mettre son embarrassant rapport sous l’éteignoir[10]. Son corps est d’abord réclamé par le gouvernement français. La Troisième République cherche en effet ses nouveaux héros. Brazza, officier de marine aristocrate, élégant, héroïque, révolté par l’esclavagisme, apôtre de la paix, et surtout désintéressé, a un profil parfait à tous ces égards. On pense donc pour lui au Panthéon et à la récupération de sa gloire intacte. Mais Thérèse refuse l’honneur. Son corps est alors inhumé au Père-Lachaise, puis déplacé, trois ans plus tard, à Alger, où vivent sa veuve et ses enfants. Sur sa tombe, l’épitaphe, rédigée par son ami Charles de Chavannes, indique que « Sa mémoire est pure de sang humain. Il succomba le 14 septembre 1905 au cours d’une dernière mission entreprise pour sauvegarder les droits des indigènes et l’honneur de la nation ».
Après sa mort, sa femme recevra une petite rente du gouvernement français puis les revenus d'un débit de tabac après une importante campagne de presse.
La maison des Brazza, la villa Dar-es-Sangha à Alger, fut donnée par Charles, dernier des enfants survivants, à l'initiative du général de Chambrun, son oncle, au Gouverneur d'Algérie, pour devenir un musée qui fut inauguré le lors des cérémonies du centenaire de la naissance de son père. La maison comprenait des meubles, des objets, une importante bibliothèque et d'innombrables documents.
Son fils Charles essaya, sans succès, d'alerter les autorités françaises pour leur préservation à la fin de la guerre d'Algérie.
Malheureusement, après l'indépendance () le gouvernement français ne prit aucune mesure pour protéger le musée du pillage et de la destruction. Et c'est à la suite d'une agression que son fils Charles décéda hélas en [11].
Brazza contre Stanley
Partisan des palabres, farouchement opposé à la violence, il garde comme modèle Livingstone et s’oppose en cela à Stanley, surnommé « Boula Matari » (« briseur de roches »), qui s’est vanté d’avoir livré 32 combats. D’abord peu méfiant, voire admiratif à son égard, Stanley s’apercevra trop tard qu’il a été roulé dans la farine par le Français, qui ne l’informe pas du traité qu’il a signé avec le Makoko. La réputation de Stanley en souffrira durablement, en France, où il sera vertement critiqué, et en Angleterre, où l’on raillera sa naïveté. Un an après la signature du traité entre Brazza et le Makoko, le chef téké des tribus de la rive gauche, Ngaliema, signe le « traité de l’amitié » avec Stanley, ne se considérant plus soumis au Makoko de Mbé. Il place ainsi la rive droite du fleuve sous la protection de l’Association internationale africaine.
L’affaire Toqué-Gaud
Le , à Fort-Crampel, en Oubangui-Chari, un administrateur des colonies, George Toqué, et un commis des affaires indigènes, Fernand Gaud, décident de faire exécuter Pakpa, ancien guide, en lui attachant de la dynamite autour du cou. Au procès, les accusés rappellent qu’ils ont déclaré avant cette action épouvantable : « Ça a l’air idiot ; mais ça médusera les indigènes. Si après ça ils ne se tiennent pas tranquilles ! ». Gaud dira à son procès qu’il voulait faire constater autour de lui l’étrangeté de cette mort : « Ni trace de coup de fusil, ni trace de coup de sagaie : c’est par une sorte de miracle qu’est mort celui qui n’avait pas voulu faire amitié avec les Blancs. » (propos rapportés par Félicien Challaye, qui accompagna Brazza dans sa mission d’inspection). Ils sont condamnés à des peines légères (à cinq ans de réclusion), mais le scandale est tel qu’il conduit au lancement d’une enquête administrative, enquête dont sera chargé Brazza, et qui sera à l’origine de son dernier voyage au Congo.
Transfert de la dépouille de l’explorateur
Un peu plus de cent ans après son décès, après la signature d’un protocole spécial d’accord par le Président de la République du Congo Sassou Nguesso ainsi que par les descendants de Brazza, le les corps de l’explorateur français, de son épouse et de leurs quatre enfants, ont été exhumés, le , du cimetière chrétien des Brus, dans le quartier d’El Madania sur les hauteurs d’Alger, où ils reposaient[12], pour être transférés vers Brazzaville.
Trois membres de la famille de l’explorateur, Niccolò di Brazzà, Roberto Pirzio-Biroli et Pietro di Serego Alighieri, ainsi qu’un membre de la famille de sa femme, Pierre-Antoine de Chambrun, assistaient à l’exhumation des corps.
L’ambassadeur du Congo, Jean-Baptiste Dzangue, et le consul de France en Algérie, Francis Heude, les ambassadeurs de France, Hubert Colin de Verdière, du Sénégal Saïdou Nourou Ba, d’Italie, Battista Verderame, et un représentant du ministère algérien des Affaires étrangères, étaient également présents. Le cercueil de Savorgnan de Brazza était recouvert du drapeau français.
Les restes ont ensuite été embarqués à bord d’un avion cargo spécialement affrété par le Congo, à destination de Franceville puis de Brazzaville, où ils ont été réinhumés le , en présence des présidents congolais, Denis Sassou Nguesso, centrafricain, François Bozizé, et gabonais, Omar Bongo Ondimba, du ministre français des Affaires étrangères, Philippe Douste-Blazy, et du successeur du roi Makoko Ilo qui avait signé le traité avec Brazza, Auguste Nguempio, accompagné par la cour royale. Les représentants des Teké ont été invités à la cérémonie à la demande de la plupart des descendants de l’explorateur, qui sont liés aux Teké par un lien de sang.
Le caveau familial de Savorgnan de Brazza à Alger, monument le plus élevé du cimetière, était surmonté d’un buste de bronze de l’explorateur. Situé près de la Mairie Centrale, le mausolée qui a reçu ses cendres à Brazzaville n’est pas moins imposant. Constitué d’une coupole en acier et verre, recouvert de 500 tonnes de marbre blanc de Carrare, il est décoré à l’intérieur par une grande fresque représentant les grands moments de la vie de l’explorateur, réalisée par des artistes de l’école de peinture de Poto-Poto. Le buste de bronze d’Alger, restauré, va accompagner les restes de Brazza dans son nouveau mausolée.
Bientôt[Quand ?] débutera une nouvelle tranche de travaux et la construction d’un musée, d’un centre de conférences et d’une bibliothèque axés sur les explorations de Savorgnan de Brazza.
Mémorial de Brazza
Le coût du monument, plus de 5 millions d’euros, financé par le gouvernement congolais et surtout par certaines compagnies françaises comme Total, a également été critiqué. La plupart des descendants de l’explorateur ont manifesté des réserves sur le déroulement du transfert des restes de Brazza dans le mausolée.En fait, cette initiative trahissait le projet original du défunt Makoko Gaston Ngouayoulou, roi des Téké, l'un des plus grands groupes ethniques du Congo qui avait exprimé le désir d’ensevelir les restes de Brazza près de son ancêtre, l’allié de Brazza, le roi Iloo 1er, à Mbé, l’ancienne capitale téké située à 150 km de Brazzaville. Les descendants de Brazza avaient unanimement accepté cette demande. Mais, quelques mois plus tard le gouvernement du Président Sassou Nguesso annonça son projet de construire un mausolée à Brazzaville. Le Makoko Ngouayoulou protesta mais mourut subitement. Une descendante de Brazza, Idanna Pucci, au nom de quinze parents, menaça alors d’empêcher le transfert des restes de son ancêtre dans le mausolée sauf si le Président de la République du Congo acceptait de signer un protocole d’accord qui bénéficierait à la population comme une importante restauration du lycée Savorgnan de Brazza fréquenté par plus de 4 000 étudiants. L’agrément fut signé à Rome le . Il incluait plus précisément ces conditions: notamment la présence du roi Makoko et des représentants du peuple Teké à la cérémonie d’inauguration du mausolée; le goudronnage de la piste menant à Mbé et la construction d’un dispensaire dans cette localité; l’érection d’une statue du roi Makoko auprès de celle de l’explorateur devant le mausolée. C’ètait un bon compromis par rapport à la revendication des Tékés qui souhaitaient que la dépouille repose à Mbé.
Le , le roi Makoko Auguste Nguempio et les dignitaires téké assistèrent aux ultimes funérailles de Brazza pendant l’inauguration du mausolée à Brazzaville. Depuis ce jour, le Président Sassou Nguesso n’a tenu aucun compte des autres conditions de l’agrément signé avec les descendants de Brazza. Deux ans plus tard, en 2008, “… estimant que le Congo n’avait pas respecté ses promesses, les descendants de l’explorateur ont rapidement saisi la justice française – dont la compétence en cas de litige avait été prévue par le protocole de 2006 – qui les a déboutés en première instance en 2011, avant qu’ils aient gain de cause devant la Cour d’appel de Paris. Maitre William Bourdon, avocat des descendants de l’explorateur, a indiqué que ses clients réfléchissaient aux conséquences pratiques de l’arrêt. ‘L’instrumentalisation politique éhontée de la mémoire et de la trajectoire exceptionnelle de Pierre Savorgnan de Brazza a été sanctionnée comme il se devait par la cour’. “ Le , la cour d’appel de Paris ordonna au Président de la République du Congo d’obéir entièrement au protocole d’accord ou de rendre les restes de Brazza à sa famille en Italie. Le Président Sassou Nguesso ne tint aucun compte de ce jugement. N’ayant pas les moyens de poursuivre l’affaire, les descendants n’eurent pas d’autre choix que d’accepter le statu quo. Et cela bien que la mémoire de Brazza continue d’être trahie sans que la population n’en tire aucun avantage, pas plus que le lycée Savorgnan de Brazza qui attend encore une importante restauration, après avoir été terriblement endommagé par la guerre civile (1997-1999). Jusqu’à ce jour, aucune statue du roi Makoko Iloo 1er n’a été érigée, comme promis, à côté de celle de Brazza devant le mausolée. Il est évident que le mausolée de Brazza n’est qu’un outil de relations publiques cherchant à blanchir le nom du Président et de sa famille qui demeurent accusés de corruption par l’ONG anti-corruption Global Witness.
Honneurs
- Un aviso colonial français ayant combattu dans les FNFL porta son nom, le Savorgnan de Brazza.
- Brazzaville, capitale de la République du Congo, a été nommé ainsi en l’honneur de Pierre Savorgnan de Brazza, par Ferdinand de Lesseps membre de la société de géographie de Paris et par le Comité français de l’association internationale africaine qui changèrent le nom de Mfa, le village fondé par Brazza sur le fleuve Congo. Ce ne fut pas à l’initiative de Brazza qui reçut la nouvelle comme un fait accompli..
- À Brazzaville, outre le récent[évasif] mémorial de Brazza, s’élève, depuis 1944, un phare commémoratif dominant largement le fleuve du haut du promontoire de Bacongo face à la "Case de Gaulle". On y lisait « A Savorgnan de Brazza et ses compagnons ». Roger Erell en est l'architecte. Le phare a été inauguré par la fille de Brazza, Marthe de Brazza, le , en présence du Général de Gaulle, avant l'ouverture de la Conférence de Brazzaville. L'édifice n'a été achevé qu'en 1952. Les bas-reliefs en terre cuite de Barroux ont été vandalisés dans les années 1960.
- À Bordeaux, un quai porte son nom. Il s'agit du prolongement du quai des Queyries vers Lormont, nommé en l'honneur de l'explorateur en 1906[13].
- À Paris, seule une petite rue de 95 m de long, la rue Savorgnan-de-Brazza reliant le Champ-de-Mars à l’avenue de la Bourdonnais, rappelle le souvenir de l’explorateur.
- En 2007, le nom de Pierre Savorgnan de Brazza a été donné à l’aéroport international de Ronchi dei Legionari-Trieste (GO) - Italie.
- Une curiosité à propos de Savorgnan de Brazza : une des plus importantes entreprises anglaises du XIXe siècle de fabrication de plumes métalliques pour l’écriture, Leonardt & Cie de Birmingham, a honoré l’explorateur, en produisant une plume portant son nom « Plume de Brazza ». Sur la boîte, on trouve le portrait de l’explorateur vêtu en Arabe, et sur la partie inférieure, on peut lire une partie de la lettre que l’explorateur a adressée à Monsieur Leonardt : « Paris, le 13 avril 1886. J’accepte avec plaisir la dédicace de votre excellente plume. Agréez, Monsieur, l’assurance de ma considération très distinguée. »
- Un film biographique a été réalisé en 1939 par Léon Poirier avec Robert Darène dans le rôle de Brazza : Brazza ou l’épopée du Congo.
- Une exposition en l’honneur de « Savorgnan de Brazza » fut inaugurée le au Musée de la Marine, Palais de Chaillot, à Paris, et elle dura un mois.
- En , se tint à Rome l’exposition, “Una vita per l’Africa” à l’auditorium Parco della Musica. Un livre d’Idanna Pucci, portant le même titre, Una vita per l’Africa, toujours disponible, parut la même année aux éditions LEF (Libreria Editrice Fiorentina).
- En 2012, le documentaire primé « Afrique noire Marbre blanc » ouvrit le Festival du film Africain au Lincoln Center à New York. Dirigé par Clemente Bicocchi, produit par Terence Ward et raconté par Idanna Pucci, le film rapporte la lutte menée par les descendants de Brazza contre le Président de la République du Congo à propos du transfert des restes du Brazza dans le mausolée de Brazzaville. Le documentaire est inspiré du chapitre « Dire la vérité aux puissants » tiré du livre de Idanna Pucci Brazza in Congo. A life and Legacy publié à New York, à l’occasion de deux expositions inaugurées en : « Brazza in Congo » à la New York University, et « Brazza’s Humanity» au National Arts Club de New York.
Notes et références
- Maurice Zimmermann, « P. Savorgnan de Brazza », Annales de Géographie, t. 14, no 78, , p. 462-463 (lire en ligne).
- Lettre du 2 mars 1873 adressée au Garde des Sceaux, série BB/11, Archives nationales (avec en annexe un curriculum vitae de Pierre Savorgnan de Brazza).
- François Angelier, Dictionnaire des Voyageurs et Explorateurs occidentaux, Pygmalion, 2011, p. 139.
- Pierre Savorgnan de Brazza, « Au cœur de l'Afrique 1875-1887 », récit paru dans Le Tour du monde, 1888, lire en ligne : p. 51, sur le site de l'Institut Français : Fond Gabon.
- Côme Kinata, « La christianisation en Afrique Équatoriale Française », Outre-mers, t. 95, nos 358-359, , p. 213 (DOI 10.3406/outre.2008.4325, lire en ligne).
- Monique Cara, Jean-Marc Cara et Marc de Jode, Dictionnaire universel de la Franc-Maçonnerie, Larousse, , 640 p., p. 78.
- Tous ses enfants sont décédés sans descendance.
- Marcel Blanchard, « Administrateurs d'Afrique Noire : Lamothe, Henri Félix de », Revue d'histoire, t. 40, nos 140-141, , p. 387, 402-406, 425-426 note 1 (lire en ligne)
- Mission Pierre Savorgnan de Brazza / Commission Lanessan (préf. Catherine Coquery-Vidrovitch), Le Rapport Brazza, Mission d'enquête du Congo, Rapport et documents (1905-1907), Paris, Le Passager clandestin, , 307 p. (ISBN 978-2-36935-006-4)
- Brazza avait fait réaliser par Vuitton une malle à double fond et à mécanisme secret pour y dissimuler son rapport. À Paris où la malle a été expédiée et où les fonctionnaires ne parviennent pas à l'ouvrir, Vuitton lui-même sera convoqué à cet effet. (Mentionné par Chantal Edel et J.P. Sicre, Introduction à Au cœur de l'Afrique, voir Bibliographie).
- L'Aurore du 9 novembre 1962.
- Pierre Savorgnan de Brazza a dans un premier temps été inhumé au cimetière du Père-Lachaise avant d'être transféré à Alger en 1907.
- DESCAS Annick, Dictionnaire des rues de Bordeaux, Bordeaux, Éditions Sud Ouest, , 717 p.
Voir aussi
Articles connexes
- Black Africa, White Marble (en)
Bibliographie
- Maria de Crisenoy, "Le Héros du Congo" Pierre Savorgnan de Brazza, Paris, Editions SPES, 1944. Préface de Thérèse Savorgnan de Brazza.
- Jean Autin, Pierre Savorgnan de Brazza : un prophète du Tiers monde, Paris, Perrin, , 320 p. (ISBN 978-2-262-00356-2)
- (en) Thomas Pakenham, The Scramble for Africa, 1991, 4e reprint 1993: (ISBN 0349104492)
- Patrick Deville, Equatoria, Paris, Le Seuil, 2009, 360 pages, reprint 2013 : (ISBN 2757834819)
- Anonyme, 1888, “Voyages dans le Ouest Africain de P.S. de Brazza”, Le Tour du Monde, LVI (2) rédigé par Dutreuil de Rhins
- Autin Jean, 1985, Pierre Savorgnan de Brazza : un prophète du Tiers monde, Perrin, Paris, 320 p.
- Bicocchi Clemente, 2018, Le Blanc du roi, Editions Liana Levi, Paris, 224 p.
- Brunschwig Henri, 1972, Brazza explorateur: les traités Makoko, 1880-1882, Paris, La Haye, Mouton
- Cerbelau Salagnac Georges, 1960, Savorgnan de Brazza, le père des esclaves, Editions Latouzey et Ané, Paris
- Challaye Félicien, 1909, Le Congo Français, Felix Alcan, Paris
- Coquery-Vidrovitch Catherine, 1969, Brazza et la prise de possession du Congo, 1883-1885, Paris, La Haye, Mouton
- Deville Patrick, 2009, Equatoria, Le Seuil, Paris, 360 p.
- de Brazza Marthe et Gaston Ry, 1945, Histoire de Brazza racontée par sa fille, Office français d'éditions, Alger, 58 p.
- de Crisenoy Maria, 1944, "Le Héros du Congo" Pierre Savorgnan de Brazza, Editions SPES, Paris. Préf. de Thérèse Savorgnan de Brazza
- Dupré Marie-Claude et Étienne Féau, 1999, Batéké, peintres et sculpteurs, Réunion des Museés Nationaux, Paris, 299p.
- Ebiatsa-Hopiel-Opiele, 1987, Les Teke: definition historique des hommes et de leur espace (avant le XVIIe siècle), Muntu 7, Libreville, p. 33-48
- Martin Jean-Marc, 2006, Savorgnan de Brazza, une épopée aux rives du Congo, Indes Savantes, Paris, 230 p.
- Ney Napoléon, 1897, Conférences et lettres de P. Savorgnan de Brazza, suivi de Trois Explorations dans le Ouest Africain de 1875 ò 1885, M.Dreyfous, Paris; réédition 1984, Brazzaville-Heidelberg, Kivouvu Verlag, Editions bantou. Obenga, Théophile, 1987, “Le people Tèké en Afrique Centrale”, Muntu 7,Libreville, p. 11-32
- (en) Pakenham Thomas, 1991, The Scramble for Africa, Random House, New York 680 p. (en) Pucci Idanna, 2009,
- Savorgnan de Brazza Pierre, 1994, Au Cœur de l’Afrique vers la sources des grands fleuves, 1875-1887, Payot, Paris,
- Thil Tristan et Bailly Vincent, 2018, Le Rapport Brazza. Le premier secret d’État de la Franceafrique. Futuropolis, Paris, Toqué Georges, 1907.
Liens externes
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- Proleksis enciklopedija
- Store norske leksikon
- Edward Berenson, 2011, Heroes of the Empire: Five Charismatic Men and the Conquest of Africa, University of California Press, Berkele “Le Congo sommé de restituer la dépouille de Savorgnan de Brazza, ” Jeune Afrique, septembre 12, 2013. https://www.jeuneafrique.com/168539/politique/le-congo-somm-de-restituer-la-d-pouille-de-savorgnan-de-brazza/
- (fr) Biographie de Pierre Savorgnan de Brazza, la Conscience.
- (fr) Pierre Savorgnan de Brazza, célébration nationale du centenaire de sa mort sur le site du ministère de la Culture et de la Communication, 2005.
- (fr) Fondation Savorgnan de Brazza
- (fr) Brazza ou l'épopée du Congo, Léon Poirier, film 1940 (extrait).
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